Titre : Le Matin : derniers télégrammes de la nuit
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-10-06
Contributeur : Edwards, Alfred (1856-1914). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328123058
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 123753 Nombre total de vues : 123753
Description : 06 octobre 1908 06 octobre 1908
Description : 1908/10/06 (Numéro 8988). 1908/10/06 (Numéro 8988).
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k568841w
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/05/2008
4
LÇ MATIN!
8 10 08
CON?'ES DES MILLE ET UN MATINS
LE MIROIR
La maison out je naquis, où moururent
mon père et ma mère, s'adosse à un bois
de sapins. Ses murs s'effritent lentement,
son toit disjoint se couvre par .endroits
d'une végétation étrange ses volets verts
sont maintenant d'un gris indécis, et de
grandes moisissures descendent tout le
long de la porte. Le jardin, qu'entoure une
grille mangée par la rouille, n'a guère plus
de vingt mètres de large. Les arbres y ont
poussé si drus, 'les plantes si sauvages,
qu'en toutes saisons monte de la terre, char-
gée de feuilles mortes et .de branches, une
odeur humide d'automne.
Telle qu'elle est, je pourrais en tirer une
quinzaine de mille francs, et, à mon âge,
pauvre et résigné comme je suis, quinze
mille francs seraient presque une fortune.
Je n'aurais qu'un mot h dire pour man-
gpr il ma faim et m'endormir au chaud
ce mot je ne le dirai pas.
Lorsque le hasard de la route me ramène
jd'ans le pays, je rôde autour de ma maison.
..Je regarde de loin son toit pôintu si je
grelotte trop sous mes haillons, je vais jus-
qu'à la grille je prends la clef dans ma po-
che et je l'approche de la serrure. Je me dis
qu'entre ces murs je n'aurai plus à redou-
ter la pluie qu'au premier étage il est une
chambre avec un grand .lit aux draps
blancs qui fleurent la lavande, où il fera
b'oii dormir sous la caresse du feu clair.
J'approche encore. Je vais ouvrir. Sou»
dain, la peur me prend, et je m'enfonce en
courant dans le bois le souvenir de la nuit
où je franchis ce seuil pour la dernière fois
vient de se dresser devant moi, et je peux
dire qu'en cette seule nuit j'expiai toutes les
fautes que j'ai pu commettre.
A la mort de mon père, maître de ma for-
tune, je m'étais mis à jouer. Mes revenus
ne me suffisant plus, j'ai laquai mon capi-
tal. Quand la partie avait été mauvaise, je
vendais une. ferme, un bois, une prairie,
m'imaginant que Il veine allait revenir, que'
je rachèterais. Mais la veine revenait si
peu qu'un jour mon notaire m'annonça
qu'il ne me restait de mon .patrimoine que
,ia viei!le maison. J'allais télégraphier:
Vendez n. Une espèce de honte me retint.
Vendre fermes, prairies et bois, c'était fort
bien, mais vendre la maison ou j'avais
grandi, où mes parents avaient voulu s'6-
teindre, la maison pleine de tous leurs rêves
et de mes. souvenirs. Non. Bientôt, mes
scrupules s'apaisèrent, goutte' goutte la
tentation descendit en moi. J'v résistai trois
jours, trois jours de torture. 'Le quatrième,
n'y tenant plus, assoiffé de jeu comme un
morphinomane est assoiffé de son poison,
jo pris le train, décidé à revoir la demeure
une dernière fois, à emporter quelques bi-
belots, des portraits de famille, puis la ven-
'dre. Je partis.
D'abord, je rôdai par le bois, n'osant, mal-
gré l'obscurité, me montrer dans le village,
glissant de taillis en taillis comme un voleur.
Il pouvait être minuit quand j'arrivai devant
ma maison. Je ne l'avais pas revue depuis
deux ans elle me parut toute petite, vieille,
triste. Tandis que je contemplais ses murs,
toute mon enfance passait devant mes yeux
attendris. Je revoyais mon père assis au
coin du feu, ma mère devant son piano sur-
monté d;une très ancienne glace de Venise,
et le calme des chères soirées d'hiver descen-
dant en moi, je songeais
Laisse dormir cela. n'entre pas.
Puis, brusquement, j'eus au bout des
dpigis la sensation des cartes, dans les
oreilles, les bruits de la salle de jeux. et ce
fut plus fort que moi, plus fort que tout.
La grille franchie, je gravis le perron, et
j'entrai. A peine avais-je refermé que mes
clefs glissèrent de mes doigts et tombèrent.
Je ne les retrouvai qu'après un temps Baser.
long, sous un coin de tapis. J'étais devant la
porte du salon, mais l'humidité en avait si
Lien disjoint les bois, rouillé les gonds, que
je ne pus l'ouvrir.
.On eût dit en vérité que les choses ne vou- i
laient point que je franchisse ce seuil que
les objets se plaisaient lt m'empêcher de
passer. Une colère me saisit, et je donnai un
coup d'épaule si brutal que la porte se
fendit dans toute sa hauteur. Je pris sur
la table un bougeoir que mon père avait cou-
tume de laisser la, le soir. et l'ayant allumé,
je regardai autour de moi.
Tout m'était familier dans cette pièce. Les
yeux formés, j'aunûs contourné chaque meu-
ble, touché d'un doiijt prudent, le plus fragile
bibelot,, ouvert la page préférée le livre
oublié sur un fauteuil. Une cigarette il peine
entamée dépassait le marbre d'une. console
dans la cheminée, une bûche ronde était po-
sée sur des sarments tordus la nuit
était si calme que j'entendais le frisson des
gouttes de pluie dans les arbres. Comme il
faisait froid, je m'agenouillai devant 1;; che-
minée et j'en approchai une allumette. Aus-
sitôt, un ronflement joyeux emplit la pièce,
et des lueurs' dorées se mirent à danser le
long des murs. Il faisait tiède, je me sen-
tais chez moi, et cela m'était doux au cœur
de me retrouver parmi des choses qm me
connaissaient je m'assis dans une bergère,
et je no pensai plus il rien.
Alors, pour la seconde fois, le souvenir du
jeu traversa mon cerveau, et, avec lui, l'i-
mage de. ma ruine. Je me vis traînant la
misère, honteux, affamé, incapable de ga-
gner ma vie tel que je suis maintenant.
et.la tentation revint. Je murmurai
-'Ruiné a>
Une voix répondit*Hans ma fête
Mais non Tu n'es pas ruiné Cette
maison t'appartient tu ne dois compte de
tes actes il personne. Vends-la donc Pour-
quoi traiter ces mure ainsi qu'un chien fidèle
qu'on redoute de voir passer h d'autres maî-
tres L'âme de tes morts n'est plus ici tu
la portes en toi, et pour l'être défait de quel-
ques pierres entre lesquelles la vieillesse de
tes parents s'abrita, tu n'auras point cessé
d'honorer leur mémoire 1,
Les sarments étaient brûlés la bûche se
consumait sans bruit des ombres plus
épaisses coulaient des meubles sur le plan-
cher, et mes yeux ne pouvaient se détacher
de deux portraits qui se faisaient vis-à-vis
sur la liseuse le portrait de mon père et ce-
lui de ma mère. Quand j'étais tout petit, je
les aimais, car ils me souriaient dans leurs
cadre.
Mon regard, à cette heure, n'osait ni les
caresser ni les fuir j'avais honte devant
eux. Mais le besoin d'argent, la peur de la
misère m'affolaient. J'étendis la main, je
les pris. Aussitôt, j'eus, la sensation d'avoir
troublé dans leur sommeil ces pauvres
morts. J'aurais'voulu replacer ces portraits,
m'enfuir. Il était' trop tard, mon geste
avait rompu le charme, je les avais chassés
de chez eux à jamais. Et, tout à coup, ayant
levé les yeux, j'aperçus, reflété dans la
vieille glace de Venise, un visage effrayant,
livide, un visage quy je reconnus à peine
tant l'épouvante l'avait contracté. et ce
visage, qui était le mien, me regardait
avec mes yeux terribles.
Gomme je restais là, stupide, serrant entre
mes doigts les deux petits portraits, il mp
sembla entendre un 'grattement, Je voulues
me sauver la peur paralysait mes jambes,
Je ne démêlais plus ce qui se passait en
moi, je me regardais seulement souffrir
dans le miroir. Or, soudain, dans ce
miroir terrible, mon visage plus blême trem-
bla, mon front, où des ombres livides met-
taient comme des doigts, s'inclina mes
épaules s'enfoncèrent. ma bouche s'es-
tompa. mes joues s'effacèrent. mes yeux
se noyèrent dans le noir. puis mon front.
mes cheveux. puis. je nv vis, plus rien
il ne subsista devant moi qu'un 'carré d'om-
bre d'où mon visage était parti
Vous ne comprenez pas, vous ne pouvez
pas comprendre l'horreur qui m'envahit. Je
portai mes mains à ma flgure j'enfonçai
mes ongles dans ma chair, et j'éprouvai une
effrayante joie à les voir éclaboussés de
sang. J'étais là, vivant J'avais en une hal-
lucination. j'allais me revoir. Mais j'eus
heau regarder êperdurncnt,frotter mes yeux,
tendre le cou le ̃ irflroir ne reflétait plus
rien. Une pensée sauta sur moi :.Tu es fou
Je courues il la cheminée, j'allumai tous les
flambeaux, je tendis les poings au miroir et
je hurlai, pensant que, peut-être, ma voix
allait éveiller ma rarson
Regarde-toi Regarde-loi 1
Et je ne vis, pour la troisième, fois que le
sinistre carré' d ombre
Ce qui se passa ensuite ?. le ne sais plus.
Quand je revins à moi, les cendres de la che-
minée étaient froides, les flambeaux éteints.
Par les fenêtres, entrait la clarté indécise du
crépuscule. et le souvenir de la nuit me
revint. Je rampai vers le miroir, m'accro-
chant aux meubles. Je m'appuyai, pour me
redresser, au piano il glissa* J'entendis
un bruit semblable à celui que pourrait faire
une feuille de métal tombant doucement sur
le sol. Je me ruai vers la fenêtre d'un coup
de poing, j'ouvris les volets, et je eis ceci
Du miroir, d'où mon visage avait fui, il ne
reslait que le cadre et [a vitre. La plaque de
métal poli qui tenait lieu de tain dans les
glaces de Venise, trop lourde pour le bois
vermoulu, était descendue lentement, puis
avait glissé entre le mur et le piano, jus-
qu'au plancher.
En d'autres temps, j'aurais souri du ma
frayeur, j;aurais pensé que le miroir était
mort de la mort des très vieilles choses.
Mais je ne crois plus au hasard je sens que
ce miroir s'éteignit pour ne plus rciléter mon
image, qu'il me chassa de la maison, comme
j'en avais voulu chasser mes parents je
sens, je sais que, .en cette triste nuit, les
choses qui m'avaient vu grandir eurent une
âme douloureuse, révoltée, et c'est pourquoi
j'ai refermé à tout jamais la porte de la
Pauvre maison.
Maurice Level.
A L'HOTEL DE VILLE
La rentrée du conseil municipal.
Il n'est pas exact que la date du 30 octobre
pour lïi rentrée du conseil municipal ait été
officiellement fixée. Aucune décision défini-
tive ne sera prise avant que la président du
conseil municipal en ait conféré avec Je préfet
de la Seine.
Contre les autobus.
̃M. Cherioux, président du conseil munici-
pal, a avisé hier M. Paul Escu'dler qu'il ve-
nait d'écrire au préfet de la Seine et au préfet
de police pour attirer leur attention sur la né-
cessité d'inviter, d'une façon rigoureuse, la
Compagnie des omnibus à observer les. délibé-
rations prises par le conseil municipal à la
suite de la question soulevéo par le con&eiik>r
du quartier Saint-Georges sur les autobus. -Ces
délibérations ont plus spécialement trait iL !a
vitesse, à la poussière et à In boue-. Quant aux
graves inconvénients du bruit et de la trépida-
tion, ils font l'objet, rie la part ries prppriétoi-
rps, d protestations incessantes auprès dp
l'administrai ion préfectorale, Ces réclama-
tions sont transmises à une commission tech-
nique spéciale qui va, munie, d'un appareil,
enregistrer à domicile les vibrations -résultant
du passiijTP des autobus
LR
Sortie du « Lebaudy ».
