Titre : Le Petit Français illustré : journal des écoliers et des écolières
Éditeur : A. Colin et Cie (Paris)
Date d'édition : 1900-03-03
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328364246
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 9441 Nombre total de vues : 9441
Description : 03 mars 1900 03 mars 1900
Description : 1900/03/03 (A12,N14). 1900/03/03 (A12,N14).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Littérature de jeunesse Collection numérique : Littérature de jeunesse
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5838688n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 4-Z-575
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/12/2010
LE PETIT FRANÇAIS ILLUSTRÉ
161
Lie plas haut pha^e cte France.
(PUOTOGRAPIIUÏS DE M. 1IAMOKIC.)
INQ heures du matin.
Nous appa-
reillons de
Vv-'--.. l'Abcrvrach
sous une
5?^^»- aube dou-
a^K[ Iciisc. mal
^^H|~ venue, et qui
^ÊF^ ne se décide
" " pas à net-
loyer le ciel
des bancs de
brume qui
l'encrassent. Le port
sommeille ; ses pe-
tites maisons grises, encapuchonnées d'ardoise
ou de chaume, ont l'air tout engourdies; deux
ou trois se secouent, poussent leurs volets. La
marée, qui «déchalc», emplit l'ombre d'une
grande rumeur sourde.
— Largue loul! cric le patron, un homar-
dier de l'Aber qui a bien voulu nous prendre
à son bord et dont la tête écachée, glabre et
huileuse, une vraie têle de chien de mer, dis-
paraît à moitié sous là visière et les oreillettes
d'un énorme casque de cuir bouilli.
Les amarres lâchées, nous filons sur avirons
avec le courant de dérive. Le but de noire ex-
cursion est; à quelques milles devant nous :
c'esll'île Vierge (Finistère) où l'onconstruitcn
ce moment un phare qui sera le plus haut de
tous les phares de France. Celui qui tenait
jusqu'ici la lêle était le phare de Baril cur-Ga-
levillc avec 71 mètres d'élévation ; le phare
de l'île Vierge le passera de l\ mètres ; il aura
en effet 76 mètres de haut, dont 73 mètres de
maçonnerie et 2 mètres de foyer. Il mesure à
sa base 16 mètres de diamètre. La hauteur
actuelle du phare est do /|5 mètres ; com-
mencé le 28 juillet 1897, on pense qu'il ne
sera pas inauguré avant l'été de 1901.
On peut se rendre à l'île Vierge par Les-
neven et la pointe de Plouguerncau : c'est la
route la plus directe; mais elle est fort acci-
dentée, et l'on n'est point sûr de trouver un
passeur pour traverser le chenal. Le mieux
encore est de pousser sur Brest, de prendre le
petit chemin de 1er de Lannilis, puis de des-
cendre à pied jusqu'à l'Abervrach cl d'embar-
quer, à mon exemple, sur un des nombreux
homardiers qui y ont leur port d'allache.
L'Abervrach est situé sur la petite rivière du
même nom, petite par retendue de son cours,
mais qui, à h ou 5 lieues de son embouchure,
prend brusquement, comme la plupart des ri-
vières bretonnes, l'ampleur et la majesté des
fleuves américains. Le fait est que les plus
gros navires, paquebots compris, pourraient
mouiller à toute heure de marée dans les eaux
de l'Abervrach; seuls, aujourd'hui, les torpil-
leurs s'y ravitaillent. Mais le fort Cézon, qui
défendait l'entrée du port et qui datait de
Vauban, a élé déclassé.
Justement une bordée de la Jeanne-Marie
(c'est le nom de noire homardicr) nous a
conduits presque au pied du donjon; sa masse
lourde et trapue, badigeonnée d'un grand rond
blanc servant d'amer pour les navires venant
du large, nous enveloppe d'une grande ombre
circulaire. La Jeanne-Marie a toujours pour
elle le courant do dérive: avec ce courant et
sur avirons, on va d'habitude en une heure de
l'Abervrach à l'île Vierge. 11 nous faudra un
peu i)lus de temps, cette fois, à cause d'une
brise de « norouet. » qui s'est levée sans dire
gare, mais qui a du moins nettoyé la baie et
dégagé l'horizon. Le patron a fait hisser les
voiles. Des silhouettes d'îles et d'écueils s'es-
tompent sur un ciel léger, opalin, de la même
couleur que la mer; des barques appareillent;
des fumées moulent, aux deux côtés de l'es-
tuaire, et leurs svellcs colonnes grises, brisées
à angle droit par le vent, s'éparpillent jusqu'à
nous en flocons imperceptibles, d'une odeur
acre et puissante.
— Les hommes sont dehors, dit sentencieu-
sementlc patron. Les femmes profilent du beau
temps pour allumer leurs fourneaux.
— Des fourneaux en plein vent! dis-je à
mon tour. El pourquoi faire?
— Mais pour brûler le goémon.
El il m'explique que le pays riverain est
extrêmement pauvre. La culture maraîchère y
aurait pu réussir comme à Roscolf; mais les
débouchés manquaient ; lotit le sol est sous
lande ou blé noir. Une seule industrie : la fa-
brication de la soude. Les goémons coupés au
largo ou rejetés par la tempête sont d'abord
mis en meules et sèches; puis on les incinère
dans des fosses à fond de pierre, où les sels
de polasse mêlés à la cendre forment des sor-
tes de grands pains qui sont vendus aux usi-
nes de l'Abervrach et de Porsal. Ces pains de
soude, lessivés, servent à la fabrication de
l'iode. Malheureusement le prix de l'iode, par
suite do la concurrence chilienne, écossaise,
norvégienne, allemande et même japonaise, a
baissé dans des proportions énormes: de i5o
161
Lie plas haut pha^e cte France.
(PUOTOGRAPIIUÏS DE M. 1IAMOKIC.)
INQ heures du matin.
Nous appa-
reillons de
Vv-'--.. l'Abcrvrach
sous une
5?^^»- aube dou-
a^K[ Iciisc. mal
^^H|~ venue, et qui
^ÊF^ ne se décide
" " pas à net-
loyer le ciel
des bancs de
brume qui
l'encrassent. Le port
sommeille ; ses pe-
tites maisons grises, encapuchonnées d'ardoise
ou de chaume, ont l'air tout engourdies; deux
ou trois se secouent, poussent leurs volets. La
marée, qui «déchalc», emplit l'ombre d'une
grande rumeur sourde.
— Largue loul! cric le patron, un homar-
dier de l'Aber qui a bien voulu nous prendre
à son bord et dont la tête écachée, glabre et
huileuse, une vraie têle de chien de mer, dis-
paraît à moitié sous là visière et les oreillettes
d'un énorme casque de cuir bouilli.
Les amarres lâchées, nous filons sur avirons
avec le courant de dérive. Le but de noire ex-
cursion est; à quelques milles devant nous :
c'esll'île Vierge (Finistère) où l'onconstruitcn
ce moment un phare qui sera le plus haut de
tous les phares de France. Celui qui tenait
jusqu'ici la lêle était le phare de Baril cur-Ga-
levillc avec 71 mètres d'élévation ; le phare
de l'île Vierge le passera de l\ mètres ; il aura
en effet 76 mètres de haut, dont 73 mètres de
maçonnerie et 2 mètres de foyer. Il mesure à
sa base 16 mètres de diamètre. La hauteur
actuelle du phare est do /|5 mètres ; com-
mencé le 28 juillet 1897, on pense qu'il ne
sera pas inauguré avant l'été de 1901.
On peut se rendre à l'île Vierge par Les-
neven et la pointe de Plouguerncau : c'est la
route la plus directe; mais elle est fort acci-
dentée, et l'on n'est point sûr de trouver un
passeur pour traverser le chenal. Le mieux
encore est de pousser sur Brest, de prendre le
petit chemin de 1er de Lannilis, puis de des-
cendre à pied jusqu'à l'Abervrach cl d'embar-
quer, à mon exemple, sur un des nombreux
homardiers qui y ont leur port d'allache.
L'Abervrach est situé sur la petite rivière du
même nom, petite par retendue de son cours,
mais qui, à h ou 5 lieues de son embouchure,
prend brusquement, comme la plupart des ri-
vières bretonnes, l'ampleur et la majesté des
fleuves américains. Le fait est que les plus
gros navires, paquebots compris, pourraient
mouiller à toute heure de marée dans les eaux
de l'Abervrach; seuls, aujourd'hui, les torpil-
leurs s'y ravitaillent. Mais le fort Cézon, qui
défendait l'entrée du port et qui datait de
Vauban, a élé déclassé.
Justement une bordée de la Jeanne-Marie
(c'est le nom de noire homardicr) nous a
conduits presque au pied du donjon; sa masse
lourde et trapue, badigeonnée d'un grand rond
blanc servant d'amer pour les navires venant
du large, nous enveloppe d'une grande ombre
circulaire. La Jeanne-Marie a toujours pour
elle le courant do dérive: avec ce courant et
sur avirons, on va d'habitude en une heure de
l'Abervrach à l'île Vierge. 11 nous faudra un
peu i)lus de temps, cette fois, à cause d'une
brise de « norouet. » qui s'est levée sans dire
gare, mais qui a du moins nettoyé la baie et
dégagé l'horizon. Le patron a fait hisser les
voiles. Des silhouettes d'îles et d'écueils s'es-
tompent sur un ciel léger, opalin, de la même
couleur que la mer; des barques appareillent;
des fumées moulent, aux deux côtés de l'es-
tuaire, et leurs svellcs colonnes grises, brisées
à angle droit par le vent, s'éparpillent jusqu'à
nous en flocons imperceptibles, d'une odeur
acre et puissante.
— Les hommes sont dehors, dit sentencieu-
sementlc patron. Les femmes profilent du beau
temps pour allumer leurs fourneaux.
— Des fourneaux en plein vent! dis-je à
mon tour. El pourquoi faire?
— Mais pour brûler le goémon.
El il m'explique que le pays riverain est
extrêmement pauvre. La culture maraîchère y
aurait pu réussir comme à Roscolf; mais les
débouchés manquaient ; lotit le sol est sous
lande ou blé noir. Une seule industrie : la fa-
brication de la soude. Les goémons coupés au
largo ou rejetés par la tempête sont d'abord
mis en meules et sèches; puis on les incinère
dans des fosses à fond de pierre, où les sels
de polasse mêlés à la cendre forment des sor-
tes de grands pains qui sont vendus aux usi-
nes de l'Abervrach et de Porsal. Ces pains de
soude, lessivés, servent à la fabrication de
l'iode. Malheureusement le prix de l'iode, par
suite do la concurrence chilienne, écossaise,
norvégienne, allemande et même japonaise, a
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