Titre : Les Annales politiques et littéraires : revue populaire paraissant le dimanche / dir. Adolphe Brisson
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1910-09-25
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34429261z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 42932 Nombre total de vues : 42932
Description : 25 septembre 1910 25 septembre 1910
Description : 1910/09/25 (A28,T55,N1422). 1910/09/25 (A28,T55,N1422).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5725565v
Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2009-34518
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 01/12/2010
LES ANNALES.
N° 1422
ton portant des dessins « en trompe-l'oeil »,
représentant une boule, un arbre, une fleur.
Un chiffre, etc... L'animal en expérience sa-
vait, à la suite de nombreux essais, qu'une
noisette devait être placée dans la case re-
couverte par le carton qui représentait un
objet, une fleur ou un chiffre, que son gar-
dien lui désignerait d'une certaine façon.
Pour cela, on lui montrait simplement l'objet
réel ou un chiffre peint sur un tableau; or,
il allait aussitôt à la cavité ainsi désignée
d'une façon indirecte; et il ne pouvait le
faire que parce qu'il reconnaissait, dans les
dessins, la forme de leurs modèles.
En dehors de la question des manifesta-
tions artistiques, nos expériences sur les Pri-
mates ont été très nombreuses. Nous avons
essayé de mesurer la puissance sensorielle
chez plusieurs espèces, au moyen d'actes-
signaux, obtenus par des procédés de zoo-
pédie; nous avons cherché à étudier la for-
mation des associations d'impressions et,
enfin, les rouages de l'intelligence.
Nous souhaitons que ces travaux intéres-
sent le public autant qu'ils nous ont intéressé
nous-même : nous serions, le cas échéant,
largement récompensé de nos efforts.
P. HACHET-SOUPLET,
directeur de l'Institut de Psychologie Zoologique.
PAGES OUBLIÉES
Louise Colet
Pour faire connaître, à propos de son centenaire,
Louise Colet à nos lecteurs, nous détachons quelques
pages de ta délicieuse et récente conférence de M. le
marquis de Ségur. Voici comment il juge cette origi-
nale femme de lettres :
UNE MUSE
Dans la pléiade des femmes auteurs qui,
stimulées, dit-on, par la réputation de George
Sand, fleurirent en France sous Louis-Phi-
lippe et le second Empire, l'une d'elles, à
son essor, dépassa toutes ses soeurs, non en
talent, mais (en notoriété. Elle n'exagérera que
de peu, quand, arrivée au seuil de la vieil-
lesse, elle évoquera son passé en ces termes:
« Aucune des grandes voix du siècle ne
m'a manqué. Chateaubriand et Béranger m'ont
dit les premiers :
» — Vous êtes poète.
» Lamartine n'a pas dédaigné mes chants
de jeune fille; Balzac et Humboldt m'ont
applaudie un soir ; Vigny, Alexandre Dumas,
Deschamps et Alfred de Musset m'ont serré
la main comme celle d'une soeur; Victor
Hugo, de la terre d'exil, me répète sans
cesse :
» — Persévérez.
» Fières consolations, qui m'ont empêchée
de mourir! »
A ces témoignages, il faut ajouter ceux, plus
rares, et, par suite, plus flatteurs, de Flau-
bert et de Louis Bouilhet. L'Académie fran-
çaise consacrait ces jugements, en décernant
à Louise Colet, dans quatre concours succes-
sifs, le prix de poésie. Sans doute dirait-on,
aujourd'hui, qu'elle détient le « record » des
récompenses académiques.
C'est cette même femme dont, une ving-
taine d'années plus tard, Barbey d'Aurevilly
écrit : « Ce n'est pas un bas bleu, c'est le
bas bleu lui-même; elle s'élève jusqu'à l'abs-
traction », et qu'il qualifie cruellement de pro-
duit monstrueux de Trissotin et d'une Gor-
gone. Encore quelques années, l'invective
fait place au silence, ce silence écrasant qu'elle
craignait plus que tout' au monde, auquel
elle eût cent fois préféré les outrages. Main-
tenant, à peine quelques lettrés se rappellent-
ils son nom; personne ne lit plus ses écrits.
Ainsi que d'autres romantiques, et non des
moins illustres, Louise Colet se composa,
plus tard, une généalogie brillante. Descen-
dante d'une « famille de preux », née dans
un « palais provençal », que lui rappelaient
les plus somptueuses demeures des patriciens
de Gênes, minée par un procès qui l'a réduite
à vivre de sa lyre, ainsi décrit-elle son en-
fance. En fait, elle était née à Aix, le 15
septembre 1810, la septième fille d'un di-
recteur des postes, Antoine Révoil, dont la
femme, il est vrai, avait quelques prétentions
nobiliaires. C'est dans la famille de celle-ci,
au château de Servannes, que se passa une
grande partie de son adolescence. Elle semble
avoir reçu une bonne culture, avoir étudié
sérieusement l'histoire et la littérature fran-
çaises, et appris assez de latin pour lire cou-
ramment les classiques. Le pays même où
elle vivait, semé à chaque pas des souvenirs
de la domination romaine, exalta de bonne
heure son imagination, imprégna son cerveau
des visions de l'antiquité. Il faut l'entendre
raconter ses impressions d'enfance sur le
théâtre d'Arles ou les arènes de Nîmes :
« Que de fois je me suis assise sur les
gradins de tette belle ruine, tandis qu'un soleil
couchant, aussi splendide que le soleil qui
éclaira les grands jours d'Athènes ou de
Rome, projetait ses teintes pourpres sur le
fronton brisé du monument. Là, s'animaient
pour moi les scènes de ce monde de l'At-
tique... »
Je vous fais grâce du reste. Certain jour,
lisant, dans Plutarque, comment la comédie
des Nuées avait pu contribuer à la mort de
Socrate, elle maudissait Aristophane, le trai-
tait d' « assassin » et le vouait aux dieux
infernaux.
Inutile d'ajouter qu'elle exprimait déjà ces
sentiments en vers. Elle rimait dès l'âge de
dix ans; à quinze, ses manuscrits eussent
composé un fort volume. Ces pièces ne sont
pas venues jusqu'à nous; il est permis de
se consoler de cette perte. Selon toute appa-
rence, ce n'était guère pire ni meilleur que
ce qu'elle a publié plus tard. En littérature,
comme en tout, elle avait du tempérament,
mais elle ne fut jamais artiste. C'est ce que
son ami Bouilhet insinuera sous cette forme.
polie :
« Vous avez la facilité méridionale; vous
écrivez aussi vite que vous pensez. Cela est
merveilleux; mais cette improvisation, si elle
fait jaillir, çà, et là, des vers sublimes, ne
constitue que rarement un ensemble irrépro-
chable. »
Et c'est ce que Barbey d'Aurevilly recon-
naît, à son tour, en termes moins aimables :
« Elle avait reçu dans l'esprit cette espèce
de coup de tampon que donnent le ciel et
la mer du Midi aux imaginations même vul-
gaires. Elle avait ce que j'appellerai la poésie
marseillaise. »
Le meilleur atout de son jeu, fût-ce est
littérature, était son incontestable beauté. Dans
son roman (de Lui, où elle se met eu scène,
elle se dépeint ainsi, sans modestie, mais
avec ressemblance :
« La taille svelte, le cou d'un blanc de
marbre, une belle tête expressive couronnée
d'une abondante chevelure d'un blond doré,
des bras d'un modelé parfait et d'une blan-
cheur éblouissante. »
Ces bras dont elle disait, un jour :
— Vous savez qu'on a retrouvé les bras
de la Vénus de Milo ?
— Où donc?
— Dans les blanches; de ma robe.
Ce témoignage est confirmé par tous ceux
qui l'ont approchée, depuis Musset, qui ad-
mire « ses yeux d'antilope », depuis Ban-
ville, qui compare les richesses de son corps
superbe à un « Rubens ivre de rose », jus-
qu'à Cousin, qui, ayant à décrire la duchesse
de Longueville, prend Louise, Colet pour mo-
dèle, et nous représente sous ses traits l'hé-
roïne de la Fronde. Sans doute, avec le temps,
elle s'alourdit un peu; Diane se transforma
en Junon. Elle garda longtemps, néanmoins,
le galbe sculptural, le front altier, la bouche
exquise, les yeux veloutés, qui affolèrent tant
de grands hommes et leur firent croire à son
génie.
C'est à quinze ans, sur le pont qui relie]
Tarascon à Beaucaire, que Mlle Révoil fit sa
première conquête.. Elle a, dans un poème,
célébré cette rencontre :
... C'est là que m'apparut un jour,
Debout, près de la première arche,
Un jeune homme triste et pensif.
Incertaine était sa démarche.
Son front pâle, son regard vif.
Les cheveux de sa tête frêle
Se hérissaient sous le mistral ;
Flottant autour de son corps grêle,
Son pauvre habit l'habillait mal.
Ce soupirant n'était pas un haut person-
nage : un petit greffier de province, sans for-
tune et fort laid. Coquette et attisant sa;
flamme, elle fit languir sept ans le pauvre
hère. « Il portait mes couleurs », dit-elle,
c'est-à-dire des cravates « du bleu de ciel
ie plus tendre ». D'après le même récit, il
mourut de chagrin, quand elle quitta le séjour
de Provence. Il lui léguait, par testament :
Deux orangers de Gênes,
Dignes de la serre d'un roi,
Que, durant ses longs jours de peines,
Il avait cultivés pour moi.
Plus tard, au fort de sa vie orageuse, en
évoquant cet épisode :
— Qui sait, soupirait-elle, si ce n'aurait
pas été le bonheur?
Mais, au fond, elle n'en croyait rien, se
sentant faite, selon son expression, non
pour les « eaux stagnantes », mais pour les
« grandes mers tourmentées ».
Marquis de SÉGUR,
de l'Académie française.
Donnons, d'autre part, ce joli portrait buriné par
Théodore de Banville:
PENSEROSA
COMME l'époque, ou nous naissons
nous joue, parfois, de' singuliers;
tours ! Mme Louise Colet, poète;
d'un grand jet vrai talent, a bal-
butié ses premiers essais clans un temps
de névrose romantique où il fallait être
pâle, fatal, poitrinaire et lis penché, sous
peine de mort. Aussi fut-elle tout cela,
comme l'exigeaient impérieusement la
mode et les convenances ; mais quels dé-
mentis cruels donnaient à ce parti pris né-
cessaire son beau front droit, ses grands
yeux plus éveillés que les cloches de ma-
tines, son petit nez retroussé comme ceux
qui changent les lois d'un empire, et l'arc
de sa jolie bouche, et son menton rose,
et ces énormes boucles de cheveux clairs,
N° 1422
ton portant des dessins « en trompe-l'oeil »,
représentant une boule, un arbre, une fleur.
Un chiffre, etc... L'animal en expérience sa-
vait, à la suite de nombreux essais, qu'une
noisette devait être placée dans la case re-
couverte par le carton qui représentait un
objet, une fleur ou un chiffre, que son gar-
dien lui désignerait d'une certaine façon.
Pour cela, on lui montrait simplement l'objet
réel ou un chiffre peint sur un tableau; or,
il allait aussitôt à la cavité ainsi désignée
d'une façon indirecte; et il ne pouvait le
faire que parce qu'il reconnaissait, dans les
dessins, la forme de leurs modèles.
En dehors de la question des manifesta-
tions artistiques, nos expériences sur les Pri-
mates ont été très nombreuses. Nous avons
essayé de mesurer la puissance sensorielle
chez plusieurs espèces, au moyen d'actes-
signaux, obtenus par des procédés de zoo-
pédie; nous avons cherché à étudier la for-
mation des associations d'impressions et,
enfin, les rouages de l'intelligence.
Nous souhaitons que ces travaux intéres-
sent le public autant qu'ils nous ont intéressé
nous-même : nous serions, le cas échéant,
largement récompensé de nos efforts.
P. HACHET-SOUPLET,
directeur de l'Institut de Psychologie Zoologique.
PAGES OUBLIÉES
Louise Colet
Pour faire connaître, à propos de son centenaire,
Louise Colet à nos lecteurs, nous détachons quelques
pages de ta délicieuse et récente conférence de M. le
marquis de Ségur. Voici comment il juge cette origi-
nale femme de lettres :
UNE MUSE
Dans la pléiade des femmes auteurs qui,
stimulées, dit-on, par la réputation de George
Sand, fleurirent en France sous Louis-Phi-
lippe et le second Empire, l'une d'elles, à
son essor, dépassa toutes ses soeurs, non en
talent, mais (en notoriété. Elle n'exagérera que
de peu, quand, arrivée au seuil de la vieil-
lesse, elle évoquera son passé en ces termes:
« Aucune des grandes voix du siècle ne
m'a manqué. Chateaubriand et Béranger m'ont
dit les premiers :
» — Vous êtes poète.
» Lamartine n'a pas dédaigné mes chants
de jeune fille; Balzac et Humboldt m'ont
applaudie un soir ; Vigny, Alexandre Dumas,
Deschamps et Alfred de Musset m'ont serré
la main comme celle d'une soeur; Victor
Hugo, de la terre d'exil, me répète sans
cesse :
» — Persévérez.
» Fières consolations, qui m'ont empêchée
de mourir! »
A ces témoignages, il faut ajouter ceux, plus
rares, et, par suite, plus flatteurs, de Flau-
bert et de Louis Bouilhet. L'Académie fran-
çaise consacrait ces jugements, en décernant
à Louise Colet, dans quatre concours succes-
sifs, le prix de poésie. Sans doute dirait-on,
aujourd'hui, qu'elle détient le « record » des
récompenses académiques.
C'est cette même femme dont, une ving-
taine d'années plus tard, Barbey d'Aurevilly
écrit : « Ce n'est pas un bas bleu, c'est le
bas bleu lui-même; elle s'élève jusqu'à l'abs-
traction », et qu'il qualifie cruellement de pro-
duit monstrueux de Trissotin et d'une Gor-
gone. Encore quelques années, l'invective
fait place au silence, ce silence écrasant qu'elle
craignait plus que tout' au monde, auquel
elle eût cent fois préféré les outrages. Main-
tenant, à peine quelques lettrés se rappellent-
ils son nom; personne ne lit plus ses écrits.
Ainsi que d'autres romantiques, et non des
moins illustres, Louise Colet se composa,
plus tard, une généalogie brillante. Descen-
dante d'une « famille de preux », née dans
un « palais provençal », que lui rappelaient
les plus somptueuses demeures des patriciens
de Gênes, minée par un procès qui l'a réduite
à vivre de sa lyre, ainsi décrit-elle son en-
fance. En fait, elle était née à Aix, le 15
septembre 1810, la septième fille d'un di-
recteur des postes, Antoine Révoil, dont la
femme, il est vrai, avait quelques prétentions
nobiliaires. C'est dans la famille de celle-ci,
au château de Servannes, que se passa une
grande partie de son adolescence. Elle semble
avoir reçu une bonne culture, avoir étudié
sérieusement l'histoire et la littérature fran-
çaises, et appris assez de latin pour lire cou-
ramment les classiques. Le pays même où
elle vivait, semé à chaque pas des souvenirs
de la domination romaine, exalta de bonne
heure son imagination, imprégna son cerveau
des visions de l'antiquité. Il faut l'entendre
raconter ses impressions d'enfance sur le
théâtre d'Arles ou les arènes de Nîmes :
« Que de fois je me suis assise sur les
gradins de tette belle ruine, tandis qu'un soleil
couchant, aussi splendide que le soleil qui
éclaira les grands jours d'Athènes ou de
Rome, projetait ses teintes pourpres sur le
fronton brisé du monument. Là, s'animaient
pour moi les scènes de ce monde de l'At-
tique... »
Je vous fais grâce du reste. Certain jour,
lisant, dans Plutarque, comment la comédie
des Nuées avait pu contribuer à la mort de
Socrate, elle maudissait Aristophane, le trai-
tait d' « assassin » et le vouait aux dieux
infernaux.
Inutile d'ajouter qu'elle exprimait déjà ces
sentiments en vers. Elle rimait dès l'âge de
dix ans; à quinze, ses manuscrits eussent
composé un fort volume. Ces pièces ne sont
pas venues jusqu'à nous; il est permis de
se consoler de cette perte. Selon toute appa-
rence, ce n'était guère pire ni meilleur que
ce qu'elle a publié plus tard. En littérature,
comme en tout, elle avait du tempérament,
mais elle ne fut jamais artiste. C'est ce que
son ami Bouilhet insinuera sous cette forme.
polie :
« Vous avez la facilité méridionale; vous
écrivez aussi vite que vous pensez. Cela est
merveilleux; mais cette improvisation, si elle
fait jaillir, çà, et là, des vers sublimes, ne
constitue que rarement un ensemble irrépro-
chable. »
Et c'est ce que Barbey d'Aurevilly recon-
naît, à son tour, en termes moins aimables :
« Elle avait reçu dans l'esprit cette espèce
de coup de tampon que donnent le ciel et
la mer du Midi aux imaginations même vul-
gaires. Elle avait ce que j'appellerai la poésie
marseillaise. »
Le meilleur atout de son jeu, fût-ce est
littérature, était son incontestable beauté. Dans
son roman (de Lui, où elle se met eu scène,
elle se dépeint ainsi, sans modestie, mais
avec ressemblance :
« La taille svelte, le cou d'un blanc de
marbre, une belle tête expressive couronnée
d'une abondante chevelure d'un blond doré,
des bras d'un modelé parfait et d'une blan-
cheur éblouissante. »
Ces bras dont elle disait, un jour :
— Vous savez qu'on a retrouvé les bras
de la Vénus de Milo ?
— Où donc?
— Dans les blanches; de ma robe.
Ce témoignage est confirmé par tous ceux
qui l'ont approchée, depuis Musset, qui ad-
mire « ses yeux d'antilope », depuis Ban-
ville, qui compare les richesses de son corps
superbe à un « Rubens ivre de rose », jus-
qu'à Cousin, qui, ayant à décrire la duchesse
de Longueville, prend Louise, Colet pour mo-
dèle, et nous représente sous ses traits l'hé-
roïne de la Fronde. Sans doute, avec le temps,
elle s'alourdit un peu; Diane se transforma
en Junon. Elle garda longtemps, néanmoins,
le galbe sculptural, le front altier, la bouche
exquise, les yeux veloutés, qui affolèrent tant
de grands hommes et leur firent croire à son
génie.
C'est à quinze ans, sur le pont qui relie]
Tarascon à Beaucaire, que Mlle Révoil fit sa
première conquête.. Elle a, dans un poème,
célébré cette rencontre :
... C'est là que m'apparut un jour,
Debout, près de la première arche,
Un jeune homme triste et pensif.
Incertaine était sa démarche.
Son front pâle, son regard vif.
Les cheveux de sa tête frêle
Se hérissaient sous le mistral ;
Flottant autour de son corps grêle,
Son pauvre habit l'habillait mal.
Ce soupirant n'était pas un haut person-
nage : un petit greffier de province, sans for-
tune et fort laid. Coquette et attisant sa;
flamme, elle fit languir sept ans le pauvre
hère. « Il portait mes couleurs », dit-elle,
c'est-à-dire des cravates « du bleu de ciel
ie plus tendre ». D'après le même récit, il
mourut de chagrin, quand elle quitta le séjour
de Provence. Il lui léguait, par testament :
Deux orangers de Gênes,
Dignes de la serre d'un roi,
Que, durant ses longs jours de peines,
Il avait cultivés pour moi.
Plus tard, au fort de sa vie orageuse, en
évoquant cet épisode :
— Qui sait, soupirait-elle, si ce n'aurait
pas été le bonheur?
Mais, au fond, elle n'en croyait rien, se
sentant faite, selon son expression, non
pour les « eaux stagnantes », mais pour les
« grandes mers tourmentées ».
Marquis de SÉGUR,
de l'Académie française.
Donnons, d'autre part, ce joli portrait buriné par
Théodore de Banville:
PENSEROSA
COMME l'époque, ou nous naissons
nous joue, parfois, de' singuliers;
tours ! Mme Louise Colet, poète;
d'un grand jet vrai talent, a bal-
butié ses premiers essais clans un temps
de névrose romantique où il fallait être
pâle, fatal, poitrinaire et lis penché, sous
peine de mort. Aussi fut-elle tout cela,
comme l'exigeaient impérieusement la
mode et les convenances ; mais quels dé-
mentis cruels donnaient à ce parti pris né-
cessaire son beau front droit, ses grands
yeux plus éveillés que les cloches de ma-
tines, son petit nez retroussé comme ceux
qui changent les lois d'un empire, et l'arc
de sa jolie bouche, et son menton rose,
et ces énormes boucles de cheveux clairs,
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