Titre : Le Matin : derniers télégrammes de la nuit
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1906-04-22
Contributeur : Edwards, Alfred (1856-1914). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328123058
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 22 avril 1906 22 avril 1906
Description : 1906/04/22 (Numéro 8092). 1906/04/22 (Numéro 8092).
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/04/2008
LE MATIN
,-«*06r S
ï«a rue fatale. Le aéplorable accident
arrivé jeudi dernier à M. Curie a attiré l'at-
tention du public sur la rue Dauphine- Or,
hier matin, un nouvel accident s'est produit
idans cette rue. La nouvelle victime est un
ouvrier charpentier M. Augustin Arboin,
âgé de trente ans, demeurant 9, rue Saint-
Séverin.
Monté sur une bicyclette pour se rendre
K son travail, M. Arboin passait rue Dau-
phine, quand, arrivé près du quai Conh; à
l'endroit, même où fut écrasé M. Curie, il fut
serré contre le trottoir par une voiture, ren-
*versé et grièvement blessé par le véhicule.
M. Rebondin a dû faire transporter M. Ar-
boin à l'hôpital de. la Charité, où l'état de la
{victime a été jugé très grave.
Ce nouvel accident et Dieu sait s'il s'en
passe de nombreux à cet endroit dans le cou-
rant d'une année va-t-il enfin décider l'ad-
ministration à faire pratiquer le dégagement
:de la rue Dauphine, dégagement prévu de-
puis de nombreuses années et qui, s'il avait
été exécuté, comme le réclament les habi-
tants du quartier, eut peut-être empêché de-
puis le temps tous les accidents qui s'y sont
produits.
Avec l'augmentation de la circulation né-
cessitée par les travaux de la place Saint-
Michel, qui obstruent le pont du même nom,
et forcent les voitures à passer par le pont
Neuf, et partant par la rue Dauphine; l'élar-
gissement de celle-ci se fait de plus en plus
nécessaire, et il est à souhaiter qu'on le réa-
lise le plus vite possible, si l'on veut éviter
!de nouveaux accidents.
Discussion, injures, coups. Dans un. bar
ae l'avenue de Clichy; plusieurs ouvriers de-
visaient entre eux hier au soir, sur les inci-
idents des grèves et les questions politiques.
Chacun, naturellement, donnait son avis.
Et, comme de juste, chacun tenait son opi-
nion pour seule valable. Il est aisé d'imagi-
ïier le boucan de cette réunion contradic-
toire. 1
Deux memires de cette tumultueuse assis-
tance, Julien Didier, plombier, demeurant
avenue de Saint-Ouen, et Eugène Palliant,
garçon charbonnier, habitant rue, Cardinet,
se faisaient particulièrement remarquer par
la violence de leur langage.
Le diapason s'éleva bientôt à un tel degré
S'acuité, que l'ordre leur fut intimé de quit-
ter la salle, et d'aller poursuivre au dehors
ieur discussion: Didier et Palliant durent
s'exécuter.
A peine étaient-ils sur l'avenue, que les
propos injurieux reprirent de plus belle.
Va donc espéce d' Il anarcho de car-
Ion, glapit Palliant en lançant à Didier un
regard de défi.
Ah malheur, si c'est pas un vrai dé-
goût que d'être insulté par une pareille poule
mouillée, riposta Didier, en se campant, prêt
la riposte.
Ce fut au milieu d'invectives de ce genre,
que les deux champions entrèrent en lutte.
Celle-ci fut de courte durée. Palliant, frappé
de trois coups de couteau à la poitrine, roula
sur la chaussée, ensanglanté.
On le transporta immédiatement à l'hôpi-
tal Beaujon, tandis que le meurtrier était
Conduit au Dépôt.
Illusion perdue. Mme Rosé Janiot est
une vieille dame que le sans-gêne des
mœurs modernes afflige profondément. Elle
se cesse de gémir sur le peu d'égards que
les jeunes générations marquent journelle-
ment envers'les personnes de son âge et de
son sexe. Et ellé regrette .abondamment la
politesse et l'urbanité des générations d'au-
C'est pourquoi cette bonne demoiselle fut
agréablement surprise, hier après-midi,
par les prévenances d'un jeune homme ren-
contré par elle boulevard de la Chapelle.
Mlle Janiot se lamentait parce que l'af-
fluehee- des voitures lui rendait périlleuse
la traversée de la chaussée» L'obligeant
jeune homme comprit son embarras. Il lui
offrit galamment le bras et prit soin de gui-
der sa marche au travers des multiples
obstacles, cependant qu'il lui tenait des
propos agréables.
Mlle Janiot, déposée saine et sauve sur
fautre bord, remercia son guide avec effu-
sion, et, se félicitant de l'heureuse rencon-
tre de ce vrai chevalier français, s'en fut
à ses affaires. Sa désillusion fut amère,
quelques instants plus tard, quand elle
constata l'absence de son porte-monnaie, le-
quel renfermait une somme de 375 francs.
Cette perte est notable, certes. Mais com-
bien plus douloureuse celle de l'illusion que
la vieille dame avait un instant caressée
Le revolver du camelot. Dans la nuit
Qu 22 au 23 février dernier, le camelot Al-
phonse Davin et cinq de ses camarades
étaient attablas dans un café de la place Pi-
galle. La petite bande faisait dans l'éta-
blissement un tapage infernal, cherchant
querelle aux autres consommateurs fina-
lement, les bruyants buveurs émirent la
prétention de partir sans payer. C'est alors
que le cafetier, M. Thibault, intervint. Mal
lui en prit, car Dàvin, s'armant d'un revolj
ver, fit feu sur lui. Le projectile traversa le
,bras de M. Thibault, lui causant une bles-
sure d'autant plus grave que la gangrène
.s'y mit. Pendant quelques jours, on craignit
rune issue fatale. ♦
Alphonse Davin fut mis la disposition
de M. Bourdeaux, juge d'instruction. Ce
magistrat vient de le renvoyer devant les
assises, sous l'inculpation de tentative de
meurtre. Me Gentilly le défendra devant le
jury.
PETITS PAITS-DIVERS
Boulevard de Courcelles, hier, à huit heu-
tes du soir, un tramway La Villette-Trocadéro
heurta le fiacre 8665, conduit par le cocher
Balthazar Loos. 17, rue Letellier. Précipité sur
le sol, ce cocher fut grièvement contusionné à
4a tête et au côté droit. Trois voyageurs, dans
sa. voiture, furent légèrement blessés.
Emile Estevin, vingt-neuf ans, demeurant
FEUILLETON DU « MATIN »
DU 22 AVRIL 1906
LeBâtard
de Napoléon III
inédit par X*
DEUXIÈME PARTIE
LE SECRET DE .'AVENTURIÈRE
or jfïiENARD, RENARD ET DEMI
"M6 le regard perdu dans le va-
gue, songeait à cette affaire extraordinaire
qui lui était tombée du ciel pour ainsi dire
ijàidans laquelle il entrevoyait pour lui une
3SCasion de' brillante fortune.'
Son esprit envisageait toutes les phases
'de la conversation qu'il venait d'avoir, en ti-
rait des conséquences, en supputait les ré-
sultats.
Joyeusement, il se frottait les mains de
Satisfaction.
Un clerc parut, interrompant sa rêverie.
Un pli du tribunal, annonça-t-il, en dé-
posànt sur le bureau un large pli cacheté, à
J'angle duquel apparaissaient ces mots im-
primés
ffUIBtWJjL, DE PREMIÈRE INSTANCE DE LA SEINE
PARQUET
Cabinet du procureur de la République.
L'huissier regarda distraitement le pli. Il
en recevait journellement.
^BteptodQction Interdite.
cen.' garni 72, rue du -Vert-Rois, a été frappé
d'un coup de couteau au bras par des jeunes
gens avec lesquels il avait festoyé la nuit der-
nière, dans un- établissement de Montrouge.
Il a avoué avoir dérobé à son patron, glacier
dans le quartier du Palais-Royal, la sommo
de 45 francs qui lui fut à son tour enlevée en
partie par ses amis de rencontre.
Le débris anatomique présumé être un
pied humain, trouvé il y a trois jours rue de
Parme, ainsi que nous l'avons relaté, était
tout simplement Une patte d'ours conservée
dans l'alcool. C'est une ménagère du quartier
qui :s'en était débarrassée en la jetant aux
ordures.
L'hôtel de M. Perrot, 39, rue Erlanger, a
été dévalisé hier par des cambrioleurs qui,
après,avoir fait de grands dégâts, ont emporté
pour 5,000 francs d'objets d'art et de bibelots.
Une enquête est ouverte.
Un cheval de fiacre s'est emballé hier rue
Lauriston. Le cocher Joseph Lalle, tomba de
son siège et se blessa aux mains et aux ge-
noux. L'animal affolé est venu se tuer contre
un réverbère, rue de Presbourg.
Pour l'amour d'une jeune blanchisseuse
de leur quartier, deux jeunes gens de dix-
huit ans, Albert Goste, typographe, et Charles
Fleury, serrurier, domiciliés boulevard Bes-
sières, se sont battus hier soir, au couteau, rue
Balagny. Blessé dans le dos, Fleury est à l'hô-
pital Beaujon, et l'on recherche son adver-
saire.
Un groupe de jeunes gens causaient un
tel scandale, la nuit dernière, rue de Belle-
ville, que deux agents leur intimèrent l'ordre
de cesser. L'un des perturbateurs, furieux, sor-
tit son revolver, fit feu sur les agents, et prit
la fuite. Ses compagnons, arrêtés, furent con-
duits au commissariat de M. Boussard. Ce
sont les nommés Auguste Maujant, matelot à
bord du Charles-Martel Achille Langlois,
Post, et la- fille Edmée Le Goff. Ils ont été
remis en liberté dans le courant de la soirée.
