Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1867-12-13
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32895690j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 146118 Nombre total de vues : 146118
Description : 13 décembre 1867 13 décembre 1867
Description : 1867/12/13 (Numéro 1776). 1867/12/13 (Numéro 1776).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG64 Collection numérique : BIPFPIG64
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k589858n
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/07/2008
Bureaux RichelieM,
JEUDI 12. DÉCEMBRE 1867
LA CHANSON BË MÀLBROUGE
tin nouveau spectacle, le Théâtre de
l'Athénée,, va ouvrir samedi ses portes au
public par la représentation ,d'une opé-
rette intitulée Madame Malbrough.
•: Je n'ai pas une bien vive sympathie
pour la scène nouvelle.
Je me rappellerai toujours que cette
salle charmante avait été d'abord offerte
à la saine littérature.aux édifiants tour-
nois de l'argumentation.
A la place que vont occuper des farceurs
illustres s'élevait la chaire de l'enseigne-
ment libre, la tribune aux élégantes ha-
rangues.
|»L'esprit français, se --sentait à l'aise, et
comme dans son pays natal, devant un
.public lettré et enthousiaste, venu tout
=pour communier avec ridée, et ç4-
tendre ses développements présentés par
de hardis commentateurs.
Il y eut là place durant une saison d'hi-
,ver pour toutes les opinions et pour tous
les talents.
v J'y ai applaudi M. Deschanel, un ora-
teur sûr de son improvisation, et qui,
dans la fougue des discussions, prend tou-
jours le mot propre pour arriver, par une
savante demi-teinte, aux plus hautes.té-
mérités de la polémique.
J'y ai acclamé un musicien, distingue
.qui rêve l'harmonie universelle, M. A. de
Gasperini, et qui, bien que disciple de
Wagner, a plus d'une mélodie dans son
style, qu'il soit écrit ou parlé.
Je n'oublierai pas Félix Hément, par-
ce qu'il est de mon bâtiment, car il tra-
verse les eaux de la science sur plus d'un
navire heureux*4 de, le compter parmi son
équipage.
Je n'aurai -garde d'omettre non plus
Francisque Sarcey, qui fait de la critique
une magistrature, et qui, lorsqu'il se lève
pour soutenir une thèse littéraire, a l'air,
d'un procureur général, défendant l'in-
térêt social dans le goût, la vérité, l'ex-
cellence des choses de l'esprit.
Je me souviens encore]comment, à l'inau-
guration de cette salle de l'Athénée, un
éminent confrère du Journal ctes Débats,
.un professeur, un savant aimable, M.
Yung, vint annoncer, dans un remar-
quable discours d'inauguration, que les
lettrés avaient leur tribune, et les lettres
leur forum.
JfEUiLLE'JLUJN VU 13 DECEMBRE
LES • ;̃
ESCLAVES DE PARIS
DEUXIÈME PARTIE
Le secret de la maison de cuampdoco
Pareille au mineur qui, sa mine chargée
et la mèche., allumée, se retire à l'écart en at-
tendant l'explosion, M"° Diane de Sauve-
bourg, en quittant Dauman, s'était hâtée de
regagner la maison paternelle.
Elle avait croyait-elle, monté Norbert à ce
pointqu'iln'hësiteraitpas à faire usage du
poison qu'il pensait,le niais lui avoir ar-
raché ce qu'il emportait.
Du moins, n'y avait-il pas eu de sa part
préméditation.
Sa situation, après les menaces du duc,
Reproduction et traduction Interdites.
Voir le Petit Journal du 9ju%taw ï&octafep»,
Abonnements Taris
TROIS MOIS. 5 FR.
SIX MOIS. SFU.
UN AH. 18 Fil.
1 QUOTIDIEN
i-l}NNWRO:3CENTïlBES.Î
-A quoi tout cela nous a-t-il menés, en
cettefin-d'année 1867?
A la représentation d'une farce, d'une
cocasserie, d'une jovialité où. le coq-à-
l'ânë remplace l'argument et où le calem-
bour tient lieu de logique.
Quant à la Conférence
On l'a fait mettre en terre
Mironton, mironton, mirontaine,
On l'a fait mettre ën terre
Par quatre-z-officiers.
Des officiers de l'Université assurément,
portant au collet la palme de l'enseigne-
ment, et dans la poche-un blanc seing de
Son Excellence M. Duruy, ministre de
l'instruction ^publique.
Aussi je n'entends pas être témoins de
cette profanation du temple de l'Art de
Bien Dire par les sectateurs de l'arti de
chanter' grotesquement.
Les directeurs m'ont adressé des billets
d'entrée pour la première représentation
de Madame Malbrough; je les ami ren-
voyés avec de courtois remerciements.
Mais pour moi Léonce et Désiré ne rem-
placeront jamais les orateurs, dévots à la
science, soumis à l'inspiration, qui me fai-
saient parfois l'honneur insigne de m'at-
taquer et de me défendre personnelle-
ment^
MM. Bugnach ef Sari ont mis en scène
Madame Malbrough, la belle dame de la
chanson célèbre, qui quittait dans ses dou-
leurs ses habits roses et ,ses satins brochés.
Il y avait une conférence, non une opé-
rette à faire sur cette chanson célèbre.
Son histoire est très attachante, et elle
eût prouvé par quelles transformation
peut passer une idée.
Un lettré, qui a dû faire des conférences
à son heure, M. Charles Nisard, dit ceci
de la Chanson de Malbrough.
La même chanson, affirme-t-il, subit
dans chaque centre où elle est introduite,
une transformation plus ou mbins radicale
qui l'assimile au personnel par qui elle est
chantée. Un dés plus remarquables exem-
ples de chansons ainsi trànsplantées et
forlignées est celle de Marlborough.
Faite en premier lieu, par des soldats hu-
guenots, à l'occasion de la mort du duc de
Guise qu'assassina Poltrot, en 1563, elle
se conserva dans nos armées; et selon
toute apparence, elle y était chantée avec
des variantes, des suppressions ou des ad-
ditions, toutes les fois qu'il venait à mou-
rir quelque général d'importance. L'usage
encore en vigueur parmi nos soldats,
était désespérée, le «Président» lui avant pré-
senté un moyen,.d'en sortir, elle l'avait'
Pour elle, tous les incidents de la journée
s'ét,aient succédé avec la prestigieuse rapi-
dité du songe qui «omptepour rien le temps
et les distances.
1 Entre le cri qu'elle avait jeté en trouvant
au rendez-vous le duc de Champdoce, et le
sourire qui lui était venu aux lèvres quand
Norbert s'était éloigné, elle n'avait pas eu
une seconde de recueillement.
Elle avait si bien agi sous l'empire d'une
inspiration infernale qu'il lui eût été impos-
sible de répéter la comédie qu'elle avait jouée
pour Norbert.. ̃ • ̃̃ '•
En cela, elle n'était pas de la force que
supposait Dauman.
En revanche, sa perversité était si étange,
qu'à la réflexion elle ne s'arrêta pas à l'énor-
mité du crime dont elle était l'instrigatrice,
mais seulement à la grandeur du résultat.
Le « Président » lui avait dit': « «. Mieux
vaut tuer le diable que d'être tué. par lui. » »
Eh bien, elle tuait le diable!. Puisque d'elle
ou du duc un des deux devait succomber,
autant valait que ce fût lui.
Ne se proposait-Il pas, lui,, de la tuer nia-
râlement en la perdant de réputation ? Elle
ne faisait' que devancer sa vengeance elle se
Abonnements Départ.
TJiOIS MOIS. 6~R.
SIX MOIS 12FB.
UJJAN 24FK.
d'appliquer une chanson faite pour un
sujet quelconque, à un autre sujet, rend
cette conjecture très vraisemblable.
Quand les guerres civiles eurent cessé,
et l'on n'attendit sans doute pas même
jusque-là, la chanson suivit dans leurs
provinces les soldats licenciés, et y vécut
comme eux de la vie civile. On ne l'y
avait certainement pas oubliée, mais on
avait peut-être perdu l'habitude de la
chanter, ou l'on n'en avait pas trouvé l'oc-
casion, lorsqiz'en 1781, soixante ans après
la mort de Marlborough, Mœe Poitrine,
nourrice du Dauphin, la chanta, en allai-
tant son nourrisson'. Quand et pourquoi
le nom de 'Marlborough avait-il été sub-
stitué à celui de Guise, c'est ce qu'il n'est
pas aisé de déterminer. Mais Chateau-
briand, s'il faut l'en croire, entendit
chanter l'air en Orient où il estime'qu'il
fut apporté par les croisés. Les paroles de
au sentiment de quelques-uns,
seraient l'oeuvre des soldats de Villars et
de Bouf fier s, lesquels n'auraient fait que
les appliquer plus ou moins fidèlement
au général anglais après la bataille de
Malplaquet (1709), puis après sa mort,
en
•A son. tour, un vieux conférencier, M.
Charles Malo, s'occupe de la Chanson de
Malbrough, dans les annotations savan-
tes des Chansons d'autrefois.
Il y raconte comment elle devint à la
mode à la cour de France.
Un beau,jour de. 1781, la nourrice du
dauphin de France, Mme Poitrine, se mit
à bercer le royal enfant devant Marie-An-
toinette et chanta pour endormir le noùr-
risson la chanson connue dans son pays.
La reine et Louis XVI se passlznnèrent
soudain de l'air et des paroles, et c'est
ainsi que Marlbrough fit fureur à la vil-
le, à Versailles et jusqu'en Angleterre..
Mon savant ami le bibliophile Jacob,
qui. lui aussi, aurait pu faire, pièces jus-
tificatives en main, dans une brillante
conférence, l'histoire d'autrefois, qu'il sait
mieux que Cagliostro ou le comte de Saint-
-Germain, ajoute que jamais Napoléon Ie''
ne. montait à cheval pour entrer en cam-
pagne sans entonner à haute voix la chan-
son devenue satirique et nationale, en rai-
son de sa grande lutte contre l'Anale
terre.
Cette fille de distinction, la Conférence,
que l'Athénée flanque si prestement à la
porte de son immeuble doré dont il fait
un théâtre. elle était de haute naissance,
et son blason me semble plus ancien
que celui des descendants des croi-
Quant à farine employée. elle n'avait
pas eu le choix.
Mais, en dépit de ce? sophismes, les heures,
ainsi qu'elle l'avait prévu, se traînèrent mor-
'tellement longues et douloureuses.
Si, robuste que fût son énergie, si grande
que fut sa puissance sur elle-même, elle ne
put entièrement dissimuler l'angoisse qui
l'étreignait et qui devenait plus poignante à
mesure que s'avançait la soirée.
Pendant le souper, qui, au château de
Sauvebourg, avait lieu vers neuf heures, il
lui fut presque impossible de parler, et il lui
fallut des-efforts inouïs pour avaler quelques
bouchées.
Elle se disait qu'en ce moment même on
soupait pareillement à Champdoce, et son
imagination lui représentait, avec une viva-
cité et une netteté effrayantes, le duc vidant
le verre où Norbert avait mis le poison.
Par bonheur, ni le marquis ni la marquise
I de Sauvebourg ne faisaient attention à elle.
Ils avaient reçu, dans la journée, une
lette qui leur annonçait que .leur fils; le
frère aîné auquel on sacrifiait Mlle Diane et
qui vivait magnifiquement à Paris, était as-
sez sérieusement indisposé. Ils étaient in-
quiets et soucieux ils parlaient d'entre-
Ils ne firent donc aucune objection, quand
en sortantde table, Mue Diane aimonçaq^i'elle
Vendredi décembre 1867
Chez les Grecs, on entendait aux jeux.-
de Delphes etd'Olympie, entre les courses;
du matin et les combats du soir, les poètes,;
les rhéteurs, les philosophes et les histo-
riens.
Si nous entrions plus tard chez la briU-.
lante Aspasie, nous trouverions sous son
toit luxueux les grandis conférenciers de
son époque Périclès et Socrate en tête.
Que n'ai-je pu voir les célèbres jardins
d'Académus, où le divin Platon donnait
ses leçons admirables en des termes telle-
ment charmants, que les abeilles volaient
autour de ses lèvres, enquête de miel.
Que n'ai-je entendu les conférences d'A-
ristote qui se promenait dans le Lycée-
tout en édifiant ses élèves.
En Egypte, on voit Ptolémde Philadel-
phe créer le Muséum, superbe bâtiment
composé de galeries et de grandes salles
pour conférer sûr des matières de littéra-
ture et de sciences.
Aujourd'hui, ce Muséum consacré aux
Muses deviendrait un spectacle à casca-
des. •*•
Et on ferait assurément, quelque Ma-
bille, quelque Château-Rouge des jardins
fameux où s'affirma la grande école plato-
nicienne.
Vous aurez beau dire à ce siècle que Ci-!
céron, à Rome, fut un conférencier, que
Plutarque, sous Domitien., occupait la tx.H
bune avec ses leçons de philosophie.
Vous aurez beau soutenir qu'ils furent'
nombreux et illustres, les conférenciers*
antiques, parmi lesquels ou cite Polliôn,*
l'ami dte Virgile et d'Horace, et Pline lui-
même, qui avait la belle et savante Cal-
purnie parmi-ses auditeurs.
Vous aurez beau répéter qu'Eschinesi
l'adversaire de Démosthènes, enseisria la
rhétorique à Rome, et qu'au premier aiè-
cle après Jésus-Christ, l'orateur Stace fai-
sait les délices de Naples.
Vous aurez beau prouver que la Confé-
rence est une demoiselle de grande mai-
son, de vieille noblesse, sage, grave ef,
honnête.
On.vous la flanque bel et bien dehors
pour installer l'opérette à sa place," pouï
représenter un chef-d'oeuvre qui s'appel-
lera, je l'ai dit plus haut, Madame Mal-
brough.
Moisir plus obscur bedeau de l'art, je
n'en ai pas moins le culte du beau, du
grand, du véritable.talent littéraire.
Aussi, dans ce théâtre de l'Athénée, qui
promet d'ouvrir samedi, je ne regarde pas
l'affiche, bien qu'on m'assure que, dans
lapièce nouvelle, un pétillant esprit, monr
avait una migraine affreuse et demanda la
permission de se retirer chez elle.
Seule dans sa chambre de jeune fille, sm
soubrette congédiée, elle eut un soupir d'inef-
fable soulagement.
Enfin, elle n'avait plus besoin de se con-
traindre, de composer sa physionomie, de
surveiller ses regards.
Elle était libre d'être inquiète son aise,
et elle l'était horriblement, torturée par l'in-
certitude de l'événement.
La pensée de se coucher ne pouvait lui ve-i
nir à quoi bon? Elle s'enveloppa d'un' grand'
peignoir de mousseline, et, ouvrant une fe-;
nêtre, elle s'accouda au balcon sculpté.
La nuit était spléndide, et le vent arrivait
tiède et chargés de-parfums,
Mais que lui importait! Elle songeait
que sans douté tout était fini déjà, et que:
l'obstacle, l'homme qui la séparait duà)ut de!
son ambition, n'existait plus.
Et cependant, ne pouvait-il se faire qosj
Norberteût manqué de courage ? Qui saiÉ
s'il ne s'était pas troublé? Si on allait l'avoir
surpris!
Un frisson nerveux la secouait àcette idée,
et des gouttes de sueur. perlaient sur son
front.
Que n'eût-elle pas donné pour possédera
JEUDI 12. DÉCEMBRE 1867
LA CHANSON BË MÀLBROUGE
tin nouveau spectacle, le Théâtre de
l'Athénée,, va ouvrir samedi ses portes au
public par la représentation ,d'une opé-
rette intitulée Madame Malbrough.
•: Je n'ai pas une bien vive sympathie
pour la scène nouvelle.
Je me rappellerai toujours que cette
salle charmante avait été d'abord offerte
à la saine littérature.aux édifiants tour-
nois de l'argumentation.
A la place que vont occuper des farceurs
illustres s'élevait la chaire de l'enseigne-
ment libre, la tribune aux élégantes ha-
rangues.
|»L'esprit français, se --sentait à l'aise, et
comme dans son pays natal, devant un
.public lettré et enthousiaste, venu tout
=pour communier avec ridée, et ç4-
tendre ses développements présentés par
de hardis commentateurs.
Il y eut là place durant une saison d'hi-
,ver pour toutes les opinions et pour tous
les talents.
v J'y ai applaudi M. Deschanel, un ora-
teur sûr de son improvisation, et qui,
dans la fougue des discussions, prend tou-
jours le mot propre pour arriver, par une
savante demi-teinte, aux plus hautes.té-
mérités de la polémique.
J'y ai acclamé un musicien, distingue
.qui rêve l'harmonie universelle, M. A. de
Gasperini, et qui, bien que disciple de
Wagner, a plus d'une mélodie dans son
style, qu'il soit écrit ou parlé.
Je n'oublierai pas Félix Hément, par-
ce qu'il est de mon bâtiment, car il tra-
verse les eaux de la science sur plus d'un
navire heureux*4 de, le compter parmi son
équipage.
Je n'aurai -garde d'omettre non plus
Francisque Sarcey, qui fait de la critique
une magistrature, et qui, lorsqu'il se lève
pour soutenir une thèse littéraire, a l'air,
d'un procureur général, défendant l'in-
térêt social dans le goût, la vérité, l'ex-
cellence des choses de l'esprit.
Je me souviens encore]comment, à l'inau-
guration de cette salle de l'Athénée, un
éminent confrère du Journal ctes Débats,
.un professeur, un savant aimable, M.
Yung, vint annoncer, dans un remar-
quable discours d'inauguration, que les
lettrés avaient leur tribune, et les lettres
leur forum.
JfEUiLLE'JLUJN VU 13 DECEMBRE
LES • ;̃
ESCLAVES DE PARIS
DEUXIÈME PARTIE
Le secret de la maison de cuampdoco
Pareille au mineur qui, sa mine chargée
et la mèche., allumée, se retire à l'écart en at-
tendant l'explosion, M"° Diane de Sauve-
bourg, en quittant Dauman, s'était hâtée de
regagner la maison paternelle.
Elle avait croyait-elle, monté Norbert à ce
pointqu'iln'hësiteraitpas à faire usage du
poison qu'il pensait,le niais lui avoir ar-
raché ce qu'il emportait.
Du moins, n'y avait-il pas eu de sa part
préméditation.
Sa situation, après les menaces du duc,
Reproduction et traduction Interdites.
Voir le Petit Journal du 9ju%taw ï&octafep»,
Abonnements Taris
TROIS MOIS. 5 FR.
SIX MOIS. SFU.
UN AH. 18 Fil.
1 QUOTIDIEN
i-l}NNWRO:3CENTïlBES.Î
-A quoi tout cela nous a-t-il menés, en
cettefin-d'année 1867?
A la représentation d'une farce, d'une
cocasserie, d'une jovialité où. le coq-à-
l'ânë remplace l'argument et où le calem-
bour tient lieu de logique.
Quant à la Conférence
On l'a fait mettre en terre
Mironton, mironton, mirontaine,
On l'a fait mettre ën terre
Par quatre-z-officiers.
Des officiers de l'Université assurément,
portant au collet la palme de l'enseigne-
ment, et dans la poche-un blanc seing de
Son Excellence M. Duruy, ministre de
l'instruction ^publique.
Aussi je n'entends pas être témoins de
cette profanation du temple de l'Art de
Bien Dire par les sectateurs de l'arti de
chanter' grotesquement.
Les directeurs m'ont adressé des billets
d'entrée pour la première représentation
de Madame Malbrough; je les ami ren-
voyés avec de courtois remerciements.
Mais pour moi Léonce et Désiré ne rem-
placeront jamais les orateurs, dévots à la
science, soumis à l'inspiration, qui me fai-
saient parfois l'honneur insigne de m'at-
taquer et de me défendre personnelle-
ment^
MM. Bugnach ef Sari ont mis en scène
Madame Malbrough, la belle dame de la
chanson célèbre, qui quittait dans ses dou-
leurs ses habits roses et ,ses satins brochés.
Il y avait une conférence, non une opé-
rette à faire sur cette chanson célèbre.
Son histoire est très attachante, et elle
eût prouvé par quelles transformation
peut passer une idée.
Un lettré, qui a dû faire des conférences
à son heure, M. Charles Nisard, dit ceci
de la Chanson de Malbrough.
La même chanson, affirme-t-il, subit
dans chaque centre où elle est introduite,
une transformation plus ou mbins radicale
qui l'assimile au personnel par qui elle est
chantée. Un dés plus remarquables exem-
ples de chansons ainsi trànsplantées et
forlignées est celle de Marlborough.
Faite en premier lieu, par des soldats hu-
guenots, à l'occasion de la mort du duc de
Guise qu'assassina Poltrot, en 1563, elle
se conserva dans nos armées; et selon
toute apparence, elle y était chantée avec
des variantes, des suppressions ou des ad-
ditions, toutes les fois qu'il venait à mou-
rir quelque général d'importance. L'usage
encore en vigueur parmi nos soldats,
était désespérée, le «Président» lui avant pré-
senté un moyen,.d'en sortir, elle l'avait'
Pour elle, tous les incidents de la journée
s'ét,aient succédé avec la prestigieuse rapi-
dité du songe qui «omptepour rien le temps
et les distances.
1 Entre le cri qu'elle avait jeté en trouvant
au rendez-vous le duc de Champdoce, et le
sourire qui lui était venu aux lèvres quand
Norbert s'était éloigné, elle n'avait pas eu
une seconde de recueillement.
Elle avait si bien agi sous l'empire d'une
inspiration infernale qu'il lui eût été impos-
sible de répéter la comédie qu'elle avait jouée
pour Norbert.. ̃ • ̃̃ '•
En cela, elle n'était pas de la force que
supposait Dauman.
En revanche, sa perversité était si étange,
qu'à la réflexion elle ne s'arrêta pas à l'énor-
mité du crime dont elle était l'instrigatrice,
mais seulement à la grandeur du résultat.
Le « Président » lui avait dit': « «. Mieux
vaut tuer le diable que d'être tué. par lui. » »
Eh bien, elle tuait le diable!. Puisque d'elle
ou du duc un des deux devait succomber,
autant valait que ce fût lui.
Ne se proposait-Il pas, lui,, de la tuer nia-
râlement en la perdant de réputation ? Elle
ne faisait' que devancer sa vengeance elle se
Abonnements Départ.
TJiOIS MOIS. 6~R.
SIX MOIS 12FB.
UJJAN 24FK.
d'appliquer une chanson faite pour un
sujet quelconque, à un autre sujet, rend
cette conjecture très vraisemblable.
Quand les guerres civiles eurent cessé,
et l'on n'attendit sans doute pas même
jusque-là, la chanson suivit dans leurs
provinces les soldats licenciés, et y vécut
comme eux de la vie civile. On ne l'y
avait certainement pas oubliée, mais on
avait peut-être perdu l'habitude de la
chanter, ou l'on n'en avait pas trouvé l'oc-
casion, lorsqiz'en 1781, soixante ans après
la mort de Marlborough, Mœe Poitrine,
nourrice du Dauphin, la chanta, en allai-
tant son nourrisson'. Quand et pourquoi
le nom de 'Marlborough avait-il été sub-
stitué à celui de Guise, c'est ce qu'il n'est
pas aisé de déterminer. Mais Chateau-
briand, s'il faut l'en croire, entendit
chanter l'air en Orient où il estime'qu'il
fut apporté par les croisés. Les paroles de
au sentiment de quelques-uns,
seraient l'oeuvre des soldats de Villars et
de Bouf fier s, lesquels n'auraient fait que
les appliquer plus ou moins fidèlement
au général anglais après la bataille de
Malplaquet (1709), puis après sa mort,
en
•A son. tour, un vieux conférencier, M.
Charles Malo, s'occupe de la Chanson de
Malbrough, dans les annotations savan-
tes des Chansons d'autrefois.
Il y raconte comment elle devint à la
mode à la cour de France.
Un beau,jour de. 1781, la nourrice du
dauphin de France, Mme Poitrine, se mit
à bercer le royal enfant devant Marie-An-
toinette et chanta pour endormir le noùr-
risson la chanson connue dans son pays.
La reine et Louis XVI se passlznnèrent
soudain de l'air et des paroles, et c'est
ainsi que Marlbrough fit fureur à la vil-
le, à Versailles et jusqu'en Angleterre..
Mon savant ami le bibliophile Jacob,
qui. lui aussi, aurait pu faire, pièces jus-
tificatives en main, dans une brillante
conférence, l'histoire d'autrefois, qu'il sait
mieux que Cagliostro ou le comte de Saint-
-Germain, ajoute que jamais Napoléon Ie''
ne. montait à cheval pour entrer en cam-
pagne sans entonner à haute voix la chan-
son devenue satirique et nationale, en rai-
son de sa grande lutte contre l'Anale
terre.
Cette fille de distinction, la Conférence,
que l'Athénée flanque si prestement à la
porte de son immeuble doré dont il fait
un théâtre. elle était de haute naissance,
et son blason me semble plus ancien
que celui des descendants des croi-
Quant à farine employée. elle n'avait
pas eu le choix.
Mais, en dépit de ce? sophismes, les heures,
ainsi qu'elle l'avait prévu, se traînèrent mor-
'tellement longues et douloureuses.
Si, robuste que fût son énergie, si grande
que fut sa puissance sur elle-même, elle ne
put entièrement dissimuler l'angoisse qui
l'étreignait et qui devenait plus poignante à
mesure que s'avançait la soirée.
Pendant le souper, qui, au château de
Sauvebourg, avait lieu vers neuf heures, il
lui fut presque impossible de parler, et il lui
fallut des-efforts inouïs pour avaler quelques
bouchées.
Elle se disait qu'en ce moment même on
soupait pareillement à Champdoce, et son
imagination lui représentait, avec une viva-
cité et une netteté effrayantes, le duc vidant
le verre où Norbert avait mis le poison.
Par bonheur, ni le marquis ni la marquise
I de Sauvebourg ne faisaient attention à elle.
Ils avaient reçu, dans la journée, une
lette qui leur annonçait que .leur fils; le
frère aîné auquel on sacrifiait Mlle Diane et
qui vivait magnifiquement à Paris, était as-
sez sérieusement indisposé. Ils étaient in-
quiets et soucieux ils parlaient d'entre-
Ils ne firent donc aucune objection, quand
en sortantde table, Mue Diane aimonçaq^i'elle
Vendredi décembre 1867
Chez les Grecs, on entendait aux jeux.-
de Delphes etd'Olympie, entre les courses;
du matin et les combats du soir, les poètes,;
les rhéteurs, les philosophes et les histo-
riens.
Si nous entrions plus tard chez la briU-.
lante Aspasie, nous trouverions sous son
toit luxueux les grandis conférenciers de
son époque Périclès et Socrate en tête.
Que n'ai-je pu voir les célèbres jardins
d'Académus, où le divin Platon donnait
ses leçons admirables en des termes telle-
ment charmants, que les abeilles volaient
autour de ses lèvres, enquête de miel.
Que n'ai-je entendu les conférences d'A-
ristote qui se promenait dans le Lycée-
tout en édifiant ses élèves.
En Egypte, on voit Ptolémde Philadel-
phe créer le Muséum, superbe bâtiment
composé de galeries et de grandes salles
pour conférer sûr des matières de littéra-
ture et de sciences.
Aujourd'hui, ce Muséum consacré aux
Muses deviendrait un spectacle à casca-
des. •*•
Et on ferait assurément, quelque Ma-
bille, quelque Château-Rouge des jardins
fameux où s'affirma la grande école plato-
nicienne.
Vous aurez beau dire à ce siècle que Ci-!
céron, à Rome, fut un conférencier, que
Plutarque, sous Domitien., occupait la tx.H
bune avec ses leçons de philosophie.
Vous aurez beau soutenir qu'ils furent'
nombreux et illustres, les conférenciers*
antiques, parmi lesquels ou cite Polliôn,*
l'ami dte Virgile et d'Horace, et Pline lui-
même, qui avait la belle et savante Cal-
purnie parmi-ses auditeurs.
Vous aurez beau répéter qu'Eschinesi
l'adversaire de Démosthènes, enseisria la
rhétorique à Rome, et qu'au premier aiè-
cle après Jésus-Christ, l'orateur Stace fai-
sait les délices de Naples.
Vous aurez beau prouver que la Confé-
rence est une demoiselle de grande mai-
son, de vieille noblesse, sage, grave ef,
honnête.
On.vous la flanque bel et bien dehors
pour installer l'opérette à sa place," pouï
représenter un chef-d'oeuvre qui s'appel-
lera, je l'ai dit plus haut, Madame Mal-
brough.
Moisir plus obscur bedeau de l'art, je
n'en ai pas moins le culte du beau, du
grand, du véritable.talent littéraire.
Aussi, dans ce théâtre de l'Athénée, qui
promet d'ouvrir samedi, je ne regarde pas
l'affiche, bien qu'on m'assure que, dans
lapièce nouvelle, un pétillant esprit, monr
avait una migraine affreuse et demanda la
permission de se retirer chez elle.
Seule dans sa chambre de jeune fille, sm
soubrette congédiée, elle eut un soupir d'inef-
fable soulagement.
Enfin, elle n'avait plus besoin de se con-
traindre, de composer sa physionomie, de
surveiller ses regards.
Elle était libre d'être inquiète son aise,
et elle l'était horriblement, torturée par l'in-
certitude de l'événement.
La pensée de se coucher ne pouvait lui ve-i
nir à quoi bon? Elle s'enveloppa d'un' grand'
peignoir de mousseline, et, ouvrant une fe-;
nêtre, elle s'accouda au balcon sculpté.
La nuit était spléndide, et le vent arrivait
tiède et chargés de-parfums,
Mais que lui importait! Elle songeait
que sans douté tout était fini déjà, et que:
l'obstacle, l'homme qui la séparait duà)ut de!
son ambition, n'existait plus.
Et cependant, ne pouvait-il se faire qosj
Norberteût manqué de courage ? Qui saiÉ
s'il ne s'était pas troublé? Si on allait l'avoir
surpris!
Un frisson nerveux la secouait àcette idée,
et des gouttes de sueur. perlaient sur son
front.
Que n'eût-elle pas donné pour possédera
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