Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1874-02-15
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32895690j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 146118 Nombre total de vues : 146118
Description : 15 février 1874 15 février 1874
Description : 1874/02/15 (Numéro 4069). 1874/02/15 (Numéro 4069).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG64 Collection numérique : BIPFPIG64
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k592104j
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/07/2008
ADMINISTRATION et RÉMCTOT If
AParis,ruedeLafayette,61
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QUOTIDIEN
m MMÉRO *.S CENTIMES
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Douzième Aaaéô fi1
Dimanche 15 Février 1874
r ÉCHÉANCE DU FEVRIER
Pour qu'ils n'éprouvent aucun retard dans la
icccplion du journal, nous prions cmx de nos
l eteurs (ont expire le 15 FÉVRIER,
de- vouloir bien envoyer dès maintenant le mon-
tant de leur renouvellement, avec une dernière
bandn tmprimée, M. CASSIGNEUL, éditeur-
çèrant du Petit Journal, et, rue de LafayeUe.
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Chaque demande de changement d adresse doit
être accompaynée d'une bande imprimée et de
CINQÛANTE CENTIMES en timbres-poste pour frais
de réimpression.
Les abonnés de Paris qui vont en province ont
à payer un supplément de DEUX CENTIMES par
exemplaire qwtis désirent recevoir à leur noti-
velle adresse.
SAMEDI 14 FÉVRIER 1874
il LOI FUTURE SUR LE DU EL
'II est inutile, je crois, d'entrer dans de
longues considérations sur le duel.
Le duel est contraire aux règles du droit
d'après lesquelles nul ne peut se faire jus-
tice à soi-même.
Le duel est immoral, puisqu'il remet au
hasàrd', souvent aveugle, de décider de
quèPcôté sont la justice et la raison.
-Le .duel ne prouve rien pas même le cou-
rage, carilfaut souventplus de force d'âme
pour dédaigner une oflense que pour aller
sur le terrain exposer sa vie.
Le duel est un procédé barbare et n'a
pour le distinguer de l'engagement à coups
de poings que le préjugé qui fait nobles
l'épée et le pistolet, armes factices, et ro-
turières les mains, armes naturelles.
Le duel est tout cela et bien d'autres cho-
ses encore, cependant j'avoue franche-
ment que si j'étais législateur j'hésiterais
à voter une loi répressive.
Il importe de bien établir le caractère
de la loi ses prescriptions sont absolues
Si le duel est un. crime ou un délit, il
l'est à l'égard de tout et dans tous les cas.
Voilà précisément ce quime ferait hési-
ter et reculer si' j'étais législateur.
Certes, il est des duels ridicules, de
pure forfanter'e, dans lesquels l'un des
adversaires, sinon tous les deux, cherche
à laver des anté,cédents peu honorables
et à se refaire une virginité de réputation.
Que le juge frappe ces gens-là sévère-
ment, et traite en complices ceux qui les
ont assistés, rien de mieux.
Mais il est des circonstances où la
conscience des magistrats les plus con-
vaincus dela majesté de laloi se trouble.
Comment punir un fils qui venge l'hon-
neur de sa mère ? Un. frère, la bonne re-
nommée de sa sceur ?
Je le demande, et je ne trouve aucune
Feuilleton du 15 Février
DEUXIÈME PARTIE
XXIII
Les résolutions de Clotilde
Or, pendant que cette scène avait lieu chez
Liprani, voici ce qui s'était passé chez Mme
Murder, après le départ de la Balafrée.
Pendant quelques minutes, Clotilde de Lu-
cenay était rastée frappée de stupeur aux
souvenirs que la présence de cette femme lui
avait rappelée, et la colère, la haine et la
soif de vengeance dont son cœur était plein,
l'avaient comme grisée.
Mais, peu à peu; ces sentiments excess'fs
se calmèrent, elle redevint maîtresse d'elle-
mème, et sa bonté native reprit le dessus et
chassa les idées malsaines qui l'avaient as-
saillie.
