Titre : Le Matin : derniers télégrammes de la nuit
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-08-20
Contributeur : Edwards, Alfred (1856-1914). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328123058
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 123753 Nombre total de vues : 123753
Description : 20 août 1908 20 août 1908
Description : 1908/08/20 (Numéro 8941). 1908/08/20 (Numéro 8941).
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k568794f
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/05/2008
FV"
"fefifÀ'TlN"
auxquels la France a moins
1908 qu'en 1907
en moins. Fr.
Suisse
5.930.000
17.870.000
République Argentine 38.464.000
Autres pays 59.934.000
Total en moins.Fr. 186.901.000
EXPORTATIONS
Pays auxquels la France a lus vendu en
1908 qu'en 1907
en plus
10.620.000
2.742.000
Argentine. 3.220.000
Algérie 12.784.000
46.585.000
Pays auxquels la France a moins vendu en
1908 qu'en 1907
Angleterre, en 89.015.000
2.332.000
Suisse 17.482.000
1.230.000
1.319.000
53.715.000
Brésil 3.928.000
'autres 'pays 20.170.000
Total en 221.541.000
Il résulte de ces tableaux que la balance
est à notre avantage dans nos transactkins
avec la Russie, l'Italie, la Turquie et 1 Ar-
gentine, auxquelles nous avons moins ache-
té et plus vendu en 1908 qu'en 1907. Elle
est excellente dans nos transactions avec
notre grande colonie algérienne, à laquelle
nous avons plus acheté et aussi plus vendu
en 1908 qu'en 1907. Elle est à notre détri-
ment avec les autres Etats, surtout avec
l'Angleterre, notre plus riche cliente.
Comparaison avec' 1906.
Mais* si au lieu de regarder exclusive-
ment 1907, vache grasse entre toutes, nous
nous reportons l'année. 1906, qui fut en-
core relativement prospère, nous trouvons
que 1908 vaut encore mieux pour nous que
190&. •
IMPORTATIONS EN FRANCE
Pays auxquels nous avons plus acheté en
1908 qu'en 1906
1908 1906
Russie Fr. 112.340.000 115.753.000
Angleterre 431.531.000 375.006.000
Allemagne 295.414.000 280.887.000
Belgique 208.860.000 183.212.000
Suisse 55.234.000 53.563.000
Italie 93.276.000 92.469.p00
Etats-Unis 410.445.000 303.966.000
Pays auxquels nous avons moins acheté en
1908 qu'en 1906
A 1908 190G
Espagne 71.365.000 77.346.000
Autriche-Hongrie 32.071,000 33.127.000
Turquie 43.650.000 55.162.000
Brésil 61.974.000 69.097.000
Argentine 166.500.000 181.303.000
EXPORTATIONS DE FRANCE
Vayp auxquels nous avions plus vendu en
1908 qu'en 1906
1908 1906
Russie 46.750.000 2G.870.000
Allemagne 327.724.000 320.080.000
Belgique 404.417.000 393-779.000
Suisse 163.056.000 140.364.000
Italie 134.469.000 121.208.000
Autriche-Hongrie 23.148.000 18.523.000
Turquie 28.690.000 28.015.000
Brésil 26.422.000 24.087.000
Argentine 59.725.000 54.043.000
Pays auxquels nous avions moins vendu en
1908 qu'en 1906
1908' « .1906
Angleterre 615.582.000 626.997.000
Espagne 61.244.000 70.560.000
Btats-Unis 141.512.000 194.158.000
Il résulte de ce tableau que nos exporta-
tions de 1908 sont supérieures à celles de
1906, en chiffres ronds en Russie, de 20
millions en Allemagne, de 7 millions 600
francs en Belgique, de 10 millions et demi;
en Suisse, de 13 millions en Italie, de 13
millions en Autriche-Hongrie, de 4 mil-
Irons et demi au. Brésil, de 2 millions en
Argentine, de 4 millions.
Elles n'ont été inférieures à 1906 qu'en
Angleterre, pour 11 millions en Espagne,
pour 8 millions et demi aux Etats-Unis,
pour 52 millions et demi.
Si on établit la balance générale des ex-
portations entre 1908 et 1906, on voit que
ies exportations de 1908 ont encore sur-
passé d'environ 12 millions et demi celles
de 1906 pour le premier semestre.
La principale cause
L'infériorité de nos exportations est ac-
centuée surtout pour les EtatsUnis 53 mil-
lions 715,000 francs, et pour l'Angleterre
59,015,000 francs. Or, nul n'ignore que,
pour un très grand nombre de marchandi-
ses exportées de France à destination des
Etats-Unis, l'Angleterre est un pays de tran-
sit. A la sortie, elles sont enregistrées pour
un port d'Angleterre et sont cataloguées
.dans les états de notre commerce d'outre-
Manche. En réalité, elles font partie de no-
tre commerce transatlantique. Sur les 89
millions de nos exportations en moins en
Angleterre, il faut donc en imputer un cer-
tain nombre aux Etats-Unis,
En somme, la grosse clientèle qui nous a
jnanqué et qui nous manque encore, c'est
celle des 'Etats-Unis, dont les catastrophes
financières de l'an dernier ont eu aussi leur
répercussion sur tous les marchés du
monde.
Telle est la principale cause dé la' res-
triction de nos affaires. Sans doute, il y en
a d'autres, qu'il faut chercher moins loin..
Si nos industriels étaient moins inquiets du
lendemain, si le travail se poursuivait plus
régulièrement dans nos usines, notre ex-
pansion commerciale serait Dlus active.
Mais nous ne subissons pas seuls les
maux dont nous nous plaignons;
En effet, d'après des renseignements cher-
tains qui nous parviennent, l'Angleterre su-
birait une restriction analogue, sinon égale,
à la nôtre.
En résumé, notre commerce extérieur,
après une année d'activité exceptionnelle
en 1907, est revenu aux chiffres de 1906, et
même avec une amélioration appréciable..
Il n'y a donc pas lieu de se décourager
ni de pousser des cris d'alarme. S'il y a
crise, elle est évidemment accidentelle et,
espérons-le, passagère.
JEAN d'Orsay.
Trois millions
ont été oolés
Depuis'.fort longtemps, M. Charles Pel-
liot, fabricant de produits chimiques; rue
du Roi-de-Sicile, constatait qu'on lui déro-
bait des marchandises sans qu'il pût arri-
ver à mettre la main sur le ou les voleurs.
Il y a huit jours, le fabricant passait rue
de l'Hôtel-de- Ville, quand il remarqua à la
'devanture d'un petit commerçant certains
produits qu'il est seul à fabriquer.
Il en avisa aussitôt M. Lespine, commis-
saire de police du quartier Saint-Gervais, le-
quel ouvrit une enquête, à la suite de quoi,
Jl fut établi que les produits que M. Pelliot
avaient cru reconnaître ne provenaient pas
de chez lui. Ils sortaient des magasins d'uu
autre fabricant de produits chimiques, M.
Henri Boyer, établi 6 et 12, rue Barbette.
Cet industriel avait constaté que ses pro-
duits disparaissaient dans des conditions
importantes. Des inspecteurs de la Sûreté
furent chargés de surveiller certains de ses
employés.
Après une filature des plus difficiles, ces
agents arrêtaient les nommés Joseph Ver-
dier, demeurant boulevard Beaumarchais
lierre Couderc, demeurant à Montreuil Lu-
cien Hocquel, boulevard Beaumarchais Eu-
gène Flattent, cocher, rue de Charonne
Henri Laru, domicilié à Montreuil-sous-
Bois Jean Frangis, cocher-livreur, rue
Championnet Auguste Fournier, à Nogent-
sur-Marne, et Auguste Adroit, charretier,
rue Moreau.
M. Lespine a inculpé de vol par recel le
commerçant de la rue de l'Hôtel-de-Ville,
chez lequel on avait découvert tout d'abord
le3 marchandises volées. C'est un charbon,
nier, nommé'Louis Valéry. Il a été rejoindre
tous ses complices au Dépôt.
D'autres petits commerçants sont compro-
mis dans cette affaire, qui, dit-on, porterait
sur près de trois millions de francs. Cepen-
dant, le commissaire de police les a laissés
en liberté provisoire. Mais d'autres arresta-
tions sont imminentes.
Ajoutons que, depuis quatre jours, cer-
tains commerçants, informés- des recher-
ches effectuées par le service de la Sûreté,
sont venus rapporter au commissariat de la
rue du Temple les produits chimiques vo-
lés.
MYSTÉRIEUX INCONNU
M. Montaubric, commissaire de police de
Fontainebleau; a virtuellement terminé la
rapide enquête qu'ira menée sur Constan-T
tin Guérassimof, le^jéune Russe trouvé à
moitié évanoui dans la forêt de Fontaine-
bleau. Né à Orchimia (gouvernement de
Minsk), Constantin Guérassimof habitait, il
y a quelques jours encore, Paris, 9, rue
Michel-Peters. Venu le 16 août à Fontaine-
bleau et trouvant les prix des chambres trop
'élevés, il coucha dans la forêt, venant seule-
ment à Fontainebleau pour y prendre des
provisions. Dans sa lettre, écrite à un jour-
nal socialiste, comme dans des notes trou-
vées sur lui, il proclame son innocence, sans
jamais dire l'accusation qui pèse sur lui.
Guérassimof, qui n'est point connu comme
anarchiste ou nihiliste, semble être atteint
de neurasthénie profonde.
NUIT TRAGIQUE DANS UN MOULIN
Duos, 19 août. Dépëche particulière du
« Matin ».' La nuit dernière, un individu
s'introduisit dans l'ancien moulin de Vaux-
Saules, en brisant une fenêtre de la cuisine,
et tenta d'assommer dans son lit, à coups de
bâton sur la tête, Mme veuve Falaux, octogé-
naire.
Eveillée par le bruit de la lutte, la fille de
la pauvre vieille, couchée dans une pièce voi-,
sine, accourut au secours et fut assaillie à son
tour par le bandit qui chercha à l'étrangler.
Grâce à l'obscurité, elle put échapper au mi-
sérable et s'enfuit, pieds nus dans la nuit
noire, chercher protection au village, distant
de quelques centaiftbs de mètres.' Lorsqu'on
revint, l'assassin avait pris la fuite.
L'état de Mme veuve Taloux est desespôré
elle a le crâne défoncé.
On vient d'arrêter ce soir, aux environs de
Dijon, un vagabond qui portait des taches de
sang sur ses habits. Interrogé, il a refusé de
répondre. C'est sans doute l'auteur du crime,
dont le mobile était évidemment le vol.
UNE EXPLOSION
DANS
UNE MINE
72 mineurs anglais
ont été ensevelis
LONDRES, 19 août. Dépêche particulière
du Matin n. On est à peu près fixé
maintenant sur le sort des soixante-quinze
ouvriers qui se trouvaient hier soir dans la
mine Maypole, près de Wigan, du moment
de l'explosion fatale. Le Matin d'aujour-
d'hui annonçait que trois d'entre eux avaient
été sauvés. En ce qui .concerne les soixante-
douze autres, on déclare qu'ils ont tous
péri. Vingt cadavres ont été ramenés à la
surface du puits cet après-midi.
Pendant toute la nuit dernière, des scènes
déchirantes se produisirent aux abords de
la mine. Les parents et amis des mineurs
ensevelis passèrent des longues, heures il
pleurer et à demander des nouvelles. En-
lin, vers cinq heures ce malin, les équipes
de secours arrivèrent sur les lieu: et tentè-
rent de pénétrer dans le puits. Une fumée
jaune et épaisse continuait a. sortir par in-
tervalles. Les premières personnes qui en-
trèrent dans la mine furent repoussées par
les gaz méphitiques, et plusieurs d'entre el-
les furent ramenées à la surlace sans con-
naissance. Enfin, on réussit ù trouver des
cadavres. Ceux-ci étpient méoonnaissables,
tant ils étaient mutilés. Des jambes et des
bras furent retrouvés éparpillés par la force
de l'explosion.
Par contre, d'autres mineurs, épargnés
par l'explosion, mais asphyxiés par les gaz
délétères, conservaient l'attitude qu'ils
avaient au moment de l'accident. L'un
d'eux, assis sur une pierre, la tête- dans les
mains, paraissait réfléchir profondément.
Interviewé aujourd'hui, Doran, un des
mineurs sauvés hier soir, déclara qu'il avait
été renversé par la force do l'explosion,
ainsi que ses deux camarades, Farrell et
Fairhurst. Tous trois essayèrent de se diri-
ger vers l'entrée du puits, mais toutes les
lumières s'éteignirent. Aussi, décidèrent-ils
d'attendre, abrités dans une excavation.
C'est là qu'ils furent retrouvés par une
équipe de sauveteurs. Bien que les gaz dé-
létères ne soient pas encore dissipés, on es-
père cependant retrouver presque tous les
cadavres cette nuit.
Le Congrès de ta Ligue de l'Enseignement
M. j-Dessoye, député radical de la Haute-
Marine, président de la ligue française de
l'enseignement, a reçu la lettre suivante du.
ministre des affaires étrangères
Monsieur le député, Paris, 18
Vous avez bien voulu me faire savoir que la
Ligue française de l'enseignement, placée
sous votre présidence, procède à l'organisa-
tion du second congrès international d'éduca-
tion populaire, qui doit se tenir à Paris du
1er au 4 octobre prochain.
En me signalant le haut intérêt social que
présente l'oeuvre poursuivie par cette réunion
internationale, vous m'avez exprimé le désir
que les gouvernements étrangers fussent in-
vités à s'y faire représenter par des délégués.
Je suis tout disposé à donner suite à votre
demande en vue des communications à faire
aux différentes puissances par l'intermédiaire
des agents de la République à l'étranger.
Agréez, etc.
S. PICHON.
A la date d'aujourd'hui, plus de 3,000 con-
gressistes sont déjà inscrits à ce congrès.
LES INCIDENTS
•̃: v DE
VIGNEUX
Quatre mandats d'arrêt
n'ont pas été exécutés
Duclos et Grimaud, arrêtés dans les cir-
constances rapportées par le Matin, sont ar-
rivés hier à Corbeil et ont été écroués à la'
maison d'arrêt.
Grimaud persiste dans ses dénégations.
Quant il Gaston Duclos, le maçon de Cros-
nes, convaincu d'avoir pris une part diri-
geante dans, les bagarres de la rue de Paris,
il a fini par reconnaître cette participation.
C'est vrai, a-t-il dit, j;ai excité les ma-
nifestants à opposer la force à la force. J'ai
aussi insulté les soldats. J'ai également jeté
sur les cavaliers des pierres et des tessons
de bouteille. Mais j'estime qu'en agissant
ainsi je ne faisais qu'user du droit de légi-
time défense, car j'étais persuadé que la
provocation venait du côté des troupes. Si
je me suis trompé, je le regrette aujour-
d'hui.
Duclos a ajouté qu'il s'était rendu à la
manifestation isolement, crqvant se rendre
à une manifestation toute pacifique.
Pourtant cette dernière affirmation est dé-
mentie par plusieurs témoins, qui ont dé-
claré avoir vu Duclos se rendre à Villeneu-
ve-Sain t-George à la tête d'un groupe d'au-
tres manifestants, qu'il excitait de la voix et
du geste.
Le juge a reçu également de nouvelles dé-
clarations dé Métivier. Celui-ci maintient
qu'au lieu d'inciter ses camarades à la vio-
lence, il a simplement adjuré les soldats de
garder tout leur sang-froid. Il a tenu, en ou-
tre, à affirmer qu'il n était pas anarchiste.
Aujourd'hui, M. Régismanset entendra
divers officiers, dont le colonel du 27° dra-
gons, et leur demandera de préciser cer-
tains points, restés obscurs jusqu'ici, sur la
façon dont la troupe fut attaquée par les
grévistes devant la barricade de la rue de
Paris et devant celle de la passerelle de la
gare.
Le parquet de Corbeil retournera d'ici peu
à Villeneuve-Saint-Georges, où de nombreux
témoins restent encore à entendre.
Tous les efforts de l'instruction vont por-
ter maintenant sur la recherche des origi-
nes occultes du mouvement du 30 juillet.
Tout n'a point encore été dit de ce côté, et
c'est cette partie de l'instruction, ainsi crue
nous le disait hier une personnalité bien
placée du parquet de Corbeil, qui pourrait
nous réserver des surprises inattendues.
Malgré, le bruit qu'on persiste à répandre
que douze nouveaux mandats d'arrêt au-
raient été signés par le juge d'instruction,
nous sommes en mesure de démentir cette
nouvelle de la façon la plus absolue.
Il n'y a pour l'instant que quatre mandats
d'arrêt signés, et qui n'ont pu être mis à
exécution, ceux qu'ils visent étant en fuite.
Ces mandats' portent les noms de '1\11\1. Le
Du, secrétaire du syndicat des terrassiers
de la Seine; Aulagnier, secrétaire de l'Union
des syndicats Monatte, du syndicat des
correcteurs, membre de la C.G.T., et Bré-
jand, secrétaire du syndicat des terrassiers
de Seine-et-Oise. Et c'est tout. Si d'autres
arrestations surviennent, elles ne seront dé-
cidées qu'au fur et à mesure de'la marche
de l'instruction.
C'est ainsi que furent décidées avant-aier
celles de Duclos et de Grimaud.
Les obsèques de Louvel.
Hier ont eu lieu, à Villeneuve-Saint-Geor-
ges, les obsèques, du charbonnier Paul-Eu-
Le quatre à six » d'Issy-les-Moulineaux
a été marqué hier d'un succès qu'a remporté
M. Legagneux à bord de l'aéroplane Fer-
ber-lX.- n s'agissait pour le jeune aviateur
de gagner la troisième et dernière prime
des 200 mètres, offerte par"l'Aéro-Club de
France.
Parti près de la porte de Sèvres, Lega-
gneux vola 256 mètres en 23. secondes 3/5,
distance et temps que contrôlèrent les com-
missaires de l'Aé. C. F., MM. Demanest et
Fournier, qu'assistait le capitaine Ferber.
Legagnepx ne s'arrêta que parce qu'il
craignait de faire une mauvaise rencontre
avec une bicoque placée près de la ligne
du ,chemin de fer. Quelques instants après
sa victoire, il mit le moteur en marche et,
réussissant un demi-cercle de 300 mètres,
il vint atterrir devant le. hangar.
gène Louve, tué le 30 juillet dernier au-
cours de la sanglante émeute.
La date des obsèques avait été tenue se-
érète. La cérémonie eut lieu sans incidents.
A quatre heures, devant la famille du dé-
funt, M. Blanchet, juge de paix de Boissy-
Saint-Léger, procéda la levée des scelles
du tombeau provisoire. Deux adjoints au
maire de Villeneuve-Saint-Georges, MM.
Joly et Lalègre, assistaient le magistrat.
Aucune délégation, seuls six « compa-
gnons étaient présents au transfert de la
bière -dans une concession gratuite de cinq
ans, située 'à côté de la tombe de Marchand,
autre victime des grèves de Draveil.
Aucun discours ne fut prononcé. La céré-
monie dura exactement douze minutes.
GÉMIEÏUEN^ PANNE
̃̃Bordeaux, 19 août. De notre correspon-
dant particulier (par téléphone). Mardi
soir, M. Gémier et sa troupe devaient don-
ner une représentation de Sherlock,- Holmes
au casino de Bagnères-àe-Bigorre. A huit
heures, la salle était comble, mais à neuf
heures le spectacle n'était pas encore com-
mencé et à dix heures le régisseur venait
annoncer que M. Gémier et quelques ar-
tistes qui l'accompagnaient n'étaient pas au
théâtre et qu'on allait les rembourser.
On savait que, dans l'après-midi, M. Gé-
mier et trois des principaux interprètes de
la pièce étaient partis en automobile de Cau-
terets pour se rendre à Bagnères-de-Bigorre
par Barèges et le col du Tourmalet. Depuis,
on n'avait aucune nouvelle d'eux. De suite,
on supposa un grave accident d'auto ou de
montagne. Un chauffeur de Bagnères partit
dans la nuit la rencontre de !IL Gémier,
accompagné de deux médecins. A nue heure
du matin, il arrivait au col du Tourmalet,
où il trouvait M. Gémier et ses camarades
transis par le froid, perdus dans le brouil-
lard, loin de toute habitation et de tout être
humain. Les malheureux artistes avaient
été victimes, à plus de 2,000 mètres d'alti-
tude, de la fâcheuse panne. Ils n'arrivaient à
'Bagnères qu'à trois heures du matin, mais
du moins sains et saufs. L'amusant de l'af-
faire, c'est que, dans le programme de la
soirée, on pouvait lire une petite note ainsi
conçue i Grâce à sa merveilleuse auto.
Gémier arrive toujours à l'heure. »
LES CONSEILS GENERAUX
Le conseil gépéral du Loir-et-Cher a
adopté à l'unanimité un projet de résolution
proposé par -,NI. Pierre Berger, député, et
ainsi conçu ̃
Le conseil général, douloureusement ému
par les tragiques événements de Draveil' et
confiant dans le gouvernement pour réprimer
les excès révolutionnaires de la Confédération
générale du travail, passe à l'ordre du jour.
Aucun incident hier sur les berges de la
Seine. Le service des bateaux parisiens s'ef-
fectua sans encombre des Tuileries à Sures-
nes et de l'Hôtel-de-Ville au Point-du-Jour.
Le général Picquart a adressé une lettre de
félicitations au lieutenant-colonel Redier, au
commandant Larras, au capitaine Chardenet
et à M. Chardon, sous-chef au ministère de
l'intérieur, qui avaient été étudier sur place
la question, du recrutement indigène en Algé-
rie.
Sont convoqués pour le 6 septembre 1908,
l'effet d'élire un conseiller général, les élec-
teurs des' cantons de Saint-Gervais-d'Auver-
gne (Puy-de-Dôme), Clermont-Sud-Ouest (Puy-
de-Dôme), Veyne-Mouton (Puy-de-Dôme),
Bourguébus (Calvados).
Suivant des nouvelles publiées par diffé-
rents journaux, le capitaine Fabiani aùraif
été cerné par -Une rtribu,' 'a'ntîirbpbpftage; du'
Gabon, près de la frontière duCamerôuni Au
ministère des colonies, on dément cette in-
formation.
Le congrès international pour l'éducation
morale et sociale se tiendra, à l'Université de
Londres, du 25 au 29 septembre prochain.
.Parmi les. rapports qui lui ont été adressés,
on relève notamment, pour la France, ceux
des professeurs Buisson, Bputroux et-
Les officiers français de la commission de
délimitation du Niger-Tcllad ont passé à La-
gos, de retour de leur mission, allant au Da-
homey, d'où ils retourneront en France.
A TRAVERS DÉPARTEMENTS
AJACCIÔ. Rien n'est prouvé au sujet des
dégradations constatées au séminaire, où
étaient casernes des réservistes, et qu'on
avait attribuées à ces derniers. En tout cas,
il y a lieu de démentir nettement les racon-
tars de soi-disant mutinerie qu'on a trop fa-
cilement accueillis. (Dép. part.)
ARRAS. Le charpentier Dhalleine, de
1 Rîmboval, a été pris en écharpe par une auto
rJancée à une allure. folle. Pris dans le capot
de la voiture, il fut rejeté, grièvement blessé,
sur la chaussée, à 80 mètres de là par les
chauffeurs, qui reprirent leur course, sans
être reconnus. (Dép. part.)
BORDEAUX. L'automobile de Mme de
Lombard, de Paris, sur laquelle se trouvaient
quatre personnes venant de Biarritz et se di-
rigeant vers Bordeaux, a rencontré. après
avoir traversé le bourg de Grignols, un. véhi-
cule attelé d'un chien. Un nommé Laborde,
soixante-cinq ans, se faisait traîner par la
malheureuse bète qu'il conduisait à l'aide
d'un bâton. Il ne put assez rapidement se ga-
rer de l'auto qui vint tamponner son attelage.
On releva le vieillard sans connaissance une
heure après il expirait. (Tél.)
a
TRIBU AUX
La volonté d'un, défunt et l^loi.
Sur le point de mourir, M. Victor Lejour,
boulanger au Pré-Sain t-Gervais, manifesta
le désir de faire un testament en faveur de
sa femme, qui l'avait toujours vaillamment
aidé dans son commerce. Pour dresser cet
âge, le boulanger fit venir deux ¡voisins.,
Puis il dicta à sa femme un testament dans
lequel il l'instituait sa légataire universelle..
Le testament écrit, Mme Lejour signa d'un
main tremblante. Et les deux témoins ap-
posèrent solennellement leur paraphe.
Ceci fait, M. Victor Lejour envisagea la
mort avec moins d'inquiétude les 12,000
francs qu'il possédait mettraient quelque
peu Mme Lejour à l'abri du besoin
Hélas 'le-moribond avait compté sans la
formalisme étroit auquel est astreint tout
testateur. M. Lejour apprenait bientôt, en
effet, que son testament était .radicalement
nul. Le malheureux ordonna donc qu'on al<
làt en hâte chercher un notaire à Pantin.
Cet officier public était absent. Mais le pre-
mier clerc de l'étude, pour la forme en quel-
que sorte, car il ne ouvait recevoir un tes-
tament,, s'empressa de se rendre chez le bou-
langer, dont l'agonie commençait.
M. Victor Lejour mourut sans avoir pu
contrairement à sa volonté formelle, fairâ
de testament en-faveur de sa femme.
Après le décès; Mme Lejour présenta au
greffier du juge de paix, qui avait procéda
à l'apposition des scellés, un testament que,
disait-elle, elle avait trouvé dans le tiroir'
d'une table à jouer. Ce testament, entière-
ment écrit et signé par son mari, l'instituait
légataire universelle.
Ce testament .•̃n'était-il, pas un faux ? Les
héritiers naturels le crurent. Et ils intentè-
rent, devant le tribunal civil,1 une'action en
nullité, qui fut couronnée d'un plein suc-
ces. Sur le rapport de trois experts en écrw
ture, déclarant que l'écriture. du testament
n'était pas celle de M. Lejour, l'acte fut dé-«
claré nul.
Les héritiers naturels de M. Lejour dépo-<
seront ensuite une double plainte contre
Mme veuve.Lejour, une plainte- en détourne-
ment et une plainte en faux en écritures.
C'est -uniquement pour faux en écritures
et usage de faux que Mme Lejour était pour-
suivie hier, devant la cour d'assises de la
Seine, présidée par M. Puget. '̃ i
L'accùsée est. une femme de cinquante-
.huit ans, à physionomie pleine de tristesse.
D'une voix basse, elle déclare n'être pas
l'auteur du testament argué de faux,
Un expert en écritures est ensuite enten-
du, qui conclut, non sans réserve, à la cul-
ipabittlé dé. Mme i Lejour.1; •̃̃̃•
Sur un réquisitoire bénin dé M; l'avocat
général Maxwell et une plaidoirie chaleu-
reuse de Me de Coëne, le jury rend'un ver-
dict négatif de non-culpabilité.
Mme Lejour eslt en conséquence, acquit*
tëè..̃:̃̃̃̃>̃
Les héritiers naturels de M. Lejour, in-
tervenant comme parties civiles, sont con-
damnés aux frais du procès.. a
Nouvelles judiciaires
Le 15 juillet dernier, à la devanture d'un
retaurant corporatif du 30 de la rue Guersant,
s'étalait un drapeau tricolore maculé, sur la
bande blanche duquel étaient inscrits ces
mots « Horreur de la patrie, Raon-1'Etape,
Niirbonne, Draveil, etc. î> Sur la bandé bleue
était représenté le général d'Ainade, en, cos-
tume de boucher, tenant. à la main un cou-
teau et excitant ses soldats au « massacre m
des Marocains.
Informé *&e cette honteuse exhibition, M.
Kien, commissaire de police du quartier des
Ternes, 'se présenta dans le restaurant corpo-
ratif et fit enlever le drapeau.
que le drapeau était remis en place. M. Kien
-v£iïiiib 'ad' 30 deia: rue. Guersant pour s'en em-
Une bagarré se, produisit, au cours de la-
quelle. le commissaire fut frappé à coups de
pied et à coups de poing par des consomma-
teurs.
Deux de ces consommateurs, MM. Jacquaud
et Giàrd étaient cités, hier, devant la neu-
vième chambre correctionnelle; sous l'incul-
pation de coups et d'outrages à un magistrat!
dans l'exercice de ses fonctions. Les deux pré«
venus ne se sont pas présentés.
Aussi est-ce par défaut qu'ils ont été con.
damnés, savoir M. Jacquaud :à trois ans de
prison et M. Giard à deux ans de la méme
peine.
A Ste-Adresse.
Les lecteurs sont engagées à-visiter le non-
veau pays créé par M. Dl'ayel, à Sainte-
Adresse (Le Havre), habitable pendant toute
l'année, avec plage, boulevards, avenues,
rues, eau excellente, tout à 1'égout', gaz, 'élec-
tricité, téléphone, tramways électriques,
quartier commercial, restaurants, -cercle de
famille (palais destiné- au yachting) ou ses
donnent de très belles fêtes pendant huit
mois de l'année, en un mot, toutes les com-
modités de' la ville réunies aux agrémentes
de la campagne et de la mer. Ils y trouve-
ront toutes construites, meublées ou non,
de jolies villas normandes, bretonnes, an-
glaises, suisses, hollandaises, etc., avec écu.
ries, remises ou garages d'autos,. ou, s'ils
préfèrent construire, des terrains admira-
blemépt situés. Monsieur Dufayel, qui a
déjà dépensé plusieurs millions dans çé joli
site, continue son" œuvre pour. eü faire un
des plus beaux pays et une des plus belles
pilages de la Normandie. Inutile, 'd'ajouter
que les acquéreurs des terrains ou -villas
profiteront d'ici très peu, de temps d'une
̃plus-value considérable sur leurs achats.
FEUILLETON DU « MATIN »
nu 20 AOUT 1908
Itfl FI0GÉE
Grapd Roxpan Ipédit
D'IVOI
La Capitale fédérale des Eiats-Uni3
MES SOUVENIRS DE LHJWH
(suite)
Va toujours
.Cette femme me gardait durant la jour-
née, car Allait ne paraissait pas. J'ai com-
pris depuis qu'il donnait des leçons d'es-
crime et de boxe dans un gymnase, afin de
gagner notre vie.
-r- Ah 1
Le soir, il rentrait. Je zwendormàis en
le voyant assis, sous la lampe, avec des li-
vres, des cahiers. Parfois, à mon réveil, il
m'apparaissait dans la même position. Il
travaillant, il voulait s'instruire, il passait
des examens.
Des examens?-.
Oui, Grâce.
Mais sais-tu que tout cela est tout à
fait estimable.
Ces mots amenèrent un sourire sur les
traits de Lilian.
< Oh 1 Allan n'est point un homme ordi-
Pabllshed 2oth augnst 1908. prtvitege ot copyright
v~1 the United 1*)\ tir Psni rt'Trni.
naire, va. mais attends, j'arrive à la chose
terrible. un soir, il rentra à la maison. Il
semblait bouleversé, ses vêtements en dé-
sordre, et le bras enveloppé de bandages
sanglants.
Oh que me dis-tu la ?
La vérité. Il vint à mo}, toute interdite
de le voir en cet état il me regarda fixe-
ment, les yeux dans les yeux. Et moi, je-
santais un trouble délicieux m'envahir il
me semblait que je tombais doucement dans
un sommeil invincible. Mais brusquement
il détourna son regard de moi. Je l'entendis
murmurer « Non, pas 'elle, pas elle il ne
faut pas que sa volonté s'accoutume à être
l'esclave de la mienne. »
Oh s'exclama Grâce, cela est tout à
fait impressionnant. Et tu ne rêvais- pas.
Lilian affirma avec énergie
Non, cela est resté gravé dans mon es-
prit. Je restais plongée dans une sorte
d'engourdissement et je voyais, j'entendais
ce qui se passait autour de moi. Jud appela
mistress Ramirath.
La veuve accourut aussitôt avec son em-
pressement habituel.
Et Jud fixe son regard sur elle et elle s'ea-
dort presque aussitôt.
Singulier sommeil, où elle parle, où elle
répond aux questions que lui. adresse Al-
lan.
Les gestes seuls sont bien restés en ma
mémoire. Les mots se sont effacés, sauf
quelques-uns. Peut-être étais-je trop jeune
pour les comprendre Gildow. mort. le
crâne. la police 1
Que signifiait cela ? Mystère. Je m'an-
dormis..
Cincinnati. Le chemin de fer nous emportait
à travers un pays inconnu.
Jud Allan cachait mal son inquiétude. car
je la devinais.
Aux statio s, il observait les voyageurs
montant et scandant du train avec une
sorte d'angoisse.
Mais rien ne sembla donner raison à ses
appréhensions inavouées. Sans encombre,
nous arrivâmes dans une grande ville, où
la température était beaucoup plus élevée
qu'à Cincinnati. Je voyais des palmiers dans
les jardins, des arbres que je ne connaissais
pas,, et qui, cependant, ne .m'étaient pas
étrangers.
Peut-être en avais-je vu durant te pre-
mf*rft p^rîort»» fin ma vie.
Jud me mit en pension, en dehors de la
ville, au bord d'une rivière. J'appris, au
bout de quelque temps, que ce cours d'eau
était un des nombreux bras dé l'immense
delta du Mississipi, et que je me trouvais
dans la banlieue de la Nouvelle-Orléans.
Je ne voyais plus Jud que le dimanche
parfois même, quinze jours se passaient
sans qu'il parût.
Trois ans s'écoulèrent ainsi.
Trois ans, soupira Grâce Pauvre
chère, combien cela dut te sembler long.
Non. Je travaillais beaucoup, parce
que lorsque j'avais de bonnes notes, Jud se
montrait heureux. Son visage, toujours
soucieux, s'éclairait, et il me disait Tra-
vaille. travaille, petite sœur. Je veux que
ma sœur soit toujours supérieure la si-
tuation, quelle qu'elle soit, que l'avenir lui
tient en réserve.
Peu à peu, l'aventure de Cincinnati s'effa-
çait de mon souvenir, quand brusquement
un nouvel incident jeta dans mon cerveau
le germe des réflexions dont je te présente
les résultats.
Un nouvel incident. Presse-toi, nous
serions arrivées à la pension avant que tu
Voici donc, ma douce curieuse. Nous
étions à la veille de Christmas (Noël) j'at-
tendais Jud avec impatience, car il m'avait
promis de me prendre avec lui pendant les
vacances.
Le voici enfin.
Il m'emmène avec mon petit bagage d'é-
colière.
'La maltresse de pension m'embrasse avec
effusion elle-a une larme qui tremblotte
au fond de sa paupière, mais elle ne dit
rien qui puisse m'expliquer cette émotion.
Une voiture nous attend dehors.
On part seulement, c'est bizarre, nous
ne nous dirigeons pas vers la Nouvelle-Or-
léans. Je connais bien le chemin et je m'é-
tonne.
Jud me répond avec embarras que des
raisons impérieuses l'obligent à se rendre.
ayee moi, bien loin de la Nouvelle-Or-
léans.
Alors, dis-je, je ne retournerai plus à
la pension ?
Non, on t'attend dans une autre, petite
Et puis il ajoute
Dans la région que noua habiterons
même entre proches parents. Prenez, dès
ce moment, l'habitude de me dire vous.
Oh s'écria Grace, je comprends, il
sayait n'être pas ton frère, lui. Et il se sar-
vait de ce prétexte pour substituer au tu-
toiement la forme de conversation la plus
convenable.
Sur lé moment, je ne me rendis pas
compte de cela, continua Lilian. Après tout.
je n'avais guère que onze ans. L'idée de
'Jud me parut amusante, et j'en fis un jeu.
Les enfants, d'ailleurs, adorent les dé-
placements, qui satisfont l^ur désir de nou-
veauté.
Nous atteignîmes une gare. Nous montâ-
mes dans un train.
Toute la nuit nous roulâmes en chemin
de fer. A plusieurs reprises, nous changeâ-
mes de convois à des stations de bifurca-
tions, sans doute.
Et puis, non, ce n'était pas cela. D.epuis
je crois avoir deviné la véritable cause de
ces transbordements, que l'étude de la cartp
ne justifie pas.
Jud Allan avait peur d'un danger pour
moi. II agissait comme l'être poursuivi, tra-
qué, qui cherche à croiser ses trace?
C'est en Floride que ce voyage bizarre
prit fin.
En Floride ?
Oui, ma bonne Grâce,1 en Floride. J'y
devrais rester jusque vers ma dix-septième
armée.
Moment où tu entras chez miss Def-
fling ?
Précisément
• Vous avez encore dû quitter la Flo-
rida par suite du danger que, comme toi, je
deviue sans le connaître.
Liiian sourit il son interlocutrice.
Non, je ne pense pas je vécus de onze
à dix-sept ans dans une ravissante hacienda,
transformée en maison d'éducation.J'aurais
été heureuse, si j'avais vu Jud plus sou-
vent mais il ne venait qu'à de rares inter-
N'importe, présent ou absent, il était tou-
jours la, dans mon esprit et dans mon cœur.
Je travaillais pour lui, pour lui seul.
Pour lui, j'appris tout avec acharnement,
littérature, mathématiques, musique, aqua-
relle, et, aussi, des choses .qui sont moins
recherchées pour les demoiselles. Je devins
une éQuy ère. consommée. Je tirai à la cara-
bine. .̃
res leçons, la directrice me ferma la bou-
che par ces mots
̃ Tel est le désir de votre frère
Jud voulait cela, donc cela était bien, donc
cela devait me plaire.
Je n'avais lilus rien à apprendre dp. me*
professeurs. Sans doute Jnd Allan attendait
ce moment, car il arriva brusquement.
Durant deux jours, il résida à l'hacienda,
m'entraînant en dé longues courses où il me
mit a même de prouver mes connaissances
morales et physiques.
L'examen le satisfit -probablement, car,
après la seconde journée, il me dit
Demain, nous partirons ensemble.
Oh in'écriai-je, je vais donc vivre près
de vous.
Non, Lilian. Mais vous entrerez aans
votre dernière pension. Ne. me questionnez
pas. Dites-vous que je veux votre bonheur
de toute mon àme, et accordez-moi encore
le crédit d'un peu de patienéé.
Une huitaine plus tard, j'étais élève de
miss Defflins».
Au moment où la jeune fille prononçait
ces paroles, la voiture s'arrêta.
La clarté d'un globe électrique permit aux
voyageuses de constater qu'elles se trou-
vai,ent devant le portail de l'institution.
Elles sautèrent â 'terre, réglèrent le co-
cher, et battirent du marteau la lourde porte
quvs'ouvrit pour leur livrer passage.
Miss Deffling les attendait sur le seuil du
bâtiment principal.
.le m'inquiétais,- chères- enfants, fit-elle
de sa voix doucereuse. Courez vite au ré-
fectoire et soupez.
Les jeunes filles se regardèrent.
Souper, cela allait encore retarder >n lec-
ture des feuillets, dont le contenu leur don-
nerait peut-être le mot de l'énigme.
Mais il était impossible de résister.
Elles se soumirent donc et gagnèrent le
.réfectoire, en se promettant de se réunir
aussitôt après le repas dans la chambra
Lilian.
A la même heure, une jeune ferrin»?. en
qui ses amis eussent reconnu la Chio-j.,se
Rouge-Fleur, descendait d'un cab, cin-
quante mètres de la pension Deffling.
Elle suivit le trottoir, passa sans s'arrêter
devant le portail, puis, continuant sa mar-
che, elle tourna l'angle du mur dont le jar-.
Elle se 'rroûvâil 'à présent _4ans nw ru-lllef
pio-
Mais .elle .se. dirigeait avec certitude, ainsi
qu'une personne à qui les attres sont très fa-
miliers.
Bientôt, elle rencontra un endroit, où la
muraille s'alignait, durant une vingtaine £le
jmètres, avec un bâtiment il un' seul étage,
percé sur la rue d'une petite porte bâtarde
Devant cette (ouverture, elle fit halte et se
•pisit à siffier un air sautillant alors en vogue
dans les de la cité,
Evidemment, cela n'avait rien d'anormal..
Vingt. rniile citoyens de \Vashin gton se 1i-
vrant journellement à semblable distrac-
tion, le code de ia politesse américaine ne
considérant pas comme incorrect de siffler
en public.
Seulement, un. observateur' attentif eût re-
marqué quelques modulations'fantaisistes,
tout il fait étrangères il la mélodie exécutée
par l-originak; créature.
La porte du bâtiment tourna lentement
sur ses gonds.
Une silhouette féminine se dessina confu-
sément sur le seuil.
Margaret, appela, prudemment Rouge-
Fleur.
L'interpellée reconnut sûrement la voix*
car elle s'avança vivement.
̃•- C'est vous, noble lady. Avez-vous, enfin
besoin de Margaret ̃?
Ce soir, répondit laconiquement la visi-'
teuse, co soir même.
Ordonnez en ce cas. Vous savez avec
quelle impatience 'j'attendais' l'instant de
vous prouver mon zèle,
Ce snir, tu gagneras les cinq cents dol-
lars (2,500 francs) que tu désires pour pou-
voir épouser \Villie Wohm, fit ironiquement
la Chinoise.
Que les bénédictions du ciel soient vo-
tre récompense, généreuse lady.
Mais la jolie Rouge-Fleur interrompait la
kyrielle de formulés reconnaissants que
son interlocutrfte semblait prête à lui débi-
ter.
Prends ceci.
Uni petit paquet 'blanc passa des mains de
la jeune femme dans celle de la, servante.
Il contient la poudre grise de chloro-
forme, tu. comprends bien.
r c Oui, Du sommeil en- poudre,! lady.
'f *̃ -j (A suiOTe-)
"fefifÀ'TlN"
auxquels la France a moins
1908 qu'en 1907
en moins. Fr.
Suisse
5.930.000
17.870.000
République Argentine 38.464.000
Autres pays 59.934.000
Total en moins.Fr. 186.901.000
EXPORTATIONS
Pays auxquels la France a lus vendu en
1908 qu'en 1907
en plus
10.620.000
2.742.000
Argentine. 3.220.000
Algérie 12.784.000
46.585.000
Pays auxquels la France a moins vendu en
1908 qu'en 1907
Angleterre, en 89.015.000
2.332.000
Suisse 17.482.000
1.230.000
1.319.000
53.715.000
Brésil 3.928.000
'autres 'pays 20.170.000
Total en 221.541.000
Il résulte de ces tableaux que la balance
est à notre avantage dans nos transactkins
avec la Russie, l'Italie, la Turquie et 1 Ar-
gentine, auxquelles nous avons moins ache-
té et plus vendu en 1908 qu'en 1907. Elle
est excellente dans nos transactions avec
notre grande colonie algérienne, à laquelle
nous avons plus acheté et aussi plus vendu
en 1908 qu'en 1907. Elle est à notre détri-
ment avec les autres Etats, surtout avec
l'Angleterre, notre plus riche cliente.
Comparaison avec' 1906.
Mais* si au lieu de regarder exclusive-
ment 1907, vache grasse entre toutes, nous
nous reportons l'année. 1906, qui fut en-
core relativement prospère, nous trouvons
que 1908 vaut encore mieux pour nous que
190&. •
IMPORTATIONS EN FRANCE
Pays auxquels nous avons plus acheté en
1908 qu'en 1906
1908 1906
Russie Fr. 112.340.000 115.753.000
Angleterre 431.531.000 375.006.000
Allemagne 295.414.000 280.887.000
Belgique 208.860.000 183.212.000
Suisse 55.234.000 53.563.000
Italie 93.276.000 92.469.p00
Etats-Unis 410.445.000 303.966.000
Pays auxquels nous avons moins acheté en
1908 qu'en 1906
A 1908 190G
Espagne 71.365.000 77.346.000
Autriche-Hongrie 32.071,000 33.127.000
Turquie 43.650.000 55.162.000
Brésil 61.974.000 69.097.000
Argentine 166.500.000 181.303.000
EXPORTATIONS DE FRANCE
Vayp auxquels nous avions plus vendu en
1908 qu'en 1906
1908 1906
Russie 46.750.000 2G.870.000
Allemagne 327.724.000 320.080.000
Belgique 404.417.000 393-779.000
Suisse 163.056.000 140.364.000
Italie 134.469.000 121.208.000
Autriche-Hongrie 23.148.000 18.523.000
Turquie 28.690.000 28.015.000
Brésil 26.422.000 24.087.000
Argentine 59.725.000 54.043.000
Pays auxquels nous avions moins vendu en
1908 qu'en 1906
1908' « .1906
Angleterre 615.582.000 626.997.000
Espagne 61.244.000 70.560.000
Btats-Unis 141.512.000 194.158.000
Il résulte de ce tableau que nos exporta-
tions de 1908 sont supérieures à celles de
1906, en chiffres ronds en Russie, de 20
millions en Allemagne, de 7 millions 600
francs en Belgique, de 10 millions et demi;
en Suisse, de 13 millions en Italie, de 13
millions en Autriche-Hongrie, de 4 mil-
Irons et demi au. Brésil, de 2 millions en
Argentine, de 4 millions.
Elles n'ont été inférieures à 1906 qu'en
Angleterre, pour 11 millions en Espagne,
pour 8 millions et demi aux Etats-Unis,
pour 52 millions et demi.
Si on établit la balance générale des ex-
portations entre 1908 et 1906, on voit que
ies exportations de 1908 ont encore sur-
passé d'environ 12 millions et demi celles
de 1906 pour le premier semestre.
La principale cause
L'infériorité de nos exportations est ac-
centuée surtout pour les EtatsUnis 53 mil-
lions 715,000 francs, et pour l'Angleterre
59,015,000 francs. Or, nul n'ignore que,
pour un très grand nombre de marchandi-
ses exportées de France à destination des
Etats-Unis, l'Angleterre est un pays de tran-
sit. A la sortie, elles sont enregistrées pour
un port d'Angleterre et sont cataloguées
.dans les états de notre commerce d'outre-
Manche. En réalité, elles font partie de no-
tre commerce transatlantique. Sur les 89
millions de nos exportations en moins en
Angleterre, il faut donc en imputer un cer-
tain nombre aux Etats-Unis,
En somme, la grosse clientèle qui nous a
jnanqué et qui nous manque encore, c'est
celle des 'Etats-Unis, dont les catastrophes
financières de l'an dernier ont eu aussi leur
répercussion sur tous les marchés du
monde.
Telle est la principale cause dé la' res-
triction de nos affaires. Sans doute, il y en
a d'autres, qu'il faut chercher moins loin..
Si nos industriels étaient moins inquiets du
lendemain, si le travail se poursuivait plus
régulièrement dans nos usines, notre ex-
pansion commerciale serait Dlus active.
Mais nous ne subissons pas seuls les
maux dont nous nous plaignons;
En effet, d'après des renseignements cher-
tains qui nous parviennent, l'Angleterre su-
birait une restriction analogue, sinon égale,
à la nôtre.
En résumé, notre commerce extérieur,
après une année d'activité exceptionnelle
en 1907, est revenu aux chiffres de 1906, et
même avec une amélioration appréciable..
Il n'y a donc pas lieu de se décourager
ni de pousser des cris d'alarme. S'il y a
crise, elle est évidemment accidentelle et,
espérons-le, passagère.
JEAN d'Orsay.
Trois millions
ont été oolés
Depuis'.fort longtemps, M. Charles Pel-
liot, fabricant de produits chimiques; rue
du Roi-de-Sicile, constatait qu'on lui déro-
bait des marchandises sans qu'il pût arri-
ver à mettre la main sur le ou les voleurs.
Il y a huit jours, le fabricant passait rue
de l'Hôtel-de- Ville, quand il remarqua à la
'devanture d'un petit commerçant certains
produits qu'il est seul à fabriquer.
Il en avisa aussitôt M. Lespine, commis-
saire de police du quartier Saint-Gervais, le-
quel ouvrit une enquête, à la suite de quoi,
Jl fut établi que les produits que M. Pelliot
avaient cru reconnaître ne provenaient pas
de chez lui. Ils sortaient des magasins d'uu
autre fabricant de produits chimiques, M.
Henri Boyer, établi 6 et 12, rue Barbette.
Cet industriel avait constaté que ses pro-
duits disparaissaient dans des conditions
importantes. Des inspecteurs de la Sûreté
furent chargés de surveiller certains de ses
employés.
Après une filature des plus difficiles, ces
agents arrêtaient les nommés Joseph Ver-
dier, demeurant boulevard Beaumarchais
lierre Couderc, demeurant à Montreuil Lu-
cien Hocquel, boulevard Beaumarchais Eu-
gène Flattent, cocher, rue de Charonne
Henri Laru, domicilié à Montreuil-sous-
Bois Jean Frangis, cocher-livreur, rue
Championnet Auguste Fournier, à Nogent-
sur-Marne, et Auguste Adroit, charretier,
rue Moreau.
M. Lespine a inculpé de vol par recel le
commerçant de la rue de l'Hôtel-de-Ville,
chez lequel on avait découvert tout d'abord
le3 marchandises volées. C'est un charbon,
nier, nommé'Louis Valéry. Il a été rejoindre
tous ses complices au Dépôt.
D'autres petits commerçants sont compro-
mis dans cette affaire, qui, dit-on, porterait
sur près de trois millions de francs. Cepen-
dant, le commissaire de police les a laissés
en liberté provisoire. Mais d'autres arresta-
tions sont imminentes.
Ajoutons que, depuis quatre jours, cer-
tains commerçants, informés- des recher-
ches effectuées par le service de la Sûreté,
sont venus rapporter au commissariat de la
rue du Temple les produits chimiques vo-
lés.
MYSTÉRIEUX INCONNU
M. Montaubric, commissaire de police de
Fontainebleau; a virtuellement terminé la
rapide enquête qu'ira menée sur Constan-T
tin Guérassimof, le^jéune Russe trouvé à
moitié évanoui dans la forêt de Fontaine-
bleau. Né à Orchimia (gouvernement de
Minsk), Constantin Guérassimof habitait, il
y a quelques jours encore, Paris, 9, rue
Michel-Peters. Venu le 16 août à Fontaine-
bleau et trouvant les prix des chambres trop
'élevés, il coucha dans la forêt, venant seule-
ment à Fontainebleau pour y prendre des
provisions. Dans sa lettre, écrite à un jour-
nal socialiste, comme dans des notes trou-
vées sur lui, il proclame son innocence, sans
jamais dire l'accusation qui pèse sur lui.
Guérassimof, qui n'est point connu comme
anarchiste ou nihiliste, semble être atteint
de neurasthénie profonde.
NUIT TRAGIQUE DANS UN MOULIN
Duos, 19 août. Dépëche particulière du
« Matin ».' La nuit dernière, un individu
s'introduisit dans l'ancien moulin de Vaux-
Saules, en brisant une fenêtre de la cuisine,
et tenta d'assommer dans son lit, à coups de
bâton sur la tête, Mme veuve Falaux, octogé-
naire.
Eveillée par le bruit de la lutte, la fille de
la pauvre vieille, couchée dans une pièce voi-,
sine, accourut au secours et fut assaillie à son
tour par le bandit qui chercha à l'étrangler.
Grâce à l'obscurité, elle put échapper au mi-
sérable et s'enfuit, pieds nus dans la nuit
noire, chercher protection au village, distant
de quelques centaiftbs de mètres.' Lorsqu'on
revint, l'assassin avait pris la fuite.
L'état de Mme veuve Taloux est desespôré
elle a le crâne défoncé.
On vient d'arrêter ce soir, aux environs de
Dijon, un vagabond qui portait des taches de
sang sur ses habits. Interrogé, il a refusé de
répondre. C'est sans doute l'auteur du crime,
dont le mobile était évidemment le vol.
UNE EXPLOSION
DANS
UNE MINE
72 mineurs anglais
ont été ensevelis
LONDRES, 19 août. Dépêche particulière
du Matin n. On est à peu près fixé
maintenant sur le sort des soixante-quinze
ouvriers qui se trouvaient hier soir dans la
mine Maypole, près de Wigan, du moment
de l'explosion fatale. Le Matin d'aujour-
d'hui annonçait que trois d'entre eux avaient
été sauvés. En ce qui .concerne les soixante-
douze autres, on déclare qu'ils ont tous
péri. Vingt cadavres ont été ramenés à la
surface du puits cet après-midi.
Pendant toute la nuit dernière, des scènes
déchirantes se produisirent aux abords de
la mine. Les parents et amis des mineurs
ensevelis passèrent des longues, heures il
pleurer et à demander des nouvelles. En-
lin, vers cinq heures ce malin, les équipes
de secours arrivèrent sur les lieu: et tentè-
rent de pénétrer dans le puits. Une fumée
jaune et épaisse continuait a. sortir par in-
tervalles. Les premières personnes qui en-
trèrent dans la mine furent repoussées par
les gaz méphitiques, et plusieurs d'entre el-
les furent ramenées à la surlace sans con-
naissance. Enfin, on réussit ù trouver des
cadavres. Ceux-ci étpient méoonnaissables,
tant ils étaient mutilés. Des jambes et des
bras furent retrouvés éparpillés par la force
de l'explosion.
Par contre, d'autres mineurs, épargnés
par l'explosion, mais asphyxiés par les gaz
délétères, conservaient l'attitude qu'ils
avaient au moment de l'accident. L'un
d'eux, assis sur une pierre, la tête- dans les
mains, paraissait réfléchir profondément.
Interviewé aujourd'hui, Doran, un des
mineurs sauvés hier soir, déclara qu'il avait
été renversé par la force do l'explosion,
ainsi que ses deux camarades, Farrell et
Fairhurst. Tous trois essayèrent de se diri-
ger vers l'entrée du puits, mais toutes les
lumières s'éteignirent. Aussi, décidèrent-ils
d'attendre, abrités dans une excavation.
C'est là qu'ils furent retrouvés par une
équipe de sauveteurs. Bien que les gaz dé-
létères ne soient pas encore dissipés, on es-
père cependant retrouver presque tous les
cadavres cette nuit.
Le Congrès de ta Ligue de l'Enseignement
M. j-Dessoye, député radical de la Haute-
Marine, président de la ligue française de
l'enseignement, a reçu la lettre suivante du.
ministre des affaires étrangères
Monsieur le député, Paris, 18
Vous avez bien voulu me faire savoir que la
Ligue française de l'enseignement, placée
sous votre présidence, procède à l'organisa-
tion du second congrès international d'éduca-
tion populaire, qui doit se tenir à Paris du
1er au 4 octobre prochain.
En me signalant le haut intérêt social que
présente l'oeuvre poursuivie par cette réunion
internationale, vous m'avez exprimé le désir
que les gouvernements étrangers fussent in-
vités à s'y faire représenter par des délégués.
Je suis tout disposé à donner suite à votre
demande en vue des communications à faire
aux différentes puissances par l'intermédiaire
des agents de la République à l'étranger.
Agréez, etc.
S. PICHON.
A la date d'aujourd'hui, plus de 3,000 con-
gressistes sont déjà inscrits à ce congrès.
LES INCIDENTS
•̃: v DE
VIGNEUX
Quatre mandats d'arrêt
n'ont pas été exécutés
Duclos et Grimaud, arrêtés dans les cir-
constances rapportées par le Matin, sont ar-
rivés hier à Corbeil et ont été écroués à la'
maison d'arrêt.
Grimaud persiste dans ses dénégations.
Quant il Gaston Duclos, le maçon de Cros-
nes, convaincu d'avoir pris une part diri-
geante dans, les bagarres de la rue de Paris,
il a fini par reconnaître cette participation.
C'est vrai, a-t-il dit, j;ai excité les ma-
nifestants à opposer la force à la force. J'ai
aussi insulté les soldats. J'ai également jeté
sur les cavaliers des pierres et des tessons
de bouteille. Mais j'estime qu'en agissant
ainsi je ne faisais qu'user du droit de légi-
time défense, car j'étais persuadé que la
provocation venait du côté des troupes. Si
je me suis trompé, je le regrette aujour-
d'hui.
Duclos a ajouté qu'il s'était rendu à la
manifestation isolement, crqvant se rendre
à une manifestation toute pacifique.
Pourtant cette dernière affirmation est dé-
mentie par plusieurs témoins, qui ont dé-
claré avoir vu Duclos se rendre à Villeneu-
ve-Sain t-George à la tête d'un groupe d'au-
tres manifestants, qu'il excitait de la voix et
du geste.
Le juge a reçu également de nouvelles dé-
clarations dé Métivier. Celui-ci maintient
qu'au lieu d'inciter ses camarades à la vio-
lence, il a simplement adjuré les soldats de
garder tout leur sang-froid. Il a tenu, en ou-
tre, à affirmer qu'il n était pas anarchiste.
Aujourd'hui, M. Régismanset entendra
divers officiers, dont le colonel du 27° dra-
gons, et leur demandera de préciser cer-
tains points, restés obscurs jusqu'ici, sur la
façon dont la troupe fut attaquée par les
grévistes devant la barricade de la rue de
Paris et devant celle de la passerelle de la
gare.
Le parquet de Corbeil retournera d'ici peu
à Villeneuve-Saint-Georges, où de nombreux
témoins restent encore à entendre.
Tous les efforts de l'instruction vont por-
ter maintenant sur la recherche des origi-
nes occultes du mouvement du 30 juillet.
Tout n'a point encore été dit de ce côté, et
c'est cette partie de l'instruction, ainsi crue
nous le disait hier une personnalité bien
placée du parquet de Corbeil, qui pourrait
nous réserver des surprises inattendues.
Malgré, le bruit qu'on persiste à répandre
que douze nouveaux mandats d'arrêt au-
raient été signés par le juge d'instruction,
nous sommes en mesure de démentir cette
nouvelle de la façon la plus absolue.
Il n'y a pour l'instant que quatre mandats
d'arrêt signés, et qui n'ont pu être mis à
exécution, ceux qu'ils visent étant en fuite.
Ces mandats' portent les noms de '1\11\1. Le
Du, secrétaire du syndicat des terrassiers
de la Seine; Aulagnier, secrétaire de l'Union
des syndicats Monatte, du syndicat des
correcteurs, membre de la C.G.T., et Bré-
jand, secrétaire du syndicat des terrassiers
de Seine-et-Oise. Et c'est tout. Si d'autres
arrestations surviennent, elles ne seront dé-
cidées qu'au fur et à mesure de'la marche
de l'instruction.
C'est ainsi que furent décidées avant-aier
celles de Duclos et de Grimaud.
Les obsèques de Louvel.
Hier ont eu lieu, à Villeneuve-Saint-Geor-
ges, les obsèques, du charbonnier Paul-Eu-
Le quatre à six » d'Issy-les-Moulineaux
a été marqué hier d'un succès qu'a remporté
M. Legagneux à bord de l'aéroplane Fer-
ber-lX.- n s'agissait pour le jeune aviateur
de gagner la troisième et dernière prime
des 200 mètres, offerte par"l'Aéro-Club de
France.
Parti près de la porte de Sèvres, Lega-
gneux vola 256 mètres en 23. secondes 3/5,
distance et temps que contrôlèrent les com-
missaires de l'Aé. C. F., MM. Demanest et
Fournier, qu'assistait le capitaine Ferber.
Legagnepx ne s'arrêta que parce qu'il
craignait de faire une mauvaise rencontre
avec une bicoque placée près de la ligne
du ,chemin de fer. Quelques instants après
sa victoire, il mit le moteur en marche et,
réussissant un demi-cercle de 300 mètres,
il vint atterrir devant le. hangar.
gène Louve, tué le 30 juillet dernier au-
cours de la sanglante émeute.
La date des obsèques avait été tenue se-
érète. La cérémonie eut lieu sans incidents.
A quatre heures, devant la famille du dé-
funt, M. Blanchet, juge de paix de Boissy-
Saint-Léger, procéda la levée des scelles
du tombeau provisoire. Deux adjoints au
maire de Villeneuve-Saint-Georges, MM.
Joly et Lalègre, assistaient le magistrat.
Aucune délégation, seuls six « compa-
gnons étaient présents au transfert de la
bière -dans une concession gratuite de cinq
ans, située 'à côté de la tombe de Marchand,
autre victime des grèves de Draveil.
Aucun discours ne fut prononcé. La céré-
monie dura exactement douze minutes.
GÉMIEÏUEN^ PANNE
̃̃Bordeaux, 19 août. De notre correspon-
dant particulier (par téléphone). Mardi
soir, M. Gémier et sa troupe devaient don-
ner une représentation de Sherlock,- Holmes
au casino de Bagnères-àe-Bigorre. A huit
heures, la salle était comble, mais à neuf
heures le spectacle n'était pas encore com-
mencé et à dix heures le régisseur venait
annoncer que M. Gémier et quelques ar-
tistes qui l'accompagnaient n'étaient pas au
théâtre et qu'on allait les rembourser.
On savait que, dans l'après-midi, M. Gé-
mier et trois des principaux interprètes de
la pièce étaient partis en automobile de Cau-
terets pour se rendre à Bagnères-de-Bigorre
par Barèges et le col du Tourmalet. Depuis,
on n'avait aucune nouvelle d'eux. De suite,
on supposa un grave accident d'auto ou de
montagne. Un chauffeur de Bagnères partit
dans la nuit la rencontre de !IL Gémier,
accompagné de deux médecins. A nue heure
du matin, il arrivait au col du Tourmalet,
où il trouvait M. Gémier et ses camarades
transis par le froid, perdus dans le brouil-
lard, loin de toute habitation et de tout être
humain. Les malheureux artistes avaient
été victimes, à plus de 2,000 mètres d'alti-
tude, de la fâcheuse panne. Ils n'arrivaient à
'Bagnères qu'à trois heures du matin, mais
du moins sains et saufs. L'amusant de l'af-
faire, c'est que, dans le programme de la
soirée, on pouvait lire une petite note ainsi
conçue i Grâce à sa merveilleuse auto.
Gémier arrive toujours à l'heure. »
LES CONSEILS GENERAUX
Le conseil gépéral du Loir-et-Cher a
adopté à l'unanimité un projet de résolution
proposé par -,NI. Pierre Berger, député, et
ainsi conçu ̃
Le conseil général, douloureusement ému
par les tragiques événements de Draveil' et
confiant dans le gouvernement pour réprimer
les excès révolutionnaires de la Confédération
générale du travail, passe à l'ordre du jour.
Aucun incident hier sur les berges de la
Seine. Le service des bateaux parisiens s'ef-
fectua sans encombre des Tuileries à Sures-
nes et de l'Hôtel-de-Ville au Point-du-Jour.
Le général Picquart a adressé une lettre de
félicitations au lieutenant-colonel Redier, au
commandant Larras, au capitaine Chardenet
et à M. Chardon, sous-chef au ministère de
l'intérieur, qui avaient été étudier sur place
la question, du recrutement indigène en Algé-
rie.
Sont convoqués pour le 6 septembre 1908,
l'effet d'élire un conseiller général, les élec-
teurs des' cantons de Saint-Gervais-d'Auver-
gne (Puy-de-Dôme), Clermont-Sud-Ouest (Puy-
de-Dôme), Veyne-Mouton (Puy-de-Dôme),
Bourguébus (Calvados).
Suivant des nouvelles publiées par diffé-
rents journaux, le capitaine Fabiani aùraif
été cerné par -Une rtribu,' 'a'ntîirbpbpftage; du'
Gabon, près de la frontière duCamerôuni Au
ministère des colonies, on dément cette in-
formation.
Le congrès international pour l'éducation
morale et sociale se tiendra, à l'Université de
Londres, du 25 au 29 septembre prochain.
.Parmi les. rapports qui lui ont été adressés,
on relève notamment, pour la France, ceux
des professeurs Buisson, Bputroux et-
Les officiers français de la commission de
délimitation du Niger-Tcllad ont passé à La-
gos, de retour de leur mission, allant au Da-
homey, d'où ils retourneront en France.
A TRAVERS DÉPARTEMENTS
AJACCIÔ. Rien n'est prouvé au sujet des
dégradations constatées au séminaire, où
étaient casernes des réservistes, et qu'on
avait attribuées à ces derniers. En tout cas,
il y a lieu de démentir nettement les racon-
tars de soi-disant mutinerie qu'on a trop fa-
cilement accueillis. (Dép. part.)
ARRAS. Le charpentier Dhalleine, de
1 Rîmboval, a été pris en écharpe par une auto
rJancée à une allure. folle. Pris dans le capot
de la voiture, il fut rejeté, grièvement blessé,
sur la chaussée, à 80 mètres de là par les
chauffeurs, qui reprirent leur course, sans
être reconnus. (Dép. part.)
BORDEAUX. L'automobile de Mme de
Lombard, de Paris, sur laquelle se trouvaient
quatre personnes venant de Biarritz et se di-
rigeant vers Bordeaux, a rencontré. après
avoir traversé le bourg de Grignols, un. véhi-
cule attelé d'un chien. Un nommé Laborde,
soixante-cinq ans, se faisait traîner par la
malheureuse bète qu'il conduisait à l'aide
d'un bâton. Il ne put assez rapidement se ga-
rer de l'auto qui vint tamponner son attelage.
On releva le vieillard sans connaissance une
heure après il expirait. (Tél.)
a
TRIBU AUX
La volonté d'un, défunt et l^loi.
Sur le point de mourir, M. Victor Lejour,
boulanger au Pré-Sain t-Gervais, manifesta
le désir de faire un testament en faveur de
sa femme, qui l'avait toujours vaillamment
aidé dans son commerce. Pour dresser cet
âge, le boulanger fit venir deux ¡voisins.,
Puis il dicta à sa femme un testament dans
lequel il l'instituait sa légataire universelle..
Le testament écrit, Mme Lejour signa d'un
main tremblante. Et les deux témoins ap-
posèrent solennellement leur paraphe.
Ceci fait, M. Victor Lejour envisagea la
mort avec moins d'inquiétude les 12,000
francs qu'il possédait mettraient quelque
peu Mme Lejour à l'abri du besoin
Hélas 'le-moribond avait compté sans la
formalisme étroit auquel est astreint tout
testateur. M. Lejour apprenait bientôt, en
effet, que son testament était .radicalement
nul. Le malheureux ordonna donc qu'on al<
làt en hâte chercher un notaire à Pantin.
Cet officier public était absent. Mais le pre-
mier clerc de l'étude, pour la forme en quel-
que sorte, car il ne ouvait recevoir un tes-
tament,, s'empressa de se rendre chez le bou-
langer, dont l'agonie commençait.
M. Victor Lejour mourut sans avoir pu
contrairement à sa volonté formelle, fairâ
de testament en-faveur de sa femme.
Après le décès; Mme Lejour présenta au
greffier du juge de paix, qui avait procéda
à l'apposition des scellés, un testament que,
disait-elle, elle avait trouvé dans le tiroir'
d'une table à jouer. Ce testament, entière-
ment écrit et signé par son mari, l'instituait
légataire universelle.
Ce testament .•̃n'était-il, pas un faux ? Les
héritiers naturels le crurent. Et ils intentè-
rent, devant le tribunal civil,1 une'action en
nullité, qui fut couronnée d'un plein suc-
ces. Sur le rapport de trois experts en écrw
ture, déclarant que l'écriture. du testament
n'était pas celle de M. Lejour, l'acte fut dé-«
claré nul.
Les héritiers naturels de M. Lejour dépo-<
seront ensuite une double plainte contre
Mme veuve.Lejour, une plainte- en détourne-
ment et une plainte en faux en écritures.
C'est -uniquement pour faux en écritures
et usage de faux que Mme Lejour était pour-
suivie hier, devant la cour d'assises de la
Seine, présidée par M. Puget. '̃ i
L'accùsée est. une femme de cinquante-
.huit ans, à physionomie pleine de tristesse.
D'une voix basse, elle déclare n'être pas
l'auteur du testament argué de faux,
Un expert en écritures est ensuite enten-
du, qui conclut, non sans réserve, à la cul-
ipabittlé dé. Mme i Lejour.1; •̃̃̃•
Sur un réquisitoire bénin dé M; l'avocat
général Maxwell et une plaidoirie chaleu-
reuse de Me de Coëne, le jury rend'un ver-
dict négatif de non-culpabilité.
Mme Lejour eslt en conséquence, acquit*
tëè..̃:̃̃̃̃>̃
Les héritiers naturels de M. Lejour, in-
tervenant comme parties civiles, sont con-
damnés aux frais du procès.. a
Nouvelles judiciaires
Le 15 juillet dernier, à la devanture d'un
retaurant corporatif du 30 de la rue Guersant,
s'étalait un drapeau tricolore maculé, sur la
bande blanche duquel étaient inscrits ces
mots « Horreur de la patrie, Raon-1'Etape,
Niirbonne, Draveil, etc. î> Sur la bandé bleue
était représenté le général d'Ainade, en, cos-
tume de boucher, tenant. à la main un cou-
teau et excitant ses soldats au « massacre m
des Marocains.
Informé *&e cette honteuse exhibition, M.
Kien, commissaire de police du quartier des
Ternes, 'se présenta dans le restaurant corpo-
ratif et fit enlever le drapeau.
que le drapeau était remis en place. M. Kien
-v£iïiiib 'ad' 30 deia: rue. Guersant pour s'en em-
Une bagarré se, produisit, au cours de la-
quelle. le commissaire fut frappé à coups de
pied et à coups de poing par des consomma-
teurs.
Deux de ces consommateurs, MM. Jacquaud
et Giàrd étaient cités, hier, devant la neu-
vième chambre correctionnelle; sous l'incul-
pation de coups et d'outrages à un magistrat!
dans l'exercice de ses fonctions. Les deux pré«
venus ne se sont pas présentés.
Aussi est-ce par défaut qu'ils ont été con.
damnés, savoir M. Jacquaud :à trois ans de
prison et M. Giard à deux ans de la méme
peine.
A Ste-Adresse.
Les lecteurs sont engagées à-visiter le non-
veau pays créé par M. Dl'ayel, à Sainte-
Adresse (Le Havre), habitable pendant toute
l'année, avec plage, boulevards, avenues,
rues, eau excellente, tout à 1'égout', gaz, 'élec-
tricité, téléphone, tramways électriques,
quartier commercial, restaurants, -cercle de
famille (palais destiné- au yachting) ou ses
donnent de très belles fêtes pendant huit
mois de l'année, en un mot, toutes les com-
modités de' la ville réunies aux agrémentes
de la campagne et de la mer. Ils y trouve-
ront toutes construites, meublées ou non,
de jolies villas normandes, bretonnes, an-
glaises, suisses, hollandaises, etc., avec écu.
ries, remises ou garages d'autos,. ou, s'ils
préfèrent construire, des terrains admira-
blemépt situés. Monsieur Dufayel, qui a
déjà dépensé plusieurs millions dans çé joli
site, continue son" œuvre pour. eü faire un
des plus beaux pays et une des plus belles
pilages de la Normandie. Inutile, 'd'ajouter
que les acquéreurs des terrains ou -villas
profiteront d'ici très peu, de temps d'une
̃plus-value considérable sur leurs achats.
FEUILLETON DU « MATIN »
nu 20 AOUT 1908
Itfl FI0GÉE
Grapd Roxpan Ipédit
D'IVOI
La Capitale fédérale des Eiats-Uni3
MES SOUVENIRS DE LHJWH
(suite)
Va toujours
.Cette femme me gardait durant la jour-
née, car Allait ne paraissait pas. J'ai com-
pris depuis qu'il donnait des leçons d'es-
crime et de boxe dans un gymnase, afin de
gagner notre vie.
-r- Ah 1
Le soir, il rentrait. Je zwendormàis en
le voyant assis, sous la lampe, avec des li-
vres, des cahiers. Parfois, à mon réveil, il
m'apparaissait dans la même position. Il
travaillant, il voulait s'instruire, il passait
des examens.
Des examens?-.
Oui, Grâce.
Mais sais-tu que tout cela est tout à
fait estimable.
Ces mots amenèrent un sourire sur les
traits de Lilian.
< Oh 1 Allan n'est point un homme ordi-
Pabllshed 2oth augnst 1908. prtvitege ot copyright
v~1 the United 1*)\ tir Psni rt'Trni.
naire, va. mais attends, j'arrive à la chose
terrible. un soir, il rentra à la maison. Il
semblait bouleversé, ses vêtements en dé-
sordre, et le bras enveloppé de bandages
sanglants.
Oh que me dis-tu la ?
La vérité. Il vint à mo}, toute interdite
de le voir en cet état il me regarda fixe-
ment, les yeux dans les yeux. Et moi, je-
santais un trouble délicieux m'envahir il
me semblait que je tombais doucement dans
un sommeil invincible. Mais brusquement
il détourna son regard de moi. Je l'entendis
murmurer « Non, pas 'elle, pas elle il ne
faut pas que sa volonté s'accoutume à être
l'esclave de la mienne. »
Oh s'exclama Grâce, cela est tout à
fait impressionnant. Et tu ne rêvais- pas.
Lilian affirma avec énergie
Non, cela est resté gravé dans mon es-
prit. Je restais plongée dans une sorte
d'engourdissement et je voyais, j'entendais
ce qui se passait autour de moi. Jud appela
mistress Ramirath.
La veuve accourut aussitôt avec son em-
pressement habituel.
Et Jud fixe son regard sur elle et elle s'ea-
dort presque aussitôt.
Singulier sommeil, où elle parle, où elle
répond aux questions que lui. adresse Al-
lan.
Les gestes seuls sont bien restés en ma
mémoire. Les mots se sont effacés, sauf
quelques-uns. Peut-être étais-je trop jeune
pour les comprendre Gildow. mort. le
crâne. la police 1
Que signifiait cela ? Mystère. Je m'an-
dormis..
Cincinnati. Le chemin de fer nous emportait
à travers un pays inconnu.
Jud Allan cachait mal son inquiétude. car
je la devinais.
Aux statio s, il observait les voyageurs
montant et scandant du train avec une
sorte d'angoisse.
Mais rien ne sembla donner raison à ses
appréhensions inavouées. Sans encombre,
nous arrivâmes dans une grande ville, où
la température était beaucoup plus élevée
qu'à Cincinnati. Je voyais des palmiers dans
les jardins, des arbres que je ne connaissais
pas,, et qui, cependant, ne .m'étaient pas
étrangers.
Peut-être en avais-je vu durant te pre-
mf*rft p^rîort»» fin ma vie.
Jud me mit en pension, en dehors de la
ville, au bord d'une rivière. J'appris, au
bout de quelque temps, que ce cours d'eau
était un des nombreux bras dé l'immense
delta du Mississipi, et que je me trouvais
dans la banlieue de la Nouvelle-Orléans.
Je ne voyais plus Jud que le dimanche
parfois même, quinze jours se passaient
sans qu'il parût.
Trois ans s'écoulèrent ainsi.
Trois ans, soupira Grâce Pauvre
chère, combien cela dut te sembler long.
Non. Je travaillais beaucoup, parce
que lorsque j'avais de bonnes notes, Jud se
montrait heureux. Son visage, toujours
soucieux, s'éclairait, et il me disait Tra-
vaille. travaille, petite sœur. Je veux que
ma sœur soit toujours supérieure la si-
tuation, quelle qu'elle soit, que l'avenir lui
tient en réserve.
Peu à peu, l'aventure de Cincinnati s'effa-
çait de mon souvenir, quand brusquement
un nouvel incident jeta dans mon cerveau
le germe des réflexions dont je te présente
les résultats.
Un nouvel incident. Presse-toi, nous
serions arrivées à la pension avant que tu
Voici donc, ma douce curieuse. Nous
étions à la veille de Christmas (Noël) j'at-
tendais Jud avec impatience, car il m'avait
promis de me prendre avec lui pendant les
vacances.
Le voici enfin.
Il m'emmène avec mon petit bagage d'é-
colière.
'La maltresse de pension m'embrasse avec
effusion elle-a une larme qui tremblotte
au fond de sa paupière, mais elle ne dit
rien qui puisse m'expliquer cette émotion.
Une voiture nous attend dehors.
On part seulement, c'est bizarre, nous
ne nous dirigeons pas vers la Nouvelle-Or-
léans. Je connais bien le chemin et je m'é-
tonne.
Jud me répond avec embarras que des
raisons impérieuses l'obligent à se rendre.
ayee moi, bien loin de la Nouvelle-Or-
léans.
Alors, dis-je, je ne retournerai plus à
la pension ?
Non, on t'attend dans une autre, petite
Et puis il ajoute
Dans la région que noua habiterons
même entre proches parents. Prenez, dès
ce moment, l'habitude de me dire vous.
Oh s'écria Grace, je comprends, il
sayait n'être pas ton frère, lui. Et il se sar-
vait de ce prétexte pour substituer au tu-
toiement la forme de conversation la plus
convenable.
Sur lé moment, je ne me rendis pas
compte de cela, continua Lilian. Après tout.
je n'avais guère que onze ans. L'idée de
'Jud me parut amusante, et j'en fis un jeu.
Les enfants, d'ailleurs, adorent les dé-
placements, qui satisfont l^ur désir de nou-
veauté.
Nous atteignîmes une gare. Nous montâ-
mes dans un train.
Toute la nuit nous roulâmes en chemin
de fer. A plusieurs reprises, nous changeâ-
mes de convois à des stations de bifurca-
tions, sans doute.
Et puis, non, ce n'était pas cela. D.epuis
je crois avoir deviné la véritable cause de
ces transbordements, que l'étude de la cartp
ne justifie pas.
Jud Allan avait peur d'un danger pour
moi. II agissait comme l'être poursuivi, tra-
qué, qui cherche à croiser ses trace?
C'est en Floride que ce voyage bizarre
prit fin.
En Floride ?
Oui, ma bonne Grâce,1 en Floride. J'y
devrais rester jusque vers ma dix-septième
armée.
Moment où tu entras chez miss Def-
fling ?
Précisément
• Vous avez encore dû quitter la Flo-
rida par suite du danger que, comme toi, je
deviue sans le connaître.
Liiian sourit il son interlocutrice.
Non, je ne pense pas je vécus de onze
à dix-sept ans dans une ravissante hacienda,
transformée en maison d'éducation.J'aurais
été heureuse, si j'avais vu Jud plus sou-
vent mais il ne venait qu'à de rares inter-
N'importe, présent ou absent, il était tou-
jours la, dans mon esprit et dans mon cœur.
Je travaillais pour lui, pour lui seul.
Pour lui, j'appris tout avec acharnement,
littérature, mathématiques, musique, aqua-
relle, et, aussi, des choses .qui sont moins
recherchées pour les demoiselles. Je devins
une éQuy ère. consommée. Je tirai à la cara-
bine. .̃
res leçons, la directrice me ferma la bou-
che par ces mots
̃ Tel est le désir de votre frère
Jud voulait cela, donc cela était bien, donc
cela devait me plaire.
Je n'avais lilus rien à apprendre dp. me*
professeurs. Sans doute Jnd Allan attendait
ce moment, car il arriva brusquement.
Durant deux jours, il résida à l'hacienda,
m'entraînant en dé longues courses où il me
mit a même de prouver mes connaissances
morales et physiques.
L'examen le satisfit -probablement, car,
après la seconde journée, il me dit
Demain, nous partirons ensemble.
Oh in'écriai-je, je vais donc vivre près
de vous.
Non, Lilian. Mais vous entrerez aans
votre dernière pension. Ne. me questionnez
pas. Dites-vous que je veux votre bonheur
de toute mon àme, et accordez-moi encore
le crédit d'un peu de patienéé.
Une huitaine plus tard, j'étais élève de
miss Defflins».
Au moment où la jeune fille prononçait
ces paroles, la voiture s'arrêta.
La clarté d'un globe électrique permit aux
voyageuses de constater qu'elles se trou-
vai,ent devant le portail de l'institution.
Elles sautèrent â 'terre, réglèrent le co-
cher, et battirent du marteau la lourde porte
quvs'ouvrit pour leur livrer passage.
Miss Deffling les attendait sur le seuil du
bâtiment principal.
.le m'inquiétais,- chères- enfants, fit-elle
de sa voix doucereuse. Courez vite au ré-
fectoire et soupez.
Les jeunes filles se regardèrent.
Souper, cela allait encore retarder >n lec-
ture des feuillets, dont le contenu leur don-
nerait peut-être le mot de l'énigme.
Mais il était impossible de résister.
Elles se soumirent donc et gagnèrent le
.réfectoire, en se promettant de se réunir
aussitôt après le repas dans la chambra
Lilian.
A la même heure, une jeune ferrin»?. en
qui ses amis eussent reconnu la Chio-j.,se
Rouge-Fleur, descendait d'un cab, cin-
quante mètres de la pension Deffling.
Elle suivit le trottoir, passa sans s'arrêter
devant le portail, puis, continuant sa mar-
che, elle tourna l'angle du mur dont le jar-.
Elle se 'rroûvâil 'à présent _4ans nw ru-lllef
pio-
Mais .elle .se. dirigeait avec certitude, ainsi
qu'une personne à qui les attres sont très fa-
miliers.
Bientôt, elle rencontra un endroit, où la
muraille s'alignait, durant une vingtaine £le
jmètres, avec un bâtiment il un' seul étage,
percé sur la rue d'une petite porte bâtarde
Devant cette (ouverture, elle fit halte et se
•pisit à siffier un air sautillant alors en vogue
dans les de la cité,
Evidemment, cela n'avait rien d'anormal..
Vingt. rniile citoyens de \Vashin gton se 1i-
vrant journellement à semblable distrac-
tion, le code de ia politesse américaine ne
considérant pas comme incorrect de siffler
en public.
Seulement, un. observateur' attentif eût re-
marqué quelques modulations'fantaisistes,
tout il fait étrangères il la mélodie exécutée
par l-originak; créature.
La porte du bâtiment tourna lentement
sur ses gonds.
Une silhouette féminine se dessina confu-
sément sur le seuil.
Margaret, appela, prudemment Rouge-
Fleur.
L'interpellée reconnut sûrement la voix*
car elle s'avança vivement.
̃•- C'est vous, noble lady. Avez-vous, enfin
besoin de Margaret ̃?
Ce soir, répondit laconiquement la visi-'
teuse, co soir même.
Ordonnez en ce cas. Vous savez avec
quelle impatience 'j'attendais' l'instant de
vous prouver mon zèle,
Ce snir, tu gagneras les cinq cents dol-
lars (2,500 francs) que tu désires pour pou-
voir épouser \Villie Wohm, fit ironiquement
la Chinoise.
Que les bénédictions du ciel soient vo-
tre récompense, généreuse lady.
Mais la jolie Rouge-Fleur interrompait la
kyrielle de formulés reconnaissants que
son interlocutrfte semblait prête à lui débi-
ter.
Prends ceci.
Uni petit paquet 'blanc passa des mains de
la jeune femme dans celle de la, servante.
Il contient la poudre grise de chloro-
forme, tu. comprends bien.
r c Oui, Du sommeil en- poudre,! lady.
'f *̃ -j (A suiOTe-)
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.52%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.52%.
- Collections numériques similaires Besançon Georges Besançon Georges /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Besançon Georges" or dc.contributor adj "Besançon Georges")Correspondance et papiers de Félix et Paul Nadar. I -- CORRESPONDANCE. V-XXI Lettres adressées à Félix Nadar. VIII-XIX Lettres de divers correspondants classés par ordre alphabétique :. VIII Agutte-Bouyer. /ark:/12148/btv1b53273171p.highres Correspondance et papiers de Félix et Paul Nadar. I -- CORRESPONDANCE. V-XXI Lettres adressées à Félix Nadar. VIII-XIX Lettres de divers correspondants classés par ordre alphabétique :. VIII Agutte-Bouyer. /ark:/12148/btv1b10084480b.highres
- Auteurs similaires Besançon Georges Besançon Georges /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Besançon Georges" or dc.contributor adj "Besançon Georges")Correspondance et papiers de Félix et Paul Nadar. I -- CORRESPONDANCE. V-XXI Lettres adressées à Félix Nadar. VIII-XIX Lettres de divers correspondants classés par ordre alphabétique :. VIII Agutte-Bouyer. /ark:/12148/btv1b53273171p.highres Correspondance et papiers de Félix et Paul Nadar. I -- CORRESPONDANCE. V-XXI Lettres adressées à Félix Nadar. VIII-XIX Lettres de divers correspondants classés par ordre alphabétique :. VIII Agutte-Bouyer. /ark:/12148/btv1b10084480b.highres
-
-
Page
chiffre de pagination vue 2/6
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k568794f/f2.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k568794f/f2.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k568794f/f2.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k568794f/f2.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k568794f
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k568794f
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k568794f/f2.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest