Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1867-08-29
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32895690j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 146118 Nombre total de vues : 146118
Description : 29 août 1867 29 août 1867
Description : 1867/08/29 (Numéro 1671). 1867/08/29 (Numéro 1671).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG64 Collection numérique : BIPFPIG64
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5897522
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/07/2008
S\,
CAUSERIE
C'estpourle 1er septembre.
Et déjà partout les/ fusils sortent "3e l'étui*
les cartouchières se garnissent, les ports d'ar-
ment, prodigue en bouches moyennes et en
Et déjà aussi le- fameux chasseur de la
plaine Saint-Denis (il n'en, reste plus qu'un,
mais il en reste un 1) rêve qu'il tue trpis san-
gliers dans les fossés des fortifications, et
huit lièvres dans l'arrière-boutique d'un
marchand de vins de l'avenue de Saint-
Je, ne demande pas mieux. moi mais, en
Soutes -choses, j'ai.rh;>ii êtres sacrifiés. C'est ̃pciuquin je songe en ce
moment aux'pativres diinus quisont les souf-
fre-douleurs de ces joies -cynégétiques.
Je, me rappellerai toujours certaine pauvre
bête que je rencontrai, il à deux ans, aux
abords dè, la gare Montparnasse (ligne de
Bretagne).
Un superbe chien* de chasse, niais qui a-
vait l'air si piteux, si désolé, si.
Il suivait à la laisse un gros monsieur,
shamarré d'engins de destruction, .rehaussé
i'une' carnassière toute neuve, portant .en
irandouillèxe un Lofaucheux splendide, en-
enfoui jusqu'à mi-cuissë dans des guêtres res-
plendissantes. Nénrod ayant pris du ventre.
Et derrière marchait, la queue basse, ce
beau chien avec une expression, mais une
expression
Jamais je ne vis une pareille éloquence de
regard. Les yeux de l'infortuné animal inter-
pellaient positivement les passants pour leur
un peu, monsieur mon
maître, et dites-moi si je suis à plaindre:,d:être
lié par une corde à un être aussi ridicule
Figurez-vous, gens qui cheminez^ que ce
gros ventru-là n'a jamais attrapé un moi-
neau de sa vie. Mais son bonheur est de tra-
verser Paris tous les'samedis soir en cet ac-
coutrement, à seule fin que le badaud'se re-
tourna et le prenne pour ce qu'il est incapa-
ble d'être..
Et dire qu'il va'falloir que je batte la cam-
pagne pour le compte de ce poussah! 1
Plus souvent 1
si je levais, par malheur,, un vrai lièvre,
dans son saisissement, il serait homme à me
tuer au lieu et place du susdit.
Pas.si sot l
• ,,V( Dès que j'apercevrai par ci une trace de
gibier,, je tournerai presto par là.
• Inutile, n'est^ee pas de déranger ces.a-
nimaux pour rien 1 j
Mais c'est égal Il est dur d'être accouplé
à un tel Prudhomme quand on a de la race
et qu'on maintiendrait en arrêt ses deux dou-
gaines de perdreaux à soi seul!
Le gros monsieur, cependant, allait tou-
jours se carrant et.se rengorgeant.
Le chien le suivait tirant la langue le plus
possible..
Cela faisait penser à certains mariages ab-
surdes dont notre société nous offre parfois
le spectacle.
Aussi, quand approche septembre, je songe
à ma rencontre de la gare Montparnasse; car
Bile m'a donné l'idée d'un livre que je ferai
un jour, (
̃t, Ce que nos chiens pensent de nous. »
PIERRE VÉRON.l
^RIOSIÏÉS DE L'HISTOIRE ET DELA SCIENCE
LA PIERRE DES BAVARDES OU DES MAUVAISES
LANGUES..
Calomniez, calomniez, dit Basile, il en restera
^ujours quelque chose.
L'éditeur de ce célèbre précepte ne croyait pas,
edes, si*bien dire; et il neprévoyait pas que la
alomnie laisserait en certains lieux des., restes
>alpables et visibles, même après des siècles.
A Mulhouse, entre autres, la calomnie .a ligué
l la postérité une pierre, la pierredes mauvaises
angues; cette pierre est encore visible àujour-
rhui;,ellé est suspendue au moyen d'une chaîne
l rune des fenêtres de l'hôtel-de-ville,- qui est
ui-même.un reste rémaj-quable des temps passés.
Les peines e!; les supplices au moyen Age nffec-
'.aient SQ.iucnï cruel et bizarre à. la
lois, Telles éir.ienÇ. les promenades à rebours sur
au Sue,, io pilori tournant, le bonnet vert, la
pierre des mauvaises langues, etc.
• Cette dernière pénalité n'atteignait que les
femmes qui .étaient convaincues d'avoir diffamé
j;. m- io
;•<.̃. ;ai kilogrammes; elle rç-
̃ pr^aeuie <]•) fcir.uie grossiôremeni.
Les fêtes de Lille
Lille, 27 août 1867.'
Il était cinq heures et quelques minutes quand
le cortège impérial s'est mis hier en route, en
sortant de la gare au milieu d'une foule immense
qui se pressait sur tout' le par^qur^, •
Un vent violént.soiilei;ait des. flots 3e poussiè-
re le cortège, précédé et suivi de cent-%ardës et
de dragons, se mit en marche au petit pas la
troupe, deè corporations de mineurs, lampe alln-
mée, formaient, mais .la 'foule rompit, les
chevaux en poussant des acclamations.
Le cortège suiyiï la rue de Paris et s'arrêta à
l'église Saint-Maurice, ou le clergé de la circon-
scription archiépiscopale, ayant, sa tête Mgr
Régnier, archevêque de Cambrai, attendait les
souverains.
Pendant la réception à l'église, l'orage avait é-
claté dans toute sa fureur. Des torrents, d'eau
tombaient du ciel.
En sortant ds l'église, l'Empereur remarqua
que les gens de service avaient relevé les capotes
des calèches et un :dôme de parapluies s'éten-
dait du seuil de l'église à la voiture impériale.
D'un signe, il écarte la foule' et fait découvrir
la voiture.
Leurs Majestés y montent et traversent ainsi,
au pas, la ville, malgré la pluie. s
Ateur -arrivée à l'hôtel de la préfecture, Leurs,
Majestés ont été reçues par M.le; préfet, Mme
Sencier et par les autorités civiles est militaires.
Vers sept heures et demie a eu lieu un grand
dîner de près de cent couverts.
Vers huit Heures, la pluie a cessé de tomber.
Aussitôt les illuminations ont brillé de toutes
parts. La grande place paraissait en flammes la
place, toutes les rues et surtout les avenues [du
théâtre étaient encombrées. On pouvait à peine
avancer,au milieu de la foule compacté qui at-
tendait le passage de Leurs Majestés, se rendant
au théâtre.
La salle était magnifiquement décorée ce n e-
taiént que fleurs, verdure et lumière partout.
La loge impériale occupait le çentre'de la salle
et.était déçorée de tentures en velours rouge et
or semé d'abeilles et rattachées par des aigles
'd'or. t
La salle était éclairée à giorno, et offrait un
coup d'oeil,splendide.
Le parquet, les loges, los galeries, tout était
rempli des femmes les- plus élégantes, des toilet7
tes les plus riches.
'Vers neuf heures et demie, la foule acclamait
l'Empereur et l'Impératrice entrant dai*s la loge
impériale..
L'Impératrice portait une robe blanche et un
magnifique collier de diamants, Sa ,coiffure se
composait d'un diadème de diamants accompagné
d'un voilé diaphane retombant sur les épaules.
Après la Gageure de Jtinon, jouée par les air-
tistes du Théatre-Françâi», on a exécuté lacan-
tatedéMM. Delcruë et Lavainne.
1 leurs Majte&tés ont donné à ptusieiirs reprises
le signal des applaudissements.
La retraite 'aux flambeaux qui a eu lieu égale-
ment hier soir, à neuf heures, avait attiré une
foule immense. C'était un spectacle aussi pittp-
résque, que, mouvementé.
Aujourd'hui a lieu lè grand carrousel militaire
au bénéfice des pauvres, organisé par .les sous-
officiers du h" régiment de dragons. J 4
A onze heuresdu malin,' lès cavaliers qui doi-
vent exécuter le carrousel sont partis de la. place-
de là Nouyelfe-Avémùré et se sont .rendus au
Champ-de-Mars en traversant li ville.
Une brillante course 'aux bagues termine le
Ce soir, grand bal à l'hôtel-de-ville..
Départements@
On te rajjpelle que la catastrophe du chemin
de fer de Saint-Albain a été causé par l'enlève-
ment de quelques rails.qo'on devait,remplacer.
Par suite de l'accident, cinq employés de la li-
gne, savoir: un piqueur, un brigadier poseur,
deux gardes dé Huit et, un^ouvrier auxiliaii.e,sont
renvoyés devant le tribunal correctionnel de Mâ-
cou, sous piévention d'homicides et de blessures
gue. La condamnée devait porter par la ville
cette lourde charge, attachée à une chaîne au-
'tour du cou,; elle était escortée par les gens de
justice, qui sondaient de; la-trompe:,Il est inutile;
d'ajouter qu'ils étaient suivis de .la .fou|e qui
insultait la patienta.
̃ Parfois, la peine était plus sévère la condam-j
néé dévait suivre la procession elle était revêtue
d'une longue chemise et, traversait ainsi tS>ute la
.ville d'une extrémité à l'autre, et finissait par
-s?agenouiHeç à la porte de l'église où s'arrêtait
|là-pToçessign.; .<<:
̃ Si elle ne marchait pas assez rapidement, la
femme qu'elle avait calomniée, et qui la suivait,
avait Le,droit de la piquer avec uvieaiguillcpoUr
la faire avancer, droit dont plus d'une a sans dbu-
te usé pour se venger; •••̃•
La pierre conservée à Mulhouse porte une in-
scription de quatre vers aïleinands, que l'auteur,
dans la notice consacrée à cet objet, traduit aiuai:
Je «uis nommée la pierre des bavardes,
Fort bien connue des mauvaises langues.
Qui cherche les haine* ei les querell*»
Me portera à travers la ville.
Les femmes du moyen âge je ne parle que
de celles-là, ont dû av*\>ir un grand ponoliant
un wau y»rovii l»j cas ot^Ou'ux
iprolottaires. Cette affaire viendra à l'audience
( L'atlvajnistrad'on du chemin de fer est appelée
côtnme civilement responsable des frais delà;
Il ne resté plus à FHô«èl-Dieu de Mâcon que
cinq blessés de Saint- Albain,
Deux exigent encore un traitement de lmgùe
durée. Les trois autres ne tarderont pas 4; entrer
Un effroyable inçendie a dévoré, à Andance
(Ardéche), quatre corps de bâtimèn. s.
Aux premiers cris d'alarme, de prompts se-
cours sont arrives des viUages voisins; malheu-
reusement rien n'a pu être sauvé.
M. Mousset, lîonseijler'niuhicipal, a brisé une»
fenêtre et retiré; des flammes deux des enfants
couverts de brûlures. Il est entré une seconde
fois dans la maison pour sauver le troisième,
mais il ne lui a pas été possible de le trouver.'
M. Mousser a reçu plusieurs blessures. Les deux
enfants^ ont succombe au bout de quelques heu-
res. ̃
On n'a trouvé sur les déblais aucun vestige 'de*
la troisième victime de cet affreux sinistre.
Deux malfaiteurs se sont introduits, le 2A août,
dans une maison isolée, dite Mas du Capitaine,
près. de Montpellier. Il n'y avait à la maison,
qu'une jeune femme.
Les deux voleurs la, renversèrent en la frap-
pant violemment.
Les misérables étonnirerit ses cris avec un
bâillon en continuant à. la meurtrir de coups fu-
rieux,,et. de Tacçàbler de traitements odieux.
Ensuite ils v^èrent tout ce qu'ils plurent em-
,porter bijoux, chaînes, bagues, bouclés, d'oreil-
les,.600 fr. en or, un billet de banque et prirent
la fuite. .•
Les parents, à leur retour, trouvèrent l'infor-
tunée jeune femme, qui est enceinte, gisant pres-
que inanimée et à demi suffoquée par le bâillon.
La justice poursuit l'information avec la plus
grande activité. ̃̃
Il' y a quelques jours, à Arras, au moment où
l'on remettait en liberté la nommée Rumel Go-
rier, qui venait de subir douze jours d'emprison-
nement, le gariliep-chef qui avait quelques soup-
çons, a fait fouiller cette femme, et l'on a trouvé
autour de son corusirois draps de lit qu'elle
avait cousus erisembff en guise de jupons; elle
avait encore glissé dans sa poché la cuiller en fer
qu'on lui avait donnée pour manger sa soupe
pendant sa détention.
Le tribunal correctionnel a condamné cette
hardie voleuse à un an de prison.
La Compagnie des chemins de fer de l'Oaest a
organisé un train de plaisir, à prix réduits, de
Paris au Havre ôt retour.
Lé départ aura tieu' samedi prochain, à 9 h.
•tôm., de la gare de Paris (Saint-Lazare).
Exécution à mort
Lundi a' eu lieu à Tourette-Levens (Alpes-Ma-
ritimes), l'exécution de Marathe Tord6, femme
Cl.érissjfc.côiulaninée la' peiné. de mort pour
crime de parricide.
4 La veille, onze, heures, la femme Clérissy,
enfermée dans la prison de Nice, a été informée
que son pourvoi en grâce étaty rejeté, et qu'elle
devait se préparer à la mort. L'exécution était
fixée au lendemain à six heures, et devait avoir
lieu à Tourelle, sur le lieu du crime.
Les abbés Moriez et Boelli, aumôniers de là
prison, ont communiqué la funeste nouvelle à la
condamnée et lui ont prodigué, leurs consolations
que Marthe a accueillies avec empressement, t
Pendant la nuit, plus de 3,000 personnes s'é-
taient réunies autour de la prison pour assister
au départ, qui était fixé trois heures du matin.
A l'heure indiquée, Marthe est montée, dans un
omnibus, en compagnie des, deux prêtres et de
i trois gendarmes. lluit gendarmes à- cheval for-
mêlent'l'escorte.
Au moment du départ, la condamnée a montré
un grand, courage elle a embrassé la femme du
concierge, qui fondait en larmes elle lui a adres-
sé des paroles de consolation, en lui disant quelle
a revërrait au paradis, car elle avait un profond-
calômmatriceSdevaientsufeir .leur peine en mê-!
me temps a.vec une seule pierre. L'une portait ,1e
collier lourd et infamai>^ depuis la place publique
jusqu'à l'une des portes de là* ville; l'autre por-
tait, attache au dos, un large écriteau indiquant
le nom et le délit des deux bavardes; au retour,
la pierre et l'éeriyeau faisaient un chassé-croisés
On conserve à la mairie de Mulhouse un de'' ces
placards; il est en. papier très fort, d'environ!
30 centimètres de chaque côté, et couvert d'une
écriture en caractères romains assez gros.
La peine de la pierre était en'usage dans toute
l'Allemagne, en Flandre; en Suède, en Norwége
et dans le, Danemark. Elle fut appliquée dès le
treizième siècle. L'instrument du supplice s'ap-
pelait aussi la pierre d'infamie, du vice, le vio-
Jon, le sifflet, etc.
Une légende tonchante s'attache à la disparition
de cette pierre dans 'plusieurs villes. Une femme
avait été accusée par, une autre de l'avoir calom-
niée elle allait ôl.re condamnée, lorsque sa fille,
inspirée par un
que c'était elle qni avait,prononcé les paroles ca-
lomniai rices: cl c du^-subir la peine à la place
de sa niéro. La courageuse jmme lil'lc ne recula
pas devaiit »tiB hon'cc; elle allait terminer la pé-
tour. d'une rue, elLe aperçut son fiancé, qui reve-
nait fout4 même ct'\»ea«coup »l'i«
repentir de ce.qu'elle avait fait. Elle a dit aussii'
adieu toute r
Le voyage de Nice â'Touretté' (13 kilomètres),'
s'est effeetné en deux heures et demie. Durant le
tr-.ijet, la condamnée a fait preuve.de la plus tou--
chante résignation, prodiguant mekne des conso-
latiqns à ceux qui 1 açcompagnaîeni- Le funèbre'
convoi est arrivé i cinq heures et demie: la con-
damnée fut conduite là, elle a dit
adieu à ses enfants avpoint démentie.*
Lorsque le funèbre cortège a débouché sur la-
place de la mairie, ou
pendant la nuit, 'il y avait sur cette placc environ,
cinq mille curieux, que contenaient i g.pand'ppine
cheval et-.des brigades à pied de gendarmerie.
En traversant la foule, Marthe Clérissy n'avait
rien perdu de son sàrigfroid ni de sa contenance'
calme. Elle a reconnu quelques personnes de son'
village, et elle les #saluèes de la main. Couverte,:
d'un voila, noir, en chemise et pieds nus, elle*
s'est acheminée vers l'échafaud sans même a.roir
besoin. d'être soutenue. Après, que l'huissier eut.
donné lecture de l'arrêt, elle s'est tournée versi*:
foule et lui dit:
̃– Faites exemple sur ce qui m'arrive Je de-
mande pardon à Dieu et aux hommes. J'ai pécher
je suis contente de mourir).
Après les derniers préparatifs, elle monté les:
degrés de l'éc' afaud d'un pas ferme Arrivée sur
la plute-form^ elle, a prononcé quelques paroles
qui exprimaient encore le repentir. Puis, s'étant
retournée, elle a poussé un cru guttural. Elle
venait d'apercevoir le couperet.
Quelques instants après, la justice des hommes
avait reçu satisfaction.
La foule s'est retirée vivement impressionnée
par le lugubre spectacle auquel elle ventait d «as-
SOUVENIRS JUDICIAIRE»
COMPLÉMENT
DES MÉMOIRES DE POCLMANIV
Affaire de rétu.d.laaa.t
La Gazette des Tribunaux du 9 décernbrei
-18&3 publiait l'article suivant
«,Un crime accompagné de circonstances!
assez extraordinaires vient de jeter l'effroi
dans le quartier du Temple.
«La veuve Sénépart, âgée de soixante-
quatorze ans, dont le mari était naguère di-
^recteur du théâtre de l'Ambigu, vivait reti-
rée et seule.dans un appartement, boulevard
du Temple, 2A.
» Ce matin, les voisins de H1*6 Sénépart,
qui avalent l'habitude de, la voir et de lui
parler souvent le matin, ne l'ayant pas a-
parçue, conçurent quelques inquiétudes.
» Ils frappèrent à la porte sans obtenir de-
réponse, et bientôt plusieurs" d'entre eux cru-
rent devoir se. rendre chez le commissaire de
police du quartier ¡pour lui faire part do
leurs soupçons. M. le commissaire de police
se transporta immédiatement tur les lieux.
,n Les portes furent enfoncées, et, au mo-
ment où le magistrat et les voisins entraient
dans la chambre ,à coucher, un horrible spec-
tacle s'offrit leurs regards Mme Sénépart
avait cessé de vivre elle était étendue sur le
plancher, ne'portant d'autres traces de vio-
lences que l'empreinte de plusieurs doigts
dessines en ecchymoses profondes autour
ducou
Avis de ce crime fut aussitôt donné à M.
le procureur du- roi, et M. le commissaire de
police procéda aux premières informations.
Peu de temps après, le fils de'Mmo Sénopart
fut prévenu du malheur qui venait de le
frapper, et accourut sur le lieu du crime..
» Une foij^ assez considérable s'était
amassée devant la porte de la maison. D'a-
près. les renseignements donnés par les loca-
tôt qu'elle ne pensait A sa vue, elle resta pétri-
fiée de honte et de saisissement.
Le femme calomniée qui la suivait, en la voyait
s'arrêter, la piqua, suivant son droit,pour ta faire
avancer, mais ce fut en vain. La pauvre fille chan-
cela et tomba pour ne plus se relever. Quand sa
mère apprit ce malheur,' elle s'accusa hautement
d'avoir causé la mort de sa filte^ Depuis ce jour,
la peine de la pierre fut abolie.
Je dois dire que cette poétique légende ne s'ap-
puie sur aucun document. Le savant archiviste de
la ville de Mulhouse a établi irrétutabhement que,
dans cette ville, la peine dolapierre fut appliquée
jusqu'en époque de sa reunion à la Fran-
ce. Il y a même encore des vieillards qui préten-
dent avoir vu et connu la/derniére mauvaise tan-
gue qui encourut cette/ peines et aies entendre,
ce n'était rien moins. qu'une jeune fille ènt'hou-»
siaste et portée aujt<-g|us grands sacrifices.
Quoi qu'il en soit, la pierre des bavardes est
un des restes les plus curieus des bizarreries- fort
souvent inexplicables de la législation et, dee
mœurs d'autrefois,
GEORGES STERNE,
CAUSERIE
C'estpourle 1er septembre.
Et déjà partout les/ fusils sortent "3e l'étui*
les cartouchières se garnissent, les ports d'ar-
ment, prodigue en bouches moyennes et en
Et déjà aussi le- fameux chasseur de la
plaine Saint-Denis (il n'en, reste plus qu'un,
mais il en reste un 1) rêve qu'il tue trpis san-
gliers dans les fossés des fortifications, et
huit lièvres dans l'arrière-boutique d'un
marchand de vins de l'avenue de Saint-
Je, ne demande pas mieux. moi mais, en
Soutes -choses, j'ai.rh;>ii
moment aux'pativres diinus quisont les souf-
fre-douleurs de ces joies -cynégétiques.
Je, me rappellerai toujours certaine pauvre
bête que je rencontrai, il à deux ans, aux
abords dè, la gare Montparnasse (ligne de
Bretagne).
Un superbe chien* de chasse, niais qui a-
vait l'air si piteux, si désolé, si.
Il suivait à la laisse un gros monsieur,
shamarré d'engins de destruction, .rehaussé
i'une' carnassière toute neuve, portant .en
irandouillèxe un Lofaucheux splendide, en-
enfoui jusqu'à mi-cuissë dans des guêtres res-
plendissantes. Nénrod ayant pris du ventre.
Et derrière marchait, la queue basse, ce
beau chien avec une expression, mais une
expression
Jamais je ne vis une pareille éloquence de
regard. Les yeux de l'infortuné animal inter-
pellaient positivement les passants pour leur
un peu, monsieur mon
maître, et dites-moi si je suis à plaindre:,d:être
lié par une corde à un être aussi ridicule
Figurez-vous, gens qui cheminez^ que ce
gros ventru-là n'a jamais attrapé un moi-
neau de sa vie. Mais son bonheur est de tra-
verser Paris tous les'samedis soir en cet ac-
coutrement, à seule fin que le badaud'se re-
tourna et le prenne pour ce qu'il est incapa-
ble d'être..
Et dire qu'il va'falloir que je batte la cam-
pagne pour le compte de ce poussah! 1
Plus souvent 1
si je levais, par malheur,, un vrai lièvre,
dans son saisissement, il serait homme à me
tuer au lieu et place du susdit.
Pas.si sot l
• ,,V( Dès que j'apercevrai par ci une trace de
gibier,, je tournerai presto par là.
• Inutile, n'est^ee pas de déranger ces.a-
nimaux pour rien 1 j
Mais c'est égal Il est dur d'être accouplé
à un tel Prudhomme quand on a de la race
et qu'on maintiendrait en arrêt ses deux dou-
gaines de perdreaux à soi seul!
Le gros monsieur, cependant, allait tou-
jours se carrant et.se rengorgeant.
Le chien le suivait tirant la langue le plus
possible..
Cela faisait penser à certains mariages ab-
surdes dont notre société nous offre parfois
le spectacle.
Aussi, quand approche septembre, je songe
à ma rencontre de la gare Montparnasse; car
Bile m'a donné l'idée d'un livre que je ferai
un jour, (
̃t, Ce que nos chiens pensent de nous. »
PIERRE VÉRON.l
^RIOSIÏÉS DE L'HISTOIRE ET DELA SCIENCE
LA PIERRE DES BAVARDES OU DES MAUVAISES
LANGUES..
Calomniez, calomniez, dit Basile, il en restera
^ujours quelque chose.
L'éditeur de ce célèbre précepte ne croyait pas,
edes, si*bien dire; et il neprévoyait pas que la
alomnie laisserait en certains lieux des., restes
>alpables et visibles, même après des siècles.
A Mulhouse, entre autres, la calomnie .a ligué
l la postérité une pierre, la pierredes mauvaises
angues; cette pierre est encore visible àujour-
rhui;,ellé est suspendue au moyen d'une chaîne
l rune des fenêtres de l'hôtel-de-ville,- qui est
ui-même.un reste rémaj-quable des temps passés.
Les peines e!; les supplices au moyen Age nffec-
'.aient SQ.iucnï cruel et bizarre à. la
lois, Telles éir.ienÇ. les promenades à rebours sur
au Sue,, io pilori tournant, le bonnet vert, la
pierre des mauvaises langues, etc.
• Cette dernière pénalité n'atteignait que les
femmes qui .étaient convaincues d'avoir diffamé
j;. m- io
;•<.̃. ;ai kilogrammes; elle rç-
̃ pr^aeuie <]•) fcir.uie grossiôremeni.
Les fêtes de Lille
Lille, 27 août 1867.'
Il était cinq heures et quelques minutes quand
le cortège impérial s'est mis hier en route, en
sortant de la gare au milieu d'une foule immense
qui se pressait sur tout' le par^qur^, •
Un vent violént.soiilei;ait des. flots 3e poussiè-
re le cortège, précédé et suivi de cent-%ardës et
de dragons, se mit en marche au petit pas la
troupe, deè corporations de mineurs, lampe alln-
mée, formaient, mais .la 'foule rompit, les
chevaux en poussant des acclamations.
Le cortège suiyiï la rue de Paris et s'arrêta à
l'église Saint-Maurice, ou le clergé de la circon-
scription archiépiscopale, ayant, sa tête Mgr
Régnier, archevêque de Cambrai, attendait les
souverains.
Pendant la réception à l'église, l'orage avait é-
claté dans toute sa fureur. Des torrents, d'eau
tombaient du ciel.
En sortant ds l'église, l'Empereur remarqua
que les gens de service avaient relevé les capotes
des calèches et un :dôme de parapluies s'éten-
dait du seuil de l'église à la voiture impériale.
D'un signe, il écarte la foule' et fait découvrir
la voiture.
Leurs Majestés y montent et traversent ainsi,
au pas, la ville, malgré la pluie. s
Ateur -arrivée à l'hôtel de la préfecture, Leurs,
Majestés ont été reçues par M.le; préfet, Mme
Sencier et par les autorités civiles est militaires.
Vers sept heures et demie a eu lieu un grand
dîner de près de cent couverts.
Vers huit Heures, la pluie a cessé de tomber.
Aussitôt les illuminations ont brillé de toutes
parts. La grande place paraissait en flammes la
place, toutes les rues et surtout les avenues [du
théâtre étaient encombrées. On pouvait à peine
avancer,au milieu de la foule compacté qui at-
tendait le passage de Leurs Majestés, se rendant
au théâtre.
La salle était magnifiquement décorée ce n e-
taiént que fleurs, verdure et lumière partout.
La loge impériale occupait le çentre'de la salle
et.était déçorée de tentures en velours rouge et
or semé d'abeilles et rattachées par des aigles
'd'or. t
La salle était éclairée à giorno, et offrait un
coup d'oeil,splendide.
Le parquet, les loges, los galeries, tout était
rempli des femmes les- plus élégantes, des toilet7
tes les plus riches.
'Vers neuf heures et demie, la foule acclamait
l'Empereur et l'Impératrice entrant dai*s la loge
impériale..
L'Impératrice portait une robe blanche et un
magnifique collier de diamants, Sa ,coiffure se
composait d'un diadème de diamants accompagné
d'un voilé diaphane retombant sur les épaules.
Après la Gageure de Jtinon, jouée par les air-
tistes du Théatre-Françâi», on a exécuté lacan-
tatedéMM. Delcruë et Lavainne.
1 leurs Majte&tés ont donné à ptusieiirs reprises
le signal des applaudissements.
La retraite 'aux flambeaux qui a eu lieu égale-
ment hier soir, à neuf heures, avait attiré une
foule immense. C'était un spectacle aussi pittp-
résque, que, mouvementé.
Aujourd'hui a lieu lè grand carrousel militaire
au bénéfice des pauvres, organisé par .les sous-
officiers du h" régiment de dragons. J 4
A onze heuresdu malin,' lès cavaliers qui doi-
vent exécuter le carrousel sont partis de la. place-
de là Nouyelfe-Avémùré et se sont .rendus au
Champ-de-Mars en traversant li ville.
Une brillante course 'aux bagues termine le
Ce soir, grand bal à l'hôtel-de-ville..
Départements@
On te rajjpelle que la catastrophe du chemin
de fer de Saint-Albain a été causé par l'enlève-
ment de quelques rails.qo'on devait,remplacer.
Par suite de l'accident, cinq employés de la li-
gne, savoir: un piqueur, un brigadier poseur,
deux gardes dé Huit et, un^ouvrier auxiliaii.e,sont
renvoyés devant le tribunal correctionnel de Mâ-
cou, sous piévention d'homicides et de blessures
gue. La condamnée devait porter par la ville
cette lourde charge, attachée à une chaîne au-
'tour du cou,; elle était escortée par les gens de
justice, qui sondaient de; la-trompe:,Il est inutile;
d'ajouter qu'ils étaient suivis de .la .fou|e qui
insultait la patienta.
̃ Parfois, la peine était plus sévère la condam-j
néé dévait suivre la procession elle était revêtue
d'une longue chemise et, traversait ainsi tS>ute la
.ville d'une extrémité à l'autre, et finissait par
-s?agenouiHeç à la porte de l'église où s'arrêtait
|là-pToçessign.; .<<:
̃ Si elle ne marchait pas assez rapidement, la
femme qu'elle avait calomniée, et qui la suivait,
avait Le,droit de la piquer avec uvieaiguillcpoUr
la faire avancer, droit dont plus d'une a sans dbu-
te usé pour se venger; •••̃•
La pierre conservée à Mulhouse porte une in-
scription de quatre vers aïleinands, que l'auteur,
dans la notice consacrée à cet objet, traduit aiuai:
Je «uis nommée la pierre des bavardes,
Fort bien connue des mauvaises langues.
Qui cherche les haine* ei les querell*»
Me portera à travers la ville.
Les femmes du moyen âge je ne parle que
de celles-là, ont dû av*\>ir un grand ponoliant
un wau y»rovii l»j cas ot^Ou'ux
iprolottaires. Cette affaire viendra à l'audience
( L'atlvajnistrad'on du chemin de fer est appelée
côtnme civilement responsable des frais delà;
Il ne resté plus à FHô«èl-Dieu de Mâcon que
cinq blessés de Saint- Albain,
Deux exigent encore un traitement de lmgùe
durée. Les trois autres ne tarderont pas 4; entrer
Un effroyable inçendie a dévoré, à Andance
(Ardéche), quatre corps de bâtimèn. s.
Aux premiers cris d'alarme, de prompts se-
cours sont arrives des viUages voisins; malheu-
reusement rien n'a pu être sauvé.
M. Mousset, lîonseijler'niuhicipal, a brisé une»
fenêtre et retiré; des flammes deux des enfants
couverts de brûlures. Il est entré une seconde
fois dans la maison pour sauver le troisième,
mais il ne lui a pas été possible de le trouver.'
M. Mousser a reçu plusieurs blessures. Les deux
enfants^ ont succombe au bout de quelques heu-
res. ̃
On n'a trouvé sur les déblais aucun vestige 'de*
la troisième victime de cet affreux sinistre.
Deux malfaiteurs se sont introduits, le 2A août,
dans une maison isolée, dite Mas du Capitaine,
près. de Montpellier. Il n'y avait à la maison,
qu'une jeune femme.
Les deux voleurs la, renversèrent en la frap-
pant violemment.
Les misérables étonnirerit ses cris avec un
bâillon en continuant à. la meurtrir de coups fu-
rieux,,et. de Tacçàbler de traitements odieux.
Ensuite ils v^èrent tout ce qu'ils plurent em-
,porter bijoux, chaînes, bagues, bouclés, d'oreil-
les,.600 fr. en or, un billet de banque et prirent
la fuite. .•
Les parents, à leur retour, trouvèrent l'infor-
tunée jeune femme, qui est enceinte, gisant pres-
que inanimée et à demi suffoquée par le bâillon.
La justice poursuit l'information avec la plus
grande activité. ̃̃
Il' y a quelques jours, à Arras, au moment où
l'on remettait en liberté la nommée Rumel Go-
rier, qui venait de subir douze jours d'emprison-
nement, le gariliep-chef qui avait quelques soup-
çons, a fait fouiller cette femme, et l'on a trouvé
autour de son corusirois draps de lit qu'elle
avait cousus erisembff en guise de jupons; elle
avait encore glissé dans sa poché la cuiller en fer
qu'on lui avait donnée pour manger sa soupe
pendant sa détention.
Le tribunal correctionnel a condamné cette
hardie voleuse à un an de prison.
La Compagnie des chemins de fer de l'Oaest a
organisé un train de plaisir, à prix réduits, de
Paris au Havre ôt retour.
Lé départ aura tieu' samedi prochain, à 9 h.
•tôm., de la gare de Paris (Saint-Lazare).
Exécution à mort
Lundi a' eu lieu à Tourette-Levens (Alpes-Ma-
ritimes), l'exécution de Marathe Tord6, femme
Cl.érissjfc.côiulaninée la' peiné. de mort pour
crime de parricide.
4 La veille, onze, heures, la femme Clérissy,
enfermée dans la prison de Nice, a été informée
que son pourvoi en grâce étaty rejeté, et qu'elle
devait se préparer à la mort. L'exécution était
fixée au lendemain à six heures, et devait avoir
lieu à Tourelle, sur le lieu du crime.
Les abbés Moriez et Boelli, aumôniers de là
prison, ont communiqué la funeste nouvelle à la
condamnée et lui ont prodigué, leurs consolations
que Marthe a accueillies avec empressement, t
Pendant la nuit, plus de 3,000 personnes s'é-
taient réunies autour de la prison pour assister
au départ, qui était fixé trois heures du matin.
A l'heure indiquée, Marthe est montée, dans un
omnibus, en compagnie des, deux prêtres et de
i trois gendarmes. lluit gendarmes à- cheval for-
mêlent'l'escorte.
Au moment du départ, la condamnée a montré
un grand, courage elle a embrassé la femme du
concierge, qui fondait en larmes elle lui a adres-
sé des paroles de consolation, en lui disant quelle
a revërrait au paradis, car elle avait un profond-
calômmatriceSdevaientsufeir .leur peine en mê-!
me temps a.vec une seule pierre. L'une portait ,1e
collier lourd et infamai>^ depuis la place publique
jusqu'à l'une des portes de là* ville; l'autre por-
tait, attache au dos, un large écriteau indiquant
le nom et le délit des deux bavardes; au retour,
la pierre et l'éeriyeau faisaient un chassé-croisés
On conserve à la mairie de Mulhouse un de'' ces
placards; il est en. papier très fort, d'environ!
30 centimètres de chaque côté, et couvert d'une
écriture en caractères romains assez gros.
La peine de la pierre était en'usage dans toute
l'Allemagne, en Flandre; en Suède, en Norwége
et dans le, Danemark. Elle fut appliquée dès le
treizième siècle. L'instrument du supplice s'ap-
pelait aussi la pierre d'infamie, du vice, le vio-
Jon, le sifflet, etc.
Une légende tonchante s'attache à la disparition
de cette pierre dans 'plusieurs villes. Une femme
avait été accusée par, une autre de l'avoir calom-
niée elle allait ôl.re condamnée, lorsque sa fille,
inspirée par un
que c'était elle qni avait,prononcé les paroles ca-
lomniai rices: cl c du^-subir la peine à la place
de sa niéro. La courageuse jmme lil'lc ne recula
pas devaiit »tiB hon'cc; elle allait terminer la pé-
tour. d'une rue, elLe aperçut son fiancé, qui reve-
nait fout4 même ct'\»ea«coup »l'i«
repentir de ce.qu'elle avait fait. Elle a dit aussii'
adieu toute r
Le voyage de Nice â'Touretté' (13 kilomètres),'
s'est effeetné en deux heures et demie. Durant le
tr-.ijet, la condamnée a fait preuve.de la plus tou--
chante résignation, prodiguant mekne des conso-
latiqns à ceux qui 1 açcompagnaîeni- Le funèbre'
convoi est arrivé i cinq heures et demie: la con-
damnée fut conduite là, elle a dit
adieu à ses enfants avpoint démentie.*
Lorsque le funèbre cortège a débouché sur la-
place de la mairie, ou
pendant la nuit, 'il y avait sur cette placc environ,
cinq mille curieux, que contenaient i g.pand'ppine
cheval et-.des brigades à pied de gendarmerie.
En traversant la foule, Marthe Clérissy n'avait
rien perdu de son sàrigfroid ni de sa contenance'
calme. Elle a reconnu quelques personnes de son'
village, et elle les #saluèes de la main. Couverte,:
d'un voila, noir, en chemise et pieds nus, elle*
s'est acheminée vers l'échafaud sans même a.roir
besoin. d'être soutenue. Après, que l'huissier eut.
donné lecture de l'arrêt, elle s'est tournée versi*:
foule et lui dit:
̃– Faites exemple sur ce qui m'arrive Je de-
mande pardon à Dieu et aux hommes. J'ai pécher
je suis contente de mourir).
Après les derniers préparatifs, elle monté les:
degrés de l'éc' afaud d'un pas ferme Arrivée sur
la plute-form^ elle, a prononcé quelques paroles
qui exprimaient encore le repentir. Puis, s'étant
retournée, elle a poussé un cru guttural. Elle
venait d'apercevoir le couperet.
Quelques instants après, la justice des hommes
avait reçu satisfaction.
La foule s'est retirée vivement impressionnée
par le lugubre spectacle auquel elle ventait d «as-
SOUVENIRS JUDICIAIRE»
COMPLÉMENT
DES MÉMOIRES DE POCLMANIV
Affaire de rétu.d.laaa.t
La Gazette des Tribunaux du 9 décernbrei
-18&3 publiait l'article suivant
«,Un crime accompagné de circonstances!
assez extraordinaires vient de jeter l'effroi
dans le quartier du Temple.
«La veuve Sénépart, âgée de soixante-
quatorze ans, dont le mari était naguère di-
^recteur du théâtre de l'Ambigu, vivait reti-
rée et seule.dans un appartement, boulevard
du Temple, 2A.
» Ce matin, les voisins de H1*6 Sénépart,
qui avalent l'habitude de, la voir et de lui
parler souvent le matin, ne l'ayant pas a-
parçue, conçurent quelques inquiétudes.
» Ils frappèrent à la porte sans obtenir de-
réponse, et bientôt plusieurs" d'entre eux cru-
rent devoir se. rendre chez le commissaire de
police du quartier ¡pour lui faire part do
leurs soupçons. M. le commissaire de police
se transporta immédiatement tur les lieux.
,n Les portes furent enfoncées, et, au mo-
ment où le magistrat et les voisins entraient
dans la chambre ,à coucher, un horrible spec-
tacle s'offrit leurs regards Mme Sénépart
avait cessé de vivre elle était étendue sur le
plancher, ne'portant d'autres traces de vio-
lences que l'empreinte de plusieurs doigts
dessines en ecchymoses profondes autour
ducou
Avis de ce crime fut aussitôt donné à M.
le procureur du- roi, et M. le commissaire de
police procéda aux premières informations.
Peu de temps après, le fils de'Mmo Sénopart
fut prévenu du malheur qui venait de le
frapper, et accourut sur le lieu du crime..
» Une foij^ assez considérable s'était
amassée devant la porte de la maison. D'a-
près. les renseignements donnés par les loca-
tôt qu'elle ne pensait A sa vue, elle resta pétri-
fiée de honte et de saisissement.
Le femme calomniée qui la suivait, en la voyait
s'arrêter, la piqua, suivant son droit,pour ta faire
avancer, mais ce fut en vain. La pauvre fille chan-
cela et tomba pour ne plus se relever. Quand sa
mère apprit ce malheur,' elle s'accusa hautement
d'avoir causé la mort de sa filte^ Depuis ce jour,
la peine de la pierre fut abolie.
Je dois dire que cette poétique légende ne s'ap-
puie sur aucun document. Le savant archiviste de
la ville de Mulhouse a établi irrétutabhement que,
dans cette ville, la peine dolapierre fut appliquée
jusqu'en époque de sa reunion à la Fran-
ce. Il y a même encore des vieillards qui préten-
dent avoir vu et connu la/derniére mauvaise tan-
gue qui encourut cette/ peines et aies entendre,
ce n'était rien moins. qu'une jeune fille ènt'hou-»
siaste et portée aujt<-g|us grands sacrifices.
Quoi qu'il en soit, la pierre des bavardes est
un des restes les plus curieus des bizarreries- fort
souvent inexplicables de la législation et, dee
mœurs d'autrefois,
GEORGES STERNE,
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