Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1871-05-09
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32895690j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 09 mai 1871 09 mai 1871
Description : 1871/05/09. 1871/05/09.
Description : Note : absence de numérotation. Note : absence de numérotation.
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG64 Collection numérique : BIPFPIG64
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k591102h
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/07/2008
4
Le Journal
sideni du camp créé à Nevers par le ministre
Gambetta.
Les troubles de Cosne ont eu leur contre-
coup a JNeuvy Une quinzaine d'in-
dividus armes s'étant réunis sur la place de
l'Enlise ont sonné le tocsin, arboré le dra-
peau et tiré trois coups de l'eu, qui
n'ont atteint personne, mais dont un a eté
dirigé sur Ici porte d'une maison occupée par
les sœurs de la Charité. Tout s'est borné là;
une enquête a été immédiatement ouverte.
ALGÉRIE
Les correspondances d'Algérie nous apportent les
nouveaux détails suivants
Le colonel Fcurchaull à M. le commandant
des forces de lerre
Fondouck, 25 avril 1871.
La nuit a été très calme. Parti à la pointe
du jour, j'ai été assailli de tous côtés à la sor-
tie aú camp; les Kabyles ont été repoussés,
dans toutes les directions. Enviro douze
cents hommes des Aumal-Beni Khalfoun-
Zoutna m'ont suivi jusqu'au col de Tamizert;
:mon artillerie a eu d'excellents résultats. A
;midi la poursuite a cassé à peu près.
J'ai rencontré en route, venant de Fondouck
le capitaine Bruyère, avec pain, café et eau-
de-vie. Excellente précaution mes hommes
étaient exténués, plus de 28lieues en deux
jours et sur quels chemins! Deux soldats
tués, sept blessés, 5 chevaux tués ou blessés
du côté de l'ennemi, on a constaté seize morts.
Ma colonne se'repose à Fondouck.
Je serai demain à l'Alma, à sept heures.
COLONEL FOURCHAULT.
Aumale, 26 avril 9 h. 25 matin.
IL, général commandant la colonne Oued-Sahel à
M. le général commandant supérieur des forces
de terre et de mer, d A lqer.
Je reçois à l'instant, au sujet de Dra-el-
Mizan. des nouvelles qui présentent un
grand caractère de certitude.
Le bordj serait entièrement occupé par la
garnison et les habitants. Le village aurait
été brûlé, à l'exception du bureau arabe et
de quelques maisons voisines. Les pertes de
l'ennemi autour du fort se seraient élevées à
plus de 400 morts.
A la suite dEr ces pertes, l'ennemi est resté
deux jours sans renouveler ses tentatives.
Enfin, dans la journée d'hier, \1 a dû essayer
une nouvelle attaque, car le canon de Dra-
,el-Mizan a été entendu de Bordj -Bouïra.
Je serai demain à Bouïra. d'ou je commen-
cerai mes opérations du côté de Dra-el-Ma-
Un arrêté du gouverneur général civil de
̃ l'Algérie applique l'état de siège aux zones
en insurrection et à celles qui sont meuacées. j
Nous extrayons ce qui suit d'une dépêche
du général Lapasset, commandant la colonne.
de Bougie, et portant la date du 23 avril
Le 21, à midi, le cheik Ben-Aziz s'avancait
'.sur Bougie par la route d'Aumale. En'uu
instant, la colonne fut sous les armes la cava-
lerie suivit le chemin de la plaine, pendant
qu'avec l'infanterie et l'artillerie je prenais
les crêtes de droite.
Les chasseurs d'Afrique et les spahis ren-
contrèrent la tête de la colonne des insurgés
dans la petite plaine dite de la ferme de
Noailles, à la hauteur du 13e kilomètre; ils la
chargèrent, la culbutèrent et la mirent en
fuite.
La journée semblait terminée, lorsque de
nouveaux et très nombreux contingents dé-
bouchèrent de la direction de Kesoùr. Nous
-les laissâmes s'avancer à bonne portée; à ce
moment, le feu bien dirigé de l'artillerie les
mit dans le plus grand désordre et la cavale-
rie termina l'action en tuant et pourchassant
les derniers fuyards. Il était alors près de six
heures; je regagnai le camp sans un coup de
fusil.
Ce petit succès nous a coûté 3 hommes tués,
appartenant aux indigènes restés fidèles, et 6
blessés, dont deux spahis et un chasseur d'A-
frique. Les insurgés ont eu de 25 à 30 morts
et un peu plus de blessés. Beaucoup triplent
le nombre, mais je ne partage pas leur opi-
nion.
Je rentrais au camp, lorsqu'on me remit
vos lettres du 20 datées de minuit'; leur lec-
ture me causa une pénible émotion.
L'insurrection avait gagné les confins' est
de la Mitidja, et vous me prescriviez de
m'embarquer avec ma colonne pour venir
concourir à sa défense, tout en laissant à j
Bougie des moyens suffisants de résistance.
En vue des conséquences de mon embar-
quement, je priai l'administrateur du district
de faire rentrer dans la place tous les colons
du dehors avec leurs best.aux et leurs eflets;
le pont de bateaux sur la 8umman fut replié
et son matériel rentré à Bougie. J'écrivis aux
trois tribus restées fidèles, et qui dans la
journée du 21, nous avaient donné des preu-
ves de leur dévouement, d'avoir à se réfu-
gier entre les forts et ie corps de place.
Enfin, je laissai dans Bougie, y compris la
milice, plus de 1 700 hommes armes. Les
précautions prises et les deux bà-limeuts le
et Jura arrivés, je levai mon camp à
l'improvisée et sans être at taqué.
Le colonel Fourchault adresse au général
commandant supérieur des forces de ferre et
de rmr, à Alger, la dépêche suivante, datée
de l'Alma, le 26 avril, 6 heures 15 soir:
A peine rentré dans mon camp de l'Alma,
attaqué avec rage par des contingents consi-
(.iables d'iiiianterieet de cavalerie, environ
l,")00 hommes. Prise d'armes immédiate par
troupes ira;ch'"?s, et en avant.- Ardeur incro-
yable. trop d'ardeur, Arabes bouscules en
moins d'une heure, 45'cadavres ennemistrou- 1
vés sur le terrain. De notre côté, 1 tué et 10
blessés, dont un officier de zouaves.
Francs tireurs et mobilisés d'Alger vail-
lamment pris part à l'affaire. Un franc tireur,
M. Bordet, légèrement blessé.
Tout le monde rentrcauneheure du camp
avec le plus grand calme.
Mille remercîmenls de vos bien gracieuses
félicitations pour ma colonne et pour moi.
Les mobiles et les mobilisés qui, depuis
quelques semaines, se battent, en Afrique,
contre les Arabes révoltés, vont être rapa-
triés.
Un bataillon de mobile est même déjà ar-
rivé à Marseille.
Ce fait prouve que la révolte algérienne ne
tardera pas à être comprimée.
Le Gouvernement toutefois ne désarme
pas dans notre colonie africaine.
Il vient d'e nvoyer à l'amiral Gueydon 1,200
soldats de divers régiments de hgne, 200
zouaves, deux bataillons du 50e de ligne, une
batterie d'artillerie légère et 200 chevaux.
ETRANGER
Le prince Orlofi a recu de M.' Frouet, délé-
gué du comité d'assainissement des champs
de bataille, un rapport annonçan que le con-
seil d'hygiène de Sedan a approuvé à l'una-
nimité ta mé'hode de désinfection adoptée
par M. Frouet.
Ce dernier a désinfecté jusqu'ici 160 fosses,
renfermant plus de trois mille cadavres. Il
a achevé sos travaux dans la commune de
Glaires et assainit en ce moment celle d'lses.
(Indépendance betae.\
Une catastrophe a eu lieu lundi à Saint-
NTeo:s. Heentingdonshire (Angleterre). M.
Barrow, directeur d'une pépiuière impor-
tante, s'aperçut, le soir, de la disparition de
sa femme et de ses quatre enfants, dont l'aîné
avait six ans; en faisant des recherches dans
les terres, on a trouvé leurs cadavres dans
une pièce d'eau au fond des jardins.
Depuis quelque temps, Mme Barrow était
soutirante, e' l'on avait remarqué chez ella
dessympVni's d'une certain excentricité.
On suppos quelle aura attiré l'attention des
enfants sur quelque objet particulier placé
sur la berge, qui est très escarpée, puis qu'elle
les aura poussés tous à la fois dans l'eau et
s'y sera précipitée ensuite elle-même.
ÉTUDES FINANCIÈRES
Suite
Valeurs de fonds d'Etat étrangers
LE 5 ITALIEN
Depuis trente ans, notre marché a partagé
avec la place de Londres le périlleux hon-
neur de pourvoir aux eaiprunts des divers
gouvernements des deux Mondes.
Aussi la cote de la Bourse ofire-t-ellé au
capitaliste en quête d'un emploi de fonds les
titres les plus nombreux et les plus divers
emprunts autrichiens, turcs et italiens, rus-
ses et espagnols, égyptiens et'péruviens, hon-
grois et danubiens, emprunts de Honduras
et de Tunis, sans parler des ren es belges et
hollandaises, admises à négocier à Pans.
A l'exception des fonds belges et hollan-
dais, tous les emprunts présentent un re-
venu élevé. Et c'est surtout à l'égard de cette
catégorie de placement qu'il convient de
rappeler l'axiome finaücrer La sécurité d'une
voleur ist, en général, d'autant plus faible que
revenu (si plus important. Une valeur qui rap-
porte 4 0/0 est plus sûre qu'un.titre qui pro-
duit 6 0/0, et celui-ci est préférable, comme
solidité, à un effet dont le revenu est de 8 à
9 0/0.
En se basant sur cette maxime, que justi-
fient les lois de l'économie politique, on se-
rait conduit à rechercher parmi les fonds
étrangers c2ux dont le revenu est le moins
considérable.
Dans cette catégorie se rangent le 4 1/2, le
4 0/0 et le 2 1/2 0/0 belges, ainsi que le 2 1/2
hollandais.
Seulement les conditions de la vie sont si
difficiles auj ourd'hui que, pour se contenter
d'un si minime revenu, il faut avoir beau-
coup de capitaux.
Aussi, les petites fortune3 se portent-elles
de préférence vers l'Italien, le 5 0,'0 turc, les
Bons ottomans, les Obligations autrichien-
nés, et autres eilets étrangers, d'un produit
important.
Nous venons de dire que l'importance du
revenu pouvait servir à évaluer, dans une
certain mesure, la sécurité d'une valeur
mais cette évaluation ne saurait être mathé-
matique. Il est impossible de dire à premier
examen tef placement rapporte 12 0/0, donc
il est deux fois moins bon qu'un emploi de
fonds a 6 0/0. On a des présomptions, mais
Çomt de certitude absolue, rigoureuse. Il;
faut donc d'autres éléments d'informations
pour former un jugement exact.
Ces informations doivent être cherchées
dans l'appréciation du Créuit, des ressources
et de la solvabilité des Etats qui emprull-
tent.
Appliquons immédiatement cette méthode
à 3a Rente 5 0/0 italien.
Cette Rente vaut, actuellement, 56 francs Il
et rapporte 4.56 par an. A ce cours, l'Italien
est un placement à 8.14 0/0.
Toute valeur étrangère, par ce seul fait
qu'elle n'est point régie par notre législation
nationale, offre évidemment plus de risques
qu'une valeur française. Aussi est-il juste ̃
qu'elle produise comme compensation un ̃
revenu plus élevé. De combien ce revenu t
doit-il être plus élevé ? La question est ex-
trêmement délicate, sinon impossible à ré-
soudre.
Cependant, si nous examinons ce revenu
en lui-même, nous voyons qu'il est considé-
rable, qu'il est beaucoup plus fort que le re-
venu d'une foule de valeurs françaises et
étrangères. La Rente italienne n'ottre*jonc
pas autant de sécurité que ces valeurs. A
quoi tient cette diilèrence?
A la situation politique et financière de l'I-
talie.
Politiquement. l'Italie est à peine consti-
tuée. Il est permis de douter que la monar-
chie soit parfaitement solide. L'unité natio-
nale peut être compromise par plus d'une ré-
volution. Les rapports du gouvernement ita-
lien avec la cour de Rome peuvent susciter
dans l'avenir de sérieux embarras. Enfin l'I-
talie paraît médiocrement forte au point de
vue militaire, et si elle avait à soutenir une
guerre contre ses voisins, elle serait exposée
a des risques graves.
Administrativement, le royaume d'Italie
laisse beaucoup à désirer. Les plaintes qui se
déroulent chaque jour dans la presse et de-
vant le Parlement montrent qu à cet égard,
le nouveau royaume a beaucoup de progrès
à accomplir.
Mais, au point de vue financier, la situa-
tion de 1 Italie est encore plus précaire.
Depuis 1859, date de l'émancipation. Ita-
lienne, pas un seul budget ne s'est réglé sans
11 en résulte que l'Etat est perpétuellement
obligé de recourir au Crédit, soit en faisant
des emprunts à la Banaue nationale, soit en
émettant des Bon du Trésor, soit en créant
des rentes qu'il place un per partout, mais
principalement sur les marchés étrangers.
En France, seulement, le gouvernement.
italien a emprunté plusieurs milliards.
Mais ces emprunts sans ccsse croissants
représentent des payements d'intérêts con-
sidérables. Au premier janvier 1869, les in té-
rêts des dettes de l'Italie s'élevaient à 360
millions. Pour subvenir à ces augmentation
de dépenses, on accroît sans cesse les impôts
et souvent.limpôt ne donne que les quatre
cinquièmes ou les trois quarts de ce que le
Trésor compte encaisser.
Une telle situation est évidemment anor-
male, périlleuse même, et c'est pourquoi
nous voyons le 5 Italien coté à Paris 56 fr.,
bien qu'il ait été émis au-dessus de 60 fr.
Ce n'est pas tout.
Lorsque l'Italie a emprunté, elle n'a ob-
tenu de l'argent que parce que ses créanciers
supposaient que le Gouvernement ne ferai:;
pas banqueroute. Or, ce Gouvernement a eu
l'audace de spolier ses prêteurs. Une loi vo-'
tée, il y a dix-huit mois, a frappé 12 rente
d'un impôt de 8.80 0/0.
E-t-celà de la sécurité?
On ne s'est pourtant pas arrêté dans cette
voie et. sous la pression de nouveaux besoins,
on vient de décider que l'impôt'de i; Rente
serait porté à 13,20 Nous voulons espérer
que cette mesure ne sera pas mise à exé :u-
tion, mais elle semble imminente, et c'est
déjà trop qu'un pareil danger menace les
créanciers de l'Italie.
'On voit combien un placement en Rente
italienne doit inspirer de méfiance. La pre-
mière conclusion à tirer de ce que nous ve-
nons d'exposer, c'est qu'on ne saurait, sans
témérité, engager tout son avoir sur ce fonds.
En opérant avec prudence, en surveillait
constamment la marche des afiaires italien-
nes. en choisissant les moments de baisse
pour acheter, on peut prendre en portefeuille
du 5 0/0 italien. Mais, nous le répétons, un
semblable placement exige une surveillance
continuelle.
Nous avons dit plus haut que la Rente ita-
lienne ranportait 4.56 par an. Prim'tivement
cette Rente produisait 5 francs, ce qui l'avait
fait denommer 5 0/0. Depuis le 1" janvier
1871, cette Rente supporte l'impôt de8,80 0/0,
soit 44 centimes.
Les arrérages se payent en janvier et en
juillet.
LA JEUNE FILLE EN DEUIL
Episode de la guerre civile anx Etats-Unis
Ceci s'est passé dans une ville des Etats-
Unis.
Edward Clarford était marié depuis cinq
ans. Grand, fort,courageux, ami des saines
idées, il avait pris une part active dans les
guerres de son pays. Plusieurs fois, il sa
signala par des exploits qui le firent re-
garder comme un des plus intrépides par-
mi ces géants d'une bravoure si extraordi-
naire.
En vous disant qu'il aimait les idées
saines, je vous ai laissé clairement enten-
dre qu'il faisait partie de l'armée fédé-
rale, qui combattrait pour l'abolition de
l'esclavage. Les sécessionnistes avaient
beau affirmer que tel n'était pas le but vé-
ritable de leurs enne.. is, Edward sentait
qu'il se devait à un parti qui mettait en
avant une si louable intention. C'était au
service d'une idée qu'il croyait juste et
grande qu'il avait voué'son sang et sa vie.
Qui donc le blâmera?
Après la défaite complète des confédé-
rés, Edward regagna tranquillement son
foyer domestique, abandonné depuis long-
temps. Sa femme, -.la jeune Fanny? le
revit avec un véritable plaisir. Elle l'aimait,
elle l'avait attendu, avec impatience, sui-
vant avec anxiété la marche triomphante
du corps d'armée dont il était rapidement
devenu l'un des chefs. Chaque victoirt
avait été saluée par elle lavec enthousias-
me. Quand il reparut tout à coup à Se6
yeux, elle demeura sans force, comme acx
cablee par ce bonheur si brusque et si vit
vemenf souhaité; Ce fut ensuite un Iraû*»"
port dont il se sentit fier.
Avec quel intérêt elle le questionna on
lui fit redire ses beaux faits d'armes Pal-
pitante, ello l'accompagnait à travers tou-
tes les difficultés qu'il avait dû vaincre,
et elle souriait à ses victoires nom-
breuses.
Cela dura ainsi pendant quelques jours,
puis Edward reprit ses affaires, un peu
trop négligées. Plusieurs mois après, il
s'aperçut avec surprise que Fanny avait
beaucoup perdu de sa gaieté habituelle. Il
l'interrogea avec sollicitude.
C'est tout une confidence que j'ai à te
faire, lui répondit-elle.
Une confidence?. parle, j'écoute,
fit-il.
As-tu remarqué quelquefois, dans,
cette maison, une jeune fille, toujours sé-
vèrement vêtue de noir, le visage pâle et
empreint d'une tristesse qui vous navre?
Oui, je l'ai rencontrée une ou deux
fois, et, préoccupé de mes affaires, j'ai à
peine fait attention a elle. «*.
Tu as eu tort, car elle mérite de fixer
l'attention. Elle a une physionomie qui
attire des traits d'une distinction qui
C'est possible, mais quel rapport y
a-t-il entre cette jeune fille et la confidence
que tu veux me faire ?
Un très grand, car ce que j'ai à te
coniier la concerne. Cette jeune fille est
notre voisine; elle occupe le petit appar-
temeut qu'habitait ma meilleure amie,
Eléna, qui est partie il y a tantôt deux
mois pour aller rejoindre son mari. J'é-
tais habituée à me rendre à chaque ins-
tant du jour dans ce petit réduit situé eD
face de chez nous.
-Tu allais causer avec Eléna, et, lors-
qu'elle fut partie, le voisinage te manqua.
Je m'étais promis de ne pas seule-
ment regarder celle qui lui succède dans
cette chambre où je paissais presque toutes
mes heures pendant ta longue absence.
Puis, peu à peu, je fus étonnée malgré
moi du peu de bruit que.faisait ma nou-
velle voisine. Je savais seulement, parce
q 'on me l'avait dit, que c'était une jeune
fille. Sa porte reste fermée presque cons-
taminent; elle ne sort pas tous les jours et
revient promptement se renfermer dans
sa solitude, qui n'est jamais troublée par
aucune visite. Il y a dans cette existence
insolite quelque chose qui excite ma cu-
riosité à un haut point.
Oh je te reconnais bien là; tu n'es
pas femme pour rien.
Il y avait aussi chez moi quelque
chose qui excusait peut-être ma curiosité
c'était l'intérêt. Je me suis dit que sans
doute c'est une grande infortune qui est
venue se réfugier dans cette retraite. Qui
sait' quel malheur déplore cette jeune per-
sonne ? Je fus prise d'une grande envie de
la voir, de lui parler, de connaître son se-
cret. pour lui venir en aide, si je puis.
Ceci est mieux; c'est le noble instinc>
de la charité.
Ton approbation me rassure; tu ne
me condamneras donc pas, lorsque je te
dirai que j'ai épié la sortie de cette jeune
fille. Durant trois jours, il me fallut atten-
dre j'étais très inquiète, je n'osais frap-
per chez elle, de peur de l'importuner, et,
d'un autre côté, je redoutais quelque mal-
heur. Enfin, au moment oùje désespérais
de la-voir, j'entendis tout à coup sa porte
s'ouvrir.
Tu t'empressas d'ouvrir la tienne ?
Précisément. Je demeurai immobile
en présence de tant de grâce, de beauté,
et surtout d'une si imposante tristesse. Sa
mise sévère ajoutait encore à l'expression
de sa touchante physionomie. D'un cha-
peau rond dont sa belle tête était couverte
s'échappaient d'abondants cheveux blonds
qui se répandaient négligemment sur ses
épaules. L'excessive pâleur de ses traits
purs et distingués faisait mal à voir. Ses
grands yeux se tournèrent un instant vers
moi, et j'y vis briller deux larmes prêtes à
s'en échapper. Je la saluai, elle me répon-
dit légèrement. Je voulus lui adresser
la parole, je n'en eus pas le courage, je
craignais de lui paraître indiscrète. elle
poursuivit son chemin presque en chance-
lant. Depuis ce jour, je n'ai plus cessé de
penser à elle; je revois dans mes songes
son triste et beau visage. Je me dis que
peut-être il est en mon pouvoir de soula-
ger cette mystérieuse douleur, et j'en
cherche constamment le moyen.
HIPPOLYTE PIRON.
(d suivre)
D. CASSIGNEUL, Imprimeur
Ru« de La Fayette, 61. Paris
Imprimé sur les machines cylindriques de H.llwœoni
Le Journal
sideni du camp créé à Nevers par le ministre
Gambetta.
Les troubles de Cosne ont eu leur contre-
coup a JNeuvy Une quinzaine d'in-
dividus armes s'étant réunis sur la place de
l'Enlise ont sonné le tocsin, arboré le dra-
peau et tiré trois coups de l'eu, qui
n'ont atteint personne, mais dont un a eté
dirigé sur Ici porte d'une maison occupée par
les sœurs de la Charité. Tout s'est borné là;
une enquête a été immédiatement ouverte.
ALGÉRIE
Les correspondances d'Algérie nous apportent les
nouveaux détails suivants
Le colonel Fcurchaull à M. le commandant
des forces de lerre
Fondouck, 25 avril 1871.
La nuit a été très calme. Parti à la pointe
du jour, j'ai été assailli de tous côtés à la sor-
tie aú camp; les Kabyles ont été repoussés,
dans toutes les directions. Enviro douze
cents hommes des Aumal-Beni Khalfoun-
Zoutna m'ont suivi jusqu'au col de Tamizert;
:mon artillerie a eu d'excellents résultats. A
;midi la poursuite a cassé à peu près.
J'ai rencontré en route, venant de Fondouck
le capitaine Bruyère, avec pain, café et eau-
de-vie. Excellente précaution mes hommes
étaient exténués, plus de 28lieues en deux
jours et sur quels chemins! Deux soldats
tués, sept blessés, 5 chevaux tués ou blessés
du côté de l'ennemi, on a constaté seize morts.
Ma colonne se'repose à Fondouck.
Je serai demain à l'Alma, à sept heures.
COLONEL FOURCHAULT.
Aumale, 26 avril 9 h. 25 matin.
IL, général commandant la colonne Oued-Sahel à
M. le général commandant supérieur des forces
de terre et de mer, d A lqer.
Je reçois à l'instant, au sujet de Dra-el-
Mizan. des nouvelles qui présentent un
grand caractère de certitude.
Le bordj serait entièrement occupé par la
garnison et les habitants. Le village aurait
été brûlé, à l'exception du bureau arabe et
de quelques maisons voisines. Les pertes de
l'ennemi autour du fort se seraient élevées à
plus de 400 morts.
A la suite dEr ces pertes, l'ennemi est resté
deux jours sans renouveler ses tentatives.
Enfin, dans la journée d'hier, \1 a dû essayer
une nouvelle attaque, car le canon de Dra-
,el-Mizan a été entendu de Bordj -Bouïra.
Je serai demain à Bouïra. d'ou je commen-
cerai mes opérations du côté de Dra-el-Ma-
Un arrêté du gouverneur général civil de
̃ l'Algérie applique l'état de siège aux zones
en insurrection et à celles qui sont meuacées. j
Nous extrayons ce qui suit d'une dépêche
du général Lapasset, commandant la colonne.
de Bougie, et portant la date du 23 avril
Le 21, à midi, le cheik Ben-Aziz s'avancait
'.sur Bougie par la route d'Aumale. En'uu
instant, la colonne fut sous les armes la cava-
lerie suivit le chemin de la plaine, pendant
qu'avec l'infanterie et l'artillerie je prenais
les crêtes de droite.
Les chasseurs d'Afrique et les spahis ren-
contrèrent la tête de la colonne des insurgés
dans la petite plaine dite de la ferme de
Noailles, à la hauteur du 13e kilomètre; ils la
chargèrent, la culbutèrent et la mirent en
fuite.
La journée semblait terminée, lorsque de
nouveaux et très nombreux contingents dé-
bouchèrent de la direction de Kesoùr. Nous
-les laissâmes s'avancer à bonne portée; à ce
moment, le feu bien dirigé de l'artillerie les
mit dans le plus grand désordre et la cavale-
rie termina l'action en tuant et pourchassant
les derniers fuyards. Il était alors près de six
heures; je regagnai le camp sans un coup de
fusil.
Ce petit succès nous a coûté 3 hommes tués,
appartenant aux indigènes restés fidèles, et 6
blessés, dont deux spahis et un chasseur d'A-
frique. Les insurgés ont eu de 25 à 30 morts
et un peu plus de blessés. Beaucoup triplent
le nombre, mais je ne partage pas leur opi-
nion.
Je rentrais au camp, lorsqu'on me remit
vos lettres du 20 datées de minuit'; leur lec-
ture me causa une pénible émotion.
L'insurrection avait gagné les confins' est
de la Mitidja, et vous me prescriviez de
m'embarquer avec ma colonne pour venir
concourir à sa défense, tout en laissant à j
Bougie des moyens suffisants de résistance.
En vue des conséquences de mon embar-
quement, je priai l'administrateur du district
de faire rentrer dans la place tous les colons
du dehors avec leurs best.aux et leurs eflets;
le pont de bateaux sur la 8umman fut replié
et son matériel rentré à Bougie. J'écrivis aux
trois tribus restées fidèles, et qui dans la
journée du 21, nous avaient donné des preu-
ves de leur dévouement, d'avoir à se réfu-
gier entre les forts et ie corps de place.
Enfin, je laissai dans Bougie, y compris la
milice, plus de 1 700 hommes armes. Les
précautions prises et les deux bà-limeuts le
et Jura arrivés, je levai mon camp à
l'improvisée et sans être at taqué.
Le colonel Fourchault adresse au général
commandant supérieur des forces de ferre et
de rmr, à Alger, la dépêche suivante, datée
de l'Alma, le 26 avril, 6 heures 15 soir:
A peine rentré dans mon camp de l'Alma,
attaqué avec rage par des contingents consi-
(.iables d'iiiianterieet de cavalerie, environ
l,")00 hommes. Prise d'armes immédiate par
troupes ira;ch'"?s, et en avant.- Ardeur incro-
yable. trop d'ardeur, Arabes bouscules en
moins d'une heure, 45'cadavres ennemistrou- 1
vés sur le terrain. De notre côté, 1 tué et 10
blessés, dont un officier de zouaves.
Francs tireurs et mobilisés d'Alger vail-
lamment pris part à l'affaire. Un franc tireur,
M. Bordet, légèrement blessé.
Tout le monde rentrcauneheure du camp
avec le plus grand calme.
Mille remercîmenls de vos bien gracieuses
félicitations pour ma colonne et pour moi.
Les mobiles et les mobilisés qui, depuis
quelques semaines, se battent, en Afrique,
contre les Arabes révoltés, vont être rapa-
triés.
Un bataillon de mobile est même déjà ar-
rivé à Marseille.
Ce fait prouve que la révolte algérienne ne
tardera pas à être comprimée.
Le Gouvernement toutefois ne désarme
pas dans notre colonie africaine.
Il vient d'e nvoyer à l'amiral Gueydon 1,200
soldats de divers régiments de hgne, 200
zouaves, deux bataillons du 50e de ligne, une
batterie d'artillerie légère et 200 chevaux.
ETRANGER
Le prince Orlofi a recu de M.' Frouet, délé-
gué du comité d'assainissement des champs
de bataille, un rapport annonçan que le con-
seil d'hygiène de Sedan a approuvé à l'una-
nimité ta mé'hode de désinfection adoptée
par M. Frouet.
Ce dernier a désinfecté jusqu'ici 160 fosses,
renfermant plus de trois mille cadavres. Il
a achevé sos travaux dans la commune de
Glaires et assainit en ce moment celle d'lses.
(Indépendance betae.\
Une catastrophe a eu lieu lundi à Saint-
NTeo:s. Heentingdonshire (Angleterre). M.
Barrow, directeur d'une pépiuière impor-
tante, s'aperçut, le soir, de la disparition de
sa femme et de ses quatre enfants, dont l'aîné
avait six ans; en faisant des recherches dans
les terres, on a trouvé leurs cadavres dans
une pièce d'eau au fond des jardins.
Depuis quelque temps, Mme Barrow était
soutirante, e' l'on avait remarqué chez ella
dessympVni's d'une certain excentricité.
On suppos quelle aura attiré l'attention des
enfants sur quelque objet particulier placé
sur la berge, qui est très escarpée, puis qu'elle
les aura poussés tous à la fois dans l'eau et
s'y sera précipitée ensuite elle-même.
ÉTUDES FINANCIÈRES
Suite
Valeurs de fonds d'Etat étrangers
LE 5 ITALIEN
Depuis trente ans, notre marché a partagé
avec la place de Londres le périlleux hon-
neur de pourvoir aux eaiprunts des divers
gouvernements des deux Mondes.
Aussi la cote de la Bourse ofire-t-ellé au
capitaliste en quête d'un emploi de fonds les
titres les plus nombreux et les plus divers
emprunts autrichiens, turcs et italiens, rus-
ses et espagnols, égyptiens et'péruviens, hon-
grois et danubiens, emprunts de Honduras
et de Tunis, sans parler des ren es belges et
hollandaises, admises à négocier à Pans.
A l'exception des fonds belges et hollan-
dais, tous les emprunts présentent un re-
venu élevé. Et c'est surtout à l'égard de cette
catégorie de placement qu'il convient de
rappeler l'axiome finaücrer La sécurité d'une
voleur ist, en général, d'autant plus faible que
revenu (si plus important. Une valeur qui rap-
porte 4 0/0 est plus sûre qu'un.titre qui pro-
duit 6 0/0, et celui-ci est préférable, comme
solidité, à un effet dont le revenu est de 8 à
9 0/0.
En se basant sur cette maxime, que justi-
fient les lois de l'économie politique, on se-
rait conduit à rechercher parmi les fonds
étrangers c2ux dont le revenu est le moins
considérable.
Dans cette catégorie se rangent le 4 1/2, le
4 0/0 et le 2 1/2 0/0 belges, ainsi que le 2 1/2
hollandais.
Seulement les conditions de la vie sont si
difficiles auj ourd'hui que, pour se contenter
d'un si minime revenu, il faut avoir beau-
coup de capitaux.
Aussi, les petites fortune3 se portent-elles
de préférence vers l'Italien, le 5 0,'0 turc, les
Bons ottomans, les Obligations autrichien-
nés, et autres eilets étrangers, d'un produit
important.
Nous venons de dire que l'importance du
revenu pouvait servir à évaluer, dans une
certain mesure, la sécurité d'une valeur
mais cette évaluation ne saurait être mathé-
matique. Il est impossible de dire à premier
examen tef placement rapporte 12 0/0, donc
il est deux fois moins bon qu'un emploi de
fonds a 6 0/0. On a des présomptions, mais
Çomt de certitude absolue, rigoureuse. Il;
faut donc d'autres éléments d'informations
pour former un jugement exact.
Ces informations doivent être cherchées
dans l'appréciation du Créuit, des ressources
et de la solvabilité des Etats qui emprull-
tent.
Appliquons immédiatement cette méthode
à 3a Rente 5 0/0 italien.
Cette Rente vaut, actuellement, 56 francs Il
et rapporte 4.56 par an. A ce cours, l'Italien
est un placement à 8.14 0/0.
Toute valeur étrangère, par ce seul fait
qu'elle n'est point régie par notre législation
nationale, offre évidemment plus de risques
qu'une valeur française. Aussi est-il juste ̃
qu'elle produise comme compensation un ̃
revenu plus élevé. De combien ce revenu t
doit-il être plus élevé ? La question est ex-
trêmement délicate, sinon impossible à ré-
soudre.
Cependant, si nous examinons ce revenu
en lui-même, nous voyons qu'il est considé-
rable, qu'il est beaucoup plus fort que le re-
venu d'une foule de valeurs françaises et
étrangères. La Rente italienne n'ottre*jonc
pas autant de sécurité que ces valeurs. A
quoi tient cette diilèrence?
A la situation politique et financière de l'I-
talie.
Politiquement. l'Italie est à peine consti-
tuée. Il est permis de douter que la monar-
chie soit parfaitement solide. L'unité natio-
nale peut être compromise par plus d'une ré-
volution. Les rapports du gouvernement ita-
lien avec la cour de Rome peuvent susciter
dans l'avenir de sérieux embarras. Enfin l'I-
talie paraît médiocrement forte au point de
vue militaire, et si elle avait à soutenir une
guerre contre ses voisins, elle serait exposée
a des risques graves.
Administrativement, le royaume d'Italie
laisse beaucoup à désirer. Les plaintes qui se
déroulent chaque jour dans la presse et de-
vant le Parlement montrent qu à cet égard,
le nouveau royaume a beaucoup de progrès
à accomplir.
Mais, au point de vue financier, la situa-
tion de 1 Italie est encore plus précaire.
Depuis 1859, date de l'émancipation. Ita-
lienne, pas un seul budget ne s'est réglé sans
11 en résulte que l'Etat est perpétuellement
obligé de recourir au Crédit, soit en faisant
des emprunts à la Banaue nationale, soit en
émettant des Bon du Trésor, soit en créant
des rentes qu'il place un per partout, mais
principalement sur les marchés étrangers.
En France, seulement, le gouvernement.
italien a emprunté plusieurs milliards.
Mais ces emprunts sans ccsse croissants
représentent des payements d'intérêts con-
sidérables. Au premier janvier 1869, les in té-
rêts des dettes de l'Italie s'élevaient à 360
millions. Pour subvenir à ces augmentation
de dépenses, on accroît sans cesse les impôts
et souvent.limpôt ne donne que les quatre
cinquièmes ou les trois quarts de ce que le
Trésor compte encaisser.
Une telle situation est évidemment anor-
male, périlleuse même, et c'est pourquoi
nous voyons le 5 Italien coté à Paris 56 fr.,
bien qu'il ait été émis au-dessus de 60 fr.
Ce n'est pas tout.
Lorsque l'Italie a emprunté, elle n'a ob-
tenu de l'argent que parce que ses créanciers
supposaient que le Gouvernement ne ferai:;
pas banqueroute. Or, ce Gouvernement a eu
l'audace de spolier ses prêteurs. Une loi vo-'
tée, il y a dix-huit mois, a frappé 12 rente
d'un impôt de 8.80 0/0.
E-t-celà de la sécurité?
On ne s'est pourtant pas arrêté dans cette
voie et. sous la pression de nouveaux besoins,
on vient de décider que l'impôt'de i; Rente
serait porté à 13,20 Nous voulons espérer
que cette mesure ne sera pas mise à exé :u-
tion, mais elle semble imminente, et c'est
déjà trop qu'un pareil danger menace les
créanciers de l'Italie.
'On voit combien un placement en Rente
italienne doit inspirer de méfiance. La pre-
mière conclusion à tirer de ce que nous ve-
nons d'exposer, c'est qu'on ne saurait, sans
témérité, engager tout son avoir sur ce fonds.
En opérant avec prudence, en surveillait
constamment la marche des afiaires italien-
nes. en choisissant les moments de baisse
pour acheter, on peut prendre en portefeuille
du 5 0/0 italien. Mais, nous le répétons, un
semblable placement exige une surveillance
continuelle.
Nous avons dit plus haut que la Rente ita-
lienne ranportait 4.56 par an. Prim'tivement
cette Rente produisait 5 francs, ce qui l'avait
fait denommer 5 0/0. Depuis le 1" janvier
1871, cette Rente supporte l'impôt de8,80 0/0,
soit 44 centimes.
Les arrérages se payent en janvier et en
juillet.
LA JEUNE FILLE EN DEUIL
Episode de la guerre civile anx Etats-Unis
Ceci s'est passé dans une ville des Etats-
Unis.
Edward Clarford était marié depuis cinq
ans. Grand, fort,courageux, ami des saines
idées, il avait pris une part active dans les
guerres de son pays. Plusieurs fois, il sa
signala par des exploits qui le firent re-
garder comme un des plus intrépides par-
mi ces géants d'une bravoure si extraordi-
naire.
En vous disant qu'il aimait les idées
saines, je vous ai laissé clairement enten-
dre qu'il faisait partie de l'armée fédé-
rale, qui combattrait pour l'abolition de
l'esclavage. Les sécessionnistes avaient
beau affirmer que tel n'était pas le but vé-
ritable de leurs enne.. is, Edward sentait
qu'il se devait à un parti qui mettait en
avant une si louable intention. C'était au
service d'une idée qu'il croyait juste et
grande qu'il avait voué'son sang et sa vie.
Qui donc le blâmera?
Après la défaite complète des confédé-
rés, Edward regagna tranquillement son
foyer domestique, abandonné depuis long-
temps. Sa femme, -.la jeune Fanny? le
revit avec un véritable plaisir. Elle l'aimait,
elle l'avait attendu, avec impatience, sui-
vant avec anxiété la marche triomphante
du corps d'armée dont il était rapidement
devenu l'un des chefs. Chaque victoirt
avait été saluée par elle lavec enthousias-
me. Quand il reparut tout à coup à Se6
yeux, elle demeura sans force, comme acx
cablee par ce bonheur si brusque et si vit
vemenf souhaité; Ce fut ensuite un Iraû*»"
port dont il se sentit fier.
Avec quel intérêt elle le questionna on
lui fit redire ses beaux faits d'armes Pal-
pitante, ello l'accompagnait à travers tou-
tes les difficultés qu'il avait dû vaincre,
et elle souriait à ses victoires nom-
breuses.
Cela dura ainsi pendant quelques jours,
puis Edward reprit ses affaires, un peu
trop négligées. Plusieurs mois après, il
s'aperçut avec surprise que Fanny avait
beaucoup perdu de sa gaieté habituelle. Il
l'interrogea avec sollicitude.
C'est tout une confidence que j'ai à te
faire, lui répondit-elle.
Une confidence?. parle, j'écoute,
fit-il.
As-tu remarqué quelquefois, dans,
cette maison, une jeune fille, toujours sé-
vèrement vêtue de noir, le visage pâle et
empreint d'une tristesse qui vous navre?
Oui, je l'ai rencontrée une ou deux
fois, et, préoccupé de mes affaires, j'ai à
peine fait attention a elle. «*.
Tu as eu tort, car elle mérite de fixer
l'attention. Elle a une physionomie qui
attire des traits d'une distinction qui
C'est possible, mais quel rapport y
a-t-il entre cette jeune fille et la confidence
que tu veux me faire ?
Un très grand, car ce que j'ai à te
coniier la concerne. Cette jeune fille est
notre voisine; elle occupe le petit appar-
temeut qu'habitait ma meilleure amie,
Eléna, qui est partie il y a tantôt deux
mois pour aller rejoindre son mari. J'é-
tais habituée à me rendre à chaque ins-
tant du jour dans ce petit réduit situé eD
face de chez nous.
-Tu allais causer avec Eléna, et, lors-
qu'elle fut partie, le voisinage te manqua.
Je m'étais promis de ne pas seule-
ment regarder celle qui lui succède dans
cette chambre où je paissais presque toutes
mes heures pendant ta longue absence.
Puis, peu à peu, je fus étonnée malgré
moi du peu de bruit que.faisait ma nou-
velle voisine. Je savais seulement, parce
q 'on me l'avait dit, que c'était une jeune
fille. Sa porte reste fermée presque cons-
taminent; elle ne sort pas tous les jours et
revient promptement se renfermer dans
sa solitude, qui n'est jamais troublée par
aucune visite. Il y a dans cette existence
insolite quelque chose qui excite ma cu-
riosité à un haut point.
Oh je te reconnais bien là; tu n'es
pas femme pour rien.
Il y avait aussi chez moi quelque
chose qui excusait peut-être ma curiosité
c'était l'intérêt. Je me suis dit que sans
doute c'est une grande infortune qui est
venue se réfugier dans cette retraite. Qui
sait' quel malheur déplore cette jeune per-
sonne ? Je fus prise d'une grande envie de
la voir, de lui parler, de connaître son se-
cret. pour lui venir en aide, si je puis.
Ceci est mieux; c'est le noble instinc>
de la charité.
Ton approbation me rassure; tu ne
me condamneras donc pas, lorsque je te
dirai que j'ai épié la sortie de cette jeune
fille. Durant trois jours, il me fallut atten-
dre j'étais très inquiète, je n'osais frap-
per chez elle, de peur de l'importuner, et,
d'un autre côté, je redoutais quelque mal-
heur. Enfin, au moment oùje désespérais
de la-voir, j'entendis tout à coup sa porte
s'ouvrir.
Tu t'empressas d'ouvrir la tienne ?
Précisément. Je demeurai immobile
en présence de tant de grâce, de beauté,
et surtout d'une si imposante tristesse. Sa
mise sévère ajoutait encore à l'expression
de sa touchante physionomie. D'un cha-
peau rond dont sa belle tête était couverte
s'échappaient d'abondants cheveux blonds
qui se répandaient négligemment sur ses
épaules. L'excessive pâleur de ses traits
purs et distingués faisait mal à voir. Ses
grands yeux se tournèrent un instant vers
moi, et j'y vis briller deux larmes prêtes à
s'en échapper. Je la saluai, elle me répon-
dit légèrement. Je voulus lui adresser
la parole, je n'en eus pas le courage, je
craignais de lui paraître indiscrète. elle
poursuivit son chemin presque en chance-
lant. Depuis ce jour, je n'ai plus cessé de
penser à elle; je revois dans mes songes
son triste et beau visage. Je me dis que
peut-être il est en mon pouvoir de soula-
ger cette mystérieuse douleur, et j'en
cherche constamment le moyen.
HIPPOLYTE PIRON.
(d suivre)
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