Titre : Le Matin : derniers télégrammes de la nuit
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1910-10-21
Contributeur : Edwards, Alfred (1856-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 21 octobre 1910 21 octobre 1910
Description : 1910/10/21 (Numéro 9733). 1910/10/21 (Numéro 9733).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/05/2008
SEUL JOURNAL FRANÇAIS RELIANT PAR SES FILS SPECIAUX LES QUATRE PREMIÈRES CAPITALES DU GLOBE
hes chances de la république
en Espagne
UNE ENQUÊTE DU "MATIN"
Quand la révolution a éclaté au Portu-
JL gai, le regard de l'Europe s'est inimédia-
temç'iit tourné vers le pays voisin, et la
question fut posée partout Quelle ré-
percussion cette révolution aura-t-elle en
Espagne ?
C'était une question logique, car les
républicains en/Espagne sont nombreux.
Une quarantaine d'entre eux siègent au
Parlement. A Madrid, mêmes, la résidence
de la cour, duns les grandes villes com-
me Barcelone, Séville, Bilbao, Saragosse,
etc., le vote républicain aux dernières
élections législàtives et municipales l'em-,
portait de beaucoup sur le vote monar-
chiste.
La presse espagnole compte, à côté des
organes monarchistes, une Quantité de
journaux à tendance nettement républi-
Il y a donc incontestablement en Espa-
gne un mouvement républicain extrê-
mement important.
Ce mouvement a-t-il profité de la révo-
lution portugaise ? Si oui, pourra-t-il s'en
servir d'une .façon suflisante pour per-
mettre aux républicains espagnols d'imi-
ter leurs voisins portugais ? Voilà l'en-
quête dont j'étais' chargé par le Matin
en quittant Lisbonne pour Madrid.'
Je me suis adressé tout d'abord au
chef du gouvernement, M. Canalejas. II
m'a assuré que la révolution portugaise
n'aurait aucune influence en son pays,
que la situation en Espagne est tout
autre qu'au Portugal, que l'armée espa-
gnole est profondément attachée à la mo-
narchie, que le parti républicain est di-
*'visé et que la grande majorité du peuple
est et restera fidèle au roi. Qu'en somme,
la République en Espagne est impossi-
ble.
On dira 'que le chef d'un gouvernement
monarchiste ne pouvait pas parler au-
trement et que ses successeprs tiendront
le même langage. Sans doute. Mais
j'ai la conviction que M. Canalejas, en
parlant ainsi, exprima son opinion très
sincère. Le chef du gouvernement d'au-
jourd'hui est absolument convaincu de
l'impuissance d'un mouvement républi-
cain et cette conviction est partagée par
plusieurs hommes très compétents-avec
lesquels je me suis entretenu.
J'ai eu des entretiens également avec
les principaux chefs républicains. L'opi-
nion de M. Lerroux est certainement
celle qui est le plus répandue. Je la ré-
sume..
-Jju République en Espasiae;- d'ici-
à trois ou quatre ans, déclare M.
Lerroux, est aussi certaine que le le-
ver du soleil demain matin. En très
grande majorité, le peuple espagnol est
anticlérical, antimonarchiste. Le mouve-
ment républicain se répand tous les
jours., Si les élections législatives se fai-
saient sans pression gouvernementale,
les républicains auraient bientôt la ma-
O&- jorité à la Chambre. La propagande ré-
publicaine pénètre de plus en plus dans
les casernes. Il y a quelque temps, la
garnison de Barcelone était acquise au
parti républicain.- Elle aurait marché
contre l'e trane mais à ce moment, la
seule aicle de cette garnison n'aurait pas
permis aux républicains de triompher.
Le roi est impopulaire. Il s'occupe trop
de sport et pas assez de son peuple. Le
roi est malade il ne vivra pas long-
temps..
L'anticléricalisme grandit chaque jour
en Espagne; la cour, étant très cléri-
cale, favorise par là même la propa-
:gaude républicaine.
Voilà donc deux opinions celle du
chef du gouvernement, monarchiste et
celle du chef républicain. Elles sont,
veus ie voyez, entièrement contradic-
toires. Laquelle est la bonne ? Qui des
deux a raison ?.
J'ai continue mon enquête dans des
milieux plus impartiaux, parmi les
commerçants et les industriels. On m'y
d dit « Nous ne sommes pas répubJi-
cains, mais nous estimons que le cléri-
calisme mène notre pays à la ruine.
Si la monarchie tolère et encourage ce
cléricalisme, c'est à ses risques et périls.
Nous avons en Espagne environ 80,000
moines et sœurs le pays fourmille de
couvents et de monastères. Ils fabri-
quent .-toutes sortes d'objets ils sont
exempts d'impôts ils n'ont pas de
main-d'œuvre a payer. Avec leurs mar-
cbandises, ils font une concurrence dé-
sastreuste an commerce et à l'industrie
des particuliers.
» Les jésuites, qui sont les plus nom-
breux, captent les héritages les plus im-
portants ils assurent en grande partie
l'enseignement primaire et secondaire
ils inculquent à nos enfants leurs doc-
tiines, basées sur leur 'cruelle devise
« La fin justifie les moyens.
Il ne suffit pas qu'on arrête l'inva-
sion des congrégations il faut qu'on
les éloigne de notre pays..
» Le cléricalisme, l'influence et Vœu-
vre des congrégations, surtout celle de
la Compagnie de Jésus, sont néfastes
pour nutre pays et constituent le plus
grand danger pour la dynastie mais la
dynastie ne semble pas s'en aperce-
voir. »
Dans les classes ouvrières, j'ai cons-
taté ou des opinions nettement républi-
caines ou l'indifférence.
Parmi les officiers, la propagande ré-
publicaine n'a pas fait de progrès. il
Voilà dans ses grandes lignes la si-
tuation de l'Espagne aujourd'hui.
Deux événements en dehors, bien
entendu, de la mort d'Alphonse XIII
peuvent mettre la monarchie en péril
1° La capitulation du gouvernement
devant les désirs du Vatican. L'Espagne
n'est point anticatholicfue ou antireli-
gieuse. M. Canalejas ne demande pas
la séparation des Eglises et de l'Etat
il ne désire pas la rupture avec le Saint-
Siège mais le peuple veut que l'Espa-
gne se délivre de l'étreinte des jésuites
et des autres ordres, pour qu'elle puisse
vivre et prospérer.
2° L'assentiment du ministère aux
projets de certains milieux militai-
res et de la cour de se lancer dans une £
politique de conquête au Maroc^ L'Es- i
pagne n'a pas d'armée coloniale, et pour (
des expéditions militaires à Tetouan ou
en d'autres régions, elle doit faire appels
aux troupes de la métropole. Les réser-
vistes qui seraient appelés sous les dra-
peaux quitteraient bien certainement à 1
contre-coeur leurs foyers, et.des troubles t
analogues à ceux qui éclatèrent à Bar-
celone lors de-la campagne du Rif, il y a
un an et demi, seraient inévitables. Ces 1
troubles auraient un caractère antimo- (
narchiste dont le parti républicain profi- r
terait immédiatement. c
Jules Hedeman. j;
UN JEUNE MÉNAGE
On aime à quatre-vingts ans comme il
vingt. Et l'histoire surannée de Philémon et
Baucis est toujours jeune. Témoin le doux
Jean-Baptiste Grandblaise qui, à quatre-
vingt-trois ans d'âge, épousa mardi matin,
à Bpugival, une fancée de soixante-dix-huit
ans, Mmes veuve Hursaint.
Nous avons vu hier les deux vieillards.
Dans leurs claires prunelles brillait une pe-
tite flamme très tendre.
Phot. Matin ».
Nous sommes heures, nous a dit M.
Grandblaise. J'ai perdu ma première femme
il y a dix-huit mois. J'ai bien cru qu'à mon
tour j'allais mourir de chagrin. Mme Hur-
Saint m'a comblé d'attentions et de soins
elle était veuve aussE, Nos cœurs se com-
prirent, et la main dans la main, sous l'œil
attendri de nos enfants, nous nous sommes
unis devant l'autel.
Mon mari, a ajouté la petite vieille, a
une pension annuelle de six cents francs
it ne pouvait payer une domestique aussi,
d'un cœur loyal, m'a-t-il proposé de parta-
ger les joies de son humble foyer. J'ai ac-:
cepté de grand coeur.
Et M. Grandblaîse qui est un vieux brave,
nous conte, d'une voix émue et chevrotante,
quelques épisodes du siège de Paris il évo-
que les combats du Bourget et de Noisy-le-
Sec, où chassepot au poing, il défendit les
trois couleurs françaises.
PROPOS D'UN PARISIEN ̃
COMPLAINTE D'UN MARCHAND DE TISSUS
EN L'AN DE GRACE 1910.
Il était une fois un marchand de tissus.
Depuis des siècles, le commerce des étoffes t
est la gloire et la prospérité de Paris. c
Hélas l'an 1910 lui fut plutôt contraire.
Que de malheurs de cet an sont issus
Plaignons, plaignons le marchand de tissu. 9
L'année commença par les inondations. s
Les teinturiers étant submergés, le mar-
chand reçut des commandes, mais pas de d
tissus. 1,
Que $e malheurs de cet an sont issus d
Plaignons, plaignons le marchand de tissus.
Enfin le déluge cessa les eaux se reti- r
rèrent et les teinturiers reprirent leurs tra- u
vaux. Mais après les lubies de la nature, il e
fallut compter avec les caprices des hom-
mes les emballeurs se mirent en grève, p
Le marchand avait du tissu, mais pas dé 1;
caisses pour l'emballer. v
Que de malheurs de cet an sont issus 1<
Plaignons', plaignons le marchand de tissus.
Cette grève était à peine terminée, que
les camionneurs abandonnèrent le travail.
Le marchand ne manquait ni de tissu ni de
caisses, mais il n'avait plus personne pour
les transporter aux gares.
Que de malheurs de cet an sont issus
Plaignons, plaignons le marchand de tissus.
Un beau jour, les camionneurs remon-
tent sur le siège. Mais patatras les che-
minots se mettent en grève. Et» si le
marchand a du tissu, des caisses pour l'em-
baller, des camionneurs pour le transpor-
ter il n'y a plus de trains pour l'expé-
dier aux clients.
Que de malhettrs de cet an sont issus
Plaignons, plaignons le marchand de tissus.
Aujourd'hui les trains marchent. Mais
il est à craindre qu'un beau jour, les clients
de l'étranger, las d'attendre, ne marchent
plus le malheureux marchand aura du
tissu, des caisses, des camionneurs et des
trains, mais il n'aura plus de commandés
(Au refrain.) Clément y autel.
Milliards de France
Milliards d'Amérique
^3r/fe\gATS-UNIS.9.386.093 Kmc
Le ministère de l'agriculture n'a point pu-
blié encore la statistique agricole de 1909.
Le département de l'agriculture des Etats-
Unis, plus prompt, nous fait savoir que la
valeur des produits de la ferme, pour
l'Union, a atteint l'année dernière 43 mit-
liards 800 nciltions de francs.
L'élément le plus remarquable de ce
chiffre est la production du maïs qu'on esti-
me à 8.600 millions. Puis viennent le- coton,
i.250 millions le blé, 3.725 millions le
toin, 3.325 millions l'avoine, 2;000 millions;
les pommes de terre, 1.060 millions le
tabac, 500 millions.
Cette somme colossale de près de 44
milliards perd de son prestige, si on la
rapporte à la superficie immense des Etats-
Unis qui est;les' neuf dixièmes de celle de
l'Europe. Nous pouvons fièrement lui oppo-
ser le chiffre de la production agricole fran-
çaise qui a atteint en 1908^ le chiffre de
9.492 millions. Dans ce total, les céréales
entrent pour 3.457 millions les cultures
fourragères pour 2.538 millions les tuber-
cules pour 1.436 millions, et les vignes pour
370 millions.
En 1909, la récolte, excellente, a dû élever
l'ensemble de la prodnction près? de 10
milliards. Mais nous nous en tiendrons aux
chiffres de 1908. pour faire la comparaison
entre les deux pays.
Le territoire de la France est dix-sept fois
plus petit que celui des Etats-Unis. À sur-
face égale elle produirait 161 milliards, soit
environ quatre fois plus que les Etats-Unis
dont la production de 1908 montait ia 39 mil-
liards et demi. Autrement dit, la puissance
agricole de notre paifs vaut actuellement
quatre? fois celle de la grande République
%méricaine.
L'artillerie de 1' Edgar-Quïnet
sera lerveillense
On avait des craintes sérieuses, depuis
ieux mois, au sujet da l'artillerie du grand
;roiseur cuirassé Ed%ar-Quinet, dont on
ivait escompté l'entrée en escadre, et qui
se .trouvait immobilisé à Brest. Nous nous
sommes fait l'écho de ces plaintes la ma-
îœuvre de chargement ne se faisait pas
lans de bonnes conditions les projectiles
le. pouvaient être mis à poste.. On
ivait débarqué les munitions, modifié les
ceintures arrière les obus n'entraient pas
davantage.
On vient enfin de trouver le «remède, et
;outes craintes .sont dissipées. Il faut d'au-
ant plus s'en réjouir que tous nos nou-
veaux navires, le Waldeck-Iïousseau et les
;ix Danton, sont pourvus des mêmes dis-
positifs.
II est acquis maintenant que les pièces
le 19 centimètres de YEdgar-Quinet pour-
'ont tirer quatre coups à la minute. Le
xoiseur cuirassé ayant quatorze pièces de
:e calibre pourra donc lancer un obus par
seconde.
Cette rapidité de tir dépasse ce qu'on
ivait obtenu jusqu'à ce jour.
Ittaque de soldats
à main armée
Un nouvel attentat a été commis hier ma-
in à Villeneuve-triage, entre cette gare et
elle de Maisons-Alfort.
Le soldat Royer, du 216 colonial, se trou-
'ait en faction sur le remblai des voies de
îrande-Çeinture, à peu de distance de la
rare de triage. De ce point, on domine la
bifurcation des lignes du P.-L.-M. qui pas-
ent à plusieurs mètres en contre-bas.
Vers une heure du matin, l'attention de
loyer fut attitrée par les allées et venues de
[eux individus qui suivaient, en se dissimu-
ant, le sentier longeant le remblai et tra-
'ersant les voies, qui va de la grande route
e Villeneuve la Seine.
Au large cria-t-il.
Une bordée d'injures antimilitaristes lui
épondit, ainsi ,qu'un coup de revolver dont
ne balle siffla à ses oreilles. Royer riposta
n tirant deux coups de fusil puis, eh com-
'agnie d'un autre factionnaire, le soldat
,essaint, et d'un piquet du 150° d'infanterie
iosté au lieudit « Pompadour », il s'élança à
a poursuite des agresseurs, mais sans pou-
oir les rejoindre.
Le parquet de Corbeil s'est transporté sur
3s lieux et a ouvert une enquête.
L'INUTILE EFFORT
Quelle drille d'idée a saboter tel rails sur TOunt-Etat 1
Une ligne où les trains déraillent si bien tout seuls
LE BON BILLET.
DE LOGEMENT
Ceux qui regrettent la fin- de la grève
La population française se réjouit de voir
les troubles de la grève s'apaiser. Mais à
Paris, il,y a quelques personnes qui ne pren-
nent pas part it l'allégresse générale. Ce sont
quelques-uns dès officiers qui ont été appe-
lés de province pour réprimer les tentatives
de désordre. Ils regrettent, ceux-là, Jfc bon-
heur passager qu'ils doivent au billet de
iagement.
Nul n'ignore que des régiments, qu'on
avait appelés des départements dans la ca-
pitale ont été casernes dans l'Ecole militai-
re. Les chefs ont été placés chez les habi-
tants du quartier. Or dans les immeubles
qui ont été récemment bâtis autour du
Champ-de-Mars, il y a un grand nombre de
comédiennes. C'est la faute de M. Lucien
Guifry il s'est fait bâtir un hôtel dans ce
quartier. Les gens de théâtre ont l'esprit d'i-
mitation et ils ont suivi l'exemple du maîtres.
Les poules se sont groupées autour dé Chan-
tecler.
Donc le hasard des listes municipales ou
l'ironie d'un fonctionnaire ont envoyé chez
d'aimables actrices plusieurs officiers. Au
numéro 33 de l'avenue Elisée-Reclus, une
belle maison abrite trois actrices. Au rez-de-
chaussée est une jeune comédienne plus
haut demeure une artiste qui, il y a quelques
années, voulait rivaliser avec Otero clans l'art
difficile de la danse espagnole au dernier
étage plane une fantaisiste. Vendredi soir, le
vestibule était envahi par les militaires qui
présentèrent le billet de logement. Ils ne
chantaient pas, comme dans la Fidle du
.Tambour-Major
C'est un billet de logement;
Il est en règle strictement.
Mais le billet de logement était en règle,
strictement. On prescrivait aux actrices d'as-
surer le coucher des officiers.
Elles furent un peu émues en voyant ces
dragons, qui arrivaient de Fontainebleau.
Mais elles ont des sentiments patriotiques
et comment auraient-elles repoussé ces vail-
lants qui avaient chevauché pendant toute
la journée pour venir protéger la capitale ?
Elles auraient pu .se soustraire à cette obli-
gation en payant les chambres d'hôtel que
les cavaliers' auraient occupées. «Mais une
femme ne peut dire à,un officier
Je vous ouvre un crédit de trois Trancs
par jour pour votre logement.
Elles se résignèrent à accueillir ces hôtes
inattendus. La comédienne du rez-de-chau's-
Sée reçut un capitaine l'actrice qui fut bal-
lerine ouvrit ses portes à un lieutenant
la fantaisiste du sixième eut aussi un lieu-
tenant, un jeune lieutenant qui est marié
depuis quelques semaines 'et que sa femme
n'avait pas vu sans crainte partie pour Pa-
ris. Un pauvre capitaine se lamentait seul,
dans cet immeuble, il avait été adressé à un
célibataire qui d'ailleurs ne put l'héberger
et versa l'indemnité prévue par les règle-
ments.
Les amis des comédiennes ressentirent de
l'inquiétude en apprenant la présence d'of-
ficiers auprès des belles. Ils se calmèrent un
peu en constatant que c'étaient des dra-
gons Via- destinée aurait pu leur envoyer des
hussards. Le capitaine et les lieutenants' se
montrèrent d'ailleurs d'une galanterie ex-
quise et d'une merveilleuse réserve. Ils
étaient un peu honteux de mettre en désor-
dre ces intérieurs élégants. Ils s'efforcèrent,
du moins, de n'en point troubler la paix.
Ils apprécièrent bientôt la joie de reposer
dans des boudoirs. Ils déposèrent leurs can-
tines et leurs casques devant les larges ca-
napés aux fourrures blanches. Ils rêvèrent
devant les gravures du dix-huitième siècle
et devant les photographies d'amies. Au mi-
lieu de la nuit, ils' entendaient parfois les ri-
res qui venaient de la salle à manger où
l'on soupait. Je n'affirmerai point qu'ils n'ac-
ceptèrent pas de prendre »,un doigt de cham-
pagne. Mais ils restèrent respectueux, et les
comédiennés ne perdirent jamais la dignité
.qui les caractérise. Elles-evaient même pros-
crit du petit salon où dormait l'officier les li-
vres frivoles. Elles avaient déposé négligem-
ment sur les tables légères -les œuvres de
nos grands classiques, des traités dé philo-
sophie, des réflexions sur l'art dramatique.
Ainsi les officiers apprirent que les striées
parisiennes sont graves, et les actrice§ pari-
siennes connurent que les officiers sont dé-
cents.
Cependant un sentiment agréable et pur
naissait entre les actrices et les officiers.
Une vague amitié unissait la comédienne à
l'hôte d'un jour, ou de quelques jours. Aux
fenêtres de la fantaisiste et de celle qui fut
une prêtresse de la chorégraphie, rêvaient
les lieutenants, et coiffé du -bonnet de po-
lice, le capitaine se promenait parfois dans
le jardin de l'actrice et caressait ses loulous
blancs.
Ce bonheur va s'évanouir. Ce ne sera bien-
tôt plus qu'un souvenir, mais un cher sou-
venir, et les officiers se plairont à l'évoquer
souvent dans l'ennui des garnisons.
Perquisitions à l'arsenal
de Toulon
TOULON, 20 octobre. Dépêche parti-
culière du « Matin)). Sur instructions
télégraphiques parvenues de la Sûreté gé-
nérale, M. Dutrey, commissaire spécial de
police, accompagné d'un secrétaire et de
plusieurs gendarmes maritimes, s'est reri-
du ce matin et cet après-midi l'arsenal.
Il a parcouru plusieurs ateliers, se diri-
geant vers les casiers de certains ouvriers
de l'Etat signalés comme professant des
idées anarchistes, et comme ayant aug-
menté ces jours-ci l'intensité de leur pro-
pagande.
Les perquisitions ont permis de saisir un
grand nombre de brochures subversives et
des paquets d'exemplaires de la Guerre
sociale.
Il n'y a pas eu d'arrestation, mais deus
ouvriers ont été priés de se tenir à. la dis-
position de la police.
UNE BOMBE
Fontenay sous Bois
Hier après-midi, à deux heures et demie,
un sergent de zouaves du fort de Rosny,
passant dans un terrain vague situé à proxi-
mité de Fontenay-sous-Boïs, aperçut à ses
pieds une boite cylindrique de fer-blanc,
haute d'environ vingt-cinq centimètres et
d'un diamètre de huit centimètres, de la-'
quelle émergeait un cordon Bickford à
moitié consumé.
Le solaat alla immédiatement prévenir
le garde champêtre, M. Audot, que informa
ù son tour le poste de Fontenay, M. Gau-
bert, commissaire de police de Vincennes,
se rendit aussitôt sur les lieux,proeéda aux
constatations et téléphona au laboratoire
municipal qui envoya, .à, .six heures, une
voiture spécial© pour emporter l'engin,,
LE 1BJP
Quel travail quotidien faut-il
demander à l'homme
pour le bien de son
organisme ?
Considérer le corps humain comme l'équi-
valent d'un moteur quelconque qui consom-
me, produit, s'use et se détraque, c'est là une
idée scientifique fort appropriée à notre épo-
que d'automobiles et d'aéroplanes Il n'est
donc pas étonnant qu'elle ait séduit l'un de
nos jeunes et distingués savants, M. Jules
Amar, préparateur de physique b;ologique
à la faculté de médecine, lequel vient d'a-
dresser sur cette question une communica-
tion fort intéressante à l'Académie des scien-
ces.
Nous lui avons demandé de bien vouloir
nous commenter le résultat de ses recher-
ches. ̃
L'étude du « travail » humain, nous
a-t-il dit, a déjà été faite d'une manière ana-
lytique et scientifique par le professeur
Chauveau, du Muséum. Pour ma part, je me
suis tenu au point de vue professionnel et
militaire.
» Mes expériences ont porté sur des mil-
liers de sujets, appartenant à diverses pro-
fessions. J'ai notamment fajt un voyage en
îUgérie, sur la frontière marocaine, afin
d'opérer sur les indigènes que le projet de
loi Messimy propose d'incorporer a nos trou-
pes métropolitaines.
» Je me suis d'abord préoccupé de la tech-
nique à employer pour mesureur mathémati-
quement un travail professionnel, quel qu'il
soit, c'est-à-dire évaluer la consommation en-
énergie qu'il nécessité.
Après quoi, j'ai voulu connaître la quan-
tité maximum de travail journalier que l'on
peut demander à chaque catégorie d'ou-
vriers, sans toucher il l'intégrité de l'orga-
nisme.
».J'entends par là qu'un homme qui s'ali-
mente librement doit, toutes les vingt-qua-
tre heures, après avoir fourni sa tâche et
s être reposé, récupérer son poids. S'il a
diminué, c'est qw l'Pffort dépensé fut trop
considérable s'il s'est accru, c'est qu'il
na pas donné son maximum de rende-
ment.
Cela posé, j'ai constaté que pour la
plupart des professions, la quantité nor-
male de travail qu'il ne faut pas dépasser
est de sept heures par jour. Elle tombe
même à cinq heures pour les maçons, par
exemple, qui ont sans cesse à monter et à
descendre des échelles..
» Si l'on compare, d'autre part, le travail
recueilli à la dépense correspondante, le
rendement du moteur humain est de 25 à
30 Or la meilleure machine thermique
n'a jamais donné que du 13 1/2 Vous
voyez par là que l'homme est supérieur à
toute mécanique.
» Toutefois son rendement présente une
anomalie curieuse pendant sa mise en
marche, il gaspille beaucoup plus d'éner-
gie qu'il n'est nécessaire. Mais cela ne
dure que quatre ou cinq minutes, et en-
suite l'équilibre s'établit.
» Avec des sujets entraînés, je suis par-
venu à'fair'e faire, sans excéder la dépense
normale de forces, trente-cinq kilomètres
de marche, à raison de cinq kilomètres et
demi à l'heure, avec quarante-cinq kilos de
charge. Les nègres fournissent une résis-
tance d'un quart ou d'un tiers supérieure,
à celle des blancs, mais leur travail a
moins d'intensité.
» Quant aux aliments, ils se divisent net-
tement en deux sortes ceux qui accroissent
1* force musculaire et ceux qui engendrent
l'énergie. Les premiers ne développent que
l'athlétisme, c'est-à-dire qu'ils ne procurent
aucune endurance. Parmi les se'onds,. les
plus recommandés sont les corps ternaire
(sucreries, corps, gras). L'excès d'albumi-
noïdes constitue au contraire un accroisse-
ment de la masse charnue qui gc!ne l'exer-
cice.
En résumé, la machine humaine est su-
périeure par le rendement et. par la manière
dont elle peut nuancer l'effort. En quantité
et en vitesse, elle est naturellement infé-
rieure.
» Enfin elle n'occasionne pas une dépense
beaucoup plus considérable, surtout depuis
la hausse de la houille. Aussi, quand bien
même la question d'humanité n'y serait pas
mêlée, faudrait-il maintenir .f èxisl-Mice de la
main-d'œuvre.
LE PAPE ACCORDE
aux Jésuites
le monopole 'de la presse
dans les couvents
HOME, 20 octobre,. Du correspondant
particulier du Matin (par téléphone).
Le pape, par la récente constitution Sacro-
rum antilistum. *a défendu la lecture des re-
vues et journaux, même catholiques, dans
les séminaires, à l'effet soi-disant de ne
point détourner les élèves de leurs études.
En outre, ces jours-ci, la Consistoriale a
étendu cette prohibition aux maisons de re-
ligieux et religieuses.
Or il arrive ce fait'curieux que les jésui-
tes, en ce moment, au moyen d'émissaires,
colportent de séminaire en séminaire, de
couvent en couvent, non seulement en Ita-
lie, mais aussi en France et ailleurs, un
rescrit pontifical autorisant l'introduction
et la lecture de leurs écrits et de leurs jour-
naux dans les séminaires et les couvents.
C'est donc pour les jésuites un monopole
assuré.
LES GRÈVES EN ALLEMAGNE
L'ÉTAT DE SIEGE
proclamé à Brème
Berlin, 20 octobre. pépé cite. particu-
lière du « Matin ». Quelques journaux
seulement parlent aujourd'hui des nouvelles
é.meutes. qui se sont produites cette nuit à
Brème.
Comme la veille, et bien que la police eût
cette fois mis le quartier en» état de siège,
et par mesure de précaution renvoyé, com-
me on le sait, les ouvriers- berlinois engagés
pour remplacer les grévistes, les scènes de
révolte ont recommencé avec la même vio-
lence .et duré également de sept heures du
soir à minuit.
De nouveau, les réverbères furent éteints,
des glaces de magasins brisées à coups de
pavés, des agents assaillis à coups de pier-
res et de morceaux de fonte.
Des coups de feu furent tirés au moment
au on procédait à plusieurs arrestations. Un.
brigadier a été grièvement blessé. Le nom-
bre des personnes grièvement atteintes dans
les bagarres d'avant-hier s'élève, d'après le
Vorwœrts, à trente.
Les négociations entre les directeurs des
compagnies de tramways et leurs employés
ont définitivement échoué.
Monseigneur Henry
DONNE UNE LEÇON DE CATÉCHISME
AUX ENFANTS
V ET AUX MAGISTRATS
DE GRENOBLE
noyé spécial du « Matin n. Le 8 juillet doiM
nier, la cour de Grenoble condamnait M.,
l'abbé Carrier, vicaire, à vingt-ciny franco
d'amende, pour avoir parlé, au covira de son;
catéchisme, de Clovis, .leanne d'Arc, Etienne»
Dolet, Galilée, Giordano Bruno.
Aussitôt, son chef hiérarchiqi,e, Mg«
Henry, évéque de Grenoble, prit J'erigageV-
ment de traiter les mêmes- sujets, lu ;CI 0('0-1
bre, de dix heures il midi, dans la cathé*.
drale, devant les enfants reçus à la premièrai
communion.
Aussi hier, rajeuni par son zèle apostoBif
que, le prélat consentit abdiquer le trôner
que lui concède la hiérarchie pour prendre)
rang parmi les humbles catéchiste- et corirn
me le prélat légendaire, Mgr de Grciobla fit)
deux miracles. N'est-ce pas- miracle, &i%
effet, que de nous avoir fait venir il travers)
la nuit et les montagnes, nous autres, jour.
nalistes sans ferveur, pour assis!)' à unai
leçon de catéchisme ? Et miracle de fleurie
sa vieille cathédrale rechignée d'une guir-
lande de bambins folâtres, dont le plus âgéj
avait douze ans à peine ? D'où sortaient-ils*
Dieu puissant ? Il en vint en rangs, il en viut
en farandole il y avait des bruy et des
brunes, des blondins et des blonâïnes, .des
roux et des rousses des demoiselles sans
âge gourmandaient des pensionnaires pou-
pines des frères barbus comme sapeurs
poussaient des garçons indociles, grelottant
dans la disgrâce de leur uniforme des or-
phelins effaraient leurs pauvres far-js unifor-
mes, elles aussi, qui semblaient péiries dans
du pain bis. Et tout ce petit 'peuple s'émou.
vait, frétillait, pépiait, évoquait une oiseila*
rie un jour d'orage.
A grand frais, de sa latte d'ébène, un he*i
deau suffit à canaliser l'avalanche.
Les garçons, dn côté de l'évangile, rrt-
gissait-il en vain, les filles du côté de l'en-
tre
Car l'Apôtre recommande de veiller <>. la
modestie jusque dans le sanctuaire.
Enfin, te royaume de Lilliput s'entasse
dans les trois nefs débordantes. M£m.\ q*;e'-
ques hardis garçons usurpent dans le dut iu-
les stalles des chanoines; les femmes, les
prêtres, les. religieuses et les journalistes
s'écrasent dans les chapelles latéia'1-
A dix heures, Monseigneur monte eu:.
chaire. Il est en petit costume, camail w-
let, rochet de dentelles et croix pastorale.
C'est un beau prélat, fort haut en couleur;
sous les vitres des lunettes, les yeux »̃('>
fins luisent par instants d'une. ardeur slra
bique.
Les mains noueuses s'appuient a la chairs
avec obstination. Il a l'air de s ̃̃ t,ui;i:i'
comme si on l'en voulait arrachei Ayant
fait un large signe de croix.
Mes enfants, demande-t-il, récitons 't
Notre Père
Et la voix des petits en prière ̃ i 't
nef d'une rumeur de friture. Puis,
prière qui veut le pardon de toutes
fenses, l'évêque, d'une voix sévi"
mence sa leçon.,
En confirmant, dit-il, la condamnation.
le tribunal de Saint-Maroellin, contre ̃ ,u n,>
Carrier, coupable, aux yeux des jupe. ili ̃;
tribunal, du singulier délit d'enseigiu \,v l'Histoire au catéchisme, la cour de u' ̃ <»
blé portait une trop grave atteinte il uus îx
bertés Jes plus nécessaires pour que nous i u<
sions nous dérober au devoir de dénoncer 1 l'u-
légim,ité d'un arrêt dont s'émouvaient. c bon
droit tous les catholiques, dans une lettre
notre clergé.
Nous avons établi que la loi du 28 mars
loyalement étudiée dans'son texte, n'auto. >
en aucune façon l'interprétation que les
en avaient donnée.
Examinant ensuite la question de fait, lions
affirmions hautement que si, pour itVnù!
l'Eglise, '.pour effacer de l'esprit de >io\a.
les impressions fâcheuses qu'y avait,ni lais..
sées les attaques dirigées contre elle à 1 1 i •
M. l'abbé Carrier s'était permis, au in u-
se3 leçons, quelques incursions dans I ̃ tr,
rë. il' n'avait fait, somme toute, qu'.ti de.
son droit, d'un de nos droits,- les.moins ( i i-
testables. Nous ajoutions à cela qu'attribua- i
cette intermittente apologie d'un simple.
re la qualification bien pompeuse de « cori
rence historique », c'était commettre uno
inexactitude, habile peut-être, mais iout des:
même un peu forte et que par là je décou-
vris trop le dessein de trouver dans le fan n>-
criminé un délit qui fût de la catégorie de
ceux sur lesquels des décisions connues de 'a
Cour suprême avaient établi une junsj i udc*-
ce, et qui laissait sans recours possible
cassation la condamnation dont on le frai' u.
Il n'a rien été répondu à notre thèse. En gé-
néral, la presse nous aété favorable. Nous y
avons trouvé des appuis dans les milieux mê-
mes où nos amis ne fréquentent guère, Les
catholiques nous arit applaudi nos vénérés
frères'les évêques de France nous ont te, 1
Pour que cette question soit franc et
qu'une réponse soit donnée, qui nous <5>
après mûre réflexion, j'ai pensé qu'il
avait qu'un moyen c'est qu'un évêque ̃̃,
stituât; lui-même dans le même prétend i r
lit au prêtre que deux tribunaux de ce 'h >v
tement ont condamné. C'est ce que je fais
ce mom?nt. Je n'ai l'intention de eom i •
ni un délit ni une provocations mais si > .r
ment d'aftirmer ce que je crois étr mon ̃̃>
et le droit de mes subordonnés *̃
Si l'on trouve un délit, on saura bien ̃ >̃
dire. Nous irons comme notre \ica:io d
les juges, et là, nous ferons entendre à li
les murs du prétoire des paroles qui
ront non pas seulement la France c-iitU'
mais toute la France honnête.
Si l'on trouve au contraire que nous n >
commis aucun délit, sorti indemne de
̃
hes chances de la république
en Espagne
UNE ENQUÊTE DU "MATIN"
Quand la révolution a éclaté au Portu-
JL gai, le regard de l'Europe s'est inimédia-
temç'iit tourné vers le pays voisin, et la
question fut posée partout Quelle ré-
percussion cette révolution aura-t-elle en
Espagne ?
C'était une question logique, car les
républicains en/Espagne sont nombreux.
Une quarantaine d'entre eux siègent au
Parlement. A Madrid, mêmes, la résidence
de la cour, duns les grandes villes com-
me Barcelone, Séville, Bilbao, Saragosse,
etc., le vote républicain aux dernières
élections législàtives et municipales l'em-,
portait de beaucoup sur le vote monar-
chiste.
La presse espagnole compte, à côté des
organes monarchistes, une Quantité de
journaux à tendance nettement républi-
Il y a donc incontestablement en Espa-
gne un mouvement républicain extrê-
mement important.
Ce mouvement a-t-il profité de la révo-
lution portugaise ? Si oui, pourra-t-il s'en
servir d'une .façon suflisante pour per-
mettre aux républicains espagnols d'imi-
ter leurs voisins portugais ? Voilà l'en-
quête dont j'étais' chargé par le Matin
en quittant Lisbonne pour Madrid.'
Je me suis adressé tout d'abord au
chef du gouvernement, M. Canalejas. II
m'a assuré que la révolution portugaise
n'aurait aucune influence en son pays,
que la situation en Espagne est tout
autre qu'au Portugal, que l'armée espa-
gnole est profondément attachée à la mo-
narchie, que le parti républicain est di-
*'visé et que la grande majorité du peuple
est et restera fidèle au roi. Qu'en somme,
la République en Espagne est impossi-
ble.
On dira 'que le chef d'un gouvernement
monarchiste ne pouvait pas parler au-
trement et que ses successeprs tiendront
le même langage. Sans doute. Mais
j'ai la conviction que M. Canalejas, en
parlant ainsi, exprima son opinion très
sincère. Le chef du gouvernement d'au-
jourd'hui est absolument convaincu de
l'impuissance d'un mouvement républi-
cain et cette conviction est partagée par
plusieurs hommes très compétents-avec
lesquels je me suis entretenu.
J'ai eu des entretiens également avec
les principaux chefs républicains. L'opi-
nion de M. Lerroux est certainement
celle qui est le plus répandue. Je la ré-
sume..
-Jju République en Espasiae;- d'ici-
à trois ou quatre ans, déclare M.
Lerroux, est aussi certaine que le le-
ver du soleil demain matin. En très
grande majorité, le peuple espagnol est
anticlérical, antimonarchiste. Le mouve-
ment républicain se répand tous les
jours., Si les élections législatives se fai-
saient sans pression gouvernementale,
les républicains auraient bientôt la ma-
O&- jorité à la Chambre. La propagande ré-
publicaine pénètre de plus en plus dans
les casernes. Il y a quelque temps, la
garnison de Barcelone était acquise au
parti républicain.- Elle aurait marché
contre l'e trane mais à ce moment, la
seule aicle de cette garnison n'aurait pas
permis aux républicains de triompher.
Le roi est impopulaire. Il s'occupe trop
de sport et pas assez de son peuple. Le
roi est malade il ne vivra pas long-
temps..
L'anticléricalisme grandit chaque jour
en Espagne; la cour, étant très cléri-
cale, favorise par là même la propa-
:gaude républicaine.
Voilà donc deux opinions celle du
chef du gouvernement, monarchiste et
celle du chef républicain. Elles sont,
veus ie voyez, entièrement contradic-
toires. Laquelle est la bonne ? Qui des
deux a raison ?.
J'ai continue mon enquête dans des
milieux plus impartiaux, parmi les
commerçants et les industriels. On m'y
d dit « Nous ne sommes pas répubJi-
cains, mais nous estimons que le cléri-
calisme mène notre pays à la ruine.
Si la monarchie tolère et encourage ce
cléricalisme, c'est à ses risques et périls.
Nous avons en Espagne environ 80,000
moines et sœurs le pays fourmille de
couvents et de monastères. Ils fabri-
quent .-toutes sortes d'objets ils sont
exempts d'impôts ils n'ont pas de
main-d'œuvre a payer. Avec leurs mar-
cbandises, ils font une concurrence dé-
sastreuste an commerce et à l'industrie
des particuliers.
» Les jésuites, qui sont les plus nom-
breux, captent les héritages les plus im-
portants ils assurent en grande partie
l'enseignement primaire et secondaire
ils inculquent à nos enfants leurs doc-
tiines, basées sur leur 'cruelle devise
« La fin justifie les moyens.
Il ne suffit pas qu'on arrête l'inva-
sion des congrégations il faut qu'on
les éloigne de notre pays..
» Le cléricalisme, l'influence et Vœu-
vre des congrégations, surtout celle de
la Compagnie de Jésus, sont néfastes
pour nutre pays et constituent le plus
grand danger pour la dynastie mais la
dynastie ne semble pas s'en aperce-
voir. »
Dans les classes ouvrières, j'ai cons-
taté ou des opinions nettement républi-
caines ou l'indifférence.
Parmi les officiers, la propagande ré-
publicaine n'a pas fait de progrès. il
Voilà dans ses grandes lignes la si-
tuation de l'Espagne aujourd'hui.
Deux événements en dehors, bien
entendu, de la mort d'Alphonse XIII
peuvent mettre la monarchie en péril
1° La capitulation du gouvernement
devant les désirs du Vatican. L'Espagne
n'est point anticatholicfue ou antireli-
gieuse. M. Canalejas ne demande pas
la séparation des Eglises et de l'Etat
il ne désire pas la rupture avec le Saint-
Siège mais le peuple veut que l'Espa-
gne se délivre de l'étreinte des jésuites
et des autres ordres, pour qu'elle puisse
vivre et prospérer.
2° L'assentiment du ministère aux
projets de certains milieux militai-
res et de la cour de se lancer dans une £
politique de conquête au Maroc^ L'Es- i
pagne n'a pas d'armée coloniale, et pour (
des expéditions militaires à Tetouan ou
en d'autres régions, elle doit faire appels
aux troupes de la métropole. Les réser-
vistes qui seraient appelés sous les dra-
peaux quitteraient bien certainement à 1
contre-coeur leurs foyers, et.des troubles t
analogues à ceux qui éclatèrent à Bar-
celone lors de-la campagne du Rif, il y a
un an et demi, seraient inévitables. Ces 1
troubles auraient un caractère antimo- (
narchiste dont le parti républicain profi- r
terait immédiatement. c
Jules Hedeman. j;
UN JEUNE MÉNAGE
On aime à quatre-vingts ans comme il
vingt. Et l'histoire surannée de Philémon et
Baucis est toujours jeune. Témoin le doux
Jean-Baptiste Grandblaise qui, à quatre-
vingt-trois ans d'âge, épousa mardi matin,
à Bpugival, une fancée de soixante-dix-huit
ans, Mmes veuve Hursaint.
Nous avons vu hier les deux vieillards.
Dans leurs claires prunelles brillait une pe-
tite flamme très tendre.
Phot. Matin ».
Nous sommes heures, nous a dit M.
Grandblaise. J'ai perdu ma première femme
il y a dix-huit mois. J'ai bien cru qu'à mon
tour j'allais mourir de chagrin. Mme Hur-
Saint m'a comblé d'attentions et de soins
elle était veuve aussE, Nos cœurs se com-
prirent, et la main dans la main, sous l'œil
attendri de nos enfants, nous nous sommes
unis devant l'autel.
Mon mari, a ajouté la petite vieille, a
une pension annuelle de six cents francs
it ne pouvait payer une domestique aussi,
d'un cœur loyal, m'a-t-il proposé de parta-
ger les joies de son humble foyer. J'ai ac-:
cepté de grand coeur.
Et M. Grandblaîse qui est un vieux brave,
nous conte, d'une voix émue et chevrotante,
quelques épisodes du siège de Paris il évo-
que les combats du Bourget et de Noisy-le-
Sec, où chassepot au poing, il défendit les
trois couleurs françaises.
PROPOS D'UN PARISIEN ̃
COMPLAINTE D'UN MARCHAND DE TISSUS
EN L'AN DE GRACE 1910.
Il était une fois un marchand de tissus.
Depuis des siècles, le commerce des étoffes t
est la gloire et la prospérité de Paris. c
Hélas l'an 1910 lui fut plutôt contraire.
Que de malheurs de cet an sont issus
Plaignons, plaignons le marchand de tissu. 9
L'année commença par les inondations. s
Les teinturiers étant submergés, le mar-
chand reçut des commandes, mais pas de d
tissus. 1,
Que $e malheurs de cet an sont issus d
Plaignons, plaignons le marchand de tissus.
Enfin le déluge cessa les eaux se reti- r
rèrent et les teinturiers reprirent leurs tra- u
vaux. Mais après les lubies de la nature, il e
fallut compter avec les caprices des hom-
mes les emballeurs se mirent en grève, p
Le marchand avait du tissu, mais pas dé 1;
caisses pour l'emballer. v
Que de malheurs de cet an sont issus 1<
Plaignons', plaignons le marchand de tissus.
Cette grève était à peine terminée, que
les camionneurs abandonnèrent le travail.
Le marchand ne manquait ni de tissu ni de
caisses, mais il n'avait plus personne pour
les transporter aux gares.
Que de malheurs de cet an sont issus
Plaignons, plaignons le marchand de tissus.
Un beau jour, les camionneurs remon-
tent sur le siège. Mais patatras les che-
minots se mettent en grève. Et» si le
marchand a du tissu, des caisses pour l'em-
baller, des camionneurs pour le transpor-
ter il n'y a plus de trains pour l'expé-
dier aux clients.
Que de malhettrs de cet an sont issus
Plaignons, plaignons le marchand de tissus.
Aujourd'hui les trains marchent. Mais
il est à craindre qu'un beau jour, les clients
de l'étranger, las d'attendre, ne marchent
plus le malheureux marchand aura du
tissu, des caisses, des camionneurs et des
trains, mais il n'aura plus de commandés
(Au refrain.) Clément y autel.
Milliards de France
Milliards d'Amérique
^3r/fe\gATS-UNIS.9.386.093 Kmc
Le ministère de l'agriculture n'a point pu-
blié encore la statistique agricole de 1909.
Le département de l'agriculture des Etats-
Unis, plus prompt, nous fait savoir que la
valeur des produits de la ferme, pour
l'Union, a atteint l'année dernière 43 mit-
liards 800 nciltions de francs.
L'élément le plus remarquable de ce
chiffre est la production du maïs qu'on esti-
me à 8.600 millions. Puis viennent le- coton,
i.250 millions le blé, 3.725 millions le
toin, 3.325 millions l'avoine, 2;000 millions;
les pommes de terre, 1.060 millions le
tabac, 500 millions.
Cette somme colossale de près de 44
milliards perd de son prestige, si on la
rapporte à la superficie immense des Etats-
Unis qui est;les' neuf dixièmes de celle de
l'Europe. Nous pouvons fièrement lui oppo-
ser le chiffre de la production agricole fran-
çaise qui a atteint en 1908^ le chiffre de
9.492 millions. Dans ce total, les céréales
entrent pour 3.457 millions les cultures
fourragères pour 2.538 millions les tuber-
cules pour 1.436 millions, et les vignes pour
370 millions.
En 1909, la récolte, excellente, a dû élever
l'ensemble de la prodnction près? de 10
milliards. Mais nous nous en tiendrons aux
chiffres de 1908. pour faire la comparaison
entre les deux pays.
Le territoire de la France est dix-sept fois
plus petit que celui des Etats-Unis. À sur-
face égale elle produirait 161 milliards, soit
environ quatre fois plus que les Etats-Unis
dont la production de 1908 montait ia 39 mil-
liards et demi. Autrement dit, la puissance
agricole de notre paifs vaut actuellement
quatre? fois celle de la grande République
%méricaine.
L'artillerie de 1' Edgar-Quïnet
sera lerveillense
On avait des craintes sérieuses, depuis
ieux mois, au sujet da l'artillerie du grand
;roiseur cuirassé Ed%ar-Quinet, dont on
ivait escompté l'entrée en escadre, et qui
se .trouvait immobilisé à Brest. Nous nous
sommes fait l'écho de ces plaintes la ma-
îœuvre de chargement ne se faisait pas
lans de bonnes conditions les projectiles
le. pouvaient être mis à poste.. On
ivait débarqué les munitions, modifié les
ceintures arrière les obus n'entraient pas
davantage.
On vient enfin de trouver le «remède, et
;outes craintes .sont dissipées. Il faut d'au-
ant plus s'en réjouir que tous nos nou-
veaux navires, le Waldeck-Iïousseau et les
;ix Danton, sont pourvus des mêmes dis-
positifs.
II est acquis maintenant que les pièces
le 19 centimètres de YEdgar-Quinet pour-
'ont tirer quatre coups à la minute. Le
xoiseur cuirassé ayant quatorze pièces de
:e calibre pourra donc lancer un obus par
seconde.
Cette rapidité de tir dépasse ce qu'on
ivait obtenu jusqu'à ce jour.
Ittaque de soldats
à main armée
Un nouvel attentat a été commis hier ma-
in à Villeneuve-triage, entre cette gare et
elle de Maisons-Alfort.
Le soldat Royer, du 216 colonial, se trou-
'ait en faction sur le remblai des voies de
îrande-Çeinture, à peu de distance de la
rare de triage. De ce point, on domine la
bifurcation des lignes du P.-L.-M. qui pas-
ent à plusieurs mètres en contre-bas.
Vers une heure du matin, l'attention de
loyer fut attitrée par les allées et venues de
[eux individus qui suivaient, en se dissimu-
ant, le sentier longeant le remblai et tra-
'ersant les voies, qui va de la grande route
e Villeneuve la Seine.
Au large cria-t-il.
Une bordée d'injures antimilitaristes lui
épondit, ainsi ,qu'un coup de revolver dont
ne balle siffla à ses oreilles. Royer riposta
n tirant deux coups de fusil puis, eh com-
'agnie d'un autre factionnaire, le soldat
,essaint, et d'un piquet du 150° d'infanterie
iosté au lieudit « Pompadour », il s'élança à
a poursuite des agresseurs, mais sans pou-
oir les rejoindre.
Le parquet de Corbeil s'est transporté sur
3s lieux et a ouvert une enquête.
L'INUTILE EFFORT
Quelle drille d'idée a saboter tel rails sur TOunt-Etat 1
Une ligne où les trains déraillent si bien tout seuls
LE BON BILLET.
DE LOGEMENT
Ceux qui regrettent la fin- de la grève
La population française se réjouit de voir
les troubles de la grève s'apaiser. Mais à
Paris, il,y a quelques personnes qui ne pren-
nent pas part it l'allégresse générale. Ce sont
quelques-uns dès officiers qui ont été appe-
lés de province pour réprimer les tentatives
de désordre. Ils regrettent, ceux-là, Jfc bon-
heur passager qu'ils doivent au billet de
iagement.
Nul n'ignore que des régiments, qu'on
avait appelés des départements dans la ca-
pitale ont été casernes dans l'Ecole militai-
re. Les chefs ont été placés chez les habi-
tants du quartier. Or dans les immeubles
qui ont été récemment bâtis autour du
Champ-de-Mars, il y a un grand nombre de
comédiennes. C'est la faute de M. Lucien
Guifry il s'est fait bâtir un hôtel dans ce
quartier. Les gens de théâtre ont l'esprit d'i-
mitation et ils ont suivi l'exemple du maîtres.
Les poules se sont groupées autour dé Chan-
tecler.
Donc le hasard des listes municipales ou
l'ironie d'un fonctionnaire ont envoyé chez
d'aimables actrices plusieurs officiers. Au
numéro 33 de l'avenue Elisée-Reclus, une
belle maison abrite trois actrices. Au rez-de-
chaussée est une jeune comédienne plus
haut demeure une artiste qui, il y a quelques
années, voulait rivaliser avec Otero clans l'art
difficile de la danse espagnole au dernier
étage plane une fantaisiste. Vendredi soir, le
vestibule était envahi par les militaires qui
présentèrent le billet de logement. Ils ne
chantaient pas, comme dans la Fidle du
.Tambour-Major
C'est un billet de logement;
Il est en règle strictement.
Mais le billet de logement était en règle,
strictement. On prescrivait aux actrices d'as-
surer le coucher des officiers.
Elles furent un peu émues en voyant ces
dragons, qui arrivaient de Fontainebleau.
Mais elles ont des sentiments patriotiques
et comment auraient-elles repoussé ces vail-
lants qui avaient chevauché pendant toute
la journée pour venir protéger la capitale ?
Elles auraient pu .se soustraire à cette obli-
gation en payant les chambres d'hôtel que
les cavaliers' auraient occupées. «Mais une
femme ne peut dire à,un officier
Je vous ouvre un crédit de trois Trancs
par jour pour votre logement.
Elles se résignèrent à accueillir ces hôtes
inattendus. La comédienne du rez-de-chau's-
Sée reçut un capitaine l'actrice qui fut bal-
lerine ouvrit ses portes à un lieutenant
la fantaisiste du sixième eut aussi un lieu-
tenant, un jeune lieutenant qui est marié
depuis quelques semaines 'et que sa femme
n'avait pas vu sans crainte partie pour Pa-
ris. Un pauvre capitaine se lamentait seul,
dans cet immeuble, il avait été adressé à un
célibataire qui d'ailleurs ne put l'héberger
et versa l'indemnité prévue par les règle-
ments.
Les amis des comédiennes ressentirent de
l'inquiétude en apprenant la présence d'of-
ficiers auprès des belles. Ils se calmèrent un
peu en constatant que c'étaient des dra-
gons Via- destinée aurait pu leur envoyer des
hussards. Le capitaine et les lieutenants' se
montrèrent d'ailleurs d'une galanterie ex-
quise et d'une merveilleuse réserve. Ils
étaient un peu honteux de mettre en désor-
dre ces intérieurs élégants. Ils s'efforcèrent,
du moins, de n'en point troubler la paix.
Ils apprécièrent bientôt la joie de reposer
dans des boudoirs. Ils déposèrent leurs can-
tines et leurs casques devant les larges ca-
napés aux fourrures blanches. Ils rêvèrent
devant les gravures du dix-huitième siècle
et devant les photographies d'amies. Au mi-
lieu de la nuit, ils' entendaient parfois les ri-
res qui venaient de la salle à manger où
l'on soupait. Je n'affirmerai point qu'ils n'ac-
ceptèrent pas de prendre »,un doigt de cham-
pagne. Mais ils restèrent respectueux, et les
comédiennés ne perdirent jamais la dignité
.qui les caractérise. Elles-evaient même pros-
crit du petit salon où dormait l'officier les li-
vres frivoles. Elles avaient déposé négligem-
ment sur les tables légères -les œuvres de
nos grands classiques, des traités dé philo-
sophie, des réflexions sur l'art dramatique.
Ainsi les officiers apprirent que les striées
parisiennes sont graves, et les actrice§ pari-
siennes connurent que les officiers sont dé-
cents.
Cependant un sentiment agréable et pur
naissait entre les actrices et les officiers.
Une vague amitié unissait la comédienne à
l'hôte d'un jour, ou de quelques jours. Aux
fenêtres de la fantaisiste et de celle qui fut
une prêtresse de la chorégraphie, rêvaient
les lieutenants, et coiffé du -bonnet de po-
lice, le capitaine se promenait parfois dans
le jardin de l'actrice et caressait ses loulous
blancs.
Ce bonheur va s'évanouir. Ce ne sera bien-
tôt plus qu'un souvenir, mais un cher sou-
venir, et les officiers se plairont à l'évoquer
souvent dans l'ennui des garnisons.
Perquisitions à l'arsenal
de Toulon
TOULON, 20 octobre. Dépêche parti-
culière du « Matin)). Sur instructions
télégraphiques parvenues de la Sûreté gé-
nérale, M. Dutrey, commissaire spécial de
police, accompagné d'un secrétaire et de
plusieurs gendarmes maritimes, s'est reri-
du ce matin et cet après-midi l'arsenal.
Il a parcouru plusieurs ateliers, se diri-
geant vers les casiers de certains ouvriers
de l'Etat signalés comme professant des
idées anarchistes, et comme ayant aug-
menté ces jours-ci l'intensité de leur pro-
pagande.
Les perquisitions ont permis de saisir un
grand nombre de brochures subversives et
des paquets d'exemplaires de la Guerre
sociale.
Il n'y a pas eu d'arrestation, mais deus
ouvriers ont été priés de se tenir à. la dis-
position de la police.
UNE BOMBE
Fontenay sous Bois
Hier après-midi, à deux heures et demie,
un sergent de zouaves du fort de Rosny,
passant dans un terrain vague situé à proxi-
mité de Fontenay-sous-Boïs, aperçut à ses
pieds une boite cylindrique de fer-blanc,
haute d'environ vingt-cinq centimètres et
d'un diamètre de huit centimètres, de la-'
quelle émergeait un cordon Bickford à
moitié consumé.
Le solaat alla immédiatement prévenir
le garde champêtre, M. Audot, que informa
ù son tour le poste de Fontenay, M. Gau-
bert, commissaire de police de Vincennes,
se rendit aussitôt sur les lieux,proeéda aux
constatations et téléphona au laboratoire
municipal qui envoya, .à, .six heures, une
voiture spécial© pour emporter l'engin,,
LE 1BJP
Quel travail quotidien faut-il
demander à l'homme
pour le bien de son
organisme ?
Considérer le corps humain comme l'équi-
valent d'un moteur quelconque qui consom-
me, produit, s'use et se détraque, c'est là une
idée scientifique fort appropriée à notre épo-
que d'automobiles et d'aéroplanes Il n'est
donc pas étonnant qu'elle ait séduit l'un de
nos jeunes et distingués savants, M. Jules
Amar, préparateur de physique b;ologique
à la faculté de médecine, lequel vient d'a-
dresser sur cette question une communica-
tion fort intéressante à l'Académie des scien-
ces.
Nous lui avons demandé de bien vouloir
nous commenter le résultat de ses recher-
ches. ̃
L'étude du « travail » humain, nous
a-t-il dit, a déjà été faite d'une manière ana-
lytique et scientifique par le professeur
Chauveau, du Muséum. Pour ma part, je me
suis tenu au point de vue professionnel et
militaire.
» Mes expériences ont porté sur des mil-
liers de sujets, appartenant à diverses pro-
fessions. J'ai notamment fajt un voyage en
îUgérie, sur la frontière marocaine, afin
d'opérer sur les indigènes que le projet de
loi Messimy propose d'incorporer a nos trou-
pes métropolitaines.
» Je me suis d'abord préoccupé de la tech-
nique à employer pour mesureur mathémati-
quement un travail professionnel, quel qu'il
soit, c'est-à-dire évaluer la consommation en-
énergie qu'il nécessité.
Après quoi, j'ai voulu connaître la quan-
tité maximum de travail journalier que l'on
peut demander à chaque catégorie d'ou-
vriers, sans toucher il l'intégrité de l'orga-
nisme.
».J'entends par là qu'un homme qui s'ali-
mente librement doit, toutes les vingt-qua-
tre heures, après avoir fourni sa tâche et
s être reposé, récupérer son poids. S'il a
diminué, c'est qw l'Pffort dépensé fut trop
considérable s'il s'est accru, c'est qu'il
na pas donné son maximum de rende-
ment.
Cela posé, j'ai constaté que pour la
plupart des professions, la quantité nor-
male de travail qu'il ne faut pas dépasser
est de sept heures par jour. Elle tombe
même à cinq heures pour les maçons, par
exemple, qui ont sans cesse à monter et à
descendre des échelles..
» Si l'on compare, d'autre part, le travail
recueilli à la dépense correspondante, le
rendement du moteur humain est de 25 à
30 Or la meilleure machine thermique
n'a jamais donné que du 13 1/2 Vous
voyez par là que l'homme est supérieur à
toute mécanique.
» Toutefois son rendement présente une
anomalie curieuse pendant sa mise en
marche, il gaspille beaucoup plus d'éner-
gie qu'il n'est nécessaire. Mais cela ne
dure que quatre ou cinq minutes, et en-
suite l'équilibre s'établit.
» Avec des sujets entraînés, je suis par-
venu à'fair'e faire, sans excéder la dépense
normale de forces, trente-cinq kilomètres
de marche, à raison de cinq kilomètres et
demi à l'heure, avec quarante-cinq kilos de
charge. Les nègres fournissent une résis-
tance d'un quart ou d'un tiers supérieure,
à celle des blancs, mais leur travail a
moins d'intensité.
» Quant aux aliments, ils se divisent net-
tement en deux sortes ceux qui accroissent
1* force musculaire et ceux qui engendrent
l'énergie. Les premiers ne développent que
l'athlétisme, c'est-à-dire qu'ils ne procurent
aucune endurance. Parmi les se'onds,. les
plus recommandés sont les corps ternaire
(sucreries, corps, gras). L'excès d'albumi-
noïdes constitue au contraire un accroisse-
ment de la masse charnue qui gc!ne l'exer-
cice.
En résumé, la machine humaine est su-
périeure par le rendement et. par la manière
dont elle peut nuancer l'effort. En quantité
et en vitesse, elle est naturellement infé-
rieure.
» Enfin elle n'occasionne pas une dépense
beaucoup plus considérable, surtout depuis
la hausse de la houille. Aussi, quand bien
même la question d'humanité n'y serait pas
mêlée, faudrait-il maintenir .f èxisl-Mice de la
main-d'œuvre.
LE PAPE ACCORDE
aux Jésuites
le monopole 'de la presse
dans les couvents
HOME, 20 octobre,. Du correspondant
particulier du Matin (par téléphone).
Le pape, par la récente constitution Sacro-
rum antilistum. *a défendu la lecture des re-
vues et journaux, même catholiques, dans
les séminaires, à l'effet soi-disant de ne
point détourner les élèves de leurs études.
En outre, ces jours-ci, la Consistoriale a
étendu cette prohibition aux maisons de re-
ligieux et religieuses.
Or il arrive ce fait'curieux que les jésui-
tes, en ce moment, au moyen d'émissaires,
colportent de séminaire en séminaire, de
couvent en couvent, non seulement en Ita-
lie, mais aussi en France et ailleurs, un
rescrit pontifical autorisant l'introduction
et la lecture de leurs écrits et de leurs jour-
naux dans les séminaires et les couvents.
C'est donc pour les jésuites un monopole
assuré.
LES GRÈVES EN ALLEMAGNE
L'ÉTAT DE SIEGE
proclamé à Brème
Berlin, 20 octobre. pépé cite. particu-
lière du « Matin ». Quelques journaux
seulement parlent aujourd'hui des nouvelles
é.meutes. qui se sont produites cette nuit à
Brème.
Comme la veille, et bien que la police eût
cette fois mis le quartier en» état de siège,
et par mesure de précaution renvoyé, com-
me on le sait, les ouvriers- berlinois engagés
pour remplacer les grévistes, les scènes de
révolte ont recommencé avec la même vio-
lence .et duré également de sept heures du
soir à minuit.
De nouveau, les réverbères furent éteints,
des glaces de magasins brisées à coups de
pavés, des agents assaillis à coups de pier-
res et de morceaux de fonte.
Des coups de feu furent tirés au moment
au on procédait à plusieurs arrestations. Un.
brigadier a été grièvement blessé. Le nom-
bre des personnes grièvement atteintes dans
les bagarres d'avant-hier s'élève, d'après le
Vorwœrts, à trente.
Les négociations entre les directeurs des
compagnies de tramways et leurs employés
ont définitivement échoué.
Monseigneur Henry
DONNE UNE LEÇON DE CATÉCHISME
AUX ENFANTS
V ET AUX MAGISTRATS
DE GRENOBLE
noyé spécial du « Matin n. Le 8 juillet doiM
nier, la cour de Grenoble condamnait M.,
l'abbé Carrier, vicaire, à vingt-ciny franco
d'amende, pour avoir parlé, au covira de son;
catéchisme, de Clovis, .leanne d'Arc, Etienne»
Dolet, Galilée, Giordano Bruno.
Aussitôt, son chef hiérarchiqi,e, Mg«
Henry, évéque de Grenoble, prit J'erigageV-
ment de traiter les mêmes- sujets, lu ;CI 0('0-1
bre, de dix heures il midi, dans la cathé*.
drale, devant les enfants reçus à la premièrai
communion.
Aussi hier, rajeuni par son zèle apostoBif
que, le prélat consentit abdiquer le trôner
que lui concède la hiérarchie pour prendre)
rang parmi les humbles catéchiste- et corirn
me le prélat légendaire, Mgr de Grciobla fit)
deux miracles. N'est-ce pas- miracle, &i%
effet, que de nous avoir fait venir il travers)
la nuit et les montagnes, nous autres, jour.
nalistes sans ferveur, pour assis!)' à unai
leçon de catéchisme ? Et miracle de fleurie
sa vieille cathédrale rechignée d'une guir-
lande de bambins folâtres, dont le plus âgéj
avait douze ans à peine ? D'où sortaient-ils*
Dieu puissant ? Il en vint en rangs, il en viut
en farandole il y avait des bruy et des
brunes, des blondins et des blonâïnes, .des
roux et des rousses des demoiselles sans
âge gourmandaient des pensionnaires pou-
pines des frères barbus comme sapeurs
poussaient des garçons indociles, grelottant
dans la disgrâce de leur uniforme des or-
phelins effaraient leurs pauvres far-js unifor-
mes, elles aussi, qui semblaient péiries dans
du pain bis. Et tout ce petit 'peuple s'émou.
vait, frétillait, pépiait, évoquait une oiseila*
rie un jour d'orage.
A grand frais, de sa latte d'ébène, un he*i
deau suffit à canaliser l'avalanche.
Les garçons, dn côté de l'évangile, rrt-
gissait-il en vain, les filles du côté de l'en-
tre
Car l'Apôtre recommande de veiller <>. la
modestie jusque dans le sanctuaire.
Enfin, te royaume de Lilliput s'entasse
dans les trois nefs débordantes. M£m.\ q*;e'-
ques hardis garçons usurpent dans le dut iu-
les stalles des chanoines; les femmes, les
prêtres, les. religieuses et les journalistes
s'écrasent dans les chapelles latéia'1-
A dix heures, Monseigneur monte eu:.
chaire. Il est en petit costume, camail w-
let, rochet de dentelles et croix pastorale.
C'est un beau prélat, fort haut en couleur;
sous les vitres des lunettes, les yeux »̃('>
fins luisent par instants d'une. ardeur slra
bique.
Les mains noueuses s'appuient a la chairs
avec obstination. Il a l'air de s ̃̃ t,ui;i:i'
comme si on l'en voulait arrachei Ayant
fait un large signe de croix.
Mes enfants, demande-t-il, récitons 't
Notre Père
Et la voix des petits en prière ̃ i 't
nef d'une rumeur de friture. Puis,
prière qui veut le pardon de toutes
fenses, l'évêque, d'une voix sévi"
mence sa leçon.,
En confirmant, dit-il, la condamnation.
le tribunal de Saint-Maroellin, contre ̃ ,u n,>
Carrier, coupable, aux yeux des jupe. ili ̃;
tribunal, du singulier délit d'enseigiu \,v l'Histoire au catéchisme, la cour de u' ̃ <»
blé portait une trop grave atteinte il uus îx
bertés Jes plus nécessaires pour que nous i u<
sions nous dérober au devoir de dénoncer 1 l'u-
légim,ité d'un arrêt dont s'émouvaient. c bon
droit tous les catholiques, dans une lettre
notre clergé.
Nous avons établi que la loi du 28 mars
loyalement étudiée dans'son texte, n'auto. >
en aucune façon l'interprétation que les
en avaient donnée.
Examinant ensuite la question de fait, lions
affirmions hautement que si, pour itVnù!
l'Eglise, '.pour effacer de l'esprit de >io\a.
les impressions fâcheuses qu'y avait,ni lais..
sées les attaques dirigées contre elle à 1 1 i •
M. l'abbé Carrier s'était permis, au in u-
se3 leçons, quelques incursions dans I ̃ tr,
rë. il' n'avait fait, somme toute, qu'.ti de.
son droit, d'un de nos droits,- les.moins ( i i-
testables. Nous ajoutions à cela qu'attribua- i
cette intermittente apologie d'un simple.
re la qualification bien pompeuse de « cori
rence historique », c'était commettre uno
inexactitude, habile peut-être, mais iout des:
même un peu forte et que par là je décou-
vris trop le dessein de trouver dans le fan n>-
criminé un délit qui fût de la catégorie de
ceux sur lesquels des décisions connues de 'a
Cour suprême avaient établi une junsj i udc*-
ce, et qui laissait sans recours possible
cassation la condamnation dont on le frai' u.
Il n'a rien été répondu à notre thèse. En gé-
néral, la presse nous aété favorable. Nous y
avons trouvé des appuis dans les milieux mê-
mes où nos amis ne fréquentent guère, Les
catholiques nous arit applaudi nos vénérés
frères'les évêques de France nous ont te, 1
Pour que cette question soit franc et
qu'une réponse soit donnée, qui nous <5>
après mûre réflexion, j'ai pensé qu'il
avait qu'un moyen c'est qu'un évêque ̃̃,
stituât; lui-même dans le même prétend i r
lit au prêtre que deux tribunaux de ce 'h >v
tement ont condamné. C'est ce que je fais
ce mom?nt. Je n'ai l'intention de eom i •
ni un délit ni une provocations mais si > .r
ment d'aftirmer ce que je crois étr mon ̃̃>
et le droit de mes subordonnés *̃
Si l'on trouve un délit, on saura bien ̃ >̃
dire. Nous irons comme notre \ica:io d
les juges, et là, nous ferons entendre à li
les murs du prétoire des paroles qui
ront non pas seulement la France c-iitU'
mais toute la France honnête.
Si l'on trouve au contraire que nous n >
commis aucun délit, sorti indemne de
̃
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