Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1869-01-22
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32895690j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 146118 Nombre total de vues : 146118
Description : 22 janvier 1869 22 janvier 1869
Description : 1869/01/22 (Numéro 2213). 1869/01/22 (Numéro 2213).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG64 Collection numérique : BIPFPIG64
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k590264c
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/07/2008
rue de La Fayette, 6Î
Abonnement» paris
TROIS MOIS 5 FR.
SIX MOIS 9 FR.
OH AN 18 FR.
QUOTIDIEN [
M NlilÉflÔ "5 -CENTlfllfiS j
Abonnement Départ"
TROIS MOIS 6 FR;
SIX MOIS 12 FR.
ON AN. 24FK.
Sixième Année
Vendredi 22 janvier 1869
Tirage do Petit Journal |
JEUDI 21 JANVIER
lÀSÔITB AU
On ne s'en douterait pas aux.ci'i&fjpv
retentissent chaque samedi soir da»s~tes-
rues aux princesses qui portent leur bla-
son d'emprunt une nuit, aux mousque-
taires dont l'enrôlement n'a que la durée
d'un bal/aux grimaces des masques, aux
mystérieuses allures des dominos cachés
sous le loup de satin noir et la pelisse de
soie couleur foncée.
Mais nous sommes, Catholiques mes
frères, à quelques jours de distance du
Carême. que le Carnaval seul sépare de
l'Avent.
Le Carême. on n'y pense pas encore.
l'Avent. on ne s'en souvient plus.
•11 existe pourtant de graves apprécia-
téurs du génie de Massillon qui placent
son 4iw£au-dessùs de son Petit-Carême.
Il est d'autres bons esprits qui ne font
pas d'interruption de pratiques pieuses
entre les Méditations qui précèdent lai
Noël et les exercices religieux qui se
pratiquent avant la fête de Pâques.
Le mois dernier, pourassister au service
de bout de l'an d'une trépassée regrettée.
je suis entré dans une église.
La messe était dite une heure très
>.̃ matinale; mais le bon Dieu n'a pas de
minutes déterminées d'audience, et écoute,
en tous temps, celui qui s'adresse avec
ferveur à lui.
Les enfants de choeur avaient les yeux
gros;
Le sacristain n'était pas bien éveillé
1 et il m'a semblé que le donneur d'eaù bé-
nite réprimait un bâillement.
Mais le prêtre, au visage austère à la
voix grave, était bien devant l'autel, tout
entier à son saint ministère
Comment se fait-il qu'après avoir as-
sisté à cette messe basse dite en fa-
veur d'une personne dont on vénère le
souvenir, mon esprit se soit ouvert à une
idée mondaine?
Pourquoi suis je allé de la réalité la plus
austère a la fable la plus railleuse ?
Je me mis, en sortant de l'église, à son-
ger à la Perrette de Lafontaine.
Perrette, sur sa tête ayant un pot au lait.
Bien posé sur un coussinet,
Prétendait arriver tans encombre à la ville.
.Légère et court vêtue, elle allait à grands pas,
'jyant mis ce jour-là, pour être plus agile,
Cotillon simple et souliers plats..
/Feuilleton du 24 Janvier 1869 1
LES
XLVIII
Les deux Rivales
Derrière Juliette se tenait le docteur Ao-
Chàrmelte ne lui adressa qu'un regard,
mais cela lui suffit.
Le docteur Robert avait posé un doigt sur
ses lèvres, comme pour lui recommander la
prudence, et il était allé rejoindre Polichi-
nelle qui continuait ses observations sur les
dégradations qu'il avait remarquées autour
du cadre de la lucarne.
Laissez-nous, dit enfin Juliette aux
deux hommes.
Le docteur marcha le premier vers la por-
te, suivi, de près par Polichinelle, qui pa-
raissait ne s'éloigner qu'à regret.
Qu'à a-t-il donc, demanda Juliette.
(Voir le Petit Journal depuis le 4 décembre),
La gentille Perrette de La Fontaine est
une ambitieuse. Elle eut. su jouer, sij
-elie avait vécu de nos jours, à la Bornée.
ei profiter du mouvement des fonds pu-
blics\ écoutez plutôt 1 fixité, de son his*
v Notre laitière 'îiiisi .ioui.3éc t
.T t le prix de son lait; en empioya.it l'argent
Achetait un cent d'oeufs faisait triple couvée, j
La chose allait il bien par son soin diligent. j
Il m'est, disaît-elle, facile
D'élever des poulets autour de ma maison;.
Le renard sera bien habile
S'il ne m'en laisse assez pour avoir. un crochon.
Le porc à s'engraisser coûtera peu de son;
Il était, quand je l'eus, de grosseur raisonnable;
l'aurai, le revendant, de l'argent bel et bon.
Et qui m'empêchera de mettre en notre étable,
Vu le prix dont il est, une vache et son veau,
Que je verrai sauter au milieu du troupeau?
On le voit, Perrette présage les béné-
fices et calcule les dividendes elle sup-
pute les profits; elle voit son actif s'aug-
menter elle en saute de joie, ce qui con-
stitue 'Son imprudence.
Perrètte l^-dessus saute aussi, transportée
Le-lait ttfmbo; adieu, veau, vache, cochon, couvée.
La dame de ces biens, quittant d'un oeil marri
Sa fortune ainsi répandue,
Va s'excuser à son mari,
En grand danger d'être battue. J
k Le récit en farce en fut-faît;
On l'appela le Pot au lait..
Le Pot au Lait' est un ustensile qui se
retrouve dans toutes les fa,milles pari- 1
siennes.
C'est une boîte en fer blanc que la
bonne descend le matin pour la faire
remplir par la laitière en boutique ou la
débitante établie sous laporté cochère.
Nous avons bien à Paris une Laiterie
Centrale qui a plusieurs dépôts; une
lerie de Glichy; où il se trouve non^euj^-
ment du lait de vache, mais aussi du lait
de chèvre et d'anesse pour les poitrines
malades
Nous avons aussi des laiteries fort élé-
fantes, où l'on vend même du brouillon,
dn cafë, du chocolat, du fromage et des
oeufs.
Nous avons encore la Laiterie Impériale
au bois de Vincennes, où l'on vous sert
du pain de village ou de la brioche.
avec le lait que l'on trait devant vous
des laiteries en plein vent qui s'installent
chaque matin sous les portes enchères et
débitent aux ménagères et aux petites j
bonnes leur blanche et rafraîchissante j
marchandise.
Le lait, d'ailleurs, n'a pas servi uni-
quement à l'alimentation des enfants où
Il exista un homme qui restait souvent
cinq ou six heures a table, avec les nieil-
Il y a. il va, répondit Polichinelle,
que certainement duelque chose d'extraor-
dinaire s'est passé ici, cette nuit. Quelqu'un
a passé par cette lucarne, ou je ne m'appelle
pas Polichinelle.
Laissez-nous, répéta Juliette sans atta-
cher plus d'importance à ce fait.
On s'en va, obéit Polichinelle, mais j'en
suis pour ce que j'ai dit, et il faudra bien
que je sache.
Il'ferma la porte en parlant ainsi, de sor-
te que l'on n'entendit pas la suite de ses pa-
roles.
Les deux femmes étaient restées seules.
Cliarmette était plus curieuse qu'effratée.
Le côté extraordinaire de ce qui lui arrivait
depuis quelques jours avait singulièrement
surexcite son imagination.
Ce qui l'intriguait bien plus en ce ras-
ment, v'éiait la présence même de Juliette.
et elle cherchait à cette présence une cause':
j qu'elle ne trouvait pas.
Serait-ce donc à vous, que je dois d'être
1 retenue prisonnière, dans cette mansarde?.
demanda-t-elle au bout d'un instant.
Peut-être. répondit Juliette, dont rien
n'était venu contracter le visage impassible.
Mais à quel propos? dans quel but?
Je vous le dirai.
Est-ce de Gontran qu'il s'agit?
leurs convives et les plus grands buveurs,
qui faisait chèvre avec eux, n'ayant d'au-
tre aliment et d'autre boisson, durant ces
festins que du lait
Cet homme-là, t c'était Molière
Il ne faut pas mépriser'le lait, puisqu'il
a précédé l'emploi cbji -vin dans les liba-
tions que les anciens faisaient en l'hon-
neur des Dieux Immortels.
A l'époque actuelle, en cette rude sai-
son de l'année, on voit, entre sept et huit
heures du matin, bien des femmes vi-
gilantes, levées en même temps-que le
soleil, et soufflant dans leurs doigts pour
en enlever les froidures de la gelee.
Elles vont chercher leur lait.
Substance précieuse. mais qu'il im-
porte de ne pas perdre de vue. car le
lait au feu a besoin d'être surveillé coin-
me un suspect.
Parfois, quand on n'a pas l'œil sur
lui. le lait se sauve devant le feu.
comme un cap on devant l'ennemi
Dans le voisinage de l'église, où j'ai été
entendre des nrières pour une bonne âme
envolée, réside une famille qui fait le
café à satisfaire M. de Voltaire en per-
sonne.
Nul ne confectionne avec plus d'art
que la, maître se de la maison, ce que l'au-
teur de la Henriade appelait plaisamment
un poison lent.
Je dois confesser ici que j'aime fort le
café au lait., malgré les réquisitoires que
M. Henry Berthoud a prononcés contre
cette mixture qu'il dit attentatoire la
Et,. publique, la finesse matinale, Je
faite et montai chez mes bons amis pour
savourer une tasse de café au lait telle
variétés n'en sauront jamais fabriquer.
Je trouvai la* maison en pleine révo-
lution ce n'était pas un renverse-
ment de gouvernement du pot-au-feu.
La maîtresse de la muison semblait a-
voir mis son bonnet de travers. en: se
levant..
Le chef de la communauté qui re-
présentait l'autorité et l'ordre public
ne songeait pas a réprimer ces fe;rments
de discorde.
Le chien grondait derrière, une chai-
se. le chat faisait le gros dos dans un
J coin de la cuisine. tr,
Vous avez donc quelque chose à ap-
prendre, après ce cye vous avez vu.
Charrette sentait son cœur battre avec
violence dans sa poitrine. L'amour qu'elle
portait a Gontran l'avait rendue forts, en
même temps que la jalousie la rendrait im-
placahle.
Juliette ne bougea pas.
Elle avait son but, vraisemblablement,. et
ne voulait pas s'en laisser détourner.
Que M. Contran vous aime, répondit-
elle avec âpreté, ce n'est pas ce qui m'inté-
resse en ce moment, et si je suis venue vous
trouver, c'est que j'avais une chose à vous
dire.
Qu'est-ce donc?
Une proposition.
Je ue comprends pas
Vous ali(«î comprendre:
Juliette fit un pas vers CTnarmette? et son
regard s arrêta sur' cette dernière avec'une
profonde expression de haine.
Vous n'ignorez pas, po.ursuivit-elle, .que.
j'ai autour de moi des hommes qu'aucune
considération ne doit arrêter, et qui n'hési-
teront jamais à exécuter mes ordres, quel-
que cruels qu'ils puissent être.
Je l'ai appris à mes dépens, répondit
Charmette. i
r– A la bonne heure: Vous êtes entre
mes mains. j»Npl ne sait où Toa vous a con-
Il y avait évidemment de l'orage dans
l'air. on se levait sur un volcan.
Vous venez, me1 dit la dame, pour
prendre votre café au lait.
Sans doute! ne m'avez-vous pas in*
vite!
Je ne dis pas non, fit la bonne fem-
me, mais c'est le diable qui s'en mêle.
nous avons notre bonne Jacqueline, ni,
ressemble à la colombe de l'arche. elle
ne revient pas x '̃
Dam! répondis-je avec gaieté, cesl;
que le déluge de cette nuit n'a pas cessé,».
il pleut encor e. A
C'est égal. c'est inconaprehensir;
ble. une fille qu'on m'a envoyée de
mon pays. qui ne connaît aucune, des
embûches de la capitale. ni le soldat
de la ligne séducteur, ni la danse de l'anse'
du panier. ni le sou pour livre chez les
fournisseurs. une fille honnête comme
Sully, leste comme Vestris, et qui ne
s'attarde qu'à une seule et même commis-
sien l'achat du lait de chaque matin.
croiriez-vous qu'elle est partie il y a vingt')
minutes,x;et qu'elle n'est pas encore reve-
due?.
Jacqueline avait-elle imité la Perrette
du bon La Fontaine? j
Avait-elle rêvé la richesse, la propriété
foncière, l'éclat des toilettes et les triom- •
plies de l'amour-propre en se mirant dans
le ferblanc étincelant de sa boîte au lait.
toute fraîchement nettoyée.
Le lait qui fitt autrefois si agteabte au\
faux dieux, lui était-il monté a la. tête;
C'est ce que nous n'avons pu découvrir
quand Jacqueline est arrivée, les jeux*
̃Missés,ia mine alarmée, dans la venta ble j_
attitude d'une, délinquante.
C'était une jolie fille que Jacqueline
Elle était venue au monde, comme les
raisins blancs dont le jus ressemble le
mieux aux fameux vins du Rhin, dans
cette' Moselle qui a conservé une physio-
nomie allemande.
Elle avait apporté avec elle, à Paris,
1 deux yeux bleus, de ce bleu céleste qui
est la couleur favorite de l'innocence
Sa peau était presque aussi blanche.
que le lait qu'elle avait tant tarde a nous.
fournir. k
Elle avait des pieds très petits dans
des bas bleus très gros, des cheveux qui
ressemblaient assez au chanvre qu'on
file dans les campagnes de son pays,
et une bouche qui ne devait pas avoir'
d'excuse pour mentir. car elle avait
duite Vous pouvez disparaître demain ou
mourir, sans que votre disparition ou votre
mort laisse une trace qui puisse vous faire.,
retrouver.
Où voulez-vous en venir?
A vous dire ceci c'est que ce que nous
avons fait contre vous, nous pouvons le ten-
ter contre Gontran.
Que dites-vous?
Dans une heure. dès ce soir. uon^
tran peut être enlevé comme vous l'avez été
et paver de sa vie l'amour qu'il vous porte.
Ah! vous ne permettrez pas que cela
soit ? .̃•̃'
Cela dépend de vous.
Comment?
Voulez-vous écrire a Gontran que vous
en aimez !un autre? que vous partez? qu'il
n,e vous reverra plus?. Si vous consentez;
il lui adresser une pareille lettre, demain on
1 vous conduit au Havre, un bateau vous em-
mène en Amérique, et Gontran est à jamais
Mais c'est impossible. r-
Pourquoi donc?
Je l'aime!
Vous l'oublierez.
Je ne puis renoncer ainsi au bOiilieuJt-;
truc j'avais rêvé. D'ailleurs, il m'aime, vous
le savez'bien, il me£a d|ti vous raves ea-j:
Abonnement» paris
TROIS MOIS 5 FR.
SIX MOIS 9 FR.
OH AN 18 FR.
QUOTIDIEN [
M NlilÉflÔ "5 -CENTlfllfiS j
Abonnement Départ"
TROIS MOIS 6 FR;
SIX MOIS 12 FR.
ON AN. 24FK.
Sixième Année
Vendredi 22 janvier 1869
Tirage do Petit Journal |
JEUDI 21 JANVIER
lÀSÔITB AU
On ne s'en douterait pas aux.ci'i&fjpv
retentissent chaque samedi soir da»s~tes-
rues aux princesses qui portent leur bla-
son d'emprunt une nuit, aux mousque-
taires dont l'enrôlement n'a que la durée
d'un bal/aux grimaces des masques, aux
mystérieuses allures des dominos cachés
sous le loup de satin noir et la pelisse de
soie couleur foncée.
Mais nous sommes, Catholiques mes
frères, à quelques jours de distance du
Carême. que le Carnaval seul sépare de
l'Avent.
Le Carême. on n'y pense pas encore.
l'Avent. on ne s'en souvient plus.
•11 existe pourtant de graves apprécia-
téurs du génie de Massillon qui placent
son 4iw£au-dessùs de son Petit-Carême.
Il est d'autres bons esprits qui ne font
pas d'interruption de pratiques pieuses
entre les Méditations qui précèdent lai
Noël et les exercices religieux qui se
pratiquent avant la fête de Pâques.
Le mois dernier, pourassister au service
de bout de l'an d'une trépassée regrettée.
je suis entré dans une église.
La messe était dite une heure très
>.̃ matinale; mais le bon Dieu n'a pas de
minutes déterminées d'audience, et écoute,
en tous temps, celui qui s'adresse avec
ferveur à lui.
Les enfants de choeur avaient les yeux
gros;
Le sacristain n'était pas bien éveillé
1 et il m'a semblé que le donneur d'eaù bé-
nite réprimait un bâillement.
Mais le prêtre, au visage austère à la
voix grave, était bien devant l'autel, tout
entier à son saint ministère
Comment se fait-il qu'après avoir as-
sisté à cette messe basse dite en fa-
veur d'une personne dont on vénère le
souvenir, mon esprit se soit ouvert à une
idée mondaine?
Pourquoi suis je allé de la réalité la plus
austère a la fable la plus railleuse ?
Je me mis, en sortant de l'église, à son-
ger à la Perrette de Lafontaine.
Perrette, sur sa tête ayant un pot au lait.
Bien posé sur un coussinet,
Prétendait arriver tans encombre à la ville.
.Légère et court vêtue, elle allait à grands pas,
'jyant mis ce jour-là, pour être plus agile,
Cotillon simple et souliers plats..
/Feuilleton du 24 Janvier 1869 1
LES
XLVIII
Les deux Rivales
Derrière Juliette se tenait le docteur Ao-
Chàrmelte ne lui adressa qu'un regard,
mais cela lui suffit.
Le docteur Robert avait posé un doigt sur
ses lèvres, comme pour lui recommander la
prudence, et il était allé rejoindre Polichi-
nelle qui continuait ses observations sur les
dégradations qu'il avait remarquées autour
du cadre de la lucarne.
Laissez-nous, dit enfin Juliette aux
deux hommes.
Le docteur marcha le premier vers la por-
te, suivi, de près par Polichinelle, qui pa-
raissait ne s'éloigner qu'à regret.
Qu'à a-t-il donc, demanda Juliette.
(Voir le Petit Journal depuis le 4 décembre),
La gentille Perrette de La Fontaine est
une ambitieuse. Elle eut. su jouer, sij
-elie avait vécu de nos jours, à la Bornée.
ei profiter du mouvement des fonds pu-
blics\ écoutez plutôt 1 fixité, de son his*
v Notre laitière 'îiiisi .ioui.3éc t
.T t le prix de son lait; en empioya.it l'argent
Achetait un cent d'oeufs faisait triple couvée, j
La chose allait il bien par son soin diligent. j
Il m'est, disaît-elle, facile
D'élever des poulets autour de ma maison;.
Le renard sera bien habile
S'il ne m'en laisse assez pour avoir. un crochon.
Le porc à s'engraisser coûtera peu de son;
Il était, quand je l'eus, de grosseur raisonnable;
l'aurai, le revendant, de l'argent bel et bon.
Et qui m'empêchera de mettre en notre étable,
Vu le prix dont il est, une vache et son veau,
Que je verrai sauter au milieu du troupeau?
On le voit, Perrette présage les béné-
fices et calcule les dividendes elle sup-
pute les profits; elle voit son actif s'aug-
menter elle en saute de joie, ce qui con-
stitue 'Son imprudence.
Perrètte l^-dessus saute aussi, transportée
Le-lait ttfmbo; adieu, veau, vache, cochon, couvée.
La dame de ces biens, quittant d'un oeil marri
Sa fortune ainsi répandue,
Va s'excuser à son mari,
En grand danger d'être battue. J
k Le récit en farce en fut-faît;
On l'appela le Pot au lait..
Le Pot au Lait' est un ustensile qui se
retrouve dans toutes les fa,milles pari- 1
siennes.
C'est une boîte en fer blanc que la
bonne descend le matin pour la faire
remplir par la laitière en boutique ou la
débitante établie sous laporté cochère.
Nous avons bien à Paris une Laiterie
Centrale qui a plusieurs dépôts; une
lerie de Glichy; où il se trouve non^euj^-
ment du lait de vache, mais aussi du lait
de chèvre et d'anesse pour les poitrines
malades
Nous avons aussi des laiteries fort élé-
fantes, où l'on vend même du brouillon,
dn cafë, du chocolat, du fromage et des
oeufs.
Nous avons encore la Laiterie Impériale
au bois de Vincennes, où l'on vous sert
du pain de village ou de la brioche.
avec le lait que l'on trait devant vous
des laiteries en plein vent qui s'installent
chaque matin sous les portes enchères et
débitent aux ménagères et aux petites j
bonnes leur blanche et rafraîchissante j
marchandise.
Le lait, d'ailleurs, n'a pas servi uni-
quement à l'alimentation des enfants où
Il exista un homme qui restait souvent
cinq ou six heures a table, avec les nieil-
Il y a. il va, répondit Polichinelle,
que certainement duelque chose d'extraor-
dinaire s'est passé ici, cette nuit. Quelqu'un
a passé par cette lucarne, ou je ne m'appelle
pas Polichinelle.
Laissez-nous, répéta Juliette sans atta-
cher plus d'importance à ce fait.
On s'en va, obéit Polichinelle, mais j'en
suis pour ce que j'ai dit, et il faudra bien
que je sache.
Il'ferma la porte en parlant ainsi, de sor-
te que l'on n'entendit pas la suite de ses pa-
roles.
Les deux femmes étaient restées seules.
Cliarmette était plus curieuse qu'effratée.
Le côté extraordinaire de ce qui lui arrivait
depuis quelques jours avait singulièrement
surexcite son imagination.
Ce qui l'intriguait bien plus en ce ras-
ment, v'éiait la présence même de Juliette.
et elle cherchait à cette présence une cause':
j qu'elle ne trouvait pas.
Serait-ce donc à vous, que je dois d'être
1 retenue prisonnière, dans cette mansarde?.
demanda-t-elle au bout d'un instant.
Peut-être. répondit Juliette, dont rien
n'était venu contracter le visage impassible.
Mais à quel propos? dans quel but?
Je vous le dirai.
Est-ce de Gontran qu'il s'agit?
leurs convives et les plus grands buveurs,
qui faisait chèvre avec eux, n'ayant d'au-
tre aliment et d'autre boisson, durant ces
festins que du lait
Cet homme-là, t c'était Molière
Il ne faut pas mépriser'le lait, puisqu'il
a précédé l'emploi cbji -vin dans les liba-
tions que les anciens faisaient en l'hon-
neur des Dieux Immortels.
A l'époque actuelle, en cette rude sai-
son de l'année, on voit, entre sept et huit
heures du matin, bien des femmes vi-
gilantes, levées en même temps-que le
soleil, et soufflant dans leurs doigts pour
en enlever les froidures de la gelee.
Elles vont chercher leur lait.
Substance précieuse. mais qu'il im-
porte de ne pas perdre de vue. car le
lait au feu a besoin d'être surveillé coin-
me un suspect.
Parfois, quand on n'a pas l'œil sur
lui. le lait se sauve devant le feu.
comme un cap on devant l'ennemi
Dans le voisinage de l'église, où j'ai été
entendre des nrières pour une bonne âme
envolée, réside une famille qui fait le
café à satisfaire M. de Voltaire en per-
sonne.
Nul ne confectionne avec plus d'art
que la, maître se de la maison, ce que l'au-
teur de la Henriade appelait plaisamment
un poison lent.
Je dois confesser ici que j'aime fort le
café au lait., malgré les réquisitoires que
M. Henry Berthoud a prononcés contre
cette mixture qu'il dit attentatoire la
Et,. publique, la finesse matinale, Je
faite et montai chez mes bons amis pour
savourer une tasse de café au lait telle
variétés n'en sauront jamais fabriquer.
Je trouvai la* maison en pleine révo-
lution ce n'était pas un renverse-
ment de gouvernement du pot-au-feu.
La maîtresse de la muison semblait a-
voir mis son bonnet de travers. en: se
levant..
Le chef de la communauté qui re-
présentait l'autorité et l'ordre public
ne songeait pas a réprimer ces fe;rments
de discorde.
Le chien grondait derrière, une chai-
se. le chat faisait le gros dos dans un
J coin de la cuisine. tr,
Vous avez donc quelque chose à ap-
prendre, après ce cye vous avez vu.
Charrette sentait son cœur battre avec
violence dans sa poitrine. L'amour qu'elle
portait a Gontran l'avait rendue forts, en
même temps que la jalousie la rendrait im-
placahle.
Juliette ne bougea pas.
Elle avait son but, vraisemblablement,. et
ne voulait pas s'en laisser détourner.
Que M. Contran vous aime, répondit-
elle avec âpreté, ce n'est pas ce qui m'inté-
resse en ce moment, et si je suis venue vous
trouver, c'est que j'avais une chose à vous
dire.
Qu'est-ce donc?
Une proposition.
Je ue comprends pas
Vous ali(«î comprendre:
Juliette fit un pas vers CTnarmette? et son
regard s arrêta sur' cette dernière avec'une
profonde expression de haine.
Vous n'ignorez pas, po.ursuivit-elle, .que.
j'ai autour de moi des hommes qu'aucune
considération ne doit arrêter, et qui n'hési-
teront jamais à exécuter mes ordres, quel-
que cruels qu'ils puissent être.
Je l'ai appris à mes dépens, répondit
Charmette. i
r– A la bonne heure: Vous êtes entre
mes mains. j»Npl ne sait où Toa vous a con-
Il y avait évidemment de l'orage dans
l'air. on se levait sur un volcan.
Vous venez, me1 dit la dame, pour
prendre votre café au lait.
Sans doute! ne m'avez-vous pas in*
vite!
Je ne dis pas non, fit la bonne fem-
me, mais c'est le diable qui s'en mêle.
nous avons notre bonne Jacqueline, ni,
ressemble à la colombe de l'arche. elle
ne revient pas x '̃
Dam! répondis-je avec gaieté, cesl;
que le déluge de cette nuit n'a pas cessé,».
il pleut encor e. A
C'est égal. c'est inconaprehensir;
ble. une fille qu'on m'a envoyée de
mon pays. qui ne connaît aucune, des
embûches de la capitale. ni le soldat
de la ligne séducteur, ni la danse de l'anse'
du panier. ni le sou pour livre chez les
fournisseurs. une fille honnête comme
Sully, leste comme Vestris, et qui ne
s'attarde qu'à une seule et même commis-
sien l'achat du lait de chaque matin.
croiriez-vous qu'elle est partie il y a vingt')
minutes,x;et qu'elle n'est pas encore reve-
due?.
Jacqueline avait-elle imité la Perrette
du bon La Fontaine? j
Avait-elle rêvé la richesse, la propriété
foncière, l'éclat des toilettes et les triom- •
plies de l'amour-propre en se mirant dans
le ferblanc étincelant de sa boîte au lait.
toute fraîchement nettoyée.
Le lait qui fitt autrefois si agteabte au\
faux dieux, lui était-il monté a la. tête;
C'est ce que nous n'avons pu découvrir
quand Jacqueline est arrivée, les jeux*
̃Missés,ia mine alarmée, dans la venta ble j_
attitude d'une, délinquante.
C'était une jolie fille que Jacqueline
Elle était venue au monde, comme les
raisins blancs dont le jus ressemble le
mieux aux fameux vins du Rhin, dans
cette' Moselle qui a conservé une physio-
nomie allemande.
Elle avait apporté avec elle, à Paris,
1 deux yeux bleus, de ce bleu céleste qui
est la couleur favorite de l'innocence
Sa peau était presque aussi blanche.
que le lait qu'elle avait tant tarde a nous.
fournir. k
Elle avait des pieds très petits dans
des bas bleus très gros, des cheveux qui
ressemblaient assez au chanvre qu'on
file dans les campagnes de son pays,
et une bouche qui ne devait pas avoir'
d'excuse pour mentir. car elle avait
duite Vous pouvez disparaître demain ou
mourir, sans que votre disparition ou votre
mort laisse une trace qui puisse vous faire.,
retrouver.
Où voulez-vous en venir?
A vous dire ceci c'est que ce que nous
avons fait contre vous, nous pouvons le ten-
ter contre Gontran.
Que dites-vous?
Dans une heure. dès ce soir. uon^
tran peut être enlevé comme vous l'avez été
et paver de sa vie l'amour qu'il vous porte.
Ah! vous ne permettrez pas que cela
soit ? .̃•̃'
Cela dépend de vous.
Comment?
Voulez-vous écrire a Gontran que vous
en aimez !un autre? que vous partez? qu'il
n,e vous reverra plus?. Si vous consentez;
il lui adresser une pareille lettre, demain on
1 vous conduit au Havre, un bateau vous em-
mène en Amérique, et Gontran est à jamais
Mais c'est impossible. r-
Pourquoi donc?
Je l'aime!
Vous l'oublierez.
Je ne puis renoncer ainsi au bOiilieuJt-;
truc j'avais rêvé. D'ailleurs, il m'aime, vous
le savez'bien, il me£a d|ti vous raves ea-j:
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.53%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.53%.
- Collections numériques similaires Monnaies grecques Monnaies grecques /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "MonnGre"
- Auteurs similaires Monnaies grecques Monnaies grecques /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "MonnGre"
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k590264c/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k590264c/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k590264c/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k590264c/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k590264c
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k590264c
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k590264c/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest