Titre : Le Matin : derniers télégrammes de la nuit
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1910-07-02
Contributeur : Edwards, Alfred (1856-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 02 juillet 1910 02 juillet 1910
Description : 1910/07/02 (Numéro 9622). 1910/07/02 (Numéro 9622).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/05/2008
SÏTJL JOURNAL IRAHÇAIS RELIANT PAR SES FILS LES QUATRE
De l'art d'avaler des coaletiÉ es
Si l'humilité, la résignation et l'oubli
tes injures sont de nature non seule-
ment à donner des titres exceptionnels
à «ne place dans le-paradis, mais en-
core à relever le prestige d'un parti
Misai rt radical-socialiste doit èfede-
"m incomparable depuis lundi der-
nie. Après le premier discours ^de M.
Briand, tout le public s'est écrié que ce
̃erand parti venait' de recevoir }un.de
re,3 viœureux .chocs du pied wncés a^
sebouii, bien connus des valets de co-
et à/la façon.dont il.se frottait
!l semblait penser aussi que tel eta)'
l'accident qui venait de lui arriver on
a cru d'abord qu'il allait se .ffacb/r
mais il s'est souvenu du préceç» de
l'Evangile ,et il a pieusement tendu
l'autre
s'est empressé, ?dé recommeiger avec
plus de vigueur encore puisque ce
plaisir
au patient. Vous voyez.si/on est injuste
en nous accusant de couloir détruire
\e& vertus clïrétiénnes/ •
̃P^lut résumer lette 'histoire, qui mé-
rite de rester co/ime un exemple sans
précédent de ce que peut être l'abné-
gation humaine. M. Briand nous avait
laissé entendre que le bloc républicain
avait odieusement persécuté les partis
de droite vaincus, en leur refusant leur
part de droit, de liberté et de justice.
dette façon d'écrire l'histoire avait fort
irrité -Ies, républicains. Mais on avait
annoncé aussitôt qu'au cours de l'inter-
pellation, le président du conseil' expli-
querait et rectifierait son langage, de
façon à satisfaire les républicains de
gauche. La satisfaction accordée a con-
sisté. rous dire qu'une fois la bataille
paernée sur les ennemis de la -nous étions déjà en wm de nous
̃tier sur les vaincus- d'achever les blés-
ses et de détrousser les morts, quand
par bonheur notre chef (c'est M. Briand),
soucieux de notre honneur et des droits
de l'humanité, était venu nous arrêter
sur la pente des pires excès.
Oh 1 cette fois, on s'est fâché. Les
couloirs retentissaient de cris de colère.
« Nous lui apprendrons, s'écriait-on, à
nous traiter de la sorte 1 II verra s'il a
lieu de s'en repentir J Nous n'irons pas
jusqu'à lui refuser notre, confiance, oh 1
non Ce serait de là violence, et pres-
que du sabotage Mais nous nous refu-
serons avec une ferme intrépidité à
approuver expressément les injures qu'il
nous a prodiguées 1 »
Et îà-dessus on rédigea un ordre du
jour du confiance, mais où l'on avait
lie exceptionnelle de ne point
',ier ue ces injures. Vous savez l'aneç-
ûv'.e V3u personnage qui raconte com-
ment ii a reçu un soufflet. « Mais je
n'étais pas homme à accepter un tel
affront je suis sorti en taisant claquer
la porte, de façon qu'on a bien vu que
je n'était pas content 1 L'ordre du jour
solennellement adopté par les deux
croupes radicaux était l'heureuse ex-
pression littéraire d'un sentiment pareil.
Ofila ne suîû^ait pas à M. Briand, qui
,-̃ nnaifsait son mtra4g. Il avait vu Cle-
menceau jouer avec sut^wis de la cra-
vache: il est vrai que Clemenceau avait
emporté sa cravache chez lui, en nuit-
tant la place Beauyau. Màis cet ins-
n'est pas indispensable les
chocs du pied dont je viens de parler
ont le même effet. M. Briand fit savoir
au grand parti radical et radical-socia.
liste que la confiance, ne lui suffisait
pas il fallait encore que ce grand parti
reconnût expressément la justesse des
•compliments un peu singuliers qui lui
avaient, été adressés, les contresignât de
son vote, ou plutôt se les adressât à lui-
même. Conveniez que c'en était, trop
cette fois, on jura irrévocablement d'être
intraitable. Vous savez ce que valent
ces sortes de serments on tremble-de
sa propre en les rêtant, et l'on
cherche déjà duNiom de l'œil le pré-
texte qu'on invoquera--gour y manquer.
Ce prétexte, M. Briand l'a fourni.
eans avoir de grands frais A faire. Oh l,
il s'est bien gardé d'atténuer ce qu'il
avait dit l Loin de là il a tout confirmé,
déclarant qu'il.ne voulait rien en retran-
cher, qu'on se tromperait en attribuant
un seul des mots qu'il avait prononcés
au hasard de l'improvisation, que tout
cela était voulu, médita qu'il fallait y
voir F expression de sa pensée exacte et
invariable. « is cela n'empêche pas
les sentiments, routait-il. Je suis des
vôtres, vous \tes lues amis. Moi, avoir
voulu attaque la poétique républicaine
indigne soupçonM » 'feç il avait dans
la voix des accent pat\étiques,des
tremblements qui ôNt presque tiré deys
larme? au grand parti Radical et radical-
eocialiste.
On sait que Bismarck, qu^d il 't
'é1.! iiant. était un incomparable mysti-
i- -atour. Son tempérament agressif en
avait fait le roi de ces duels de future
spéciale qui étaient entrés plus que
dans les moeurs, dans les institutions
des universités allemandes. Un jour,!
croisait dans la rue un autre étudiant,
et, médiU-nt une bonne plaisanterie, il te
-Jta à brûle-pourpoint d'imbécile et
de pleutre. L'autre se crut obligé de lui
rien à votre démarche, leur répondit
gravement Bismarck. Il est vrai que j'ai
traité '-o. -e client de pleutre et d'imbé-
et (jt-. je ne retire rien de ces expres-
î^o.'i- mais je ne les ai employées que
• toi1 qu elles sont conformes à mes
i: :îiups les plus sincères sur sa va-
morale et intellectuelle. Je n'ai ja-
eu le désir de l'offenser j'ai voulu
hommage à la vérité. Rien de
• H Usez à l'Officielle discours de
1 1, qui a rallié autour de lui
i.. parti radical et radical-socia-
•.< C'est la réponse de Bismarck, avec
•i- peu plus d'émotion et d'accents de
M, sa ajouté, il est vrai, qu'il ne
condition d'avoir une
éclaration, mes amis ont failli
de joie. Je ne dirai Bas gu'elle
majorité dans les pirtis de gauche et
ne m'a pas fait plaisir je mentirais.
Elle m'a rappelé>ma jeunesse on aime
toujor.s à retrouver une vieille connais-
sance. Il y a environ un quart de siècle,
un autre hopime d'Etat républicain, venu
aussi des rangs du parti avancé, fut
.placé à A tête du gouvernement. Le
bruit répandit aussitôt qu'il avait
conclu une entente avec la droite, et ce
truV s'est confirmé depuis. Nous l'in-
t'^ellâmes aussitôt il nous répondit
jAv la phrase que M. Briand vient de
lui emprunter.;
C'est pourtant à ce moment que mon
ami Bertrand a été touché de la grâce.
«Il est à nous 1 » criait-il tout triom-
phant à M Aynard. Point du tout 1
II 'est à nous' ripostait M Aynard.
Vous ne nous empêcherez pas de le ché-
rir et de le soutenir. » Pendant ce dia-
logue peut-être un peu cosmique, est qui
rappelait la scène de don Juan, entre
les deux paysannes à qui il a promis le
mariage, M. Briand gardait un silence
prudent. « Qui ne dit mot consent », se
disaient nos bons radicaux. « Qui ne dit
mot consent », se disait-on au centre
et à droite.
Et quel homme de bon sens ne voit
pas que M. Aynard tenait le bon bodt
Après des tentatives répétées pour con-
server au clergé les biens de l'Eglise,
tentatives dont seul notre excellent pape
nous a sauvés après le discours de Pé-
rigueux, aggravé par le programme mi-
nistériel, lui-même aggravé par le dis-
cours de l'interpellation, peut-on conser-
ver Tombée d'une illusion sur la pensée
maîtresse, sur la pensée persistante,
cette fois, de M. Briand ? Berteaux l'a
dit lui-même c'est ce que Spuller appe-
lait « l'esprit nouveau n qui n'est
plus nouveau, depuis que M. Méline
l'a longtemps pratiqué au pouvoir. Et
je remercie M. Millerand de l'avoir crié
sans ménagement aux sourds volontai-
res qui ne voulaient pas entendre.
Seulement, au temps de M. Méline,
le grand parti radical et radical-socia-
liste soutenait le combat aujourd'hui
il capitule, se contentant d'obtenir en
échange le droit de sortir de la, place
avec les déshonneurs de la guerre.
Camille Pelletan.
Un général est breveté
pilote aviateur
Au jour, sans doute prochain, où notre
armée comptera un corps d'aviateurs auto-
nome, les cadres en seront rapidement
constitués. Un général pourra même pren-'
dre le commandement le général Bonier,
de l'artillerie coloniale qui hier, à Bouy;,
a, malgré là bourrasque passé brillamment
les~épreuves du brevet de pilote ayiateup.-
L'en.tente internationale
contre la 'fraude
La conférence internationale pour l'uni-
fication des méthodes d'analyse des matiè-
res alimentaires, présidée par M. le pro-
fesseur Bordas, a terminé ses travaux.
Le programme de la délégation française,
qui consistait à unifier d'abord la présenta-
tion des résultats d'analyses, a été adopté
à l'unanimité des- quinze puissances repré-
sentées à la conférence.
Ce résultat est très important, car il per-
mettra désormais à tous les chimistes des
pàys contractants de comprendre les résul-
tats exprimés par leurs analyses.
LE CIRCUIT
de
'1"Est
L'Aéro Club français patronnera
l'épreuve organisée par le Matin
L'Aéro Club de Franee a bien voulu ac-
corder son patronage au Circuit de l'Est,
doté par le Matin d'un grand prix de cent
mille francs. Cette décision a été prise par
le comité de direction, réuni mercredi, sous
la présidence de M. Léon Barthou, vice-pré-
sident.
Puissante société d'encouragement à la
navigation aérienne devenu, grâce à une
organisation de premier ordre, le pouvoir
qui régit le sport de l'aéronautique grou-
pant autour .de lui les Aéro Clubs Ce pro-
vince, tous florissants ayant à sa tête non
pas des spectateurs, mais des acteurs,
l'Aéro -Club de France et sa commission
d'aviation, que préside M. Rodolphe So-
reau, le technicien bien connu, apportera
son haut appui à la manifestation sportive,
scientifiqne et patriotique qu'est le Circuit
de l'Est.
Avec son concours, avec celui des Aéro
Clubs de l'Aube. de Lorraine, des Arden-
nes, de Picardie, avec celui de la Société
douaisienne d'encouragement à ravitttion.
l'organisation sportive de !a première
grande course d'aéroplanes est assurée
d'une-indispensable régularité.
Rappelons que les engagements pour le
Circuit de l'Est seront clos le 15 juillet pro-
chain.
Nous avons déjà reçu un grand nombre
d'engagements. Nous en publierons inces-
samment la liste complète.
PROPOS D'UN PARISIEN
En Angleterre, les protestants s'in-
dignent parce que le nouveau roi se pro-
pose de supprimer, dans la formule de son
serment, certaines phrases injurieuses pour
les catholiques.
En Espagne, querelles religieuses. En
France. Mais il en est ainsi à peu près
partout. Et chose bizarre, plus les na-
tions sont vieilles, c'est-à-dire civilisées,
raffinées et, semble-t-il, voisines du scep-
tiçjSn3fi^dcjt«d^oa4e«que sur des questions de conscience, qui
devraient être tranchées de la façon la
plus libérale, en admettant qu'il soit
nécessaire de les trancher.
Un bel exemple d'impartialité nous est
donné, aux uns comme aux autres, par
Ferdinand dé Bulgarie, qui vient de pas-
ser quelques jours à Paris. Le roi est ca-
tholique la reine, sa femme, est protes-
tante, et .leurs enfants sont élevés dans la
religion orthodoxe. Le dimanche, ils vont
écouter le papa le sermon du curé, la'
màiaàfl- ̃la prêche du pasteur, et les fils
les prières du pope. Après quoi, ils dé-
jeunent ensemble bien gentiment, sans
échanger les épithètes d' idolâtres », de
a calotins ou de parpaillots ».
Hélas les sujets ou citoyens n'arri-
vent que très rarement à pareille sagesse.
Ils se rendent la vie impossible ici-bas,
sous prétexte que là-haut il y a ceci, cela,
ou encore qu'il n'y a rien du tout.
fhez Ferdinand qui est de la ligne
d'Henri IV ce bysantinisme est incon-
nu. Pour lui, Sofia vaut non seulement
une messe, mais encore un office au tem-
ple, un cantique devant l'icone de saint
Ivan, et un déjeuner chez M. Joseph Rei-
nach. C'est un vrai libéral. Clément
Vautel.
INTERVIEW
Jésus-Christ.
donne raison au ,pape Pie X
[De notre envoyé spécial]
e Oberammergau, 29 juin.
C'est à la brasserie que j'ai pu'fes rencon-
trer ensemble. Oberammergau était en fête.
Tout le jour, la Passion avait retenu cinq
mille personnes dans le théâtre villageois. Pour
se reposer de leurs fatigues, Jésus le crucifié,
judas le pendu et Barrabas le libéré buvaient
sous les tonnelles.
Pardon, dis-je à-Jésus, en choquant ma
chope à la sienne, je vous interviewe, s'il
vous plaît. Qu'êtes-vous ? Comédien ou chré-
tien pur
Je suis chrétien pur. J'ai une mission. Je
suis le Christ de Bavière qui monte sur le.
théâtre pour ramener le monde à la vertu. Je
hais le fard, la déclamation et le souffleur
mes voix me viennent de Dieu.
Que pensez-vous de M. Briand ?
C'est un homme terrible, soupira le Christ.
Et M. Combes ?
C'est l'abomination
Barrabas, cependant, bourre' sa pipe. Mais
j'insiste auprès de Jésus.
Que pensez-vous de l'affaire d'Espagne,
ce conflit qui met aux prises le Vatican et Ca-
naleias ? i
JESUS-CHRIST (M. Anton Lang).
Je n'aurais jamais cru cela, me dît le
Christ. Tout s'en va. Je donne raison au pape.
Il ne peut admettre- les cultes dissidents. Je
joue mon. rôle avec plus de ferveur depuis que
i* sais que la catholique Espagne lutte contre
Kome. Pie X mène le bon combat.
Jésus écarta sur son front ses longs cheveux
avec vénération Jésus potier. Les servantes
s'empressaient à remplir la chope du fils -dé
Dieu.
Oui, c'est une grande désolation, reprit le
Crucifié, de voir l'impiété ainsi gagner le mon-
de. Pour moi, je tiens comme un devoir de
mourir deux fois ou trois fois par semaine
afin de revivifier une chrétienté qui défaille.
Barrabas, encore une chope ?
Barrabas accepta. Et je bus avec eux. Saint
Pierre arrivait, un peu en retard. Il commanda
on litre, pour se rattraper. Mais Jésus se leva
lorsque le coucou d'auberge sonna dix heures
et en nous bénissant d'un geste irréfléchi, pro-
ncnça
Adieu, ma femme serait inquiète. Bu-
vez sans moi. Puisque nous avons parlé de
Vos ministres païens, je vais prier pour la
France. Excusez-moi, j'ai ma croix dans le'
des. J'ai sommeil.
Et Jésus s'en alla, en rallumant un, cigare.
Encore un drame dans un frain
Une femme est attaquée sous le tunnel de Saint-Mandé
Son agresseur se tue en voulant sauter de wagon
« A l'assassin:
Une tentative d'assassinat, dont les cir-
constances rappellent singulièrement l'af-
luire Gouin, a été commise hier sur la li-
gdé, de Vineenpes.
Uù? vovageuse de première classe, Mme
Sugg,vClichy, à.été assaillie par un individu qui
tenta de l'assommer et de la dévaliser.
C'est il son sang-froid et à'sa forcé physi-
que qu'elle dût. d'échapper à la mort.
En revanche, son agresseur, à la suite
de circonstances que nous allons narrer,
trouva presque immédiatement le châti-
ment de son lorfait.
A quatre heures dix-huit exactement, le
train 138, venant de Verneuil-l'Etang,- arri-
vait sous le tunnel de Saint-Mandé, lorsque
le signal d'alarme retentit. Le'mécanicien
bloqua, ses freins et stoppa à quelques cen-
taines de mètres de la station du Bel-Air.
Les employés du train se précipitèrent..
La portière d'un compartiment de première
classe était ouverte.
Sur le parquet, un corps de femme gi-
sait. Du front et du visage, le sang s'é-
-chappait.. On crut d'abord que la voya-
gtnse était morte. Il n'en était rien. On
s'aperçut bien vite qu'elle respirait encore.
Lè,train se remit en marche jusqu'à la
station, de Reuilly, où l'on transporta la
blessée "4ans le bureau du chef de gare.
Grâce a^x soins empressés qui lui furent
piydigués, slle ne tarda pas à 'reprendre
ses sens.
Cependant ùs\ des contrôleurs de là sta-
tion était allé prévenir M. Verdeau, com-
missaire de policè\du quartier de Picpus.
Il arriva pour recueillir les déclarations
de là voyageuse. Voki le récit, que d'une
vois faible et entrecoupée, elle fit au magis-
trat •. ••̃
Je reviens d"u Parc-Saint-Maur, dit-
elle, où j'étais allée rendre Visite à une de
mes parentes. Au moinent où le train ve-
nait de s'arrêter en gare de Nogent, un
personnage, dont la tenue presque élégante
ne pouvait que m'inspirereonfiance, monta
dans mon compartiment. Je me trouvais du
côté du quai. n passa devant moi et s'ins-
talla dans le coin opposé. Rien dans son
attitude ne pouvait me révéler ses mauvais
desseins. Après avoir franchi les stations
intermédiaires- (car le train était direct do
Nogent à Paris), nous arrivâmes sous le
tunnel de Saint-Mandé.
A ce moment, je me sentis brusquement
saisie il la gorge et je reçus presque aussi-
tôt un coup violent sur la tête. Je criai
1 A l'assassin i » Des doigts me saisirent
la langue. J'avais aux oreilles des boucles
de grande valeur, ornées de solitaires. Je
sentis qu'on me les arrachait violemment.
» Ce fut dans l'obscurité une lutte courte
et opiniâtre. Je me sentais défaillir; mais
dans un brusque sursaut d'énergie, je réus-
sis à me débarrasser un instant de l'étrein-
te de mon agresseur et à atteindre la poi-
gnée de la sonnette d'alarme.
L'homme s'était rendu compte de mon
geste. Il m'abandonna brusquement et
s'élança vérs la portière.
» Je m'évanouis-. Je ne sais plus rien. »
Tandis que Mme Sugg faisait ce récit,
un homme se précipitait à la station de
Saint-Mandé. Il était tout essoufflé. Il dit
Là, tout à l'heure, comme je passais
à bicyclette sur le pont de Saint-Mandé,
j'ai, vu, presque à la sortie du tunnel, ¡un
homme sauter à contre-voie. A ce mo-
ment, un autre train arrivait en sens in-
verse. La locomotive a heúrté l'homme qui
a disparu sous les roues.
Aussitôt, des employés de la station, con-
duits, par le chef de gare, se dirigèrent vers
l'enttée du tunnel.
Là, sur la voie, une masse informe était
étendue.
C'était le cadavre horriblement mutilé
d'un homme âgé d'une trentaine d'annéès.
On transporta les restes sanglants au
commissariat de police de Vincennes.
Dans les vêtements du défunt, on trouva
des papiers au nom de Horace Ballieux,
chirurgien dentiste, demeurant, 23, avenue
de Sébastopol, à Saint-Maur.
On pensa d'abord que l'homme s'était
suicidé.
Bientôt cependant la nouvelle de l'agres--
sion dont Mme Sugg avait été victime
parvenait à M. Gaubert, commissaire de
police de Vincennes.
Le magistrat ne douta pas qu'il n'y eût
identité entre l'assassin et l'homme dont on
venait d'apaprter le cadavre.
Cet homme ne s'était pas suicidé. Il avait
été évidemment victime d'un accident tragi-
que au moment où il cherchait à prendre
la fuite.
Cette hypothèse fut bientôt confirmée par
les premiers éléments de l'enquête.
L'enquête a.permis d'établir que Ballieux,
muni un billet de première classe d'aller et
retour de la Varenne à Paris, avait pris le
train à la Varenne, guettant une victime.
N'ayant pas trouvé' d'occasion propice
dans la première partie du trajet, il était des-
cendu en gare de Nogent. C'est là, satin
doute, qu'après avoir remarqué que Mme
Sugg se trouvait seule dans le wagon, il
était monté dana son compartiment
A Saint-Maur-des-Fossés
Depuis deux ans, Horace Ballieux n'habi-
tait plus à l'adresse que l'on avait trouvée
sur lui. Il demeurait maintenant avenue de
Bonneuil, à la Vai'enne-Saint-Maur. Il te-
nait là un cabinet de chirurgien dentiste,
rue Saint-Hilaire. 11 ..avait déjà été établi
rue Rochechouaft, à Paris.
Lorsque nous nous présentons à Saint-
Maur-des-Fossés, nous trouvons. sa maison
vide. La nouvelle que nous apportons rie
cause pas une grande surprise à ses'voi-
sins.
Ballieux, nous dit-on, jouissait ici
d'une déplorable réputation. Encore que sa
clientèle fût assez nombreuse, ses goûts de
dissipation l'avaient acculé à la déconfiture.
Il était presque continuellement à court
d'argent, et 'l'on savait que d'ici peu, il
allait être obligé d'abandonner son cabi-
net
» Déjà, pour se procurer de l'argent, il
en avait été réduit aux expédients. Sa fem-
me, qui habite aujourd'hui, 53, rue de
Dunkerque, s'était vue obligée de divorcer
il y a un an.
» Que Ballieux soit devenu un assassin,
cela ne nous étonne pas
La famille de Ballieux, d'une parfaite
honorabilité, habite Paris. Depuis quelque
temps, lasse des perpétuelles demandes
d'argent dont il accablait les siens. ceux-ci
avaient cessé toute relation avec le chirur-
gien dentiste.
Une petite fille du meurtrier est en ce
moment élevée dans une pension d'Ivry-
1 sur-Seine.
Dans la soirée. le frère de Ballieux. asso-
icié dans une importante maison de com-
merce du premier arrondissement, venait
au commissariat de Vincenùes reconnaître
le cadavre.
Au domicile de Mme Sugg
Au domicile de Mme Sugg 9, boulevard
de Clichy, où nous nous sommes présenté,
il nous fut répondu que l'état, de la blessé
ne lui permettait pis de recevoir des visites.
Cette pauye dame, nous confie la con
cierge de l'immeuble, a été très douloureu-
sement contusionnée à la mâchoire, aux
oreilles et à la tempe gauche Auprès avoir
été ramenée ici en voiture d'ambulance, elle
dut s'aliter aussitôt et le médecin vint deux
fois dans la soirée lui prodiguer ses soins.
Toutefois il semble résulter: de son examen
que les blessures de la victime, quoique
douloureuses, ne présentent aucun caractère
de gravité.
LE "CRÉDIT
France
Dupray de la Maherie engraissait
les congrégations romains
Encore que l'âge et les vicissitudes d'une
vie agitée aient singulièrement altéré sa mé-
moire, M. Dupray de la Maherie a pu faire
hier de fort intéressantes déclarations à M.
le juge Drioux. Il est juste de dfre que le
digne vieillard trouva dans le magistrat un
collaborateur d'une obligeance infinie, qui
mit à sa disposition nombre de documents
puisés dans son dossier, et l'aida de la sorte
à retrouver le souvenir d'événements d'une
importance capitale pour l'histoire des œu-
vres auxquelles s'est consacré le vénérable
ineulpé.,
M. Dupray dé la Maherie n'était assisté
d'aucun défenseur. Il avait, cris par avance
quelques notes sur les révélations qu'il en-
tendait faire au juge. Mais il se trouva que
les questions de M. Drioux ne portèrent pas
sur les points qu'avait « préparés l'in-
culpé. Le magistrat ne sembla point fort cu-
rieux de connaître l'exposa détaillé des mo-
tifs qui avaient poussé M. Duprayde la Ma-
herie à quitter l'administration impériale,
parce qu'on tardait trop à le nommer sous-
préfet des Sables-d'Olpnne il indiqua très
nettement à l'inculpé qu'il entendait recevoir
ses explications sur ses relations avec lés
congrégations romaines. Et ce souci parut
contrarier vivement M. Dupray de la Ma-
herie. Il déclara, cependant qu'il' allait s'ef-
forcer de satisfaire le juge, mais il tint au-
paravant à faire cette déclaration liminaire:
C'est Pie IX qui est la cause de tous
mes malheurs C'est lui qui m'a présenté
le dernier des Arpàds.
Nous parlerons plus tard du dernier
des ArpAds, fit M. Drioux. Venons: au fait.
Mais M. Dupray de la Maherie ne l'enten-
dait pas de cètte oreille. Il fallut lui laisser
expliquer que M. de Crouy-Chanel était venu
le trouver, porteur d'une lettre autographe
de Pie IX:'D-f. de Crouy-Chanel plaidait alors
contre la cour d'Autriche, afin que fussent
reconnus ses droits à la couronne de Hon-
grie.
Procuration édifiante.
Doucement M. Drioux l'interrompit, lui
demandant s'il n'avait pas souvenance de
s'être occupé de la fondation d'une banque
catholique, le Crédit de France », qui comp-
tait parmi ses administrateurs le prince de
Lucinge et le comte de Clermont-Tonnerre.
M. Dupray de la Maherie hésita, s'em-
brouilla, et finit par déclarer qu'il ne se sou-
venait de rien de semblable.
Je vais vous mettre sur la voie, dit le
juge..
Et if plaça sous les yeux de l'inculpé un
acte signé des procureurs ou généraux de
vingt et une congrégations romaines, parmi
lesquelles les ordres des jésuites, -des béné-
dictins,, des dominicains, des barnabites, des
maristes, des marianistes et dés artisans de
C'est une procuration des plus régulières,
datée du 4 juillet 1881, par laquelle les re-
présentants des congrégations donnent à
M. Dupray de la Maherie un mandat géné-
ral pour s'occuper de leurs intérêts en
France.
M. Dupray de la Maherie eut un léger
haut-le-corps et dit avec un sourire con-
traint
Je suis heureux que vous ayez retrouvé
ce document. Je craignais qu'il ne fût per-
du. Maintenant le voici en sëcnrité.
Très en sécurité, répliqua M. Drioux.
Et le juge ajouta
Je suppose que vous vous rappelez
maintenant le « Crédit de France »
NI. Dupray de la Maherie se le rappela ef-
fectivement et finit par expliquer qu'à une
époque où, il se faisait,appeler le docteur
Regnault, il avait négocié un pacte entre
le « Crédit de France » et les vingt et une con-
grégations dont il était l'homme d'affaires.
Aux termes de ce pacte, M. Dupray de la
Maherie transmettait à la banque les pou-
voirs dont il était détenteur et c'était désor-
mais cet établissement financier qui deve-
nait le représentant des congrégations ro-
maines eh France.
Il s'agissait, on le voit, de réaliser le pro-
jet de banque papale, bien souvent repris
et exploité par M. Dupray de la Maherie.
Un cadeau de 100.000 francs.
Aux termes du contrat, le « Crédit de
France n devait, pour assurer son action»
créer une succursale à Rome et cinqùanre
succursales en France.
M. Dupray de la Maherie affirma que le
« Crédit de France » avait fonctionné pen-
dant quelque temps. Cet établissement, conr
nut même une prospérité suffisante pour
qu'un de ses dirigeants, M. Frémy, ex-gou-
verneur d'une grande banque, ait pu en-
voyer à Rome une somme de 100,000 francs
K pour les œuvres du pape ».
Ces 100,000 francs, dit M Dupray de
la Maherie, furent adressés à Mgr Pietra
Mellara, alors camérier secret de Léon XIII.
Mgr Mellara dut se les approprier, car le
défunt pape ne vit jamfeis la couleur de ce
subside.
M. Dupray de la Maherie encaissé ,dès
sommes énormes. D'autre part il a toujours
vécu misérablement. Où passait l'argent'
C'est ce que M. Drioux s'est préoccupé d'A-
tablir.
Je ne sais combien j'ai pu toucher au
juste, a dit l'inculpé je ne tenais pas de
comptabilité. Ce que je n'éprouve aucune dif-
ficulté à déclarer, c'est que j'ai remis la ma-
jeure partie de l'argent que je récoltais aux
congrégations qui m'avaient régulièrement
mandaté.
» J'ai surtout donné aux congrégations
pauvres. Les jésuites ou les capucins sont,
Dieu merci, assez. riches, et n'avaient guère
besoin de mes fonds. »
Et M. Dupray de la Maherie, qui semble
tout à coup retrouver les qualités de comba-
tivité dont il fit preuve pendant sa longue
existence, s'écrie
On me reproche d'avoir commis des es-
croqueries. C'est une accusation sans base
J'ai recueilli des fonds pour les ordres reli-
gieux. Vous voyez que j'y étais autorisé. Je
me ,guis occupé de commanditer des ban-
ques l'une d'elles a eu une existence pros-
père et je suis persuadé que les autres pour
raient avantageusement fonctionner. Il n'y a
là-dedans aucune manœuvre frauduleuse
M. Dupray de la Maherie est en proie à
une exaltation extrême. Le juge attend, qu'il
se soit, calmé, et il lui demande si le com-
merce des reliques qu'il tenait lui semble
avoir été très licite.
L'inculpé n'hésite pas opiner pour l'af-
firmative.
Je ne possédais point que des cheveux
de Notre-Seigneur, expose-t-il. J'avais, au
prix de. grands sacrifices, acquis d'autres
reliques d'un prix inestimable. La dureté
des temps m'a forcé à m'en séparer. Dans
un moment'de pressant besoin, Je les ai mis
en gage. On m'a prêté dessus 14;000 francs.
TROIS PROCÈS
Un procureur en cour
Un colonel en conseil de
Un infirmier en cour d'assises
L'affaire Durand,
Réquisitoire et plaidoiries
[DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL1
Orléans, 1er juillet. La physionomie des
d'ébats s'est beaucoup modifiée aujourd'hui
En quittant l'audience hier, nous emporüong
l'impression de la déchéance définitive du
prévenu. 11 n'en est plus de même ̃;̃, l'atmos-
père s'est allégée autour de M. Duran'd,
les faits se sont sériés avec plus de méthode,
et dans le recul, les charges sont apparues
moins probantes.
Ce résultat, le magistrat inculpé le doit en
grande partie' à celui qu'il semblait dewir
rédouter avant tous à M: le procureur gé«
n^ralCuinenge, dont la parole sobre, émue.
et ironique à la fois domina incontestable-
ment le débat. Ce n'était pas chose facile,
car M" Séjourné et R. Péret, avocats des
parties adverses, surent montrer la de hau-
tes qualités de finesse, de logique et .le toc-
gue.
C'est Me Séjourné qui le premier /.rit Ira
parole au, nom, de M. Boivin.
Avec. une grande habileté, il éclaire la
question-sous un jour particulier. Il s'ajïpcde
naturellement, sur les dires des experts, et
rapproche les faits avec une experte ingénio-
sité. Sa diction impeccable, sa voix nette
donnent une grande autorité à sa tiîèse. Iï
termine fougueusement en s'adressant direc-
tement au prévenu.
Le coupable, s'écrie-t-il, le voilâ
C'est alors que M. Cumenge se leva Il
semble, au ton'un peu détaché quil prend
tout d'abord, qu'il ne prononcera que -se
cuurtes phrases. Il a parlé plus d'une he'i.-v
et demie, et personne dans l'assemblée Bt»
éprouva la moindre lassitude. On
de .lui. un réquisitoire ce fut presc1. i.i--
,plaidoirie en faveur de l'accusé qu'il fit 1
tendre, mais une plaidoirie si mesurée, sa
sévère même parfois pour le prévenu Cj'je V'
cour l'écouta avec un intérêt très'marqué.
M. le procureur général Cumenge uVimt:
point les gens violents, et leur argumenta-
tion lui apparaît comme un peu 1:luspecte.
Il fit entendre à MM. Boivin et Barreaux,
qui furent hier, avec M. Cambour, les p'l"
véhéments accusateurs de M. Durand, J».
mots d'une courtoisie' étrangement ai^iuM<'
Ce n'est pas, il le dit tout de suit qu'il
s'attachât' à défendre l'accusé, mais un
grand souci de pondération, de « ni '.se au
point s'imposait à lui.
J'aurai, dil-U, la préoccupation mr'un
coupable ne puisse échapper à la justice,
surtout si c'est un magistrat. Mais IV-
rand est-il ce coupable ?
Un doute angoissant, une lourde
tude pèsent sur le discours du magib
Il reprend une à une les trois accusa-
tions qui s'abattirent hier sur le procureur
dé Montargis. Et ce n'est là, ainsi qu'il
l'indique lui-même, ni un réquisitoire ni
une défense. C'est une analyse
par laquelle il éloigne les hommes, le:; > xk:
rcles et les faits du mirage vertigineux x ̃^•*
créent le mouvement et la passion, pour i*.
sifuer dans leur pure vérité.
M. Cumenge a beaucoup d'esprit. Lors-
qu'il parle des experts en écriture, i) pro-
nonce de simples phrases
Je n'en dirai pas de mal Ce seiàife
banal.
Puis il rend hommage à leur ingrat la»
beur et à leur impeccable probité.
Mais bientôt la voix de l'orateur se fait
sévère.
Il se tourne vers le prévenu qui, ta tête
dans les paumes, pleure.
Le magistrat, dit-il, doit avoir de Irai
modération et du tact. Il ne doit jamais rien
faire d'équivoque.
Et il reproche à M. Durand ses graves
imprudences et son attitude parfois iïjiï-
gne. Le procureur termine
S'il est coupable, frappez-le sans p*
tié, mais.
.Et c'est sur ce « mais n, lourd de Mute,
que l'esprit des auditeurs restera, profon-
dément angoissé.
Le talent très vivant et très clair de Mr
Raoul Péret n'avait plus, après de tuiles
paroles, qu'à préciser la personnalité de
son client. Il sut le faire avec infiniment da
mesure et d'émotion. Il cita encore de nora-
breux exemples d'erreurs judiciaires duu-a
aux experts en écriture. L'avocat, Après un
rapide examen des faits, eut. une perchai-
son 'chaleureuse et que l'on devine.
L'audience était terminée. La cour seuvi
blait un peu nerveuse, et ce fut d'une vojï:
brève, comme impatiente de discuss'ionf. in-
times, que le président prononça les der-
niers mots
L'affaire est mise en délibéré.
L'arrêt sera rendu jeudi prochain.
Attercation d'officiers
Le colonel Roulet est acquitte
-̃ Rennes, 1" juillet. De notre correspotîw
dant particutier'(par téléphone). Le l^û-
tenant-colonel Roulet, âgé de quarante-sept
ans, affecté au 1M régiment d'infanterie eo-
lçniale, à Cherbourg, ancien comm,endant
supérieur des troupes de la Martinique, a
comparu aujourd'hui devant le conseil se
guerre du 100 corps d'armée, présidé par le
général Rœderer, commandant la tâ* bri-
gade à Saint-Malo.
Le lieutenant-colonel Roulet est inculpé
d'avoir, au camp de Balata, à la Mai'tih;-
que, le 18 février 1909, hors les cas noti-
ficatifs prévus par la loi, frappé son infé-
rieur, le médecin aide-major de preinière
classe Guillen, des troupes coloniales.
Voici dans quelles circonstances se mo-
duisit cette altercation.
Au camp de Balata, un artilleur, n •
Fougères, tomba subitement grav ̃;̃: ̃̃, ,:a
malade.
Le lieutenant-colonel Roulet envoya
cher le docteur Guillen, qui décida de f.-xire
transporter le malade à l'hôpital de Fort-
de-France. Comme il tombait une plias
battante, qu'on ne disposait que d'una
voiture découverte, et que de plus dts cas
de fièvre jaune avaient été constatés à hô-
pital, le lieutenant-colonel Roujet s'o;. posa
à ce transport et ordonna, peut-être en ter-
mes un peu vifs, au major Guillen d pau-
ser la nuit au chevet du malade, s e]a
était nécessaire. Le lendemain ma, m,
l'innrmerie, lé jeune médecin refusa c x
De l'art d'avaler des coaletiÉ es
Si l'humilité, la résignation et l'oubli
tes injures sont de nature non seule-
ment à donner des titres exceptionnels
à «ne place dans le-paradis, mais en-
core à relever le prestige d'un parti
Misai rt radical-socialiste doit èfede-
"m incomparable depuis lundi der-
nie. Après le premier discours ^de M.
Briand, tout le public s'est écrié que ce
̃erand parti venait' de recevoir }un.de
re,3 viœureux .chocs du pied wncés a^
sebouii, bien connus des valets de co-
et à/la façon.dont il.se frottait
!l semblait penser aussi que tel eta)'
l'accident qui venait de lui arriver on
a cru d'abord qu'il allait se .ffacb/r
mais il s'est souvenu du préceç» de
l'Evangile ,et il a pieusement tendu
l'autre
s'est empressé, ?dé recommeiger avec
plus de vigueur encore puisque ce
plaisir
au patient. Vous voyez.si/on est injuste
en nous accusant de couloir détruire
\e& vertus clïrétiénnes/ •
̃P^lut résumer lette 'histoire, qui mé-
rite de rester co/ime un exemple sans
précédent de ce que peut être l'abné-
gation humaine. M. Briand nous avait
laissé entendre que le bloc républicain
avait odieusement persécuté les partis
de droite vaincus, en leur refusant leur
part de droit, de liberté et de justice.
dette façon d'écrire l'histoire avait fort
irrité -Ies, républicains. Mais on avait
annoncé aussitôt qu'au cours de l'inter-
pellation, le président du conseil' expli-
querait et rectifierait son langage, de
façon à satisfaire les républicains de
gauche. La satisfaction accordée a con-
sisté. rous dire qu'une fois la bataille
paernée sur les ennemis de la -
̃tier sur les vaincus- d'achever les blés-
ses et de détrousser les morts, quand
par bonheur notre chef (c'est M. Briand),
soucieux de notre honneur et des droits
de l'humanité, était venu nous arrêter
sur la pente des pires excès.
Oh 1 cette fois, on s'est fâché. Les
couloirs retentissaient de cris de colère.
« Nous lui apprendrons, s'écriait-on, à
nous traiter de la sorte 1 II verra s'il a
lieu de s'en repentir J Nous n'irons pas
jusqu'à lui refuser notre, confiance, oh 1
non Ce serait de là violence, et pres-
que du sabotage Mais nous nous refu-
serons avec une ferme intrépidité à
approuver expressément les injures qu'il
nous a prodiguées 1 »
Et îà-dessus on rédigea un ordre du
jour du confiance, mais où l'on avait
lie exceptionnelle de ne point
',ier ue ces injures. Vous savez l'aneç-
ûv'.e V3u personnage qui raconte com-
ment ii a reçu un soufflet. « Mais je
n'étais pas homme à accepter un tel
affront je suis sorti en taisant claquer
la porte, de façon qu'on a bien vu que
je n'était pas content 1 L'ordre du jour
solennellement adopté par les deux
croupes radicaux était l'heureuse ex-
pression littéraire d'un sentiment pareil.
Ofila ne suîû^ait pas à M. Briand, qui
,-̃ nnaifsait son mtra4g. Il avait vu Cle-
menceau jouer avec sut^wis de la cra-
vache: il est vrai que Clemenceau avait
emporté sa cravache chez lui, en nuit-
tant la place Beauyau. Màis cet ins-
n'est pas indispensable les
chocs du pied dont je viens de parler
ont le même effet. M. Briand fit savoir
au grand parti radical et radical-socia.
liste que la confiance, ne lui suffisait
pas il fallait encore que ce grand parti
reconnût expressément la justesse des
•compliments un peu singuliers qui lui
avaient, été adressés, les contresignât de
son vote, ou plutôt se les adressât à lui-
même. Conveniez que c'en était, trop
cette fois, on jura irrévocablement d'être
intraitable. Vous savez ce que valent
ces sortes de serments on tremble-de
sa propre en les rêtant, et l'on
cherche déjà duNiom de l'œil le pré-
texte qu'on invoquera--gour y manquer.
Ce prétexte, M. Briand l'a fourni.
eans avoir de grands frais A faire. Oh l,
il s'est bien gardé d'atténuer ce qu'il
avait dit l Loin de là il a tout confirmé,
déclarant qu'il.ne voulait rien en retran-
cher, qu'on se tromperait en attribuant
un seul des mots qu'il avait prononcés
au hasard de l'improvisation, que tout
cela était voulu, médita qu'il fallait y
voir F expression de sa pensée exacte et
invariable. « is cela n'empêche pas
les sentiments, routait-il. Je suis des
vôtres, vous \tes lues amis. Moi, avoir
voulu attaque la poétique républicaine
la voix des accent pat\étiques,des
tremblements qui ôNt presque tiré deys
larme? au grand parti Radical et radical-
eocialiste.
On sait que Bismarck, qu^d il 't
'é1.! iiant. était un incomparable mysti-
i- -atour. Son tempérament agressif en
avait fait le roi de ces duels de future
spéciale qui étaient entrés plus que
dans les moeurs, dans les institutions
des universités allemandes. Un jour,!
croisait dans la rue un autre étudiant,
et, médiU-nt une bonne plaisanterie, il te
-Jta à brûle-pourpoint d'imbécile et
de pleutre. L'autre se crut obligé de lui
gravement Bismarck. Il est vrai que j'ai
traité '-o. -e client de pleutre et d'imbé-
et (jt-. je ne retire rien de ces expres-
î^o.'i- mais je ne les ai employées que
• toi1 qu elles sont conformes à mes
i: :îiups les plus sincères sur sa va-
morale et intellectuelle. Je n'ai ja-
eu le désir de l'offenser j'ai voulu
hommage à la vérité. Rien de
• H Usez à l'Officielle discours de
1 1, qui a rallié autour de lui
i.. parti radical et radical-socia-
•.< C'est la réponse de Bismarck, avec
•i- peu plus d'émotion et d'accents de
M, sa ajouté, il est vrai, qu'il ne
condition d'avoir une
éclaration, mes amis ont failli
de joie. Je ne dirai Bas gu'elle
majorité dans les pirtis de gauche et
ne m'a pas fait plaisir je mentirais.
Elle m'a rappelé>ma jeunesse on aime
toujor.s à retrouver une vieille connais-
sance. Il y a environ un quart de siècle,
un autre hopime d'Etat républicain, venu
aussi des rangs du parti avancé, fut
.placé à A tête du gouvernement. Le
bruit répandit aussitôt qu'il avait
conclu une entente avec la droite, et ce
truV s'est confirmé depuis. Nous l'in-
t'^ellâmes aussitôt il nous répondit
jAv la phrase que M. Briand vient de
lui emprunter.;
C'est pourtant à ce moment que mon
ami Bertrand a été touché de la grâce.
«Il est à nous 1 » criait-il tout triom-
phant à M Aynard. Point du tout 1
II 'est à nous' ripostait M Aynard.
Vous ne nous empêcherez pas de le ché-
rir et de le soutenir. » Pendant ce dia-
logue peut-être un peu cosmique, est qui
rappelait la scène de don Juan, entre
les deux paysannes à qui il a promis le
mariage, M. Briand gardait un silence
prudent. « Qui ne dit mot consent », se
disaient nos bons radicaux. « Qui ne dit
mot consent », se disait-on au centre
et à droite.
Et quel homme de bon sens ne voit
pas que M. Aynard tenait le bon bodt
Après des tentatives répétées pour con-
server au clergé les biens de l'Eglise,
tentatives dont seul notre excellent pape
nous a sauvés après le discours de Pé-
rigueux, aggravé par le programme mi-
nistériel, lui-même aggravé par le dis-
cours de l'interpellation, peut-on conser-
ver Tombée d'une illusion sur la pensée
maîtresse, sur la pensée persistante,
cette fois, de M. Briand ? Berteaux l'a
dit lui-même c'est ce que Spuller appe-
lait « l'esprit nouveau n qui n'est
plus nouveau, depuis que M. Méline
l'a longtemps pratiqué au pouvoir. Et
je remercie M. Millerand de l'avoir crié
sans ménagement aux sourds volontai-
res qui ne voulaient pas entendre.
Seulement, au temps de M. Méline,
le grand parti radical et radical-socia-
liste soutenait le combat aujourd'hui
il capitule, se contentant d'obtenir en
échange le droit de sortir de la, place
avec les déshonneurs de la guerre.
Camille Pelletan.
Un général est breveté
pilote aviateur
Au jour, sans doute prochain, où notre
armée comptera un corps d'aviateurs auto-
nome, les cadres en seront rapidement
constitués. Un général pourra même pren-'
dre le commandement le général Bonier,
de l'artillerie coloniale qui hier, à Bouy;,
a, malgré là bourrasque passé brillamment
les~épreuves du brevet de pilote ayiateup.-
L'en.tente internationale
contre la 'fraude
La conférence internationale pour l'uni-
fication des méthodes d'analyse des matiè-
res alimentaires, présidée par M. le pro-
fesseur Bordas, a terminé ses travaux.
Le programme de la délégation française,
qui consistait à unifier d'abord la présenta-
tion des résultats d'analyses, a été adopté
à l'unanimité des- quinze puissances repré-
sentées à la conférence.
Ce résultat est très important, car il per-
mettra désormais à tous les chimistes des
pàys contractants de comprendre les résul-
tats exprimés par leurs analyses.
LE CIRCUIT
de
'1"Est
L'Aéro Club français patronnera
l'épreuve organisée par le Matin
L'Aéro Club de Franee a bien voulu ac-
corder son patronage au Circuit de l'Est,
doté par le Matin d'un grand prix de cent
mille francs. Cette décision a été prise par
le comité de direction, réuni mercredi, sous
la présidence de M. Léon Barthou, vice-pré-
sident.
Puissante société d'encouragement à la
navigation aérienne devenu, grâce à une
organisation de premier ordre, le pouvoir
qui régit le sport de l'aéronautique grou-
pant autour .de lui les Aéro Clubs Ce pro-
vince, tous florissants ayant à sa tête non
pas des spectateurs, mais des acteurs,
l'Aéro -Club de France et sa commission
d'aviation, que préside M. Rodolphe So-
reau, le technicien bien connu, apportera
son haut appui à la manifestation sportive,
scientifiqne et patriotique qu'est le Circuit
de l'Est.
Avec son concours, avec celui des Aéro
Clubs de l'Aube. de Lorraine, des Arden-
nes, de Picardie, avec celui de la Société
douaisienne d'encouragement à ravitttion.
l'organisation sportive de !a première
grande course d'aéroplanes est assurée
d'une-indispensable régularité.
Rappelons que les engagements pour le
Circuit de l'Est seront clos le 15 juillet pro-
chain.
Nous avons déjà reçu un grand nombre
d'engagements. Nous en publierons inces-
samment la liste complète.
PROPOS D'UN PARISIEN
En Angleterre, les protestants s'in-
dignent parce que le nouveau roi se pro-
pose de supprimer, dans la formule de son
serment, certaines phrases injurieuses pour
les catholiques.
En Espagne, querelles religieuses. En
France. Mais il en est ainsi à peu près
partout. Et chose bizarre, plus les na-
tions sont vieilles, c'est-à-dire civilisées,
raffinées et, semble-t-il, voisines du scep-
tiçjSn3fi^dcjt«d^oa4e«que sur des questions de conscience, qui
devraient être tranchées de la façon la
plus libérale, en admettant qu'il soit
nécessaire de les trancher.
Un bel exemple d'impartialité nous est
donné, aux uns comme aux autres, par
Ferdinand dé Bulgarie, qui vient de pas-
ser quelques jours à Paris. Le roi est ca-
tholique la reine, sa femme, est protes-
tante, et .leurs enfants sont élevés dans la
religion orthodoxe. Le dimanche, ils vont
écouter le papa le sermon du curé, la'
màiaàfl- ̃la prêche du pasteur, et les fils
les prières du pope. Après quoi, ils dé-
jeunent ensemble bien gentiment, sans
échanger les épithètes d' idolâtres », de
a calotins ou de parpaillots ».
Hélas les sujets ou citoyens n'arri-
vent que très rarement à pareille sagesse.
Ils se rendent la vie impossible ici-bas,
sous prétexte que là-haut il y a ceci, cela,
ou encore qu'il n'y a rien du tout.
fhez Ferdinand qui est de la ligne
d'Henri IV ce bysantinisme est incon-
nu. Pour lui, Sofia vaut non seulement
une messe, mais encore un office au tem-
ple, un cantique devant l'icone de saint
Ivan, et un déjeuner chez M. Joseph Rei-
nach. C'est un vrai libéral. Clément
Vautel.
INTERVIEW
Jésus-Christ.
donne raison au ,pape Pie X
[De notre envoyé spécial]
e Oberammergau, 29 juin.
C'est à la brasserie que j'ai pu'fes rencon-
trer ensemble. Oberammergau était en fête.
Tout le jour, la Passion avait retenu cinq
mille personnes dans le théâtre villageois. Pour
se reposer de leurs fatigues, Jésus le crucifié,
judas le pendu et Barrabas le libéré buvaient
sous les tonnelles.
Pardon, dis-je à-Jésus, en choquant ma
chope à la sienne, je vous interviewe, s'il
vous plaît. Qu'êtes-vous ? Comédien ou chré-
tien pur
Je suis chrétien pur. J'ai une mission. Je
suis le Christ de Bavière qui monte sur le.
théâtre pour ramener le monde à la vertu. Je
hais le fard, la déclamation et le souffleur
mes voix me viennent de Dieu.
Que pensez-vous de M. Briand ?
C'est un homme terrible, soupira le Christ.
Et M. Combes ?
C'est l'abomination
Barrabas, cependant, bourre' sa pipe. Mais
j'insiste auprès de Jésus.
Que pensez-vous de l'affaire d'Espagne,
ce conflit qui met aux prises le Vatican et Ca-
naleias ? i
JESUS-CHRIST (M. Anton Lang).
Je n'aurais jamais cru cela, me dît le
Christ. Tout s'en va. Je donne raison au pape.
Il ne peut admettre- les cultes dissidents. Je
joue mon. rôle avec plus de ferveur depuis que
i* sais que la catholique Espagne lutte contre
Kome. Pie X mène le bon combat.
Jésus écarta sur son front ses longs cheveux
avec vénération Jésus potier. Les servantes
s'empressaient à remplir la chope du fils -dé
Dieu.
Oui, c'est une grande désolation, reprit le
Crucifié, de voir l'impiété ainsi gagner le mon-
de. Pour moi, je tiens comme un devoir de
mourir deux fois ou trois fois par semaine
afin de revivifier une chrétienté qui défaille.
Barrabas, encore une chope ?
Barrabas accepta. Et je bus avec eux. Saint
Pierre arrivait, un peu en retard. Il commanda
on litre, pour se rattraper. Mais Jésus se leva
lorsque le coucou d'auberge sonna dix heures
et en nous bénissant d'un geste irréfléchi, pro-
ncnça
Adieu, ma femme serait inquiète. Bu-
vez sans moi. Puisque nous avons parlé de
Vos ministres païens, je vais prier pour la
France. Excusez-moi, j'ai ma croix dans le'
des. J'ai sommeil.
Et Jésus s'en alla, en rallumant un, cigare.
Encore un drame dans un frain
Une femme est attaquée sous le tunnel de Saint-Mandé
Son agresseur se tue en voulant sauter de wagon
« A l'assassin:
Une tentative d'assassinat, dont les cir-
constances rappellent singulièrement l'af-
luire Gouin, a été commise hier sur la li-
gdé, de Vineenpes.
Uù? vovageuse de première classe, Mme
Sugg,v
tenta de l'assommer et de la dévaliser.
C'est il son sang-froid et à'sa forcé physi-
que qu'elle dût. d'échapper à la mort.
En revanche, son agresseur, à la suite
de circonstances que nous allons narrer,
trouva presque immédiatement le châti-
ment de son lorfait.
A quatre heures dix-huit exactement, le
train 138, venant de Verneuil-l'Etang,- arri-
vait sous le tunnel de Saint-Mandé, lorsque
le signal d'alarme retentit. Le'mécanicien
bloqua, ses freins et stoppa à quelques cen-
taines de mètres de la station du Bel-Air.
Les employés du train se précipitèrent..
La portière d'un compartiment de première
classe était ouverte.
Sur le parquet, un corps de femme gi-
sait. Du front et du visage, le sang s'é-
-chappait.. On crut d'abord que la voya-
gtnse était morte. Il n'en était rien. On
s'aperçut bien vite qu'elle respirait encore.
Lè,train se remit en marche jusqu'à la
station, de Reuilly, où l'on transporta la
blessée "4ans le bureau du chef de gare.
Grâce a^x soins empressés qui lui furent
piydigués, slle ne tarda pas à 'reprendre
ses sens.
Cependant ùs\ des contrôleurs de là sta-
tion était allé prévenir M. Verdeau, com-
missaire de policè\du quartier de Picpus.
Il arriva pour recueillir les déclarations
de là voyageuse. Voki le récit, que d'une
vois faible et entrecoupée, elle fit au magis-
trat •. ••̃
Je reviens d"u Parc-Saint-Maur, dit-
elle, où j'étais allée rendre Visite à une de
mes parentes. Au moinent où le train ve-
nait de s'arrêter en gare de Nogent, un
personnage, dont la tenue presque élégante
ne pouvait que m'inspirereonfiance, monta
dans mon compartiment. Je me trouvais du
côté du quai. n passa devant moi et s'ins-
talla dans le coin opposé. Rien dans son
attitude ne pouvait me révéler ses mauvais
desseins. Après avoir franchi les stations
intermédiaires- (car le train était direct do
Nogent à Paris), nous arrivâmes sous le
tunnel de Saint-Mandé.
A ce moment, je me sentis brusquement
saisie il la gorge et je reçus presque aussi-
tôt un coup violent sur la tête. Je criai
1 A l'assassin i » Des doigts me saisirent
la langue. J'avais aux oreilles des boucles
de grande valeur, ornées de solitaires. Je
sentis qu'on me les arrachait violemment.
» Ce fut dans l'obscurité une lutte courte
et opiniâtre. Je me sentais défaillir; mais
dans un brusque sursaut d'énergie, je réus-
sis à me débarrasser un instant de l'étrein-
te de mon agresseur et à atteindre la poi-
gnée de la sonnette d'alarme.
L'homme s'était rendu compte de mon
geste. Il m'abandonna brusquement et
s'élança vérs la portière.
» Je m'évanouis-. Je ne sais plus rien. »
Tandis que Mme Sugg faisait ce récit,
un homme se précipitait à la station de
Saint-Mandé. Il était tout essoufflé. Il dit
Là, tout à l'heure, comme je passais
à bicyclette sur le pont de Saint-Mandé,
j'ai, vu, presque à la sortie du tunnel, ¡un
homme sauter à contre-voie. A ce mo-
ment, un autre train arrivait en sens in-
verse. La locomotive a heúrté l'homme qui
a disparu sous les roues.
Aussitôt, des employés de la station, con-
duits, par le chef de gare, se dirigèrent vers
l'enttée du tunnel.
Là, sur la voie, une masse informe était
étendue.
C'était le cadavre horriblement mutilé
d'un homme âgé d'une trentaine d'annéès.
On transporta les restes sanglants au
commissariat de police de Vincennes.
Dans les vêtements du défunt, on trouva
des papiers au nom de Horace Ballieux,
chirurgien dentiste, demeurant, 23, avenue
de Sébastopol, à Saint-Maur.
On pensa d'abord que l'homme s'était
suicidé.
Bientôt cependant la nouvelle de l'agres--
sion dont Mme Sugg avait été victime
parvenait à M. Gaubert, commissaire de
police de Vincennes.
Le magistrat ne douta pas qu'il n'y eût
identité entre l'assassin et l'homme dont on
venait d'apaprter le cadavre.
Cet homme ne s'était pas suicidé. Il avait
été évidemment victime d'un accident tragi-
que au moment où il cherchait à prendre
la fuite.
Cette hypothèse fut bientôt confirmée par
les premiers éléments de l'enquête.
L'enquête a.permis d'établir que Ballieux,
muni un billet de première classe d'aller et
retour de la Varenne à Paris, avait pris le
train à la Varenne, guettant une victime.
N'ayant pas trouvé' d'occasion propice
dans la première partie du trajet, il était des-
cendu en gare de Nogent. C'est là, satin
doute, qu'après avoir remarqué que Mme
Sugg se trouvait seule dans le wagon, il
était monté dana son compartiment
A Saint-Maur-des-Fossés
Depuis deux ans, Horace Ballieux n'habi-
tait plus à l'adresse que l'on avait trouvée
sur lui. Il demeurait maintenant avenue de
Bonneuil, à la Vai'enne-Saint-Maur. Il te-
nait là un cabinet de chirurgien dentiste,
rue Saint-Hilaire. 11 ..avait déjà été établi
rue Rochechouaft, à Paris.
Lorsque nous nous présentons à Saint-
Maur-des-Fossés, nous trouvons. sa maison
vide. La nouvelle que nous apportons rie
cause pas une grande surprise à ses'voi-
sins.
Ballieux, nous dit-on, jouissait ici
d'une déplorable réputation. Encore que sa
clientèle fût assez nombreuse, ses goûts de
dissipation l'avaient acculé à la déconfiture.
Il était presque continuellement à court
d'argent, et 'l'on savait que d'ici peu, il
allait être obligé d'abandonner son cabi-
net
» Déjà, pour se procurer de l'argent, il
en avait été réduit aux expédients. Sa fem-
me, qui habite aujourd'hui, 53, rue de
Dunkerque, s'était vue obligée de divorcer
il y a un an.
» Que Ballieux soit devenu un assassin,
cela ne nous étonne pas
La famille de Ballieux, d'une parfaite
honorabilité, habite Paris. Depuis quelque
temps, lasse des perpétuelles demandes
d'argent dont il accablait les siens. ceux-ci
avaient cessé toute relation avec le chirur-
gien dentiste.
Une petite fille du meurtrier est en ce
moment élevée dans une pension d'Ivry-
1 sur-Seine.
Dans la soirée. le frère de Ballieux. asso-
icié dans une importante maison de com-
merce du premier arrondissement, venait
au commissariat de Vincenùes reconnaître
le cadavre.
Au domicile de Mme Sugg
Au domicile de Mme Sugg 9, boulevard
de Clichy, où nous nous sommes présenté,
il nous fut répondu que l'état, de la blessé
ne lui permettait pis de recevoir des visites.
Cette pauye dame, nous confie la con
cierge de l'immeuble, a été très douloureu-
sement contusionnée à la mâchoire, aux
oreilles et à la tempe gauche Auprès avoir
été ramenée ici en voiture d'ambulance, elle
dut s'aliter aussitôt et le médecin vint deux
fois dans la soirée lui prodiguer ses soins.
Toutefois il semble résulter: de son examen
que les blessures de la victime, quoique
douloureuses, ne présentent aucun caractère
de gravité.
LE "CRÉDIT
France
Dupray de la Maherie engraissait
les congrégations romains
Encore que l'âge et les vicissitudes d'une
vie agitée aient singulièrement altéré sa mé-
moire, M. Dupray de la Maherie a pu faire
hier de fort intéressantes déclarations à M.
le juge Drioux. Il est juste de dfre que le
digne vieillard trouva dans le magistrat un
collaborateur d'une obligeance infinie, qui
mit à sa disposition nombre de documents
puisés dans son dossier, et l'aida de la sorte
à retrouver le souvenir d'événements d'une
importance capitale pour l'histoire des œu-
vres auxquelles s'est consacré le vénérable
ineulpé.,
M. Dupray dé la Maherie n'était assisté
d'aucun défenseur. Il avait, cris par avance
quelques notes sur les révélations qu'il en-
tendait faire au juge. Mais il se trouva que
les questions de M. Drioux ne portèrent pas
sur les points qu'avait « préparés l'in-
culpé. Le magistrat ne sembla point fort cu-
rieux de connaître l'exposa détaillé des mo-
tifs qui avaient poussé M. Duprayde la Ma-
herie à quitter l'administration impériale,
parce qu'on tardait trop à le nommer sous-
préfet des Sables-d'Olpnne il indiqua très
nettement à l'inculpé qu'il entendait recevoir
ses explications sur ses relations avec lés
congrégations romaines. Et ce souci parut
contrarier vivement M. Dupray de la Ma-
herie. Il déclara, cependant qu'il' allait s'ef-
forcer de satisfaire le juge, mais il tint au-
paravant à faire cette déclaration liminaire:
C'est Pie IX qui est la cause de tous
mes malheurs C'est lui qui m'a présenté
le dernier des Arpàds.
Nous parlerons plus tard du dernier
des ArpAds, fit M. Drioux. Venons: au fait.
Mais M. Dupray de la Maherie ne l'enten-
dait pas de cètte oreille. Il fallut lui laisser
expliquer que M. de Crouy-Chanel était venu
le trouver, porteur d'une lettre autographe
de Pie IX:'D-f. de Crouy-Chanel plaidait alors
contre la cour d'Autriche, afin que fussent
reconnus ses droits à la couronne de Hon-
grie.
Procuration édifiante.
Doucement M. Drioux l'interrompit, lui
demandant s'il n'avait pas souvenance de
s'être occupé de la fondation d'une banque
catholique, le Crédit de France », qui comp-
tait parmi ses administrateurs le prince de
Lucinge et le comte de Clermont-Tonnerre.
M. Dupray de la Maherie hésita, s'em-
brouilla, et finit par déclarer qu'il ne se sou-
venait de rien de semblable.
Je vais vous mettre sur la voie, dit le
juge..
Et if plaça sous les yeux de l'inculpé un
acte signé des procureurs ou généraux de
vingt et une congrégations romaines, parmi
lesquelles les ordres des jésuites, -des béné-
dictins,, des dominicains, des barnabites, des
maristes, des marianistes et dés artisans de
C'est une procuration des plus régulières,
datée du 4 juillet 1881, par laquelle les re-
présentants des congrégations donnent à
M. Dupray de la Maherie un mandat géné-
ral pour s'occuper de leurs intérêts en
France.
M. Dupray de la Maherie eut un léger
haut-le-corps et dit avec un sourire con-
traint
Je suis heureux que vous ayez retrouvé
ce document. Je craignais qu'il ne fût per-
du. Maintenant le voici en sëcnrité.
Très en sécurité, répliqua M. Drioux.
Et le juge ajouta
Je suppose que vous vous rappelez
maintenant le « Crédit de France »
NI. Dupray de la Maherie se le rappela ef-
fectivement et finit par expliquer qu'à une
époque où, il se faisait,appeler le docteur
Regnault, il avait négocié un pacte entre
le « Crédit de France » et les vingt et une con-
grégations dont il était l'homme d'affaires.
Aux termes de ce pacte, M. Dupray de la
Maherie transmettait à la banque les pou-
voirs dont il était détenteur et c'était désor-
mais cet établissement financier qui deve-
nait le représentant des congrégations ro-
maines eh France.
Il s'agissait, on le voit, de réaliser le pro-
jet de banque papale, bien souvent repris
et exploité par M. Dupray de la Maherie.
Un cadeau de 100.000 francs.
Aux termes du contrat, le « Crédit de
France n devait, pour assurer son action»
créer une succursale à Rome et cinqùanre
succursales en France.
M. Dupray de la Maherie affirma que le
« Crédit de France » avait fonctionné pen-
dant quelque temps. Cet établissement, conr
nut même une prospérité suffisante pour
qu'un de ses dirigeants, M. Frémy, ex-gou-
verneur d'une grande banque, ait pu en-
voyer à Rome une somme de 100,000 francs
K pour les œuvres du pape ».
Ces 100,000 francs, dit M Dupray de
la Maherie, furent adressés à Mgr Pietra
Mellara, alors camérier secret de Léon XIII.
Mgr Mellara dut se les approprier, car le
défunt pape ne vit jamfeis la couleur de ce
subside.
M. Dupray de la Maherie encaissé ,dès
sommes énormes. D'autre part il a toujours
vécu misérablement. Où passait l'argent'
C'est ce que M. Drioux s'est préoccupé d'A-
tablir.
Je ne sais combien j'ai pu toucher au
juste, a dit l'inculpé je ne tenais pas de
comptabilité. Ce que je n'éprouve aucune dif-
ficulté à déclarer, c'est que j'ai remis la ma-
jeure partie de l'argent que je récoltais aux
congrégations qui m'avaient régulièrement
mandaté.
» J'ai surtout donné aux congrégations
pauvres. Les jésuites ou les capucins sont,
Dieu merci, assez. riches, et n'avaient guère
besoin de mes fonds. »
Et M. Dupray de la Maherie, qui semble
tout à coup retrouver les qualités de comba-
tivité dont il fit preuve pendant sa longue
existence, s'écrie
On me reproche d'avoir commis des es-
croqueries. C'est une accusation sans base
J'ai recueilli des fonds pour les ordres reli-
gieux. Vous voyez que j'y étais autorisé. Je
me ,guis occupé de commanditer des ban-
ques l'une d'elles a eu une existence pros-
père et je suis persuadé que les autres pour
raient avantageusement fonctionner. Il n'y a
là-dedans aucune manœuvre frauduleuse
M. Dupray de la Maherie est en proie à
une exaltation extrême. Le juge attend, qu'il
se soit, calmé, et il lui demande si le com-
merce des reliques qu'il tenait lui semble
avoir été très licite.
L'inculpé n'hésite pas opiner pour l'af-
firmative.
Je ne possédais point que des cheveux
de Notre-Seigneur, expose-t-il. J'avais, au
prix de. grands sacrifices, acquis d'autres
reliques d'un prix inestimable. La dureté
des temps m'a forcé à m'en séparer. Dans
un moment'de pressant besoin, Je les ai mis
en gage. On m'a prêté dessus 14;000 francs.
TROIS PROCÈS
Un procureur en cour
Un colonel en conseil de
Un infirmier en cour d'assises
L'affaire Durand,
Réquisitoire et plaidoiries
[DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL1
Orléans, 1er juillet. La physionomie des
d'ébats s'est beaucoup modifiée aujourd'hui
En quittant l'audience hier, nous emporüong
l'impression de la déchéance définitive du
prévenu. 11 n'en est plus de même ̃;̃, l'atmos-
père s'est allégée autour de M. Duran'd,
les faits se sont sériés avec plus de méthode,
et dans le recul, les charges sont apparues
moins probantes.
Ce résultat, le magistrat inculpé le doit en
grande partie' à celui qu'il semblait dewir
rédouter avant tous à M: le procureur gé«
n^ralCuinenge, dont la parole sobre, émue.
et ironique à la fois domina incontestable-
ment le débat. Ce n'était pas chose facile,
car M" Séjourné et R. Péret, avocats des
parties adverses, surent montrer la de hau-
tes qualités de finesse, de logique et .le toc-
gue.
C'est Me Séjourné qui le premier /.rit Ira
parole au, nom, de M. Boivin.
Avec. une grande habileté, il éclaire la
question-sous un jour particulier. Il s'ajïpcde
naturellement, sur les dires des experts, et
rapproche les faits avec une experte ingénio-
sité. Sa diction impeccable, sa voix nette
donnent une grande autorité à sa tiîèse. Iï
termine fougueusement en s'adressant direc-
tement au prévenu.
Le coupable, s'écrie-t-il, le voilâ
C'est alors que M. Cumenge se leva Il
semble, au ton'un peu détaché quil prend
tout d'abord, qu'il ne prononcera que -se
cuurtes phrases. Il a parlé plus d'une he'i.-v
et demie, et personne dans l'assemblée Bt»
éprouva la moindre lassitude. On
de .lui. un réquisitoire ce fut presc1. i.i--
,plaidoirie en faveur de l'accusé qu'il fit 1
tendre, mais une plaidoirie si mesurée, sa
sévère même parfois pour le prévenu Cj'je V'
cour l'écouta avec un intérêt très'marqué.
M. le procureur général Cumenge uVimt:
point les gens violents, et leur argumenta-
tion lui apparaît comme un peu 1:luspecte.
Il fit entendre à MM. Boivin et Barreaux,
qui furent hier, avec M. Cambour, les p'l"
véhéments accusateurs de M. Durand, J».
mots d'une courtoisie' étrangement ai^iuM<'
Ce n'est pas, il le dit tout de suit qu'il
s'attachât' à défendre l'accusé, mais un
grand souci de pondération, de « ni '.se au
point s'imposait à lui.
J'aurai, dil-U, la préoccupation mr'un
coupable ne puisse échapper à la justice,
surtout si c'est un magistrat. Mais IV-
rand est-il ce coupable ?
Un doute angoissant, une lourde
tude pèsent sur le discours du magib
Il reprend une à une les trois accusa-
tions qui s'abattirent hier sur le procureur
dé Montargis. Et ce n'est là, ainsi qu'il
l'indique lui-même, ni un réquisitoire ni
une défense. C'est une analyse
par laquelle il éloigne les hommes, le:; > xk:
rcles et les faits du mirage vertigineux x ̃^•*
créent le mouvement et la passion, pour i*.
sifuer dans leur pure vérité.
M. Cumenge a beaucoup d'esprit. Lors-
qu'il parle des experts en écriture, i) pro-
nonce de simples phrases
Je n'en dirai pas de mal Ce seiàife
banal.
Puis il rend hommage à leur ingrat la»
beur et à leur impeccable probité.
Mais bientôt la voix de l'orateur se fait
sévère.
Il se tourne vers le prévenu qui, ta tête
dans les paumes, pleure.
Le magistrat, dit-il, doit avoir de Irai
modération et du tact. Il ne doit jamais rien
faire d'équivoque.
Et il reproche à M. Durand ses graves
imprudences et son attitude parfois iïjiï-
gne. Le procureur termine
S'il est coupable, frappez-le sans p*
tié, mais.
.Et c'est sur ce « mais n, lourd de Mute,
que l'esprit des auditeurs restera, profon-
dément angoissé.
Le talent très vivant et très clair de Mr
Raoul Péret n'avait plus, après de tuiles
paroles, qu'à préciser la personnalité de
son client. Il sut le faire avec infiniment da
mesure et d'émotion. Il cita encore de nora-
breux exemples d'erreurs judiciaires duu-a
aux experts en écriture. L'avocat, Après un
rapide examen des faits, eut. une perchai-
son 'chaleureuse et que l'on devine.
L'audience était terminée. La cour seuvi
blait un peu nerveuse, et ce fut d'une vojï:
brève, comme impatiente de discuss'ionf. in-
times, que le président prononça les der-
niers mots
L'affaire est mise en délibéré.
L'arrêt sera rendu jeudi prochain.
Attercation d'officiers
Le colonel Roulet est acquitte
-̃ Rennes, 1" juillet. De notre correspotîw
dant particutier'(par téléphone). Le l^û-
tenant-colonel Roulet, âgé de quarante-sept
ans, affecté au 1M régiment d'infanterie eo-
lçniale, à Cherbourg, ancien comm,endant
supérieur des troupes de la Martinique, a
comparu aujourd'hui devant le conseil se
guerre du 100 corps d'armée, présidé par le
général Rœderer, commandant la tâ* bri-
gade à Saint-Malo.
Le lieutenant-colonel Roulet est inculpé
d'avoir, au camp de Balata, à la Mai'tih;-
que, le 18 février 1909, hors les cas noti-
ficatifs prévus par la loi, frappé son infé-
rieur, le médecin aide-major de preinière
classe Guillen, des troupes coloniales.
Voici dans quelles circonstances se mo-
duisit cette altercation.
Au camp de Balata, un artilleur, n •
Fougères, tomba subitement grav ̃;̃: ̃̃, ,:a
malade.
Le lieutenant-colonel Roulet envoya
cher le docteur Guillen, qui décida de f.-xire
transporter le malade à l'hôpital de Fort-
de-France. Comme il tombait une plias
battante, qu'on ne disposait que d'una
voiture découverte, et que de plus dts cas
de fièvre jaune avaient été constatés à hô-
pital, le lieutenant-colonel Roujet s'o;. posa
à ce transport et ordonna, peut-être en ter-
mes un peu vifs, au major Guillen d pau-
ser la nuit au chevet du malade, s e]a
était nécessaire. Le lendemain ma, m,
l'innrmerie, lé jeune médecin refusa c x
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