Le dirigeable ôcole a fait cet aprfts-midt une sor-
tie. 11 a SvoJiié dans ia banlieue ouest tt il est ro-
VPitu sans incident .au parc militaire de Clmlais-
a;eudoh,
Officiers, du génie maritime.
Est nommé ingénieur de 3' classe du génie mari-
time M. Ficlieur,1 élève' sortant de l'Ecole polyttcli-
uique.
Ecole supérieure de marine.
Est désigné pour remplir, il compter du 5 octobre,
les fonctions de professeur à l'Ecole supérieure de
la marine, M. Ifr capitaine de frépat-o Selrwerer, -mem-
bre du comité technique de la marine.
A TRAVERS PARIS
L'héritage de la Péruvienne. E y a quel-
que temps, Mme Fidelina Sevilla, originaire
du Pérou, était relevée évanouie dans l'é-
glise Saint-Lambert, de Vaugirard, et trans-
portée à l'hôpital Necker.
Revenue de son évanouissement, la Péru-
vienne exposa qu'elle était sur le point de
recueillir un héritage de 900,000 dollars qui
lui revenait de son frère, décédé en Amérique.
Nous l'avons raconté, Fidelina Sevilla sem-
ble avoir pratiqué sur une grande échelle
l'escroquerie à l'héritage. L'une de ses vie-
times fut un prêtre d'une des paroisses de
Paris qui s'était intéressé à sa cause et lui
avait consenti de grosses avances sur la
succession imaginaire qu'elle savait faire
miroiter.
Fidelina Sev;lla raconta à un ami de ce
prêtre que, se rendant il New-York pour tou-
cher l'héritage de son frère, elle avait man-
qué le paquebot où ses baguages étaient déjà
embarqués. Elle reçut mille .franc», mais
resta à Paris. Alors, le prêteur comprit
qu'il avait été dupé, et chercha la trace de
la Péruvienne. Il écrivait au Pérou et apprit
que Fidelina qui est la tante du pré-
cédent, ministre de la guerre, avait un frère,
riche financier, qui mourut il, y a une ving-,
taine d'années, à New-York, laissant une
fortune de 900,000 dollars.
La fortune existait donc réellement, mais
Fidelina Sevilla n'en était pas bénéficiaire
son frère ne lui avait rien légué. Dans ces
conditions, Fidelina Sevilla est bel et bien
une aventurière, et ses dupes ne doivent
guère conserver l'espoir de récupérer leurs
avances.
La flûte enchantée. A propos de bottes,
le musicien ambulant Louis Duclos, âgé
de vingt-deux ans, se prit de querelle,
hier soir, avec un jeune et solide ou-
vrier terrassier dans un débit- de la
rue Turhigo. Comme les deux antagonistes
allaient en venir aux mains, le patron de
l'établissement les invita a aller s'expli-
quor » dehors.
A peine dans la rue, le musicien se mit à
pousser des cris de sauvage en brandissant
une petite finie nickelée qu'il venait de' ruti-
rer de la poche intérieure de son veston.
A la lueur falote d'un beo de gaz, le terrus-
%icr crut que son adversaire avait à la main
un stylet redoutable.
Oh le misérable, il va me tuer, s'é-
cria-) en s'adressant aux nombreux pas-
sants qui s'étaient arrêtes.
Et, après avoir paré deux'ou trois fois
avec ses pied;s les coups que Louis Duclos
semblait vouloir lui porter, le terrassier
crut devoir s'éclipser.
Le musicien porta alors à ses lèvres l'ins-
trument de musique que la foule avait pris
également pour une longue lame effilée, et
il se mit a jouer': Pon voyage, M. Dumol-
jet n. Ce fut un éclat de rire général.
La plaisanterie fut même trouvée si amu-
que Louis Duclos fut invité à boire de
nombreux demi-setiers de vin nouveau.
La rafle des portefeuilles. Ce n'est pas
stuls motif qu'un écriteau prévoyant indique
au client, dans la plupart des cafés du boule"
vard, que la « maison ne répond que des ob-
jets qui lui sont confiés personnellement d.
De nombreuses personnes, en effet, se
plaignaient amèrement ces jours-ci, en re-
prenant leur pardessus à la patère, qu'un
habile pickpocket en avait exploré les po-
chfis et enlevé ce qu'elles contenaient.
C'est en vain qu'une surveillance active
avait été établie, les voleurs étaient restés
introuvables.
Cependant, la chaleur revenue, les opéra-
tions des détrousseurs de pardessus deve-
nant moins fructueuses, ils partirent en pro-
Deux d'entre eux, Gaillard et Morson, se
1 faisaient IWUohifliil pincer la semaine der-
Habilement cuisiné par lé juge. Gail-,
lard mangea le morceau » et donna des dé-
tails précis ot circonstanciés, grAfie auxquels
le service de la Sûreté muni d'un mandat
d'arrêt délivré par M. Snubeyran de Saint-
Prix. arrêtait hier malin le reste de la hande.
Henri Collet et Julien Franck, deux jeunes
gens de vingt-cinq ans, lo premier demeu-
rant rue Caiiîaincourt. le second rue Etien.
ne-todelle, protestèrent d'abord contre leur
arrestation, mais une perquisition faite à
leurs domiciles amena la découverte d'une
telle quantité de portefeuilles de toutes gran-
dfi'.rsct dû toutes espèces, qu'ils finirent par
faire des aveux complets.
Iss ont été conduits au Dépôt, où bientôt
les rejoindront leurs maladroits complices
de province
PETITS FAITS'QIVŒRS
M. Berr; juze d'instruction, vient de rendre
un non-lieu en faveur de Louis et Geor-
ges Bertonnier, qui avaient été un moment
dans l'affaire de l'impasse du Puits.
Des camhrlol'S.i'.rs restés inconnus ont
fracturé, la nuit dernière, Iji serrure d'une vi-
trine explosée à la devanture du magasin de
M. Lacvenal, 15 et 17, rue Auber. Ils se sont
emparés d'une/ statuette, de trois boucles rie
ceinture art nouveau et de six écrins conte-
nant des boutons.
Des agents rencontraient. la nuit derniè-
re, rue d'Allemapim, un élo«ant tilbury, dont
10 coucher était ivre-mort Conduit au poste,
celui-ci raconta, quanti il fut dégrisj qu'un
individu, rue de Mantes, lui avait donné cinq
francs pour conduire l'attelage, qui vraisem-
blablement avait été volé.
Atteinte d'aliénation mentale, Mme Hou-
daille, âgée de trente airs, s'enfermait samedi
dans sa chambre, rue de Flandre, après avoir
allutné un réchaud. Mais l'arrivée soudaine
de son mari mit obstacle ses funestes pro-
jets. Hier, profitant d'un moment d'inatten-
tion, elle ouvrit la fenêtre et se précipita dans
le vide. La mort fut instantanée.
Désespéré de se trouver sans travail,
Maurice Dresler. qui revenait de faire ses
treize jours, s'est asphyxié, hier soir, dans le
logement qu'il occupait rue Jeap-Macé.
Mme veuve Bon, née Verseaux, doreuse,
31, rue du Faubourg-Saint-Martin, désespérée
du mauvais état de ses affaires, s'est empoi-
sonnée dimanche en absorbant de l'acide sul-
furique. Transportée à Lariboisière, elle y est
morte hier après d'horribles souffrances.
Renversée hier, boulevard Raspail, par
un cycliste, Mme veuve Esparon,- rentière, 4,
boulevard Arago, se fend le crâne et succombe
quelques instants après. On a retrouvé sur
elle une somme considérable, dont dix mille
francs en^or et en titres au porteur.
Un pauvre vieux, Pierre Frémont, de l'a-
sile des vieillards de Fontenay est surpris
par un camion automobile sur le cours de
Vincennes et broyé par le lourd? véhicule. La
mort a été instantanée.
Il- ne fallut pas moins de' trois agents
pour maîtriser l'électricien Emile Vernon oui,
dans la salle d'attente de la r-are de l'Est,
s'amusaità à bousculer les voyageurs, Un
septuagénaire, ayant protesté contre sa bru-
talité, venait de recevoir un coup de tête dans
l'estomac.
Un commencement d'incendie s'est déchi-
ré au numéro 53 de l'avenue des Ternes, dans
une fabrique de corsets. Les pompiers de la-
caserne de l'avenue Nid se sont rendus maî-
tres du feu après une demi-heure d'efforts. En
voulant leur prêter son concours, un passant
a subi un commencement d'asphyxie. Dégâu«
importants,
RATS DE TRAINS
Dijon, 5 octobre. Dépêche particulière du
d'être opéré par la police de notre ville, de
concert avec M. -Baudier, inspecteur des ra
.cherches de la Compagnie P.-L.-M.
A la suite d'une longue et habile enuu&te,
on a découvert qu'une vingtaine d'employés
de chemins de fer dérobaient des colis de tou-
tes sortes dans les fourgons des trains qu'ils
fes riches, vêtements de prix, liage do luxe,
coutellerie, etc. Les bureaux de la brigade mo-
bile peuvent être compares actuellement à un
véritable bazar.
C'est au milieu de cet amas hétéroclite au*
M. Berger, commissaire divisionnaire, pro-
cède à, l'interrogatoire des nombreux incul-
pés, dont la plupart sont des çhefs de train.
Plusieurs d'entre eux sont déjà incarcérés, et
d'autres arrestations sont imminentes
L'INCIDENT DU PASCAL
Toulon, 5 octobre. Dépéche particulière
du « Matin On a fait grand bruit autour
d'incidents qui se seraient produits sur le CI'01-
seur Pascal, Voici à quoi se réduisont les faits:
Le Pascal fait partie d'un groupe de réserve
commandé par le capitaine de frégate Jobard.
Il est amarré dans l'arsenal, et les matelots
en service dans le port vont y coucher.
Dans la nuit de dimanche à lundi, une vio-
lente querelle éclata entre ces matelots, qui
firent un tel vacarme que l'on crut à une ré-
volte. L'alarme fut donnée par les factionnai-
res de garda le long des quais, et le contre-
amiral Halioz. major général de la flotte, in-
formé, se fit conduire à bord immédiatement.
Quand il arriva, tout était rentré dans le
Néanmoins, un 'l'apport fut adresse au vice-
amiral Marquis, qui ordonna une enquête,
ACADÉMIE DES SCIENCES
De. nombreux parmi lesquels le profes-
seur allemand soutenaient que le (rros
tntesttn n'était point le sit'jf- de putréfactions et
qu'il n'cçiHtait pan Microbe (le la jiutrffavUnn-
Le trrofascw Metchnikoff a voulu élucider, une fois
n'jur toutes, cette question et a repris ses intéres-
santes recherches sur la flore intesUnale humaine.
Aprfin rf/; il il a fowi'd sue le
gros intestin était le sttae (le trois miirropet «né-
claux. L'un, apvnlè M microbe ils se trouve
dans tous lèa intestins, aussi bien celui des nourris-
auns oui ne s'alimentent t/ve des aùutlcn ou des le$ toxines produite!
var ce wieroUe sont des plus virulentes. Le tii/utiiç
toxique "fisse travers les bougies filtrantes et ré-
sista victorieusement ti. In température de L'ébulll-
Le sci:oii(i microbe est UU'it celui <(< In putré-
faction. Dat le trouva d:ans tee matières excrétées mi-
?ne des personnes bien portantes, Ses toxines sont
(̃̃jalemcnt virulentes et tuent tes lapin en quelques
heures le troisième microbe ?s trouve, d'uni! fnpon
constante, rttms le gros intestin et sc rencontre sur-
tout dans les épidémies (le dlumlues.
U. MetçhniHoff a voulu voir si un ce,1 nttcrobes
ne veut provoquer l'uppiinUicifn, l',c microbe de
Veitch a été inoculé. 4 un chivipanzç, qui a sauf-
fert, peu après, d'une appendicite nt-ti«ment curae-
térts&e. C'est la promit™ appendicite expérimentale
M. Metclintliof! conclut pue dorénavant, on ne
̃pourra, plud nier l'existence, dans notre flore intes-
tinais, de microbes dangereux', uitcnts de nombreu-
ses et graves maladies,
M- Dwboux, au n»m de m. d'Arsonvai, a f;itt
nart tl'utiu noio (lu prolwssctir Bordas, qui, ayant
nombre do gnz rares provenant l'ai,. liquide, a. trouvé environ iiuinzo raies nouvelles
dans Iif itëon. Ces raies, bien caractéristiques, appar-
tiennent au néon pur.