Et alors, une autre pensée s'éleva de son
réponse, même dans les écrits des adver-
saires les plus éminents du duel.
Il ne faut croire qu'à demi l'un des au-
teurs du code pénal quand il a dit
« Quant au duel, nous ne lui avons pas
fait l'honneur de le nommer. »
La vérité est qu'on n'a pas su formuler
en articlesdu Code des prohibitions et des
peines.
Ce silence du Gode pénal ne vient pas
de la difficulté que les législateurs ont eu
de .rencontrer des textes dans la législation
ancienne.
Aucun acte n'a été soumis à autant de
lois, décrets et ordonnances.
A diverses époques, le duel sévissait en
France et faisait des victimes àl'égal d'unie
maladie épidémique. Les gentilshommes
croisaient le fer pour un oui ou pour un
non, pour la forme d'un pourpoint, la cou-
leur d'un ruban.
Les grands seigneurs se faisaient une
telle idée du point d'honneur que, pour
mériter ̃ considération pendant leur vie,
ils se faisaient tuer.
C'est au règne de François Ier, c'est-à-
dire au seizième siècle, que remonte la
contume des duels, que j'appellerais fan-
taisistes les tournois et autres jeux de
chevalerie étaient tombés en désuétude,
et les hommes de qualité ,n'avaient plus
d'autre moyen de se distinguer que de
croiser le fer.
Vers 1580, les témoins, de simples'spec-'
tateurs, devinrent partie intéressée et se
battirent aussi. <
Le nombre des morts augmenta natu-
rellement dans une énorme proportion.
Il fallut aviser. Diverses ordonnances et
arrêts de 1579, de 1599 défendirent le duel
sous peine de confiscation des biens, etc.
Les combats singuliers continuèrent.
Henri IV s'efforça de les réprimer par
des édits de i6u7,"l609, 1611, 1613. Peine
perdue.
Vint Richelieu qui, lui, ayant intérêt
à abaisser la noblesse, prit les grands
moyens. L'édit de 1623 punit de mort les
duellistes. Un des drames de VictorHugo,
Marion Delprme, met en scène un duel et
son expiation par l'échafaud.
Louis XIV fut également très sévère
mais, par une bizarrerie qui montre bien
les difficultés d'une réglementation, le
grand roi' poursuivait de son mépris un
officier qui, obéissant à ses édits, ne ti-
rait pas vengeance d'une insulte, les ar-
mes à la main.
Ainsi que je l'ai dit, le duel n'est pas
compris dans la nomenclature des crimes
et délits du Code pénal de 1808.
A la révision de 1832, même abstention,
La jurisprudence seule donne donc aux
magistrats des règles de conduite en ma-
tière de duel.
cœur, et une larme trembla au bord de ses
paupières.
La femme de chambre'ne l'avait pas quit-
tée, et attendait debout, qu'on luidonnàtl'or-
dre de se retirer.
Clémence dit alors la jeune femme,
voyez à l'instant, si sir Douglas est encore à
l'hôtel.
La camériste sortit et un instant après elle
revenait dire que sir Douglas n'avait pas
voulu s'éloigner et qu'il attendait 'dans le
salon contigu.
Clotilde s empressa d'aller le retrouver.
Mon ami, lui dit-elle aussitôt, d'une
voix rapide, .j'aiun service à vous demander.
Tant mieux, mon enfant, répondit le
vieillard, dites-moi vite ce dont il s'agit.
-Vous allez prendre une voiture de place,
vous en trouverez encore, malgré l'heure
avancée, et vous vous rendrez immédiate-
ment, dans l'ile Saint-Louis, à l'adresse que
voici.
Chez M. Constant Richemond? fit sir
Douglas, en lisant la carte qu'on lui re-
mettait.
Précisément, si M. Constant Richmond
n'est pas chez lui, vous lui laisserez un mot
dans lequel vous le prierez de vous attendre
demain matin à la première heure, et vous
l'emmènerez chez vous, où j'irai le re-
trouver.
Yous mon enfant.
Moi-même, sir Douglas ne cherchez
pas à pénétrer mon dessein, nous n'avons
.C'est en 1837 seulement que la cour de
cassation a commencé à former cette ju-
risprudence.
Jusqu'à cette époque elle avait laissé les
duellistes se battre à l'épée, au pistolet ou
au sabre, à leurs risques et périls person-
nels. Dieu sait si l'on s'est battu de 1815 à
1840!
C'est la belle époque des duels politi-'
ques.
Cette grande eflervescence se calma peu
à peu, et l'on ne vit plus que fort peu de
duels jusqu'en 1848, où les esprits, étant
de nouveau surexcités, le duel revint à la
mode pour s'éteindre bientôt et reparaître
à la fin de l'Empire.
Les pénalités ont beaucoup varié lors-
que les duels étaient rares, les peines
étaient discrètes; quand ils étaient nom-
breux, les tribunaux devenaient sévères.
D'abord les adversaires, seuls, furent
poursuivis, et seulement quand il y avait
eu mort ou.blessure.
La cour de cassation avait décidé que
les accidents des duels devaient être assi-
milés à la mort par imprudence et aux
coups et blessures,faits prévus par le Code
pénal.
Plus tard, les témoins furent mis en
causé.
C'estle dernier état de la jurisprudence,
celui qui nous régit aujourd'hui-.
Mais que de différences dans les appré-
ciations, dans les jugements! Dans le res-
1 ort de la cour de Paris, on applique la
on et l'amende dans d'autres ressorts,
les peines pécuniaires sont seules en
usage, mais à un taux élevé; dans d'au-
tres encore, le taux de l'amende est si
faible qu'il est dérisoire.
Sans aucun doute il est essentiel de ré-
gulariser cette situation.
La sévérité de la cour d'assises de Me-
lun dans le duel Soutzo-Ghika, comparée
à l'indulgence de certains tribunaux, a
démontré la nécessité d'une réglementa-
tion.
Mais sur quelles bases ?
On affirme que M. Depeyre, ministre
de la justice, a repris, en le modifiant, un
projet préparé par M. Dufaure.
La pénalité consisterait dans la priva-
tion des droits, civils et politiques, pour
les adversaires et les témoins, et, de plus,
dans l'application de fortes amendes pé-
cuniaires.
M. Dupin avait déjà, il y a trente ans,
pensé à prendre les duellistes par les sen-
timents il a écrit
« S'il avait à redouter d'être exclu de
toute fonction civile publique, du, droit
d'être témoin en justice, du droit de tes-
ter, en un mot d'être privé de tous les
avantages sociaux, l'homme le plus dé-
cidé à afironter la mort, et qui la craint le
pas de temps à perdre en explications inuti-
lés. Seulement, je ne veux pas que l'on
puisse voir cet homme venir chez moi, pen-
dant le jour, et c'est pour cela que je lui
donne rendez-vous à votre hôtel.
Mais si je le trouve ce soir.
Si vous le trouvez, vous l'amènerez.
Comment?
Oh! pas ici, mais à l'hôtel de Lucenay.
Vous en avez les ciels, vous lui ouvrirez les
jeune fille.
Et une fois là ?
Une fois là, vous le laisserez, et c'est
moi qui me chargerai de le recevoir.
Est-ce tout ce que vous désirez?
C'est tout.
-Eh bien, je pars, et avant une demi-
heure je serai de retour.
Dès qu'elle fut seule, Clotilde s'enveloppa
d'un long cachemire, quitta sa chambre, et
gagna a pas lents la chambre ou' elle -devait
attendre Buvard.
Dès qu'elle l'eut atteinte, elle en fermasoi-
gneusementtoutesles portes, baissala lampe
qui l'éclairait, et s'approchant doucement de
la fenêtre, souleva un coin des rideaux.
La nuit était profonde. Minuit venait de
sonner. On n'entendait plus aucun bruit, à
peine de temps en temps, au loin, le roule-
ment confus des voitures.
De l'autre côté du jardin s'élevait le pa-
̃ villôn qu'avait habité Gar dener; naguère en-
moins, trouverait dans son intérêt, dans
sa considération d'homme, dans son ave-
nir et dans celui de sa famille, des motifs
honorables de préférer au duel le.respecl
de la loi.
L'auteur du futur projet de loi ajoute
ces considérations morales des amende
considérables.
Je crains bien que l'on n'arrive pas t
faire tomber le préjugé.
Et puis les chemins de fer mettent ls
frontière de Belgique si près de Paris t
THOMAS GRIMM.
DERNIÈRES NOUVELLES
Le marecnal de Mac-Manon part ce sou
pour son château de Sully, dans le Loiret. Il
sera de retour lundi soir. Tous les bruits d'un
prochain voyage dumaréchal, soitdansl'Est,
soit en Bretagne, sont jusqu'ici dénués de
fondement.
La commission de l'enseignement supél
rieur a examiné le projet relatif à la création
de nouvelles facultés de médecine. Elle n'a
admis la création de facultés de médecine
que pour Lyon et Bordeaux.
Les nominations de maires publiées par le
Journal officiel d'hier concernent les dépar-
tements suivants
Basses-Alpes, Ardèche, Ariége, Bouches-
du-Rhone Calvados Creuse Dordogne,
Haute-Garonne, Mayenne, Saône-et-Loire,
Haute-Savoie, Deux-Sèvres.
Sont nommés à Saint-Denis: maire,M. Flo,
quet; adjoints, MM. Renoult, Couillard. A
Sceaux maire, M. Çullsrier; adjoint, M.
Meunier.
Le grand état-major français qui va être
organisé à l'instar du grand état-major prus-
sien, aura pour chef le général Borel. Le dé-
cret est prêt, mais il n'est pas encore signé.
L'aviso à vapeur, le Daim, commandé par
M. Guyon, capitaine de frégate, vient d'être
mis à l'ordre du jourde l'escadre et des navi-
res mouillés sur rade de Toulon, par suite de
services exceptionnels rendus par l'état-ma-
jor et l'équipage de ce bâtiment en station
sur les côtes d'Espagne. Le texte de ce docu-
ment officiel a été affiché au pied du grand
mât de tous les navires.
EN ANGLETERRE
VII
Au directeur du PETIT JOURNAL
Banbury (comté d'Oxfotd).
Quelle singulière journée je viens de passer
Depuis vingt-quatre heures, j'en ai plus
appris sur les mœurs politiques de ce pays
que dans les quinze jours précédents. Pour
connaître à tond les affaires électorales, il ne
suffit pas de voir, il iaut mettre en quelque
sorte la main à la pâte, et c'est ce que j'ai fait.
Le polling devant commencer ce matin dans
le comté de Herford, je partais hier soirpour
Hitchin, une des principales petites villesdu
comté, qui, comme la moindre bourgade en
core elle voyait la nuit, comme une étoile
briller à traveis les vitres.
Depui.s qu'elle était de retour, tout y était
devenu sombre et silencieux, morne et dé-
pendant un quart d'heure, elle demeura 11
rêveuse et pensive, le front creusé de ride*
soucieuses..
Où était-il à cette heure?. et quelle amer-
tume devait emplir son âme Avec quelle
joie ne l' eût-elle pas appelé de tous les cris
de son coeur!.
Mais quand cette idée s'emparait d'elle,
une subite rougeur montait à son front, ei
des lueurs fauves traversaient son regard.
Non non! balbutiait-elle, plutôt sa
hame, plutôt la mort que cette honte
Tout à coup, elle tressaillit.
Une voiture venait de s'arrêter à la ports
de l'hôtel de Lucenay!
Elle prêta l'oreille.
C'était sir Douglas. mais venait-il seul!
Le doute ne tut pas de longue durée.
Presque immédiatement elle entendit dans
l'escalier le pas de deux hommes. et bien-
tôt après on irappa à la porte de la chambre.
Est-ce vous, sir Douglas? demanda Clo-
tilde.
C'est moi! répondit le docteur.
La jeune femme s'empressa d'ouvrir la
porte et aperçut Buvard qui se tenait der-
rière sir Douglas.
Dix secondes plus tard, ce dernier, se reti-
rait et Clotilde restait seule avec Buvard.
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Dimanche 15 Février 1874
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SAMEDI 14 FÉVRIER 1874
il LOI FUTURE SUR LE DU EL
'II est inutile, je crois, d'entrer dans de
longues considérations sur le duel.
Le duel est contraire aux règles du droit
d'après lesquelles nul ne peut se faire jus-
tice à soi-même.
Le duel est immoral, puisqu'il remet au
hasàrd', souvent aveugle, de décider de
quèPcôté sont la justice et la raison.
-Le .duel ne prouve rien pas même le cou-
rage, carilfaut souventplus de force d'âme
pour dédaigner une oflense que pour aller
sur le terrain exposer sa vie.
Le duel est un procédé barbare et n'a
pour le distinguer de l'engagement à coups
de poings que le préjugé qui fait nobles
l'épée et le pistolet, armes factices, et ro-
turières les mains, armes naturelles.
Le duel est tout cela et bien d'autres cho-
ses encore, cependant j'avoue franche-
ment que si j'étais législateur j'hésiterais
à voter une loi répressive.
Il importe de bien établir le caractère
de la loi ses prescriptions sont absolues
Si le duel est un. crime ou un délit, il
l'est à l'égard de tout et dans tous les cas.
Voilà précisément ce quime ferait hési-
ter et reculer si' j'étais législateur.
Certes, il est des duels ridicules, de
pure forfanter'e, dans lesquels l'un des
adversaires, sinon tous les deux, cherche
à laver des anté,cédents peu honorables
et à se refaire une virginité de réputation.
Que le juge frappe ces gens-là sévère-
ment, et traite en complices ceux qui les
ont assistés, rien de mieux.
Mais il est des circonstances où la
conscience des magistrats les plus con-
vaincus dela majesté de laloi se trouble.
Comment punir un fils qui venge l'hon-
neur de sa mère ? Un. frère, la bonne re-
nommée de sa sceur ?
Je le demande, et je ne trouve aucune
Feuilleton du 15 Février
DEUXIÈME PARTIE
XXIII
Les résolutions de Clotilde
Or, pendant que cette scène avait lieu chez
Liprani, voici ce qui s'était passé chez Mme
Murder, après le départ de la Balafrée.
Pendant quelques minutes, Clotilde de Lu-
cenay était rastée frappée de stupeur aux
souvenirs que la présence de cette femme lui
avait rappelée, et la colère, la haine et la
soif de vengeance dont son cœur était plein,
l'avaient comme grisée.
Mais, peu à peu; ces sentiments excess'fs
se calmèrent, elle redevint maîtresse d'elle-
mème, et sa bonté native reprit le dessus et
chassa les idées malsaines qui l'avaient as-
saillie.
Et alors, une autre pensée s'éleva de son
réponse, même dans les écrits des adver-
saires les plus éminents du duel.
Il ne faut croire qu'à demi l'un des au-
teurs du code pénal quand il a dit
« Quant au duel, nous ne lui avons pas
fait l'honneur de le nommer. »
La vérité est qu'on n'a pas su formuler
en articlesdu Code des prohibitions et des
peines.
Ce silence du Gode pénal ne vient pas
de la difficulté que les législateurs ont eu
de .rencontrer des textes dans la législation
ancienne.
Aucun acte n'a été soumis à autant de
lois, décrets et ordonnances.
A diverses époques, le duel sévissait en
France et faisait des victimes àl'égal d'unie
maladie épidémique. Les gentilshommes
croisaient le fer pour un oui ou pour un
non, pour la forme d'un pourpoint, la cou-
leur d'un ruban.
Les grands seigneurs se faisaient une
telle idée du point d'honneur que, pour
mériter ̃ considération pendant leur vie,
ils se faisaient tuer.
C'est au règne de François Ier, c'est-à-
dire au seizième siècle, que remonte la
contume des duels, que j'appellerais fan-
taisistes les tournois et autres jeux de
chevalerie étaient tombés en désuétude,
et les hommes de qualité ,n'avaient plus
d'autre moyen de se distinguer que de
croiser le fer.
Vers 1580, les témoins, de simples'spec-'
tateurs, devinrent partie intéressée et se
battirent aussi. <
Le nombre des morts augmenta natu-
rellement dans une énorme proportion.
Il fallut aviser. Diverses ordonnances et
arrêts de 1579, de 1599 défendirent le duel
sous peine de confiscation des biens, etc.
Les combats singuliers continuèrent.
Henri IV s'efforça de les réprimer par
des édits de i6u7,"l609, 1611, 1613. Peine
perdue.
Vint Richelieu qui, lui, ayant intérêt
à abaisser la noblesse, prit les grands
moyens. L'édit de 1623 punit de mort les
duellistes. Un des drames de VictorHugo,
Marion Delprme, met en scène un duel et
son expiation par l'échafaud.
Louis XIV fut également très sévère
mais, par une bizarrerie qui montre bien
les difficultés d'une réglementation, le
grand roi' poursuivait de son mépris un
officier qui, obéissant à ses édits, ne ti-
rait pas vengeance d'une insulte, les ar-
mes à la main.
Ainsi que je l'ai dit, le duel n'est pas
compris dans la nomenclature des crimes
et délits du Code pénal de 1808.
A la révision de 1832, même abstention,
La jurisprudence seule donne donc aux
magistrats des règles de conduite en ma-
tière de duel.
cœur, et une larme trembla au bord de ses
paupières.
La femme de chambre'ne l'avait pas quit-
tée, et attendait debout, qu'on luidonnàtl'or-
dre de se retirer.
Clémence dit alors la jeune femme,
voyez à l'instant, si sir Douglas est encore à
l'hôtel.
La camériste sortit et un instant après elle
revenait dire que sir Douglas n'avait pas
voulu s'éloigner et qu'il attendait 'dans le
salon contigu.
Clotilde s empressa d'aller le retrouver.
Mon ami, lui dit-elle aussitôt, d'une
voix rapide, .j'aiun service à vous demander.
Tant mieux, mon enfant, répondit le
vieillard, dites-moi vite ce dont il s'agit.
-Vous allez prendre une voiture de place,
vous en trouverez encore, malgré l'heure
avancée, et vous vous rendrez immédiate-
ment, dans l'ile Saint-Louis, à l'adresse que
voici.
Chez M. Constant Richemond? fit sir
Douglas, en lisant la carte qu'on lui re-
mettait.
Précisément, si M. Constant Richmond
n'est pas chez lui, vous lui laisserez un mot
dans lequel vous le prierez de vous attendre
demain matin à la première heure, et vous
l'emmènerez chez vous, où j'irai le re-
trouver.
Yous mon enfant.
Moi-même, sir Douglas ne cherchez
pas à pénétrer mon dessein, nous n'avons
.C'est en 1837 seulement que la cour de
cassation a commencé à former cette ju-
risprudence.
Jusqu'à cette époque elle avait laissé les
duellistes se battre à l'épée, au pistolet ou
au sabre, à leurs risques et périls person-
nels. Dieu sait si l'on s'est battu de 1815 à
1840!
C'est la belle époque des duels politi-'
ques.
Cette grande eflervescence se calma peu
à peu, et l'on ne vit plus que fort peu de
duels jusqu'en 1848, où les esprits, étant
de nouveau surexcités, le duel revint à la
mode pour s'éteindre bientôt et reparaître
à la fin de l'Empire.
Les pénalités ont beaucoup varié lors-
que les duels étaient rares, les peines
étaient discrètes; quand ils étaient nom-
breux, les tribunaux devenaient sévères.
D'abord les adversaires, seuls, furent
poursuivis, et seulement quand il y avait
eu mort ou.blessure.
La cour de cassation avait décidé que
les accidents des duels devaient être assi-
milés à la mort par imprudence et aux
coups et blessures,faits prévus par le Code
pénal.
Plus tard, les témoins furent mis en
causé.
C'estle dernier état de la jurisprudence,
celui qui nous régit aujourd'hui-.
Mais que de différences dans les appré-
ciations, dans les jugements! Dans le res-
1 ort de la cour de Paris, on applique la
on et l'amende dans d'autres ressorts,
les peines pécuniaires sont seules en
usage, mais à un taux élevé; dans d'au-
tres encore, le taux de l'amende est si
faible qu'il est dérisoire.
Sans aucun doute il est essentiel de ré-
gulariser cette situation.
La sévérité de la cour d'assises de Me-
lun dans le duel Soutzo-Ghika, comparée
à l'indulgence de certains tribunaux, a
démontré la nécessité d'une réglementa-
tion.
Mais sur quelles bases ?
On affirme que M. Depeyre, ministre
de la justice, a repris, en le modifiant, un
projet préparé par M. Dufaure.
La pénalité consisterait dans la priva-
tion des droits, civils et politiques, pour
les adversaires et les témoins, et, de plus,
dans l'application de fortes amendes pé-
cuniaires.
M. Dupin avait déjà, il y a trente ans,
pensé à prendre les duellistes par les sen-
timents il a écrit
« S'il avait à redouter d'être exclu de
toute fonction civile publique, du, droit
d'être témoin en justice, du droit de tes-
ter, en un mot d'être privé de tous les
avantages sociaux, l'homme le plus dé-
cidé à afironter la mort, et qui la craint le
pas de temps à perdre en explications inuti-
lés. Seulement, je ne veux pas que l'on
puisse voir cet homme venir chez moi, pen-
dant le jour, et c'est pour cela que je lui
donne rendez-vous à votre hôtel.
Mais si je le trouve ce soir.
Si vous le trouvez, vous l'amènerez.
Comment?
Oh! pas ici, mais à l'hôtel de Lucenay.
Vous en avez les ciels, vous lui ouvrirez les
jeune fille.
Et une fois là ?
Une fois là, vous le laisserez, et c'est
moi qui me chargerai de le recevoir.
Est-ce tout ce que vous désirez?
C'est tout.
-Eh bien, je pars, et avant une demi-
heure je serai de retour.
Dès qu'elle fut seule, Clotilde s'enveloppa
d'un long cachemire, quitta sa chambre, et
gagna a pas lents la chambre ou' elle -devait
attendre Buvard.
Dès qu'elle l'eut atteinte, elle en fermasoi-
gneusementtoutesles portes, baissala lampe
qui l'éclairait, et s'approchant doucement de
la fenêtre, souleva un coin des rideaux.
La nuit était profonde. Minuit venait de
sonner. On n'entendait plus aucun bruit, à
peine de temps en temps, au loin, le roule-
ment confus des voitures.
De l'autre côté du jardin s'élevait le pa-
̃ villôn qu'avait habité Gar dener; naguère en-
moins, trouverait dans son intérêt, dans
sa considération d'homme, dans son ave-
nir et dans celui de sa famille, des motifs
honorables de préférer au duel le.respecl
de la loi.
L'auteur du futur projet de loi ajoute
ces considérations morales des amende
considérables.
Je crains bien que l'on n'arrive pas t
faire tomber le préjugé.
Et puis les chemins de fer mettent ls
frontière de Belgique si près de Paris t
THOMAS GRIMM.
DERNIÈRES NOUVELLES
Le marecnal de Mac-Manon part ce sou
pour son château de Sully, dans le Loiret. Il
sera de retour lundi soir. Tous les bruits d'un
prochain voyage dumaréchal, soitdansl'Est,
soit en Bretagne, sont jusqu'ici dénués de
fondement.
La commission de l'enseignement supél
rieur a examiné le projet relatif à la création
de nouvelles facultés de médecine. Elle n'a
admis la création de facultés de médecine
que pour Lyon et Bordeaux.
Les nominations de maires publiées par le
Journal officiel d'hier concernent les dépar-
tements suivants
Basses-Alpes, Ardèche, Ariége, Bouches-
du-Rhone Calvados Creuse Dordogne,
Haute-Garonne, Mayenne, Saône-et-Loire,
Haute-Savoie, Deux-Sèvres.
Sont nommés à Saint-Denis: maire,M. Flo,
quet; adjoints, MM. Renoult, Couillard. A
Sceaux maire, M. Çullsrier; adjoint, M.
Meunier.
Le grand état-major français qui va être
organisé à l'instar du grand état-major prus-
sien, aura pour chef le général Borel. Le dé-
cret est prêt, mais il n'est pas encore signé.
L'aviso à vapeur, le Daim, commandé par
M. Guyon, capitaine de frégate, vient d'être
mis à l'ordre du jourde l'escadre et des navi-
res mouillés sur rade de Toulon, par suite de
services exceptionnels rendus par l'état-ma-
jor et l'équipage de ce bâtiment en station
sur les côtes d'Espagne. Le texte de ce docu-
ment officiel a été affiché au pied du grand
mât de tous les navires.
EN ANGLETERRE
VII
Au directeur du PETIT JOURNAL
Banbury (comté d'Oxfotd).
Quelle singulière journée je viens de passer
Depuis vingt-quatre heures, j'en ai plus
appris sur les mœurs politiques de ce pays
que dans les quinze jours précédents. Pour
connaître à tond les affaires électorales, il ne
suffit pas de voir, il iaut mettre en quelque
sorte la main à la pâte, et c'est ce que j'ai fait.
Le polling devant commencer ce matin dans
le comté de Herford, je partais hier soirpour
Hitchin, une des principales petites villesdu
comté, qui, comme la moindre bourgade en
core elle voyait la nuit, comme une étoile
briller à traveis les vitres.
Depui.s qu'elle était de retour, tout y était
devenu sombre et silencieux, morne et dé-
pendant un quart d'heure, elle demeura 11
rêveuse et pensive, le front creusé de ride*
soucieuses..
Où était-il à cette heure?. et quelle amer-
tume devait emplir son âme Avec quelle
joie ne l' eût-elle pas appelé de tous les cris
de son coeur!.
Mais quand cette idée s'emparait d'elle,
une subite rougeur montait à son front, ei
des lueurs fauves traversaient son regard.
Non non! balbutiait-elle, plutôt sa
hame, plutôt la mort que cette honte
Tout à coup, elle tressaillit.
Une voiture venait de s'arrêter à la ports
de l'hôtel de Lucenay!
Elle prêta l'oreille.
C'était sir Douglas. mais venait-il seul!
Le doute ne tut pas de longue durée.
Presque immédiatement elle entendit dans
l'escalier le pas de deux hommes. et bien-
tôt après on irappa à la porte de la chambre.
Est-ce vous, sir Douglas? demanda Clo-
tilde.
C'est moi! répondit le docteur.
La jeune femme s'empressa d'ouvrir la
porte et aperçut Buvard qui se tenait der-
rière sir Douglas.
Dix secondes plus tard, ce dernier, se reti-
rait et Clotilde restait seule avec Buvard.
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