Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 4-Z-575
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/12/2010
LE PETIT FRANÇAIS ILLUSTRÉ
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L'éducation des aveugles.
Dis toutes les infirmités dont peut être vic- time un être humain, la cécité est cer- tainement la plus douloureuse. Un bossu, un boileux, un borgne mènent la même existence que fout le monde. Un homme à qui on a coupé un bras ou une jambe est plus à jjlaindrc, mais encore les membres dont il a été privé peuvent-ils êlre remplacés, dans une
certaine mesure, par des appareils appropriés. Enfin le sourd-muet se dirige à travers la foule des rues sans le secours de personne; il se livre, sans apprentissage spécial, à des tra- vaux, à des exercices, à des jeux, identiques à ceux des gens qui parlent et entendent; il communique avec ceux-ci à l'aide de signes perceptibles à ses yeux, ou bien il se sert de caractères d'écriture ou d'impression, que nous connaissons tous.
Mais les aveugles vivent dans une obscurité absolue et permanente. Leurs sens de l'ouïe et du toucher ont beau êlre développes à un point dont nous ne saurions nous former la moindre idée, jamais ces malheureux n'ont rien su, jamais ils ne sauront rien des formes, des proportions et des distances, des objets qui ne rendent aucun son et que leurs doigts ne peuvent palper. El même pour les choses
que ces doigts connaissent le mieux, ils igno- reront toujours ce que c'est que la couleur.
Songez que pour un aveugle, si intelligent et si instruit qu'il soit, le ciel, les nuages, les paysages, les perspectives n'existent pas. Pro- menez-! e dans des montagnes sublimes ou au bord do l'Océan, ii ne constatera qu'un détail, c'est que l'air est plus vif. Le soleil, il n'en
observe que la chaleur. Ses parents et amis, il n'en a appris que la voix.
Quelle gratitude, quelle vénération ne doit- on donc pas avoir pour les hommes qui ont travaillé à améliorer le sort affreux de ces infirmes, les jrtus déshérités de nos sem- blables !
Ces grands bienfaiteurs ne sont pas nom- breux, hélas ! Mais cela ne fient pas à ce que les bons coeurs soient rares, ni à ce que les moyens moraux et matériels leur manquent pour réaliser leurs projets. Si l'on s'est peu occupé d'améliorer l'existence des aveugles, c'est qu'en général, on ne savaîtpas, vraiment, comment s'y prendre : le problème à résoudre était si difficile! Et voilà un motif de plus pour admirer quiconque est parvenu à celle solution.
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