M. Darboux lit également une note de M. Claude,
sur mu nouveau ppocérté do aistillation de l'air li--
quicîe, qui lui permet li'olilenir un lilpe de néon a
Une Jfcune giraie, venant de Tomtxiuctou, va
enrichir la ménasterio du Ni. Bouvier, au.
nom de M. Trouessart, donne mielques rùnieignti-
ments sur cette girafe, âgée de qutlques mois et qui
a 's. mètres (le girafes 'proviennent
irénêralenieut du do l'Afrique ou de la Haute-
Egypte. 11 est extrêmement rare d'en trouver dans
la. région du ^iger.
Uno comète, la troisième qui ait été découvert*
en to;a au wiheu d« septembre, vient de perdra
bi'usiiuoaient sa queue, fort liri liante et très longue,
dans la nuit du 30 .septe-mora tiu l" octobre, M. hi-
«aurdan, Qui lait part de Mtte nouvelle, croit qua
Cette perte rst due a un affaiblissement du noyau
do la comète.
Une autre comité. la comète K, qui lisait dis-
paru dans la nuit du 28 au 30 septembre, vient, au
contraire, d'être ^trouvée, grâce i M, Javt-3, d« l'ob-
servatoire da KIcjî, qui l'a observé* Il trois heures
Ou matin. C'est M- Bassut qu) rài>l>orte cette bonne
nuuvpllt. astronomique et Ni. l>ar!xmx ne peut 6'ein-
pecUer de féliciter les observatoires ou l'on tra-
vailla la uull
Y a-t-Il des papillons qui émettent des radta-
tous lumineuses? Il semble b;en que Gui. 1\1. Fabre,
co!'re3poodant de l'Institut & Vaueluse-, a placé ce.
papillon un grand paon dans une chambre J)b6-
cure, devant une plaque photographique sensible.
Sur la plaque, des traces d'une imprission lumineusa
ont été constatées.
HOTESJUORGEHTS
Aujourd'hui, à la Ccmédle-Française, à
1 h. 1/2, répétition générale de Le bon Roi
Dagobert.
Ce soir: vwv%
A la Porte-Saint-Martin, reprise de Cyrano
de Bergerac, de M. Edmond Rostand, avec
MM. Coquelin aîné, Jean Coguelin, Monteux,
d'Auchy. Laroche, Dérivai, Péricaud, Gravier
Ghabert, Fabre, etc., et M mes Carmen Pe-
raisy, BoucJietQl, Fabre, Poncin, etc., etc. Di-
manche prochain, matinée.
A Cluny, à 8 h. 3/4. répétition générale
de la Revue de Cluny.
L'Odéon affiche pour ce soir. demain mer-
credi et après-demain jeudi (soirée), les trois
dernières représentations du Cœur et la Dot.
A la Renaifisanco.
M. Lucien Guitry annonce, pour jeudi soir,
la répétition général'- cl iiuii'r vendredi la
première de YKwon:. C'est on retard de
vingt-ejuatre heures sur les dates primitive-
ment fixées, mais celles nue nous donnons
ci-dessus sont irrévocables^
Au Vaudeville.
On a lu et on \i]>è^ l;i Patronne, quatre
actes et cinq tableaux de M. Miiiu-k-e Donnay,
qu'interpréteront Mar-
PTUU'ite Brésil {qui Il:(\ se: dp'juls au,l'ou-
deville), Cécile O.iron. r.!a !Uo:ti.Delza, Farna, JiM Tai-ride. f-tViuul. Aniuil-
obligeamment autorisé par' le ihéùtre Réjane.
Au théâtre Réjane le numéro provisoire de
téléphone est 591-77. et l'on ).?!;) )ou. :haque
jour pour les représentations d'ismrl, la pièce
nouvelle de M. Henry Bernmoin, dont la répé-
tition générale i»i ];i pivjnièri! auront .lieu -les
lundi 12 et mardi i:j.
Au Gymnase.
On a commencé à répéter \actes et deux décors
(lçr et 3° actes), le bureau du directeur du
journal Le Passe-Paiiovt (;i0 acto).
Les interprète- choisis sont i-H-PF Mnrtli-a
Régnier, Henriot, Renée Félyne, ciairville,
MM. Dtlmény, Gaston Dubosc, Jean Dax. etc.
II resta un très important rôle d'homme à dis-
tribuer, c'est celui que devait jouer M..Hii-
guenet, si la pièce, d'abord intitulée les Iifuis,
eût passé à la Honnlsannce.
Les théâtres et le .téléphone.
Aujourd'hui et^leniain, tous les théâtres et
concerts de Parts auront leurs lignvs télé
phoniques rétablies. Nous donnerons demain
los numéros provisoires ntlribués.
Voici, pour aujoind'hui. ceu>; rtn'on nous
.communique Boufles-Pririsiens, 501-80 Va-
riétés. 410-5-1 Folies-Bergère, 50.1-85 Olym-
pia. 591-81.
Le théâtre Déjnzet qui, depuis huit jours,
avait fixé il mardi la répétition générale et la
première de son nouveau spectacle, se voit
obligé, ce jour étant pris par la Comédie-Fran-
çaise. de remettre à mercredi, il 11. 1/2. la
répétition et a 9 heures la première représen-
tation de Mossieu le Maite.
L'Œuvre va donner trois séries de spectacles.
Du 25 novembre inclus au 30 novembre,' au
théâtre Fémina. ElelUra, de Hugo de Hofnian:;j
tahl, le dramaturge viennois, adaptation en
vers de MM. Paul Strozzi et Stéphane Kpstein.
ElelUra sera créée .par Mme Suzanne Dcnprés.
Une pièce inédite de M. Tristan Bernard com-
plétera le programme.
Les 7 et y décembre, il Marjfcny, l'Œuvre
donnera les Vieux, de l'écrivain catalan Ipnasl
Iglesias (adaptation française de MM. Pierre
Rameil et Frédéric Saisset). Les soirées ^les
Vieux se termineront par une oeuvre en vers,
la Madone, de M. Spaâk.
Au théâtre Fémina, enfin, à partir du 15 dé-
cembre. ta Dame Qui n'est pius aux Camélias,
tragi-comédie de M. Maurice de Faramond,
avoc Mlle Madeleine Corliej1. \ous verrons
aussi une Dalila, de M. F. -Nozière
Le Trianon-Lyrique a remis son répertoire
les Mousquetaires au couvciïl. du regretté
Louis Varney. Gros succès pour l'ouvra. erg et
les interprètes, Mines S. (iernncr, Hiibert,
Méry, MM.. Dutilloy, Jonvin, José, Héry et
Duv'ivier.
La Scala n'est pas seulement le rendez-vous de
toutes let élégances de Paris, c'est aussi et surjet
le premier du nog concorts. Avant
ri'tîe de E--H. I.alargue, Jean Roby t Wiiiy Heds-
Wne, Clianteclalrette, où triomphent Claudius, Gi-
rter. Max-Jiorei, Germaine Cljarley. GafcieHe Lange,
la partie concert ̃ permet d'applaudir l'exquise diva
Dnfleuvn, le joyeux tonriourou, dans &es œuvres;
Gal>riq!l.f LaDpc, Grand, Li'jai. Ees Is
Malgré le triomphant sucefts (]u'n!iîii'v.t ;iclu?!!o-
cliaii\ Ja première l'eiiivM'niutiO!) tla Ohé. f'hryné.
une brlli.'intp fantiiisîe-onéi-ftîf (jr^co-moutBiartroisc.4
C'est la litHio Milo Y; née,
mondaines, qui créera le principal rûle de celtv
pitee il grand spectacle.
leuse revue iS'uc i Cocôlle Avant la première de la
fan.taisit-revue paris à lu diable. de MM. Lucien'
Boyer et Henry Oréjols, aura lien, il partir de jeudi
&oir, et pour douze jours seulement, un «raml tour-
ne) rie boxe de combat (championnat de France et de
Paris), avec le concours des plus célèbres pugilistes
internationaux.
Grand cirque Rancy (avenue de I.a-Motte-Picquet).
L'ouvertujf de et magnifique étHblisfsnieut, complè-
tement remis à neuf. reste flxpn" an sarnçfli io cnu-
ran.t. M. iiancy veille Iui-m6m2 à pou installation
(rrnndiose. Le progrr-anime sera, dit-on, morvi -illeux'.
i) n'y a pas douter que nous verrons cette pre-
miftre le nubiic entliouslaste acclamer le cûièiire ma-
nager Hancy.
Il faut se* hAter d'aller voir, avant la rentrée, le
plus parlait des cinématographes, celui des Gra'ids
Magasins Dufayel. Des vues d'actuaJité, sportives, co-
coloris, et la belle musique adaptée spic:ntene;it
avec cluwurs, soli. donnent a ci stances un. cachet
artistiauo très a.pprécié.
midi. Salle des commissions. 3' ét.age grère des
(>"ticiens. Hoir. Salie Uontîy «ciion (Jcs cliar-
pmtiers; salle des contérences employés dti g»
(éçlairaa-e) salles des cominlsïiçms, 1" étage .testai
ments de précision, (comité) 2' étage Plombiers fcjb
mité) 3' étage peintres (congejl) 4' étage tailleur
et couturières (comité).
Annexe A. Soir. Grande salie assemblée géat
raie des biscultlers; salle 12 cours professionnel
des P. T. T.
INFORMATIONS DIVERSES
Les agents de service des lycées, réunis en ans
semhjéb générale à la Bourse du travail, ont décide
l'envoi d'une délégation au ministre de l'instruction
publique, pour l'entretenir des revendications de la
corporation.
f) Les ouvriers charcutiers-saiaisonniers, réunis
39, rue de Flandre, ont voté un ordre du jour ré-
sumant leurs desiderata limitation it dix heure"
de la durée de la journée de travail. fixation d'un
salaire minimum de 45 francs par semaine, organi-
sation du ropos hebdomadaire par le contrat collec-
tif.. ̃
La 12" section de l'Union -des ouvriers charpen-
tiers de la Seine organise pour ce soir une réunion
à la salle des Soirées ouvrières, à Montreuil.
COMMUNIQUÉS DE LA
VIE MONDAINE-
DEUIL
M. Lebrof, professeur de philosophie
au lycée de Niort, adjoint au maire de cette
ville, est morl subitement dimanche au
cours du banquet offert par le comité démo-
cratique dg Souche, près de Niort.
On annonce la mort, il Paris, de M.
François Gastu, ancien député d'Alger, ad-
ministrateur délégué du Crédit foncier d'Al-
gérie. M. Gastu était âgé de soixante-qua-
torze ans.
On annonce le décès, de M. A. Jaïs. Les
obsèques auront lieu mercredi, il 10 heures
précises, 100, Bel I-laussmann. Inhumation
cimetière Montmartre.
Les obsèques de M. Alfred Schuhmann,
décédé a l'âge de 37 ans, auront lieu aujour-
d'hui mardi 0 courant, au cimetière du Père-
Lachaisy. Réunion à la porte principale, à
dix heures, Il n'a pas été envoyé de lettres
d'invitation, Prière de considérer le présent
.avis' comme en tenant ']jeu, Ni fleurs ni
coufounes.
M. Louis Gouin, fils de -M. Gouin, sé-
naii ::r. nrésidenl de la Banque de Paris et
d Pa.vs-l.Jas,- est décédé Je 1er courant, au
eh:Hi'u de la Bilietrié, a Fondettes (Indre-
doloire), à l'Age de G5 ans. Les obsèques
ont ou -lii-'ii Ù Tours, église Saint-Julien,
hier, 5 ociolire. Ü 10 heures.
Les obsèques de Mme veuve Aron Lrvy,
décédai! suiii. terrien se feront demain mer-
credi, 10 ii. Ii2. taie de Rivoli, 2-i-ï. Inhu-
mation au cimi'lii''ii- \lnn!m.rire. \i fleurs
ni couronnes. Il i( pas été adressé de lettres
d'invitation. Ue la part de M. Henry Levy,
M. et Mme Jiilicn Dreyfus, M. et Mme Paul
Levv-Mocii. M. et Mme Paul Levy-Kieur, ses
enfants des famines Edouard Isidor. Lu-
cien Isidor. (;('orges Dreyfus. Louis Deshayes
ot M. Robert Levy-Kleu'r. ses petits enfants
et aiTh-rè-peiils enfants.
