Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1874-02-26
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32895690j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 146118 Nombre total de vues : 146118
Description : 26 février 1874 26 février 1874
Description : 1874/02/26 (Numéro 4080). 1874/02/26 (Numéro 4080).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG64 Collection numérique : BIPFPIG64
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5921158
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/07/2008
̃Sf;\
gent au pouce droit. Néanmoins on parvint
a la faire- rétrograder et à débarrasser la
boutique. Mais dans quel état! Tout était
brisé et bouleversé.
Le maître du cheval payera le vétérinaire,
sa bête est couronnée, et, déplus, s'il a aban-
donné son attelage \sur .la voie publique, il
sera responsable des dommages causés, quitte
à actionner à son tour le propriétaire du ca-
mion Voilà un déjeuner bien cher.
Vers deux heures du matin, hier, le feu
s'est déclaré rue Marcadet, dans l'arrière
boutique d'un marchand de vin, où l'on avait
placé du linge trop près d'un poêle.
Dans cette rue, très déserte,, les secours
ont été assez longs arriver.
Les pompiers de la rue Blanche sont par-
venus, vers quatre heures, à se rendre maî-
tres du feu. M. Delpech, commissaire de
police des Batignolles, et son collègue de
Montmartre, étaient sur les lieux.
Le marchand de vin a été assez griève-
ment brûlé à la main en voulant sauver son
mobilier. Les dégâts sont estimés à quel-
ques milliers de francs.
Plusieurs vols considérables de plomb ont
été commis ces jours derniers sur les toits
des églises Saint-Ambroise et Sainte-Mar-
guerite, dans le onzième arrondissement.
Les voleurs ont enlevé le plomb des con-
duites d'eau et des cheneaux.
On se perd en conjectures sur la manière
dont ils ont exécuté leur coup de main.
i Un oncle et son neveu demeuraient en-
semble dans le quartier de la chaussée Cli-
gnancouTt. Un beau jour, ils se brouillèrent;
le neveu partit en assurant qu'il se vengerait
de l'oncle 'et des voisins qui, disait-il, l'a
valent calomnié auprès de celui-ci.
Le neveu se vengea en effet, mais d'une
drôle de façon. Ctonme il était au courant
des habitudes des gens de la maison, il pé-
nétra avec effraction dans le logement deson
oncle en l'absence de celui-ci, et s'empara de
tous les objets de valeur.
poussant plus loin sa vengeance, il péné-
tra de la même façon chez les voisins et y ré-
péta la même; opération, puis il disparut.
Mais la police, informée-du fait, se mit sur
les traces du vindicatif jeune homme qui a
été arrêté hier au moment où il dépensait,
avec quelquesamis, le fruit de sa vengeance.
Un vol audacieux a été commis dans la
nuit de dimanche à lundi, chez M. Guillout,
fabricant de biscuits.
Une jeune caissière de la maison, en ren-
trant vers onze heures du soir, s'aperçut que
la porte de l'arrière boutique était entr'ou-
verte..
Une petite caisse, qui ordinairement ne
contient que cinq à six cents francs, mais
dans laquelle, par exception, on avait laissé
v cinq à six mille francs, avait été défoncée et
Cet audacieux voleur est activement re-
.cherché.
Deux maçons travaillaient hier sur un
échafaudage au étage, n° 123, rue de Pro-
ivence, lorsqu'une voiture au galop, accrocha
une des échelles de l'échafaudage et la ren-
versa. Les deux ouvriers ont été précipités
d'une hauteur de trois mètres sur la chaus-
sée. Ils ont reçu les premiers soins dans une
pharmacie et' ont ensuite été transportés à
l'hôpital Beaujon.
L'incendie de la rue Lafayette. a eu lieu,
non dans la scierie de M. Dupuis, 241, mais
bu n» 243.
s LA DOUBLE WH
f Le Somnambulisme est un fait admis chez
'bien des gens; ils croient parfaitement
qu'une personne endormie, selon les règles
de l'art, voit facilement, non-seulement ce
qui se passe derrière Jes murs, au iond des
cœurs, mais aussi ce qui se passera dans les
quatre parties du monde.
Le sommeil peut aussi-être remplacéavan-
iageusement par le marc de café, des bocaux
Feuilleton du 26 révrier 1874
LEROI DE CORSE
-F37| PARTIE. LES RIVALES
L'ambassadenr du roi de Corse
C'est lui tu n'entends donc pas? tout
le couvent le sait déjà. l'ambassadeur du roi
de Corse vient d'arriver à Port-Royal.
L'ambassadeur du roi de Corse! mur-
mura Robert abasourdi.
Qu'est-ce que cela peut nous faire? de-
manda Marianne.
Ah! c'est vrai! pardonne-moi. Je ne
te l'avais pas dit parce que tu te serais mo-
quée de moi. Le baron de Newkoff m'avait
demandé, deux ans. La dernière année va fi-
nir il est roi. Son ambassadeur est ici, je se-
rai doncreina!
Marianne futatterrée. Renée,sapetitesœur,
'son enfant, qu'elle avait bercée, adorée, qui
était sa pensée unique, sa vie, avait gardé
vis-à-vis, d'elle un secret pendant deux ans.
La pensionnaire regardait toute surprise
sa sœur et son cousin. Elle venait de les frap-
per d'un coup terrible, et ne semblait pas
s'en douter. le
Une religieuse entra, s'inclina devant les
deux soeurs,et dit:
v» Notre mère prie Ces demoiselles de Les.
remplis de diables noirs et dans lesquels'
on lit aussi facilement que si c'était imprimé.
Madame -X. exerçait cette profession
à la grande satisfaction (le ses clients crédules
qui venaient lui demander des éclaircisse-
ments sur des affaires qu'ils connaissaient
mieux qu'elle, mais elle prévoyait l'avenir,.
en:qualité de somnambule.
Parmi les clients pleins d'espoir et d'incer-
titude qui arrivaient chez,la voyante, on vit
un jour un jeune homme blond, à'l'air can-
dide, et qui devait avoir de très graves ques-
tions à éclairer; non-seulement il resta plus
d'une heure seul avec elle, mais il revint le
lendemain, le surlendemain et les jours sui-
vants, les mystérieuses consultations -conti-
nuaient.
Pendant ce temps-la, les autres clients at-
tendaient. quelques-uns s'impatientaient
et parlaient, quoi que fît l'associé de la som-
nambule pour les retenir.
Il trouva que les visites trop prolongées
du jeune blondin gâtaient leurs affairés et
avait déjà'fait des observations quand inter-
vint un troisième personnage le père du
jeune homme, qui déclara à la' voyante que
les mystérieuses relations cesseraient dès ce
jour: il était décidé à empêcher'absolument
son fils de .s'occuper de somnambulisme et
surtout de la somnambule.
Mais celle-ci ne se résigna pas facilement à
cette séparation inattendue. En désespoir de
cause, elle se tira les cartes à elle-même, fit
bouillir et. renversa, Dieu sait! combien de
marc de café dans les plats cabalistiques.
Tous les signes étaient favorables; vains pro-
nostics le jeune homme blond ne revint pas.
Elle déclara alors à son associé que seule
elle ne pouvait plus lire dans l'avenir, et
qu'il fallait à tout prix qu'il lui ramenât le
fugitif. L'associé résista, mais elle savait où
le bât le blessait, et menaça de le dénoncer.
Ses démarches n'eurent pas plus de succès
que les conjurations do la somnambule.
Alors elle songea à se venger; elle dénonça
le jeune homme et son père à la police com-
me ayant pillé, pendant la Commune, les
appartements du prince Napoléon et de la
princesse Clotilde au Palais-Royal.
La police fit une enquête. Les faits de pil-
lage étaient vrais, mais, chose incroyable,
les auteurs étaient l'inconsolable Somnam-
bule et son associé, qui, pendant la Com-
mune, avaient occupé la place de concierges
au Palais-Royal.
Malgré sa science divinatoire elle n'avait
pas prévu que la police ferait une descente
dans leur domicile. On y a trouvé un cer-
tain nombre d'objets de prix dont ils n'ont
pu indiquer l'origine.
On a aussi découvert que l'associé a joué
un certain rôle pendant la Commune.
Bref, cette histoire de somnambulisme et
d'amour en partie double se dénouera en
deux parties également la somnambule pas-
sera devant les assises; l'associa Cuvant un
conseil de guerre de Versailles.
REVUE DES THEATRES-
On annonce comme très-prochaine la première
représentation du Sphinx, au Théâtre-Français. La
nouvelle pièce de l'auteur du Roman-d'un jeune
homme pauvre est prête, mais la marche du réper-
toire' et l'état de santé de quelques artistes, côté
des dames, en fera attendre pendant quelques
jours encore l'apparition.
X Ce soir, à l'Opéra-Comique, première ï'eprésen-i
tation du Florentin.
X Le spectacle qui succédera à Monsieur AI.
phonse, sur l'affiche du Gymnase, sera composé de
le Cadeau, comédie en un acte, de M. Henri Bocage,
pour la rentrée de Ravel la Femme qui ment, un
acte de M. Delacour et Brûlons Voltaire 1 de MM.
Labiche et Louis Leroy.
X Il est question d'un changement de direction
dans un théâtre connu par des infortunes récentes.
X On assure que la combinaison existant entre la
Gaité et la Renaissance, et par suite de laquelle les
artistes du premier de ces théâtres joueraient sur le
seeond, étant sur le point de cesser, M. Oiï'enbach
aurait pris des arrangements avec le directeur des
Bouffes-Parisiens, pour une combinaison du même
genre.
X Quelques nouvelles de New-Yorck, intéres-
santes pour les théâtres et les auteurs français.
La troupe dirigée par M. Daly joue en ce moment
une comédie de fantaisie, intitulée Follme, qui n'est
chelles de se faire habiller en toute hâte, et
de descendre au salon d'honneur. L'ambas-
sadeur du roi de Corse les attend.
Viens, viens vite, Marianne, dit Renée
sans songer à Robert, qui était tombé anéanti
sur le divan.
Va, Renée, je vais te suivre; répondit
Marianne.
Elle se rapprocha de son cousin.
Lui! Lui répétait Robert.
Et il restait le front courbé; l'œil atone, les
bras pendants, comme si la foudre l'eût at-
teint..
Mademoiselle de Leschelles lui prit la
main.
Rien n'est certain encore, murmura-t-
elle doucement.
Il m'a trompé, dit Robert, comme votre
sœur vous trompait, Marianne.
Quand le baron de Newkoff a quitté la
France, connaissait-il votre amour pour
Renée?
Hélas! non, murmura le. chevalier avec
désespoir; je n'ai pasmême le droit de lehaïr
et de me venger.
Renée ne saurait aimer cet homme
qu'elle a vu à peine.
Mais Renée veut être reine, et l'aventur
riei s'est fait roi de Corse, répondit Robert
avec une sourde ironie.
Je n'ai jamais cru aux choses surnatu-
relles, reprit Marianne, mais cette heure je
suis bien tentée d'y ajouter foi.
Le ehe--3;^ de .^llemant gardée silence.
autre chose qu'un démarquage de Maison-Neuve, de
M. Sardou, représentée au Vaudeville; itya quel-
ques années.
Par contre, la troupe du comédien Booth, le
frère de l'assassin iu président Lincoln, -joue par
traité conclu avec M. Belot, le drame Ga Femme.de
Feu, et s'apprête à représenter une pièce inédite du
Unième auteur, dont le droit de représentation lui a
été également concédé par traité. CHARLES DARCOURS.
'CHAHEES DARCOURS
DÉPARTEMENTS
La lutte électorale du 1er mars dans le dé-
partement de la Vienne entre M. Lepetit, qui
représente la République et M. de Beau-
champs, qui représente le Septennat, est déjà
très vive, quoique les deux candidats se dé-
clarent l'un et l'autre partisans du suffrage
universel.
Le choix de M. de Beauchamps, en raison
de ses antécédents et de ses tendances, a été
de la part des conservateurs, on ne saurait
le contester, le plus habile qu'ils pussent
faire; s'ils réussissent dans cette lutte à ou-
trance, ils le devront à ce choix judicieux.
Un jeune homme de Saint-Marcel (Aude),
avait été mis au violon pour tapage nocturne.
Au milieu de la nuit, on l'entendit pousser
des cris atroces dans sa prison, appeler au
secours-de la façon la plus déchirante; mais
personne n'osa se porter à son aide.
Le leiftiemain matin en ouvrant la prison,
on trouva la paille brûlée et le prisonnier as-
phyxié.||On ignore comment le fait s'est
produit.
Avant-hier soir, l'adjoint de Saint-Didier,
au Mont-d'Or, avait donné asile à un men-
diant, qui se coucha sur le foin, dans la
grange.
Vers dix heures, on remarqua que le men-
diant venait de partir; un instant après, la
grange était en feu.
Deux gendarmes, avertis, poursuivirent le
fuyard.Ils aperçurent bientôt deux individus
dont les allures parurent suspectes et leur
crièrent de s'arrêter. L'un d'eux obéit, l'autre
s'enfuit.
Les gendarmes s'élancèrent après lui dans
l'obscurité; ne pouvant l'atteindre, ils tirè-
rent d'abord deux coups de pistolet en l'air,
puis l'un d'eux tira un troisième coup qui
atteignit le fuyard et le blessa mortellement.
On reconnut bientôt qu'ily avait erreur.
Les deux individus étaient des herboristes
qui maraudaient dans les jardins de la ban-
lieue de Lyon.
L'incendie a causé des dommages considé-
rables.
LA PETITE POSTE
sr. m, à La Rochelle. Le fait par un commer-
çant de joindre à son nom personnel celui de sa fem-
me, afin de se distinguer de ses homonymes, ne suffit
pas pour priver la femme de la reprise de sa dot, en
cas de faillite, si d'ailleurs il est établi que la femme
n'a nullement été l'associée de son mari.
m. E. p. à Montêlimar. –Adressez-vous auprè-
mier libraire venu il aura ou il vous procurera les
ouvrages que vous lui désignerez.
L'AFFAIRE
.DE LA BâSTIOE-BESFLÂS
SOUVENIR JUDICIAIRE
XVIII
Il y avait, a Saint-Girons, une foire d'hiver
qui commençait le 14 février et durait qua-
tre jours. •
Saint-Girons, chef-lieu de l'un des trois ar-
rondissements de l'Ariége, se transforme,
aux époques des grands marchés, en une
fourmilière humaine. Depuis vingt ans et
plus qu'il exerçait son métier d'amuseur,
jamais Audouy,"dit l'Hercule, n'avait man-
qué à ce rendez-vous. Il faisait partiè de la
fête il en était un dès attraits.
Audouy aimait avec passion ce qu'il appe-
lait pompeusement « son art. » Son intelli-
gence, singulièrement bornée sur tous les
autres sujets, se révélait d'une ingéniosité
sans égale dès que les facultés spéciales à la
profession du lutteur lui servaient d'aliments.
La prédiction dela sybille, continua Ma-
rianne, avait été précédée d'une autre qui me
parait maintenant avoir sa valeur.
Laquelle? demanda Robert, qui parut se
réveiller.
Elle prédit à Renée qu'il serait dans son
destin de faire souffrir tous cent qui l'aime-
raient, en raison de la force de leur affection.
Or, nous sommes deux à aimer ma sœur,
mon cousin, et tous les deux nous souffrons
par elle.
Vous en oubliez un troisième qui ne
souffre pas, lui!
Théodore de Newkoff. C'est vrai; il faut
qu'il l'aime beaucoup, lui aussi, pour être
ainsi allé à la eonquête d'un- royaume, sur
l'expression de l'un de ses désirs. Mais qui
vous dit qu'il n'aura pas son tour? Renée ne
lui appartient pas encore.
Je connais le baron de Newkoff; s'il l'a
juré, cela sera.
Ecoutez, Robert, nos moments sont
courts, il faut agir promptement, nous réus-
sirons peut-être. La royauté de cet homme
doit être éphémère comme toute folle aven-
ture peut-être même est-elle douteuse. Al-
lez à Versailles, informez-vous, arrivez, s'il
le faut, jusqu'au roi, sachez ce qu'il pense de
cette tentative et de cet homme; si nous
avions des preuves qu'il n'est qu'un hardi
aventurier, sans soutien possible dans les gou-
vernements de l'Europe, Renée se re,udrait à
l'évidence.
.Soit, Ait Robsi; J
Si les considératiô-fts eompaïatit e^s entre la
force' morale et la puissance physiqii^ le lais-
saient froid, l'hercule, en revanche, nourris.
sait la confiance la plus abSolue dans \la vi-;
gueur de son biceps.
S'étant toujours abstenu de mettre au* ser-
vice des mauvaises causes les dons qui3 la
nature lui avait départis,· Audouy, partout
où il passait, ne laissait due d'heureux son..
venirs. Il avait des mots bêtes qui excitaient-
l'hilarité; ses tournures de phrases, son ac-
cbnt, et jusqu'à ce té qui revenait sans cesse,
émaillant son discours, tout contribuait à
mettre en belle humeur son auditoire.
Aussi, en quelque lieu. qu'il annonçât ses
exercices, l'hercule était-il sûr d'attirer un
cercle d'admirateurs. Les applaudissements
qu'il récoltait étaient l'unique nature que
réelamât son ambition la petite réputation
dont il jouissait suffisait à le faire vivre peu
lui importaient les horizons plus vastes;
pour lui, l'immensité de l'univers n'excédait
pas les limites d'un champ de foire.
Nature incàlte et grossier, mais non âme
cruelle, cet homme n'était pas né pour lë
terne.
Et cependant le crime le réclamait comma
sa proie. x
Toutes les séductions de la fortune avaient
'miroité. à ses yeux; sous ses pieds s'était
entr'ouvert un gouffre dont le fond lui ren-
voyait les reflets de l'or conquis au prix du.
sang versé; d'étranges tentations avaient te*
naillé sa conscience.
Pour lui-même, il n'éprouvait pas de dé-
sirs; mais quand l'image de Madeleine sa
dressait devant lui, quand, à sa vie pauvre et
errante, il comparaît l'existence de luxe dont
il pourrait entourer son idole, de poignan-
tes hésitations le torturaient.
Enfin, l'esprit du bien l'avait emporté. L'in-'
fluence de Madeleine n'avait eu qu'une part
indirecte à ce triomphe car, lorsqu'elle l'a-
vait interrogé, à.la suite de la mystérieuse
conférence présidée par Grimace, Audouy
n'avait fait a la femme de l'ardoisier que des
demi-confidences.
Mais les menaces de Jacques Latour, qui
l'avaient placé entre le meurtre du châtelain
de Baillard et la perte de son amante, s'é-
taient peu à peueffâcées del'esprit du domp-
teur. Il n'osera pas » s'était-il dit. Bientôt.
débarrassé des obsessions du misérable il
s'était considéré comme rendu-à lui-même
après six semaines, il s'était cru oublié puis
au retour du bandit, il s'était imaginé qu'un
subterfuge naïf déjouerait tous ses plans.
Eufùi,c'étaitpresqued'uneœur joyeux qu'il
avait vu arriver la foire de Saint-Girons s'é-
loigner temporairement des lieux que han-
taient ses complices d'une heure, c'était, es-
pérait-il, se délivrer à tout jamais de leur
On: était au dernier jour de la fête, et Au-
douy préparait une représentation qui de-
vait éclipser tout ce que Suint-Girons avait
vu jusqu'alors. Le belluaire s'était mis en
Il 8.vait acheté, d'un patron de ménagerie
dans ia gêne, un loup qui devait livrer ba-
taille à Tobie, l'ours aveugle.
Ce serait une lutte à mort, procla-
maient le; affiches placardées sur les murs
Le programme promettait mieux encore,
la partie tout spécialement émouvante du
spectacle étant représentée par la
Lutte sans merci
GIGANTESQUE DÉFI DE
L'HOMME MASQUÉ
Accepté par,
Audouy, qui ne se piquait pasu orthogra-
phe, avait écrit Erclile sur le brouillon de ce
--Il faut une H à Hercule, lui avait ob-
^Srrépliqué le dompteur avec
un bon gros rire, c'est Tnen plutôt d'une mas-
sue qu'i.t aurait besoin! 1
L'heure de la représentation venue, la
baraque du saltimbanque s'était remplie en
La foule tr'épignait d'impatience autour
d'une énorme cage, divisée dans sa largeur
en deux compartiments égaux: d'un côtâr
Nel'aimez-vous pas assez pour lui p»^1
donner cette ambition enfantin, mon cou-
Ah vous savez bien, ^aria°neïû?ul^
l'aime assez pour lui pardonner toutes cho-
ses, et que mon cœur déchiré par elle ne Ce$'
sera de lui appartenir qu'avee m» 5^,
Alors prenez courage, et pai «ez. Je ma
charge de faire comprendre à Rentre tout ce
que cette affaire à d'incertain, et tout cq
qu'elle pourrait avoir de ridicule.
Robert s'éloigna la mort dans l'âme; so.34
rianne alla rejoindre sa sœur. A
Une religieuse présidait à la toilette de la
Allons donc, dit celle-ci, nous allons
faire attendre l'ambassadeur durai de Corse.£
Puis, se retournant tout à fait.
Suis-je bien belle, dis?
C'est là une question inutile, Renée;
mais je t'aimais mieux tout à l'heure, avec
ton rire d'enfant et tes cheveux en désordre.
Il y a temps pour tout, ma sœur, et les
cheveux en désordre ne sont pas reçus dans
'il v avait bien un reste de mutinerie dans'
la réponse de Renée, mais l'on y sentait poin-
dre déjà la hauteur du rang futur, Mérite
qui allait passer des mains de son aînée dans
les sienne..
Marianne soupira en murmurant':
gent au pouce droit. Néanmoins on parvint
a la faire- rétrograder et à débarrasser la
boutique. Mais dans quel état! Tout était
brisé et bouleversé.
Le maître du cheval payera le vétérinaire,
sa bête est couronnée, et, déplus, s'il a aban-
donné son attelage \sur .la voie publique, il
sera responsable des dommages causés, quitte
à actionner à son tour le propriétaire du ca-
mion Voilà un déjeuner bien cher.
Vers deux heures du matin, hier, le feu
s'est déclaré rue Marcadet, dans l'arrière
boutique d'un marchand de vin, où l'on avait
placé du linge trop près d'un poêle.
Dans cette rue, très déserte,, les secours
ont été assez longs arriver.
Les pompiers de la rue Blanche sont par-
venus, vers quatre heures, à se rendre maî-
tres du feu. M. Delpech, commissaire de
police des Batignolles, et son collègue de
Montmartre, étaient sur les lieux.
Le marchand de vin a été assez griève-
ment brûlé à la main en voulant sauver son
mobilier. Les dégâts sont estimés à quel-
ques milliers de francs.
Plusieurs vols considérables de plomb ont
été commis ces jours derniers sur les toits
des églises Saint-Ambroise et Sainte-Mar-
guerite, dans le onzième arrondissement.
Les voleurs ont enlevé le plomb des con-
duites d'eau et des cheneaux.
On se perd en conjectures sur la manière
dont ils ont exécuté leur coup de main.
i Un oncle et son neveu demeuraient en-
semble dans le quartier de la chaussée Cli-
gnancouTt. Un beau jour, ils se brouillèrent;
le neveu partit en assurant qu'il se vengerait
de l'oncle 'et des voisins qui, disait-il, l'a
valent calomnié auprès de celui-ci.
Le neveu se vengea en effet, mais d'une
drôle de façon. Ctonme il était au courant
des habitudes des gens de la maison, il pé-
nétra avec effraction dans le logement deson
oncle en l'absence de celui-ci, et s'empara de
tous les objets de valeur.
poussant plus loin sa vengeance, il péné-
tra de la même façon chez les voisins et y ré-
péta la même; opération, puis il disparut.
Mais la police, informée-du fait, se mit sur
les traces du vindicatif jeune homme qui a
été arrêté hier au moment où il dépensait,
avec quelquesamis, le fruit de sa vengeance.
Un vol audacieux a été commis dans la
nuit de dimanche à lundi, chez M. Guillout,
fabricant de biscuits.
Une jeune caissière de la maison, en ren-
trant vers onze heures du soir, s'aperçut que
la porte de l'arrière boutique était entr'ou-
verte..
Une petite caisse, qui ordinairement ne
contient que cinq à six cents francs, mais
dans laquelle, par exception, on avait laissé
v cinq à six mille francs, avait été défoncée et
Cet audacieux voleur est activement re-
.cherché.
Deux maçons travaillaient hier sur un
échafaudage au étage, n° 123, rue de Pro-
ivence, lorsqu'une voiture au galop, accrocha
une des échelles de l'échafaudage et la ren-
versa. Les deux ouvriers ont été précipités
d'une hauteur de trois mètres sur la chaus-
sée. Ils ont reçu les premiers soins dans une
pharmacie et' ont ensuite été transportés à
l'hôpital Beaujon.
L'incendie de la rue Lafayette. a eu lieu,
non dans la scierie de M. Dupuis, 241, mais
bu n» 243.
s LA DOUBLE WH
f Le Somnambulisme est un fait admis chez
'bien des gens; ils croient parfaitement
qu'une personne endormie, selon les règles
de l'art, voit facilement, non-seulement ce
qui se passe derrière Jes murs, au iond des
cœurs, mais aussi ce qui se passera dans les
quatre parties du monde.
Le sommeil peut aussi-être remplacéavan-
iageusement par le marc de café, des bocaux
Feuilleton du 26 révrier 1874
LEROI DE CORSE
-F37| PARTIE. LES RIVALES
L'ambassadenr du roi de Corse
C'est lui tu n'entends donc pas? tout
le couvent le sait déjà. l'ambassadeur du roi
de Corse vient d'arriver à Port-Royal.
L'ambassadeur du roi de Corse! mur-
mura Robert abasourdi.
Qu'est-ce que cela peut nous faire? de-
manda Marianne.
Ah! c'est vrai! pardonne-moi. Je ne
te l'avais pas dit parce que tu te serais mo-
quée de moi. Le baron de Newkoff m'avait
demandé, deux ans. La dernière année va fi-
nir il est roi. Son ambassadeur est ici, je se-
rai doncreina!
Marianne futatterrée. Renée,sapetitesœur,
'son enfant, qu'elle avait bercée, adorée, qui
était sa pensée unique, sa vie, avait gardé
vis-à-vis, d'elle un secret pendant deux ans.
La pensionnaire regardait toute surprise
sa sœur et son cousin. Elle venait de les frap-
per d'un coup terrible, et ne semblait pas
s'en douter. le
Une religieuse entra, s'inclina devant les
deux soeurs,et dit:
v» Notre mère prie Ces demoiselles de Les.
remplis de diables noirs et dans lesquels'
on lit aussi facilement que si c'était imprimé.
Madame -X. exerçait cette profession
à la grande satisfaction (le ses clients crédules
qui venaient lui demander des éclaircisse-
ments sur des affaires qu'ils connaissaient
mieux qu'elle, mais elle prévoyait l'avenir,.
en:qualité de somnambule.
Parmi les clients pleins d'espoir et d'incer-
titude qui arrivaient chez,la voyante, on vit
un jour un jeune homme blond, à'l'air can-
dide, et qui devait avoir de très graves ques-
tions à éclairer; non-seulement il resta plus
d'une heure seul avec elle, mais il revint le
lendemain, le surlendemain et les jours sui-
vants, les mystérieuses consultations -conti-
nuaient.
Pendant ce temps-la, les autres clients at-
tendaient. quelques-uns s'impatientaient
et parlaient, quoi que fît l'associé de la som-
nambule pour les retenir.
Il trouva que les visites trop prolongées
du jeune blondin gâtaient leurs affairés et
avait déjà'fait des observations quand inter-
vint un troisième personnage le père du
jeune homme, qui déclara à la' voyante que
les mystérieuses relations cesseraient dès ce
jour: il était décidé à empêcher'absolument
son fils de .s'occuper de somnambulisme et
surtout de la somnambule.
Mais celle-ci ne se résigna pas facilement à
cette séparation inattendue. En désespoir de
cause, elle se tira les cartes à elle-même, fit
bouillir et. renversa, Dieu sait! combien de
marc de café dans les plats cabalistiques.
Tous les signes étaient favorables; vains pro-
nostics le jeune homme blond ne revint pas.
Elle déclara alors à son associé que seule
elle ne pouvait plus lire dans l'avenir, et
qu'il fallait à tout prix qu'il lui ramenât le
fugitif. L'associé résista, mais elle savait où
le bât le blessait, et menaça de le dénoncer.
Ses démarches n'eurent pas plus de succès
que les conjurations do la somnambule.
Alors elle songea à se venger; elle dénonça
le jeune homme et son père à la police com-
me ayant pillé, pendant la Commune, les
appartements du prince Napoléon et de la
princesse Clotilde au Palais-Royal.
La police fit une enquête. Les faits de pil-
lage étaient vrais, mais, chose incroyable,
les auteurs étaient l'inconsolable Somnam-
bule et son associé, qui, pendant la Com-
mune, avaient occupé la place de concierges
au Palais-Royal.
Malgré sa science divinatoire elle n'avait
pas prévu que la police ferait une descente
dans leur domicile. On y a trouvé un cer-
tain nombre d'objets de prix dont ils n'ont
pu indiquer l'origine.
On a aussi découvert que l'associé a joué
un certain rôle pendant la Commune.
Bref, cette histoire de somnambulisme et
d'amour en partie double se dénouera en
deux parties également la somnambule pas-
sera devant les assises; l'associa Cuvant un
conseil de guerre de Versailles.
REVUE DES THEATRES-
On annonce comme très-prochaine la première
représentation du Sphinx, au Théâtre-Français. La
nouvelle pièce de l'auteur du Roman-d'un jeune
homme pauvre est prête, mais la marche du réper-
toire' et l'état de santé de quelques artistes, côté
des dames, en fera attendre pendant quelques
jours encore l'apparition.
X Ce soir, à l'Opéra-Comique, première ï'eprésen-i
tation du Florentin.
X Le spectacle qui succédera à Monsieur AI.
phonse, sur l'affiche du Gymnase, sera composé de
le Cadeau, comédie en un acte, de M. Henri Bocage,
pour la rentrée de Ravel la Femme qui ment, un
acte de M. Delacour et Brûlons Voltaire 1 de MM.
Labiche et Louis Leroy.
X Il est question d'un changement de direction
dans un théâtre connu par des infortunes récentes.
X On assure que la combinaison existant entre la
Gaité et la Renaissance, et par suite de laquelle les
artistes du premier de ces théâtres joueraient sur le
seeond, étant sur le point de cesser, M. Oiï'enbach
aurait pris des arrangements avec le directeur des
Bouffes-Parisiens, pour une combinaison du même
genre.
X Quelques nouvelles de New-Yorck, intéres-
santes pour les théâtres et les auteurs français.
La troupe dirigée par M. Daly joue en ce moment
une comédie de fantaisie, intitulée Follme, qui n'est
chelles de se faire habiller en toute hâte, et
de descendre au salon d'honneur. L'ambas-
sadeur du roi de Corse les attend.
Viens, viens vite, Marianne, dit Renée
sans songer à Robert, qui était tombé anéanti
sur le divan.
Va, Renée, je vais te suivre; répondit
Marianne.
Elle se rapprocha de son cousin.
Lui! Lui répétait Robert.
Et il restait le front courbé; l'œil atone, les
bras pendants, comme si la foudre l'eût at-
teint..
Mademoiselle de Leschelles lui prit la
main.
Rien n'est certain encore, murmura-t-
elle doucement.
Il m'a trompé, dit Robert, comme votre
sœur vous trompait, Marianne.
Quand le baron de Newkoff a quitté la
France, connaissait-il votre amour pour
Renée?
Hélas! non, murmura le. chevalier avec
désespoir; je n'ai pasmême le droit de lehaïr
et de me venger.
Renée ne saurait aimer cet homme
qu'elle a vu à peine.
Mais Renée veut être reine, et l'aventur
riei s'est fait roi de Corse, répondit Robert
avec une sourde ironie.
Je n'ai jamais cru aux choses surnatu-
relles, reprit Marianne, mais cette heure je
suis bien tentée d'y ajouter foi.
Le ehe--3;^ de .^llemant gardée silence.
autre chose qu'un démarquage de Maison-Neuve, de
M. Sardou, représentée au Vaudeville; itya quel-
ques années.
Par contre, la troupe du comédien Booth, le
frère de l'assassin iu président Lincoln, -joue par
traité conclu avec M. Belot, le drame Ga Femme.de
Feu, et s'apprête à représenter une pièce inédite du
Unième auteur, dont le droit de représentation lui a
été également concédé par traité. CHARLES DARCOURS.
'CHAHEES DARCOURS
DÉPARTEMENTS
La lutte électorale du 1er mars dans le dé-
partement de la Vienne entre M. Lepetit, qui
représente la République et M. de Beau-
champs, qui représente le Septennat, est déjà
très vive, quoique les deux candidats se dé-
clarent l'un et l'autre partisans du suffrage
universel.
Le choix de M. de Beauchamps, en raison
de ses antécédents et de ses tendances, a été
de la part des conservateurs, on ne saurait
le contester, le plus habile qu'ils pussent
faire; s'ils réussissent dans cette lutte à ou-
trance, ils le devront à ce choix judicieux.
Un jeune homme de Saint-Marcel (Aude),
avait été mis au violon pour tapage nocturne.
Au milieu de la nuit, on l'entendit pousser
des cris atroces dans sa prison, appeler au
secours-de la façon la plus déchirante; mais
personne n'osa se porter à son aide.
Le leiftiemain matin en ouvrant la prison,
on trouva la paille brûlée et le prisonnier as-
phyxié.||On ignore comment le fait s'est
produit.
Avant-hier soir, l'adjoint de Saint-Didier,
au Mont-d'Or, avait donné asile à un men-
diant, qui se coucha sur le foin, dans la
grange.
Vers dix heures, on remarqua que le men-
diant venait de partir; un instant après, la
grange était en feu.
Deux gendarmes, avertis, poursuivirent le
fuyard.Ils aperçurent bientôt deux individus
dont les allures parurent suspectes et leur
crièrent de s'arrêter. L'un d'eux obéit, l'autre
s'enfuit.
Les gendarmes s'élancèrent après lui dans
l'obscurité; ne pouvant l'atteindre, ils tirè-
rent d'abord deux coups de pistolet en l'air,
puis l'un d'eux tira un troisième coup qui
atteignit le fuyard et le blessa mortellement.
On reconnut bientôt qu'ily avait erreur.
Les deux individus étaient des herboristes
qui maraudaient dans les jardins de la ban-
lieue de Lyon.
L'incendie a causé des dommages considé-
rables.
LA PETITE POSTE
sr. m, à La Rochelle. Le fait par un commer-
çant de joindre à son nom personnel celui de sa fem-
me, afin de se distinguer de ses homonymes, ne suffit
pas pour priver la femme de la reprise de sa dot, en
cas de faillite, si d'ailleurs il est établi que la femme
n'a nullement été l'associée de son mari.
m. E. p. à Montêlimar. –Adressez-vous auprè-
mier libraire venu il aura ou il vous procurera les
ouvrages que vous lui désignerez.
L'AFFAIRE
.DE LA BâSTIOE-BESFLÂS
SOUVENIR JUDICIAIRE
XVIII
Il y avait, a Saint-Girons, une foire d'hiver
qui commençait le 14 février et durait qua-
tre jours. •
Saint-Girons, chef-lieu de l'un des trois ar-
rondissements de l'Ariége, se transforme,
aux époques des grands marchés, en une
fourmilière humaine. Depuis vingt ans et
plus qu'il exerçait son métier d'amuseur,
jamais Audouy,"dit l'Hercule, n'avait man-
qué à ce rendez-vous. Il faisait partiè de la
fête il en était un dès attraits.
Audouy aimait avec passion ce qu'il appe-
lait pompeusement « son art. » Son intelli-
gence, singulièrement bornée sur tous les
autres sujets, se révélait d'une ingéniosité
sans égale dès que les facultés spéciales à la
profession du lutteur lui servaient d'aliments.
La prédiction dela sybille, continua Ma-
rianne, avait été précédée d'une autre qui me
parait maintenant avoir sa valeur.
Laquelle? demanda Robert, qui parut se
réveiller.
Elle prédit à Renée qu'il serait dans son
destin de faire souffrir tous cent qui l'aime-
raient, en raison de la force de leur affection.
Or, nous sommes deux à aimer ma sœur,
mon cousin, et tous les deux nous souffrons
par elle.
Vous en oubliez un troisième qui ne
souffre pas, lui!
Théodore de Newkoff. C'est vrai; il faut
qu'il l'aime beaucoup, lui aussi, pour être
ainsi allé à la eonquête d'un- royaume, sur
l'expression de l'un de ses désirs. Mais qui
vous dit qu'il n'aura pas son tour? Renée ne
lui appartient pas encore.
Je connais le baron de Newkoff; s'il l'a
juré, cela sera.
Ecoutez, Robert, nos moments sont
courts, il faut agir promptement, nous réus-
sirons peut-être. La royauté de cet homme
doit être éphémère comme toute folle aven-
ture peut-être même est-elle douteuse. Al-
lez à Versailles, informez-vous, arrivez, s'il
le faut, jusqu'au roi, sachez ce qu'il pense de
cette tentative et de cet homme; si nous
avions des preuves qu'il n'est qu'un hardi
aventurier, sans soutien possible dans les gou-
vernements de l'Europe, Renée se re,udrait à
l'évidence.
.Soit, Ait Robsi; J
Si les considératiô-fts eompaïatit e^s entre la
force' morale et la puissance physiqii^ le lais-
saient froid, l'hercule, en revanche, nourris.
sait la confiance la plus abSolue dans \la vi-;
gueur de son biceps.
S'étant toujours abstenu de mettre au* ser-
vice des mauvaises causes les dons qui3 la
nature lui avait départis,· Audouy, partout
où il passait, ne laissait due d'heureux son..
venirs. Il avait des mots bêtes qui excitaient-
l'hilarité; ses tournures de phrases, son ac-
cbnt, et jusqu'à ce té qui revenait sans cesse,
émaillant son discours, tout contribuait à
mettre en belle humeur son auditoire.
Aussi, en quelque lieu. qu'il annonçât ses
exercices, l'hercule était-il sûr d'attirer un
cercle d'admirateurs. Les applaudissements
qu'il récoltait étaient l'unique nature que
réelamât son ambition la petite réputation
dont il jouissait suffisait à le faire vivre peu
lui importaient les horizons plus vastes;
pour lui, l'immensité de l'univers n'excédait
pas les limites d'un champ de foire.
Nature incàlte et grossier, mais non âme
cruelle, cet homme n'était pas né pour lë
terne.
Et cependant le crime le réclamait comma
sa proie. x
Toutes les séductions de la fortune avaient
'miroité. à ses yeux; sous ses pieds s'était
entr'ouvert un gouffre dont le fond lui ren-
voyait les reflets de l'or conquis au prix du.
sang versé; d'étranges tentations avaient te*
naillé sa conscience.
Pour lui-même, il n'éprouvait pas de dé-
sirs; mais quand l'image de Madeleine sa
dressait devant lui, quand, à sa vie pauvre et
errante, il comparaît l'existence de luxe dont
il pourrait entourer son idole, de poignan-
tes hésitations le torturaient.
Enfin, l'esprit du bien l'avait emporté. L'in-'
fluence de Madeleine n'avait eu qu'une part
indirecte à ce triomphe car, lorsqu'elle l'a-
vait interrogé, à.la suite de la mystérieuse
conférence présidée par Grimace, Audouy
n'avait fait a la femme de l'ardoisier que des
demi-confidences.
Mais les menaces de Jacques Latour, qui
l'avaient placé entre le meurtre du châtelain
de Baillard et la perte de son amante, s'é-
taient peu à peueffâcées del'esprit du domp-
teur. Il n'osera pas » s'était-il dit. Bientôt.
débarrassé des obsessions du misérable il
s'était considéré comme rendu-à lui-même
après six semaines, il s'était cru oublié puis
au retour du bandit, il s'était imaginé qu'un
subterfuge naïf déjouerait tous ses plans.
Eufùi,c'étaitpresqued'uneœur joyeux qu'il
avait vu arriver la foire de Saint-Girons s'é-
loigner temporairement des lieux que han-
taient ses complices d'une heure, c'était, es-
pérait-il, se délivrer à tout jamais de leur
On: était au dernier jour de la fête, et Au-
douy préparait une représentation qui de-
vait éclipser tout ce que Suint-Girons avait
vu jusqu'alors. Le belluaire s'était mis en
Il 8.vait acheté, d'un patron de ménagerie
dans ia gêne, un loup qui devait livrer ba-
taille à Tobie, l'ours aveugle.
Ce serait une lutte à mort, procla-
maient le; affiches placardées sur les murs
Le programme promettait mieux encore,
la partie tout spécialement émouvante du
spectacle étant représentée par la
Lutte sans merci
GIGANTESQUE DÉFI DE
L'HOMME MASQUÉ
Accepté par,
Audouy, qui ne se piquait pasu orthogra-
phe, avait écrit Erclile sur le brouillon de ce
--Il faut une H à Hercule, lui avait ob-
^Srrépliqué le dompteur avec
un bon gros rire, c'est Tnen plutôt d'une mas-
sue qu'i.t aurait besoin! 1
L'heure de la représentation venue, la
baraque du saltimbanque s'était remplie en
La foule tr'épignait d'impatience autour
d'une énorme cage, divisée dans sa largeur
en deux compartiments égaux: d'un côtâr
Nel'aimez-vous pas assez pour lui p»^1
donner cette ambition enfantin, mon cou-
Ah vous savez bien, ^aria°neïû?ul^
l'aime assez pour lui pardonner toutes cho-
ses, et que mon cœur déchiré par elle ne Ce$'
sera de lui appartenir qu'avee m» 5^,
Alors prenez courage, et pai «ez. Je ma
charge de faire comprendre à Rentre tout ce
que cette affaire à d'incertain, et tout cq
qu'elle pourrait avoir de ridicule.
Robert s'éloigna la mort dans l'âme; so.34
rianne alla rejoindre sa sœur. A
Une religieuse présidait à la toilette de la
Allons donc, dit celle-ci, nous allons
faire attendre l'ambassadeur durai de Corse.£
Puis, se retournant tout à fait.
Suis-je bien belle, dis?
C'est là une question inutile, Renée;
mais je t'aimais mieux tout à l'heure, avec
ton rire d'enfant et tes cheveux en désordre.
Il y a temps pour tout, ma sœur, et les
cheveux en désordre ne sont pas reçus dans
'il v avait bien un reste de mutinerie dans'
la réponse de Renée, mais l'on y sentait poin-
dre déjà la hauteur du rang futur, Mérite
qui allait passer des mains de son aînée dans
les sienne..
Marianne soupira en murmurant':
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