Titre : Le Matin : derniers télégrammes de la nuit
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1917-04-06
Contributeur : Edwards, Alfred (1856-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 06 avril 1917 06 avril 1917
Description : 1917/04/06 (Numéro 12092). 1917/04/06 (Numéro 12092).
Description : Note : 3è édition. Note : 3è édition.
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 30/05/2008
I TROISIÈME ÉDIT1ÔK
r WT7
Les Etals- Unis en guerre avec l'Allemagne
voix contre 6
approuvent M. Wilson
Par voix contre 6 le Sénat améri-
caifc-.a- voté la résolution proclamant
l'état de guerre avec 'l'Allemagne. Le
vote de la Chambre des représentants
ne peut que confirmer, sans doute à
une majorité aussi imposante, les déci-
sions de la haute Assemblée,
Le président de la République fran-
çaise dans un télégramme adressé à
M. Wilson, le président du conseil et
les présidents des Chambres par des dis-
cours publics ont rendu un grandiose
homrnage à l'homme d'Etat donna vo-
lonté, conforme aux aspirations profon-
des de son peuple, a su discerner le
devoir et. réaliser l'action.
Il convient de faire une part dans no-
tire admiration aux sénateurs qui,
contre une obstruction tenace, quoique
infime, ont vu clair et n'ont pas hésité à
se charger de toute la responsabilité
qu'implique l'engagement de leur pays
dans une guerre européenne, en dépit
des principes appliqués depuis un siècle
et demi. ̃
L'effet de terreur et de désarroi pro-
duit sur le camp ennemi, l'immense ré-
confort moral apporté à la cause des
alliés, l'aide matérielle puissante et mé-
thodique que nous pouvons attendre,
tels sont les résultats immédiats et pro-
chains de cet événement sans précédent
dans l'histoire.
'Mais c'est à la paix, lorsque sera éta-
bli le statut du monde nouveau, que l'on
mesurera la portée du geste accompli
par le peuple d'Amérique à l'appel de
son chef.
la voix puissante d'une nation dont
les richesses en hommes et en ressour-
ces sont inépuisables se fera entendre
à ce moment-là dans toutes les capita-
les pour l'établissement d'un régime sta-
ble et d'un équilibre financier. Les Etats-
'Unis sont décidés lès débats du Sénat
en témoignent à devenir une grande
puissance militaire pour pouvoir garan-
tir l'exécution des conditions de paix
auxquelles ils auront souscrit.
ïia coopération avec les alliés
[SERVICE PARTICUIiER DU MATIN »J
Washington, 4 avril (16 heures).
Dans les conseils tenus -hier et,ce matin,
le président et le gouvernement améri-
cains ont arrêté une série de mesures
qui, mieux qu'aucune parole, montrent
la froide détermination de l'Amérique
d'entrer dans la guerre avec tout son
cœur, toutes ses forces et toutes ses res-
sources.
Une armée d'un million d'hommes en
deux séries de 500.000 va être levée.
Comme cette armée a, avant tout, be-
soin d'instructeurs, le gouvernement
américain va demander au gouverne-
rnent français de consentir à ce que
tous les Américains combattant actuel-
lement dans les rangs français rentrent
aux Ktats-Unis pour constituer les cadres
de Ifi future armée. Le gouvernement
américain n'ignore pas que c'est là un
sacrifice qu'il demande à l'armée fran-
çaise, mais c'est aussi pour elle un hom-
mage. D'ailleurs, les hommes que don-
nera le général Nivelle lui seront inces-
samment rendus au centuple, car je
suis un mesure d'annoncer que le prin-
ripe de l'envoi de prochaines unités
américaines en France pour combattre
aux côtés des soldats français est admis
par le président et ses ministres.
De l'argent sera. mis à la disposition
des alliés sans marchander. Les res-
sources financières actuelles des Etats-
Unis sont évaluées par le Federal re-
serve Board à quarante milliards de
francs. Dans là pensée du président,
nette somme formidable constitue ira
trésor de guerre commun à l'Amérique
et aux alliés. Une partie de ces quarante
milliards vient d'achats iaits pour les
alliés ici. Il est tout naturel que cet ar-
gent leur soit retourné.
Lés vaisseaux allemands internés à
New-York, à Philadelphie et ailleurs se-
ront saisis une heure après le vote
rendu par le Congrès et, seront réparés
pour être mis en service. Pour certains
d'entre eux, tels que le Vaterland, le sa-
botage de la machinerie a été tel que
la réparation exigera un long délai de
huit a, dix mois, mais, pour les autres,
les réparations peuvent être effectuées
Ces navires serviront de transports
pour les troupes, les vivres et les niuni-
tions pour les alliés, et les sous-marin»
allemands se trouveront dans l'alterna-
tive ou de les laisser passer ou de cou-
ler leurs propres bateaux.
Le gouvernement américain étant dé-
terminé à arir correctement, malgré
qu'il ait affaire à un adversaire sans
scrupules, évaluera le prix en argent des
navires., allemands et. défalcation faite
de l'argent qui pourra être dû à l'Amé-
rique, tiendra la somme la disposition
du gouvernement allemand après la
guerre..
Une coopération navale, industrielle
et économique étroite sera établie avec
les alliés afin de les aider de toutes ma-
en vivres, blé, charbon.
Mais, par-dessus tout, le président
tient à ce que les alliés, et surtout la
France, sachent que ce n'est pas seule-
ment sa force, son or, son sang que
l'Amérique va jeter dans la balance
pour la liberté du monde, mais que
c'est aussi son coeur ardent et sa volonté
farouche, Il compte, en conséquence,
que quelles que soient les modalités
adoptées, la démocratie française, soeur
admirée et aimée de la démocratie amé-
ricaine, fera confiance à la jeune nation
qui, avec ses cent millions d'hommes,
•- ntr? dans la même guerre pour le mê-
LA DÉCISION DU SÉNAT AMÉRICAIN
Washington, 4 avril. Le Sénat, par 82 voix contre 6, a voté
la résolution de guerre.
Le Capitole où s'est réuni le Congrès américain. Dans les médaillons à gauche M. Stone, président de la Commission des affaires
étrangères du Sénat, à droite M. Flood, président de la Commission des affaires étrangères de la Chambre
LE SALUT DE LA FRANCE
M. Poincaré, président de la République, a fait parvenir le télégramme suivant M. Wilson, président des Etats-Unis d'Amérique
Au moment où, sous la généreuse inspiration de Votre Excellence, la grande République américaine, fidèle
son idéal et ses traditions, s'apprête à défendre par les armes la cause de la justice et de la liberté, le peuple
franrais tressaille d'une émotion fraternelle. Laissez-moi vous renouveler, monsieur le Président, en cette heure
grave et solennelle, l'assurance des sentiments dont je vous ai récemment adressé le témoignage et qui trouve
dans les circonstances présentes un accroissement de f orce et d'ardeur.
Je suis sur d'exprimer la pensée de la France tout entière en vous. disant- à vous et à la, nation américaine,
la joie et la f ierté que nous éprouvons à sentir nos cours battre, une f ois encore, à l'unisson âroec les vôtres. Cette
guerre n'aura,it pas eu sa signification totale si les Etats-Unis n'avaient pas été amenés par l'ennemi lui-même à y
prendre part. Dorénavant, il apparaît plus que jamais à tout esprit impartial que l'impérialisme allemand, qui a
voulu, prépare et déclaré la guerre, avait conçu le rêve insensé d'établir son hégémonie sur le monde. Il n'a' réussi
qu'à révolter la conscience de l'humanité. Vous vous êtes fait, devant l'univers, en un langage inoubliable, Vélo-
quent interprète du droit outragé et de la civilisation menacée. Honneur à vous, monsieur le Président, et à votre
Je vous prie de croire à mon amitié -dévouée. j- Raymond Poincaré.
AU PALAIS-BOURBON
ALLOCUTION
de M. Paul Deschanel
Au début de la séance de la Chambre, M.
Paul Deschanel prononça les paroles sui-
vantes
La Chambre française salue aveç enthou-
siasme le verdict du président de la Ropu-
blique des Etats-Unis qui est la voix
même de la justice, et l'énergique décision
du Sénat fédéral acceptant la guerre impo-
sée par l'Allemagne.
Eschr!le a dit dans les Perses « Laissez
germer l'insolence ce qui pousse, c'est
l'épi du crime arv récolte une moisson
de douleurs.
Et nous pouvons dire, nous « L'épi du
crime porte la vengeance après la moisson
de douleurs, zaici la rnoisson de justice »
Le cri des enfants et des fetnrnes, du fond
de V abîme où -les précipita un hideux forfait,
a retenti d'un bout à l'autre de la terre.
Les cendres de Washington et de Lincoln
ont tressailli leur grande cime soulève
V Amérique.
et s' agit-il seulement, de venger dés .4?ne-
ricains ? S' agît-il seulement de punir la
reotation des traités au bas desquels les
Etats-Unis auaseiat mis leur signature..?
Non les vérités éternelles proclamées
dans la déclaration de 1776, les saintes eau-'
ses que défevadirent la Fayette et Rôcham-
beau, l'idéal des pitres consciences d'où est
née ta grande- république, honneur, mo-
rale, liberté. voilà tes. biens suprêmes
qui brillent dans les plis du drapeau étoilé!
Descendants des puritains de la Nouvelle-
Angleterre, nourris des préceptes de l'évan-
gile, et qui, sous le regard de Dieu, vont
chdtier les infernales créations du génie
du mal mensonge, parjure, assassinats,
profanations, rapts, esclavage, martyres et
cataclysmes de toutes sortes catholiques,
frappés en plein cœur par les anathèmes
contre leur religion, par les âutrages à ses
cathédrales et à leurs statues, qui Qnt abouti
aux de.structions de Louvain et de Reims
professeurs d'universités, sûrs gardiens de
la pensée du droit industriels de l'Est et
du Centre, fermiers et éleveurs de t'Ouest,
ov.vriers et artisans menacés dans leur tra-
vail par le torpillage des Maires, par l'ar-
rêt des transactions, révoltés par ies insul-
tes au pavillon national, les voilà tous
dressés à teur tour contre le fol orgueil qui
voudrait asservir la terre, la mer, le ciel,
les âmes
A l'heure où, comme aux temps héroïques
de la guerre, de l'Indépendance, les Améri-
cains vont rombattre avec nous, répétons-le
une fois encore nous ne voulons empêcher
personne de rinrerde travailler, de commer-
cer librement mais la tyrannie de la
est devt'niie un péril pour le notiveau
monde comme -pourri. 'ancien, pour FAngle-
terre camme pour la Russie, pour l'Italie
comme pour l'Autriche cl pour l'Allemagne
elle-même. Soustraire le monde, par l'effart
de sa. caste militaire et féodale pour fonder
la paix sur le droit est une œuvre d'affran-
chissemént humain et de salut universel.
Lria accomplissant, sous une présidence
dssormais immortelle, le phts grand acte
de ses annales depuis l'abolition de l'escta-
vage, la glorieuse nation dont toute l'his-
toire n'a été gue le développement da l'idée
de liberté demeure fidèle à -tes hautes ori-
gines et se crée un titre de plus à la recon-
naissance du genre humain La République
française, à travers les ruines de ses vitles
et de ses monument dévastés, sans motif
et sans excuse, par une sauvagerie honteuse,
envoie à sa sœur aimée, la république anté-
ricaine, les palme. de la Marne, de 1 Yser,
de Verdun et de la Somme, âuxquelles vont
s'ajouter bientôt de nouvelles victoires
Hommage du gouvernement
a la nation américaine
M. Alexandre Ribot, président du conseil,
a prononcé à la séance de la Chambre les
paroles suivantes
Nous avons tous le sentiment que qued-
que chose de grand et qui dépasse les pro-
portions d'un événement politique vient de
s'accomplir.
(,'est un fait tiistorique d'une importance
satts égale que i'entrée en guerre, avec
nous et nos alliés, de la démocratie la plus
pacifique qu'il t! ait au monde. Après avoir
tout fait pour affirmer son attachement à
la paix, la, grande nation américaine dé-
clare solennellement qu'elle ne peut rester
neutre dans cet immense conftit entre le
droit et la violence, entre la civilisation et
la barbarie. Elle considère qu'il est de son
laontteur de relever les défis portés toutes
les règles du droit international, si labo-
rieuserrient édifiées par l'effort contrraun
des nations civilisées.
Elle déclare en même temps qu'elle. ne
combattra pas pour des intérêts, qu'elle
ne veut ni conquête,- ni compensation,
qu'elle entend seudement aider à la victoire
de la cause du droit et de la liberté.
Ce qu'ü y a de grandeur, de noblesse
dans cette action est encore rehaussé par la
simplicité et ta sérénité du langage du
chef ittrastre de cette grande démocratie.
Si le monde avait pu garder le moindre
doute sur le sens profond de la guerre où
nous sommes engagés, le message du pré-
sident des Etats-Unis dissiperait toute obs-
curité. Il fait apparaître à tous que üa lutte
est véritablement une lutte :entre l'esprit
de liberté des sociétés modernes et l'esprit
de domination des sociétés encore asser-
vies un despotisme mititaire. C'est ce qui
lait que ce message retentira 'jusqu'au fond
de tous les coeurs comme un message de
délivrance apporté au monde.
Le peuple qui jait au xvm» siècle la
déclaration des droits sous l'inspiration des
écrits de nos phitosopties, ly peuple qui a
mis au premier rang de ses héros Was-
hington et Lincoln, le peupfe qui, au siècle
dernier, s'est déchiré lui-même pour abolir
l'esclavage était bien digne 'de donner au
monde un tel exemple. Il reste ainsi fidèle
aux traditions des fondateurs de son indé-
pendance et il'montre que le prodigieux es-
sor de ses forces industrielles et de sa
puissance économique et financière n'a pas
en dui ce besoin d'idéal lequel
U n'y a pas de grande nation.
Ce qui nous touche particulièrement,
c'est que les Etats-Unis nous ai2nt gardé
l'amitié qui a été scellée autrefois de notre
sang. Nous constatons avec une joie recon-
naissante que la fidélité des -m mpathies en-
tre les peuples est une des vertus délicates
qu'on peut cultiver su sein d'une démo-
cratie.
Le drapeau étoilé va à côté du
drapeau tricolore, vos mains vant se join-
dre et nos cœurs battre à l'unisson.
En voyant s'éveiller partout dans ? monde
la conscience des peuples et s'élever une
immense protestation contre tes atrocités
dont nous sommes victimes, ruius sentons
plus vivement que nous ne combattons pas
seulement pour nous-mêmes et pour nos
alliés, mais pour quelque chose d'immortel
un ordre
nouveau. Ainsi nos sacrifices n'auront pas
été vains airbsâ te sang généreux -versé par
les fils de la France aura été la semence fé-
conde des idées de justirx et de- liberté, fon-
dement nécessaire de. la concorde entre les
nations. Au nom du pays tout entier, le gou-
vernement de la République française adres-
se au gouvernement et au peuple des Etats-
Unis, avec l'expression de aa reconnais-
AU LUXEMBOURG
ALLOCUTION
de M. Antonin Dubost
Au début de la séance du Sénat, M. An-
tonin Dubost prononça les paroles suivan-
tes
Le Sénat reçoit avec une intense émotion
patriotique et républicaine la communica-
tion par laquelle le gouvernement lui an-
nonce que les Etats-Unis sont désormais en
état de guerre et sotidaireruent avec nous.
Ainsi le crime initial de l'Allemagne
déroule t'une après l'autre toutes ses fata-
lités. Il déchaîne la plus grande insurrec-
tion des peuples libres qui se soit jamais
vue contre la dernière tyrannie' -le milita-
risme prussien.
Il les associc successivement dans une
tiiciynifique solidarité démocratique, et voici
que l'épée de Washington, répondant à
d'épée: de la Facette, est son tour jetée
dans la balance
iai yrujiuK repuunqvM (niuu aK%a spunta-
d'empêcher la, Belgique et la France enva-
hies de de mbment solen-
nel où elle cède ia un appel ptus impérieux,
celui de l'honneur outragé, le Sénat fran-
çais lui adresse en même temps sa recon-
naissance eb son salut fraternel
Honneur aux nouveaux soldats de la
liberté, qui, connaissant toute l'affreuse
puissance de l'Allemagne pour, le mal, l'af-
frontent résolument
Honneur au nouveau juge qui demain
prendra place à la haute cour de justice de
l'humanité et qui prononcera avec nous les
pemes collectives et individuelles que meti-
tent la coalition germanique, ses chefs et
ses complices'!
LA SITUATION EN ESPAGNE
Déclarations du comte de Romanones
Madrid, 5 avril. Dépêche particulière
du Mntin ». J'ai demandé à M. de Ro-
manones son opinion sur la question ou-
̃vtière. Il a bien voulu me faire la déclara-
tion suivante pour le biatira
« -Pendant la dernière semaine, Tordre,
publics était en danger à cause de l'attitude
des sociétés ouvrières. La grève de Valla-
dolid, qui. dura quatre jours, et celles qui
éclatèrent à Miranda et en quelques au-
tres endroits montrent que les craintes du
gouvernement étrtient justifiées. Heureuse-
ment le projet échoua grâce aux dispositions
prises par le gquveinement, et grâce aussi
la sagesse de notre classe travailleuse. Le
gouvernement est satisfait de ce succès,
parce que la grève générale aggraverait la
pénible situation des classes ouvrières.
» Les socialistes signataires de la procla-
mation de la grève générale ont été relâ-
ches. Nous arriverons bientôt à un état nor-
mal. On pratique la censure avec une réelle
modération quant aux questions intérieu-
res: Nous tâchons d'apaiser les campagnes
de presse contraires iL l'intérêt national. Les
difficultés que la guerre produit dans Ja vie
intérieure de l'Espagne, surtout dans le do-
maine économique, augmentent chaque
jour. Le gouvernement fera tout pour conju-
rer la crise économique. Jusqu'à ce moment,
il a réussi à rendre la vie espagnole passa-
ble, presque la meilleure parmi tous les
pays neutres. .•
Hohenzollern
et peuple allemand
La première répercussion en Allema-
gne du message historique de M. Wilson
est tout à fait importante à souligner.
Il y a un passage de sa déclaration où
le président, conformément à sa généro-
sité naturelle, a établi une distinction
entre le gouvernement et le peuple alle-
mands. Nous ne saurions lui en vouloir.
Il est naturel que, n'ayant pas contem-
plé en personne toute l'ignominie de nos
ennemis, il conserve quelque illusion à
cet égard.
Pour nous Français, qui avons assisté
avant la guerre au travail sournois des
hordes d'espions qui nous avaient enva-
his pour nous, dont les campagnes ont
été ravagées, dont les villes ont été sac-
cagées et brûlées par ces armées de pay-
sans, de petits employés et d'intellec-
tuels transformés du jour au lendemain
en soudards féroces, nous avons le droit
d'être plus sceptiques. S'il est vrai qu'il
existe une étroite discipline chez les
troupes du kaiser, il est des crimes, qui
ne se réalisent, avec, cette perfection .que
par le consentement unanime et spon-
tané de ceux qui en sont les exécuteurs.
Mais il est inutile d'insister sur le
degré de solidarité qui peut exister
entre les dirigeants de Berlin et leurs
esclaves, solidarité qui ne fait aucun
doute ni pour nos vaillantes troupes, ni
pour le Sénat français il nous suffit de
signaler la réponse faite immédiatement
par les journaux allemands de toutes
opinions à cette bienveillante tentative
d'atténuer les forfaits de la masse en ac-
cumulant la responsabilité sur quelques
têtes.
Le Berliner Tageblatt déclare « que
M. Wilson est dans l'erreur lorsqu'il
prétend que le peuple allemand n'est pas
en accord avec la dynastie », et il ajoute
grossièrement « Cette partie du mes-
sage,,est la plus faible: nous ne la lais-
serons pas sans réponse. »
Le Lokal-Anzeiger écrit
L'assurance donnée par M. Wilson
que la guerre n'est pas dirigée contre
notre peuple mais contre le gouverne-
ment est fausse et malhonnête, comme
son message tout entier, depuis le pre-
m,ier jusqu'au dernier mot. M. Wilson
sait parfaitement que cette guerre n'est
pas une guerre dynastique mais, de la
façon la plus absolue, celle de tout un
peuple Iüttant pour son existence.
La Gazette de Voss proteste énergi-
quement contre la distinction entre le
gouvernement et le peuple allemands.
Elle repousse l'affirmation de M. Wil-
son selon laquelle l'empereur aurait;
voulu la guerre.
Cette affirmation, conclut-elle, prouve
simplement la mauvaise foi du prési-
L'officieuse Gazette de l'Allemagne du
Nord s'irrite de voir l'Entente et l'Amé-
rique se mêler des affaires du pays.
Nous leur conseillons, dit-elle, de ne
point toucher aux choses de la politique
intérieure allemande.
La Gazette de Cologne écrit
M. Wilson a eu l'audace de vouloir
faire une distinction entre le peuple et le
gouvernement allemands. Le peuple al-
lemand proteste avec indignation contre
cette subtilité. Il est tout entier derrière
son gouvernement. Il éprouve au-jour-
d'hui une sensation de soulagement à.
pouvoir enfin traiter en ennemi son ad-
versaire.
Ainsi parlent les journaux bourgeois
de toutes nuances.
Il est intéressant de noter que le Vor-
vossrts ne reste pas en arrière dans cet
élan furieux de loyalisme.
Personne, dit-il, n'a le droit d'impo-
ser à un autre peuple par la f orce sa
forme de gouvernement. Les voeux du
peuple allemand sont connus. Aux der-
nières élections du Reichstâg, sur
suffrages, 4.238.000 sont allés
à la socialdémocratie. Que tous les élec-
teurs qui ont voté pour la socialdémo-
cratie soient des républicains convain-
cus, nous ne pouvons aucunement le
prétendre, mais que les 7.949.000 autres
électeurs ne le soient pas, on peut l'ad-
mettre avec certitude.
Ainsi l'organe officiel de la socialdô-
mocratie lui-même saisit l'occasion pour
se prosterner devant le trône des Ho-
henzollern.
Que les gouver nements de l'Entente
déclarent hautement qu'ils ne traiteront
en aucun cas avec un empereur dont la
signature est sans valeur, c'est justice.
Mais ce n'est pas une raison pour que
nous considérions d'autres Allemands,
qui surgiraient au moment voulu, le
sourire aux lèvres et la main tendue,
comme plus dignes de confiance que la
sinistre dynastie.
Le seul point de vue que le patriotisme
française, assoiffé de réparations et de
sécurité pour l'avenir, puisse admettre,
c'est celui qu'exprime la formule tou-
jours proclamée par le gouvernement de
notre pays La paix par la victoire.
Aucune garantie n'est valable si l'on
traite avec une Allemagne qui ne serait
pas défaite. Mais quand l'ennemi sera
battu et définitivement mis hors de
cause, quand il aura accepté nos condi-
tions, l'accord permanent des alliés sera
une plus sûre caution de sa bonne foi
que des engagements quelconques, qu'ils
soient souscrits par Guillaume II ou par
M. Scheidemann^
En déclarant après le président des
Etats-Unis que « toutes les ressources
américaines seront employées pour obli-
ger l'Al!emagne à terminer la guerre à
nos conditions », le Congrès nous donne
une nouvelle preuve que cette victoire
décisive, seule et unique garantie de la
©aix, peut et doit être obtenue.
L'OFFENSIVE DES ALLIÉS
Autour
de Saint- Quentin
Français et Anglais poursuivent le
débordement de la vitle
L'offensive française s'est poursuivie darùf
les meilleures conditions pendant la journée
du 4 avril
Malgré de violentes rafales de neige et
l'état déplorable du terrain, nous avons
continué à refouler l'ennemi au delà d'unn
position très importante qui dominait Gru-
gies, Urvillers et Moy.
Ces trois villages ont été brillamment
enlevés d'assaut Au nord de la ferme de
la Folie, les Allemands ont dû abandonner
précipitamment trois lignes de tranchées
précédées de réseaux de fils de fer. Nous y
avons trouvé des blessés et un important
matériel, notamment trois obusiers et plu-
sieurs camions d'escadrilles. Cette ferme do
la Folie ne doit pas être confondue aveu
une autre du même nom, dont il a été. sou-
vent question naguère et qui est au nord
d'Arras. Il s'agit d'une ferme de la Folie
qui se trouve sur la route de Vendeuil
Saint-Quentin, à deux kilomètres au nord
de Cerizy.
Pendant la nuit du 4 au 5 l'ennemi n'af
tenté aucune réaction sur notre nouveau
front. Nos reconnaissances ont poussé au
nord de Grugies et au nord de Moy jus.
qu'aux lignes ennemies, qu'elles'ont trou-
vées fortement occupées. Une contre-atta-
que a été repoussée net sur le front Lai'faux-
;MaTgival.
Ailleurs, la lutte d'artillerie a continué
avec violence. Au sud de l'Ailette, un dur
combat s'est engagé dans le village même
de Laffaux, où nous avons pénétré. Des
contre-attaques allemandes ont été brisées
au sud de Vauveny.
Les Anglais ont eu à subir une violente
contre-offensive à l'ouest de Saint-Quentin.
Ils l'ont repoussée victorieusement. Ils se
sont d'autre part emparés du village do
Metz-en-Couture, à cinq kilomètres au sud»
est de Bcrtincourt.
Ajoutons que le major Moraht qui.
pour des raisons que nous ignorons, ne col-
labore plus au Berliner Tageblatt écrit,
dans un récent article
« D'ailleurs notre recul stratégique n'est
pas terminé. »
Les Allemands brûlent
la ville
Le correspondant de l'agence Havas sur
le front britannique écrit
CI Il est malheureusement établi que l'en-
nemi poursuit la destruction systématique,
de Saint-Quentin, où déjà, il y a quinze
jours, nous apercevions les lueurs d'incen-
dies et percevions le bruit d'explosions
nos avant-postes assistent du bois Pourlou,
d'où ils dominent un faubourg, à l'accom-
plissement des infamies allemandes. Il
UNE RÉPONSE AÛX BARBARES
Séquestres
et représailles
Une arme nouvelle va être mise entre
les mains du gouvernemenf français
Par Louis PUECH
La guerre accuse chaque jour un ]ici,],
veau caractère de violence et de bruta.
lité. A mesure que nos troupes les pres-
sent et les forcent à délaisser les régions
envahies, les Allemands semblent, preiu
dre à tâche de faire oublier les Vandales.
ils pillent, ils rançonnent, ils détruisent,
ils incendient. Ils répondent partout' la
dévastation et la mort. Leurs crimes sbuV
lèvent la conscience universelle.
Que vont devenir, dans cette régres.
sion effrénée vers la barbarie, les biens
situés en Allemagne appartenant, à des
Français et' que le gouvernement impé-
rial, des le début de la guerre, a mis
sous séquestre,, comme npùs l'avons
fait d'ailleurs nous-mêmes en Franco
pour les, biens allemands ? La question
vaut la peine d'être posée. Ces biens, en
effet, sont considérables des deux côtés
ils se comptent par milliards.
Le régime, en cas de guerre, des biens
ressortissant à la puissance ennemie a
varié, bien entendu, suivant les époques
et suivant l'évolution du droit interna-
tional. Jadis, le roi avait le droit de,les
confisquer. Cette mainmise portait ,le-
nom de séquestre de guerre. Ce genra
de séquestre a été aboli par les traités du
1814 et 1815. Aujourd'hui, les biens, ap-
partenant à un ressortissant ennemi sont
bien encore placés sous séquestre, mais
ce n'est plus un séquestre spécial arme
de droits de disposition ou de confisca-
tion. C'est le séquestre de droit commun
prévu par l'article 1963 du code civii
qu'on applique couramment dans les lui-
tiges privés, sur ordonnance du juge,
aux biens dont la possession est contes-
tée. Ce séquestra ne comporte que des
pouvoirs d'administration et de conser-
vation. L'administrateur séquestre n'est
plus qu'un gérant d'affaires. Il a pote
mission de veiller au patrimoine dont la
gestion lui est confiée.
C'est bien ainsi que, dès la mobilisa-
tion, on a procédé tout d'abord en Fran-
ce et en Allemagne. Mais la guerre sn
prolonge les rapports s'aigrissent. On
peut se demander si nous ne sommes
pas à la veille d'un changement dé front
et de mesures graves.
Jusqu'ici, l'Allemagne n'avait pas tou-
ché aux biens séquestrés en, ce qui
concerne la France. Elle n'avait usé de
rigueur qu'en ce qui regarde l'Angle-
terre. Dès le juillet 1916, le Conseil fé-
déral avait pris une ordonnance concer-
nant la liquidation' des entreprises brio
tanniques. Aux termes de cette ordon-t
nance, dont il serait trop long de repro-
duire le texte, le chancelier de l'empire
peut ordonner la liquidation des entre-
prises dont le capital appartient <*n ma-
jeure partie à des nations britanniques
Grande-Bretagne, irlande, colonies bri-
tanniques et possessions extérieures, ex-
ception faite du Canada et de l'Union
sud-africaine. Le liquidateur doit se
mettre en possession de 'l'entreprise. Il'
r WT7
Les Etals- Unis en guerre avec l'Allemagne
voix contre 6
approuvent M. Wilson
Par voix contre 6 le Sénat améri-
caifc-.a- voté la résolution proclamant
l'état de guerre avec 'l'Allemagne. Le
vote de la Chambre des représentants
ne peut que confirmer, sans doute à
une majorité aussi imposante, les déci-
sions de la haute Assemblée,
Le président de la République fran-
çaise dans un télégramme adressé à
M. Wilson, le président du conseil et
les présidents des Chambres par des dis-
cours publics ont rendu un grandiose
homrnage à l'homme d'Etat donna vo-
lonté, conforme aux aspirations profon-
des de son peuple, a su discerner le
devoir et. réaliser l'action.
Il convient de faire une part dans no-
tire admiration aux sénateurs qui,
contre une obstruction tenace, quoique
infime, ont vu clair et n'ont pas hésité à
se charger de toute la responsabilité
qu'implique l'engagement de leur pays
dans une guerre européenne, en dépit
des principes appliqués depuis un siècle
et demi. ̃
L'effet de terreur et de désarroi pro-
duit sur le camp ennemi, l'immense ré-
confort moral apporté à la cause des
alliés, l'aide matérielle puissante et mé-
thodique que nous pouvons attendre,
tels sont les résultats immédiats et pro-
chains de cet événement sans précédent
dans l'histoire.
'Mais c'est à la paix, lorsque sera éta-
bli le statut du monde nouveau, que l'on
mesurera la portée du geste accompli
par le peuple d'Amérique à l'appel de
son chef.
la voix puissante d'une nation dont
les richesses en hommes et en ressour-
ces sont inépuisables se fera entendre
à ce moment-là dans toutes les capita-
les pour l'établissement d'un régime sta-
ble et d'un équilibre financier. Les Etats-
'Unis sont décidés lès débats du Sénat
en témoignent à devenir une grande
puissance militaire pour pouvoir garan-
tir l'exécution des conditions de paix
auxquelles ils auront souscrit.
ïia coopération avec les alliés
[SERVICE PARTICUIiER DU MATIN »J
Washington, 4 avril (16 heures).
Dans les conseils tenus -hier et,ce matin,
le président et le gouvernement améri-
cains ont arrêté une série de mesures
qui, mieux qu'aucune parole, montrent
la froide détermination de l'Amérique
d'entrer dans la guerre avec tout son
cœur, toutes ses forces et toutes ses res-
sources.
Une armée d'un million d'hommes en
deux séries de 500.000 va être levée.
Comme cette armée a, avant tout, be-
soin d'instructeurs, le gouvernement
américain va demander au gouverne-
rnent français de consentir à ce que
tous les Américains combattant actuel-
lement dans les rangs français rentrent
aux Ktats-Unis pour constituer les cadres
de Ifi future armée. Le gouvernement
américain n'ignore pas que c'est là un
sacrifice qu'il demande à l'armée fran-
çaise, mais c'est aussi pour elle un hom-
mage. D'ailleurs, les hommes que don-
nera le général Nivelle lui seront inces-
samment rendus au centuple, car je
suis un mesure d'annoncer que le prin-
ripe de l'envoi de prochaines unités
américaines en France pour combattre
aux côtés des soldats français est admis
par le président et ses ministres.
De l'argent sera. mis à la disposition
des alliés sans marchander. Les res-
sources financières actuelles des Etats-
Unis sont évaluées par le Federal re-
serve Board à quarante milliards de
francs. Dans là pensée du président,
nette somme formidable constitue ira
trésor de guerre commun à l'Amérique
et aux alliés. Une partie de ces quarante
milliards vient d'achats iaits pour les
alliés ici. Il est tout naturel que cet ar-
gent leur soit retourné.
Lés vaisseaux allemands internés à
New-York, à Philadelphie et ailleurs se-
ront saisis une heure après le vote
rendu par le Congrès et, seront réparés
pour être mis en service. Pour certains
d'entre eux, tels que le Vaterland, le sa-
botage de la machinerie a été tel que
la réparation exigera un long délai de
huit a, dix mois, mais, pour les autres,
les réparations peuvent être effectuées
Ces navires serviront de transports
pour les troupes, les vivres et les niuni-
tions pour les alliés, et les sous-marin»
allemands se trouveront dans l'alterna-
tive ou de les laisser passer ou de cou-
ler leurs propres bateaux.
Le gouvernement américain étant dé-
terminé à arir correctement, malgré
qu'il ait affaire à un adversaire sans
scrupules, évaluera le prix en argent des
navires., allemands et. défalcation faite
de l'argent qui pourra être dû à l'Amé-
rique, tiendra la somme la disposition
du gouvernement allemand après la
guerre..
Une coopération navale, industrielle
et économique étroite sera établie avec
les alliés afin de les aider de toutes ma-
en vivres, blé, charbon.
Mais, par-dessus tout, le président
tient à ce que les alliés, et surtout la
France, sachent que ce n'est pas seule-
ment sa force, son or, son sang que
l'Amérique va jeter dans la balance
pour la liberté du monde, mais que
c'est aussi son coeur ardent et sa volonté
farouche, Il compte, en conséquence,
que quelles que soient les modalités
adoptées, la démocratie française, soeur
admirée et aimée de la démocratie amé-
ricaine, fera confiance à la jeune nation
qui, avec ses cent millions d'hommes,
•- ntr? dans la même guerre pour le mê-
LA DÉCISION DU SÉNAT AMÉRICAIN
Washington, 4 avril. Le Sénat, par 82 voix contre 6, a voté
la résolution de guerre.
Le Capitole où s'est réuni le Congrès américain. Dans les médaillons à gauche M. Stone, président de la Commission des affaires
étrangères du Sénat, à droite M. Flood, président de la Commission des affaires étrangères de la Chambre
LE SALUT DE LA FRANCE
M. Poincaré, président de la République, a fait parvenir le télégramme suivant M. Wilson, président des Etats-Unis d'Amérique
Au moment où, sous la généreuse inspiration de Votre Excellence, la grande République américaine, fidèle
son idéal et ses traditions, s'apprête à défendre par les armes la cause de la justice et de la liberté, le peuple
franrais tressaille d'une émotion fraternelle. Laissez-moi vous renouveler, monsieur le Président, en cette heure
grave et solennelle, l'assurance des sentiments dont je vous ai récemment adressé le témoignage et qui trouve
dans les circonstances présentes un accroissement de f orce et d'ardeur.
Je suis sur d'exprimer la pensée de la France tout entière en vous. disant- à vous et à la, nation américaine,
la joie et la f ierté que nous éprouvons à sentir nos cours battre, une f ois encore, à l'unisson âroec les vôtres. Cette
guerre n'aura,it pas eu sa signification totale si les Etats-Unis n'avaient pas été amenés par l'ennemi lui-même à y
prendre part. Dorénavant, il apparaît plus que jamais à tout esprit impartial que l'impérialisme allemand, qui a
voulu, prépare et déclaré la guerre, avait conçu le rêve insensé d'établir son hégémonie sur le monde. Il n'a' réussi
qu'à révolter la conscience de l'humanité. Vous vous êtes fait, devant l'univers, en un langage inoubliable, Vélo-
quent interprète du droit outragé et de la civilisation menacée. Honneur à vous, monsieur le Président, et à votre
Je vous prie de croire à mon amitié -dévouée. j- Raymond Poincaré.
AU PALAIS-BOURBON
ALLOCUTION
de M. Paul Deschanel
Au début de la séance de la Chambre, M.
Paul Deschanel prononça les paroles sui-
vantes
La Chambre française salue aveç enthou-
siasme le verdict du président de la Ropu-
blique des Etats-Unis qui est la voix
même de la justice, et l'énergique décision
du Sénat fédéral acceptant la guerre impo-
sée par l'Allemagne.
Eschr!le a dit dans les Perses « Laissez
germer l'insolence ce qui pousse, c'est
l'épi du crime arv récolte une moisson
de douleurs.
Et nous pouvons dire, nous « L'épi du
crime porte la vengeance après la moisson
de douleurs, zaici la rnoisson de justice »
Le cri des enfants et des fetnrnes, du fond
de V abîme où -les précipita un hideux forfait,
a retenti d'un bout à l'autre de la terre.
Les cendres de Washington et de Lincoln
ont tressailli leur grande cime soulève
V Amérique.
et s' agit-il seulement, de venger dés .4?ne-
ricains ? S' agît-il seulement de punir la
reotation des traités au bas desquels les
Etats-Unis auaseiat mis leur signature..?
Non les vérités éternelles proclamées
dans la déclaration de 1776, les saintes eau-'
ses que défevadirent la Fayette et Rôcham-
beau, l'idéal des pitres consciences d'où est
née ta grande- république, honneur, mo-
rale, liberté. voilà tes. biens suprêmes
qui brillent dans les plis du drapeau étoilé!
Descendants des puritains de la Nouvelle-
Angleterre, nourris des préceptes de l'évan-
gile, et qui, sous le regard de Dieu, vont
chdtier les infernales créations du génie
du mal mensonge, parjure, assassinats,
profanations, rapts, esclavage, martyres et
cataclysmes de toutes sortes catholiques,
frappés en plein cœur par les anathèmes
contre leur religion, par les âutrages à ses
cathédrales et à leurs statues, qui Qnt abouti
aux de.structions de Louvain et de Reims
professeurs d'universités, sûrs gardiens de
la pensée du droit industriels de l'Est et
du Centre, fermiers et éleveurs de t'Ouest,
ov.vriers et artisans menacés dans leur tra-
vail par le torpillage des Maires, par l'ar-
rêt des transactions, révoltés par ies insul-
tes au pavillon national, les voilà tous
dressés à teur tour contre le fol orgueil qui
voudrait asservir la terre, la mer, le ciel,
les âmes
A l'heure où, comme aux temps héroïques
de la guerre, de l'Indépendance, les Améri-
cains vont rombattre avec nous, répétons-le
une fois encore nous ne voulons empêcher
personne de rinrerde travailler, de commer-
cer librement mais la tyrannie de la
est devt'niie un péril pour le notiveau
monde comme -pourri. 'ancien, pour FAngle-
terre camme pour la Russie, pour l'Italie
comme pour l'Autriche cl pour l'Allemagne
elle-même. Soustraire le monde, par l'effart
de sa. caste militaire et féodale pour fonder
la paix sur le droit est une œuvre d'affran-
chissemént humain et de salut universel.
Lria accomplissant, sous une présidence
dssormais immortelle, le phts grand acte
de ses annales depuis l'abolition de l'escta-
vage, la glorieuse nation dont toute l'his-
toire n'a été gue le développement da l'idée
de liberté demeure fidèle à -tes hautes ori-
gines et se crée un titre de plus à la recon-
naissance du genre humain La République
française, à travers les ruines de ses vitles
et de ses monument dévastés, sans motif
et sans excuse, par une sauvagerie honteuse,
envoie à sa sœur aimée, la république anté-
ricaine, les palme. de la Marne, de 1 Yser,
de Verdun et de la Somme, âuxquelles vont
s'ajouter bientôt de nouvelles victoires
Hommage du gouvernement
a la nation américaine
M. Alexandre Ribot, président du conseil,
a prononcé à la séance de la Chambre les
paroles suivantes
Nous avons tous le sentiment que qued-
que chose de grand et qui dépasse les pro-
portions d'un événement politique vient de
s'accomplir.
(,'est un fait tiistorique d'une importance
satts égale que i'entrée en guerre, avec
nous et nos alliés, de la démocratie la plus
pacifique qu'il t! ait au monde. Après avoir
tout fait pour affirmer son attachement à
la paix, la, grande nation américaine dé-
clare solennellement qu'elle ne peut rester
neutre dans cet immense conftit entre le
droit et la violence, entre la civilisation et
la barbarie. Elle considère qu'il est de son
laontteur de relever les défis portés toutes
les règles du droit international, si labo-
rieuserrient édifiées par l'effort contrraun
des nations civilisées.
Elle déclare en même temps qu'elle. ne
combattra pas pour des intérêts, qu'elle
ne veut ni conquête,- ni compensation,
qu'elle entend seudement aider à la victoire
de la cause du droit et de la liberté.
Ce qu'ü y a de grandeur, de noblesse
dans cette action est encore rehaussé par la
simplicité et ta sérénité du langage du
chef ittrastre de cette grande démocratie.
Si le monde avait pu garder le moindre
doute sur le sens profond de la guerre où
nous sommes engagés, le message du pré-
sident des Etats-Unis dissiperait toute obs-
curité. Il fait apparaître à tous que üa lutte
est véritablement une lutte :entre l'esprit
de liberté des sociétés modernes et l'esprit
de domination des sociétés encore asser-
vies un despotisme mititaire. C'est ce qui
lait que ce message retentira 'jusqu'au fond
de tous les coeurs comme un message de
délivrance apporté au monde.
Le peuple qui jait au xvm» siècle la
déclaration des droits sous l'inspiration des
écrits de nos phitosopties, ly peuple qui a
mis au premier rang de ses héros Was-
hington et Lincoln, le peupfe qui, au siècle
dernier, s'est déchiré lui-même pour abolir
l'esclavage était bien digne 'de donner au
monde un tel exemple. Il reste ainsi fidèle
aux traditions des fondateurs de son indé-
pendance et il'montre que le prodigieux es-
sor de ses forces industrielles et de sa
puissance économique et financière n'a pas
en dui ce besoin d'idéal lequel
U n'y a pas de grande nation.
Ce qui nous touche particulièrement,
c'est que les Etats-Unis nous ai2nt gardé
l'amitié qui a été scellée autrefois de notre
sang. Nous constatons avec une joie recon-
naissante que la fidélité des -m mpathies en-
tre les peuples est une des vertus délicates
qu'on peut cultiver su sein d'une démo-
cratie.
Le drapeau étoilé va à côté du
drapeau tricolore, vos mains vant se join-
dre et nos cœurs battre à l'unisson.
En voyant s'éveiller partout dans ? monde
la conscience des peuples et s'élever une
immense protestation contre tes atrocités
dont nous sommes victimes, ruius sentons
plus vivement que nous ne combattons pas
seulement pour nous-mêmes et pour nos
alliés, mais pour quelque chose d'immortel
un ordre
nouveau. Ainsi nos sacrifices n'auront pas
été vains airbsâ te sang généreux -versé par
les fils de la France aura été la semence fé-
conde des idées de justirx et de- liberté, fon-
dement nécessaire de. la concorde entre les
nations. Au nom du pays tout entier, le gou-
vernement de la République française adres-
se au gouvernement et au peuple des Etats-
Unis, avec l'expression de aa reconnais-
AU LUXEMBOURG
ALLOCUTION
de M. Antonin Dubost
Au début de la séance du Sénat, M. An-
tonin Dubost prononça les paroles suivan-
tes
Le Sénat reçoit avec une intense émotion
patriotique et républicaine la communica-
tion par laquelle le gouvernement lui an-
nonce que les Etats-Unis sont désormais en
état de guerre et sotidaireruent avec nous.
Ainsi le crime initial de l'Allemagne
déroule t'une après l'autre toutes ses fata-
lités. Il déchaîne la plus grande insurrec-
tion des peuples libres qui se soit jamais
vue contre la dernière tyrannie' -le milita-
risme prussien.
Il les associc successivement dans une
tiiciynifique solidarité démocratique, et voici
que l'épée de Washington, répondant à
d'épée: de la Facette, est son tour jetée
dans la balance
iai yrujiuK repuunqvM (niuu aK%a spunta-
d'empêcher la, Belgique et la France enva-
hies de de mbment solen-
nel où elle cède ia un appel ptus impérieux,
celui de l'honneur outragé, le Sénat fran-
çais lui adresse en même temps sa recon-
naissance eb son salut fraternel
Honneur aux nouveaux soldats de la
liberté, qui, connaissant toute l'affreuse
puissance de l'Allemagne pour, le mal, l'af-
frontent résolument
Honneur au nouveau juge qui demain
prendra place à la haute cour de justice de
l'humanité et qui prononcera avec nous les
pemes collectives et individuelles que meti-
tent la coalition germanique, ses chefs et
ses complices'!
LA SITUATION EN ESPAGNE
Déclarations du comte de Romanones
Madrid, 5 avril. Dépêche particulière
du Mntin ». J'ai demandé à M. de Ro-
manones son opinion sur la question ou-
̃vtière. Il a bien voulu me faire la déclara-
tion suivante pour le biatira
« -Pendant la dernière semaine, Tordre,
publics était en danger à cause de l'attitude
des sociétés ouvrières. La grève de Valla-
dolid, qui. dura quatre jours, et celles qui
éclatèrent à Miranda et en quelques au-
tres endroits montrent que les craintes du
gouvernement étrtient justifiées. Heureuse-
ment le projet échoua grâce aux dispositions
prises par le gquveinement, et grâce aussi
la sagesse de notre classe travailleuse. Le
gouvernement est satisfait de ce succès,
parce que la grève générale aggraverait la
pénible situation des classes ouvrières.
» Les socialistes signataires de la procla-
mation de la grève générale ont été relâ-
ches. Nous arriverons bientôt à un état nor-
mal. On pratique la censure avec une réelle
modération quant aux questions intérieu-
res: Nous tâchons d'apaiser les campagnes
de presse contraires iL l'intérêt national. Les
difficultés que la guerre produit dans Ja vie
intérieure de l'Espagne, surtout dans le do-
maine économique, augmentent chaque
jour. Le gouvernement fera tout pour conju-
rer la crise économique. Jusqu'à ce moment,
il a réussi à rendre la vie espagnole passa-
ble, presque la meilleure parmi tous les
pays neutres. .•
Hohenzollern
et peuple allemand
La première répercussion en Allema-
gne du message historique de M. Wilson
est tout à fait importante à souligner.
Il y a un passage de sa déclaration où
le président, conformément à sa généro-
sité naturelle, a établi une distinction
entre le gouvernement et le peuple alle-
mands. Nous ne saurions lui en vouloir.
Il est naturel que, n'ayant pas contem-
plé en personne toute l'ignominie de nos
ennemis, il conserve quelque illusion à
cet égard.
Pour nous Français, qui avons assisté
avant la guerre au travail sournois des
hordes d'espions qui nous avaient enva-
his pour nous, dont les campagnes ont
été ravagées, dont les villes ont été sac-
cagées et brûlées par ces armées de pay-
sans, de petits employés et d'intellec-
tuels transformés du jour au lendemain
en soudards féroces, nous avons le droit
d'être plus sceptiques. S'il est vrai qu'il
existe une étroite discipline chez les
troupes du kaiser, il est des crimes, qui
ne se réalisent, avec, cette perfection .que
par le consentement unanime et spon-
tané de ceux qui en sont les exécuteurs.
Mais il est inutile d'insister sur le
degré de solidarité qui peut exister
entre les dirigeants de Berlin et leurs
esclaves, solidarité qui ne fait aucun
doute ni pour nos vaillantes troupes, ni
pour le Sénat français il nous suffit de
signaler la réponse faite immédiatement
par les journaux allemands de toutes
opinions à cette bienveillante tentative
d'atténuer les forfaits de la masse en ac-
cumulant la responsabilité sur quelques
têtes.
Le Berliner Tageblatt déclare « que
M. Wilson est dans l'erreur lorsqu'il
prétend que le peuple allemand n'est pas
en accord avec la dynastie », et il ajoute
grossièrement « Cette partie du mes-
sage,,est la plus faible: nous ne la lais-
serons pas sans réponse. »
Le Lokal-Anzeiger écrit
L'assurance donnée par M. Wilson
que la guerre n'est pas dirigée contre
notre peuple mais contre le gouverne-
ment est fausse et malhonnête, comme
son message tout entier, depuis le pre-
m,ier jusqu'au dernier mot. M. Wilson
sait parfaitement que cette guerre n'est
pas une guerre dynastique mais, de la
façon la plus absolue, celle de tout un
peuple Iüttant pour son existence.
La Gazette de Voss proteste énergi-
quement contre la distinction entre le
gouvernement et le peuple allemands.
Elle repousse l'affirmation de M. Wil-
son selon laquelle l'empereur aurait;
voulu la guerre.
Cette affirmation, conclut-elle, prouve
simplement la mauvaise foi du prési-
L'officieuse Gazette de l'Allemagne du
Nord s'irrite de voir l'Entente et l'Amé-
rique se mêler des affaires du pays.
Nous leur conseillons, dit-elle, de ne
point toucher aux choses de la politique
intérieure allemande.
La Gazette de Cologne écrit
M. Wilson a eu l'audace de vouloir
faire une distinction entre le peuple et le
gouvernement allemands. Le peuple al-
lemand proteste avec indignation contre
cette subtilité. Il est tout entier derrière
son gouvernement. Il éprouve au-jour-
d'hui une sensation de soulagement à.
pouvoir enfin traiter en ennemi son ad-
versaire.
Ainsi parlent les journaux bourgeois
de toutes nuances.
Il est intéressant de noter que le Vor-
vossrts ne reste pas en arrière dans cet
élan furieux de loyalisme.
Personne, dit-il, n'a le droit d'impo-
ser à un autre peuple par la f orce sa
forme de gouvernement. Les voeux du
peuple allemand sont connus. Aux der-
nières élections du Reichstâg, sur
suffrages, 4.238.000 sont allés
à la socialdémocratie. Que tous les élec-
teurs qui ont voté pour la socialdémo-
cratie soient des républicains convain-
cus, nous ne pouvons aucunement le
prétendre, mais que les 7.949.000 autres
électeurs ne le soient pas, on peut l'ad-
mettre avec certitude.
Ainsi l'organe officiel de la socialdô-
mocratie lui-même saisit l'occasion pour
se prosterner devant le trône des Ho-
henzollern.
Que les gouver nements de l'Entente
déclarent hautement qu'ils ne traiteront
en aucun cas avec un empereur dont la
signature est sans valeur, c'est justice.
Mais ce n'est pas une raison pour que
nous considérions d'autres Allemands,
qui surgiraient au moment voulu, le
sourire aux lèvres et la main tendue,
comme plus dignes de confiance que la
sinistre dynastie.
Le seul point de vue que le patriotisme
française, assoiffé de réparations et de
sécurité pour l'avenir, puisse admettre,
c'est celui qu'exprime la formule tou-
jours proclamée par le gouvernement de
notre pays La paix par la victoire.
Aucune garantie n'est valable si l'on
traite avec une Allemagne qui ne serait
pas défaite. Mais quand l'ennemi sera
battu et définitivement mis hors de
cause, quand il aura accepté nos condi-
tions, l'accord permanent des alliés sera
une plus sûre caution de sa bonne foi
que des engagements quelconques, qu'ils
soient souscrits par Guillaume II ou par
M. Scheidemann^
En déclarant après le président des
Etats-Unis que « toutes les ressources
américaines seront employées pour obli-
ger l'Al!emagne à terminer la guerre à
nos conditions », le Congrès nous donne
une nouvelle preuve que cette victoire
décisive, seule et unique garantie de la
©aix, peut et doit être obtenue.
L'OFFENSIVE DES ALLIÉS
Autour
de Saint- Quentin
Français et Anglais poursuivent le
débordement de la vitle
L'offensive française s'est poursuivie darùf
les meilleures conditions pendant la journée
du 4 avril
Malgré de violentes rafales de neige et
l'état déplorable du terrain, nous avons
continué à refouler l'ennemi au delà d'unn
position très importante qui dominait Gru-
gies, Urvillers et Moy.
Ces trois villages ont été brillamment
enlevés d'assaut Au nord de la ferme de
la Folie, les Allemands ont dû abandonner
précipitamment trois lignes de tranchées
précédées de réseaux de fils de fer. Nous y
avons trouvé des blessés et un important
matériel, notamment trois obusiers et plu-
sieurs camions d'escadrilles. Cette ferme do
la Folie ne doit pas être confondue aveu
une autre du même nom, dont il a été. sou-
vent question naguère et qui est au nord
d'Arras. Il s'agit d'une ferme de la Folie
qui se trouve sur la route de Vendeuil
Saint-Quentin, à deux kilomètres au nord
de Cerizy.
Pendant la nuit du 4 au 5 l'ennemi n'af
tenté aucune réaction sur notre nouveau
front. Nos reconnaissances ont poussé au
nord de Grugies et au nord de Moy jus.
qu'aux lignes ennemies, qu'elles'ont trou-
vées fortement occupées. Une contre-atta-
que a été repoussée net sur le front Lai'faux-
;MaTgival.
Ailleurs, la lutte d'artillerie a continué
avec violence. Au sud de l'Ailette, un dur
combat s'est engagé dans le village même
de Laffaux, où nous avons pénétré. Des
contre-attaques allemandes ont été brisées
au sud de Vauveny.
Les Anglais ont eu à subir une violente
contre-offensive à l'ouest de Saint-Quentin.
Ils l'ont repoussée victorieusement. Ils se
sont d'autre part emparés du village do
Metz-en-Couture, à cinq kilomètres au sud»
est de Bcrtincourt.
Ajoutons que le major Moraht qui.
pour des raisons que nous ignorons, ne col-
labore plus au Berliner Tageblatt écrit,
dans un récent article
« D'ailleurs notre recul stratégique n'est
pas terminé. »
Les Allemands brûlent
la ville
Le correspondant de l'agence Havas sur
le front britannique écrit
CI Il est malheureusement établi que l'en-
nemi poursuit la destruction systématique,
de Saint-Quentin, où déjà, il y a quinze
jours, nous apercevions les lueurs d'incen-
dies et percevions le bruit d'explosions
nos avant-postes assistent du bois Pourlou,
d'où ils dominent un faubourg, à l'accom-
plissement des infamies allemandes. Il
UNE RÉPONSE AÛX BARBARES
Séquestres
et représailles
Une arme nouvelle va être mise entre
les mains du gouvernemenf français
Par Louis PUECH
La guerre accuse chaque jour un ]ici,],
veau caractère de violence et de bruta.
lité. A mesure que nos troupes les pres-
sent et les forcent à délaisser les régions
envahies, les Allemands semblent, preiu
dre à tâche de faire oublier les Vandales.
ils pillent, ils rançonnent, ils détruisent,
ils incendient. Ils répondent partout' la
dévastation et la mort. Leurs crimes sbuV
lèvent la conscience universelle.
Que vont devenir, dans cette régres.
sion effrénée vers la barbarie, les biens
situés en Allemagne appartenant, à des
Français et' que le gouvernement impé-
rial, des le début de la guerre, a mis
sous séquestre,, comme npùs l'avons
fait d'ailleurs nous-mêmes en Franco
pour les, biens allemands ? La question
vaut la peine d'être posée. Ces biens, en
effet, sont considérables des deux côtés
ils se comptent par milliards.
Le régime, en cas de guerre, des biens
ressortissant à la puissance ennemie a
varié, bien entendu, suivant les époques
et suivant l'évolution du droit interna-
tional. Jadis, le roi avait le droit de,les
confisquer. Cette mainmise portait ,le-
nom de séquestre de guerre. Ce genra
de séquestre a été aboli par les traités du
1814 et 1815. Aujourd'hui, les biens, ap-
partenant à un ressortissant ennemi sont
bien encore placés sous séquestre, mais
ce n'est plus un séquestre spécial arme
de droits de disposition ou de confisca-
tion. C'est le séquestre de droit commun
prévu par l'article 1963 du code civii
qu'on applique couramment dans les lui-
tiges privés, sur ordonnance du juge,
aux biens dont la possession est contes-
tée. Ce séquestra ne comporte que des
pouvoirs d'administration et de conser-
vation. L'administrateur séquestre n'est
plus qu'un gérant d'affaires. Il a pote
mission de veiller au patrimoine dont la
gestion lui est confiée.
C'est bien ainsi que, dès la mobilisa-
tion, on a procédé tout d'abord en Fran-
ce et en Allemagne. Mais la guerre sn
prolonge les rapports s'aigrissent. On
peut se demander si nous ne sommes
pas à la veille d'un changement dé front
et de mesures graves.
Jusqu'ici, l'Allemagne n'avait pas tou-
ché aux biens séquestrés en, ce qui
concerne la France. Elle n'avait usé de
rigueur qu'en ce qui regarde l'Angle-
terre. Dès le juillet 1916, le Conseil fé-
déral avait pris une ordonnance concer-
nant la liquidation' des entreprises brio
tanniques. Aux termes de cette ordon-t
nance, dont il serait trop long de repro-
duire le texte, le chancelier de l'empire
peut ordonner la liquidation des entre-
prises dont le capital appartient <*n ma-
jeure partie à des nations britanniques
Grande-Bretagne, irlande, colonies bri-
tanniques et possessions extérieures, ex-
ception faite du Canada et de l'Union
sud-africaine. Le liquidateur doit se
mettre en possession de 'l'entreprise. Il'
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