Trouver 1-t r<;is un iiilévU rémunérateur
el une sérui-ité absolue, voilà le double but
de tout rentier viager. La Compagnie offrant
la plus grande sécurité est celle qui possède
les réserves libres et les garanties supplé-
mentaires les plus importantes. A ce point
de vue. la Nalioiiiije-Vic (entreprise privée
assujettie au conlrolr de l'Elal) présente une
supériorité incontestable; aucune autre
compagnie ne, justifie il un aussi haut degré
la confiance.des assurés el des rentiers.
Envoi gratuit de tarifs et renseignements;
s'adresser soi! on siège so'-iyi, 2. rue Pillef-
V\"il! à Paris, soit aux agents généraux en
province.
Traitement par l'Elizïr de Virginie Nyr-
dahl. Le Maçon 4 fr. M. lie. 30, r. de La-P.o-
chdoucauld, Paris, pour recevoir franco la
brochure des. imita-
tions Il n'existe qu'un seul Elisir de Virgi-
nie il porte la signature NYRDÏIAL.
• SYNCOPES -VERTIGES
dissipés instantanément par 2 à 4 Pertes d'é-
ther de ClcrianiLe flacon 2 fr.50, toutes phar-
macies.Maisoa l'îlWRE, 19, rue Jacob, Paris.
J'indique gratis, par lettre fermée, le seul
vrai moyen, sûr, rapide et sans danger.
Ecr. h M. Chardon, 10, r. St-Lazare, Paris.
Ecusson rouge
La Meilluuro EAU PURGATIVE naturelle.
FEUILLETON DU « MATIN »
DU 9' OCTOBRE 1908
Calvaire
d'un Brave
ROMAN INÉDIT
Par JULES MAZÉ
Deuxième partie
LES GRANDS COEURS
(suite)
En la circonstance, l'affaire paraissait
d'autant meilleure qu'elle n'était pas com-
pliquée pour- un sou mobile connu, accusé
souple comme un gant, pas d'erreur judi-
ciaire à redouter.
Lorsque Savin avait eu pris l'air de la
'prison, le juge d'instruction s'était hâté de
l'envoyer chercher.
Car enfin, cet homme n'avait pas avoué.
Oh c'était tout comme, ce qu'il avait dit
suffisait largement pour qu'on plUt, sans
̃̃îraiinte d'erreur, le considérer comme cou-
pable. Mais il restait quelque chose à faire,
il fallait obtenir l'aveu.
Savin comparut sans manifester la moin-
idre émotion.
Le juge se fit bon enfant, employa toutes
tes ressources de son art pour le cuisiner.
Va toujours, mon bonhomme, pensait
Traduction et geproâttQtlon interOltt»,
l'excellent Savin, je te dirai ce que je vou-
drai bien té dire, et rien de plus.
Et Su du se demandait en même temps
» Faut-il itvouer franchement, faut-il lais-
ser marcher sur des suppositions ?
Lui, ça lui était tûut à fait indifférent
tout ce qu'il demandait, c'était de sauver
Hardouin. Pour le reste, peu lui importait.
Sur les instances du magistrat, il finit par
se décider.
Ma foi, se dit-il, avouons, ça fera
tant de plaisir à ce brave homme
Et il avoua tranquillement, il fit cela
comme la chose la plus naturelle du monde.
Il donna tous les détails possibles, fournit
tous les renseignements qu'on lui demanda.
Jamais, au grande jamais, on n'avait vu
prévenu d'aussi bonne composition. Le juge
se frottait les mains. Bien entendu, le-brave
magistrat ardennais mettait tout sur le
compte de l'habileté avec laquelle il avait
cuisiné- son homme. Il posa pourtant une
question qui embarrassa un peu Savin.
Alaia pourquoi, lui demanda-t-il, avoir
tué ce malheureux docteur ? Certes, son acte
était des plus blâmables, son dessein était
malhonnête, mais sans doute il vous eût suffi
de vous montrer pour l'empêcher de con-
sommer le crime. Pierre Savin se gratta la
téte.
Il avait raison, ce juge, il avait raison,
parce qu'il raisonnait froidement dans son
cabinet, sans passion et sans haine, selon
la formule.
Mais Hardouin, lui, aimait passionnément
Geneviève et ne pouvait avoir, pour Jean
Smer, que de la haine.
Lorsqu'il avait vu celle qu'il aimait dans
les bras de celui qu'il haïssait, son sang
n'avait fait qu'un tour il avait bondi et il
avait frappé.
C'était ainsi que Pierre SaVin s'expliquait
les choses.
Comme le juge répétait sa question, Il ré-
pondit
Dame, vous sauvez, dans ces cas-là, on
n'a pas toujours le temps de réfléchir.
Lft réponse laissait à désirer, mais le juge
e'IJB contenta.
Bon, tout va bien, fit-il, et soyez, sur
qu'il vous sera tenu compte et du sentiment
qui a, devant la morale outragée, armé vo-
tre bras, et de la bonne volonté dont vous
venez de faire preuve. Une formalité, en
nuyeuse pour vous, reste à remplir la re-
constitution de la scène qui s'est déroulée
devant votre maison. Nous y procéderons
demain matin, et je m'efforcerai de mener
cela rapidement.
Pierre Savin s'inclina, indiquant par ce
geste qu'il était prêt à subir cette ennuyeuse
Ça me promènera pensa.t-il, et je ver.
rai sans do.ute Mlle Geneviève et mon ami
Jacques.
Cette perspective donna au brave garçon
des idées couleur de rose il rentra dans
sa prison en sifflotant l'air d'une vieille chan-
son d Ardenne et dîna de fort bon appétit.
De temps à autre, il pensait à Hardouin
et se disait
Il doit être loin. à présent
Et il se réjouissait d'avoir trouvé une oc-
casion de se dévouer pour ceux qu'il aimait
pour Geneviève, pour Hardouin, pour Jaç-
ques, pour ceux qui n'avaient pas hésité à
tendre la main au pauvre chemineau que les
autres reprisaient
En province, les nouvelles ont des ailes
on sut tout de suite que Savin avait avoué et
que la scène de reconstitution aurait lieu le
lendemain.
Ce fut un défilé incessant sur la route de
Seuil, de gens qui, certes, n'espéraient rien
voir, mais qui voulaient au moins se trouver
auprès du mur derrière lequel quelque cho-
se allait se passer.
On ne verrait rien, soit, mais on cause-
rait.
La voiture qui amenait Pierre Savin à la
villa des Peupliers dut fendre les flots pres-
sés d'une véritable foule.
Aucun cri ne fut poussé l'accusé n'était
pas un assassin ordinaire les uns louaient
son acte, les autres le blâmaient, mais l'an-
cien chemineau n'était nullement antipathi-
Lorsque Savin pénétra dans la maison, il
aperçut Geneviève la jeune fille était tvèa
pale et paraissait avoir beaucoup pleuré:
Elle s'avança vers Savin, lui tendit la
main, et lui dit tout bas
Savin rougit il se sentit tout honteux.
̃ .le. ne mérite pas ce merci, pcnsa-t-il,
puisque je n'ai rien fait, et il ne songea mé-
me pas que ce qu'il faisait était sublime.
Diwant lui, Geneviève raconta la scène, et
il put se eonoaincre, comme il l'avait deviné,
que la jeune fille n'avait pas vu son sauveur.
Le u merci de tout l'heure indiquait
bien qu'elle cro ait, elle aussi, à l'interven-
tion de Pierre Savin.
A elle, Savin aurait voulu pouvoir tout
dire non certes pour se faire gloire de son
dévouement, mais pour laisser h Hardouin,
auprès de la jeune fille, le bénéfice do l'acte.
Il fut convenu que Geneviève assisterait
il. la reconstitution de la scène, mais que,
pour lui éviter une émotion dangereuse, le
rôle qu'elle aurait dû y jouer serait tenu par
un des assistants.
Les magistrats, les gendarmes et les inté-
ressés, suivis par un petit groupe de privi-
légiés, gagnèrent le fond du parc.
Savin fut placé dans sa maisonnette.
Il fut facile de déterminer l'endroit exact
où Jean Smer était tombé, car l'herbe y
était encore rouge de sang.
Les magistrats constatèrent d'abord que,
de la fenêtre de Savin, on pouvait voir tout
ce qui se passait à cet endroit.
Quelques curieux avaient pu se hisser sur
le mur du parc on essaya de les faire des-
cendre, mais ils protestèrent et, pour avoir
la paix, le juge qui, après les aveux de Sa-
vin, n'attachait pas une grande Importance
à la scène qui allait se jouer, donna l'ordre
de les laisser tranquilles.
Le temps était superbe le grand parc
avait un air de fête les oiseaux chantaient
dans les branches le soleil, tamisé par le
feuillage, semait l'herbe de mille petits ronds
lumineux.
Le juge d'instruction, séduit par le char-
me de ri nature, se tenait debout devant la
maisonnette de Savin, ne se pressant pas
de donner le signal qu'attendaient les ac-
teurs du drame pour rire..
En face de lui, il vingt mètres viron,
les curieux juchés sur le mur se montraient
Geneviève, qui, défaillante, s'appuyait sur
la bonne Louise qui se tamponnait les yeux
avec son mouchoir..
Soudain, le juy leva le bras.
Aussitôt, un silence de mort régna sur ce
crin du parc, puis on vit, d'une allée trans-
versale, déboucheur deux hommes, dont l'un
représentait Geneviève et l'autre Jean
Smer.
Il y eut un frémissement parmi les assis-
tants et les curieux, des « oh » étouffés.
Les deux acteurs s'arrêtèrent il l'endroit
qu'indiquait la tache sanglante le poursui-
vant saisit le poursuivi à bras-le-corps et le
jeta sur l'herbe, se penchant sur lui.
A ce moment, Pierre Savin sortit en cou-
rant de la maisonnette, se précipita vers le
groupe, le bras haut.
Les assistants ne respiraient plus, tous
les, yeux étaient fixés sur Savin.
Soudain, il se produisit un véritable coup
de théâtre.
Un des curieux venait de sauter dans le
parc du haut du mur.
D'une voix forte, il cria
Arrêtez 1
Cet homme se tenait devant le juge, les
bras croisés, en plein soleil.
Il y eut un moment de stupeur.
L'homme cria encore
»*- Arrêtez 1
Puis il ajouta
Ce n'est pas Pierre Savin qui a frappé
Jean Smer, c est moi
Tout de suite, Savin avait reconnu Har-
douin.
Le malheuréux avait-il murmuré.
Après s'être ainsi accusé publiquement,
Hardouin se'précipit'a sur Savin, et, le ser-
rant dans ses bras, il dit
Cet homme est digne de tous les res-
pects il s'accusait pour me sauver, mais
je ne pouvais accepter ce sacrificè
Pierre Savin, le chemineau, pleurait à
chaudes larmes,
La sublime beauté, la splendeur du gesie
d'Hardnuin faisait naître on son âme des
sensations qui lui étaient inconnues c'était
de l'éniotion, de l'admiration, quelque chos?
Pourquoi être revenu ? bégaya-t-il à
travers ses larmes.
Le juge .s'était ressaisi.
Il s'avança vers Hardouin.
Que faites-vous ici ? s'écria-t-il ne
cherchez pas ir égarer la justice cet homme
et il monfrait Savin a fait des aveux
Je vous répète, fit Hardouin d'une voix
forte, que je suis seul coupable si .Pierre
Snvin a fait des aveux, c'était pour me sau-
Le juge le prenait pour un fou, et il le
Auons, cette comédie a trop duré, ou
vous êtes un fou ou vous êtes un mauvais
plaisant. Retirez-vous, sinon je vous fais'
arrêter.
Faites, je suis ici pour cela.
Qui êtes-vous donc ?.
Je suis Hardouin, l'ancien capitaine
Hardouin, aujourd'hui forçat évadé.
Il eut un rire amer et ajouta
Vous voyez bien qu'il n'y a rien de
surprenant à ce que j'aie commis ce meur-
tre 1
Un cri déchirant se fit entendre, poussé
par Geneviève, qui tomba, évanouie, dftns
les bras de Louise.
Parmi les assistants, il y eut un moment
de stupeur.
Puis le juge, tendant le bras vers Har-.
douin. lui dit
Je vous arrête
Alors, un homme se pr'écipita c'était le
maire du village.
Il prit les deux mains du prisonnier, les
serra dans les siennes avec une émotion vi-
sible.