Jean Périer, âgé de cinquante-cinq ans,
demeurant passage de Ménïlmontant, a été
trouvé dans sa Chambre en piteux état. Il por-
tait sur le corps des blessures nombreuses, et
avait une fracture à la jambe gauche. On le
conduisit à l'hôpital Saint-Louis. Aux ques-
tions qui lui furent adressées, il opposa un
mutisme' obstiné. Le commissaire de police a
ouvert une enquête. »
Le service de la Sûreté a mis, hier, en
état d'arrestation, rue Moret, le déserteur Cal-
sat de Petite, du d'infanterie. Il a été re-
mis à l'autorité militaire. D'autre part, on a
arrêté Claudius Métrai, originaire de Genève.
menuisier, qui, depuis le 15 août 1905, avait
déserté son régiment, en garnison à Annecy,
Les Obsèques de M. Curie
Les obsèques du savant ont été célébrées
hier, dans la plus stricte intimité Le
corps a été déposé à Sceaux, dans
un caveau de famille.
Selon le désir souvent exprimé par M.
Curie et qui fut religieusement ràspecté, les
obsèques du savant ont eu lieu hier après-
midi dans l'intimité la plus stricte. Aucune
lettre de faire-part n'avait été envoyée.
Quelques amis personnels du défunt et
ses élèves étaient seuls prévenus.
C'est a trois heures qu'ils commencèrent
à se réunir à la maison mortuaire. Mais
chacun respecta la douleur morne de Mme
Curie. Seuls, MM. Appell, doyen de la
Faculté des sciences Cheneveau et De-
bierne, préparateurs du savant, présentè-
rent leurs condoléances à la veuve.
Le cercueil, recouvert d'un drap noir,
simplement, se, trouve dans la salle man-
ger. Silencieuse, Mfhc Curie est assise près
de la bière.
Dans l'antichambre, un registre se couvre
de signatures.
M. Briand, ministre de l'instruction pu-
blique, arrive à trois heures et demie.
Le cercueil 'est déposé dans un fourgon
des pompes funèbres. Six voitures de deuil
forment le convoi, qui se dirige vers Sceaux,
où l'inhumation a lieu dans un caveau de
famille.
Le coupé ministériel de M. Briand suit.
Il accompagne le corps jusqu'à sa dernière
demeure.
Une simple gerbe de fleurs déposée par
les éléves de M. Curie se fane sur le cer-
cueil.
Au cimetière, les assistants ont défilé de-
vant Mme Curie, à qui le ministre a adressé
quelques paroles émus.
Une pension pour Mme Curie.
Le conseil des ministres, qui s'est tenu
hier il l'Elysée, a chargé M. Briand, minis-
tre de l'instruction publique, de demander
aux Chambres, dès la reprise des travaux
parlementaires, le vote d'une pension pour
MnufCurfe et ses enfants.
Le Numéro des
Lectures Modernes
ILLUSTRÉES
EST EN VENTE PARTOUT
24 Pages inédites
par MM.
Emile FABUETd» l'Académie Français
André THEURIET de l'Académi» Français»
Edmond HARAUCûurt
Marcel PRÉVOST– VIOER, ancien Ministre
BERR de TURIQUE Abel HERMANT
Romain COOLUS Albert GUILLAUME
Paul VIDAL HOZIERE
Th. BOTREL -Auguste GERMAIN
DE CHAMBRE, etc., etc.
15 Centimes
DANS les URES et CHEZ les MARCHANDS de JOURNAUX
«BONNEMENT: Un Ah e'J.KVBTT.Éditeurfi, r. du Uuvre.Parlf
Mais le clerc se tenait toujours debout de-
vant lui, dans l'attitude d'un homme qui at-
tend.
Qu'est-ce donc ?
C'est, reprit le clerc, que le garde de-
mande que vous signiez le reçu de ce pli.
Un reçu de ce pli. ? Et pourquoi donc ?
Alors, il aperçut à l'angle de l'enveloppe
une inscription qu'il n'avait point vue tout
d'abord URGENT.
Me Baillet fit une légère moue et ou-
vrit le pli.
Au fur et à mesure de sa lecture, sa phy-
sionomie revêtait un caractère d'étonne-
ment..
C'est bizarre, dit-il tout haut, je suis
convoqué au parquet, et le signataire de
cette convocation, M.le substitut. de. de.
Gar. Ah de Garch|js se contente sim-
plement de mettre « A VeUel de donner des
renseignements projessionnels Eh mais,
c'est sur l'heure encore Je comprends l'u-
tilité du reçu.
Et il signa la feuille de papier que lui ten-
dait son clerc.
Remettez-le au garde, bien que je doive
arriver probablement au Palais avant lui.
Mais la fo-or.me avant tout.
Hâtivement, l'huissier mit son chapeau
Cet avis est surprenant, se dit-il, et
c'est bien le premier que je reçois de telle
sorte « A reflet de donner des renseigne-
ments professionnels Sur qui Sur
quoi ?.
En route, Me Baillet se creusa inuti-
lement la cervelle, se remémorant toutes les
affaires qui lui étaient passées par les mains
depuis quelque temps.
Il ne peut être question encore de mon
Anglaise, se disait-il, puisque aucune me-
sure conservatoire n'a suivi ma présentation
du reçu. Pourtant, si c'était de cela qu'on
voulût me parler ?. Heureusement que je
suis sur mes gardes. Ce substitut, en ce
cas, ne me prendrait pas sans. vert.
Arrivé au Palais, l'huissier monta tout
droit au cabinet do M. 'de GarcheSj signa-
taire de la convocation.
Maître Baillet. lui dit:le magistrat après
Union des Tramways
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ORDINAIRE DU 14 AVRIL 1906
M. Descubes, président du conseil d'ad-
ministration, a donné* lecture du rapport du
conseil et du bilan au 31 décembre 1905. Ce
bilan se présente de la façon suivante
BILAN AU 31 DÉCEMBRE 1905
ACTIF
Caisse et banquiers 2.078.097 16
Portefeuille 12.350.258 95
Comptes débiteurs 3.258.057 76
Travaux en cours 786.028 37
Mobilier 1 »
Frais d'émission obligations
4 0/0 et frais d'installations 78.500 u
Dépôts et cautionnements
(comptes d'ordre). 1.19S.608 01.
19.749.551 25
PASSIF
Capital
125.000 actions de capital. 9.375.000 Il
30.000 actions de jouissance Mémoire.
Obligations 3 1/2 302.200 »
Obligations 4 »
Résérve légale 24
Réserve extraordinaire. 150.000 »
Versements à effectuer sur
titres 2.689.365 »
Intérêts, dividendes et obli-
gations rembourser. 107.617 91
Comptes créditeurs 2,293.810 03
Dépôts et cautionnements
(comptes d'ordre) 1.198.608 01
Solde du compte profits et
pertes .707.057 06
COMPTE DE PROfITS ET PERTES
DÉBIT
Service des obligations 115.257 33
Frais généraux et d'adminis-
tration. 112.773.49
Frais d'études et contentieux. 12.822 05
Solde.
947.909 93
CRÉDIT
Solde reporté de l'exercice 1904. 30.005 50
Bénéfices divers 917.904
947.909 93
Après cette lecture, la discussion générale
est ouvérte en voici le compte rendu sté-
nographique
M. LE PRÉSIDENT. Un membre de l'as-
semblée désire-t-il avoir des explications sur
ces rapports
UN ACTIONNAIRE. Parmi les valeurs du
poitéfeuille, je vois encore figurer des ac-
tion,s Tramways de Prague et de Braïla.
Cette affaire de Prague n'est-elle pas encore
terminée ? Je croyais les Tramways Braïla
cédés ?
M. L'ADMINISTRATEUR-DIRECTEUR. L'affaire
des Tramways de Prague n'est pas entière-
ment terminée. Les actions de Braïla de no-
tre portefeuille sont des actions de jouis-
sance.
L'ACTIONNAIRE. Je vois également dans
notre portefeuille :.des actions de capital
et de dividende de Tramways de Murcie.
Comment marche cette filiale ?
M. L'ADMINISTRATEUR-DIRECTEUR. 'L'affaire
Tramways de Murcie est neuve, là construc-
tion du railway est commencée, on compte
mettre en exploitation au mois de septem-
bre ou d'octobre prochain. Je dois ajouter
que ce n'est pas une filiale de l'Union, pas
plus d'ailleurs que Braïla. ̃
Notre portefeuille renferme un petit nom-
bre de ces titres, que nous avons portés il
des cours sensiblement inférieurs à ceux de
la Bourse.
L'ACTIONNAIRE. -t- Pourrais-je connaître
quels sont les délais prévus pour l'achève-
ment des travaux de l'Electrique Lille-Rou-
baix-Tourcoing
M. l'administrateur-directeur. Ce délai
est de trois ans après la mise à notre dispo-
sition du boulevard entre Lille et Roubaix et
Lille et Tourcoing v créer par le départe-
ment du Nord.
Nous-serons prêts avant ces délais déjà
nous avons mis la main à la construction
de la ligne, et une partie du tracé pourra
être mise en exploitation dès le commence-
nrent de l'année prochaine.
L'ACTIONNAIRE. Parmi les valeurs non
cotées figurent les tramways de Witebsk et
d'Orel. Pour combien sont-elles estimées ?
M. l'administrateur-directeur. Elles
figurent chacune d'elles pour un franc.
UN deuxième actionnaire. Toutes les par-
ticipations de notre Société, formant un
montant de 12.350.-000 francs, sont englobées
en un seul poste portefeuille.
Il m'est impossible de reconnaître com-
ment il est réparti ce libellé ne me dit rien
de notre participation Tiflis, Kharkoff et au-
tres.
M. l'administratëur-directeuh. L'énu-
mération de tous les titres de notre porte-
feuille se trouve à la fin de notre rapport
que vous avez en mains.
M. LE' PRÉSIDENT. Les renseignements
que notre rapport fournirait à ce sujet ne
pourraient vous donner une idée précise de
la situation de notre Société. Ces renseigne-
ments s'arrêteraient à la fin de l'exercice
par conséquent, exposeraient une situation
qui pourrait être tout autre le jour de la
réunion annuelle des actionnaires. Quel in-
térêt" pour l'actionnaire d'avoir un rensei-
gnement vieux de trois mois ?
La composition détaillée d'un portefeuille
offre des inconvénients, qui ont déjà été si-
gnalés dans les différentes sociétés de
tramways, et qui ont été discutés également
l'avoir, d'un signe de main, invité à s'asseoir
auprès de son bureau, je sais que vous êtes
un fonctionnaire ministériel probe, honnête
et loyal. Si je vous ai fait appeler devant
mol, c'est que la justice a besoin de votre
concours dans une affaire des plus délica-
tes. Je pense qu'elle peut compter sur vous
dans la plus large mesure.
L'huissier s'inclina en signe d'acquiesce-
ment.
Le substitut prit un temps, puis brusque-
ment
Vous avez en votre étude un reçu d'une
somme de deux millions deux cent mille
francs, signé Louis-Napoléon Bonaparte, et
protesté faute de paiement.
Comme Me Baillet s'attendait un peu à la
demande, lui aussi il prit un temps.
Permettez, monsieur le substitut. J'ai,
en effet, présenté au signataire le reçu dont
vous me parlez, mais, par ordre de la béné-
ficiaire, je n'ai point fait le protêt.
La figure du substitut s'assombrit.
Comment, fit-il, mes renseignements,
cependant, me portaient à croire le contraire.
Vous n'avez, pour vous assurer de mes
dires, qu'à envoyer à l'enregistrement, con-
tinua l'huissier le receveur n'a aucune men-
tion sur ses livres d'un protêt pour ce reçu.
Décontenancé, le magistrat se mordillait
les lèvres.
Pourquoi n'avez-vous pas suivi la for-
malité usitée en cas de non-paiement ? Le
reçu peut perdre ainsi de sa valeur.
Je n'ai pas à apprécier les motifs qui
font agir mes clients. J'exécute leurs ordres,
et je me trouve couvert.
Même lorsque 'vos clients agissent con-
tre leurs intérêts. f
Ils les connaissent souvent mieux que
moi.
Le substitut s'arrêta quelques instants.
Croyez-vous, dit-il, que ce reçu don-
nera lieu il une action conservatoire quel-
conque de la part de la bénéficiaire
,'le l'ignorë.
Cependant, pour vous avoir chargé de
ses intérêts, ladite personne doit avoir con-
fiance en vous.
à l'Union des tramwavs. Il en résulte qu'une
assemblée de notre Société a décidé de ne
plus donner la composition, dans ses détails,
de notre portefeuille. Le conseil doit se con-
former à cette décision.
U!t actionnaire. ,rr- Des journaux ont an-
noncé que l'union' avait vendu ses titres
Tramways de Kharkoff.
M. L'ADMINISTRATEUR-DIRECTEUR. Ce bruit
n'est pas fondé. Les actions de- KharkoJÎ,
comme nous le disons dans notre rapport,
donnent un dividende de 11 OJO, et nous n'a-
vons aucun molif de les vendre.
Les tramways de Catane.
UN actionnaire. Le rapport du conseil
donne quelques renseignements succincts
sur l'affaire Tramways et Eclairage Electri-
ques a Catane. Ne me serait-il pas permis
d'obtenir quelques explications complémen-
taires ?
M; Lc PRÉSIDENT. Les renseignements
que nous donnons dans notre rapport sur
l'affaire de Catane. sont peu étendus, par la
raison fort simple que le bilan de cette So-
ciété n'était pas encore clôturé lorsque nous
avons rédigé notre rapport.
Nos renseignements ne s'appuient que sur,
les premiers détails qui nous sont parvenus;
nous savons que l'exploitation s'est ouverte
partiellement le le. avril 1905, et que les pré-
visions que notre comité technique avait éta-
blies se sont trouvées réalisées de point en
point. Tous les travaux ont été conduits de
telle manière que l'ouverture de l'exploita-
tion a pu être faite à la date prévue par no-
tre comité. Aussi pouvons-nous adresser
nos compliments à ce comité et à toutes les
personnes qui ont coopéré à la construction
de la lignefcdéjà exploitée aucun mécompte
ne s'est produit au contraire, là réalité dé-
passe les prévisions. L'exploitation ne porte
que sur 15 kilomètres et déjà les résultats
dépassent nos espérances.
Comme nous le disons dans notre rapport,
ce réseau de 15 kilomètres a produit en neuf
mois une recette de 348,601 fr. 78. Nous
pouvons déduire, par l'écart entre les re-
cettes et les dépenses, que le coefficient d'ex-
ploitation ne dépasse pas 0 45 0/0, ce qui
représente un taux éminemment favorable
pour une exploitation à traction électrique.
Nous n'avons pas encore commencé l'ex-
ploitation de l'éclairage électrique des né-
gociations ont été entamées avec une com-
pagnie du gaz, l'exploitation pourra se faire
dans le courant de l'année nous pouvons
prévoir qu'il y aura, de ce chef, un supplé-
ment de bénéfices.
Bien que notre capital soit assez faible, eu
égard à l'étendue de' notre ligne, nous aug-
menterons encore notre réseau par l'instal-
lation d'une nouvelle ligne et de quelques
tronçons.
En un mot, nous considérons que l'affaire
de Catane répond à nos espérances, même
dans une proportion de beaucoup meilleure
nos prévisions les résultats obtenus, sont
'une sûre garantie pour l'avenir, et nous
avons la conviction que l'exploitation de l'é-
clairage nous donnera également ample sa-
tisfaction.
M. L'ADMINISTRATEUR. Le nombre des
voitures nécessaires ùl'exploitation est dou-
ble de celui qui, primitivement, avait été
prévu.
UN ACTIONNAIRE. Heureux mécompte
M. Le président. Nous voudrions en
avoir souvent de ce genre.
Nous pensons pouvoir attribuer un divi-
dende de 3 francs par action de Catane,
après de gros amortissements ce résultat
est, ccrtes, beau pour une exploitation de
neuf mois.
UN ACTIONNAIRE. Il a été beaucoup ques-
tion du Central Electrique du Nord. Pour-
rions-nous savoir quelques renseignements
sur cette afiaire
M. Lr président; Je suis tout disposé à
vous .donner communication des motifs sur
lesquels le conseil se base pour augurer de
l'avenir. en bien. de cette Société
Le Central Electrique du Nord.
Le département du Nord est le plus dense
en population, le plus riche en activité in-
dustrielle et commerciale, c'est le départe-
ment le plus producteur de la France il
paie, après Paris et sa banlieue, la plus
grande partie des impôts de France.
Les progrès industriels sont manifestes et
des plus rapides. Dans la région de Lille,
les industries sont extrêmement variées
il n'y a pas de gros groupes homogènes, il
y a de nombreuses industries qui doivent
employer des forces motrices particulières,
mais elles n'ont pas de source unique d'éner-
gie électrique à bon marcha
A proximité de Lille, il y a de gros villa-
ges qui ont la population d'une petite ville,
soit de 7 il. 8.000 habitants. Dans ces villa-
ges, il se trouve une population ouvrière
qui travaille chez elle il y a aussi de pe.
tites et de grandes usines. Ces dernières
peuvent se pourvoir d'une force motrice,
mais il n'en est pas de même des petites.
Toutes ces considérations ont attiré l'at-
tention de personnes sérieuses qui se sont
rendu compte combien il serait avantageux
qu'une société puisse créer une usine d'é-
nergie électrique à même de distribuer celle-
ci à la petite industrie. C'est à ces desiderata
qu'a répondu le Central Electrique du Nord.
Aussitôt la Société constituée, sous le
nom de La Centrale Electrique du Nord,
celle-ci a acquis un terrain utilisable de
30.000 mètres carrés, sur lequel elle s'occupe
d'édifier une vaste station centrale. L'usine
est située à Wasquehall, non loin du che-
min de fer et du canal de Lille a Roubaix.
Sa situation est privilégiée pour obtenir à'
bon marché les matières premières à son ex-
ploitation elle offre toutes les facilités pour
Je possède toute sa confiance.
Maître Baillet, dit solennellement le
magistrat, je vous adjure d'aider la justice
en ces circonstances où l'honneur du chef
de l'Etat est en jeu. En prêtant les bons
offices de votre ministère à la présentation
du reçu, vous vous êtes associé, de bonne
foi, je veux bien le croire, à une tentative
qui tombe sous le coup des lois. Vous avouez
le fait il est donc patent, et à lui seul il
constitue une preuve du commencement
djexécution.
L'huissier écoutait en silence, commèn-
çant à comprendre.
Je pourrais saisir la chambre de disci-
pline des huissiers de votre conduite la
faute, étant grave, pourrait entraîner pour
vous de graves responsabilités. J'aime
mieux agir autrement avec vous. Vous ve-
nez d'être entendu par moi à titre de ren-
seignement professionnel je vais vous
prier dé renouveler vos déclarations devant
un juge d'instruction et de les signer. La
justice, ensuite, vous tiendra quitte.
M* Baillet comprenait tout à fait mainte-
nent.
--Monsieur le substitut, dit-il d'une voix
ferme, vous pouvez appeler le juge d'ins-
truction, je ne ferai devant lui aucune dé-
claration. Vous pouvez, si bon vous sem-
ble, me traduire devant li chambre de dis-
cipline, j'exposerai à mes confrères, deve-
nus un instant mes juges, ce que l'on atten-
dait de moi et ce que j'ai refusé de faire. Je
connais leur conscience elle sera d'accord
avec J'a mienne.
Maître Baillet, dit le substitut que la
colère gagnait, réfléchissez bien. L'on perd
tout à marcher contre la loi.
C'est justement parce que je m'y con-
forme entièrement que je garde la tête
haute, monsieur le substitut. Mon devoir est
nettement tracé, je le suivrai quoi qu'il
doive en arriver.
M. de Garches s'était levé
Encore une fois, s'écria-t-il, réfléchis-
sez 1.
L'huissier ne répondit rien.
Une question à laauelle vous ne doo-
te" distribution de l'énergie -électrique- aux.
consommateurs. Placée au centre même du
réseau du chemin de fer électrique Lille-
Roubaix-Tourcoing, auquel elle va distri-
buer la force motrice, elle pourra, par l'in-
tervention de ses sous-stations, porter l'é-
lectricité, en force et en lumière, jusqu'aux
confins du département du Nord.
Nous venons de-dire que l'usine du Cen-
tral du Nord va donner le courant à l'Elec-
irique. Lille-Roubaix-Tourcoing. La Société
a traité aussi avec la Société nouvelle des
Tramway^ de Roubaix et' Tourcoing. Dans
ces conditions, grâce à de nouvelles conven-
tions, qui interviendront dans un prochain
délai, toute la production d'énergie diurne
des usines est absorbée et donne des prix
rémunérateurs.
Je ne vois pas d'inconvénients à' dire h
nos actionnaires que des négociations sont
en cours avec plusieurs villes du départe-
ment, auxquelles nous espérons fournir l'é-
Je profite de l'occasion qui m'est offerte de
m'entretenir avec vous, messieurs, pour ré-
pondre à une objection qui nous a été faite
souvent Pourquoi, nous disait-on, vu l'im-
portance du milieu où elle doit se dévelop-
per et l'avenir qui lui est réservé, la So-
ciété, Central du Nord n'a-t-elle pas édifié
une usine énorme, capable de produire à
bon marché de grandes masses d'électri-
cité ?
Nous répondrons, messieurs, que notre
conduite fut inspirée par la prudence et le
souci de vos intérêts. Nous avons voulu
nous créer d'abord une clientèle dont le ren-
dement fût précis et qui permit la rémuné-
ration du capital engagé. Les installations
actuellement prévues serviront à fournir le
courant actuellement demandé par des con-
trats en règle. A mesure des augmentations
de demandes, nous nous agrandirons. Cette
conception, pour peu grandiose qu'elle puis-
se paraître, a le double avantage d'être pra-
tique et de ne pas laisser de prise à l'im-
prévu.
Considérant la manière dont cette entre-
prise fut conçue et celle dont nous nous ef-
forçons de la mener à bien, je crois pouvoir
affirmer que c'est l'une des plus intéressan-
tes que l'Union des Tramways se soit as-
surée.
L'Electrique Lille-Roubaix-Tourcoing.
L'ACTIONNAIRE. Je remercie M. le prési-
dent des explications si intéressantes qu'il
vient de nous donner ne serait-ce pas abu-
ser de sa complaisance que de lui deman-
der encore quelques renseignements sur
l'Electrique Lille-Roubaix-Tourcoing ?
M. LE président'. Messieurs, l'Electrique
Lille-Roubaix-Tourcoing a vivement préoc-
cupé l'opinion publique française.
Le groupement de trois villes, Lille, Rou-
baix, Tourcoing, dans une région aussi res-
treinte du département le plus industriel de
France, est une situation unique. Je ne crois
pas qu'il existe en Europe une situation coin-
parable à celle, de ces trois villes. Lille est
un des principaux centres industriels de
France par ses filatures, ses établissements
métallurgiques, ses industries de tout genre.
Roubaix et Tourcoing ont gagné, en déve.
loppement des affaires et en richesses, d'une
façon remarquable en quelques années.
L'ensemble des populations qui se grou-
pent autour de' ces villes peut être évalué
à 650.000 habitants. Ces villes se trouvent
éloignées l'une de l'autre de 12 kilomètres.
Elles ne communiquent entre elles que par
le chemin de fer du Nord et les tramways
de Lille et extensions. Le service que le pre-
mier rend au public est différent absolu-
ment de celui qu'un tramway peut réaliser.
La seconde entreprise, quittant Lille, pas-
se par des communes et des villages que
son premier souci est de desservir.
Représentez-vous, messieurs, les relations
constantes qui vont naître entre les trois ci-
tés du Nord, du fait du grand œuvre que
les autorités du département ont décidé de
mener à bien. Figurez-vous une large ave-
nue, franchissant les canaux, traversant en
ligne droite, sur une distance de 12 kilomè-
tres, les populations agglomérées, réunis-
sant Lille Roubaix et il Tourcoing. On l'a
dit déjà, et c'est un phénomène économique
qui a été contrôlé ailleurs, les populations
des villes @soeurs vont se répandre le long
de cette avenue et y habiter. Rappelez-vous,
messieurs, vous qui êtes Bruxellois, le dé-
veloppement; j'allais' dire explosif, de l'ave-
nue Louise, de l'avenue du Bois, en la ca-
pitale. Observez les boulevards de Passy,
dans les environs de Paris, et les belles
avenues h Cologne et à Dusseldorf.
L'Electrique Lille-Roubaix-Tourcoing est
le chemin de fer qui parcourra la nouvelle
voie et desservira les villes dont il porte le
nom. Donner des chiffres et des prévisions
d'exploitation est chose prématurée. Nous
croyons fermement que l'avenir de cette en-
treprise sera brillant. L'Union des Tram-
ways, en s'intéressant à cette affaire, a dé-
montré le très sérieux souci qu'elle porte à
ses actionnaires et au développement éco-
nomique des populations du nord de la
France.
UN actionnaire. L'affaire a été cepen-
dant sujette aux critiques.
M. LE président. II est impossible qu'une
affaire comme celle-ci, qui a préoccupé l'o-
pinion publique, n'ait pas donné lieu à de
vives controverses.
UN ACTIONNAIRE. Nous vous remercions,
monsieur le président, de vos renseigne-
ments aussi détaillés. Il en résulte que le
programme de l'Union est des plus vastes.
Je me permettrai cependant de vous deman-
der si les ressources dont notre Société dis-
pose sont suffisantes Dour le réaliser.
Les ressources et le programme de
l' Il Union n.
M. LE président. Je n'éprouve aucun dé-
plaisir à répondre à cette question.
L'actif immédiatement réalisable de l'U-,
nion s'élève à 12.000.000 environ,, après dé·
falcation du passif exigible. Je ne parle pas
de nos 2.500.000 francs d'obligations rem-
boursables en 30 années.
Le capital de l'Electrique Lille-Roubaix-
Tourcoing s'élève à 12.000.000 de francs.
vez pas éviter de répondre, fit le substitut,
Ce reçu, où est-il ?
Je ne l'ai plus je l'ai remis, il y a deux
heures, à ma cliente.
Miss Fanny Lockard, allée des Veu-
ves ?
Elle-môme.
Connaissez-vous ses nouvelles inten-.
tions ?
J'ai eu l'honneur de vous répondre tout
à l'heure que je les ignorais.
Soit, Nous n'oublierons pas ici, maître
Baillet, la façon dont vous interprétez vos
devoirs.
La voix était âpre et menaçante.
L'huissier ne daigna même pas faire un
geste.
Une fois hors le cabinet du substitut, il
s'adressa tout un long discours
Ah c'est un beau piège, mais ce subs-
titut est trop lourdaud pour m'y faire tom-
ber. Quelle bonne idée j'ai eue de ne pas pro-
tester ce reçu 1 Je vois clair, maintenant.
C'était une arme dont on s'emparait contre
ma cliente tentative de -chantage suivie
d'exécution, aurait-on prétendu. C'était plus
qu'il n'en fallait pour se permettre envers
elle toutes les violences que comporte la loi.
'Et j'aurais perdu les quatre ou cinq cent
mille francs que je compte bien gagner.
Non, non, monsieur le substitut. A renard,
renard et demi.
Sans plus tarder, il fila droit- allée des
Veuves.
Il n'y rencontra que la comtesse Laumô-
nier.
Vous pouvez avoir toute confiance en
moi, dit la comtesse à Me Baillet, et je
transmettrai fidèlement vos instructions à
mon amie.
Eh bien, madame, dites-lui qu'il y a ur-
gence absolue à ne pas différer d'une minute
notre départ pour Londres et que je lui don-
ne rendez-vous -s- quoi qu'il arrive demain
au train de neuf heures, en avance de vingt-
quatre heures sur ce que nous avions con-
venu.
Puis, M* Baillet, l'esprit un peu plus en
repos, rentra rue de Miromesnil
̃ Le Central Electrique du Nord dispose de
10.000.000 de francs.
Au résumé, nos ressources actives ne sont
pas inférieures à 34.000.000 de francs, ef
notre prpgramme d'activité sera réalisé.
Comme a bien voulu le reconnaître l'hono-
rable actionnaire, notre programme est des
plus vastes. Nous nous efforcerons de le
mener à bonne fin, sachez-le bien, sans im-
patience et sans imprudence. Nous vous de.
mandons de nous faire crédit et de nous
voir à l'œuvre. Que le passé vous réponde
do l'avenir.
Au moment où le conseil d'administration
actuel entra en fonctions, la politique d'af-
faires'de' l'Union était conservatrice. Le or-
tefeuille était composé d'actions Tiflia, Kna:
koff, Malaga, Orel. L'ancien conseil gérait
ce portefeuille, contrôlait les entreprises
patronnées et ne faisait pas d'affaires nou-
veilles. Il fit bien.
Dès le commencement de notre gestion,
notre activité se porta sur ces anciennes
affaires:
Aux Tramways de Tiflis, les travaux d'é-
lectrification du réseau furent activés de
telle manière, qu'actuellement les 12 ki-
lcmétres primitifs sont à traction mécani-
que.
A Kharkoff, le contrat des négociations
'été maintenu avec les autorités municipales
en vue d'obtenir l'autorisation d'exploiter
l'électricité un réseau qui, à traction ani-
male, donne un revenu moyen, depuis cinq
ans, de Il 1/2 0/0 du capital engagé.
A. Malaga, où l'exploitation s'effectuait
précédemment au moyen de mulets, les
installations à l'électricité sont près d'être
terminées, et la concession de lignes nou-
velles nous a été accordée. Notez, mes-
sieurs, que ces travaux importants de Ma-
laga ont été exécutés par les soins et sous
la direction de notre comité technique, que
nous fûmes les entrepreneurs de cette oeil-
vre et que nous n'avons immobilisé dans
cette affaire aucune de nos ressources. Les
capitaux nécessaires nous furent procurés
par des banquiers de notre place et d'An-
vers, qui prirent ferme les obligations de
la Société de Malaga. Sans risques nou-
veaux, nous avons obtenu des avantages
sérieux.
Enfin, à Orel encore, le développement
normal de l'entreprise des tramways s'o-
père sans engagement nouveau de notre
part
Les affaires nouvelles.
De ce qui précède, messieurs, vous pou-
vez conclure que votre premier soucl fut
toujours de garder nos disponibilités libres
pour des affaires nouvelles. Je, dirai, plus
encore nous avons, en prévision des trou-
bles russes, dont nous avions eu le prës-
sentiment, liquidé une partie des engàge-
ments que nous avions dans des affaires
de ce pays, et ce'de manière à ne pas ren-
dre nos destinées solidaires de celles de la i
politique russe. 1
Aujourd'hui, les recettes desdites entre-
prises sont en progression toujours crois-
sante.
Quand nous vîmes que le. public saluait
notre activité dans les anciennes affaires
de l'Union, en prêtant son concours il Itt
hausse légitime des titres de notre porte-
feuille, mais alors seulement, nous nous
sommes permis de faire une affaire nou-
velle celle de Catane. Messieurs, le 1er
avril à la date que notre bureau tech-
nique avait fixée, les tramways de Catane
furent livrés à l'exploitation. Les recettes
prévues furent dépassées, toutes les espé-
rances furent réalisées. J'adresse, ici, à nos
ingénieurs, mes félicitations les plus sin-
cères pour le travail accompli et mes remer-
ciements pour leur fidèle collaboration.
Après Catane, dont les obligations et les
actions furent recherchées par le monde des
capitalistes, l'Union pouvait aspirer à réa-
liser des opérations plus importantes, quitte
à ne se jamais départir de cet esprit de
prudence et de modération qui constitue vo-
tre sauvegarde. L'Union fit le Central Elec-
trique du Nord et le chemin de fer électri-
que Lille-Roubaix.Tourcoing, au sujet des-
quels je vous ai donné des explications que
vous avez jugées suffisantes.
Donc, messieurs, voilà .ce que nous avons
fait en nous inspirant des ressources dont
dispose notre Société, sans même considé-
rer celles que nous pouvons trouver chez
nos alliés et chez nos amis, qui, à cette
heure,;sont nombreux
Permettez-moi, messieurs, en terminant
cette séance, de vous exprimer toute ma
confiance en notre avenir et toute la sati!11
faction que j'éprouve personnellement à mé
consacrer il des entreprises comme la nô-
tre, comme celle de l'Electrique Lille-Rou-
baix«Tourcoing.
En effet., si celle-ci doit être rémunéra-
trice pour vous, messieurs, elle doit aussi
coopérer largement au développement éce-,
nomique d'un grand département de la
France 1 (Applaudissements prolongés.)
LE VOTE
Le bilan et le compte de profits et pertes
sont adoptés à l'unanimité.
Le coupon est rendu payable à partir du
15 mai prochain. ;••-<̃"
LES REVUES PÉRIODIQUES»
et la Grève
Le Syndicat de la Presse périodique (édi-
teurs et directeurs), en présence des diffi-
cultés que la grève des imprimeurs apporte
Li l'apparition d'un grand nombre de jouè-
naux et de revues, prie le public de ne pas'
s'étonner des retards et des imperfections
qui pourraient se produire pendant la durée
de la grève dans cas publications.
Certains périodiques même, se sont trou-
vés dans l'impossibilité matérielle de parai-
>tre cette semaine, par suite de la brusque
fermeture de leurs imprimeries,
X A I» K F K III M K hALUOH, SU. faubourg
UX1U UittiUU Saint-Martin villa moderne,
«rond jardin la campagne pour recevoir pensionnaires b toute
XII
LÈS CONSÉQUENCES D'UNE IDYLLE ̃•
Paris était alors circonscrit entre les bou.
levards extérieurs, sur la chaussée desquels
une grille ou un mur délimitait l'octroi Au
delà se groupaient les communes, annexées
en 1860,qui entouraient la capitale jusqu'aux
fortifications.
L'une de ces communes, Belleville, s'éta-
geait en face du Faubourg-du-Temple, avec
sa longue rue de Paris, montant vers la
campagne, et ses rues transversales, qui
communiquaient avec la Villette à gauche.
et Ménilmontant à droite.
C'était encore plutôt un village qu'un fau-
bourg sauf la rue de Paris, où les habita-
tions se pressaient, toutes à plusieurs éta-
ges et aux rez-de-chaussée occupés par des
boutiques, ses autres voies ressemblaient
à celles que de nos jours l'on peut voir en-
core dans les agglomérations suburbaines
de de Vanves, d'Asnières, c'est-à-
dire qu'elles étaient surtout bordées de pe-
tites maisons, chacune avec un jardinet, sé-
jour de modestes rentiers ou d'employés qui
venaient là, chercher le bon air.et un sein-
blant de campagne.
Près des fortifications, cet aspect s'accen-
tuait davantage. Les propriétés y étaient plus
grandes, leurs jardins vastes étaient plantés
d'arbres, de hautes futaiés des gens riches
ne dédaignaient pas d'y habiter. Des grands
seigneurs, sous la Monarchie, v avaient mê-
me bâti un château, qu'ils avaient entouré
d'un parc, embelli au fur et à mesure dès
années. Ils appartenaient la famille des Le-
pelletier de Saint-Fargeau, dont un de leurs
représentants devait périr assassiné par le
garde du corps Paris pendant la Révolution.
Le château démoli, son terrain morcelé
avait été acheté par des bourgeois la plus
belle partie du parc, avec son lac, ses grot-
tes, ses bosquets, ses hauts taillis, avait été
conservée. Un industriel y avait; fondé un éta-
blissement où tout Paris montait, les beaux
jours venus, certain d'y trouver réunis une
bonne cuisine et des plaisirs champêtres.
(à suivre.)
,-«*06r S
ï«a rue fatale. Le aéplorable accident
arrivé jeudi dernier à M. Curie a attiré l'at-
tention du public sur la rue Dauphine- Or,
hier matin, un nouvel accident s'est produit
idans cette rue. La nouvelle victime est un
ouvrier charpentier M. Augustin Arboin,
âgé de trente ans, demeurant 9, rue Saint-
Séverin.
Monté sur une bicyclette pour se rendre
K son travail, M. Arboin passait rue Dau-
phine, quand, arrivé près du quai Conh; à
l'endroit, même où fut écrasé M. Curie, il fut
serré contre le trottoir par une voiture, ren-
*versé et grièvement blessé par le véhicule.
M. Rebondin a dû faire transporter M. Ar-
boin à l'hôpital de. la Charité, où l'état de la
{victime a été jugé très grave.
Ce nouvel accident et Dieu sait s'il s'en
passe de nombreux à cet endroit dans le cou-
rant d'une année va-t-il enfin décider l'ad-
ministration à faire pratiquer le dégagement
:de la rue Dauphine, dégagement prévu de-
puis de nombreuses années et qui, s'il avait
été exécuté, comme le réclament les habi-
tants du quartier, eut peut-être empêché de-
puis le temps tous les accidents qui s'y sont
produits.
Avec l'augmentation de la circulation né-
cessitée par les travaux de la place Saint-
Michel, qui obstruent le pont du même nom,
et forcent les voitures à passer par le pont
Neuf, et partant par la rue Dauphine; l'élar-
gissement de celle-ci se fait de plus en plus
nécessaire, et il est à souhaiter qu'on le réa-
lise le plus vite possible, si l'on veut éviter
!de nouveaux accidents.
Discussion, injures, coups. Dans un. bar
ae l'avenue de Clichy; plusieurs ouvriers de-
visaient entre eux hier au soir, sur les inci-
idents des grèves et les questions politiques.
Chacun, naturellement, donnait son avis.
Et, comme de juste, chacun tenait son opi-
nion pour seule valable. Il est aisé d'imagi-
ïier le boucan de cette réunion contradic-
toire. 1
Deux memires de cette tumultueuse assis-
tance, Julien Didier, plombier, demeurant
avenue de Saint-Ouen, et Eugène Palliant,
garçon charbonnier, habitant rue, Cardinet,
se faisaient particulièrement remarquer par
la violence de leur langage.
Le diapason s'éleva bientôt à un tel degré
S'acuité, que l'ordre leur fut intimé de quit-
ter la salle, et d'aller poursuivre au dehors
ieur discussion: Didier et Palliant durent
s'exécuter.
A peine étaient-ils sur l'avenue, que les
propos injurieux reprirent de plus belle.
Va donc espéce d' Il anarcho de car-
Ion, glapit Palliant en lançant à Didier un
regard de défi.
Ah malheur, si c'est pas un vrai dé-
goût que d'être insulté par une pareille poule
mouillée, riposta Didier, en se campant, prêt
la riposte.
Ce fut au milieu d'invectives de ce genre,
que les deux champions entrèrent en lutte.
Celle-ci fut de courte durée. Palliant, frappé
de trois coups de couteau à la poitrine, roula
sur la chaussée, ensanglanté.
On le transporta immédiatement à l'hôpi-
tal Beaujon, tandis que le meurtrier était
Conduit au Dépôt.
Illusion perdue. Mme Rosé Janiot est
une vieille dame que le sans-gêne des
mœurs modernes afflige profondément. Elle
se cesse de gémir sur le peu d'égards que
les jeunes générations marquent journelle-
ment envers'les personnes de son âge et de
son sexe. Et ellé regrette .abondamment la
politesse et l'urbanité des générations d'au-
C'est pourquoi cette bonne demoiselle fut
agréablement surprise, hier après-midi,
par les prévenances d'un jeune homme ren-
contré par elle boulevard de la Chapelle.
Mlle Janiot se lamentait parce que l'af-
fluehee- des voitures lui rendait périlleuse
la traversée de la chaussée» L'obligeant
jeune homme comprit son embarras. Il lui
offrit galamment le bras et prit soin de gui-
der sa marche au travers des multiples
obstacles, cependant qu'il lui tenait des
propos agréables.
Mlle Janiot, déposée saine et sauve sur
fautre bord, remercia son guide avec effu-
sion, et, se félicitant de l'heureuse rencon-
tre de ce vrai chevalier français, s'en fut
à ses affaires. Sa désillusion fut amère,
quelques instants plus tard, quand elle
constata l'absence de son porte-monnaie, le-
quel renfermait une somme de 375 francs.
Cette perte est notable, certes. Mais com-
bien plus douloureuse celle de l'illusion que
la vieille dame avait un instant caressée
Le revolver du camelot. Dans la nuit
Qu 22 au 23 février dernier, le camelot Al-
phonse Davin et cinq de ses camarades
étaient attablas dans un café de la place Pi-
galle. La petite bande faisait dans l'éta-
blissement un tapage infernal, cherchant
querelle aux autres consommateurs fina-
lement, les bruyants buveurs émirent la
prétention de partir sans payer. C'est alors
que le cafetier, M. Thibault, intervint. Mal
lui en prit, car Dàvin, s'armant d'un revolj
ver, fit feu sur lui. Le projectile traversa le
,bras de M. Thibault, lui causant une bles-
sure d'autant plus grave que la gangrène
.s'y mit. Pendant quelques jours, on craignit
rune issue fatale. ♦
Alphonse Davin fut mis la disposition
de M. Bourdeaux, juge d'instruction. Ce
magistrat vient de le renvoyer devant les
assises, sous l'inculpation de tentative de
meurtre. Me Gentilly le défendra devant le
jury.
PETITS PAITS-DIVERS
Boulevard de Courcelles, hier, à huit heu-
tes du soir, un tramway La Villette-Trocadéro
heurta le fiacre 8665, conduit par le cocher
Balthazar Loos. 17, rue Letellier. Précipité sur
le sol, ce cocher fut grièvement contusionné à
4a tête et au côté droit. Trois voyageurs, dans
sa. voiture, furent légèrement blessés.
Emile Estevin, vingt-neuf ans, demeurant
FEUILLETON DU « MATIN »
DU 22 AVRIL 1906
LeBâtard
de Napoléon III
inédit par X*
DEUXIÈME PARTIE
LE SECRET DE .'AVENTURIÈRE
or jfïiENARD, RENARD ET DEMI
"M6 le regard perdu dans le va-
gue, songeait à cette affaire extraordinaire
qui lui était tombée du ciel pour ainsi dire
ijàidans laquelle il entrevoyait pour lui une
3SCasion de' brillante fortune.'
Son esprit envisageait toutes les phases
'de la conversation qu'il venait d'avoir, en ti-
rait des conséquences, en supputait les ré-
sultats.
Joyeusement, il se frottait les mains de
Satisfaction.
Un clerc parut, interrompant sa rêverie.
Un pli du tribunal, annonça-t-il, en dé-
posànt sur le bureau un large pli cacheté, à
J'angle duquel apparaissaient ces mots im-
primés
ffUIBtWJjL, DE PREMIÈRE INSTANCE DE LA SEINE
PARQUET
Cabinet du procureur de la République.
L'huissier regarda distraitement le pli. Il
en recevait journellement.
^BteptodQction Interdite.
cen.' garni 72, rue du -Vert-Rois, a été frappé
d'un coup de couteau au bras par des jeunes
gens avec lesquels il avait festoyé la nuit der-
nière, dans un- établissement de Montrouge.
Il a avoué avoir dérobé à son patron, glacier
dans le quartier du Palais-Royal, la sommo
de 45 francs qui lui fut à son tour enlevée en
partie par ses amis de rencontre.
Le débris anatomique présumé être un
pied humain, trouvé il y a trois jours rue de
Parme, ainsi que nous l'avons relaté, était
tout simplement Une patte d'ours conservée
dans l'alcool. C'est une ménagère du quartier
qui :s'en était débarrassée en la jetant aux
ordures.
L'hôtel de M. Perrot, 39, rue Erlanger, a
été dévalisé hier par des cambrioleurs qui,
après,avoir fait de grands dégâts, ont emporté
pour 5,000 francs d'objets d'art et de bibelots.
Une enquête est ouverte.
Un cheval de fiacre s'est emballé hier rue
Lauriston. Le cocher Joseph Lalle, tomba de
son siège et se blessa aux mains et aux ge-
noux. L'animal affolé est venu se tuer contre
un réverbère, rue de Presbourg.
Pour l'amour d'une jeune blanchisseuse
de leur quartier, deux jeunes gens de dix-
huit ans, Albert Goste, typographe, et Charles
Fleury, serrurier, domiciliés boulevard Bes-
sières, se sont battus hier soir, au couteau, rue
Balagny. Blessé dans le dos, Fleury est à l'hô-
pital Beaujon, et l'on recherche son adver-
saire.
Un groupe de jeunes gens causaient un
tel scandale, la nuit dernière, rue de Belle-
ville, que deux agents leur intimèrent l'ordre
de cesser. L'un des perturbateurs, furieux, sor-
tit son revolver, fit feu sur les agents, et prit
la fuite. Ses compagnons, arrêtés, furent con-
duits au commissariat de M. Boussard. Ce
sont les nommés Auguste Maujant, matelot à
bord du Charles-Martel Achille Langlois,
Post, et la- fille Edmée Le Goff. Ils ont été
remis en liberté dans le courant de la soirée.
Jean Périer, âgé de cinquante-cinq ans,
demeurant passage de Ménïlmontant, a été
trouvé dans sa Chambre en piteux état. Il por-
tait sur le corps des blessures nombreuses, et
avait une fracture à la jambe gauche. On le
conduisit à l'hôpital Saint-Louis. Aux ques-
tions qui lui furent adressées, il opposa un
mutisme' obstiné. Le commissaire de police a
ouvert une enquête. »
Le service de la Sûreté a mis, hier, en
état d'arrestation, rue Moret, le déserteur Cal-
sat de Petite, du d'infanterie. Il a été re-
mis à l'autorité militaire. D'autre part, on a
arrêté Claudius Métrai, originaire de Genève.
menuisier, qui, depuis le 15 août 1905, avait
déserté son régiment, en garnison à Annecy,
Les Obsèques de M. Curie
Les obsèques du savant ont été célébrées
hier, dans la plus stricte intimité Le
corps a été déposé à Sceaux, dans
un caveau de famille.
Selon le désir souvent exprimé par M.
Curie et qui fut religieusement ràspecté, les
obsèques du savant ont eu lieu hier après-
midi dans l'intimité la plus stricte. Aucune
lettre de faire-part n'avait été envoyée.
Quelques amis personnels du défunt et
ses élèves étaient seuls prévenus.
C'est a trois heures qu'ils commencèrent
à se réunir à la maison mortuaire. Mais
chacun respecta la douleur morne de Mme
Curie. Seuls, MM. Appell, doyen de la
Faculté des sciences Cheneveau et De-
bierne, préparateurs du savant, présentè-
rent leurs condoléances à la veuve.
Le cercueil, recouvert d'un drap noir,
simplement, se, trouve dans la salle man-
ger. Silencieuse, Mfhc Curie est assise près
de la bière.
Dans l'antichambre, un registre se couvre
de signatures.
M. Briand, ministre de l'instruction pu-
blique, arrive à trois heures et demie.
Le cercueil 'est déposé dans un fourgon
des pompes funèbres. Six voitures de deuil
forment le convoi, qui se dirige vers Sceaux,
où l'inhumation a lieu dans un caveau de
famille.
Le coupé ministériel de M. Briand suit.
Il accompagne le corps jusqu'à sa dernière
demeure.
Une simple gerbe de fleurs déposée par
les éléves de M. Curie se fane sur le cer-
cueil.
Au cimetière, les assistants ont défilé de-
vant Mme Curie, à qui le ministre a adressé
quelques paroles émus.
Une pension pour Mme Curie.
Le conseil des ministres, qui s'est tenu
hier il l'Elysée, a chargé M. Briand, minis-
tre de l'instruction publique, de demander
aux Chambres, dès la reprise des travaux
parlementaires, le vote d'une pension pour
MnufCurfe et ses enfants.
Le Numéro des
Lectures Modernes
ILLUSTRÉES
EST EN VENTE PARTOUT
24 Pages inédites
par MM.
Emile FABUETd» l'Académie Français
André THEURIET de l'Académi» Français»
Edmond HARAUCûurt
Marcel PRÉVOST– VIOER, ancien Ministre
BERR de TURIQUE Abel HERMANT
Romain COOLUS Albert GUILLAUME
Paul VIDAL HOZIERE
Th. BOTREL -Auguste GERMAIN
DE CHAMBRE, etc., etc.
15 Centimes
DANS les URES et CHEZ les MARCHANDS de JOURNAUX
«BONNEMENT: Un Ah e'J.KVBTT.Éditeurfi, r. du Uuvre.Parlf
Mais le clerc se tenait toujours debout de-
vant lui, dans l'attitude d'un homme qui at-
tend.
Qu'est-ce donc ?
C'est, reprit le clerc, que le garde de-
mande que vous signiez le reçu de ce pli.
Un reçu de ce pli. ? Et pourquoi donc ?
Alors, il aperçut à l'angle de l'enveloppe
une inscription qu'il n'avait point vue tout
d'abord URGENT.
Me Baillet fit une légère moue et ou-
vrit le pli.
Au fur et à mesure de sa lecture, sa phy-
sionomie revêtait un caractère d'étonne-
ment..
C'est bizarre, dit-il tout haut, je suis
convoqué au parquet, et le signataire de
cette convocation, M.le substitut. de. de.
Gar. Ah de Garch|js se contente sim-
plement de mettre « A VeUel de donner des
renseignements projessionnels Eh mais,
c'est sur l'heure encore Je comprends l'u-
tilité du reçu.
Et il signa la feuille de papier que lui ten-
dait son clerc.
Remettez-le au garde, bien que je doive
arriver probablement au Palais avant lui.
Mais la fo-or.me avant tout.
Hâtivement, l'huissier mit son chapeau
Cet avis est surprenant, se dit-il, et
c'est bien le premier que je reçois de telle
sorte « A reflet de donner des renseigne-
ments professionnels Sur qui Sur
quoi ?.
En route, Me Baillet se creusa inuti-
lement la cervelle, se remémorant toutes les
affaires qui lui étaient passées par les mains
depuis quelque temps.
Il ne peut être question encore de mon
Anglaise, se disait-il, puisque aucune me-
sure conservatoire n'a suivi ma présentation
du reçu. Pourtant, si c'était de cela qu'on
voulût me parler ?. Heureusement que je
suis sur mes gardes. Ce substitut, en ce
cas, ne me prendrait pas sans. vert.
Arrivé au Palais, l'huissier monta tout
droit au cabinet do M. 'de GarcheSj signa-
taire de la convocation.
Maître Baillet. lui dit:le magistrat après
Union des Tramways
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ORDINAIRE DU 14 AVRIL 1906
M. Descubes, président du conseil d'ad-
ministration, a donné* lecture du rapport du
conseil et du bilan au 31 décembre 1905. Ce
bilan se présente de la façon suivante
BILAN AU 31 DÉCEMBRE 1905
ACTIF
Caisse et banquiers 2.078.097 16
Portefeuille 12.350.258 95
Comptes débiteurs 3.258.057 76
Travaux en cours 786.028 37
Mobilier 1 »
Frais d'émission obligations
4 0/0 et frais d'installations 78.500 u
Dépôts et cautionnements
(comptes d'ordre). 1.19S.608 01.
19.749.551 25
PASSIF
Capital
125.000 actions de capital. 9.375.000 Il
30.000 actions de jouissance Mémoire.
Obligations 3 1/2 302.200 »
Obligations 4 »
Résérve légale 24
Réserve extraordinaire. 150.000 »
Versements à effectuer sur
titres 2.689.365 »
Intérêts, dividendes et obli-
gations rembourser. 107.617 91
Comptes créditeurs 2,293.810 03
Dépôts et cautionnements
(comptes d'ordre) 1.198.608 01
Solde du compte profits et
pertes .707.057 06
COMPTE DE PROfITS ET PERTES
DÉBIT
Service des obligations 115.257 33
Frais généraux et d'adminis-
tration. 112.773.49
Frais d'études et contentieux. 12.822 05
Solde.
947.909 93
CRÉDIT
Solde reporté de l'exercice 1904. 30.005 50
Bénéfices divers 917.904
947.909 93
Après cette lecture, la discussion générale
est ouvérte en voici le compte rendu sté-
nographique
M. LE PRÉSIDENT. Un membre de l'as-
semblée désire-t-il avoir des explications sur
ces rapports
UN ACTIONNAIRE. Parmi les valeurs du
poitéfeuille, je vois encore figurer des ac-
tion,s Tramways de Prague et de Braïla.
Cette affaire de Prague n'est-elle pas encore
terminée ? Je croyais les Tramways Braïla
cédés ?
M. L'ADMINISTRATEUR-DIRECTEUR. L'affaire
des Tramways de Prague n'est pas entière-
ment terminée. Les actions de Braïla de no-
tre portefeuille sont des actions de jouis-
sance.
L'ACTIONNAIRE. Je vois également dans
notre portefeuille :.des actions de capital
et de dividende de Tramways de Murcie.
Comment marche cette filiale ?
M. L'ADMINISTRATEUR-DIRECTEUR. 'L'affaire
Tramways de Murcie est neuve, là construc-
tion du railway est commencée, on compte
mettre en exploitation au mois de septem-
bre ou d'octobre prochain. Je dois ajouter
que ce n'est pas une filiale de l'Union, pas
plus d'ailleurs que Braïla. ̃
Notre portefeuille renferme un petit nom-
bre de ces titres, que nous avons portés il
des cours sensiblement inférieurs à ceux de
la Bourse.
L'ACTIONNAIRE. -t- Pourrais-je connaître
quels sont les délais prévus pour l'achève-
ment des travaux de l'Electrique Lille-Rou-
baix-Tourcoing
M. l'administrateur-directeur. Ce délai
est de trois ans après la mise à notre dispo-
sition du boulevard entre Lille et Roubaix et
Lille et Tourcoing v créer par le départe-
ment du Nord.
Nous-serons prêts avant ces délais déjà
nous avons mis la main à la construction
de la ligne, et une partie du tracé pourra
être mise en exploitation dès le commence-
nrent de l'année prochaine.
L'ACTIONNAIRE. Parmi les valeurs non
cotées figurent les tramways de Witebsk et
d'Orel. Pour combien sont-elles estimées ?
M. l'administrateur-directeur. Elles
figurent chacune d'elles pour un franc.
UN deuxième actionnaire. Toutes les par-
ticipations de notre Société, formant un
montant de 12.350.-000 francs, sont englobées
en un seul poste portefeuille.
Il m'est impossible de reconnaître com-
ment il est réparti ce libellé ne me dit rien
de notre participation Tiflis, Kharkoff et au-
tres.
M. l'administratëur-directeuh. L'énu-
mération de tous les titres de notre porte-
feuille se trouve à la fin de notre rapport
que vous avez en mains.
M. LE' PRÉSIDENT. Les renseignements
que notre rapport fournirait à ce sujet ne
pourraient vous donner une idée précise de
la situation de notre Société. Ces renseigne-
ments s'arrêteraient à la fin de l'exercice
par conséquent, exposeraient une situation
qui pourrait être tout autre le jour de la
réunion annuelle des actionnaires. Quel in-
térêt" pour l'actionnaire d'avoir un rensei-
gnement vieux de trois mois ?
La composition détaillée d'un portefeuille
offre des inconvénients, qui ont déjà été si-
gnalés dans les différentes sociétés de
tramways, et qui ont été discutés également
l'avoir, d'un signe de main, invité à s'asseoir
auprès de son bureau, je sais que vous êtes
un fonctionnaire ministériel probe, honnête
et loyal. Si je vous ai fait appeler devant
mol, c'est que la justice a besoin de votre
concours dans une affaire des plus délica-
tes. Je pense qu'elle peut compter sur vous
dans la plus large mesure.
L'huissier s'inclina en signe d'acquiesce-
ment.
Le substitut prit un temps, puis brusque-
ment
Vous avez en votre étude un reçu d'une
somme de deux millions deux cent mille
francs, signé Louis-Napoléon Bonaparte, et
protesté faute de paiement.
Comme Me Baillet s'attendait un peu à la
demande, lui aussi il prit un temps.
Permettez, monsieur le substitut. J'ai,
en effet, présenté au signataire le reçu dont
vous me parlez, mais, par ordre de la béné-
ficiaire, je n'ai point fait le protêt.
La figure du substitut s'assombrit.
Comment, fit-il, mes renseignements,
cependant, me portaient à croire le contraire.
Vous n'avez, pour vous assurer de mes
dires, qu'à envoyer à l'enregistrement, con-
tinua l'huissier le receveur n'a aucune men-
tion sur ses livres d'un protêt pour ce reçu.
Décontenancé, le magistrat se mordillait
les lèvres.
Pourquoi n'avez-vous pas suivi la for-
malité usitée en cas de non-paiement ? Le
reçu peut perdre ainsi de sa valeur.
Je n'ai pas à apprécier les motifs qui
font agir mes clients. J'exécute leurs ordres,
et je me trouve couvert.
Même lorsque 'vos clients agissent con-
tre leurs intérêts. f
Ils les connaissent souvent mieux que
moi.
Le substitut s'arrêta quelques instants.
Croyez-vous, dit-il, que ce reçu don-
nera lieu il une action conservatoire quel-
conque de la part de la bénéficiaire
,'le l'ignorë.
Cependant, pour vous avoir chargé de
ses intérêts, ladite personne doit avoir con-
fiance en vous.
à l'Union des tramwavs. Il en résulte qu'une
assemblée de notre Société a décidé de ne
plus donner la composition, dans ses détails,
de notre portefeuille. Le conseil doit se con-
former à cette décision.
U!t actionnaire. ,rr- Des journaux ont an-
noncé que l'union' avait vendu ses titres
Tramways de Kharkoff.
M. L'ADMINISTRATEUR-DIRECTEUR. Ce bruit
n'est pas fondé. Les actions de- KharkoJÎ,
comme nous le disons dans notre rapport,
donnent un dividende de 11 OJO, et nous n'a-
vons aucun molif de les vendre.
Les tramways de Catane.
UN actionnaire. Le rapport du conseil
donne quelques renseignements succincts
sur l'affaire Tramways et Eclairage Electri-
ques a Catane. Ne me serait-il pas permis
d'obtenir quelques explications complémen-
taires ?
M; Lc PRÉSIDENT. Les renseignements
que nous donnons dans notre rapport sur
l'affaire de Catane. sont peu étendus, par la
raison fort simple que le bilan de cette So-
ciété n'était pas encore clôturé lorsque nous
avons rédigé notre rapport.
Nos renseignements ne s'appuient que sur,
les premiers détails qui nous sont parvenus;
nous savons que l'exploitation s'est ouverte
partiellement le le. avril 1905, et que les pré-
visions que notre comité technique avait éta-
blies se sont trouvées réalisées de point en
point. Tous les travaux ont été conduits de
telle manière que l'ouverture de l'exploita-
tion a pu être faite à la date prévue par no-
tre comité. Aussi pouvons-nous adresser
nos compliments à ce comité et à toutes les
personnes qui ont coopéré à la construction
de la lignefcdéjà exploitée aucun mécompte
ne s'est produit au contraire, là réalité dé-
passe les prévisions. L'exploitation ne porte
que sur 15 kilomètres et déjà les résultats
dépassent nos espérances.
