Titre : Procès-verbaux / Commission municipale du Vieux Paris
Auteur : Paris. Commission du Vieux Paris. Auteur du texte
Éditeur : Imprimerie municipale (Paris)
Date d'édition : 1921-02-26
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34437664t
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 12289 Nombre total de vues : 12289
Description : 26 février 1921 26 février 1921
Description : 1921/02/26 (N2). 1921/02/26 (N2).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : BvdPrs001 Appartient à l’ensemble documentaire : BvdPrs001
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5820369h
Source : Ville de Paris / Bibliothèque historique, BHVP, 2009-22757
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/12/2010
— 49
en 1790, hospice d'incurables en 1802, enfin
hôpital militaire sous Napoléon III, il a été
fortement' remanié.
Néanmoins, abstraction faite de telle ou
telle de ces transformations, certaines de ces
constructions, et grâce surtout à la liaison
des beaux arbres qui les accompagnent, peu-
vent donner d'intéressantes mises en.page.
Le projet d'agrandissement de la gare de
l'Est menace cet édifice d'une disparition
totale.
Le xvne siècle, et une partie du suivant
dont l'architecture, que nous pourrions dé-
nommer somptuaire, essaima dans Paris de
si multiples et remarquables morceaux, ne
s'appliquait guère à réaliser, pour la commu-
nauté urbaine, ces problèmes utilitaires que,
même le-Moyen âge, dans ses halles, avait
quelques fois solutionnés avec maîtrise.
L'Hôtel des Douanes de la rue de l'Entre
pôt, construit par Grillon en 1833, aurait
fortement étonné les contemporains de
Louis XIV, plus peut-être que ceux de Pierre
de Montereau. Accusant franchement en
façade ses dispositions intérieures, il est de
plus remarquable par la légèreté d'une de ses
charpentes en bois, charpentes dont peu
d'exemplaires typiques nous sont restés.
Rue d'Hauteville, n° 26, on peut voir les
anciennes façades sur jardin d'un de ces
petits hôtels, aujourd'hui centenaires, mais
privés d'un étage, du fait de l'accolement de
nouveaux bâtiments. Dans l'intérieur, dans
un décor de style empire,. sont ingénieuse-
ment disposés « à la demande », des frises
d'après l'antique.
Nous avons photographié aussi la façade
que l'architecte Constant-Dufeux construisit,
de-1865 à 1867, pour mettre à l'alignement,
si cher aux idées d'Haussmann, la vieille
église Saint-Laurent, en simili du xve siècle,
faute que ne commit pas le xvme siècle pour
la chapelle de la vierge.
Voici, de la fin du xvme siècle, au n 60 de
la rue du Faubourg Poissonnière une façade
qui gagnerait à n'avoir que son rez-de-chaussée '
et son entresol.
Au n° 6 2, une belle porte cochère un peu
plus récente.
Au 7i° 30, un très vaste hôtel, qui serait
celui du Maréchal Ney, se signale par une
ordonnance très ample, une décoration peu
expliquée.
Dans la façade conservée intacte du n° 55
de la rue des Vinaigriers, nous marquerons,
au début du xrxe siècle, la mode illogique, qui
se perpétue encore de nos jours, mais tend à
disparaître, d'isoler les boutiques du reste de
la construction, en les traitant comme des
pièces de mobilier.
Cette façade est néanmoins intéressante en
ce qu'elle n'a pas été modifiée, même dans ses
boutiques depuis un siècle.
On pourrait expliquer, par le besoin d'éco-
nomiser des surfaces, l'abandon des immenses
cages d'escaliers, prépondérantes encore au
xvme siècle, même pour les simples maisons
de rapport, comme celles du couvent Saint-
Lazare, au nos 103 et 105 de la rue du Fau-
bourg-Saint-Denis, et que l'augmentation de
la densité de la population, celle de la cherté
des terrains, réduisit aux proportions que
nous leur connaissons aujourd'hui dans les
constructions de ce genre. Elle eut pour con-
séquence la disparition des belles rampes de
fer forgé qui ne trouvaient plus le cadre mo-
numental propice à leur développement.
L'usage de la fonte, d'un prix plus modique,
contribua aussi à cette disparition.
La gare de l'Est, que l'architecte- Duques-
nay et l'ingénier Sermet, érigèrent de concert
de 1847 à 1850, indique bien, par la disposi-
tion générale de sa façade, les services qu'on
attend d'elle. Le hall, au centre, les services
de chaque côté, reliés en avant par la salle
des pas-perdus et le portique, correspondent
exactement au programme de l'époque. On a
fait, depuis, plus grand; on a guère fait-
mieux.
Du boulevard de Strasbourg, ouvert en
1852, et qui continua la grande artère créée
sous le second empire, pour réunir la rive
droite à la rive gauche, nous ne pouvons
détacher aucune façade de grand intérêt, dans
la succession de ces maisons où le style néo-
grec mit sa sécheresse, comme au passage
Brady, triste, insalubre et sans autre pitto-
resque que les nombreux étalages de mar-
chandes à la toilette, de costumiers pour
cafés concerts, fréquents dans le voisinage,
et qui placent dans ces passages encore trop
abondants en cet endroit, derrière les glaces
des vitrines poussiéreuses, l'éclat de leurs
paillettes.
En contraste avec ces misérables aspects
voici au 58 de la rue du Faubourg-Poisson-
nière, la cour d'honneur d'une ancienne
demeure où la tradition, peut-être la légende,
a fait habiter le Maréchal Lefebvre. Un appar-
tement de l'immeuble garde encore quelques
délicates décorations de style empire, entre
en 1790, hospice d'incurables en 1802, enfin
hôpital militaire sous Napoléon III, il a été
fortement' remanié.
Néanmoins, abstraction faite de telle ou
telle de ces transformations, certaines de ces
constructions, et grâce surtout à la liaison
des beaux arbres qui les accompagnent, peu-
vent donner d'intéressantes mises en.page.
Le projet d'agrandissement de la gare de
l'Est menace cet édifice d'une disparition
totale.
Le xvne siècle, et une partie du suivant
dont l'architecture, que nous pourrions dé-
nommer somptuaire, essaima dans Paris de
si multiples et remarquables morceaux, ne
s'appliquait guère à réaliser, pour la commu-
nauté urbaine, ces problèmes utilitaires que,
même le-Moyen âge, dans ses halles, avait
quelques fois solutionnés avec maîtrise.
L'Hôtel des Douanes de la rue de l'Entre
pôt, construit par Grillon en 1833, aurait
fortement étonné les contemporains de
Louis XIV, plus peut-être que ceux de Pierre
de Montereau. Accusant franchement en
façade ses dispositions intérieures, il est de
plus remarquable par la légèreté d'une de ses
charpentes en bois, charpentes dont peu
d'exemplaires typiques nous sont restés.
Rue d'Hauteville, n° 26, on peut voir les
anciennes façades sur jardin d'un de ces
petits hôtels, aujourd'hui centenaires, mais
privés d'un étage, du fait de l'accolement de
nouveaux bâtiments. Dans l'intérieur, dans
un décor de style empire,. sont ingénieuse-
ment disposés « à la demande », des frises
d'après l'antique.
Nous avons photographié aussi la façade
que l'architecte Constant-Dufeux construisit,
de-1865 à 1867, pour mettre à l'alignement,
si cher aux idées d'Haussmann, la vieille
église Saint-Laurent, en simili du xve siècle,
faute que ne commit pas le xvme siècle pour
la chapelle de la vierge.
Voici, de la fin du xvme siècle, au n 60 de
la rue du Faubourg Poissonnière une façade
qui gagnerait à n'avoir que son rez-de-chaussée '
et son entresol.
Au n° 6 2, une belle porte cochère un peu
plus récente.
Au 7i° 30, un très vaste hôtel, qui serait
celui du Maréchal Ney, se signale par une
ordonnance très ample, une décoration peu
expliquée.
Dans la façade conservée intacte du n° 55
de la rue des Vinaigriers, nous marquerons,
au début du xrxe siècle, la mode illogique, qui
se perpétue encore de nos jours, mais tend à
disparaître, d'isoler les boutiques du reste de
la construction, en les traitant comme des
pièces de mobilier.
Cette façade est néanmoins intéressante en
ce qu'elle n'a pas été modifiée, même dans ses
boutiques depuis un siècle.
On pourrait expliquer, par le besoin d'éco-
nomiser des surfaces, l'abandon des immenses
cages d'escaliers, prépondérantes encore au
xvme siècle, même pour les simples maisons
de rapport, comme celles du couvent Saint-
Lazare, au nos 103 et 105 de la rue du Fau-
bourg-Saint-Denis, et que l'augmentation de
la densité de la population, celle de la cherté
des terrains, réduisit aux proportions que
nous leur connaissons aujourd'hui dans les
constructions de ce genre. Elle eut pour con-
séquence la disparition des belles rampes de
fer forgé qui ne trouvaient plus le cadre mo-
numental propice à leur développement.
L'usage de la fonte, d'un prix plus modique,
contribua aussi à cette disparition.
La gare de l'Est, que l'architecte- Duques-
nay et l'ingénier Sermet, érigèrent de concert
de 1847 à 1850, indique bien, par la disposi-
tion générale de sa façade, les services qu'on
attend d'elle. Le hall, au centre, les services
de chaque côté, reliés en avant par la salle
des pas-perdus et le portique, correspondent
exactement au programme de l'époque. On a
fait, depuis, plus grand; on a guère fait-
mieux.
Du boulevard de Strasbourg, ouvert en
1852, et qui continua la grande artère créée
sous le second empire, pour réunir la rive
droite à la rive gauche, nous ne pouvons
détacher aucune façade de grand intérêt, dans
la succession de ces maisons où le style néo-
grec mit sa sécheresse, comme au passage
Brady, triste, insalubre et sans autre pitto-
resque que les nombreux étalages de mar-
chandes à la toilette, de costumiers pour
cafés concerts, fréquents dans le voisinage,
et qui placent dans ces passages encore trop
abondants en cet endroit, derrière les glaces
des vitrines poussiéreuses, l'éclat de leurs
paillettes.
En contraste avec ces misérables aspects
voici au 58 de la rue du Faubourg-Poisson-
nière, la cour d'honneur d'une ancienne
demeure où la tradition, peut-être la légende,
a fait habiter le Maréchal Lefebvre. Un appar-
tement de l'immeuble garde encore quelques
délicates décorations de style empire, entre
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