Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1869-01-23
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32895690j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 146118 Nombre total de vues : 146118
Description : 23 janvier 1869 23 janvier 1869
Description : 1869/01/23 (Numéro 2214). 1869/01/23 (Numéro 2214).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG64 Collection numérique : BIPFPIG64
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k590265r
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/07/2008
Bureaux rue de La Fayette, 61
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TROIS mais 5 FR.
SIX BOIS 9-FE.
QUOTIDIEN
UN NUMÉRO CENTIMES
Abonnement. Départ*
TROIS MOIS
SIX MOIS.
UN AN.
Sixième Année ne
Samedi 23 janvier 1869
Tirage du Petit Journal
VENDREDI 22 JANVIER
•̃1: LE MOT DE LA FIN' ?
Le théâtre des Variétés, privé du con-
cours de' Mademoiselle Schneider et -des
Sons'tons du maestro Offenbach, a re-
noncé pour quelques semaines àëtre un
Sixième théâtre lyrique..
11 a renvoyé les contre-basses et les pis-
tons doubles qui garnissaient son orches-
tre: durant les représentations de, ces
opéras sérias qu'on appelait Barbe-Bleue, la
Belle Hélène on la Périchole.
Et son premier t'énor Dupuis doit être
parti pour Naples ou pour Venise,, afin de
faire entendre sa voix à La Felice ou à
San-Carlb comme l'ont fait, dans leur
temps, Duprez, Rubini, Taniberlick et
SJàijio. •' .•.̃
'̃'
Le théâtre des Variétés, avant de livrer
sa scène aux orgies de la Musique du Pré-
sent., excellait dans un genre
Les Revues de l'année.
Nous y avons vu Lassagne, la sémillante
grand comédien Leclère.et
Arnal, et aussi Odry, Y émet, Hyacinthe
dans sajeuliessB; Flore, qui nous a laissé
des Mémoires, etChevaliers du pmec-ne;, et Esther de
Bongars,etBoisgontier, les héroïnes dej
Deux dames au violon, et tant d'autres]
dont j'ai perdu les noms et le souvenir.
Hier au soir, donc, le théâtre des Va- j
riétés est revenu aux Revues, c'est-à-dire
à l'objet de ses premières amours.
Seulement c'est une petite Revue,
elle n'a pas une douzaine de tableaux,¡!
elle n'en a que trois, elle n'a pas une
demi-douyained'actes elle n'en a qu'un.
Elle se nomme le Mot de la fin. Ce
n'est pas, on le voit, le mot de la fin de
l'opérette, cette, usurpatrice du vaudeville
qu'inventa le Français né malin.
''• *•̃̃*•̃
Les personnages qui traversent ce petit
acte sont plus nombreux que les héros
d'une tragédie, y compris leurs coüfi-
-Lés personnages marquants de l'année
défilent au pas gymnastique. ils na
prennent pas le temps de chanter un
couplet de facture. ils lancent un mot,
Feuilleton du 23 Janvier
LES PARIS
Le père Louvet
Le premier mouvement de frayeur passé,
Charmette se précipita vers le père Louvet,
qui était étendu sanglant au milieu de la
chambre, et elle se disposait à lui porter les
premiers soins quand la porte s'ouvrit et li-
vra passage à Polichinelle et au docteur
Robert.
Ce dernier se précipita vers l'agent qui ne
donnait plus signe de vie.
Oh il est bien touché dit Polichinel-
le on été bon tireur dans le temps, et l'on
sait comment îe comporter il l'égard des
grosses pièces.
• ffiîir le Petit Journal depuis le 4 décembre),
plus celui de la
t les voilà parti.
Cette Revue de l'Année,qui dure quatre-
vingt minutes, débute par les chaises
mus que, dont j'ai parlé ,1e premier, dans
le Petit Journal.
Un amoureux transi, une amoureuse
indécise. ne savent que se dire.
L'inventeur les fait asseoir.
En s'asseyant, le jeune homme fait
jouer à son fauteuil l'air de la Favorite
Pour tant d'amour ne soyez pas ingrate.
En s'asseyant, la belle dame fait jouer
à son fauteuil Avez-vous des bijoux, des
cachemires'?
La chaise du jeune homme répond par
l'air de Robert-le-Diable L'or est une chi-
mère.
Le fauteuil de la belle adorée riposte
comme le ferait une bergère de Watteau,
coquetant sur un éventail de mille éous
Tu n'auras pas ma rose.
On voit que ce n'est pas comme .dans
cette représentation de la Darne Blanchc
en province, où le directeur avait sup-
primé la musique-comme nuisant à l'ac-
tidn; ici, la musique constitue l'action
tout entière.
A ce tableau succède celui de la :1'ou-
velle Carie d'Europe, représentée par la
belle mademoiselle Garait.
J'avais rencontré, il y a deux ans, ma-
demoiselle Garait dans les coulisses du
théâtre de la Porte Saint-Martin elle é-
tait mince, grêle. délicate comme un ca-
mélia pendant le déluge.
Au théâtre des Variétés, sa beauté pla-
cide et souriante semble s'être augmen-
tée. comme les possessions de la^Prus-
se contemporaine.
Elle dit elle-même que son corsage re-.l
présente les Hautes-Alpes; elle pourrait
ajouter que l'Europe ancienne et moderne
offrit toujours ces inégalités que, dans un
rôle humoristique, Arnal ne pouvait se
décider à trouver mauvaises.
La nouvelle carte d'Europe a eu un suc-
cès fou, sans avoir à chanter le moindre
couplet de facture.
Elle donnerait envie au moins enclin
«l'étude des sciences. de s'enrôler dans
la Société de Géographie.
Le fameux tableau de Charles Marchai,
Penche et Phryné, s'anime devant les
spectateurs.
Pénélope, la brodeuse de tapisserie, la
belle épouse d'Ulysse, qui défait la nuit
l'ouvrage accompli le jour. c'est la mi-
gnonne Georgette Olivier.
Le docteur examinait l'état de la blessure,
Polichinelle se pencha à son côté.
Est-il mort? demaada-t-il avec intérêt.
Je le crois.
C'est qu'il faut s'en assurer. Le père
Louvet est un vieux malin, et tant qu'à fai-
re, il vaut mieux en être débarrassé.
En parlant: ainsi, Polichinelle avait tiré
un couteau de sa poche, et s'apprêtait à ache-
ver sa victime.
Le docteur l'c:carta vivement du geste.
A quoi bon, dit-il avec empressement,.
c'est inutile, dans deux heures, il aura cesse'
de vivre.
A la bonne heure.
Mais voyez-donc vous-même. cette
enfant pâlit. elle va se trouver mal.
Et le docteur se releva par un brusque
mouvement, pour aller soutenir Charmette.
Charmette avait résisté aux atteintes des
premières terreurs, l'étonnement, la curio-
sité, lui avaient communiqué une force fac-
tice, et elle avait pu prodiguer quelques soins
iL Louvet.
Mais quand Robert et Polichinelle eurent
pénétré chez elle; quand elle vit surtout ce
dernier s'armer de son couteau et lever son
bras sur la poitrine de l'agent. un indi-
cible saisissement s'empara d'elle. un
nuage passa devant ses veux, et elle sentit
ses forces l'abandonner.
Phryné, l'audacieuse, la voluptueuse,
la libre penseuse Phryné, c'est Berthe Le-
grand, aux épaules d'ivoire, aux yeux
de feu. une brune qui porte une perru-
que blonde, au théâtre, comme pour
prouver qu'elle a la peau aussi blanche
que toutes les véritables. belles aux
Il y a entre les deux personnages du
tableau célèbre, descendant de leur ca-
dre, un dialogue qui fera courir tout
Paris
C'e.st.un tableau parlant. plus par-
lant que celui de Grétry, et dans lequel
on anime une toile. sans être obligé de
la trouer.
Cette scène est charmante en tous
points.
Pour faire comprendre le contraste, il
suffit de dire que Pénélope chante
Petite Ileur des bois
Toujours, toujours cachée.
Longtemps je t'ai cherchée
Dans les près, dans les bois,
Pour te dire une 1'ois
Ces mots si doux.je t'aime,
Je t'aime 1.
Petite ileur des bois.
A son tour, Phryné dit à la belle habi-
tante d'Ithaque.
Je ne suis pas étonnée qu'Ulysse se
soit mis en voyage, si vous lui chantiez
des machines dans ce genre là. il n'aura
pas voulu attendre le deuxième couplet.
Voici ce qu'il faut chanter à ces Messieurs
pour les amuser
Ce que j'aim' c'est pa3.la campagne,
C'est le pouss' caté.
Ce que j'aime, c'e;t 10 Champagne
Ce que j'aime, c'est la pomme
Qh'Eve se r'pajsa.
Et je sais que tu es homme
A m' donner tout ça.
Là-dessus, la brodeuse fameuse et la
courtisanne séduisante se mettentàdanser
un quadrille échevelé sur les paroles que
voici
Aux sons assourdissants des pistons, des trompettes,
On va dansant,
Toujours sautant
Et gaiement,
En levant
Une jambe coquette,
Car rien no fait
Autant d'effet
Que ce pa; charmant
^•u'on esécute. en gambadant
Après les héroïnes du tableau de Char-
les Marchai, arrive un homme mystérieux
qui dit
-.le viens ici incognito. je suis- un
personnage impérieux. je change à
toute heure de visage et de vêtement.
et ne suis connu de personne. J'exerce
Le docteur n'eut que le temps de la rece-
voir dans ses bras et de la déposer sur son
A cette vue, Polichinelle sa prit a rire.
Eh bien dit-il gaiement,; c'est fait pour
nous, ces choses-la. Maintenant, nous!
sommes certains qu'elle n'opposera aucune
Vous voulez donc l'emporter d'ici?
C'est l'ordre de'Mlle d'Orvado.
Mais elle peut revenir à elle pendant le
trajet.
Ça, c'est, votre affaire. Vous avez
t toujours sur vous un tas de droguets pour les
j usa^os internes et externes administrez-lui
quelque chose qui l'endorme jusqu'à nouvel
Mais cela peut lui être nuisible.
Ça ne nous regarde pas.
Enfin. il y a certaines précautions.
Polichinelle jeta au docteur un regard
d'une singulière expression.
Pardieu! dit-il en ricay.ant, il me sem-
ble que vous raisonniez, n'on bonhomme;
pour' un gaillard qui a frisé le bagn.e de si
près, je trouve que vous faites bien. votre So-
Cependant.
Cependant, interrompit bruta lement
Polichinelle, il faudrait voir à ne pas. avoir
souvent ces accès de vertu. ce sera ic dan-
mes petits talents de société, je fais de la
1 grande et de la petite investigation, uni-
quement pour mon plaisir, tout à fait par
amour de l'art. et aussi pour les abon-
nés, du Petit Journal.
Là-dessus le personnage mystérieux se
retourne, et le public lit sur la pancarte
qu'il porte sur son dos
M. LECOQ!«
..M. LECOQIL.ïi
M. LECOQ
II y a une scène fort amusante dans la-
quelle on raille Thérésa la chanteuse co-
mique, qu'on fait chanter, dans certainS
t héâtres, au milieu d'un drame.
Voici un couplet que j'ai sténographié
sous la dictée de mademoiselle Silly, con"
trefaisant la Patti de la chope
Am Rien n'est sacré pour un sapeur.
Je suis la chanteuse Terr'-Neuve,
L' Manteau-Bleu des auteurs soutfrants;
Quand une pièce n'est plus neuve.
On m'appelle et, pour trois cents francs.4
Je leur déâoise tous mes chants,
Si purs, si ronds, si doux, si francs.
D'abord j'ai sauvé d' six pieds de neige
Léoreard et tous ses voïaurs.
Puis i'ai crié dans l' i>acnlege
Ri en n'est sacré ponr les chanteurs..
II était bon de saisir ce couplet. à la
volée. comme on prend un papillon en
avril dans les champs. car .on ne chante
pas beaucoup
Faisons toutefois une exception pour lj
Chanson du Pôle Nord, soupirer par les
fières Lyonnel. ̃
Ils disent ̃•̃• -̃
Le Pôle, c'est le bout du monde,
Que personne encor n'a pu voir
Est-ce uu soi, une mer profonde
Personne ne peut le savoir.
Car' c'est en vain. que l'homme avec audace, ̃
Au «51e nord voulut porter ses pas,
Là, mille écneils, des montagnes de glace,
Lui disent non, tu ne passeras pas.
La pièce imprimée portera au-dessus cie
ces vers, dont une ouvreuse a dit
C'est une ode!.
,es mots sacramentels Air à faire.
L'imprimeur se trompera, en donnant
cette indication c'est voyage fayre qu il
conviendrait de mettre. pour, être abso-
lument dans la vérité.
Il faut voir encore, dans cette Revue,
les lutteuses, deux femmes faisant le coup
de ceinture et le temps de bras comme
la, (le Lyon, ou Marseille,
le Meunier de la Palud.
Il faut voir Mademoiselle Kid montrer
,-eux dans votre position. Donc,,ne bavar-
dons pas plus longtemps, et faites le plus
vite possible ce que l'on attend de vous.
Le docteur baissa la tête et s'approcha du
lit sur lequel reposait Charmette. et, il
était iL peine depuis deux minutes que Poli-
chinelle le-rejoignit.
Est.ce fait? demanda ce dernier a.vec
Nous pouvons l'emporter quand vous
voudrez, répondit le docteur.
Et elle ne se réveillera pas ?
Elle ne se réveillera que demain vers
C'est tout ce qu'il faut. A l'œuvre alors,
la voiture est en bas depuis deux heures,, la
concierge est couchée, nous n'avons à crain-
dre aucun regard indiscret, en route.
Polichinelle prit aussitôt le corps délicat
et souple de Charmette, l'enleva comme une
plume, dans ses bras robustes, et gagna i es-
calter à pas rapides..
Fermez toujours la porte avec soin, re-
commanda-t-il a Robert, on ne. sait pas ce
qui peut arriver; et, quant au vieux sorcier
de Louvet, demain dans la journée, je vieu-
drai lui faire une petite visite, à la seule fin
de lui régler son compte, s'il s'amusait de
vouloir jouer au revenant.
Puis il descendit, emportant son jerecieiu.
fardeau.
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TROIS MOIS
SIX MOIS.
UN AN.
Sixième Année ne
Samedi 23 janvier 1869
Tirage du Petit Journal
VENDREDI 22 JANVIER
•̃1: LE MOT DE LA FIN' ?
Le théâtre des Variétés, privé du con-
cours de' Mademoiselle Schneider et -des
Sons'tons du maestro Offenbach, a re-
noncé pour quelques semaines àëtre un
Sixième théâtre lyrique..
11 a renvoyé les contre-basses et les pis-
tons doubles qui garnissaient son orches-
tre: durant les représentations de, ces
opéras sérias qu'on appelait Barbe-Bleue, la
Belle Hélène on la Périchole.
Et son premier t'énor Dupuis doit être
parti pour Naples ou pour Venise,, afin de
faire entendre sa voix à La Felice ou à
San-Carlb comme l'ont fait, dans leur
temps, Duprez, Rubini, Taniberlick et
SJàijio. •' .•.̃
'̃'
Le théâtre des Variétés, avant de livrer
sa scène aux orgies de la Musique du Pré-
sent., excellait dans un genre
Les Revues de l'année.
Nous y avons vu Lassagne, la sémillante
grand comédien Leclère.et
Arnal, et aussi Odry, Y émet, Hyacinthe
dans sajeuliessB; Flore, qui nous a laissé
des Mémoires, et
Bongars,etBoisgontier, les héroïnes dej
Deux dames au violon, et tant d'autres]
dont j'ai perdu les noms et le souvenir.
Hier au soir, donc, le théâtre des Va- j
riétés est revenu aux Revues, c'est-à-dire
à l'objet de ses premières amours.
Seulement c'est une petite Revue,
elle n'a pas une douzaine de tableaux,¡!
elle n'en a que trois, elle n'a pas une
demi-douyained'actes elle n'en a qu'un.
Elle se nomme le Mot de la fin. Ce
n'est pas, on le voit, le mot de la fin de
l'opérette, cette, usurpatrice du vaudeville
qu'inventa le Français né malin.
''• *•̃̃*•̃
Les personnages qui traversent ce petit
acte sont plus nombreux que les héros
d'une tragédie, y compris leurs coüfi-
-Lés personnages marquants de l'année
défilent au pas gymnastique. ils na
prennent pas le temps de chanter un
couplet de facture. ils lancent un mot,
Feuilleton du 23 Janvier
LES PARIS
Le père Louvet
Le premier mouvement de frayeur passé,
Charmette se précipita vers le père Louvet,
qui était étendu sanglant au milieu de la
chambre, et elle se disposait à lui porter les
premiers soins quand la porte s'ouvrit et li-
vra passage à Polichinelle et au docteur
Robert.
Ce dernier se précipita vers l'agent qui ne
donnait plus signe de vie.
Oh il est bien touché dit Polichinel-
le on été bon tireur dans le temps, et l'on
sait comment îe comporter il l'égard des
grosses pièces.
• ffiîir le Petit Journal depuis le 4 décembre),
plus celui de la
t les voilà parti.
Cette Revue de l'Année,qui dure quatre-
vingt minutes, débute par les chaises
mus que, dont j'ai parlé ,1e premier, dans
le Petit Journal.
Un amoureux transi, une amoureuse
indécise. ne savent que se dire.
L'inventeur les fait asseoir.
En s'asseyant, le jeune homme fait
jouer à son fauteuil l'air de la Favorite
Pour tant d'amour ne soyez pas ingrate.
En s'asseyant, la belle dame fait jouer
à son fauteuil Avez-vous des bijoux, des
cachemires'?
La chaise du jeune homme répond par
l'air de Robert-le-Diable L'or est une chi-
mère.
Le fauteuil de la belle adorée riposte
comme le ferait une bergère de Watteau,
coquetant sur un éventail de mille éous
Tu n'auras pas ma rose.
On voit que ce n'est pas comme .dans
cette représentation de la Darne Blanchc
en province, où le directeur avait sup-
primé la musique-comme nuisant à l'ac-
tidn; ici, la musique constitue l'action
tout entière.
A ce tableau succède celui de la :1'ou-
velle Carie d'Europe, représentée par la
belle mademoiselle Garait.
J'avais rencontré, il y a deux ans, ma-
demoiselle Garait dans les coulisses du
théâtre de la Porte Saint-Martin elle é-
tait mince, grêle. délicate comme un ca-
mélia pendant le déluge.
Au théâtre des Variétés, sa beauté pla-
cide et souriante semble s'être augmen-
tée. comme les possessions de la^Prus-
se contemporaine.
Elle dit elle-même que son corsage re-.l
présente les Hautes-Alpes; elle pourrait
ajouter que l'Europe ancienne et moderne
offrit toujours ces inégalités que, dans un
rôle humoristique, Arnal ne pouvait se
décider à trouver mauvaises.
La nouvelle carte d'Europe a eu un suc-
cès fou, sans avoir à chanter le moindre
couplet de facture.
Elle donnerait envie au moins enclin
«l'étude des sciences. de s'enrôler dans
la Société de Géographie.
Le fameux tableau de Charles Marchai,
Penche et Phryné, s'anime devant les
spectateurs.
Pénélope, la brodeuse de tapisserie, la
belle épouse d'Ulysse, qui défait la nuit
l'ouvrage accompli le jour. c'est la mi-
gnonne Georgette Olivier.
Le docteur examinait l'état de la blessure,
Polichinelle se pencha à son côté.
Est-il mort? demaada-t-il avec intérêt.
Je le crois.
C'est qu'il faut s'en assurer. Le père
Louvet est un vieux malin, et tant qu'à fai-
re, il vaut mieux en être débarrassé.
En parlant: ainsi, Polichinelle avait tiré
un couteau de sa poche, et s'apprêtait à ache-
ver sa victime.
Le docteur l'c:carta vivement du geste.
A quoi bon, dit-il avec empressement,.
c'est inutile, dans deux heures, il aura cesse'
de vivre.
A la bonne heure.
Mais voyez-donc vous-même. cette
enfant pâlit. elle va se trouver mal.
Et le docteur se releva par un brusque
mouvement, pour aller soutenir Charmette.
Charmette avait résisté aux atteintes des
premières terreurs, l'étonnement, la curio-
sité, lui avaient communiqué une force fac-
tice, et elle avait pu prodiguer quelques soins
iL Louvet.
Mais quand Robert et Polichinelle eurent
pénétré chez elle; quand elle vit surtout ce
dernier s'armer de son couteau et lever son
bras sur la poitrine de l'agent. un indi-
cible saisissement s'empara d'elle. un
nuage passa devant ses veux, et elle sentit
ses forces l'abandonner.
Phryné, l'audacieuse, la voluptueuse,
la libre penseuse Phryné, c'est Berthe Le-
grand, aux épaules d'ivoire, aux yeux
de feu. une brune qui porte une perru-
que blonde, au théâtre, comme pour
prouver qu'elle a la peau aussi blanche
que toutes les véritables. belles aux
Il y a entre les deux personnages du
tableau célèbre, descendant de leur ca-
dre, un dialogue qui fera courir tout
Paris
C'e.st.un tableau parlant. plus par-
lant que celui de Grétry, et dans lequel
on anime une toile. sans être obligé de
la trouer.
Cette scène est charmante en tous
points.
Pour faire comprendre le contraste, il
suffit de dire que Pénélope chante
Petite Ileur des bois
Toujours, toujours cachée.
Longtemps je t'ai cherchée
Dans les près, dans les bois,
Pour te dire une 1'ois
Ces mots si doux.je t'aime,
Je t'aime 1.
Petite ileur des bois.
A son tour, Phryné dit à la belle habi-
tante d'Ithaque.
Je ne suis pas étonnée qu'Ulysse se
soit mis en voyage, si vous lui chantiez
des machines dans ce genre là. il n'aura
pas voulu attendre le deuxième couplet.
Voici ce qu'il faut chanter à ces Messieurs
pour les amuser
Ce que j'aim' c'est pa3.la campagne,
C'est le pouss' caté.
Ce que j'aime, c'e;t 10 Champagne
Ce que j'aime, c'est la pomme
Qh'Eve se r'pajsa.
Et je sais que tu es homme
A m' donner tout ça.
Là-dessus, la brodeuse fameuse et la
courtisanne séduisante se mettentàdanser
un quadrille échevelé sur les paroles que
voici
Aux sons assourdissants des pistons, des trompettes,
On va dansant,
Toujours sautant
Et gaiement,
En levant
Une jambe coquette,
Car rien no fait
Autant d'effet
Que ce pa; charmant
^•u'on esécute. en gambadant
Après les héroïnes du tableau de Char-
les Marchai, arrive un homme mystérieux
qui dit
-.le viens ici incognito. je suis- un
personnage impérieux. je change à
toute heure de visage et de vêtement.
et ne suis connu de personne. J'exerce
Le docteur n'eut que le temps de la rece-
voir dans ses bras et de la déposer sur son
A cette vue, Polichinelle sa prit a rire.
Eh bien dit-il gaiement,; c'est fait pour
nous, ces choses-la. Maintenant, nous!
sommes certains qu'elle n'opposera aucune
Vous voulez donc l'emporter d'ici?
C'est l'ordre de'Mlle d'Orvado.
Mais elle peut revenir à elle pendant le
trajet.
Ça, c'est, votre affaire. Vous avez
t toujours sur vous un tas de droguets pour les
j usa^os internes et externes administrez-lui
quelque chose qui l'endorme jusqu'à nouvel
Mais cela peut lui être nuisible.
Ça ne nous regarde pas.
Enfin. il y a certaines précautions.
Polichinelle jeta au docteur un regard
d'une singulière expression.
Pardieu! dit-il en ricay.ant, il me sem-
ble que vous raisonniez, n'on bonhomme;
pour' un gaillard qui a frisé le bagn.e de si
près, je trouve que vous faites bien. votre So-
Cependant.
Cependant, interrompit bruta lement
Polichinelle, il faudrait voir à ne pas. avoir
souvent ces accès de vertu. ce sera ic dan-
mes petits talents de société, je fais de la
1 grande et de la petite investigation, uni-
quement pour mon plaisir, tout à fait par
amour de l'art. et aussi pour les abon-
nés, du Petit Journal.
Là-dessus le personnage mystérieux se
retourne, et le public lit sur la pancarte
qu'il porte sur son dos
M. LECOQ!«
..M. LECOQIL.ïi
M. LECOQ
II y a une scène fort amusante dans la-
quelle on raille Thérésa la chanteuse co-
mique, qu'on fait chanter, dans certainS
t héâtres, au milieu d'un drame.
Voici un couplet que j'ai sténographié
sous la dictée de mademoiselle Silly, con"
trefaisant la Patti de la chope
Am Rien n'est sacré pour un sapeur.
Je suis la chanteuse Terr'-Neuve,
L' Manteau-Bleu des auteurs soutfrants;
Quand une pièce n'est plus neuve.
On m'appelle et, pour trois cents francs.4
Je leur déâoise tous mes chants,
Si purs, si ronds, si doux, si francs.
D'abord j'ai sauvé d' six pieds de neige
Léoreard et tous ses voïaurs.
Puis i'ai crié dans l' i>acnlege
Ri en n'est sacré ponr les chanteurs..
II était bon de saisir ce couplet. à la
volée. comme on prend un papillon en
avril dans les champs. car .on ne chante
pas beaucoup
Faisons toutefois une exception pour lj
Chanson du Pôle Nord, soupirer par les
fières Lyonnel. ̃
Ils disent ̃•̃• -̃
Le Pôle, c'est le bout du monde,
Que personne encor n'a pu voir
Est-ce uu soi, une mer profonde
Personne ne peut le savoir.
Car' c'est en vain. que l'homme avec audace, ̃
Au «51e nord voulut porter ses pas,
Là, mille écneils, des montagnes de glace,
Lui disent non, tu ne passeras pas.
La pièce imprimée portera au-dessus cie
ces vers, dont une ouvreuse a dit
C'est une ode!.
,es mots sacramentels Air à faire.
L'imprimeur se trompera, en donnant
cette indication c'est voyage fayre qu il
conviendrait de mettre. pour, être abso-
lument dans la vérité.
Il faut voir encore, dans cette Revue,
les lutteuses, deux femmes faisant le coup
de ceinture et le temps de bras comme
la, (le Lyon, ou Marseille,
le Meunier de la Palud.
Il faut voir Mademoiselle Kid montrer
,-eux dans votre position. Donc,,ne bavar-
dons pas plus longtemps, et faites le plus
vite possible ce que l'on attend de vous.
Le docteur baissa la tête et s'approcha du
lit sur lequel reposait Charmette. et, il
était iL peine depuis deux minutes que Poli-
chinelle le-rejoignit.
Est.ce fait? demanda ce dernier a.vec
Nous pouvons l'emporter quand vous
voudrez, répondit le docteur.
Et elle ne se réveillera pas ?
Elle ne se réveillera que demain vers
C'est tout ce qu'il faut. A l'œuvre alors,
la voiture est en bas depuis deux heures,, la
concierge est couchée, nous n'avons à crain-
dre aucun regard indiscret, en route.
Polichinelle prit aussitôt le corps délicat
et souple de Charmette, l'enleva comme une
plume, dans ses bras robustes, et gagna i es-
calter à pas rapides..
Fermez toujours la porte avec soin, re-
commanda-t-il a Robert, on ne. sait pas ce
qui peut arriver; et, quant au vieux sorcier
de Louvet, demain dans la journée, je vieu-
drai lui faire une petite visite, à la seule fin
de lui régler son compte, s'il s'amusait de
vouloir jouer au revenant.
Puis il descendit, emportant son jerecieiu.
fardeau.
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