Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1872-10-07
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32895690j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 07 octobre 1872 07 octobre 1872
Description : 1872/10/07 (Numéro 3572). 1872/10/07 (Numéro 3572).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG64 Collection numérique : BIPFPIG64
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k591608b
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/07/2008
Certain rue de La Fayette, if &
du Petit
*r R QUOTEDIÉli ^v
j fâLièfflc Annéa W
1 Lundi 7 Oetobse WM
DIMANCHE 6 OCTOBRE 1872
f UÏSCURIAL
C'est évidemment par esprit de contra-
diction que nous disons Escurial. Les Es-
pagnols écrivent et prononcent -Escortai le
mot tire son origine des scories qui cou-
.vrent le sol, riche autrefois en minerais de
fer, sur lequel.s'élève le palais de Phi-
lippe IL
Consolons-nous,. toutefois, de cette fau-
te d'orthographe, après le désastre au-
quel l'édifice vient d'échapper.
Un peu moins de pompiers, une brise
plus forte, et c'en était fait de l'un des
plus glorieux monuments de la péninsule
Ibérique il n'y avait plus alors n'LEsco-
rial ni Escurial, mais un funèbre mon-
ceau de: cendres.
Le danger est passé, l'incendie n'a dé-
voré que pour quelques centaines de mille
francs de ces constructions. luxueuses
qu'une main royale avait payées soixante
millions, et peut-être, la fierté castillane
trouvera t-elle. que ce n'est pas racheter
trop cher le regain de renommée que vaut
au vieux palais le sin,istre dont s'est émue
l'Europe entière.
fmotion bien naturelle, en somme. Ces
Monuments du passé ne sont pas seule-
nient la propriété d'une nation ils appar-
tiennent au monde, ils font partie de son
histoire, quand ils ne sont pas l'histoire
elle-même, taillée dans le granit ou mou-
lée dans le bronze; ils touchent par tous
les côtés auxfibres de l'humanité, ils évQ-
) quent des souvenirs qui embrassent à la
fois religion, politique, guerre, littérature,
arts, sciences; ils ont vu défiler les siècles
et s'accumuler les événements, ils ont
bravé le temps et défié les orages.
N'est-il pas affreux de penser qu'une
étincelle suffit pour anéantir ce passé; que
des centaines d'années peuvent en un
seul j our s'effondrer dans les flammes 1
Le cratère d'un volcan a grondé, et ce
qui fut Pompeï est enseveli sous la lave.
Une idée criminelle a jailli du cerveau
d'un fou, et le temple d'Ephèse se trouve
englouti pour jamais.
Un orage violent attise un foyer, cir-
conscrit d'abord, et le Londres de 1666 est
dévoré par le feu.
Quelques mains scélérates agitent dans
Paris la torche incendiaire, et de ce qui
était l'hôtel de ville, les Tuileries, le palais
de justice, il ne reste que quelques pans
de murailles informes, noircis et' calcinés.
La foudre éclate, enfin, et vient frapper
un toit' et sans les efforts de plusieurs
centaines de travailleurs, sans la proximi-
té du chemin de fer qui permet la prompte
lauilletoQ du 7 Octobre 1872
LA MUETTE
La Tourelle aux Fantômes
La vie était des plus tiistes dans la rési-
dence antique et sombre où se trouvait
Lueile. Elle n'exagérait pas dans la pein-
ture qu'elle en avait faite à son amie par
la lettre reproduite plu& haut
Réduite à là compagnie de Mistress Mil-
fordt, dont la nature revêche 's'aigrissait,
encore par l'effet de cette espèce d'exi'i,
loin de la vie, du mouvement de là capi-
tale, la fillette perdait son entrain et pas-
sait ses journées à répéter
Que je m'ennuie ici!. Mon Dieu,
(que je m'ennuie donc
La saison n'était pas propre non^plûs à
lui fournir^ des distractions. Le mois de
l'Escurial aurait cessé
CT%«isJ|^i*sa bibliothèque, riche en ma-
nuscritsarabes, serait éparpillée au vent
à la place de ses galeries de tableaux,
quelques flocons de fumée dessineraient
leurs spirales et les restes des rois d'Es-
pagne, carbonisés par l'incendie, seraient
devenus cendres. deux foins.
Que de légendes envolées du même
coup Combien d'étranges épisodes ense-
velis sous ces décombres L'Espagne du
seizième siècle vit tout entière dans l'Es-
curial ses voûtes sombres font rêver de
l'Inquisition, et dans ses longs couloirs il
semble que doive errer encore l'ombre
sanglante du fils de Charles-Quint.
Philippe II avait fait construire l'édifice
à la suite d'un vœu.
C'était en 1557, au siège de Saint-Quen-
tin. L'assaut de ses soldats allait être re-
poussé quand le roi, qui ne savait pas
exactement sous l'invocation de quel saint
était placée la journée, fit mentalement la
promesse d'élever un monument à ce
saint, quel qu'il fût/pourvu qu'il lui don-
nât la victoire.
Vérification faite, il se trouva que c'é-
tait Saint-Laurent qui devait bénéficier du
vœu; en souvenir de son martyre, Phi-
lippe résolut de donner à l'édifice la forme
d'un gril; et voilà pourquoi l'Escurial se
compose d'une série de constructions peu
élevées et parallèles, flanquées aux qua-
tre coins de quatre tours qui figurent les
pieds de l'instrument de supplice.
;V.:r- A" /v.
L'édifice s'élève au milieu d'une plaine
déserte, à une dizaine de lieues au nord-
ouest de Madrid.
Quelques maisons se sont groupées au-
tour et forment une sorte de petite ville
assez pauvre.
Dans son c'.tachant récit de voyage Tra
los montes, Théophile Gauthier donne des
environs de l'Escurial une description
imagée,
« On ne peut rien imaginer, dit-il, de
plus aride et de plus désolé que la campa-
gne qu'il faut traverser pour s'y rendre
pas un arbre, pas une maison; de grandes
pentes qui s'enveloppent les unes dans les
autres, des ravins desséchés que la pré-
sence de plusieurs ponts désigne comme
des lits de torrents; et çà et là une échap-
pée de montagnes bleues coiffées de neige
ou de nuages.»
Puis, jetant ses regards vers le 'palais,
le maître coloriste se livre à cette boutade
assurément humoristique, mais peut-être
un peu outrée: •
« Je suis excessivement embarrassé
pour exprimer mon avis sur l'Escortai, ce
Léviathan d'architecture, le plus grand
tas de granit qui existe sur la terre après
les pyramides d'Egypte. Tant de gens
décembre était arrivé. Les pelouses cou-
-vertes de givre, les parterres nus qui s'é-
tendaient sous les fenêtres de la facade du
château faisaient froid à voir. De'l'autre
côté, le. parc avec ses grands arbres noirs,
ses bourres échevelés aux branches des-
cruels pendaient des stalactites glacées,
oflrait un aspect sauvage, désolé. Le soir
'.venu, quand la lune jetait sur ces .avenues
tet ces massifs dévastés sa vague clarté,
«'était un spectacle grandiose, sans doute,
ornais bien fait pour impressionner la jeune'
'imagination d'une enfant qui sortait pour
la première fois de la ville et n'était pas
familiarisée avec ces aspects champêtres
et austères.
Une autre, gouvernante -que mistress
Milfordt^Bne institutrice ayant un peu de
poésie et de chaleur dans l'âme n'aurait
Ça's manqué de saisir cette occasion d'ins-
truire l'esprit e(, d'élargir les facultés d'une
élève parfaitement douée. Mais nous ve-
nons de dire que cette sèche personne n'y
trouvait qu'un sujet d'ennuis et d'acrimo-
Pour cette Anglaise, si peu conforme
aux types gracieux et pleins de sentiment
que chacun de nous a pu apprécier, l'exis-
tence se bornait à fempii-r méthodique-.
braves en ont parlé comme "d£un chef
d'œuvre et d'un suprême effort du génie
humain, que j'aurais l'air de vouloir faire
de l'originalité de parti pris et de prendre
plaisir à contrecarrer l'opinion générale
mais pourtant, en mon âme et conscience,
je ne puis m'empêcher de trouver l'Esco-
;rial le plus ennuyeux et le plus maussade
monument que "puissent rêver pour la
mortification de leurs semblables un
moine morose et un tyran soupçonneux. »
Si les dehors du, mouvement ne sont
pas, à proprement parler, une merveille
architecturale, l'intérieur, en revanche,
offre aux yeux éblouis une successTop de
splendeurs rarement égalée.
Sans préjudice des toiles admirables, de
toutes les époques et de tous les styles, en-
tassées dans- le musée, il n'est pas un coin
de l'édifice qui n'ait illustré de quelque
chef-d'œuvre un maître de l'Ecole espa-
gnole.. ̃•̃•' ̃̃
Ribeyra, Murillo, Vélasquez, Solimène,
Goya, Zurbaran, Giordano, ont semé là
des pages lumineuses qui restent comme
la plus haute expression de l'art.
Le caveau qui contient les dépouilles
des rois ofiré des sculptures remarqua-
bles, entre autres, les tombeaux de Phi-
lippe II et de son père, Charles-Quint.
Quoi qu'en dise mon illustre confrère,
l'Escurial n'est donc pas un monument à
dédaigner.
Si j'étais le roi d'Espagne,' un seul dan-
ger m'inquiéterait La forme de gril qu'af-
fecte l'édifice consacré à' Saint-Laurent.
On est superstitieux, au delà des Pyré
nées.
'Et le gril semble par trop prédestiné à
la flamme.
DERNIÈRES NOUVELLES
M. Thiers a présidé hier matin le conseil
des ministrès.
Le président de la République a reçu en-
suite la commission militaire.
Le préfet du Doubs et M. Labadié, prési-
dent du conseil général des Bouches-du-
Rhône, ont déjeuné à l'Elysée.
L'après-midi, M. Thiers, Mme Thiers et
Mlle Dosne sont allés visiter les travaux de
reconstruction de l'hôtel de la place Saint-
Georges.
Un assez grand nombre de personnes se
pressaient aux grilles; M. Thiers a été ac-
cueilli avec beaucoup de respectueuse sym-
pathie.
Il n'est nullement question d'une modifi-
cation ministérielle. IL est seulement pro-
bable que le ministère des travaux publics,
vacant depuis la démission de M. de Larcy,
sera pourvu d'un titulaire avant la rentrée
de l'Assemblée.. ''<:̃̃'
La commission des grâces s'est réunie hier
à. Versailles elle avait 121 dossiers à exami-
ner. :̃ ̃̃̃̃ ̃̃̃i- -• .̃ ,̃ :i
1 machine enseignante à débiter d'un ac-
cent monotone des préceptes qui perdaient
leur mérite en passant par ses levées amin-
cies, à s'entourer du confort, à bien dor-
mir et surtout à luncher, c'est-à-dire à se
bourrer du matin au soir, entre ses repas,
de tartines, dè gâteaux, de sandwichs ar-
rosés de madère.
On n'imaginait pas où cette créature
aussi flasque, aussi maigre, pouvait met-
tre ce qu'elle absorbait.
Joignez à cela qu'elle était d'une pol-
tronnerie fabuleuse, qu'elle croyait à tou-
tes les superstitions, vous aurez à peu près
son portrait moral et physique.
Jusqu'à son arrivée dans ce grand ma-
noir qui, nous en convenons, n'offrait pas
une apparence précisénent gaie, ces tra-
vers d'esprit la dominaient au point qu'el-
le tournait au spleen, cette' maladie men-
ta'e qui atteint souvent les Anglais: Elle
voyait tout en noir, et, par malheur, elle
ne savait même pas s'en cacher aux yeux
de son élève.
Comme elle était Ecossaise et que l'E-
cosse est la partie de la Grande-Bretagne
où subsistent avec le plus de persistance
et en nombre plus considérable les vieux
contes de diableries, de fantômes, d'appa-
On donne comme certain que le nouveau
traité de commerce entre la France et l'An·
gleterre contiendra les deux classes'suivan-
tes
1° La durée du nouveau traité serade moins
d'un an
Le gouvernement français abandonne la
surtaxe de pavillon.
La future convention, sans rappeler les ter-
mes du traité de 1860, sans emprunter la for-
mule de ses stipulations, devra s'inspirer des
principes et de l'esprit qui avaient dicté ces
dernières.
Le traité sera signé vers le 20 ocJâbre»
La signature aura lieu à Paris.
Le conseil d'Etat a rejeté le recours poài
,abus formé par l'abbé Junqua contre l'ar-
chevêque de Bordeaux.
Cette décision n'est d'ailleurs que l'appli--
cation de la jurisprudence d'après laquelle
les censures purement disciplinaires, telles
que l'interdiction de porter l'habit eeclésias**
tique, censure qui n'enlèvent pas au prêtre
le caractère sacerdotal, échappent par lueur
nature même au contrôle du conseil d'Etat.
L'ambassadeur d'Allemagne doit quitter
Paris aujourd'hui ou demain, pour açheyeï
le congé qu'il a obtenu, il y a deux mois.
sera de retour à Paris pour la fin de ce mois.
On donne comme certain que le gouverne-
ment français déposera, à l'ouverture de la.
session, uri projet de loi ayant pour objet den
faciliter la reprise de la nationalité française
aux Alsaciens et Lorrains qui ont été dans--
l'impossibilité d'opter, et qui n'en désirent
pas moins rentrer dans leurs .droits de <3i«
toyens français. ̃• ̃ nr-
Une dépêche télégraphique deM. de Saint-'
Val]ier,notre chargé d'aSairesàNancy, adres-
see hier au gouvernement, dément le bruit-
répandu par plusieurs journaux, que l;,auto-:
rité allemande ait expulsé
alsaciens dé Nancy.. '̃"̃ 1
Le conseii municipal de Çbiipns résolu,
dans sa dernière séance,, qu'il se rendrait au-
devant de l'armée, française, lorsqu'elle vieu-
ions. ™
LE CONTfNGENT DE 1871 A PARIS
Un arrêté- de M. te préfet de la Seine, en
date du 2 octobre, fixe ainsi la sous-réparti-
tion du contingent de la classe de -1-87-1
Le nombre des jeunes gens -qui ont tire
au sort a été de
Le contingent à fournir a été fisé à 4,794.
Le 1er arrondissement fournira 143 cons-
crits le 136; le 3o 204; le 4" 186; te 5" 206
le 6e 176; le 7° 129; le 8° f23 le 9° 18&; le 18'
295; le 11- 399; le 12e le le
154; le 15" 187; le 16- 81; le 220; le 18f
362; le le 20e 260.
L'arrondissement de Saint-Denis 435efr4 ar<
rondissement de Sceaux 321.
Ces chiffres, indiquent, nous le répétons, le
nombre effectif des conscrits à fournir el
non pas la limite des numéros appelés, puis-
que, parmi les porteurs de ces numéros, il
peut se trouver, des. infirmes ou des exemp-
tés pour cause Quelconque.
rappelant ceux de son pays, toutes ce;!
imaginations lui revenaient par la cer-
velle, si bien qu'il n'était pas de jour ou
de soirée qu'elle s'entretint la jeune fllW
de récits à donner la chair de poule.
Par un phénomène piquant, c'était re-
lève qui offrait à la maîtresse l'exemple
du bon sens-et de la bravoure. Mais si cela
avait duré longtemps, la pauvre petite
n'aurait pas tardé à y perdre ces deux qua-
lités, car nos lectrices l'ont vu, la résidence
y prêtait singulièrement.
Elles occupaient dans l'aile droite du
château deux chambres du premier étage
communiquant ensemble et ayant en
même temps chacune une issue particu-
lière dont jusqu'alors ni l'une ni l'autre
n'avaient eu occasion de se servir.
Quoiqu'un peu curieuse, Lucile s'était
seulement assurée, dès le premier jour,
que cette porte donnait au fond de sa
chambre, et munie d'une serrure dont la
clef était en dedans et de bons verrous,
ouvrait sur un escalier de service desceiî-
dant jusqu'au sous-sol où étaient les cuisi-
nes, les offices et les caves.
Une nuit que mistress MilfbT'dfr, ayaftit
terminé son dernier luncheon de te soiree'
du Petit
*r R QUOTEDIÉli ^v
j fâLièfflc Annéa W
1 Lundi 7 Oetobse WM
DIMANCHE 6 OCTOBRE 1872
f UÏSCURIAL
C'est évidemment par esprit de contra-
diction que nous disons Escurial. Les Es-
pagnols écrivent et prononcent -Escortai le
mot tire son origine des scories qui cou-
.vrent le sol, riche autrefois en minerais de
fer, sur lequel.s'élève le palais de Phi-
lippe IL
Consolons-nous,. toutefois, de cette fau-
te d'orthographe, après le désastre au-
quel l'édifice vient d'échapper.
Un peu moins de pompiers, une brise
plus forte, et c'en était fait de l'un des
plus glorieux monuments de la péninsule
Ibérique il n'y avait plus alors n'LEsco-
rial ni Escurial, mais un funèbre mon-
ceau de: cendres.
Le danger est passé, l'incendie n'a dé-
voré que pour quelques centaines de mille
francs de ces constructions. luxueuses
qu'une main royale avait payées soixante
millions, et peut-être, la fierté castillane
trouvera t-elle. que ce n'est pas racheter
trop cher le regain de renommée que vaut
au vieux palais le sin,istre dont s'est émue
l'Europe entière.
fmotion bien naturelle, en somme. Ces
Monuments du passé ne sont pas seule-
nient la propriété d'une nation ils appar-
tiennent au monde, ils font partie de son
histoire, quand ils ne sont pas l'histoire
elle-même, taillée dans le granit ou mou-
lée dans le bronze; ils touchent par tous
les côtés auxfibres de l'humanité, ils évQ-
) quent des souvenirs qui embrassent à la
fois religion, politique, guerre, littérature,
arts, sciences; ils ont vu défiler les siècles
et s'accumuler les événements, ils ont
bravé le temps et défié les orages.
N'est-il pas affreux de penser qu'une
étincelle suffit pour anéantir ce passé; que
des centaines d'années peuvent en un
seul j our s'effondrer dans les flammes 1
Le cratère d'un volcan a grondé, et ce
qui fut Pompeï est enseveli sous la lave.
Une idée criminelle a jailli du cerveau
d'un fou, et le temple d'Ephèse se trouve
englouti pour jamais.
Un orage violent attise un foyer, cir-
conscrit d'abord, et le Londres de 1666 est
dévoré par le feu.
Quelques mains scélérates agitent dans
Paris la torche incendiaire, et de ce qui
était l'hôtel de ville, les Tuileries, le palais
de justice, il ne reste que quelques pans
de murailles informes, noircis et' calcinés.
La foudre éclate, enfin, et vient frapper
un toit' et sans les efforts de plusieurs
centaines de travailleurs, sans la proximi-
té du chemin de fer qui permet la prompte
lauilletoQ du 7 Octobre 1872
LA MUETTE
La Tourelle aux Fantômes
La vie était des plus tiistes dans la rési-
dence antique et sombre où se trouvait
Lueile. Elle n'exagérait pas dans la pein-
ture qu'elle en avait faite à son amie par
la lettre reproduite plu& haut
Réduite à là compagnie de Mistress Mil-
fordt, dont la nature revêche 's'aigrissait,
encore par l'effet de cette espèce d'exi'i,
loin de la vie, du mouvement de là capi-
tale, la fillette perdait son entrain et pas-
sait ses journées à répéter
Que je m'ennuie ici!. Mon Dieu,
(que je m'ennuie donc
La saison n'était pas propre non^plûs à
lui fournir^ des distractions. Le mois de
l'Escurial aurait cessé
CT%«isJ|^i*sa bibliothèque, riche en ma-
nuscritsarabes, serait éparpillée au vent
à la place de ses galeries de tableaux,
quelques flocons de fumée dessineraient
leurs spirales et les restes des rois d'Es-
pagne, carbonisés par l'incendie, seraient
devenus cendres. deux foins.
Que de légendes envolées du même
coup Combien d'étranges épisodes ense-
velis sous ces décombres L'Espagne du
seizième siècle vit tout entière dans l'Es-
curial ses voûtes sombres font rêver de
l'Inquisition, et dans ses longs couloirs il
semble que doive errer encore l'ombre
sanglante du fils de Charles-Quint.
Philippe II avait fait construire l'édifice
à la suite d'un vœu.
C'était en 1557, au siège de Saint-Quen-
tin. L'assaut de ses soldats allait être re-
poussé quand le roi, qui ne savait pas
exactement sous l'invocation de quel saint
était placée la journée, fit mentalement la
promesse d'élever un monument à ce
saint, quel qu'il fût/pourvu qu'il lui don-
nât la victoire.
Vérification faite, il se trouva que c'é-
tait Saint-Laurent qui devait bénéficier du
vœu; en souvenir de son martyre, Phi-
lippe résolut de donner à l'édifice la forme
d'un gril; et voilà pourquoi l'Escurial se
compose d'une série de constructions peu
élevées et parallèles, flanquées aux qua-
tre coins de quatre tours qui figurent les
pieds de l'instrument de supplice.
;V.:r- A" /v.
L'édifice s'élève au milieu d'une plaine
déserte, à une dizaine de lieues au nord-
ouest de Madrid.
Quelques maisons se sont groupées au-
tour et forment une sorte de petite ville
assez pauvre.
Dans son c'.tachant récit de voyage Tra
los montes, Théophile Gauthier donne des
environs de l'Escurial une description
imagée,
« On ne peut rien imaginer, dit-il, de
plus aride et de plus désolé que la campa-
gne qu'il faut traverser pour s'y rendre
pas un arbre, pas une maison; de grandes
pentes qui s'enveloppent les unes dans les
autres, des ravins desséchés que la pré-
sence de plusieurs ponts désigne comme
des lits de torrents; et çà et là une échap-
pée de montagnes bleues coiffées de neige
ou de nuages.»
Puis, jetant ses regards vers le 'palais,
le maître coloriste se livre à cette boutade
assurément humoristique, mais peut-être
un peu outrée: •
« Je suis excessivement embarrassé
pour exprimer mon avis sur l'Escortai, ce
Léviathan d'architecture, le plus grand
tas de granit qui existe sur la terre après
les pyramides d'Egypte. Tant de gens
décembre était arrivé. Les pelouses cou-
-vertes de givre, les parterres nus qui s'é-
tendaient sous les fenêtres de la facade du
château faisaient froid à voir. De'l'autre
côté, le. parc avec ses grands arbres noirs,
ses bourres échevelés aux branches des-
cruels pendaient des stalactites glacées,
oflrait un aspect sauvage, désolé. Le soir
'.venu, quand la lune jetait sur ces .avenues
tet ces massifs dévastés sa vague clarté,
«'était un spectacle grandiose, sans doute,
ornais bien fait pour impressionner la jeune'
'imagination d'une enfant qui sortait pour
la première fois de la ville et n'était pas
familiarisée avec ces aspects champêtres
et austères.
Une autre, gouvernante -que mistress
Milfordt^Bne institutrice ayant un peu de
poésie et de chaleur dans l'âme n'aurait
Ça's manqué de saisir cette occasion d'ins-
truire l'esprit e(, d'élargir les facultés d'une
élève parfaitement douée. Mais nous ve-
nons de dire que cette sèche personne n'y
trouvait qu'un sujet d'ennuis et d'acrimo-
Pour cette Anglaise, si peu conforme
aux types gracieux et pleins de sentiment
que chacun de nous a pu apprécier, l'exis-
tence se bornait à fempii-r méthodique-.
braves en ont parlé comme "d£un chef
d'œuvre et d'un suprême effort du génie
humain, que j'aurais l'air de vouloir faire
de l'originalité de parti pris et de prendre
plaisir à contrecarrer l'opinion générale
mais pourtant, en mon âme et conscience,
je ne puis m'empêcher de trouver l'Esco-
;rial le plus ennuyeux et le plus maussade
monument que "puissent rêver pour la
mortification de leurs semblables un
moine morose et un tyran soupçonneux. »
Si les dehors du, mouvement ne sont
pas, à proprement parler, une merveille
architecturale, l'intérieur, en revanche,
offre aux yeux éblouis une successTop de
splendeurs rarement égalée.
Sans préjudice des toiles admirables, de
toutes les époques et de tous les styles, en-
tassées dans- le musée, il n'est pas un coin
de l'édifice qui n'ait illustré de quelque
chef-d'œuvre un maître de l'Ecole espa-
gnole.. ̃•̃•' ̃̃
Ribeyra, Murillo, Vélasquez, Solimène,
Goya, Zurbaran, Giordano, ont semé là
des pages lumineuses qui restent comme
la plus haute expression de l'art.
Le caveau qui contient les dépouilles
des rois ofiré des sculptures remarqua-
bles, entre autres, les tombeaux de Phi-
lippe II et de son père, Charles-Quint.
Quoi qu'en dise mon illustre confrère,
l'Escurial n'est donc pas un monument à
dédaigner.
Si j'étais le roi d'Espagne,' un seul dan-
ger m'inquiéterait La forme de gril qu'af-
fecte l'édifice consacré à' Saint-Laurent.
On est superstitieux, au delà des Pyré
nées.
'Et le gril semble par trop prédestiné à
la flamme.
DERNIÈRES NOUVELLES
M. Thiers a présidé hier matin le conseil
des ministrès.
Le président de la République a reçu en-
suite la commission militaire.
Le préfet du Doubs et M. Labadié, prési-
dent du conseil général des Bouches-du-
Rhône, ont déjeuné à l'Elysée.
L'après-midi, M. Thiers, Mme Thiers et
Mlle Dosne sont allés visiter les travaux de
reconstruction de l'hôtel de la place Saint-
Georges.
Un assez grand nombre de personnes se
pressaient aux grilles; M. Thiers a été ac-
cueilli avec beaucoup de respectueuse sym-
pathie.
Il n'est nullement question d'une modifi-
cation ministérielle. IL est seulement pro-
bable que le ministère des travaux publics,
vacant depuis la démission de M. de Larcy,
sera pourvu d'un titulaire avant la rentrée
de l'Assemblée.. ''<:̃̃'
La commission des grâces s'est réunie hier
à. Versailles elle avait 121 dossiers à exami-
ner. :̃ ̃̃̃̃ ̃̃̃i- -• .̃ ,̃ :i
1 machine enseignante à débiter d'un ac-
cent monotone des préceptes qui perdaient
leur mérite en passant par ses levées amin-
cies, à s'entourer du confort, à bien dor-
mir et surtout à luncher, c'est-à-dire à se
bourrer du matin au soir, entre ses repas,
de tartines, dè gâteaux, de sandwichs ar-
rosés de madère.
On n'imaginait pas où cette créature
aussi flasque, aussi maigre, pouvait met-
tre ce qu'elle absorbait.
Joignez à cela qu'elle était d'une pol-
tronnerie fabuleuse, qu'elle croyait à tou-
tes les superstitions, vous aurez à peu près
son portrait moral et physique.
Jusqu'à son arrivée dans ce grand ma-
noir qui, nous en convenons, n'offrait pas
une apparence précisénent gaie, ces tra-
vers d'esprit la dominaient au point qu'el-
le tournait au spleen, cette' maladie men-
ta'e qui atteint souvent les Anglais: Elle
voyait tout en noir, et, par malheur, elle
ne savait même pas s'en cacher aux yeux
de son élève.
Comme elle était Ecossaise et que l'E-
cosse est la partie de la Grande-Bretagne
où subsistent avec le plus de persistance
et en nombre plus considérable les vieux
contes de diableries, de fantômes, d'appa-
On donne comme certain que le nouveau
traité de commerce entre la France et l'An·
gleterre contiendra les deux classes'suivan-
tes
1° La durée du nouveau traité serade moins
d'un an
Le gouvernement français abandonne la
surtaxe de pavillon.
La future convention, sans rappeler les ter-
mes du traité de 1860, sans emprunter la for-
mule de ses stipulations, devra s'inspirer des
principes et de l'esprit qui avaient dicté ces
dernières.
Le traité sera signé vers le 20 ocJâbre»
La signature aura lieu à Paris.
Le conseil d'Etat a rejeté le recours poài
,abus formé par l'abbé Junqua contre l'ar-
chevêque de Bordeaux.
Cette décision n'est d'ailleurs que l'appli--
cation de la jurisprudence d'après laquelle
les censures purement disciplinaires, telles
que l'interdiction de porter l'habit eeclésias**
tique, censure qui n'enlèvent pas au prêtre
le caractère sacerdotal, échappent par lueur
nature même au contrôle du conseil d'Etat.
L'ambassadeur d'Allemagne doit quitter
Paris aujourd'hui ou demain, pour açheyeï
le congé qu'il a obtenu, il y a deux mois.
sera de retour à Paris pour la fin de ce mois.
On donne comme certain que le gouverne-
ment français déposera, à l'ouverture de la.
session, uri projet de loi ayant pour objet den
faciliter la reprise de la nationalité française
aux Alsaciens et Lorrains qui ont été dans--
l'impossibilité d'opter, et qui n'en désirent
pas moins rentrer dans leurs .droits de <3i«
toyens français. ̃• ̃ nr-
Une dépêche télégraphique deM. de Saint-'
Val]ier,notre chargé d'aSairesàNancy, adres-
see hier au gouvernement, dément le bruit-
répandu par plusieurs journaux, que l;,auto-:
rité allemande ait expulsé
alsaciens dé Nancy.. '̃"̃ 1
Le conseii municipal de Çbiipns résolu,
dans sa dernière séance,, qu'il se rendrait au-
devant de l'armée, française, lorsqu'elle vieu-
ions. ™
LE CONTfNGENT DE 1871 A PARIS
Un arrêté- de M. te préfet de la Seine, en
date du 2 octobre, fixe ainsi la sous-réparti-
tion du contingent de la classe de -1-87-1
Le nombre des jeunes gens -qui ont tire
au sort a été de
Le contingent à fournir a été fisé à 4,794.
Le 1er arrondissement fournira 143 cons-
crits le 136; le 3o 204; le 4" 186; te 5" 206
le 6e 176; le 7° 129; le 8° f23 le 9° 18&; le 18'
295; le 11- 399; le 12e le le
154; le 15" 187; le 16- 81; le 220; le 18f
362; le le 20e 260.
L'arrondissement de Saint-Denis 435efr4 ar<
rondissement de Sceaux 321.
Ces chiffres, indiquent, nous le répétons, le
nombre effectif des conscrits à fournir el
non pas la limite des numéros appelés, puis-
que, parmi les porteurs de ces numéros, il
peut se trouver, des. infirmes ou des exemp-
tés pour cause Quelconque.
rappelant ceux de son pays, toutes ce;!
imaginations lui revenaient par la cer-
velle, si bien qu'il n'était pas de jour ou
de soirée qu'elle s'entretint la jeune fllW
de récits à donner la chair de poule.
Par un phénomène piquant, c'était re-
lève qui offrait à la maîtresse l'exemple
du bon sens-et de la bravoure. Mais si cela
avait duré longtemps, la pauvre petite
n'aurait pas tardé à y perdre ces deux qua-
lités, car nos lectrices l'ont vu, la résidence
y prêtait singulièrement.
Elles occupaient dans l'aile droite du
château deux chambres du premier étage
communiquant ensemble et ayant en
même temps chacune une issue particu-
lière dont jusqu'alors ni l'une ni l'autre
n'avaient eu occasion de se servir.
Quoiqu'un peu curieuse, Lucile s'était
seulement assurée, dès le premier jour,
que cette porte donnait au fond de sa
chambre, et munie d'une serrure dont la
clef était en dedans et de bons verrous,
ouvrait sur un escalier de service desceiî-
dant jusqu'au sous-sol où étaient les cuisi-
nes, les offices et les caves.
Une nuit que mistress MilfbT'dfr, ayaftit
terminé son dernier luncheon de te soiree'
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