Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1867-08-30
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32895690j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 30 août 1867 30 août 1867
Description : 1867/08/30 (Numéro 1672). 1867/08/30 (Numéro 1672).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG64 Collection numérique : BIPFPIG64
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k589753f
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/07/2008
Le Petit Journal'
3
Les prix Moritycn
/Aujourd'hui, à deux heures, a eu lieu la séance
̃manuelle de l'Académie française, pour la dislri'
bution des prix Montyon.
La cérémonie a été présidée par M. de Falloux,
directeur.
Une foule nombreuse, parmi laquelle on re-
marquait un grand nombre
se pressait sur l'hémii-vclf ̃ v.>-i, i, galeries
à ce spectacle toujours i y ri
M. Villemain,,secre't!iitr. ;«.̃̃.•• i ,:̃ 1 a d'abord
lu un rapporfrdair. iriUÎivs- -̃ sur les
1 œuvres littéraires et le proyra.ijuie dos prix pro-
posés pour l'année prochaine. •
M. le directeur a cnsuite'lu le discours sur les
prix de vertu dont nous'extrayons le passage
suivant.
L'Académie française a décerné un prix de
deux mille cinq cents francs à Agnathe Mahais, à
Angers (Maine-et-Loire),
Deux prix de deux mille francs à Léonie
Silie, Fléchin (Pas-de-Calais; à Ciotilde Boc-
quillon, à Pierrogot (Somme).
Trois médailles de première classe de mille
francs à Rosalie Foissac, Saint-Affrique (A-
veyron) à Aglaé Delon, à Nemours (Seine-et-
Marne) à Marie Duchesne, à Bonnœuvre (Loire-
Inférieure).
Et quinze médailles de cinq cents francs.
Le rapport s'exprime ainsi sur le premier prix
La première sur cette liste est Agathe Mahais,
fruitière à Angers; et vous avez porté à deux mil-
le cinq cents francs le prix que vous lui décer-
nez.'
Agathe Mahais manifeste dès la première jeu-
,ne§se son penchant à la charité. Elle l'exerce d'a-
bord envers sa famille orpheline ;l dix ens, elle
's'occupe de ses -jeunes Sœurs; à' vingt-huit ans,
elle adopte cinq enfants de son frère, simple ma-
̃çôn qui venait de perdre sa femme, les élève et
'les entoure de soins, jusqu'au moment où elle les
voit en état de gagner honorablement leur vie.
:Des mariages avantageux se présentaient pour
elle, mais aucun ne parvint à la séduire-; la vue
des souffrances humaines attirait plus puissam-
ment son cœur, et ce fut bientôt la charité qui
l'envahit et l'occupa sans partage. Elle ne cessa
plus de recueillir dans sa petite demeure, de
nourrir, de vêtir des vieillards infirmes, des en-
ïants, de jeunes filles qu elle voulait retirer de la
corruption. Durant tout le cours de sa vie, Aga-
the Mahais n'oublia jamais qu'une seule misère,
ce fut la sienne.
Sa maison devint ainsi un hospice dans la. véri-
table acception de ce mot; et pourtant elle n'a
jamais demande ni à la bourse d'autrui qui se
:serait volontiers ouverte poun elle, ni au bureau
officiel de bienfaisance, aucun secours ou sub-
vention eUe ne demande rien qu'à son propre
travail, et elle met dans ses privations, non sa
fierté, mais sa jouissance. En été, elle se lève
deux heures en hiver, elle veille une partie de la
nuit,'de façon que son commerce ni sgn travail
ne souffrent jamais des soins prodigués à ses
hôtes.
Quelques-uns l'aident, tantôt en gardant sa pe-
tite boutique durant son absence, tantôt en lui por-
tant des légumes et des fruits; mais d'autres la
payent d'ingratitude*: il en est qui dérobent le
peu d'argent qu:elle gardait dans son tiroir pour
leur propre entretien. Elle ne s'en plaint ni ne
s'en irrite, prend quelques précautions de plus et
pas une peme do'moins. En 1852, elle avait re-
cueilli jusqu'à sept pauvres à la fois, parmi les-
quels était un jeune homme mourant d'une ma-
Iadie de langueur, et dont elle console la lente a-
sonie avec toute la sollicitude d'une mère.
Bientôt ce sont les devoirs d'une fille qu'elle
remplit durantplusieurs années près d'une pau-
vre femme octogénaire qui s'éteignit dans ses
.bras en la comblant de bénédictions. Tant de
bonnes oeuvre-, à domicile n'épuisent point enco-
re son zèle. A chaque instant on la réclame, et
elle court Sans les quartiers. les plus éloignés
ici elle porte- le déjeuner à un enfant en appren-
tissage, là des remèdes à un malade, plus loin
des secours et du linge à un pauvre femme on
couches, .i tous des paroles affectueuses, des en-
courasements et de divines espérances.
Telle a été, messieurs, telle est encore la vie
d'Amathe Maltais qui, quoique arrivée déjà à un
fige avaneé, n'a.pas songé a une seule épargne.
CURIOSITES DE L'HISTOIRE ET DE LA SCIENCE
Matériel des chemins do fer
Il nous resie, pour termiserce que nous avons
X dire sur les chemins de fer, ajouter quelques
renseignements sur le matériel fixe à ceux que
nous avons déjà fournis sur l'établissement' du
chemin, Doublement limité et par l'espace et par
le cadre du journal, en superficie comme en pro-
fondeur, nos lecteurs comprendront qu'ils ne
sauraient demander davantage qu'aux revues ou
aux ouvrages spéciaux, tels que le Dictionnaire
des Arts et Manufactures, ou les Traités si jus-
tement estimés de MM. Perdonnet et Goschlerfe
Il semble, au premier abord, que le tracé seul
du chemin puisse offrir des difficultés, que la
chaussée une fois prête, les tunnels percés, les
viaducs construits dans les conditions imposées,
c'est-à-dire de manière que le chemin ne présen-
te pas des pentues trop rapides ou des courbes
d'un faillie rayon, il semble, disons-nous, qu'il
n'y ait plus qu'à poser les rails, et cela paraît la
chose du monde la plus simple. Qu'on veuille
bien cependant observer que les rails sont sou-
mis des actions mécaniques diverses, telles que
la pression exercée par les convoies, tantôt de
haut en bas, tantôt en travers de la voie dans les
parties courbes, le frottement, etc., ou bien aux
pffets produits par la clialeur et par la pluie, et
enfin aux modifications opérées dans La-constitu- j
tion moléculaire de ces bandes ferrées sous
l'influence de .ces diyerses actions qui doivent en-
traîner Or, il^'Y'ap^g.dejic^
Je ne pnis même vous promettre que la somme
qu'elle devra à la générosité de M. de Montyon
et à votre choix la mettra désormais à l'abri des
plus dures privations. Ceux qui lui ont annoncé
la récompense que vous lui destiniez l'ont trou-
vée surprise, reconnaissante, mais point émue
« Deux mille cinq cents francs, a-t-elle dit, c'est
une bien grosse somme pour moi qui n'ai.ja-
» mais rien possédé. » Puis, comme en contem-
plation d'œuvres nouvelles a Voilà de l'argent
» qui fera plaisir à bien du monde », ajouta-t-
elle, sans se douter de labeauté de ce mot.
La séance a été terminée par la lecture de la
pièce de vers couronnée; elle est de M. Edouard
Grenier et porte pour titre la Mort du prési-
dent Lincoln.
Départements
Le Courrier du Gard a reçu une bien dou-
loureuse nouvelle. M. Amédée Bechard, un des
hommes les plus estimés du département, a été
lue par un éclat de rocher dans les mines du
Soulier, prèsa'Alais, dont il était co-propriétaire
et directeur. Frère de M Ferdinand Bechard, an-
cien député et avocat à la cour de cassation, et
l'oncle de M. Frédéric, Bechard, l'un des rédac-
teurs de la Gaxetté de France, il avait été ré-
dacteur en chef de la Gazette du Bas-Lancjuedoc;
et s'occupait avec zèle des questions d'enseigne-
ment.
La mort de cet homme de bien sera un deuil
pour le département du Gard, où la famille Be-
chard a été, de tout temps, l'objet do l'affection
générale.
On-nous écrit de la Ferté-Macé (Orne)
Dimanche prochain, ¡or septembre, aura lieu
la fête du comice agricole. Dès laveille, à quatre
heures du soir, les réjouissances comrcenceront.
La musique du 70° de ligne sera reçue par la
musique'municipale, et un concert sera donné
sur la place de l'Eglise. A huit heures du soir,
salves d'artillerie; à neuf heures, retraite aux
flambeaux.
Le dimanche, à huit heures du matin, concours
du comice agricole du canton. A onze heures,
messe en musique à midi, concours agricole de
tout i'arrondissement; deux heures, concours
d'orphéons et de musiques dans la cour du petit
séminaire; à cinq heures, morceau d'ensemble
sur la place du Château distribution des récom-
penses du comice agricole et des sociétés musica-
les à six heures, banquet; sept heures, con-
cert par la musique du 70° à huit heures, illu-
mination générale à neuf heures, feu d'artifice
par M. Honoré, de 'Paris; à dix heures, retraite
aux flambeaux.
Un train spécial partira d'Argentan dimanche,
à neuf heures du matin, pour la Ferté-Macé.
Les fêtes de Lille
Lille, août 1867.
Lille n'oubliera pas ces deux dernières jour-
nées, et désormais le 26 et le 27 août 1867 figu-
reront dans ses annales déjà si riches en souve-
nirs. L'animation, l'enthousiasme, la fièvre du
premier instant, loin de s'être dissipés, semblént
au contraire aller en augmentant; la même foule
emplit les rues, et nul ne paraît se ressentir des
atteintes de la fatigue. Le temps s'est remis au
beau, et la trop grande chaleur des jours passés
a fait place à une température beaucoup plus
douce et beaucoup plus supportable. Mais je re-
prends mon récit au point où je l'avais laissé.
Toute la France connaît mainteriantles paroles
qui ont été prononcées par l'Empereur, en ré-'
ponse au discours du maire de la' ville de Lille
il ne m'appartient pas de les analyser ni dé les
interpréter ici, je vous dirai seulement qu'elles
ont été chaleureusement accueillies, et qu'au mo-
ment où il a été question- des acclamations du
peuple, associant au nom de l'Empereur ceux de
l'Impératrice et du Prince impérial, on a vu sur
le visage de l'auguste 'princesse les signes d'une
réelle émotion. Au moment où la pluie tombait
avec le plus d'abondance, l'Empereur, voulant
répondre courtoisement à la manifestation popu-
laire, fit abattre la capote de sa voiture en di-
sant « Puisque la population ne craint pas la
tites économies sur un matériel aussi considéra-
ble. De là les essais nombreux de rails divers de
formes, de dimensions et de nature.; de là les
modes variés de la pose.
Les rails, cela va sans dire, ne sont pas posés
directement sur la chaussée. Des traverses en
bois sont placées de distance en distance, enter-
rées dans une couche de gravier qu'on nomme
ballast. Les rails sont mis sur ces traverses et
maintenus à l'aide de coussinets, pièces év idées
dans lesquelles leur base est engagée, et qui sont
elles-inemes fixées sur les traverses. Les coussi-
nets et leâ traverses entrent «gaiement pour une
part, très élevée dans les frais d'établissement.
Les traverses pourrissent assez rapidement, bien
qu'elles soient injectées; la fixation tles coussinets
et des rails est assez coûteuse. On se préoccupe
donc des modifications à,appôrter. à ces diverses
parties du matériel.
On avait tout naturellement songéi au début
des voies ferrées, à employeur des barres prisma-
tiques, des sortes de régies; il fallut bientôt y
renoncer à cause de l'usure rapide du rail et du
bandage des roues. Le rail à champignon fut1
alors inventé c'est celui que l'on voit encore le
plus souvent sur nos chemins. La partie supé-
rieure du rail offre, en effet, un bourrelet qui
rappelle légèrement la forme du chapeau du
champignon. Cette forme -donna l'idée de celle à
double champignon. On croyait pouvoir utiliser
successivement les deux côtés du rail et rempla-
cer la partie supérieure usée par la partie infé-
rieure encore neuve, comme on retourne un
vieux vêtement. Malheureusement l'expérience
pluie lorsqu'il s'agit de nous témoigner sa sym-
pathie, nous pouvons bien la braver'pour la re-
mercier de son accueil. »
La représentation de gala a été magnifique. La
cantate, interprétée d'une façon magistrale par
i les trois principales sociétés orpbèoniques de
j Lille, les Orphéonistes, l'Union chorale et la
Concordia, a produit un grand effet. L'Empe-
reur a donné lui-même plusieurs fois le signal
des applaudissements' et a-ensuite adressé ses fé-
licitations aux auteurs, MM. Ferdinand Lavainne
et Victor Delerue.
La grande fatigue éprouvée par l'Impératrice
empêcha Leurs Majestés d'assister à toute la re-
présentation et elles, en exprimèrent leurs re-
grets.
Mme Miolan-Carvalho et Couderc, dans les Nô-
ces de Jeannette, furent vivement applaudis, ce
qui ne vous surprendra pas, et la Gageure de
Junon, fut aussi, pour Coquelin et M"<> Ponsin,
l'occasion d'un très grand et très légitime succès.
Cette comédie encore inédite n'avait été représén-:
tée jusqu'à ce jour que dans les salons de M,de
Rothschild et du duc de Mouchy; elle se produi-
sait donc pour la première fois devant un public
payant. Sa réussite r été complète. Le sujet est
original; l'auteur, M. Ferrier, un jeune et aima-
ble poète, qui l'on peut, sans crainte de se
tromper, prédire, d'autres succès, a imaginé de
nous montrer Diogéne le cynique et l'orgueil-
leux, ne voyant dans le monde qu'un séul hom-
me lui-même, se rendant au premier sourire de
la beauté et devenant, pour lui plaire, voleur,
gourmand, ivrogne et petit maître. Les vers sont
faciles et spirituels ajoutez qu'ils sont dits par
ce charmant comédien, l'espoir du Théâtre-
Français, qui a nom Coquelin, et vous compren-
drez qu'en ce temps de prose Benoîton ils aient
trouvé le moyen de se faire applaudir.
La salle était resplendissante de toilettes et de
diamants, et le riche sang du Nord était repré-
serité par une guirlande de jolies femmes, au mi-
lieu desquelles étincelait la majestueuse beauté
de l'Impératrice, sur qui le temps semble n'avoir
aucune prise.
Le lendemain, dans la matinée, l'Empereur a
visité divers établissements industriels, l'impri-
merie de M. Danel, la filature et le tissage de M.
Dequoy et les ateliers de- construction de machi-
nes à vapeur de MM. Parent et Schalken.
Nous nous faisons difficilement une idée, nous
autres Parisiens liabitués du boulevard, de ce
que sont ces grandes usines du Nord, véritables
fourmilières d'hommes. Quelques mots sur lafir
lature de lin et le/tissage de toiles de,M. Dequoy
ne seront donc pas sans intérêt. Cet établisse-
ment, l'un /les plus complets et des plus impor-
tants de la ville de Lille, occupe dans des ateliers
réunis en un seul groupe douze cents ouvriers
des deux sexes, non compris ceux en plus grand
nombre travaillant en dehors. Sept machines à
vapeur, représentant une force motrice de plus
de 500 chevaux,~donnent le mouvement la fila-
ture et au tissage mécanique. >
La..filature de lin par les machines, que Phi-
lippe de Girard inventa en 1810 pour répondre
l'appel de l'Empereur, produit tous les genres de
flls, depuis les sortes les plus ordinaires servant
?au tissage des grosses toiles, qui sont la grande
consommation du pays, jusqu'aux sortes les plus
fines servant à la fabrication des [batistes et des
linons, qui sont tissés dans l'arrondissement de
Cambrai.
L'établissement, fondé en 18Wi, avec des res-
sources limitées, a pris d'année en année un
nouveau développement et s'est enfin placé au
premier rang. Le nombreux personnel, employées
et ouvriers, est dévoué au fondateur, qui a tou-
jours eu pour but d'assurer le bien-être de tous
ceux qui collaborent à son œuvre aussi les ac-
clamations ont-elles été unanimes lorsque l'Em-
pereur a remis de sa main à M. Duquoy la croix
de la Légion d'honneur.
La même distinction a été accordée à M. Da-
nel et à MM. Vallée et Caillet, directeurs de l'u-
sine Parent-Schaken.
Pendant ce temps, l'Impératrice, fidèle à la
mission qu'elle s'est imposée et à laquelle elle se
consacre avec tant de dévouement, visitait les éta-
blissements de bienfaisance et recueillait partout
sur son passage des témoignages de reconnais-
sance et d'amour.
Dans l'après-midi, l'Empereur a passé la re-
vue des.troupes de la garnison et a distribué un
grand nombre de récompenses. Le soir, il s'est
rendu au bal que lui offrait la ville de Lille.
La salle de haletait splendide, et d'un plus
| Le rail à patin ou'rail américain, ou rail Vi-
gnolles, du nom de celui qui l'a exporté d'Amé-
rique, permet de faire l'écoaomie des coussi-
nets.
La partie supérieure a la.forme d'un champi-
'¡;;non, mais la 'base élargie prend la forme d'un
plateau au patin qu'on fixe directement aux tra-
:verses. Cette fixité n'est que relative, et, s; elle
j suffit sur des voies peu fréquentées, elle est in-
suffisante sur toutes les grandes lignes, La base
du rail est rapidement ébranlée et bientôt arra-
chée.
Le rail Bvunnol est également' à patin, mais il
est prismatique à la partie supérieure les patins
sont maintenus de chaque côtépardes pièces ad-
ditionnelles fixées, non sur des traverses, mais
sur des longuerines, c'est-à-dire' des pièces de
bois disposées dans la longueur de la voie. Les
services que ce rail est supposé rendre ne com-
pensent pas l'accroissement de dépenses etles dif-
,ficultés d'entretien qu'il occasionne.
Le l'ait Barlow supprime, xn apparence au
moins, les longuerines et les traverses. On le po-
se directement sur le ballast,. et on lui donne la
fixité nécessaire en liant les rails parallèles de
distance en distance à l'aide ,de barres de fer
transversales.
Des modifications à ces premiers procédas ont
été apportées. M. Langlois a eu la pensée, parta-
gée par l'ingénieur des forgeas de Fraisans, de
donner aux rails à patin toute la stabilité néces-
saire en substituant aux traverses, en bois des
traverses en fer. Ces dernières formant une sorte
d'arcade polygonale, on peut maintenir solide-.
ment le rail à l'aide de pièces placées
grand effet aux lumières que je ne l'avais cru,,
d abord; elle fait le plus grand honneur ci.on:;
constructeur, à qui l'on pourrait tout au plus re-
procher d'avoir un peu trop surchargé la décora-
tion. Imaginez un immense carré occupant touto,
la cour de la mairie, recouvert d'un dôme en soie.
i rose et blanclié, éclairé par soixante lustres de
moyenne grandeur, au'milieu desquels un lustre
gigantesque brillait comme le soleil au milieu de
ses satellites. Les fenêtres des bâtiments de fHô-
tel-de-Ville formaientloges, surmontées d'un dais
à la mode vénitienne soutenu par des lances do-
rées tous les entre-deux étaient occupés par des
glaces et par des écussons aux armes de toutes
les villes du département dû-Nord. Dans le fond,
au dessous d'un vaste manteau de velours semé'
d'abeilles, s'élevait le trône impérial. De l'autre
côté, un escalier grandiose se déroulait en doù-'
ble spirale, conduisant aux appartements de la-
mairie, formantgalerie tout autour du salon prin-
cipal, Il était' difficile de trouver une meilleure
disposition..
L'Empereur et l'Impératrice ont ouvert le bal
par un quadrille d'honneur et ne se sont retirées
qu'au bout d'une heure et demie.
L. DE SAINT-BRÈS.
SOUVENIRS JUDICIAIRES:
Affaire de l'étudiant
(Voir le Petit Joccrnal d'hier.)
L'accusé Ducros comparut le 9 mars l&hk
devant la cour d'assises de la Seine.
Nous trouvons dans les journaux du-tempsi
le'dramatique compte-rendu des débats.
Dès sept «heures du matin, la force armée;
a dû se transporter au Palais-de- Justice, afin!
de protéger les abords de la cour d'assises,1'
assiégés par une foule nombreuse, avide';
d'assister aux débats de cette affaire. La jeu-'
nesse et la position de l'accusé, les circon-
stances exceptionnelles qui ont accompagné
et suivi l'assassinat, tout, en effet, justifie
l'empressement du public.
A dix heures, les portes de la cour d'assises
sont ouvertes.
L'accusé est introduit. C'est presque un en-
fant. Son air doux, sa tenue modeste, for-
ment le plus étrange contraste avec le crime-
qu'il a commis et avec le sang-froid dont il a
fait preuve dans l'instruction. Sa toilette est
soignée il est vêtu d'une redingote .noire; il
porte une cravate de satin sur laquelle est
rabattu son col de chemise. Il a coupé les pe-
tites moustaches blondes qu'il portait encore
il y a quelques jours. Il prend place sur le:
banc des accusés; il baisse la tête et tient son.
mouchoir devant sa figure.
M. l'avocat général Jallbn occupe le siège
du ministère. public.
• Me Dugabé et, auprès de lui, Me Pinède,
sont assis au banc de la défense.
Depui s l'introduction de l'accusé le désor-
dre a redoublé..
La cour entre en séance, et dix minutes s'é-
coulent avant.que M. le président puisse se
faire entendre. Quand le calme est à peu près
rétabli, il s'exprime ainsi
« Nous sommes tous ici pour accomplir un
devoir sacré, essentiel, dans l'intérêt de la
société.Tout le monde doit donc apporter une
grande gravité dans la tenue et témoigner
ainsi son respect pour la justice. ,»
A ce moment, M6 Pinède, l'un des défen-
seurs, fait place à une personne qui s'avance
vers le banc où est l'accusé et qui embrasse
Ducros avec effusion.
M. le président Ces sortes de choses ne
doivent pas se faire, et nous ne concevons
pas qu'un avocat puisse oublier à ce point
ses devoirs.
je ne comprends pas.
en dedans de l'arcade. Il est à peine nécessaire
d'ajouter que ce procédé est dispendieux et com-
On utilise actuellement en Angleterre des frag-
ments de tôle à. demi enroulée comme une moi-
tié de tuyau pour fixer les coussinets sur les tra-1
verses et les rails dans les coussinets. Ces iras-
ments, engagés dans les espaces vides, jouent le;
rôle de ressorts et de coins. Les pièces de bois:
qu'on place entre le rail et le coussmet pourcom-
bler le vide qui existe entre ces deux pièces jouent;
le même rôle. L'expérience seule permettra de!
décider sur le choix du bois ou de la t9lé.
Enfin, M. Koestlin,.de Stutgard, fixe le 'rail àt
champignon simple, en saisissant la tige du,
champignon à l'aide de deux pièces -de fer qui:
l'étreignent comme les mâchoires d'un étau: Ces-
pièces sont de véritables longuerines, en ce 'sens
qu'elles régnent sur toute la longueur de la voie.
De distance en distance, elles sont maintenues:
par des traversas .en .tôle. Des expériences ont été
faites elles sont jusqu'à présent couronnées de
̃FÉLIX HÉMENT.
(Lcc suite demain.)
MM. les Abonnés des département
dont l'abonnement expire le 31 août sont
priés de le renouveler immédiatement,!
s'ils ,ne veulent pas éprouver de r^tarjj'
3
Les prix Moritycn
/Aujourd'hui, à deux heures, a eu lieu la séance
̃manuelle de l'Académie française, pour la dislri'
bution des prix Montyon.
La cérémonie a été présidée par M. de Falloux,
directeur.
Une foule nombreuse, parmi laquelle on re-
marquait un grand nombre
se pressait sur l'hémii-vclf ̃ v.>-i, i, galeries
à ce spectacle toujours i y ri
M. Villemain,,secre't!iitr. ;«.̃̃.•• i ,:̃ 1 a d'abord
lu un rapporfrdair. iriUÎivs- -̃ sur les
1 œuvres littéraires et le proyra.ijuie dos prix pro-
posés pour l'année prochaine. •
M. le directeur a cnsuite'lu le discours sur les
prix de vertu dont nous'extrayons le passage
suivant.
L'Académie française a décerné un prix de
deux mille cinq cents francs à Agnathe Mahais, à
Angers (Maine-et-Loire),
Deux prix de deux mille francs à Léonie
Silie, Fléchin (Pas-de-Calais; à Ciotilde Boc-
quillon, à Pierrogot (Somme).
Trois médailles de première classe de mille
francs à Rosalie Foissac, Saint-Affrique (A-
veyron) à Aglaé Delon, à Nemours (Seine-et-
Marne) à Marie Duchesne, à Bonnœuvre (Loire-
Inférieure).
Et quinze médailles de cinq cents francs.
Le rapport s'exprime ainsi sur le premier prix
La première sur cette liste est Agathe Mahais,
fruitière à Angers; et vous avez porté à deux mil-
le cinq cents francs le prix que vous lui décer-
nez.'
Agathe Mahais manifeste dès la première jeu-
,ne§se son penchant à la charité. Elle l'exerce d'a-
bord envers sa famille orpheline ;l dix ens, elle
's'occupe de ses -jeunes Sœurs; à' vingt-huit ans,
elle adopte cinq enfants de son frère, simple ma-
̃çôn qui venait de perdre sa femme, les élève et
'les entoure de soins, jusqu'au moment où elle les
voit en état de gagner honorablement leur vie.
:Des mariages avantageux se présentaient pour
elle, mais aucun ne parvint à la séduire-; la vue
des souffrances humaines attirait plus puissam-
ment son cœur, et ce fut bientôt la charité qui
l'envahit et l'occupa sans partage. Elle ne cessa
plus de recueillir dans sa petite demeure, de
nourrir, de vêtir des vieillards infirmes, des en-
ïants, de jeunes filles qu elle voulait retirer de la
corruption. Durant tout le cours de sa vie, Aga-
the Mahais n'oublia jamais qu'une seule misère,
ce fut la sienne.
Sa maison devint ainsi un hospice dans la. véri-
table acception de ce mot; et pourtant elle n'a
jamais demande ni à la bourse d'autrui qui se
:serait volontiers ouverte poun elle, ni au bureau
officiel de bienfaisance, aucun secours ou sub-
vention eUe ne demande rien qu'à son propre
travail, et elle met dans ses privations, non sa
fierté, mais sa jouissance. En été, elle se lève
deux heures en hiver, elle veille une partie de la
nuit,'de façon que son commerce ni sgn travail
ne souffrent jamais des soins prodigués à ses
hôtes.
Quelques-uns l'aident, tantôt en gardant sa pe-
tite boutique durant son absence, tantôt en lui por-
tant des légumes et des fruits; mais d'autres la
payent d'ingratitude*: il en est qui dérobent le
peu d'argent qu:elle gardait dans son tiroir pour
leur propre entretien. Elle ne s'en plaint ni ne
s'en irrite, prend quelques précautions de plus et
pas une peme do'moins. En 1852, elle avait re-
cueilli jusqu'à sept pauvres à la fois, parmi les-
quels était un jeune homme mourant d'une ma-
Iadie de langueur, et dont elle console la lente a-
sonie avec toute la sollicitude d'une mère.
Bientôt ce sont les devoirs d'une fille qu'elle
remplit durantplusieurs années près d'une pau-
vre femme octogénaire qui s'éteignit dans ses
.bras en la comblant de bénédictions. Tant de
bonnes oeuvre-, à domicile n'épuisent point enco-
re son zèle. A chaque instant on la réclame, et
elle court Sans les quartiers. les plus éloignés
ici elle porte- le déjeuner à un enfant en appren-
tissage, là des remèdes à un malade, plus loin
des secours et du linge à un pauvre femme on
couches, .i tous des paroles affectueuses, des en-
courasements et de divines espérances.
Telle a été, messieurs, telle est encore la vie
d'Amathe Maltais qui, quoique arrivée déjà à un
fige avaneé, n'a.pas songé a une seule épargne.
CURIOSITES DE L'HISTOIRE ET DE LA SCIENCE
Matériel des chemins do fer
Il nous resie, pour termiserce que nous avons
X dire sur les chemins de fer, ajouter quelques
renseignements sur le matériel fixe à ceux que
nous avons déjà fournis sur l'établissement' du
chemin, Doublement limité et par l'espace et par
le cadre du journal, en superficie comme en pro-
fondeur, nos lecteurs comprendront qu'ils ne
sauraient demander davantage qu'aux revues ou
aux ouvrages spéciaux, tels que le Dictionnaire
des Arts et Manufactures, ou les Traités si jus-
tement estimés de MM. Perdonnet et Goschlerfe
Il semble, au premier abord, que le tracé seul
du chemin puisse offrir des difficultés, que la
chaussée une fois prête, les tunnels percés, les
viaducs construits dans les conditions imposées,
c'est-à-dire de manière que le chemin ne présen-
te pas des pentues trop rapides ou des courbes
d'un faillie rayon, il semble, disons-nous, qu'il
n'y ait plus qu'à poser les rails, et cela paraît la
chose du monde la plus simple. Qu'on veuille
bien cependant observer que les rails sont sou-
mis des actions mécaniques diverses, telles que
la pression exercée par les convoies, tantôt de
haut en bas, tantôt en travers de la voie dans les
parties courbes, le frottement, etc., ou bien aux
pffets produits par la clialeur et par la pluie, et
enfin aux modifications opérées dans La-constitu- j
tion moléculaire de ces bandes ferrées sous
l'influence de .ces diyerses actions qui doivent en-
traîner Or, il^'Y'ap^g.dejic^
Je ne pnis même vous promettre que la somme
qu'elle devra à la générosité de M. de Montyon
et à votre choix la mettra désormais à l'abri des
plus dures privations. Ceux qui lui ont annoncé
la récompense que vous lui destiniez l'ont trou-
vée surprise, reconnaissante, mais point émue
« Deux mille cinq cents francs, a-t-elle dit, c'est
une bien grosse somme pour moi qui n'ai.ja-
» mais rien possédé. » Puis, comme en contem-
plation d'œuvres nouvelles a Voilà de l'argent
» qui fera plaisir à bien du monde », ajouta-t-
elle, sans se douter de labeauté de ce mot.
La séance a été terminée par la lecture de la
pièce de vers couronnée; elle est de M. Edouard
Grenier et porte pour titre la Mort du prési-
dent Lincoln.
Départements
Le Courrier du Gard a reçu une bien dou-
loureuse nouvelle. M. Amédée Bechard, un des
hommes les plus estimés du département, a été
lue par un éclat de rocher dans les mines du
Soulier, prèsa'Alais, dont il était co-propriétaire
et directeur. Frère de M Ferdinand Bechard, an-
cien député et avocat à la cour de cassation, et
l'oncle de M. Frédéric, Bechard, l'un des rédac-
teurs de la Gaxetté de France, il avait été ré-
dacteur en chef de la Gazette du Bas-Lancjuedoc;
et s'occupait avec zèle des questions d'enseigne-
ment.
La mort de cet homme de bien sera un deuil
pour le département du Gard, où la famille Be-
chard a été, de tout temps, l'objet do l'affection
générale.
On-nous écrit de la Ferté-Macé (Orne)
Dimanche prochain, ¡or septembre, aura lieu
la fête du comice agricole. Dès laveille, à quatre
heures du soir, les réjouissances comrcenceront.
La musique du 70° de ligne sera reçue par la
musique'municipale, et un concert sera donné
sur la place de l'Eglise. A huit heures du soir,
salves d'artillerie; à neuf heures, retraite aux
flambeaux.
Le dimanche, à huit heures du matin, concours
du comice agricole du canton. A onze heures,
messe en musique à midi, concours agricole de
tout i'arrondissement; deux heures, concours
d'orphéons et de musiques dans la cour du petit
séminaire; à cinq heures, morceau d'ensemble
sur la place du Château distribution des récom-
penses du comice agricole et des sociétés musica-
les à six heures, banquet; sept heures, con-
cert par la musique du 70° à huit heures, illu-
mination générale à neuf heures, feu d'artifice
par M. Honoré, de 'Paris; à dix heures, retraite
aux flambeaux.
Un train spécial partira d'Argentan dimanche,
à neuf heures du matin, pour la Ferté-Macé.
Les fêtes de Lille
Lille, août 1867.
Lille n'oubliera pas ces deux dernières jour-
nées, et désormais le 26 et le 27 août 1867 figu-
reront dans ses annales déjà si riches en souve-
nirs. L'animation, l'enthousiasme, la fièvre du
premier instant, loin de s'être dissipés, semblént
au contraire aller en augmentant; la même foule
emplit les rues, et nul ne paraît se ressentir des
atteintes de la fatigue. Le temps s'est remis au
beau, et la trop grande chaleur des jours passés
a fait place à une température beaucoup plus
douce et beaucoup plus supportable. Mais je re-
prends mon récit au point où je l'avais laissé.
Toute la France connaît mainteriantles paroles
qui ont été prononcées par l'Empereur, en ré-'
ponse au discours du maire de la' ville de Lille
il ne m'appartient pas de les analyser ni dé les
interpréter ici, je vous dirai seulement qu'elles
ont été chaleureusement accueillies, et qu'au mo-
ment où il a été question- des acclamations du
peuple, associant au nom de l'Empereur ceux de
l'Impératrice et du Prince impérial, on a vu sur
le visage de l'auguste 'princesse les signes d'une
réelle émotion. Au moment où la pluie tombait
avec le plus d'abondance, l'Empereur, voulant
répondre courtoisement à la manifestation popu-
laire, fit abattre la capote de sa voiture en di-
sant « Puisque la population ne craint pas la
tites économies sur un matériel aussi considéra-
ble. De là les essais nombreux de rails divers de
formes, de dimensions et de nature.; de là les
modes variés de la pose.
Les rails, cela va sans dire, ne sont pas posés
directement sur la chaussée. Des traverses en
bois sont placées de distance en distance, enter-
rées dans une couche de gravier qu'on nomme
ballast. Les rails sont mis sur ces traverses et
maintenus à l'aide de coussinets, pièces év idées
dans lesquelles leur base est engagée, et qui sont
elles-inemes fixées sur les traverses. Les coussi-
nets et leâ traverses entrent «gaiement pour une
part, très élevée dans les frais d'établissement.
Les traverses pourrissent assez rapidement, bien
qu'elles soient injectées; la fixation tles coussinets
et des rails est assez coûteuse. On se préoccupe
donc des modifications à,appôrter. à ces diverses
parties du matériel.
On avait tout naturellement songéi au début
des voies ferrées, à employeur des barres prisma-
tiques, des sortes de régies; il fallut bientôt y
renoncer à cause de l'usure rapide du rail et du
bandage des roues. Le rail à champignon fut1
alors inventé c'est celui que l'on voit encore le
plus souvent sur nos chemins. La partie supé-
rieure du rail offre, en effet, un bourrelet qui
rappelle légèrement la forme du chapeau du
champignon. Cette forme -donna l'idée de celle à
double champignon. On croyait pouvoir utiliser
successivement les deux côtés du rail et rempla-
cer la partie supérieure usée par la partie infé-
rieure encore neuve, comme on retourne un
vieux vêtement. Malheureusement l'expérience
pluie lorsqu'il s'agit de nous témoigner sa sym-
pathie, nous pouvons bien la braver'pour la re-
mercier de son accueil. »
La représentation de gala a été magnifique. La
cantate, interprétée d'une façon magistrale par
i les trois principales sociétés orpbèoniques de
j Lille, les Orphéonistes, l'Union chorale et la
Concordia, a produit un grand effet. L'Empe-
reur a donné lui-même plusieurs fois le signal
des applaudissements' et a-ensuite adressé ses fé-
licitations aux auteurs, MM. Ferdinand Lavainne
et Victor Delerue.
La grande fatigue éprouvée par l'Impératrice
empêcha Leurs Majestés d'assister à toute la re-
présentation et elles, en exprimèrent leurs re-
grets.
Mme Miolan-Carvalho et Couderc, dans les Nô-
ces de Jeannette, furent vivement applaudis, ce
qui ne vous surprendra pas, et la Gageure de
Junon, fut aussi, pour Coquelin et M"<> Ponsin,
l'occasion d'un très grand et très légitime succès.
Cette comédie encore inédite n'avait été représén-:
tée jusqu'à ce jour que dans les salons de M,de
Rothschild et du duc de Mouchy; elle se produi-
sait donc pour la première fois devant un public
payant. Sa réussite r été complète. Le sujet est
original; l'auteur, M. Ferrier, un jeune et aima-
ble poète, qui l'on peut, sans crainte de se
tromper, prédire, d'autres succès, a imaginé de
nous montrer Diogéne le cynique et l'orgueil-
leux, ne voyant dans le monde qu'un séul hom-
me lui-même, se rendant au premier sourire de
la beauté et devenant, pour lui plaire, voleur,
gourmand, ivrogne et petit maître. Les vers sont
faciles et spirituels ajoutez qu'ils sont dits par
ce charmant comédien, l'espoir du Théâtre-
Français, qui a nom Coquelin, et vous compren-
drez qu'en ce temps de prose Benoîton ils aient
trouvé le moyen de se faire applaudir.
La salle était resplendissante de toilettes et de
diamants, et le riche sang du Nord était repré-
serité par une guirlande de jolies femmes, au mi-
lieu desquelles étincelait la majestueuse beauté
de l'Impératrice, sur qui le temps semble n'avoir
aucune prise.
Le lendemain, dans la matinée, l'Empereur a
visité divers établissements industriels, l'impri-
merie de M. Danel, la filature et le tissage de M.
Dequoy et les ateliers de- construction de machi-
nes à vapeur de MM. Parent et Schalken.
Nous nous faisons difficilement une idée, nous
autres Parisiens liabitués du boulevard, de ce
que sont ces grandes usines du Nord, véritables
fourmilières d'hommes. Quelques mots sur lafir
lature de lin et le/tissage de toiles de,M. Dequoy
ne seront donc pas sans intérêt. Cet établisse-
ment, l'un /les plus complets et des plus impor-
tants de la ville de Lille, occupe dans des ateliers
réunis en un seul groupe douze cents ouvriers
des deux sexes, non compris ceux en plus grand
nombre travaillant en dehors. Sept machines à
vapeur, représentant une force motrice de plus
de 500 chevaux,~donnent le mouvement la fila-
ture et au tissage mécanique. >
La..filature de lin par les machines, que Phi-
lippe de Girard inventa en 1810 pour répondre
l'appel de l'Empereur, produit tous les genres de
flls, depuis les sortes les plus ordinaires servant
?au tissage des grosses toiles, qui sont la grande
consommation du pays, jusqu'aux sortes les plus
fines servant à la fabrication des [batistes et des
linons, qui sont tissés dans l'arrondissement de
Cambrai.
L'établissement, fondé en 18Wi, avec des res-
sources limitées, a pris d'année en année un
nouveau développement et s'est enfin placé au
premier rang. Le nombreux personnel, employées
et ouvriers, est dévoué au fondateur, qui a tou-
jours eu pour but d'assurer le bien-être de tous
ceux qui collaborent à son œuvre aussi les ac-
clamations ont-elles été unanimes lorsque l'Em-
pereur a remis de sa main à M. Duquoy la croix
de la Légion d'honneur.
La même distinction a été accordée à M. Da-
nel et à MM. Vallée et Caillet, directeurs de l'u-
sine Parent-Schaken.
Pendant ce temps, l'Impératrice, fidèle à la
mission qu'elle s'est imposée et à laquelle elle se
consacre avec tant de dévouement, visitait les éta-
blissements de bienfaisance et recueillait partout
sur son passage des témoignages de reconnais-
sance et d'amour.
Dans l'après-midi, l'Empereur a passé la re-
vue des.troupes de la garnison et a distribué un
grand nombre de récompenses. Le soir, il s'est
rendu au bal que lui offrait la ville de Lille.
La salle de haletait splendide, et d'un plus
| Le rail à patin ou'rail américain, ou rail Vi-
gnolles, du nom de celui qui l'a exporté d'Amé-
rique, permet de faire l'écoaomie des coussi-
nets.
La partie supérieure a la.forme d'un champi-
'¡;;non, mais la 'base élargie prend la forme d'un
plateau au patin qu'on fixe directement aux tra-
:verses. Cette fixité n'est que relative, et, s; elle
j suffit sur des voies peu fréquentées, elle est in-
suffisante sur toutes les grandes lignes, La base
du rail est rapidement ébranlée et bientôt arra-
chée.
Le rail Bvunnol est également' à patin, mais il
est prismatique à la partie supérieure les patins
sont maintenus de chaque côtépardes pièces ad-
ditionnelles fixées, non sur des traverses, mais
sur des longuerines, c'est-à-dire' des pièces de
bois disposées dans la longueur de la voie. Les
services que ce rail est supposé rendre ne com-
pensent pas l'accroissement de dépenses etles dif-
,ficultés d'entretien qu'il occasionne.
Le l'ait Barlow supprime, xn apparence au
moins, les longuerines et les traverses. On le po-
se directement sur le ballast,. et on lui donne la
fixité nécessaire en liant les rails parallèles de
distance en distance à l'aide ,de barres de fer
transversales.
Des modifications à ces premiers procédas ont
été apportées. M. Langlois a eu la pensée, parta-
gée par l'ingénieur des forgeas de Fraisans, de
donner aux rails à patin toute la stabilité néces-
saire en substituant aux traverses, en bois des
traverses en fer. Ces dernières formant une sorte
d'arcade polygonale, on peut maintenir solide-.
ment le rail à l'aide de pièces placées
grand effet aux lumières que je ne l'avais cru,,
d abord; elle fait le plus grand honneur ci.on:;
constructeur, à qui l'on pourrait tout au plus re-
procher d'avoir un peu trop surchargé la décora-
tion. Imaginez un immense carré occupant touto,
la cour de la mairie, recouvert d'un dôme en soie.
i rose et blanclié, éclairé par soixante lustres de
moyenne grandeur, au'milieu desquels un lustre
gigantesque brillait comme le soleil au milieu de
ses satellites. Les fenêtres des bâtiments de fHô-
tel-de-Ville formaientloges, surmontées d'un dais
à la mode vénitienne soutenu par des lances do-
rées tous les entre-deux étaient occupés par des
glaces et par des écussons aux armes de toutes
les villes du département dû-Nord. Dans le fond,
au dessous d'un vaste manteau de velours semé'
d'abeilles, s'élevait le trône impérial. De l'autre
côté, un escalier grandiose se déroulait en doù-'
ble spirale, conduisant aux appartements de la-
mairie, formantgalerie tout autour du salon prin-
cipal, Il était' difficile de trouver une meilleure
disposition..
L'Empereur et l'Impératrice ont ouvert le bal
par un quadrille d'honneur et ne se sont retirées
qu'au bout d'une heure et demie.
L. DE SAINT-BRÈS.
SOUVENIRS JUDICIAIRES:
Affaire de l'étudiant
(Voir le Petit Joccrnal d'hier.)
L'accusé Ducros comparut le 9 mars l&hk
devant la cour d'assises de la Seine.
Nous trouvons dans les journaux du-tempsi
le'dramatique compte-rendu des débats.
Dès sept «heures du matin, la force armée;
a dû se transporter au Palais-de- Justice, afin!
de protéger les abords de la cour d'assises,1'
assiégés par une foule nombreuse, avide';
d'assister aux débats de cette affaire. La jeu-'
nesse et la position de l'accusé, les circon-
stances exceptionnelles qui ont accompagné
et suivi l'assassinat, tout, en effet, justifie
l'empressement du public.
A dix heures, les portes de la cour d'assises
sont ouvertes.
L'accusé est introduit. C'est presque un en-
fant. Son air doux, sa tenue modeste, for-
ment le plus étrange contraste avec le crime-
qu'il a commis et avec le sang-froid dont il a
fait preuve dans l'instruction. Sa toilette est
soignée il est vêtu d'une redingote .noire; il
porte une cravate de satin sur laquelle est
rabattu son col de chemise. Il a coupé les pe-
tites moustaches blondes qu'il portait encore
il y a quelques jours. Il prend place sur le:
banc des accusés; il baisse la tête et tient son.
mouchoir devant sa figure.
M. l'avocat général Jallbn occupe le siège
du ministère. public.
• Me Dugabé et, auprès de lui, Me Pinède,
sont assis au banc de la défense.
Depui s l'introduction de l'accusé le désor-
dre a redoublé..
La cour entre en séance, et dix minutes s'é-
coulent avant.que M. le président puisse se
faire entendre. Quand le calme est à peu près
rétabli, il s'exprime ainsi
« Nous sommes tous ici pour accomplir un
devoir sacré, essentiel, dans l'intérêt de la
société.Tout le monde doit donc apporter une
grande gravité dans la tenue et témoigner
ainsi son respect pour la justice. ,»
A ce moment, M6 Pinède, l'un des défen-
seurs, fait place à une personne qui s'avance
vers le banc où est l'accusé et qui embrasse
Ducros avec effusion.
M. le président Ces sortes de choses ne
doivent pas se faire, et nous ne concevons
pas qu'un avocat puisse oublier à ce point
ses devoirs.
je ne comprends pas.
en dedans de l'arcade. Il est à peine nécessaire
d'ajouter que ce procédé est dispendieux et com-
On utilise actuellement en Angleterre des frag-
ments de tôle à. demi enroulée comme une moi-
tié de tuyau pour fixer les coussinets sur les tra-1
verses et les rails dans les coussinets. Ces iras-
ments, engagés dans les espaces vides, jouent le;
rôle de ressorts et de coins. Les pièces de bois:
qu'on place entre le rail et le coussmet pourcom-
bler le vide qui existe entre ces deux pièces jouent;
le même rôle. L'expérience seule permettra de!
décider sur le choix du bois ou de la t9lé.
Enfin, M. Koestlin,.de Stutgard, fixe le 'rail àt
champignon simple, en saisissant la tige du,
champignon à l'aide de deux pièces -de fer qui:
l'étreignent comme les mâchoires d'un étau: Ces-
pièces sont de véritables longuerines, en ce 'sens
qu'elles régnent sur toute la longueur de la voie.
De distance en distance, elles sont maintenues:
par des traversas .en .tôle. Des expériences ont été
faites elles sont jusqu'à présent couronnées de
̃FÉLIX HÉMENT.
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