Hardouin, mon cher enfant, s'écrîa-t-a
quelle joie de vous revoir 1
LÇ MATIN!
8 10 08
CON?'ES DES MILLE ET UN MATINS
LE MIROIR
La maison out je naquis, où moururent
mon père et ma mère, s'adosse à un bois
de sapins. Ses murs s'effritent lentement,
son toit disjoint se couvre par .endroits
d'une végétation étrange ses volets verts
sont maintenant d'un gris indécis, et de
grandes moisissures descendent tout le
long de la porte. Le jardin, qu'entoure une
grille mangée par la rouille, n'a guère plus
de vingt mètres de large. Les arbres y ont
poussé si drus, 'les plantes si sauvages,
qu'en toutes saisons monte de la terre, char-
gée de feuilles mortes et .de branches, une
odeur humide d'automne.
Telle qu'elle est, je pourrais en tirer une
quinzaine de mille francs, et, à mon âge,
pauvre et résigné comme je suis, quinze
mille francs seraient presque une fortune.
Je n'aurais qu'un mot h dire pour man-
gpr il ma faim et m'endormir au chaud
ce mot je ne le dirai pas.
Lorsque le hasard de la route me ramène
jd'ans le pays, je rôde autour de ma maison.
..Je regarde de loin son toit pôintu si je
grelotte trop sous mes haillons, je vais jus-
qu'à la grille je prends la clef dans ma po-
che et je l'approche de la serrure. Je me dis
qu'entre ces murs je n'aurai plus à redou-
ter la pluie qu'au premier étage il est une
chambre avec un grand .lit aux draps
blancs qui fleurent la lavande, où il fera
b'oii dormir sous la caresse du feu clair.
J'approche encore. Je vais ouvrir. Sou»
dain, la peur me prend, et je m'enfonce en
courant dans le bois le souvenir de la nuit
où je franchis ce seuil pour la dernière fois
vient de se dresser devant moi, et je peux
dire qu'en cette seule nuit j'expiai toutes les
fautes que j'ai pu commettre.
A la mort de mon père, maître de ma for-
tune, je m'étais mis à jouer. Mes revenus
ne me suffisant plus, j'ai laquai mon capi-
tal. Quand la partie avait été mauvaise, je
vendais une. ferme, un bois, une prairie,
m'imaginant que Il veine allait revenir, que'
je rachèterais. Mais la veine revenait si
peu qu'un jour mon notaire m'annonça
qu'il ne me restait de mon .patrimoine que
,ia viei!le maison. J'allais télégraphier:
Vendez n. Une espèce de honte me retint.
Vendre fermes, prairies et bois, c'était fort
bien, mais vendre la maison ou j'avais
grandi, où mes parents avaient voulu s'6-
teindre, la maison pleine de tous leurs rêves
et de mes. souvenirs. Non. Bientôt, mes
scrupules s'apaisèrent, goutte' goutte la
tentation descendit en moi. J'v résistai trois
jours, trois jours de torture. 'Le quatrième,
n'y tenant plus, assoiffé de jeu comme un
morphinomane est assoiffé de son poison,
jo pris le train, décidé à revoir la demeure
une dernière fois, à emporter quelques bi-
belots, des portraits de famille, puis la ven-
'dre. Je partis.
D'abord, je rôdai par le bois, n'osant, mal-
gré l'obscurité, me montrer dans le village,
glissant de taillis en taillis comme un voleur.
Il pouvait être minuit quand j'arrivai devant
ma maison. Je ne l'avais pas revue depuis
deux ans elle me parut toute petite, vieille,
triste. Tandis que je contemplais ses murs,
toute mon enfance passait devant mes yeux
attendris. Je revoyais mon père assis au
coin du feu, ma mère devant son piano sur-
monté d;une très ancienne glace de Venise,
et le calme des chères soirées d'hiver descen-
dant en moi, je songeais
Laisse dormir cela. n'entre pas.
Puis, brusquement, j'eus au bout des
dpigis la sensation des cartes, dans les
oreilles, les bruits de la salle de jeux. et ce
fut plus fort que moi, plus fort que tout.
La grille franchie, je gravis le perron, et
j'entrai. A peine avais-je refermé que mes
clefs glissèrent de mes doigts et tombèrent.
Je ne les retrouvai qu'après un temps Baser.
long, sous un coin de tapis. J'étais devant la
porte du salon, mais l'humidité en avait si
Lien disjoint les bois, rouillé les gonds, que
je ne pus l'ouvrir.
.On eût dit en vérité que les choses ne vou- i
laient point que je franchisse ce seuil que
les objets se plaisaient lt m'empêcher de
passer. Une colère me saisit, et je donnai un
coup d'épaule si brutal que la porte se
fendit dans toute sa hauteur. Je pris sur
la table un bougeoir que mon père avait cou-
tume de laisser la, le soir. et l'ayant allumé,
je regardai autour de moi.
Tout m'était familier dans cette pièce. Les
yeux formés, j'aunûs contourné chaque meu-
ble, touché d'un doiijt prudent, le plus fragile
bibelot,, ouvert la page préférée le livre
oublié sur un fauteuil. Une cigarette il peine
entamée dépassait le marbre d'une. console
dans la cheminée, une bûche ronde était po-
sée sur des sarments tordus la nuit
était si calme que j'entendais le frisson des
gouttes de pluie dans les arbres. Comme il
faisait froid, je m'agenouillai devant 1;; che-
minée et j'en approchai une allumette. Aus-
sitôt, un ronflement joyeux emplit la pièce,
et des lueurs' dorées se mirent à danser le
long des murs. Il faisait tiède, je me sen-
tais chez moi, et cela m'était doux au cœur
de me retrouver parmi des choses qm me
connaissaient je m'assis dans une bergère,
et je no pensai plus il rien.
Alors, pour la seconde fois, le souvenir du
jeu traversa mon cerveau, et, avec lui, l'i-
mage de. ma ruine. Je me vis traînant la
misère, honteux, affamé, incapable de ga-
gner ma vie tel que je suis maintenant.
et.la tentation revint. Je murmurai
-'Ruiné a>
Une voix répondit*Hans ma fête
Mais non Tu n'es pas ruiné Cette
maison t'appartient tu ne dois compte de
tes actes il personne. Vends-la donc Pour-
quoi traiter ces mure ainsi qu'un chien fidèle
qu'on redoute de voir passer h d'autres maî-
tres L'âme de tes morts n'est plus ici tu
la portes en toi, et pour l'être défait de quel-
ques pierres entre lesquelles la vieillesse de
tes parents s'abrita, tu n'auras point cessé
d'honorer leur mémoire 1,
Les sarments étaient brûlés la bûche se
consumait sans bruit des ombres plus
épaisses coulaient des meubles sur le plan-
cher, et mes yeux ne pouvaient se détacher
de deux portraits qui se faisaient vis-à-vis
sur la liseuse le portrait de mon père et ce-
lui de ma mère. Quand j'étais tout petit, je
les aimais, car ils me souriaient dans leurs
cadre.
Mon regard, à cette heure, n'osait ni les
caresser ni les fuir j'avais honte devant
eux. Mais le besoin d'argent, la peur de la
misère m'affolaient. J'étendis la main, je
les pris. Aussitôt, j'eus, la sensation d'avoir
troublé dans leur sommeil ces pauvres
morts. J'aurais'voulu replacer ces portraits,
m'enfuir. Il était' trop tard, mon geste
avait rompu le charme, je les avais chassés
de chez eux à jamais. Et, tout à coup, ayant
levé les yeux, j'aperçus, reflété dans la
vieille glace de Venise, un visage effrayant,
livide, un visage quy je reconnus à peine
tant l'épouvante l'avait contracté. et ce
visage, qui était le mien, me regardait
avec mes yeux terribles.
Gomme je restais là, stupide, serrant entre
mes doigts les deux petits portraits, il mp
sembla entendre un 'grattement, Je voulues
me sauver la peur paralysait mes jambes,
Je ne démêlais plus ce qui se passait en
moi, je me regardais seulement souffrir
dans le miroir. Or, soudain, dans ce
miroir terrible, mon visage plus blême trem-
bla, mon front, où des ombres livides met-
taient comme des doigts, s'inclina mes
épaules s'enfoncèrent. ma bouche s'es-
tompa. mes joues s'effacèrent. mes yeux
se noyèrent dans le noir. puis mon front.
mes cheveux. puis. je nv vis, plus rien
il ne subsista devant moi qu'un 'carré d'om-
bre d'où mon visage était parti
Vous ne comprenez pas, vous ne pouvez
pas comprendre l'horreur qui m'envahit. Je
portai mes mains à ma flgure j'enfonçai
mes ongles dans ma chair, et j'éprouvai une
effrayante joie à les voir éclaboussés de
sang. J'étais là, vivant J'avais en une hal-
lucination. j'allais me revoir. Mais j'eus
heau regarder êperdurncnt,frotter mes yeux,
tendre le cou le ̃ irflroir ne reflétait plus
rien. Une pensée sauta sur moi :.Tu es fou
Je courues il la cheminée, j'allumai tous les
flambeaux, je tendis les poings au miroir et
je hurlai, pensant que, peut-être, ma voix
allait éveiller ma rarson
Regarde-toi Regarde-loi 1
Et je ne vis, pour la troisième, fois que le
sinistre carré' d ombre
Ce qui se passa ensuite ?. le ne sais plus.
Quand je revins à moi, les cendres de la che-
minée étaient froides, les flambeaux éteints.
Par les fenêtres, entrait la clarté indécise du
crépuscule. et le souvenir de la nuit me
revint. Je rampai vers le miroir, m'accro-
chant aux meubles. Je m'appuyai, pour me
redresser, au piano il glissa* J'entendis
un bruit semblable à celui que pourrait faire
une feuille de métal tombant doucement sur
le sol. Je me ruai vers la fenêtre d'un coup
de poing, j'ouvris les volets, et je eis ceci
Du miroir, d'où mon visage avait fui, il ne
reslait que le cadre et [a vitre. La plaque de
métal poli qui tenait lieu de tain dans les
glaces de Venise, trop lourde pour le bois
vermoulu, était descendue lentement, puis
avait glissé entre le mur et le piano, jus-
qu'au plancher.
En d'autres temps, j'aurais souri du ma
frayeur, j;aurais pensé que le miroir était
mort de la mort des très vieilles choses.
Mais je ne crois plus au hasard je sens que
ce miroir s'éteignit pour ne plus rciléter mon
image, qu'il me chassa de la maison, comme
j'en avais voulu chasser mes parents je
sens, je sais que, .en cette triste nuit, les
choses qui m'avaient vu grandir eurent une
âme douloureuse, révoltée, et c'est pourquoi
j'ai refermé à tout jamais la porte de la
Pauvre maison.
Maurice Level.
A L'HOTEL DE VILLE
La rentrée du conseil municipal.
Il n'est pas exact que la date du 30 octobre
pour lïi rentrée du conseil municipal ait été
officiellement fixée. Aucune décision défini-
tive ne sera prise avant que la président du
conseil municipal en ait conféré avec Je préfet
de la Seine.
Contre les autobus.
̃M. Cherioux, président du conseil munici-
pal, a avisé hier M. Paul Escu'dler qu'il ve-
nait d'écrire au préfet de la Seine et au préfet
de police pour attirer leur attention sur la né-
cessité d'inviter, d'une façon rigoureuse, la
Compagnie des omnibus à observer les. délibé-
rations prises par le conseil municipal à la
suite de la question soulevéo par le con&eiik>r
du quartier Saint-Georges sur les autobus. -Ces
délibérations ont plus spécialement trait iL !a
vitesse, à la poussière et à In boue-. Quant aux
graves inconvénients du bruit et de la trépida-
tion, ils font l'objet, rie la part ries prppriétoi-
rps, d protestations incessantes auprès dp
l'administrai ion préfectorale, Ces réclama-
tions sont transmises à une commission tech-
nique spéciale qui va, munie, d'un appareil,
enregistrer à domicile les vibrations -résultant
du passiijTP des autobus
LR
Sortie du « Lebaudy ».
Le dirigeable ôcole a fait cet aprfts-midt une sor-
tie. 11 a SvoJiié dans ia banlieue ouest tt il est ro-
VPitu sans incident .au parc militaire de Clmlais-
a;eudoh,
Officiers, du génie maritime.
Est nommé ingénieur de 3' classe du génie mari-
time M. Ficlieur,1 élève' sortant de l'Ecole polyttcli-
uique.
Ecole supérieure de marine.
Est désigné pour remplir, il compter du 5 octobre,
les fonctions de professeur à l'Ecole supérieure de
la marine, M. Ifr capitaine de frépat-o Selrwerer, -mem-
bre du comité technique de la marine.
A TRAVERS PARIS
L'héritage de la Péruvienne. E y a quel-
que temps, Mme Fidelina Sevilla, originaire
du Pérou, était relevée évanouie dans l'é-
glise Saint-Lambert, de Vaugirard, et trans-
portée à l'hôpital Necker.
Revenue de son évanouissement, la Péru-
vienne exposa qu'elle était sur le point de
recueillir un héritage de 900,000 dollars qui
lui revenait de son frère, décédé en Amérique.
Nous l'avons raconté, Fidelina Sevilla sem-
ble avoir pratiqué sur une grande échelle
l'escroquerie à l'héritage. L'une de ses vie-
times fut un prêtre d'une des paroisses de
Paris qui s'était intéressé à sa cause et lui
avait consenti de grosses avances sur la
succession imaginaire qu'elle savait faire
miroiter.
Fidelina Sev;lla raconta à un ami de ce
prêtre que, se rendant il New-York pour tou-
cher l'héritage de son frère, elle avait man-
qué le paquebot où ses baguages étaient déjà
embarqués. Elle reçut mille .franc», mais
resta à Paris. Alors, le prêteur comprit
qu'il avait été dupé, et chercha la trace de
la Péruvienne. Il écrivait au Pérou et apprit
que Fidelina qui est la tante du pré-
cédent, ministre de la guerre, avait un frère,
riche financier, qui mourut il, y a une ving-,
taine d'années, à New-York, laissant une
fortune de 900,000 dollars.
La fortune existait donc réellement, mais
Fidelina Sevilla n'en était pas bénéficiaire
son frère ne lui avait rien légué. Dans ces
conditions, Fidelina Sevilla est bel et bien
une aventurière, et ses dupes ne doivent
guère conserver l'espoir de récupérer leurs
avances.
La flûte enchantée. A propos de bottes,
le musicien ambulant Louis Duclos, âgé
de vingt-deux ans, se prit de querelle,
hier soir, avec un jeune et solide ou-
vrier terrassier dans un débit- de la
rue Turhigo. Comme les deux antagonistes
allaient en venir aux mains, le patron de
l'établissement les invita a aller s'expli-
quor » dehors.
A peine dans la rue, le musicien se mit à
pousser des cris de sauvage en brandissant
une petite finie nickelée qu'il venait de' ruti-
rer de la poche intérieure de son veston.
A la lueur falote d'un beo de gaz, le terrus-
%icr crut que son adversaire avait à la main
un stylet redoutable.
Oh le misérable, il va me tuer, s'é-
cria-) en s'adressant aux nombreux pas-
sants qui s'étaient arrêtes.
Et, après avoir paré deux'ou trois fois
avec ses pied;s les coups que Louis Duclos
semblait vouloir lui porter, le terrassier
crut devoir s'éclipser.
Le musicien porta alors à ses lèvres l'ins-
trument de musique que la foule avait pris
également pour une longue lame effilée, et
il se mit a jouer': Pon voyage, M. Dumol-
jet n. Ce fut un éclat de rire général.
La plaisanterie fut même trouvée si amu-
que Louis Duclos fut invité à boire de
nombreux demi-setiers de vin nouveau.
La rafle des portefeuilles. Ce n'est pas
stuls motif qu'un écriteau prévoyant indique
au client, dans la plupart des cafés du boule"
vard, que la « maison ne répond que des ob-
jets qui lui sont confiés personnellement d.
De nombreuses personnes, en effet, se
plaignaient amèrement ces jours-ci, en re-
prenant leur pardessus à la patère, qu'un
habile pickpocket en avait exploré les po-
chfis et enlevé ce qu'elles contenaient.
C'est en vain qu'une surveillance active
avait été établie, les voleurs étaient restés
introuvables.
Cependant, la chaleur revenue, les opéra-
tions des détrousseurs de pardessus deve-
nant moins fructueuses, ils partirent en pro-
Deux d'entre eux, Gaillard et Morson, se
1 faisaient IWUohifliil pincer la semaine der-
Habilement cuisiné par lé juge. Gail-,
lard mangea le morceau » et donna des dé-
tails précis ot circonstanciés, grAfie auxquels
le service de la Sûreté muni d'un mandat
d'arrêt délivré par M. Snubeyran de Saint-
Prix. arrêtait hier malin le reste de la hande.
Henri Collet et Julien Franck, deux jeunes
gens de vingt-cinq ans, lo premier demeu-
rant rue Caiiîaincourt. le second rue Etien.
ne-todelle, protestèrent d'abord contre leur
arrestation, mais une perquisition faite à
leurs domiciles amena la découverte d'une
telle quantité de portefeuilles de toutes gran-
dfi'.rsct dû toutes espèces, qu'ils finirent par
faire des aveux complets.
Iss ont été conduits au Dépôt, où bientôt
les rejoindront leurs maladroits complices
de province
PETITS FAITS'QIVŒRS
M. Berr; juze d'instruction, vient de rendre
un non-lieu en faveur de Louis et Geor-
ges Bertonnier, qui avaient été un moment
dans l'affaire de l'impasse du Puits.
Des camhrlol'S.i'.rs restés inconnus ont
fracturé, la nuit dernière, Iji serrure d'une vi-
trine explosée à la devanture du magasin de
M. Lacvenal, 15 et 17, rue Auber. Ils se sont
emparés d'une/ statuette, de trois boucles rie
ceinture art nouveau et de six écrins conte-
nant des boutons.
Des agents rencontraient. la nuit derniè-
re, rue d'Allemapim, un élo«ant tilbury, dont
10 coucher était ivre-mort Conduit au poste,
celui-ci raconta, quanti il fut dégrisj qu'un
individu, rue de Mantes, lui avait donné cinq
francs pour conduire l'attelage, qui vraisem-
blablement avait été volé.
Atteinte d'aliénation mentale, Mme Hou-
daille, âgée de trente airs, s'enfermait samedi
dans sa chambre, rue de Flandre, après avoir
allutné un réchaud. Mais l'arrivée soudaine
de son mari mit obstacle ses funestes pro-
jets. Hier, profitant d'un moment d'inatten-
tion, elle ouvrit la fenêtre et se précipita dans
le vide. La mort fut instantanée.
Désespéré de se trouver sans travail,
Maurice Dresler. qui revenait de faire ses
treize jours, s'est asphyxié, hier soir, dans le
logement qu'il occupait rue Jeap-Macé.
Mme veuve Bon, née Verseaux, doreuse,
31, rue du Faubourg-Saint-Martin, désespérée
du mauvais état de ses affaires, s'est empoi-
sonnée dimanche en absorbant de l'acide sul-
furique. Transportée à Lariboisière, elle y est
morte hier après d'horribles souffrances.
Renversée hier, boulevard Raspail, par
un cycliste, Mme veuve Esparon,- rentière, 4,
boulevard Arago, se fend le crâne et succombe
quelques instants après. On a retrouvé sur
elle une somme considérable, dont dix mille
francs en^or et en titres au porteur.
Un pauvre vieux, Pierre Frémont, de l'a-
sile des vieillards de Fontenay est surpris
par un camion automobile sur le cours de
Vincennes et broyé par le lourd? véhicule. La
mort a été instantanée.
Il- ne fallut pas moins de' trois agents
pour maîtriser l'électricien Emile Vernon oui,
dans la salle d'attente de la r-are de l'Est,
s'amusaità à bousculer les voyageurs, Un
septuagénaire, ayant protesté contre sa bru-
talité, venait de recevoir un coup de tête dans
l'estomac.
Un commencement d'incendie s'est déchi-
ré au numéro 53 de l'avenue des Ternes, dans
une fabrique de corsets. Les pompiers de la-
caserne de l'avenue Nid se sont rendus maî-
tres du feu après une demi-heure d'efforts. En
voulant leur prêter son concours, un passant
a subi un commencement d'asphyxie. Dégâu«
importants,
RATS DE TRAINS
Dijon, 5 octobre. Dépêche particulière du
d'être opéré par la police de notre ville, de
concert avec M. -Baudier, inspecteur des ra
.cherches de la Compagnie P.-L.-M.
A la suite d'une longue et habile enuu&te,
on a découvert qu'une vingtaine d'employés
de chemins de fer dérobaient des colis de tou-
tes sortes dans les fourgons des trains qu'ils
fes riches, vêtements de prix, liage do luxe,
coutellerie, etc. Les bureaux de la brigade mo-
bile peuvent être compares actuellement à un
véritable bazar.
C'est au milieu de cet amas hétéroclite au*
M. Berger, commissaire divisionnaire, pro-
cède à, l'interrogatoire des nombreux incul-
pés, dont la plupart sont des çhefs de train.
Plusieurs d'entre eux sont déjà incarcérés, et
d'autres arrestations sont imminentes
L'INCIDENT DU PASCAL
Toulon, 5 octobre. Dépéche particulière
du « Matin On a fait grand bruit autour
d'incidents qui se seraient produits sur le CI'01-
seur Pascal, Voici à quoi se réduisont les faits:
Le Pascal fait partie d'un groupe de réserve
commandé par le capitaine de frégate Jobard.
Il est amarré dans l'arsenal, et les matelots
en service dans le port vont y coucher.
Dans la nuit de dimanche à lundi, une vio-
lente querelle éclata entre ces matelots, qui
firent un tel vacarme que l'on crut à une ré-
volte. L'alarme fut donnée par les factionnai-
res de garda le long des quais, et le contre-
amiral Halioz. major général de la flotte, in-
formé, se fit conduire à bord immédiatement.
Quand il arriva, tout était rentré dans le
Néanmoins, un 'l'apport fut adresse au vice-
amiral Marquis, qui ordonna une enquête,
ACADÉMIE DES SCIENCES
De. nombreux parmi lesquels le profes-
seur allemand soutenaient que le (rros
tntesttn n'était point le sit'jf- de putréfactions et
qu'il n'cçiHtait pan Microbe (le la jiutrffavUnn-
Le trrofascw Metchnikoff a voulu élucider, une fois
n'jur toutes, cette question et a repris ses intéres-
santes recherches sur la flore intesUnale humaine.
Aprfin rf/; il il a fowi'd sue le
gros intestin était le sttae (le trois miirropet «né-
claux. L'un, apvnlè M microbe ils se trouve
dans tous lèa intestins, aussi bien celui des nourris-
auns oui ne s'alimentent t/ve des aùutlcn ou des le$ toxines produite!
var ce wieroUe sont des plus virulentes. Le tii/utiiç
toxique "fisse travers les bougies filtrantes et ré-
sista victorieusement ti. In température de L'ébulll-
Le sci:oii(i microbe est UU'it celui <(< In putré-
faction. Dat le trouva d:ans tee matières excrétées mi-
?ne des personnes bien portantes, Ses toxines sont
(̃̃jalemcnt virulentes et tuent tes lapin en quelques
heures le troisième microbe ?s trouve, d'uni! fnpon
constante, rttms le gros intestin et sc rencontre sur-
tout dans les épidémies (le dlumlues.
U. MetçhniHoff a voulu voir si un ce,1 nttcrobes
ne veut provoquer l'uppiinUicifn, l',c microbe de
Veitch a été inoculé. 4 un chivipanzç, qui a sauf-
fert, peu après, d'une appendicite nt-ti«ment curae-
térts&e. C'est la promit™ appendicite expérimentale
M. Metclintliof! conclut pue dorénavant, on ne
̃pourra, plud nier l'existence, dans notre flore intes-
tinais, de microbes dangereux', uitcnts de nombreu-
ses et graves maladies,
M- Dwboux, au n»m de m. d'Arsonvai, a f;itt
nart tl'utiu noio (lu prolwssctir Bordas, qui, ayant
nombre do gnz rares provenant
dans Iif itëon. Ces raies, bien caractéristiques, appar-
tiennent au néon pur.
M. Darboux lit également une note de M. Claude,
sur mu nouveau ppocérté do aistillation de l'air li--
quicîe, qui lui permet li'olilenir un lilpe de néon a
Une Jfcune giraie, venant de Tomtxiuctou, va
enrichir la ménasterio du Ni. Bouvier, au.
nom de M. Trouessart, donne mielques rùnieignti-
ments sur cette girafe, âgée de qutlques mois et qui
a 's. mètres (le girafes 'proviennent
irénêralenieut du do l'Afrique ou de la Haute-
Egypte. 11 est extrêmement rare d'en trouver dans
la. région du ^iger.
Uno comète, la troisième qui ait été découvert*
en to;a au wiheu d« septembre, vient de perdra
bi'usiiuoaient sa queue, fort liri liante et très longue,
dans la nuit du 30 .septe-mora tiu l" octobre, M. hi-
«aurdan, Qui lait part de Mtte nouvelle, croit qua
Cette perte rst due a un affaiblissement du noyau
do la comète.
Une autre comité. la comète K, qui lisait dis-
paru dans la nuit du 28 au 30 septembre, vient, au
contraire, d'être ^trouvée, grâce i M, Javt-3, d« l'ob-
servatoire da KIcjî, qui l'a observé* Il trois heures
Ou matin. C'est M- Bassut qu) rài>l>orte cette bonne
nuuvpllt. astronomique et Ni. l>ar!xmx ne peut 6'ein-
pecUer de féliciter les observatoires ou l'on tra-
vailla la uull
Y a-t-Il des papillons qui émettent des radta-
tous lumineuses? Il semble b;en que Gui. 1\1. Fabre,
co!'re3poodant de l'Institut & Vaueluse-, a placé ce.
papillon un grand paon dans une chambre J)b6-
cure, devant une plaque photographique sensible.
Sur la plaque, des traces d'une imprission lumineusa
ont été constatées.
HOTESJUORGEHTS
Aujourd'hui, à la Ccmédle-Française, à
1 h. 1/2, répétition générale de Le bon Roi
Dagobert.
Ce soir: vwv%
A la Porte-Saint-Martin, reprise de Cyrano
de Bergerac, de M. Edmond Rostand, avec
MM. Coquelin aîné, Jean Coguelin, Monteux,
d'Auchy. Laroche, Dérivai, Péricaud, Gravier
Ghabert, Fabre, etc., et M mes Carmen Pe-
raisy, BoucJietQl, Fabre, Poncin, etc., etc. Di-
manche prochain, matinée.
A Cluny, à 8 h. 3/4. répétition générale
de la Revue de Cluny.
L'Odéon affiche pour ce soir. demain mer-
credi et après-demain jeudi (soirée), les trois
dernières représentations du Cœur et la Dot.
A la Renaifisanco.
M. Lucien Guitry annonce, pour jeudi soir,
la répétition général'- cl iiuii'r vendredi la
première de YKwon:. C'est on retard de
vingt-ejuatre heures sur les dates primitive-
ment fixées, mais celles nue nous donnons
ci-dessus sont irrévocables^
Au Vaudeville.
On a lu et on \i]>è^ l;i Patronne, quatre
actes et cinq tableaux de M. Miiiu-k-e Donnay,
qu'interpréteront Mar-
PTUU'ite Brésil {qui Il:(\ se: dp'juls au,l'ou-
deville), Cécile O.iron. r.!a !Uo:ti.
obligeamment autorisé par' le ihéùtre Réjane.
Au théâtre Réjane le numéro provisoire de
téléphone est 591-77. et l'on ).?!;) )ou. :haque
jour pour les représentations d'ismrl, la pièce
nouvelle de M. Henry Bernmoin, dont la répé-
tition générale i»i ];i pivjnièri! auront .lieu -les
lundi 12 et mardi i:j.
Au Gymnase.
On a commencé à répéter \
(lçr et 3° actes), le bureau du directeur du
journal Le Passe-Paiiovt (;i0 acto).
Les interprète- choisis sont i-H-PF Mnrtli-a
Régnier, Henriot, Renée Félyne, ciairville,
MM. Dtlmény, Gaston Dubosc, Jean Dax. etc.
II resta un très important rôle d'homme à dis-
tribuer, c'est celui que devait jouer M..Hii-
guenet, si la pièce, d'abord intitulée les Iifuis,
eût passé à la Honnlsannce.
Les théâtres et le .téléphone.
Aujourd'hui et^leniain, tous les théâtres et
concerts de Parts auront leurs lignvs télé
phoniques rétablies. Nous donnerons demain
los numéros provisoires ntlribués.
Voici, pour aujoind'hui. ceu>; rtn'on nous
.communique Boufles-Pririsiens, 501-80 Va-
riétés. 410-5-1 Folies-Bergère, 50.1-85 Olym-
pia. 591-81.
Le théâtre Déjnzet qui, depuis huit jours,
avait fixé il mardi la répétition générale et la
première de son nouveau spectacle, se voit
obligé, ce jour étant pris par la Comédie-Fran-
çaise. de remettre à mercredi, il 11. 1/2. la
répétition et a 9 heures la première représen-
tation de Mossieu le Maite.
L'Œuvre va donner trois séries de spectacles.
Du 25 novembre inclus au 30 novembre,' au
théâtre Fémina. ElelUra, de Hugo de Hofnian:;j
tahl, le dramaturge viennois, adaptation en
vers de MM. Paul Strozzi et Stéphane Kpstein.
ElelUra sera créée .par Mme Suzanne Dcnprés.
Une pièce inédite de M. Tristan Bernard com-
plétera le programme.
Les 7 et y décembre, il Marjfcny, l'Œuvre
donnera les Vieux, de l'écrivain catalan Ipnasl
Iglesias (adaptation française de MM. Pierre
Rameil et Frédéric Saisset). Les soirées ^les
Vieux se termineront par une oeuvre en vers,
la Madone, de M. Spaâk.
Au théâtre Fémina, enfin, à partir du 15 dé-
cembre. ta Dame Qui n'est pius aux Camélias,
tragi-comédie de M. Maurice de Faramond,
avoc Mlle Madeleine Corliej1. \ous verrons
aussi une Dalila, de M. F. -Nozière
Le Trianon-Lyrique a remis son répertoire
les Mousquetaires au couvciïl. du regretté
Louis Varney. Gros succès pour l'ouvra. erg et
les interprètes, Mines S. (iernncr, Hiibert,
Méry, MM.. Dutilloy, Jonvin, José, Héry et
Duv'ivier.
La Scala n'est pas seulement le rendez-vous de
toutes let élégances de Paris, c'est aussi et surjet
le premier du nog concorts. Avant
ri'tîe de E--H. I.alargue, Jean Roby t Wiiiy Heds-
Wne, Clianteclalrette, où triomphent Claudius, Gi-
rter. Max-Jiorei, Germaine Cljarley. GafcieHe Lange,
la partie concert ̃ permet d'applaudir l'exquise diva
Dnfleuvn, le joyeux tonriourou, dans &es œuvres;
Gal>riq!l.f LaDpc, Grand, Li'jai. Ees Is
Malgré le triomphant sucefts (]u'n!iîii'v.t ;iclu?!!o-
cliaii\ Ja première l'eiiivM'niutiO!) tla Ohé. f'hryné.
une brlli.'intp fantiiisîe-onéi-ftîf (jr^co-moutBiartroisc.4
C'est la litHio Milo Y; née,
mondaines, qui créera le principal rûle de celtv
pitee il grand spectacle.
leuse revue iS'uc i Cocôlle Avant la première de la
fan.taisit-revue paris à lu diable. de MM. Lucien'
Boyer et Henry Oréjols, aura lien, il partir de jeudi
&oir, et pour douze jours seulement, un «raml tour-
ne) rie boxe de combat (championnat de France et de
Paris), avec le concours des plus célèbres pugilistes
internationaux.
Grand cirque Rancy (avenue de I.a-Motte-Picquet).
L'ouvertujf de et magnifique étHblisfsnieut, complè-
tement remis à neuf. reste flxpn" an sarnçfli io cnu-
ran.t. M. iiancy veille Iui-m6m2 à pou installation
(rrnndiose. Le progrr-anime sera, dit-on, morvi -illeux'.
i) n'y a pas douter que nous verrons cette pre-
miftre le nubiic entliouslaste acclamer le cûièiire ma-
nager Hancy.
Il faut se* hAter d'aller voir, avant la rentrée, le
plus parlait des cinématographes, celui des Gra'ids
Magasins Dufayel. Des vues d'actuaJité, sportives, co-
coloris, et la belle musique adaptée spic:ntene;it
avec cluwurs, soli. donnent a ci stances un. cachet
artistiauo très a.pprécié.
midi. Salle des commissions. 3' ét.age grère des
(>"ticiens. Hoir. Salie Uontîy «ciion (Jcs cliar-
pmtiers; salle des contérences employés dti g»
(éçlairaa-e) salles des cominlsïiçms, 1" étage .testai
ments de précision, (comité) 2' étage Plombiers fcjb
mité) 3' étage peintres (congejl) 4' étage tailleur
et couturières (comité).
Annexe A. Soir. Grande salie assemblée géat
raie des biscultlers; salle 12 cours professionnel
des P. T. T.
INFORMATIONS DIVERSES
Les agents de service des lycées, réunis en ans
semhjéb générale à la Bourse du travail, ont décide
l'envoi d'une délégation au ministre de l'instruction
publique, pour l'entretenir des revendications de la
corporation.
f) Les ouvriers charcutiers-saiaisonniers, réunis
39, rue de Flandre, ont voté un ordre du jour ré-
sumant leurs desiderata limitation it dix heure"
de la durée de la journée de travail. fixation d'un
salaire minimum de 45 francs par semaine, organi-
sation du ropos hebdomadaire par le contrat collec-
tif.. ̃
La 12" section de l'Union -des ouvriers charpen-
tiers de la Seine organise pour ce soir une réunion
à la salle des Soirées ouvrières, à Montreuil.
COMMUNIQUÉS DE LA
VIE MONDAINE-
DEUIL
M. Lebrof, professeur de philosophie
au lycée de Niort, adjoint au maire de cette
ville, est morl subitement dimanche au
cours du banquet offert par le comité démo-
cratique dg Souche, près de Niort.
On annonce la mort, il Paris, de M.
François Gastu, ancien député d'Alger, ad-
ministrateur délégué du Crédit foncier d'Al-
gérie. M. Gastu était âgé de soixante-qua-
torze ans.
On annonce le décès, de M. A. Jaïs. Les
obsèques auront lieu mercredi, il 10 heures
précises, 100, Bel I-laussmann. Inhumation
cimetière Montmartre.
Les obsèques de M. Alfred Schuhmann,
décédé a l'âge de 37 ans, auront lieu aujour-
d'hui mardi 0 courant, au cimetière du Père-
Lachaisy. Réunion à la porte principale, à
dix heures, Il n'a pas été envoyé de lettres
d'invitation, Prière de considérer le présent
.avis' comme en tenant ']jeu, Ni fleurs ni
coufounes.
M. Louis Gouin, fils de -M. Gouin, sé-
naii ::r. nrésidenl de la Banque de Paris et
d Pa.vs-l.Jas,- est décédé Je 1er courant, au
eh:Hi'u de la Bilietrié, a Fondettes (Indre-
doloire), à l'Age de G5 ans. Les obsèques
ont ou -lii-'ii Ù Tours, église Saint-Julien,
hier, 5 ociolire. Ü 10 heures.
Les obsèques de Mme veuve Aron Lrvy,
décédai! suiii. terrien se feront demain mer-
credi, 10 ii. Ii2. taie de Rivoli, 2-i-ï. Inhu-
mation au cimi'lii''ii- \lnn!m.rire. \i fleurs
ni couronnes. Il i( pas été adressé de lettres
d'invitation. Ue la part de M. Henry Levy,
M. et Mme Jiilicn Dreyfus, M. et Mme Paul
Levv-Mocii. M. et Mme Paul Levy-Kieur, ses
enfants des famines Edouard Isidor. Lu-
cien Isidor. (;('orges Dreyfus. Louis Deshayes
ot M. Robert Levy-Kleu'r. ses petits enfants
et aiTh-rè-peiils enfants.
Trouver 1-t r<;is un iiilévU rémunérateur
el une sérui-ité absolue, voilà le double but
de tout rentier viager. La Compagnie offrant
la plus grande sécurité est celle qui possède
les réserves libres et les garanties supplé-
mentaires les plus importantes. A ce point
de vue. la Nalioiiiije-Vic (entreprise privée
assujettie au conlrolr de l'Elal) présente une
supériorité incontestable; aucune autre
compagnie ne, justifie il un aussi haut degré
la confiance.des assurés el des rentiers.
Envoi gratuit de tarifs et renseignements;
s'adresser soi! on siège so'-iyi, 2. rue Pillef-
V\"il! à Paris, soit aux agents généraux en
province.
Traitement par l'Elizïr de Virginie Nyr-
dahl. Le Maçon 4 fr. M. lie. 30, r. de La-P.o-
chdoucauld, Paris, pour recevoir franco la
brochure des. imita-
tions Il n'existe qu'un seul Elisir de Virgi-
nie il porte la signature NYRDÏIAL.
• SYNCOPES -VERTIGES
dissipés instantanément par 2 à 4 Pertes d'é-
ther de ClcrianiLe flacon 2 fr.50, toutes phar-
macies.Maisoa l'îlWRE, 19, rue Jacob, Paris.
J'indique gratis, par lettre fermée, le seul
vrai moyen, sûr, rapide et sans danger.
Ecr. h M. Chardon, 10, r. St-Lazare, Paris.
Ecusson rouge
La Meilluuro EAU PURGATIVE naturelle.
FEUILLETON DU « MATIN »
DU 9' OCTOBRE 1908
Calvaire
d'un Brave
ROMAN INÉDIT
Par JULES MAZÉ
Deuxième partie
LES GRANDS COEURS
(suite)
En la circonstance, l'affaire paraissait
d'autant meilleure qu'elle n'était pas com-
pliquée pour- un sou mobile connu, accusé
souple comme un gant, pas d'erreur judi-
ciaire à redouter.
Lorsque Savin avait eu pris l'air de la
'prison, le juge d'instruction s'était hâté de
l'envoyer chercher.
Car enfin, cet homme n'avait pas avoué.
Oh c'était tout comme, ce qu'il avait dit
suffisait largement pour qu'on plUt, sans
̃̃îraiinte d'erreur, le considérer comme cou-
pable. Mais il restait quelque chose à faire,
il fallait obtenir l'aveu.
Savin comparut sans manifester la moin-
idre émotion.
Le juge se fit bon enfant, employa toutes
tes ressources de son art pour le cuisiner.
Va toujours, mon bonhomme, pensait
Traduction et geproâttQtlon interOltt»,
l'excellent Savin, je te dirai ce que je vou-
drai bien té dire, et rien de plus.
Et Su du se demandait en même temps
» Faut-il itvouer franchement, faut-il lais-
ser marcher sur des suppositions ?
Lui, ça lui était tûut à fait indifférent
tout ce qu'il demandait, c'était de sauver
Hardouin. Pour le reste, peu lui importait.
Sur les instances du magistrat, il finit par
se décider.
Ma foi, se dit-il, avouons, ça fera
tant de plaisir à ce brave homme
Et il avoua tranquillement, il fit cela
comme la chose la plus naturelle du monde.
Il donna tous les détails possibles, fournit
tous les renseignements qu'on lui demanda.
Jamais, au grande jamais, on n'avait vu
prévenu d'aussi bonne composition. Le juge
se frottait les mains. Bien entendu, le-brave
magistrat ardennais mettait tout sur le
compte de l'habileté avec laquelle il avait
cuisiné- son homme. Il posa pourtant une
question qui embarrassa un peu Savin.
Alaia pourquoi, lui demanda-t-il, avoir
tué ce malheureux docteur ? Certes, son acte
était des plus blâmables, son dessein était
malhonnête, mais sans doute il vous eût suffi
de vous montrer pour l'empêcher de con-
sommer le crime. Pierre Savin se gratta la
téte.
Il avait raison, ce juge, il avait raison,
parce qu'il raisonnait froidement dans son
cabinet, sans passion et sans haine, selon
la formule.
Mais Hardouin, lui, aimait passionnément
Geneviève et ne pouvait avoir, pour Jean
Smer, que de la haine.
Lorsqu'il avait vu celle qu'il aimait dans
les bras de celui qu'il haïssait, son sang
n'avait fait qu'un tour il avait bondi et il
avait frappé.
C'était ainsi que Pierre SaVin s'expliquait
les choses.
Comme le juge répétait sa question, Il ré-
pondit
Dame, vous sauvez, dans ces cas-là, on
n'a pas toujours le temps de réfléchir.
Lft réponse laissait à désirer, mais le juge
e'IJB contenta.
Bon, tout va bien, fit-il, et soyez, sur
qu'il vous sera tenu compte et du sentiment
qui a, devant la morale outragée, armé vo-
tre bras, et de la bonne volonté dont vous
venez de faire preuve. Une formalité, en
nuyeuse pour vous, reste à remplir la re-
constitution de la scène qui s'est déroulée
devant votre maison. Nous y procéderons
demain matin, et je m'efforcerai de mener
cela rapidement.
Pierre Savin s'inclina, indiquant par ce
geste qu'il était prêt à subir cette ennuyeuse
Ça me promènera pensa.t-il, et je ver.
rai sans do.ute Mlle Geneviève et mon ami
Jacques.
Cette perspective donna au brave garçon
des idées couleur de rose il rentra dans
sa prison en sifflotant l'air d'une vieille chan-
son d Ardenne et dîna de fort bon appétit.
De temps à autre, il pensait à Hardouin
et se disait
Il doit être loin. à présent
Et il se réjouissait d'avoir trouvé une oc-
casion de se dévouer pour ceux qu'il aimait
pour Geneviève, pour Hardouin, pour Jaç-
ques, pour ceux qui n'avaient pas hésité à
tendre la main au pauvre chemineau que les
autres reprisaient
En province, les nouvelles ont des ailes
on sut tout de suite que Savin avait avoué et
que la scène de reconstitution aurait lieu le
lendemain.
Ce fut un défilé incessant sur la route de
Seuil, de gens qui, certes, n'espéraient rien
voir, mais qui voulaient au moins se trouver
auprès du mur derrière lequel quelque cho-
se allait se passer.
On ne verrait rien, soit, mais on cause-
rait.
La voiture qui amenait Pierre Savin à la
villa des Peupliers dut fendre les flots pres-
sés d'une véritable foule.
Aucun cri ne fut poussé l'accusé n'était
pas un assassin ordinaire les uns louaient
son acte, les autres le blâmaient, mais l'an-
cien chemineau n'était nullement antipathi-
Lorsque Savin pénétra dans la maison, il
aperçut Geneviève la jeune fille était tvèa
pale et paraissait avoir beaucoup pleuré:
Elle s'avança vers Savin, lui tendit la
main, et lui dit tout bas
Savin rougit il se sentit tout honteux.
̃ .le. ne mérite pas ce merci, pcnsa-t-il,
puisque je n'ai rien fait, et il ne songea mé-
me pas que ce qu'il faisait était sublime.
Diwant lui, Geneviève raconta la scène, et
il put se eonoaincre, comme il l'avait deviné,
que la jeune fille n'avait pas vu son sauveur.
Le u merci de tout l'heure indiquait
bien qu'elle cro ait, elle aussi, à l'interven-
tion de Pierre Savin.
A elle, Savin aurait voulu pouvoir tout
dire non certes pour se faire gloire de son
dévouement, mais pour laisser h Hardouin,
auprès de la jeune fille, le bénéfice do l'acte.
Il fut convenu que Geneviève assisterait
il. la reconstitution de la scène, mais que,
pour lui éviter une émotion dangereuse, le
rôle qu'elle aurait dû y jouer serait tenu par
un des assistants.
Les magistrats, les gendarmes et les inté-
ressés, suivis par un petit groupe de privi-
légiés, gagnèrent le fond du parc.
Savin fut placé dans sa maisonnette.
Il fut facile de déterminer l'endroit exact
où Jean Smer était tombé, car l'herbe y
était encore rouge de sang.
Les magistrats constatèrent d'abord que,
de la fenêtre de Savin, on pouvait voir tout
ce qui se passait à cet endroit.
Quelques curieux avaient pu se hisser sur
le mur du parc on essaya de les faire des-
cendre, mais ils protestèrent et, pour avoir
la paix, le juge qui, après les aveux de Sa-
vin, n'attachait pas une grande Importance
à la scène qui allait se jouer, donna l'ordre
de les laisser tranquilles.
Le temps était superbe le grand parc
avait un air de fête les oiseaux chantaient
dans les branches le soleil, tamisé par le
feuillage, semait l'herbe de mille petits ronds
lumineux.
Le juge d'instruction, séduit par le char-
me de ri nature, se tenait debout devant la
maisonnette de Savin, ne se pressant pas
de donner le signal qu'attendaient les ac-
teurs du drame pour rire..
En face de lui, il vingt mètres viron,
les curieux juchés sur le mur se montraient
Geneviève, qui, défaillante, s'appuyait sur
la bonne Louise qui se tamponnait les yeux
avec son mouchoir..
Soudain, le juy leva le bras.
Aussitôt, un silence de mort régna sur ce
crin du parc, puis on vit, d'une allée trans-
versale, déboucheur deux hommes, dont l'un
représentait Geneviève et l'autre Jean
Smer.
Il y eut un frémissement parmi les assis-
tants et les curieux, des « oh » étouffés.
Les deux acteurs s'arrêtèrent il l'endroit
qu'indiquait la tache sanglante le poursui-
vant saisit le poursuivi à bras-le-corps et le
jeta sur l'herbe, se penchant sur lui.
A ce moment, Pierre Savin sortit en cou-
rant de la maisonnette, se précipita vers le
groupe, le bras haut.
Les assistants ne respiraient plus, tous
les, yeux étaient fixés sur Savin.
Soudain, il se produisit un véritable coup
de théâtre.
Un des curieux venait de sauter dans le
parc du haut du mur.
D'une voix forte, il cria
Arrêtez 1
Cet homme se tenait devant le juge, les
bras croisés, en plein soleil.
Il y eut un moment de stupeur.
L'homme cria encore
»*- Arrêtez 1
Puis il ajouta
Ce n'est pas Pierre Savin qui a frappé
Jean Smer, c est moi
Tout de suite, Savin avait reconnu Har-
douin.
Le malheuréux avait-il murmuré.
Après s'être ainsi accusé publiquement,
Hardouin se'précipit'a sur Savin, et, le ser-
rant dans ses bras, il dit
Cet homme est digne de tous les res-
pects il s'accusait pour me sauver, mais
je ne pouvais accepter ce sacrificè
Pierre Savin, le chemineau, pleurait à
chaudes larmes,
La sublime beauté, la splendeur du gesie
d'Hardnuin faisait naître on son âme des
sensations qui lui étaient inconnues c'était
de l'éniotion, de l'admiration, quelque chos?
Pourquoi être revenu ? bégaya-t-il à
travers ses larmes.
Le juge .s'était ressaisi.
Il s'avança vers Hardouin.
Que faites-vous ici ? s'écria-t-il ne
cherchez pas ir égarer la justice cet homme
et il monfrait Savin a fait des aveux
Je vous répète, fit Hardouin d'une voix
forte, que je suis seul coupable si .Pierre
Snvin a fait des aveux, c'était pour me sau-
Le juge le prenait pour un fou, et il le
Auons, cette comédie a trop duré, ou
vous êtes un fou ou vous êtes un mauvais
plaisant. Retirez-vous, sinon je vous fais'
arrêter.
Faites, je suis ici pour cela.
Qui êtes-vous donc ?.
Je suis Hardouin, l'ancien capitaine
Hardouin, aujourd'hui forçat évadé.
Il eut un rire amer et ajouta
Vous voyez bien qu'il n'y a rien de
surprenant à ce que j'aie commis ce meur-
tre 1
Un cri déchirant se fit entendre, poussé
par Geneviève, qui tomba, évanouie, dftns
les bras de Louise.
Parmi les assistants, il y eut un moment
de stupeur.
Puis le juge, tendant le bras vers Har-.
douin. lui dit
Je vous arrête
Alors, un homme se pr'écipita c'était le
maire du village.
Il prit les deux mains du prisonnier, les
serra dans les siennes avec une émotion vi-
sible.
Hardouin, mon cher enfant, s'écrîa-t-a
quelle joie de vous revoir 1
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.45%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.45%.
- Collections numériques similaires La Grande Collecte La Grande Collecte /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "GCGen1"
- Auteurs similaires Edwards Alfred Edwards Alfred /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Edwards Alfred" or dc.contributor adj "Edwards Alfred")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 4/6
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k568841w/f4.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k568841w/f4.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k568841w/f4.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k568841w/f4.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k568841w
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k568841w
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k568841w/f4.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest