Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1868-08-04
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32895690j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 146118 Nombre total de vues : 146118
Description : 04 août 1868 04 août 1868
Description : 1868/08/04 (Numéro 2042). 1868/08/04 (Numéro 2042).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG64 Collection numérique : BIPFPIG64
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k590093d
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/07/2008
4
Le Petit Journal
avait couru que le révérend Henry Ward Beecher
était au nombre des victimes .du soleil; il n'en
est rien heureusement, et voici ce qui avait don-
né -naissance à ce bruit le soir, le révérend de-
vait prononcer un de ces petits, sermons, si goù-
tés de son auditoire., et dans lesquels il mélange
agréablement la politique à la religion et la ibi.à
l'humour.
L'église était pleine de fidèles très agréables à
voir; les dames formaient la grande majorité, en
toilettes légèrement.indiscrètes (il fait si chaud!)
et agitant de leurs mains mignonnes de coquets
éventails.
Le ministre parait, fend les flots de gaze et de
dentelle, gravit les degrés de ia chaire, éponge
son Iront ruisselant, lève les deux bras au ciel,
et d'un ton pathétique, s'écrie Mes sœurs, mes
frères. En voilà une chienne de chaleur!
Ce début peu banal produit une sensation dans
la pieuse assemblee. Les éventails cessent de
jouer, les dames sont saisies d'un petit accès de
toux, les hommes échangent des regards signi-
fiant clairement "Le révérend est toqué. C'est
1a,.f¡¡.ute au soleil. » Cependant M. Beecner parait
jouir avec délices de l'étonnement général. 11 se
tait pendant une demi-minute, puis reprend d'une
voix encore plus émue « Mes sœurs, mes frères,
quelle chienne de chaleur! » Telles sont les pa-
roles que je viens d'entendre prononcer par un
maçon, 'au moment où j'entrais dans l'église. Ces
expressions sont profanes, sans doute, mais elles
expriment une idée juste. Le maçon avait raison,
il fait trop chaud, si chaud que je ne me sens pas
le courage de faire mon sermon habituel, et que
voûs n'auriez d'ailleurs pas la force de m'écouter.
Je serai donc bref, etc.
Inauguration des quais de la Tamise
Londres, 1" août.
Les Marseillais vont être furieux ils ne pour-
lont plus désormais vanter leur Cannebière aux
Anglais touristes. Les Parisiens eux-mêmes n'au-
ront pas le droit de s'enorgueillir maintenant de
la magnificence des quais de la Seine. Il est diffi-
cile, en effet, de parler même de la perspective
.Niéwski, de Saint-Pétersbourg, alors qu'on a
parcouru the Thccmes embankment, les quais de la
Tamise, depuis hier ouverts à la circulation dans
là: plus grande pai tie de leur parcours.
Autrefois, les rives de la Tamise, véritable
bras de mer en raccoaici présentaient un déplo-
rable aspect av leur affreux ruban de terrains
vagues, noirâtres et .ueux. Lambeth Palace,
Westminster Hall er Summerset House, princi-
paux monumen's élevée sur ses bords, ressem-
blaient vraiment à des joyaux de prix enchâssées
dans une monture de bourbe. Les assises extrê-
mes des beaux ponts de Westminster, Waterloo
et Charing -Cross servaient de réceptacle aux
cloaques les plus impurs. Les pontons des paque-
bots ou steamboats-omnibus n'étaient accessibles
au. passager qu'au péril de sa chaussure et de son
'hygiène. Enfin, rien ne saurait dépeindre assez!
exactement la silhouette sombre et presque infer-
nale des innombrables docks, établis de distance
en distance, qui ouvraient jadis, à l'arrivage des
navires marchands, les gouffres mystérieux de
leurs profonds magasins.
Aujourd'hui, de Westminster-Bridge à Lam-
beth-Pala.ee,' sur la rive droite, et de Westmin-
ster-Hall à sur la rive gauche, tout
revêtu promptement, de 1866 à 1868, une phy-
sionomie nouvelle, étincelante d'une beauté ori-
ginale, majestueuse de comfort et presque de
somptuosité.
Le granit a eu raison du flux et du reflux; un
guai monumental s'étend le long du fieuve sur
une superficie de trente-neuf acres, environ
quinze hectares; sa hauteur moyenne est de qua-
rante pieds, environ 12 mètres, sur des fonda-
tions ancrées jusqu'à dix mètres dans le lit de
de la Tamise. Il est bordé d'un trottoir, pavé»en
grandes dalles et large de dix mètres; puis d'une
grande voie macadamisée, iarge en moyenne de
vingt mètres; enfin, d'une muraille à- hauteur
d'homme, derrière laquelle s'aperçoivent les feuil-
lages touffus et verdoyants des jardins pittores-
que;; qui dépendent des demeures riveraines.
Comme la Tamise peut laisser s'amarrer sur ses
ri,yes les vaisseaux du plus fort tonnage, de larges
iimeaux, suspendus à des tètes de lion en bron:.e,
ont été disposés le long du quai; à des intervalles
issez rapprochés, et le transbordage dans les docks
lejfera avec de puissantes grues.
D'autre part, on a, pour la commodité des sport-
comptant terme n 1 Vins. Bercy -Entrepôt. Docks de Saint- Regain de luzerne. 43 45 40 42 37 39
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Banque de France 3145 3145 -liber Ob mexicain. U7 50 Bordeaux glands ci us.1' 500 d 1000 les lit. •
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S5:: 88:: » | g^ffl. .gg:: SSl^!8:: p^^ié^p: |i îao
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Sùillaume- Luxembourg. 185 Romains. 5 Société linière 545 Barrière d'Enfer Marché du 1" août. 7 Beaumarchais. Les Voleurs d'or.
64 63 S.-Pampelune. 90 90 Lin Maberlv C00 600 *«"«"* «W- 7 3/4. La Fayette. le Pilote, les Pourquoi de M. PitOU.
mens aquatiques ou nautiques, établi de superbes
escaliers de pierre à tous les points habituels d'em-
barquement'. Enfin, pour suppléer aux pontons
précités, dont les hideuses cages en bois vont
bientôt passer à l'état légendaire, on a laissé, dans
cette masse de granit de grands espaces vides au
milieu desquels s'installeront des ponts volants,
construits en permanence d'après un très ingé-
nieux système de flottage, inventé par un méca-
nicien français. Ces ponts volants seront au
nombre de cinq, sur la rive gauche, qui est la
rive principale on leur a ménagé des abords
d'une facilité d'accès et d'une magnificence sans
égale le pont volant, voisin de Westminster-
Hall, sera surtout admirable; on y arrivera par
des escaliers à double rampe et des successions
de terrasses, dont l'effet pittoresque est indescrip-
tible.
Sous les assises extrêmes des trois ponts déjà
nommés vont être placés des sièges portatifs.
Dans Sommerset-House s'ouvriront,du côté de la
Tamise, de nouvelles entrées pour les ministères
de la marine et des colonies. Près de Lambeth-
Palace, on aperçoit déjà un soupçon de square.
A Westminster-Hall, depuis longtemps, la rec-
tification de la digue ancienne est accomplie.
Eniin, prochainement se continueront jusque sur
la grande voie du quai les voies transversales en
partie aboutissantes, qui joindront ainsi d'une
manière directe le Slrand et Fleet sireet à The
Thanzes embankment.
Une somme de 1,185,000 livres (près de 40
millions) a été consacrée par le ministère des
travaux publics à cette gigantesque construction;
avec les matériaux employés pour elle, il aurait
été possible d'édifier une demi-douzaine d'édifices
semblables à la grande pyramide d'Egypte; enfin,
s'il est vrai que l'on se propose de placer une file
non interrompue de statues le long du parapet de
cette digue, de planter des rangées d'arbres sur
la vaste superficie qui S'étend encore entre ce pa-
rapet et les nouvelles maisons projetées du côté
du Strand et de Parliament-street, aucune cité,
sans aucun doute, ne se trouvera dotée presque
à l'improviste d'un panorama plus grandiose et
moins espéré. A.
A. MONTAT. 'l
° SOUVENIRS JUDICIAIRES
L'AFFAIRE iâR-CELLÂIQE
(Voir le Petit Journal depuis le 24 -avril.)
Lxxxvlv
LA PLAGE DU MARTOURET
Tous les regards plongèrent à la fois vers
le point de la place sur lequel il paraissait,
escorté par deux gendarmes, et c'était un
spectacle étrange, presque fantastique, que la
subite immobilité de ces dix mille têtes, aux
regards enflammés et aux traits violemment
émus.
Jacques 'Besson avait voulu faire à pied le
trajet de la prison à la place du-Martouret; il
marchait d'un pas ferme et ses traits étaient
cabres et résignés. Un? longue barbe noire
rendait plus saisissante encore la pâleur li-
vide de son teint; mais donnant à cette heure
suprême une nouvelle preuve de cette éner-
gie froide et puissante qui l'avait si rare-
ment abandonné pendant ces deux années
d'une lutte sans exemple, il ne laissait rien
percer des terribles angoisses qui devaient
bouleverser son âme en ce moment.
En débouchant sur la place son regard
s'était attaché au fatal couteau et il y resta
obstinément fixé pendant qu'il traversait la
foule silencieuse et haletante.
Il s'arrêta un instant au pied de l'écha-
faud, puis il se mit à en gravir les degrés
d'un pas assuré, mais avec une lenteur qui
semblait calculée. Une profonde ^occupa-
tion s'était évidemment emparé de lui et elle
devint visible pour tous quand il eut franchi
la dernière marche.
Alors il promena sur tous les points de
la place un regard où se lisaient à la fols l'é-
tonnement, le.doute et l'espérance.
Au bout de quelques instants, pendant.les-
quels un désespoir de plus en plus amer, une
angoisse de plus en plus poignante contrac-
taient affreusement les traits blafards du mal-
heureux, les aides de l'exécuteur s'approchè-
rent de lui pour le forcer à marcher.
Il les repoussa en murmurant d'une voix
étranglée.
Non. non. c'estimpossible. m'aban-
donner là! je vous dis. que c'est impos-
sible
Un sanglot jaillit tout à coup dans le si-
lence effrayant qui planait sur cette place
immense, sur cette foule immobile et^effarée.
Jacques porta ses. regards de ce côté et il
reconnut sa mère.
Alors une transformation subite s'opéra
sur ses traits, où se peignirent une douleur
navrante et une profonde résignation; puis,
se tournant vers les aides qu'il venait de re-
pousser:
Finissons! dit-il.
Un instant après, une profonde rumeur
annonçait que tout était fini et que Jacques
Besson emportait dans l'éternité le secret du
drame de Chamblas.
Alors plusieurs personnes, parmi lesquel-
les Baudoul et Marguerite Maurin, s em-
pressèrent autour de Claudine Besson, qui
avait laissé retomber sa tête dans ses deux
mains et restait là immobile, assise sur sa
pierre.
Il faut vous faire une raison, ma pauvre
Claudine, lui dit Marguerite, .allons, levez-
vous, je vais vous reconduire au pays dans
ma carriole.
Claudine-, longtemps sourde à toutes les
sollicitations, découvrit enfin son visage, se
leva, et le front serein, le regard calme, elle
murmura doucement, et avec l'expression
d'une joie continùe 1
11 l'avait bien dit, Jacques, il a gardé
les cochons à Chamblas et aujourd'hui il en
est le maitre.
Claudine Besson était folle. Hâtons-nous
de dire que cet égarement fut de courte du-
rée un moment abattue sous le coup qui l'a-
vait foudroyée, cette puissante organisation,
comme un chêne qui se redresse après la
,tempête,'recouvrait le soir même toute la
force de son caractère et toute la lucidité de
son esprit.
Sa première pensée alors fut de songer à sa
vengeance et de chercher ses papiers.
Mais elle les chercha vainement, ils avaient
disparu et tous ses efforts pour les retrouver
demeurèrent sans résultat.
Baudoul avait rempli les instructions de
Marie Baudon, qui devait avoir le dernier
mot dans-cette affaire.
Ainsi se terminale drame de Chamblas.
(Lca suite ïc demain. ) CONSTANT guéroult
CORRESPONDANCE
Paris, 31 juillet 1868.
Mon cher directeur,
1-affaire Marcellange est terminée, et ce-
pendant il me reste à en fajre connaître le
côté le plus intime, le plus humain, et con-
séquemment le plus dramatique il me reste
à faire passer le lecteur dans les coulisses et
à lui révéler les ressorts secrets, les causes
infimes et toutes puissantes, les acteurs mys-
térieux et redoutables qui s'agitent dans
l'ombre de ce grand drame et en font mou-
v us les fils; il me reste enfin à lui ap-
prafidre ce que sont devenues la comtesse de
la Roche-Negly de Chamblas, M™ Théodora
de Marcellange et Marie Baudon, cette ser-
vante dévouée jusqu'au crime, et dont la fin
sera peut-être la plus grande sùrprise de
cette étrange histoire.
Les nombreuses lettres que j'ai reçues,
dont quelques-unes de MM de Tarade, mais
qui me sont parvenues trop tard.pour que je
puisse, en tirer parti dans le cours de mon
récit m'ontlévoilé ce drame inconnu, muet,
latent, qui s'agite sinistrement dans les bas-
fonds de toute sanglante affaire et qui, bien
autrement émouvant que celui qui se déi
roule au grand jour de la publicité, échappe
toujours à la connaissance des hommes, qui
eussent pu y puiser de si graves enseigne-
ments.
C'est ce voile toujours sombre et'impéné-
trable que je vais soulever pour le lecteur,
auquel j'ai besoin d'affirmer la parfaite au-
thenlicité des renseignements qui m'ont été
fournis, tant sont extraordinaires et parfois
même invraisemblables, les faits qui vont
passer sous ses yeux.
Recevez, mon cher Directeur, l'assurance
de mes meilleurs sentiments.
CONSTANT GUÉROULT.
LES lATIIIÉES DE TIMOTHËE TR!»
ÉDITION POPULAIRE ILLUSTRÉE
Il n'est pas besoin de rappeler les succès
du chroniqueur populaire du Petit Journal,
dont les meilleurs articles ont fourni la ma-
tière du volume que nous offrons aujour-
d'hui à nos lecteurs.
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dre l'achat facile à tout le monde, tout en
lui conservant son format élégant et com-
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en établit son prix à 1 franc, rendu sur
tous les points de la France, chez nos corres-
pondants ou à domicile.
Cet ouvrage, de près de quatre cents pages,
renferme les études les plus variées, les lé-
gendes les plus amusantes, et nous en don-
nerons quelque idée, en citant les titres des
articles qui s'y trouvent renfermés
Les logements de Napoléon Ier. Le voyage
d'un martyr. Le jour des morts. La Saint-
Hubert. Le banquet des médecins. Voyage <»
dans une boîte de cigares. Vendredi treize!
La fête de l'Impératrice, Un livre de chan-
sons L'été de la Saint-Martin. On de-
mande un médecin.-L'art de se faire un visage.
La visite du facteur de la poste. Les devises
de France. Les arbres de Paris. La philoso-
phie de la cravate.-Thérésa.-Le livre que tout.
le monde écrit. -Les cartes de visite. Voyage
autour d'un doigt de Parisienne. Comment on
dépense la vie. Le baiser. au régiment qui
passe. Les loges des Actrices célèbres.-Le Pa-
ris d'autrefois. 'Le gibier défendu. La cuisi-
nière poétique.- La nouvel Hôtel-Dieu.-Les Dé-
pêches télégraphiques dans Paris.- Les nouveaux
drapeaux conquis.-Le rouet.-La salle des morts.
-Les marchands d'âmes.-Le plus vieux soldat.-
Le journal du commandant Semmes.- Le til de
la Vierge. Le secret de la marquise. L'hip-
pophagie. La mort du tueur de lions. Le
journal du curé. Filandeux et Grain-Je-Sei-
gle. Une histoire de déménagements. Lw
balance des fêtes publiques. Les images de la
tapisserie. Les grandeurs d'une minute!
Deux heures de faction. Deux habitués
du grand monde. La jeune fille. Azor.
Ma voisine la Sensitive. Le tambour.
Epouvantai! du musée de Cluny. -Une venta
apxè,s décès. -La pomme verte.-Les vieux gar-
çons. Les placements des fonds de Jacquot.
Le nettoyeuse de cachots. Le gardien de nos
secrets. La bonne pour tout faire. Le mi-
roir de faveugle.-Le voyage de Sainte-Cécile.-
1 Le journal verbal. Le bonheur du pauvre.
L'histoire de dpuze bougies. Les vingt-quatre
heures de Paris. ;¡':avocat des blondes. Aven-
ture de deux gants bfencs. La veuve. Com-
ment on sait l'heure qu'il est. La petite bou-
chère. La Femme du Mercredi des cendres.
Le voisin de la rue de Rivoli. Le carreau de
papier. Les confessions d'une épingle. La
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Petit Journal, ou franco- par la poste, sur
demande directe.
Pour tous les articles non signés A. Duran.
D. Càssigneul. Imprimerie du Petit journal
Rue de La Fayette, 61, Parjs.
Le Petit Journal
avait couru que le révérend Henry Ward Beecher
était au nombre des victimes .du soleil; il n'en
est rien heureusement, et voici ce qui avait don-
né -naissance à ce bruit le soir, le révérend de-
vait prononcer un de ces petits, sermons, si goù-
tés de son auditoire., et dans lesquels il mélange
agréablement la politique à la religion et la ibi.à
l'humour.
L'église était pleine de fidèles très agréables à
voir; les dames formaient la grande majorité, en
toilettes légèrement.indiscrètes (il fait si chaud!)
et agitant de leurs mains mignonnes de coquets
éventails.
Le ministre parait, fend les flots de gaze et de
dentelle, gravit les degrés de ia chaire, éponge
son Iront ruisselant, lève les deux bras au ciel,
et d'un ton pathétique, s'écrie Mes sœurs, mes
frères. En voilà une chienne de chaleur!
Ce début peu banal produit une sensation dans
la pieuse assemblee. Les éventails cessent de
jouer, les dames sont saisies d'un petit accès de
toux, les hommes échangent des regards signi-
fiant clairement "Le révérend est toqué. C'est
1a,.f¡¡.ute au soleil. » Cependant M. Beecner parait
jouir avec délices de l'étonnement général. 11 se
tait pendant une demi-minute, puis reprend d'une
voix encore plus émue « Mes sœurs, mes frères,
quelle chienne de chaleur! » Telles sont les pa-
roles que je viens d'entendre prononcer par un
maçon, 'au moment où j'entrais dans l'église. Ces
expressions sont profanes, sans doute, mais elles
expriment une idée juste. Le maçon avait raison,
il fait trop chaud, si chaud que je ne me sens pas
le courage de faire mon sermon habituel, et que
voûs n'auriez d'ailleurs pas la force de m'écouter.
Je serai donc bref, etc.
Inauguration des quais de la Tamise
Londres, 1" août.
Les Marseillais vont être furieux ils ne pour-
lont plus désormais vanter leur Cannebière aux
Anglais touristes. Les Parisiens eux-mêmes n'au-
ront pas le droit de s'enorgueillir maintenant de
la magnificence des quais de la Seine. Il est diffi-
cile, en effet, de parler même de la perspective
.Niéwski, de Saint-Pétersbourg, alors qu'on a
parcouru the Thccmes embankment, les quais de la
Tamise, depuis hier ouverts à la circulation dans
là: plus grande pai tie de leur parcours.
Autrefois, les rives de la Tamise, véritable
bras de mer en raccoaici présentaient un déplo-
rable aspect av leur affreux ruban de terrains
vagues, noirâtres et .ueux. Lambeth Palace,
Westminster Hall er Summerset House, princi-
paux monumen's élevée sur ses bords, ressem-
blaient vraiment à des joyaux de prix enchâssées
dans une monture de bourbe. Les assises extrê-
mes des beaux ponts de Westminster, Waterloo
et Charing -Cross servaient de réceptacle aux
cloaques les plus impurs. Les pontons des paque-
bots ou steamboats-omnibus n'étaient accessibles
au. passager qu'au péril de sa chaussure et de son
'hygiène. Enfin, rien ne saurait dépeindre assez!
exactement la silhouette sombre et presque infer-
nale des innombrables docks, établis de distance
en distance, qui ouvraient jadis, à l'arrivage des
navires marchands, les gouffres mystérieux de
leurs profonds magasins.
Aujourd'hui, de Westminster-Bridge à Lam-
beth-Pala.ee,' sur la rive droite, et de Westmin-
ster-Hall à sur la rive gauche, tout
revêtu promptement, de 1866 à 1868, une phy-
sionomie nouvelle, étincelante d'une beauté ori-
ginale, majestueuse de comfort et presque de
somptuosité.
Le granit a eu raison du flux et du reflux; un
guai monumental s'étend le long du fieuve sur
une superficie de trente-neuf acres, environ
quinze hectares; sa hauteur moyenne est de qua-
rante pieds, environ 12 mètres, sur des fonda-
tions ancrées jusqu'à dix mètres dans le lit de
de la Tamise. Il est bordé d'un trottoir, pavé»en
grandes dalles et large de dix mètres; puis d'une
grande voie macadamisée, iarge en moyenne de
vingt mètres; enfin, d'une muraille à- hauteur
d'homme, derrière laquelle s'aperçoivent les feuil-
lages touffus et verdoyants des jardins pittores-
que;; qui dépendent des demeures riveraines.
Comme la Tamise peut laisser s'amarrer sur ses
ri,yes les vaisseaux du plus fort tonnage, de larges
iimeaux, suspendus à des tètes de lion en bron:.e,
ont été disposés le long du quai; à des intervalles
issez rapprochés, et le transbordage dans les docks
lejfera avec de puissantes grues.
D'autre part, on a, pour la commodité des sport-
comptant terme n 1 Vins. Bercy -Entrepôt. Docks de Saint- Regain de luzerne. 43 45 40 42 37 39
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64 63 S.-Pampelune. 90 90 Lin Maberlv C00 600 *«"«"* «W- 7 3/4. La Fayette. le Pilote, les Pourquoi de M. PitOU.
mens aquatiques ou nautiques, établi de superbes
escaliers de pierre à tous les points habituels d'em-
barquement'. Enfin, pour suppléer aux pontons
précités, dont les hideuses cages en bois vont
bientôt passer à l'état légendaire, on a laissé, dans
cette masse de granit de grands espaces vides au
milieu desquels s'installeront des ponts volants,
construits en permanence d'après un très ingé-
nieux système de flottage, inventé par un méca-
nicien français. Ces ponts volants seront au
nombre de cinq, sur la rive gauche, qui est la
rive principale on leur a ménagé des abords
d'une facilité d'accès et d'une magnificence sans
égale le pont volant, voisin de Westminster-
Hall, sera surtout admirable; on y arrivera par
des escaliers à double rampe et des successions
de terrasses, dont l'effet pittoresque est indescrip-
tible.
Sous les assises extrêmes des trois ponts déjà
nommés vont être placés des sièges portatifs.
Dans Sommerset-House s'ouvriront,du côté de la
Tamise, de nouvelles entrées pour les ministères
de la marine et des colonies. Près de Lambeth-
Palace, on aperçoit déjà un soupçon de square.
A Westminster-Hall, depuis longtemps, la rec-
tification de la digue ancienne est accomplie.
Eniin, prochainement se continueront jusque sur
la grande voie du quai les voies transversales en
partie aboutissantes, qui joindront ainsi d'une
manière directe le Slrand et Fleet sireet à The
Thanzes embankment.
Une somme de 1,185,000 livres (près de 40
millions) a été consacrée par le ministère des
travaux publics à cette gigantesque construction;
avec les matériaux employés pour elle, il aurait
été possible d'édifier une demi-douzaine d'édifices
semblables à la grande pyramide d'Egypte; enfin,
s'il est vrai que l'on se propose de placer une file
non interrompue de statues le long du parapet de
cette digue, de planter des rangées d'arbres sur
la vaste superficie qui S'étend encore entre ce pa-
rapet et les nouvelles maisons projetées du côté
du Strand et de Parliament-street, aucune cité,
sans aucun doute, ne se trouvera dotée presque
à l'improviste d'un panorama plus grandiose et
moins espéré. A.
A. MONTAT. 'l
° SOUVENIRS JUDICIAIRES
L'AFFAIRE iâR-CELLÂIQE
(Voir le Petit Journal depuis le 24 -avril.)
Lxxxvlv
LA PLAGE DU MARTOURET
Tous les regards plongèrent à la fois vers
le point de la place sur lequel il paraissait,
escorté par deux gendarmes, et c'était un
spectacle étrange, presque fantastique, que la
subite immobilité de ces dix mille têtes, aux
regards enflammés et aux traits violemment
émus.
Jacques 'Besson avait voulu faire à pied le
trajet de la prison à la place du-Martouret; il
marchait d'un pas ferme et ses traits étaient
cabres et résignés. Un? longue barbe noire
rendait plus saisissante encore la pâleur li-
vide de son teint; mais donnant à cette heure
suprême une nouvelle preuve de cette éner-
gie froide et puissante qui l'avait si rare-
ment abandonné pendant ces deux années
d'une lutte sans exemple, il ne laissait rien
percer des terribles angoisses qui devaient
bouleverser son âme en ce moment.
En débouchant sur la place son regard
s'était attaché au fatal couteau et il y resta
obstinément fixé pendant qu'il traversait la
foule silencieuse et haletante.
Il s'arrêta un instant au pied de l'écha-
faud, puis il se mit à en gravir les degrés
d'un pas assuré, mais avec une lenteur qui
semblait calculée. Une profonde ^occupa-
tion s'était évidemment emparé de lui et elle
devint visible pour tous quand il eut franchi
la dernière marche.
Alors il promena sur tous les points de
la place un regard où se lisaient à la fols l'é-
tonnement, le.doute et l'espérance.
Au bout de quelques instants, pendant.les-
quels un désespoir de plus en plus amer, une
angoisse de plus en plus poignante contrac-
taient affreusement les traits blafards du mal-
heureux, les aides de l'exécuteur s'approchè-
rent de lui pour le forcer à marcher.
Il les repoussa en murmurant d'une voix
étranglée.
Non. non. c'estimpossible. m'aban-
donner là! je vous dis. que c'est impos-
sible
Un sanglot jaillit tout à coup dans le si-
lence effrayant qui planait sur cette place
immense, sur cette foule immobile et^effarée.
Jacques porta ses. regards de ce côté et il
reconnut sa mère.
Alors une transformation subite s'opéra
sur ses traits, où se peignirent une douleur
navrante et une profonde résignation; puis,
se tournant vers les aides qu'il venait de re-
pousser:
Finissons! dit-il.
Un instant après, une profonde rumeur
annonçait que tout était fini et que Jacques
Besson emportait dans l'éternité le secret du
drame de Chamblas.
Alors plusieurs personnes, parmi lesquel-
les Baudoul et Marguerite Maurin, s em-
pressèrent autour de Claudine Besson, qui
avait laissé retomber sa tête dans ses deux
mains et restait là immobile, assise sur sa
pierre.
Il faut vous faire une raison, ma pauvre
Claudine, lui dit Marguerite, .allons, levez-
vous, je vais vous reconduire au pays dans
ma carriole.
Claudine-, longtemps sourde à toutes les
sollicitations, découvrit enfin son visage, se
leva, et le front serein, le regard calme, elle
murmura doucement, et avec l'expression
d'une joie continùe 1
11 l'avait bien dit, Jacques, il a gardé
les cochons à Chamblas et aujourd'hui il en
est le maitre.
Claudine Besson était folle. Hâtons-nous
de dire que cet égarement fut de courte du-
rée un moment abattue sous le coup qui l'a-
vait foudroyée, cette puissante organisation,
comme un chêne qui se redresse après la
,tempête,'recouvrait le soir même toute la
force de son caractère et toute la lucidité de
son esprit.
Sa première pensée alors fut de songer à sa
vengeance et de chercher ses papiers.
Mais elle les chercha vainement, ils avaient
disparu et tous ses efforts pour les retrouver
demeurèrent sans résultat.
Baudoul avait rempli les instructions de
Marie Baudon, qui devait avoir le dernier
mot dans-cette affaire.
Ainsi se terminale drame de Chamblas.
(Lca suite ïc demain. ) CONSTANT guéroult
CORRESPONDANCE
Paris, 31 juillet 1868.
Mon cher directeur,
1-affaire Marcellange est terminée, et ce-
pendant il me reste à en fajre connaître le
côté le plus intime, le plus humain, et con-
séquemment le plus dramatique il me reste
à faire passer le lecteur dans les coulisses et
à lui révéler les ressorts secrets, les causes
infimes et toutes puissantes, les acteurs mys-
térieux et redoutables qui s'agitent dans
l'ombre de ce grand drame et en font mou-
v us les fils; il me reste enfin à lui ap-
prafidre ce que sont devenues la comtesse de
la Roche-Negly de Chamblas, M™ Théodora
de Marcellange et Marie Baudon, cette ser-
vante dévouée jusqu'au crime, et dont la fin
sera peut-être la plus grande sùrprise de
cette étrange histoire.
Les nombreuses lettres que j'ai reçues,
dont quelques-unes de MM de Tarade, mais
qui me sont parvenues trop tard.pour que je
puisse, en tirer parti dans le cours de mon
récit m'ontlévoilé ce drame inconnu, muet,
latent, qui s'agite sinistrement dans les bas-
fonds de toute sanglante affaire et qui, bien
autrement émouvant que celui qui se déi
roule au grand jour de la publicité, échappe
toujours à la connaissance des hommes, qui
eussent pu y puiser de si graves enseigne-
ments.
C'est ce voile toujours sombre et'impéné-
trable que je vais soulever pour le lecteur,
auquel j'ai besoin d'affirmer la parfaite au-
thenlicité des renseignements qui m'ont été
fournis, tant sont extraordinaires et parfois
même invraisemblables, les faits qui vont
passer sous ses yeux.
Recevez, mon cher Directeur, l'assurance
de mes meilleurs sentiments.
CONSTANT GUÉROULT.
LES lATIIIÉES DE TIMOTHËE TR!»
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Hubert. Le banquet des médecins. Voyage <»
dans une boîte de cigares. Vendredi treize!
La fête de l'Impératrice, Un livre de chan-
sons L'été de la Saint-Martin. On de-
mande un médecin.-L'art de se faire un visage.
La visite du facteur de la poste. Les devises
de France. Les arbres de Paris. La philoso-
phie de la cravate.-Thérésa.-Le livre que tout.
le monde écrit. -Les cartes de visite. Voyage
autour d'un doigt de Parisienne. Comment on
dépense la vie. Le baiser. au régiment qui
passe. Les loges des Actrices célèbres.-Le Pa-
ris d'autrefois. 'Le gibier défendu. La cuisi-
nière poétique.- La nouvel Hôtel-Dieu.-Les Dé-
pêches télégraphiques dans Paris.- Les nouveaux
drapeaux conquis.-Le rouet.-La salle des morts.
-Les marchands d'âmes.-Le plus vieux soldat.-
Le journal du commandant Semmes.- Le til de
la Vierge. Le secret de la marquise. L'hip-
pophagie. La mort du tueur de lions. Le
journal du curé. Filandeux et Grain-Je-Sei-
gle. Une histoire de déménagements. Lw
balance des fêtes publiques. Les images de la
tapisserie. Les grandeurs d'une minute!
Deux heures de faction. Deux habitués
du grand monde. La jeune fille. Azor.
Ma voisine la Sensitive. Le tambour.
Epouvantai! du musée de Cluny. -Une venta
apxè,s décès. -La pomme verte.-Les vieux gar-
çons. Les placements des fonds de Jacquot.
Le nettoyeuse de cachots. Le gardien de nos
secrets. La bonne pour tout faire. Le mi-
roir de faveugle.-Le voyage de Sainte-Cécile.-
1 Le journal verbal. Le bonheur du pauvre.
L'histoire de dpuze bougies. Les vingt-quatre
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