Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1874-02-13
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32895690j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 13 février 1874 13 février 1874
Description : 1874/02/13 (Numéro 4067). 1874/02/13 (Numéro 4067).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG64 Collection numérique : BIPFPIG64
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k592102s
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/07/2008
Le Petit Journal
à
LE BEURRE ARTIFICIEL ET L'OCTROI
Un inventeur a trouvé le moyen d'extraire
du suit une matière servant à fabriquer du
beurre artificiel. On retirait déjà du suif de
la stéarine, la glycérine et l'oléine, servant à
la fabrication de la bougie, du savon et de
l'huile.
Plusieurs fabriques du nouveau produit,
se sont installées dans Paris.
L'octroi s'est ému du fait de même qu'il
perçoit la taxe de l'eau-de-vie, sur l'alcool
fabriqué à l'intérieur de Paris avec des pom-
mes de terre, il veut forcer les fabricants de
beurre artificiel à payer l'impôt surcette ma-
tière, au lieu du seul impôt sur le suif qu'ils
supportaient jusqu'à présent.
Plusieurs sommations avaient été faites
dans ce but à un grand fabricant, mais sans
succès. M. Migneret, commissaire de police
du quartier de la Goutte-d'Or, sur la réquisi-
tion de l'administration, a apposé, il y a quel-
ques jours, les scellés dans les différents bâ-
timents de cette fabrique, et a procédé à la
saisie d'une grande quantité de marchan-
dises.
Les scellés ont été levés hier, le proprié-
taire ayant versé une somme de 2,000 fr. à
titre de cautionnement.
D'un autre côté, défense a déjà été faite
dans plusieurs marchés de vendre, sous la
dénomination de beurre, le beurre artificiel.
!REVUE DES THÉÂTRES
Voici quelques détails sur les dépenses qu'a en-
:rainées la construction du nouvel Opéra, détails
qui ont été communiqués récemment a la commis-
sion du budget. L'achat des terrains a coûté
10,500,000 fr.; les frais de construction auront coûté
33,500,000 fr. la machination, fr. à cetto
somme totale de fr., on peut joindre celle
de 111,500 fr. dépensée pour la régularisation des
abords du monument.
L'ameublement, les archives, le renouvellement
des instruments de musique et d'une partie du maté-
riel détruit dans l'incendie sont évalués à deux mil-
lions. La superficie couverte par les constructions
du nouvel Opéra est trois fois plus grande que celle
de 1 ancienne salle. Le nouveau théâtre contiendra
trois cents places de plus que la salle Le Peletier.
Une somme de 60,000 francs est nécessaire pour
achever le déblaiment des terrains de l'Opéra in-
cendié.
X La première représentation du Florentin, à l'0-
péra-Comique est fixée au samedi °1 courant.
X Ce soir, à la salle Herz, exécution de l'ode sym-
phonique de Félicien David, Christophe Colonab.
L'œuvre si pittoresque de l'auteur du Déser·t sera
exécutée par l'orchestre des concerts Danbé, auquel
seront adjoints des solistes et les chœurs d'une im-
portante société chorale.
X Demain, au th Jâtre des Menus-Plaisirs, pre-
mière représentation des Tollcttes tapageuses, comé-
die en troia actes de MM. Clerc frère, et H. Ray-
mond, et première représentation de Minuit, opé-
rette en un acte et en vers, poésie et musique de
Si. Eugène Moniot.
AI. Mercklein a donné tous ses soins à la prépara-
tion de ce spectacle, sur lequel on compte beaucoup.
CHAULES DAnCOURS.
LE CONCOURS INDUSTRIEL
DES VOLAILLES, DU BEURRE ET DES FROMAGES
Nous complétons aujourd'hui l'analyse des
études industrielles qui se rattachent aux
produits du concours général d'animaux qui
a lieu au palais de l'industrie.
VOLAILLES. Les premiers statuts des pou-
laillers ou vendeurs de volailles, remontent à
saint Louis. A diverses époques, ils furent
renouvelés et confirmés.
Il y avait des poulaillers forains, des pou-
laillers regrattiers et des poulaillers de la
ville de Paris. Les uns, comme les autres,
n'étaient autorisés à vendre que « menue ve-
naison » ou sauvagine, la grosse venaison
étant réservée pour la table des rois, des
princes et des hauts personnages qui seuls
avaient le droit de chasse.
Les rôtisseurs etles poulaillers eurent sou-
vent maille à partir entre eux. C'était tort
grave. Louis Xll s'en mêla. Les poulaillers
voulaient absolument vendre, comme les i 1
rôtisseurs, la volaille et le gibier habillés et
Feuilleton du 13 Février 1874
LE ROI DE CORSE
psi •" partie.-La Reine des Vagues
CHAPITRE XVI
L'anse de Baetia
Suite
Le souDer fut servi comme d'habitude au
commandant et aux officiers. En l'honneur
des nouveaux venus, Frédéric fit donner à
tout l'équipage double ration de vin-et d'eau-
de-vie.
Quoiqu'il attachât peu d'importance aux
maintes de son domestique, il lit lui-même
l'inspection des galères, et termina par une
visite minutieuse de son propre bâtiment.
S'il eût eu la moindre inquiétude, elle aurait
disparu après ces précautions.
Le meilleur ordre régnait partout, et les
matelotes qui n'étaient pas de service dor-
maient déjà, de ce'sommeil insouciant et lé-
gcr qui caractérise les gens de mer.
Bernard allait et venait comme une âme
er peine; il n'avait pris ce soir là que peu de
nourriture, et n'avait pont partagé les jo-
yeuses libations, dues à la générosité de son
mutre.
ne dormait pas. 11
lardés, mais le père du peuple réduisit leui
privilége à la vente des volailles et du gibier
« en poil et en-plume.
C'est entre la place du Châtelet et l'arche
Pépin, sur le quai de la Poulaillerie'ou Yal-
lèe-de-Misère, et sur le quai des Augustins,
que s'était concentré, à Paris, le commerce
de la volaille, qui y arrivait en majeure par-
tie par eau. C'est en cet endroit que fut cons-
truit, en 1679, le marché qu'on remplaça en
1811 par la halle à la volaille, détruite son
tour en 1868, date où cette industrie a été
réunie à toutes celles des halles centrales, où
elle a son pavillon spécial.
Mais les priviléges ont disparu. Les mar-
chands de vollailles vendent leurs marchan-
dises concurremment avec les fruitiers, les
épiciers, les marchands de comestibles, voire
même avec les charcutiers.
Les marchands de comestibles, de volailles
et de gibier font ensemble 25 millions d'af-
faires par an. Ils sont au nombre de 480 en-
viron, et emploient en moyenne de 650 à
ouvriers, dont les plus hauts salaires s'élè-
vent à peine à 6 fr. par jour.
Les débouchés de ces produits sont, pour
la France, de 24 millions; l'autre million se
répartit entre l'Allemagne, la Russie, la
Belgique, l'Espagne, l'Angleterre et diverses
autres destinations.
BEURRES ET FROMAGES, Autrefois les frui-
tiers vendaient exclusivement la crème, le
fromage, le beurre et les oeufs mais les be-
soins nouveaux de la consommation ont ame-
né la formation d'une industrie spéciale.
La plupart des beurriers et fromagers sont
établis autour des halles centrales (nous par-
lons des commerçants en gros). Ils recrutent
leur clientèle parmi les pâtissiers, les restau-
rateurs et les glaciers.
Les crémiers fromagers sont au con-
traire, disséminés dans tous les quartiers de
Paris. Les uns vendent des œufs, du lait, du
beurre et du fromage blanc; les-autres des
fromages de toute provenance, frais ou faits.
Leurs clients sont tout simplement des habi-
tants du quartier où ils sont établis.
On ne fait à Paris qu'une seule espèce de
fromages appelés suisses, petits fromages
dont le débit doit se faire le jour même sous
peine d'être perdus, parce qu ils aigrissent
promptement.
On a recensé l'an dernier 220 marchands
de crème, beurre et fromagés de gros et de
détail. Ils emploient ensemble 2,500ouvriers
dans la proportion de 2/3 de femmes et 1/3
d'hommes, dont le salaire commence à0,75c.
et ne s'élève pas au-dessus de 5 fr. Limpor-
tance des affaires est de 36,845,130 fr. par an.
La moyenne de productionpar établissement
est de 20,000 fr. eh chiffres ronds.
Un Prêtre a inventé un ren2ède guérissant à
vie, et sans douleur, les cors et tontes affections
des pieds, 3 fr. (env. f°) riartih, 30, FAUB. MONTMARTRE
Voir dans PÂRIS-TRÉÂTRE un magnifique por-
trait d'après nature du ténor Duprcs.
« Les plus beaux CHALES des Indes pour
corbeille de mariage, rue de Rivoli, 114. »
Le Duc de Saint-Simon, son Cabinet et fHisto-
rique de ses Manuscrits, d'après des docu-
ments authentiques et entièrement inédits,
par Armand Baschet, paraît chez les édi-
teurs E. Plon et Ge, 10, rue Garancière. Ma-
gnifique in-8° elzévir. Prix 8 f., et 9 î. franco.
DÉPARTEMENTS
Des bureaux télégraphiques sont ouverts à
Belleau (Aisne), Larche et le Lauzet (Bas-
ses-Alpes), Lanta (Haute-Garonne) Crécy
(Somme), Anglès et Lacaume (Tarn).
Il y avait fête, avant-hier, dans une com-
mune des environs de Mâcon.
Nombre d'amateurs étaient montés sur les
ihevaux de bois, l'orgue jouait. Les chevaux
commençaient à tourner, quand tout à coup
un craquement sinistre se fit entendre, et
l'arbre du milieu s'affaissa, entraînant avec
lui sur le gazon, orgue, chevaux et cavaliers.
songeait, non à une trahison qui lui semblait
impossible, mais à Vanina restée seule et
triste en son vieux château, et à qui il ne
pouvait faire parvenir les moindres nouvelles.
Ce qui le rassurait, c'est que là-bas la jeune
fille ne pouvait courir aucun danger. La
piève était en paix, et les Liguriens n'attaque-
raient pas Corte, ayant besoin de toutesleurs
forces à Ajaccio.
Pourtant, une agitation étrange s'était em-
parée de lui; sans souffrir positivement, il
était mal à l'aise; sa chair, dans son hamac,
brûlait comme s'il avait la fièvre.
Nous aurons de l'orage, dit-il tout haut.
Oui, commandant, répondit près de lui
une voix basse; mais l'orage le plus à crain-
dre n'est pas celui du ciel.
Bernard avait à peine prononcé ces mots
qu'un coup de canon retentit sur mer du côté
Qu'est-ce que cela? dit Frédéric, en se
précipitant hors de son hamac:
Mais il porta à son front sa main trem-
blante, et s'appuya sur Bernard interdit.
Quel vertige fit-il.
Un ileuxième coup de canon, puis un troi-
sième l'arrachèrent à cet étourdissement qui
le faisait chanceler. Il monta sur le pont où
Bernard le suivit.
Pas un homme n'était debout.
La nuit était devenue noire; des éclairs,
rares encore, perçaient la nue; un vent plus
irais soulevait les vagues, et le bâtiment re-
L'orgue jeta une note de détresse suprême;
l'on n'entendit plus que des cris plaintifs et
des gémissements.
On ne tarda pas à s'apercevoir aue parbon-
heur qu'il y avait peu do mal; beaucoup de
contusions sans gravité et d'égratignures.
Un homme cependant, a eu le bras sérieu-
sement contusionné.
On suppose que le poteau de soutien n'é-
tait pas assez solide pour supporter un pa-
reil poids.
LA PETITE POSTE
M. BEER, à Saint-Louis (Etats-Unis). Le Journal
officiel publie la liste des numéros sortants des Em-
prunts de la ville de Paris le lendemain ou le sur-
lendemain de chaque tirage. Vous devez trouver le
Journal officiel au Consulat français à Saint-Louis
ou à l'ambassade française à Washington, sinon
adressez-vous à un correspondant à Paris.
L'AFFAIRE
DE LA BÂST3DE-BESPLÂS
SOUVENIR JUDICIAIRE
VI
Tout en échangeantleurs sinistres pensées,
les deux hommes cheminaient à pas lents
dans la direction de Montesquieu.
Bien qu'ils fussent à peu près du même
âge, quarante-cinq ans environ, le contraste
le- plus saississant résultait de la comparai-
son de leurs physionomies.
Latour, sanguin, robuste, basané de peau,
les cheveux crépus, tenait de l'Arabe et du
mulâtre; Grimace, grêle, lymphatique, blond
jusqu'à la fadeur, présentait des dehors chê-
tifs et rabougris.
Latour portait le thorax en avant, la tète
haute, montrant.avec une sorte d'ostentation
son visage où tous les vices avaient imprimé
leurs stigmates, mais duquel une certaine
régularité de traits, jointe à une expression
d'intelligente audace, excluait cependant la
laideur Grimace marchait le dos voûté, les
jambes torses, le corps plié en deux, mettant
une véritable affection à dérober aux regards
sa face plate et difiorme, dontles perpétuelles
contractions musculaires méritaient si com-
plètement à l'ardoisier ce sobriquet de Gri-
mace, qu'on ne lui connaissait plus d'autre
nom.
Latour terrifiait pas son regard impérieux
farouche, résolu; l'ceil glauque, évasif, cau-
teleux de Grimace provoquait une invincible
défiance.
Un court silence s'était fait; l'évadé de Nar-
bonne le rompit le premie r.
Ma question te chiffonne peut-être, re-
marqua-t-il, moitié sérieux, moitiéironique;
en ce cas n'en parlons plus.
Aux premiers mots, l'ardoisier avait pro-
testé du geste; la phrase achevée, il protesta
de la voix.
-Pourquoi, fit-il, aurais-je des secrets
pour toi! Ne vaut-il pas mieux tout te dire?
Tu as, parbleu, raison; je préfère cela.
Ce n'est pas toi qui me trahiras.
Non certes, et la meilleure preuve, c'est
que je n'ai pas craint de te prendre pour con-
fident. Il est si bon d'avoir un ami sur qui se
reposer! Sais-tu quelle existence je même,
depuis trois mois, acharné chaque jour aux
combinaisons qui doivent assurer ma subsis-
tance du lendemain.
Encore faut-il réussir. Tristes entrepri-
ses, par le temps qui court! Le jeu n'en vaut
pas la chandelle, comme on dit. Vois-tu, la
police est trop bien faite aujourd'hui: le mé-
tier est perdu
Eh! c'est bien la raison qui m'a fait le
quitter!
Pour y revenir, pourtant, de temps à
autre, à ce que je vois? Probablement, his-
toire de s'entretenir la main.
Ecoute, Latour, je t'ai promis la vérité.
Bhbien! aussi sûr qu'il y a un diable, ce soir
c'était par exception.
Alors, pour une fois, tu n'as pas eu de
chance!
Qui sait? Je t'ai rencontré et.
Et?
Ce qu'un seul ne peut entreprendre, on
en vient vite à bout en se mettant à deux.
pré les amarres.
Frédéric heurta un homme du pied.
Holà! dit-il. Que faites-vous donc, vous
autres?
L'homme se releva à demi. Un éclat de
rire hébété fut sa réponse..
Ils sont ivres! dit le jeune homme in-
quiet.
Sa voix était singulièrement altérée.
S'ils n'étaient que cela, murmura Ber-
nard, il faudrait remercier Dieu.
Que penses-tu donc? demanda le com-
mandant.
Il chancelait en s'appuyant plus :tort sur
l'épaule de son serviteur.
Le ressac est violent, rëprit-il La nuit
sera mauvaise.
La nuit sera terrible, commandant. Mais
ce n'est pas le ressac qui vous fait chanceler.
Tâchez do vous souvenir, et de secouer l'en-
gourdissement qui s'empare de vous. Com-
mandant, ajouta le malheureux d'une voix
creuse, il n'y a que moi qui n'ai ni bu ni
mangé ce soir, et il n'y a que moi qui sois
resté debout. Vous avez moins bu que vos
hommes, commandant, car vous n'êtes pas
tombé encore.
Sur les galères voisines, il y avait du mou-
vement en prévision de la mauvaise nuit
sans doute, les marins prenaient leurs pré-
cautions. Au large, le canon faisait entendre
sa voix puissante, prësque sans interruption,
à travers le bruit des vagues soulevées et les
Je ne saisis pas bien l'apologue.
Tu ignores donc quelle aubaine nous
avons manquée tantôt?
Ça, je l'avoue.
L'occasion, cependant, en valait la peine
-Bah! Tu veux augmenter mes regrets.'
Vrai tut embarquaisainsisansboussoL -*h
Mon Dieu, oui, tout uniment, au Pe.tïî
Gommeut, alors, es-tu dans ces para «es1»
Par le plus pur des hasards.
Tu étais fiôrementembusqué,marjarole!
J'ai entendu le roulement d'un carrosse
dame! 1 on possède un peu les usages
J'ai pensé aussitôt qu'il y avait un coup A
faire dans ces sortes de cas, je ne suis i a*
mais long à me décider.
Sans te douter, pauvre ignorant, ou'il
y avait six mille francs dans la voiture.
Six mille francs! que dis-tu là?
-Je dis ce que je sais, et si t'u v*ts* dp
plus amples détails, je peux t'apprenéreaus*"
le nom du voyageur.
Il s'appelle?
Bugad de Lassalle.
Et il habite?
Oh! pas bien loin d'ici, un château isolé'
Un château isolé, où l'on est sûr, à c"ette
heure, de ramasser six mille francs! Gri.
mace, je commence à comprendre. Viens
courons. Je suis prêt »
11 est trop tôt, mon camarade tu ne sais
pas tout eucore. Ces six mille francs n,
sont rien.
Tu plaisantes!
G'rest un trésor qu'i1 y,a*l> château, un
trésor qui se chiure par des millions, en-
tends-tu ?
Des millions!
brusquement.
Le compagnon de Grimace, chancelant
comme un homme ivre, s'accrochait, pour
ne pas tomber, au bras de son ami. Il res-
pirait bruyamment, passait ses mains brû-
lantes sur son fiont moîte de sueur, et ses
phOTèscaentes.nUitl Ian«aient deslueursphos.
Des millions! répéta-t-il.
Puis, un doute venant assaillir son esprit:
tir7lf°tUiI!gi!,Oin'aS"ti1-p1as#ardé ce secret ? ar-
ticula-t-il en serrant à le briser le poignet du
Parce que, seul, je n'en peux rien faire.
L'évadé, dans un large sourire, mit à nu
ses dents de chacal. L'ardoisier poursuivit
Parce que, depuis que je la connais, la
vérité me pèse et m'étouffe; parceque le jour
au travail, au logis, partout, son souvenir
me poursuit; parce que la nuit, dans mes rê-
ves fièvreux, les louis d'or dansent leur en-
enfin'8 sarabande, parce que jè deviens fou,
Fou
Ne fallait-il pas que je le fusse, pour ris-
SSf^T ma T pour quelques sacs d'é-
cus, quand, sans danger, nous pouvons être
maîtres d'une fortune'? Eh bien! c'était plus
fort que ma volonté. Je ne résistais plus
Ce qu'il m'est interdit d'entreprendre, à
moi qui suis connu et dont on se mélierait;
ceque tu peux tenter, sans courir aucun ris-
que s'initier aux habitudesdu chàteau, s'en-
quérir du moyen d'y pénétrer -la nuit, re-
connaître la place, enfin, de façon, une fois
entre, à s'y orienter à coup sûr.
ils approchaient de Montesquieu dont ou
apercevait quelques fenêtres éclairées.
-Et maintenant,reprit Grimace, séparons-
nous il ne faut pas qu'on nous surprenne
ensemble. Emboite le pas, tu verras où j'ha-
bite, et quand tu voudras me parler, viens à
la brune, frappe trois coups au volet le plus
rapproché de la porte j'ouvrirai.
L'ardoisier prit de l'avance Latour le sui-
vit un moment et le vit s'arrêter en face de
l'une des premières maisons du bourg, à
l'intérieur de laquelle il disparut bientôt.
Alors l'évadé réfléchit quelques secondes,
en homme qui se demande: « Où passerai-jô
la nuit ? Il rebroussa chemin, quitta la routa
pour s'engager dans un étroit sentier qu'il
Frédéric avait laissé tomber sur l'épaula
de Bernard son front brûlant sous les ca.
resses d'un vent glacial, il cherchait à se re-
cueillir et à comprendre. Mais à chaque se-
conde sa tête s'alourdissait devantage, et ses
jambes tremblantes le soutenaient moins.
Aux armesl murmura-t-il comme dans
un rêve.
A la lueur d'un éclair, le malheureux Ber-
nard le vit sourire.
Autour du bâtiment en chef qui gardait un
silence de mort, tous les autres s'animaient.
L'orage, le bruit d'un combat voisin dans
cette nuit, au milieu de cette tempête, les se-
cousses violentes imprimées par le choc des
vagues, avaient mis sur pied chaque équi-
page qui attendait un ordre supérieur.
Bernard désolé, voyant qu'il n'avait rien à
attendre de son maître, l'étendit à terre. Mut
restait un espoir.
L'état léthargique, dans lequel se trou-
vaient Frédéric et les hommes de l'équipaâe
ne pouvait être la mort. Aucun n'avait souf
fert ni résisté; ils succombaient sous l'in-
fluence d'un puissant narcotique, mais le ré-
veil viendrait tôt ou tard. Or, les dix marins,
qu'il avait si justement soupçonnés, dor-
maient comme les autres, puisqu'ils ne don-
naient pas signe de vie; ils s'étaient enivrés
sans doute, quand l'ceuvre ténébreuse avait
été accomplie.
Bernard espéra un instant sauver son mai."
tre et l'équipage.
BI AS*
à
LE BEURRE ARTIFICIEL ET L'OCTROI
Un inventeur a trouvé le moyen d'extraire
du suit une matière servant à fabriquer du
beurre artificiel. On retirait déjà du suif de
la stéarine, la glycérine et l'oléine, servant à
la fabrication de la bougie, du savon et de
l'huile.
Plusieurs fabriques du nouveau produit,
se sont installées dans Paris.
L'octroi s'est ému du fait de même qu'il
perçoit la taxe de l'eau-de-vie, sur l'alcool
fabriqué à l'intérieur de Paris avec des pom-
mes de terre, il veut forcer les fabricants de
beurre artificiel à payer l'impôt surcette ma-
tière, au lieu du seul impôt sur le suif qu'ils
supportaient jusqu'à présent.
Plusieurs sommations avaient été faites
dans ce but à un grand fabricant, mais sans
succès. M. Migneret, commissaire de police
du quartier de la Goutte-d'Or, sur la réquisi-
tion de l'administration, a apposé, il y a quel-
ques jours, les scellés dans les différents bâ-
timents de cette fabrique, et a procédé à la
saisie d'une grande quantité de marchan-
dises.
Les scellés ont été levés hier, le proprié-
taire ayant versé une somme de 2,000 fr. à
titre de cautionnement.
D'un autre côté, défense a déjà été faite
dans plusieurs marchés de vendre, sous la
dénomination de beurre, le beurre artificiel.
!REVUE DES THÉÂTRES
Voici quelques détails sur les dépenses qu'a en-
:rainées la construction du nouvel Opéra, détails
qui ont été communiqués récemment a la commis-
sion du budget. L'achat des terrains a coûté
10,500,000 fr.; les frais de construction auront coûté
33,500,000 fr. la machination, fr. à cetto
somme totale de fr., on peut joindre celle
de 111,500 fr. dépensée pour la régularisation des
abords du monument.
L'ameublement, les archives, le renouvellement
des instruments de musique et d'une partie du maté-
riel détruit dans l'incendie sont évalués à deux mil-
lions. La superficie couverte par les constructions
du nouvel Opéra est trois fois plus grande que celle
de 1 ancienne salle. Le nouveau théâtre contiendra
trois cents places de plus que la salle Le Peletier.
Une somme de 60,000 francs est nécessaire pour
achever le déblaiment des terrains de l'Opéra in-
cendié.
X La première représentation du Florentin, à l'0-
péra-Comique est fixée au samedi °1 courant.
X Ce soir, à la salle Herz, exécution de l'ode sym-
phonique de Félicien David, Christophe Colonab.
L'œuvre si pittoresque de l'auteur du Déser·t sera
exécutée par l'orchestre des concerts Danbé, auquel
seront adjoints des solistes et les chœurs d'une im-
portante société chorale.
X Demain, au th Jâtre des Menus-Plaisirs, pre-
mière représentation des Tollcttes tapageuses, comé-
die en troia actes de MM. Clerc frère, et H. Ray-
mond, et première représentation de Minuit, opé-
rette en un acte et en vers, poésie et musique de
Si. Eugène Moniot.
AI. Mercklein a donné tous ses soins à la prépara-
tion de ce spectacle, sur lequel on compte beaucoup.
CHAULES DAnCOURS.
LE CONCOURS INDUSTRIEL
DES VOLAILLES, DU BEURRE ET DES FROMAGES
Nous complétons aujourd'hui l'analyse des
études industrielles qui se rattachent aux
produits du concours général d'animaux qui
a lieu au palais de l'industrie.
VOLAILLES. Les premiers statuts des pou-
laillers ou vendeurs de volailles, remontent à
saint Louis. A diverses époques, ils furent
renouvelés et confirmés.
Il y avait des poulaillers forains, des pou-
laillers regrattiers et des poulaillers de la
ville de Paris. Les uns, comme les autres,
n'étaient autorisés à vendre que « menue ve-
naison » ou sauvagine, la grosse venaison
étant réservée pour la table des rois, des
princes et des hauts personnages qui seuls
avaient le droit de chasse.
Les rôtisseurs etles poulaillers eurent sou-
vent maille à partir entre eux. C'était tort
grave. Louis Xll s'en mêla. Les poulaillers
voulaient absolument vendre, comme les i 1
rôtisseurs, la volaille et le gibier habillés et
Feuilleton du 13 Février 1874
LE ROI DE CORSE
psi •" partie.-La Reine des Vagues
CHAPITRE XVI
L'anse de Baetia
Suite
Le souDer fut servi comme d'habitude au
commandant et aux officiers. En l'honneur
des nouveaux venus, Frédéric fit donner à
tout l'équipage double ration de vin-et d'eau-
de-vie.
Quoiqu'il attachât peu d'importance aux
maintes de son domestique, il lit lui-même
l'inspection des galères, et termina par une
visite minutieuse de son propre bâtiment.
S'il eût eu la moindre inquiétude, elle aurait
disparu après ces précautions.
Le meilleur ordre régnait partout, et les
matelotes qui n'étaient pas de service dor-
maient déjà, de ce'sommeil insouciant et lé-
gcr qui caractérise les gens de mer.
Bernard allait et venait comme une âme
er peine; il n'avait pris ce soir là que peu de
nourriture, et n'avait pont partagé les jo-
yeuses libations, dues à la générosité de son
mutre.
ne dormait pas. 11
lardés, mais le père du peuple réduisit leui
privilége à la vente des volailles et du gibier
« en poil et en-plume.
C'est entre la place du Châtelet et l'arche
Pépin, sur le quai de la Poulaillerie'ou Yal-
lèe-de-Misère, et sur le quai des Augustins,
que s'était concentré, à Paris, le commerce
de la volaille, qui y arrivait en majeure par-
tie par eau. C'est en cet endroit que fut cons-
truit, en 1679, le marché qu'on remplaça en
1811 par la halle à la volaille, détruite son
tour en 1868, date où cette industrie a été
réunie à toutes celles des halles centrales, où
elle a son pavillon spécial.
Mais les priviléges ont disparu. Les mar-
chands de vollailles vendent leurs marchan-
dises concurremment avec les fruitiers, les
épiciers, les marchands de comestibles, voire
même avec les charcutiers.
Les marchands de comestibles, de volailles
et de gibier font ensemble 25 millions d'af-
faires par an. Ils sont au nombre de 480 en-
viron, et emploient en moyenne de 650 à
ouvriers, dont les plus hauts salaires s'élè-
vent à peine à 6 fr. par jour.
Les débouchés de ces produits sont, pour
la France, de 24 millions; l'autre million se
répartit entre l'Allemagne, la Russie, la
Belgique, l'Espagne, l'Angleterre et diverses
autres destinations.
BEURRES ET FROMAGES, Autrefois les frui-
tiers vendaient exclusivement la crème, le
fromage, le beurre et les oeufs mais les be-
soins nouveaux de la consommation ont ame-
né la formation d'une industrie spéciale.
La plupart des beurriers et fromagers sont
établis autour des halles centrales (nous par-
lons des commerçants en gros). Ils recrutent
leur clientèle parmi les pâtissiers, les restau-
rateurs et les glaciers.
Les crémiers fromagers sont au con-
traire, disséminés dans tous les quartiers de
Paris. Les uns vendent des œufs, du lait, du
beurre et du fromage blanc; les-autres des
fromages de toute provenance, frais ou faits.
Leurs clients sont tout simplement des habi-
tants du quartier où ils sont établis.
On ne fait à Paris qu'une seule espèce de
fromages appelés suisses, petits fromages
dont le débit doit se faire le jour même sous
peine d'être perdus, parce qu ils aigrissent
promptement.
On a recensé l'an dernier 220 marchands
de crème, beurre et fromagés de gros et de
détail. Ils emploient ensemble 2,500ouvriers
dans la proportion de 2/3 de femmes et 1/3
d'hommes, dont le salaire commence à0,75c.
et ne s'élève pas au-dessus de 5 fr. Limpor-
tance des affaires est de 36,845,130 fr. par an.
La moyenne de productionpar établissement
est de 20,000 fr. eh chiffres ronds.
Un Prêtre a inventé un ren2ède guérissant à
vie, et sans douleur, les cors et tontes affections
des pieds, 3 fr. (env. f°) riartih, 30, FAUB. MONTMARTRE
Voir dans PÂRIS-TRÉÂTRE un magnifique por-
trait d'après nature du ténor Duprcs.
« Les plus beaux CHALES des Indes pour
corbeille de mariage, rue de Rivoli, 114. »
Le Duc de Saint-Simon, son Cabinet et fHisto-
rique de ses Manuscrits, d'après des docu-
ments authentiques et entièrement inédits,
par Armand Baschet, paraît chez les édi-
teurs E. Plon et Ge, 10, rue Garancière. Ma-
gnifique in-8° elzévir. Prix 8 f., et 9 î. franco.
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ses-Alpes), Lanta (Haute-Garonne) Crécy
(Somme), Anglès et Lacaume (Tarn).
Il y avait fête, avant-hier, dans une com-
mune des environs de Mâcon.
Nombre d'amateurs étaient montés sur les
ihevaux de bois, l'orgue jouait. Les chevaux
commençaient à tourner, quand tout à coup
un craquement sinistre se fit entendre, et
l'arbre du milieu s'affaissa, entraînant avec
lui sur le gazon, orgue, chevaux et cavaliers.
songeait, non à une trahison qui lui semblait
impossible, mais à Vanina restée seule et
triste en son vieux château, et à qui il ne
pouvait faire parvenir les moindres nouvelles.
Ce qui le rassurait, c'est que là-bas la jeune
fille ne pouvait courir aucun danger. La
piève était en paix, et les Liguriens n'attaque-
raient pas Corte, ayant besoin de toutesleurs
forces à Ajaccio.
Pourtant, une agitation étrange s'était em-
parée de lui; sans souffrir positivement, il
était mal à l'aise; sa chair, dans son hamac,
brûlait comme s'il avait la fièvre.
Nous aurons de l'orage, dit-il tout haut.
Oui, commandant, répondit près de lui
une voix basse; mais l'orage le plus à crain-
dre n'est pas celui du ciel.
Bernard avait à peine prononcé ces mots
qu'un coup de canon retentit sur mer du côté
Qu'est-ce que cela? dit Frédéric, en se
précipitant hors de son hamac:
Mais il porta à son front sa main trem-
blante, et s'appuya sur Bernard interdit.
Quel vertige fit-il.
Un ileuxième coup de canon, puis un troi-
sième l'arrachèrent à cet étourdissement qui
le faisait chanceler. Il monta sur le pont où
Bernard le suivit.
Pas un homme n'était debout.
La nuit était devenue noire; des éclairs,
rares encore, perçaient la nue; un vent plus
irais soulevait les vagues, et le bâtiment re-
L'orgue jeta une note de détresse suprême;
l'on n'entendit plus que des cris plaintifs et
des gémissements.
On ne tarda pas à s'apercevoir aue parbon-
heur qu'il y avait peu do mal; beaucoup de
contusions sans gravité et d'égratignures.
Un homme cependant, a eu le bras sérieu-
sement contusionné.
On suppose que le poteau de soutien n'é-
tait pas assez solide pour supporter un pa-
reil poids.
LA PETITE POSTE
M. BEER, à Saint-Louis (Etats-Unis). Le Journal
officiel publie la liste des numéros sortants des Em-
prunts de la ville de Paris le lendemain ou le sur-
lendemain de chaque tirage. Vous devez trouver le
Journal officiel au Consulat français à Saint-Louis
ou à l'ambassade française à Washington, sinon
adressez-vous à un correspondant à Paris.
L'AFFAIRE
DE LA BÂST3DE-BESPLÂS
SOUVENIR JUDICIAIRE
VI
Tout en échangeantleurs sinistres pensées,
les deux hommes cheminaient à pas lents
dans la direction de Montesquieu.
Bien qu'ils fussent à peu près du même
âge, quarante-cinq ans environ, le contraste
le- plus saississant résultait de la comparai-
son de leurs physionomies.
Latour, sanguin, robuste, basané de peau,
les cheveux crépus, tenait de l'Arabe et du
mulâtre; Grimace, grêle, lymphatique, blond
jusqu'à la fadeur, présentait des dehors chê-
tifs et rabougris.
Latour portait le thorax en avant, la tète
haute, montrant.avec une sorte d'ostentation
son visage où tous les vices avaient imprimé
leurs stigmates, mais duquel une certaine
régularité de traits, jointe à une expression
d'intelligente audace, excluait cependant la
laideur Grimace marchait le dos voûté, les
jambes torses, le corps plié en deux, mettant
une véritable affection à dérober aux regards
sa face plate et difiorme, dontles perpétuelles
contractions musculaires méritaient si com-
plètement à l'ardoisier ce sobriquet de Gri-
mace, qu'on ne lui connaissait plus d'autre
nom.
Latour terrifiait pas son regard impérieux
farouche, résolu; l'ceil glauque, évasif, cau-
teleux de Grimace provoquait une invincible
défiance.
Un court silence s'était fait; l'évadé de Nar-
bonne le rompit le premie r.
Ma question te chiffonne peut-être, re-
marqua-t-il, moitié sérieux, moitiéironique;
en ce cas n'en parlons plus.
Aux premiers mots, l'ardoisier avait pro-
testé du geste; la phrase achevée, il protesta
de la voix.
-Pourquoi, fit-il, aurais-je des secrets
pour toi! Ne vaut-il pas mieux tout te dire?
Tu as, parbleu, raison; je préfère cela.
Ce n'est pas toi qui me trahiras.
Non certes, et la meilleure preuve, c'est
que je n'ai pas craint de te prendre pour con-
fident. Il est si bon d'avoir un ami sur qui se
reposer! Sais-tu quelle existence je même,
depuis trois mois, acharné chaque jour aux
combinaisons qui doivent assurer ma subsis-
tance du lendemain.
Encore faut-il réussir. Tristes entrepri-
ses, par le temps qui court! Le jeu n'en vaut
pas la chandelle, comme on dit. Vois-tu, la
police est trop bien faite aujourd'hui: le mé-
tier est perdu
Eh! c'est bien la raison qui m'a fait le
quitter!
Pour y revenir, pourtant, de temps à
autre, à ce que je vois? Probablement, his-
toire de s'entretenir la main.
Ecoute, Latour, je t'ai promis la vérité.
Bhbien! aussi sûr qu'il y a un diable, ce soir
c'était par exception.
Alors, pour une fois, tu n'as pas eu de
chance!
Qui sait? Je t'ai rencontré et.
Et?
Ce qu'un seul ne peut entreprendre, on
en vient vite à bout en se mettant à deux.
pré les amarres.
Frédéric heurta un homme du pied.
Holà! dit-il. Que faites-vous donc, vous
autres?
L'homme se releva à demi. Un éclat de
rire hébété fut sa réponse..
Ils sont ivres! dit le jeune homme in-
quiet.
Sa voix était singulièrement altérée.
S'ils n'étaient que cela, murmura Ber-
nard, il faudrait remercier Dieu.
Que penses-tu donc? demanda le com-
mandant.
Il chancelait en s'appuyant plus :tort sur
l'épaule de son serviteur.
Le ressac est violent, rëprit-il La nuit
sera mauvaise.
La nuit sera terrible, commandant. Mais
ce n'est pas le ressac qui vous fait chanceler.
Tâchez do vous souvenir, et de secouer l'en-
gourdissement qui s'empare de vous. Com-
mandant, ajouta le malheureux d'une voix
creuse, il n'y a que moi qui n'ai ni bu ni
mangé ce soir, et il n'y a que moi qui sois
resté debout. Vous avez moins bu que vos
hommes, commandant, car vous n'êtes pas
tombé encore.
Sur les galères voisines, il y avait du mou-
vement en prévision de la mauvaise nuit
sans doute, les marins prenaient leurs pré-
cautions. Au large, le canon faisait entendre
sa voix puissante, prësque sans interruption,
à travers le bruit des vagues soulevées et les
Je ne saisis pas bien l'apologue.
Tu ignores donc quelle aubaine nous
avons manquée tantôt?
Ça, je l'avoue.
L'occasion, cependant, en valait la peine
-Bah! Tu veux augmenter mes regrets.'
Vrai tut embarquaisainsisansboussoL -*h
Mon Dieu, oui, tout uniment, au Pe.tïî
Gommeut, alors, es-tu dans ces para «es1»
Par le plus pur des hasards.
Tu étais fiôrementembusqué,marjarole!
J'ai entendu le roulement d'un carrosse
dame! 1 on possède un peu les usages
J'ai pensé aussitôt qu'il y avait un coup A
faire dans ces sortes de cas, je ne suis i a*
mais long à me décider.
Sans te douter, pauvre ignorant, ou'il
y avait six mille francs dans la voiture.
Six mille francs! que dis-tu là?
-Je dis ce que je sais, et si t'u v*ts* dp
plus amples détails, je peux t'apprenéreaus*"
le nom du voyageur.
Il s'appelle?
Bugad de Lassalle.
Et il habite?
Oh! pas bien loin d'ici, un château isolé'
Un château isolé, où l'on est sûr, à c"ette
heure, de ramasser six mille francs! Gri.
mace, je commence à comprendre. Viens
courons. Je suis prêt »
11 est trop tôt, mon camarade tu ne sais
pas tout eucore. Ces six mille francs n,
sont rien.
Tu plaisantes!
G'rest un trésor qu'i1 y,a*l> château, un
trésor qui se chiure par des millions, en-
tends-tu ?
Des millions!
brusquement.
Le compagnon de Grimace, chancelant
comme un homme ivre, s'accrochait, pour
ne pas tomber, au bras de son ami. Il res-
pirait bruyamment, passait ses mains brû-
lantes sur son fiont moîte de sueur, et ses
phOTèscaentes.nUitl Ian«aient deslueursphos.
Des millions! répéta-t-il.
Puis, un doute venant assaillir son esprit:
tir7lf°tUiI!gi!,Oin'aS"ti1-p1as#ardé ce secret ? ar-
ticula-t-il en serrant à le briser le poignet du
Parce que, seul, je n'en peux rien faire.
L'évadé, dans un large sourire, mit à nu
ses dents de chacal. L'ardoisier poursuivit
Parce que, depuis que je la connais, la
vérité me pèse et m'étouffe; parceque le jour
au travail, au logis, partout, son souvenir
me poursuit; parce que la nuit, dans mes rê-
ves fièvreux, les louis d'or dansent leur en-
enfin'8 sarabande, parce que jè deviens fou,
Fou
Ne fallait-il pas que je le fusse, pour ris-
SSf^T ma T pour quelques sacs d'é-
cus, quand, sans danger, nous pouvons être
maîtres d'une fortune'? Eh bien! c'était plus
fort que ma volonté. Je ne résistais plus
Ce qu'il m'est interdit d'entreprendre, à
moi qui suis connu et dont on se mélierait;
ceque tu peux tenter, sans courir aucun ris-
que s'initier aux habitudesdu chàteau, s'en-
quérir du moyen d'y pénétrer -la nuit, re-
connaître la place, enfin, de façon, une fois
entre, à s'y orienter à coup sûr.
ils approchaient de Montesquieu dont ou
apercevait quelques fenêtres éclairées.
-Et maintenant,reprit Grimace, séparons-
nous il ne faut pas qu'on nous surprenne
ensemble. Emboite le pas, tu verras où j'ha-
bite, et quand tu voudras me parler, viens à
la brune, frappe trois coups au volet le plus
rapproché de la porte j'ouvrirai.
L'ardoisier prit de l'avance Latour le sui-
vit un moment et le vit s'arrêter en face de
l'une des premières maisons du bourg, à
l'intérieur de laquelle il disparut bientôt.
Alors l'évadé réfléchit quelques secondes,
en homme qui se demande: « Où passerai-jô
la nuit ? Il rebroussa chemin, quitta la routa
pour s'engager dans un étroit sentier qu'il
Frédéric avait laissé tomber sur l'épaula
de Bernard son front brûlant sous les ca.
resses d'un vent glacial, il cherchait à se re-
cueillir et à comprendre. Mais à chaque se-
conde sa tête s'alourdissait devantage, et ses
jambes tremblantes le soutenaient moins.
Aux armesl murmura-t-il comme dans
un rêve.
A la lueur d'un éclair, le malheureux Ber-
nard le vit sourire.
Autour du bâtiment en chef qui gardait un
silence de mort, tous les autres s'animaient.
L'orage, le bruit d'un combat voisin dans
cette nuit, au milieu de cette tempête, les se-
cousses violentes imprimées par le choc des
vagues, avaient mis sur pied chaque équi-
page qui attendait un ordre supérieur.
Bernard désolé, voyant qu'il n'avait rien à
attendre de son maître, l'étendit à terre. Mut
restait un espoir.
L'état léthargique, dans lequel se trou-
vaient Frédéric et les hommes de l'équipaâe
ne pouvait être la mort. Aucun n'avait souf
fert ni résisté; ils succombaient sous l'in-
fluence d'un puissant narcotique, mais le ré-
veil viendrait tôt ou tard. Or, les dix marins,
qu'il avait si justement soupçonnés, dor-
maient comme les autres, puisqu'ils ne don-
naient pas signe de vie; ils s'étaient enivrés
sans doute, quand l'ceuvre ténébreuse avait
été accomplie.
Bernard espéra un instant sauver son mai."
tre et l'équipage.
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