Comme nous le disons dans notre rapport,
ce réseau de 15 kilomètres a produit en neuf
mois une recette de 348,601 fr. 78. Nous
pouvons déduire, par l'écart entre les re-
cettes et les dépenses, que le coefficient d'ex-
ploitation ne dépasse pas 0 45 0/0, ce qui
représente un taux éminemment favorable
pour une exploitation à traction électrique.
Nous n'avons pas encore commencé l'ex-
ploitation de l'éclairage électrique des né-
gociations ont été entamées avec une com-
pagnie du gaz, l'exploitation pourra se faire
dans le courant de l'année nous pouvons
prévoir qu'il y aura, de ce chef, un supplé-
ment de bénéfices.
Bien que notre capital soit assez faible, eu
égard à l'étendue de' notre ligne, nous aug-
menterons encore notre réseau par l'instal-
lation d'une nouvelle ligne et de quelques
tronçons.
En un mot, nous considérons que l'affaire
de Catane répond à nos espérances, même
dans une proportion de beaucoup meilleure
nos prévisions les résultats obtenus, sont
'une sûre garantie pour l'avenir, et nous
avons la conviction que l'exploitation de l'é-
clairage nous donnera également ample sa-
tisfaction.
M. L'ADMINISTRATEUR. Le nombre des
voitures nécessaires ùl'exploitation est dou-
ble de celui qui, primitivement, avait été
prévu.
UN ACTIONNAIRE. Heureux mécompte
M. Le président. Nous voudrions en
avoir souvent de ce genre.
Nous pensons pouvoir attribuer un divi-
dende de 3 francs par action de Catane,
après de gros amortissements ce résultat
est, ccrtes, beau pour une exploitation de
neuf mois.
UN ACTIONNAIRE. Il a été beaucoup ques-
tion du Central Electrique du Nord. Pour-
rions-nous savoir quelques renseignements
sur cette afiaire
M. Lr président; Je suis tout disposé à
vous .donner communication des motifs sur
lesquels le conseil se base pour augurer de
l'avenir. en bien. de cette Société
Le Central Electrique du Nord.
Le département du Nord est le plus dense
en population, le plus riche en activité in-
dustrielle et commerciale, c'est le départe-
ment le plus producteur de la France il
paie, après Paris et sa banlieue, la plus
grande partie des impôts de France.
Les progrès industriels sont manifestes et
des plus rapides. Dans la région de Lille,
les industries sont extrêmement variées
il n'y a pas de gros groupes homogènes, il
y a de nombreuses industries qui doivent
employer des forces motrices particulières,
mais elles n'ont pas de source unique d'éner-
gie électrique à bon marcha
A proximité de Lille, il y a de gros villa-
ges qui ont la population d'une petite ville,
soit de 7 il. 8.000 habitants. Dans ces villa-
ges, il se trouve une population ouvrière
qui travaille chez elle il y a aussi de pe.
tites et de grandes usines. Ces dernières
peuvent se pourvoir d'une force motrice,
mais il n'en est pas de même des petites.
Toutes ces considérations ont attiré l'at-
tention de personnes sérieuses qui se sont
rendu compte combien il serait avantageux
qu'une société puisse créer une usine d'é-
nergie électrique à même de distribuer celle-
ci à la petite industrie. C'est à ces desiderata
qu'a répondu le Central Electrique du Nord.
Aussitôt la Société constituée, sous le
nom de La Centrale Electrique du Nord,
celle-ci a acquis un terrain utilisable de
30.000 mètres carrés, sur lequel elle s'occupe
d'édifier une vaste station centrale. L'usine
est située à Wasquehall, non loin du che-
min de fer et du canal de Lille a Roubaix.
Sa situation est privilégiée pour obtenir à'
bon marché les matières premières à son ex-
ploitation elle offre toutes les facilités pour
Je possède toute sa confiance.
Maître Baillet, dit solennellement le
magistrat, je vous adjure d'aider la justice
en ces circonstances où l'honneur du chef
de l'Etat est en jeu. En prêtant les bons
offices de votre ministère à la présentation
du reçu, vous vous êtes associé, de bonne
foi, je veux bien le croire, à une tentative
qui tombe sous le coup des lois. Vous avouez
le fait il est donc patent, et à lui seul il
constitue une preuve du commencement
djexécution.
L'huissier écoutait en silence, commèn-
çant à comprendre.
Je pourrais saisir la chambre de disci-
pline des huissiers de votre conduite la
faute, étant grave, pourrait entraîner pour
vous de graves responsabilités. J'aime
mieux agir autrement avec vous. Vous ve-
nez d'être entendu par moi à titre de ren-
seignement professionnel je vais vous
prier dé renouveler vos déclarations devant
un juge d'instruction et de les signer. La
justice, ensuite, vous tiendra quitte.
M* Baillet comprenait tout à fait mainte-
nent.
--Monsieur le substitut, dit-il d'une voix
ferme, vous pouvez appeler le juge d'ins-
truction, je ne ferai devant lui aucune dé-
claration. Vous pouvez, si bon vous sem-
ble, me traduire devant li chambre de dis-
cipline, j'exposerai à mes confrères, deve-
nus un instant mes juges, ce que l'on atten-
dait de moi et ce que j'ai refusé de faire. Je
connais leur conscience elle sera d'accord
avec J'a mienne.
Maître Baillet, dit le substitut que la
colère gagnait, réfléchissez bien. L'on perd
tout à marcher contre la loi.
C'est justement parce que je m'y con-
forme entièrement que je garde la tête
haute, monsieur le substitut. Mon devoir est
nettement tracé, je le suivrai quoi qu'il
doive en arriver.
M. de Garches s'était levé
Encore une fois, s'écria-t-il, réfléchis-
sez 1.
L'huissier ne répondit rien.
Une question à laauelle vous ne doo-
te" distribution de l'énergie -électrique- aux.
consommateurs. Placée au centre même du
réseau du chemin de fer électrique Lille-
Roubaix-Tourcoing, auquel elle va distri-
buer la force motrice, elle pourra, par l'in-
tervention de ses sous-stations, porter l'é-
lectricité, en force et en lumière, jusqu'aux
confins du département du Nord.
Nous venons de-dire que l'usine du Cen-
tral du Nord va donner le courant à l'Elec-
irique. Lille-Roubaix-Tourcoing. La Société
a traité aussi avec la Société nouvelle des
Tramway^ de Roubaix et' Tourcoing. Dans
ces conditions, grâce à de nouvelles conven-
tions, qui interviendront dans un prochain
délai, toute la production d'énergie diurne
des usines est absorbée et donne des prix
rémunérateurs.
Je ne vois pas d'inconvénients à' dire h
nos actionnaires que des négociations sont
en cours avec plusieurs villes du départe-
ment, auxquelles nous espérons fournir l'é-
Je profite de l'occasion qui m'est offerte de
m'entretenir avec vous, messieurs, pour ré-
pondre à une objection qui nous a été faite
souvent Pourquoi, nous disait-on, vu l'im-
portance du milieu où elle doit se dévelop-
per et l'avenir qui lui est réservé, la So-
ciété, Central du Nord n'a-t-elle pas édifié
une usine énorme, capable de produire à
bon marché de grandes masses d'électri-
cité ?
Nous répondrons, messieurs, que notre
conduite fut inspirée par la prudence et le
souci de vos intérêts. Nous avons voulu
nous créer d'abord une clientèle dont le ren-
dement fût précis et qui permit la rémuné-
ration du capital engagé. Les installations
actuellement prévues serviront à fournir le
courant actuellement demandé par des con-
trats en règle. A mesure des augmentations
de demandes, nous nous agrandirons. Cette
conception, pour peu grandiose qu'elle puis-
se paraître, a le double avantage d'être pra-
tique et de ne pas laisser de prise à l'im-
prévu.
Considérant la manière dont cette entre-
prise fut conçue et celle dont nous nous ef-
forçons de la mener à bien, je crois pouvoir
affirmer que c'est l'une des plus intéressan-
tes que l'Union des Tramways se soit as-
surée.
L'Electrique Lille-Roubaix-Tourcoing.
L'ACTIONNAIRE. Je remercie M. le prési-
dent des explications si intéressantes qu'il
vient de nous donner ne serait-ce pas abu-
ser de sa complaisance que de lui deman-
der encore quelques renseignements sur
l'Electrique Lille-Roubaix-Tourcoing ?
M. LE président'. Messieurs, l'Electrique
Lille-Roubaix-Tourcoing a vivement préoc-
cupé l'opinion publique française.
Le groupement de trois villes, Lille, Rou-
baix, Tourcoing, dans une région aussi res-
treinte du département le plus industriel de
France, est une situation unique. Je ne crois
pas qu'il existe en Europe une situation coin-
parable à celle, de ces trois villes. Lille est
un des principaux centres industriels de
France par ses filatures, ses établissements
métallurgiques, ses industries de tout genre.
Roubaix et Tourcoing ont gagné, en déve.
loppement des affaires et en richesses, d'une
façon remarquable en quelques années.
L'ensemble des populations qui se grou-
pent autour de' ces villes peut être évalué
à 650.000 habitants. Ces villes se trouvent
éloignées l'une de l'autre de 12 kilomètres.
Elles ne communiquent entre elles que par
le chemin de fer du Nord et les tramways
de Lille et extensions. Le service que le pre-
mier rend au public est différent absolu-
ment de celui qu'un tramway peut réaliser.
La seconde entreprise, quittant Lille, pas-
se par des communes et des villages que
son premier souci est de desservir.
Représentez-vous, messieurs, les relations
constantes qui vont naître entre les trois ci-
tés du Nord, du fait du grand œuvre que
les autorités du département ont décidé de
mener à bien. Figurez-vous une large ave-
nue, franchissant les canaux, traversant en
ligne droite, sur une distance de 12 kilomè-
tres, les populations agglomérées, réunis-
sant Lille Roubaix et il Tourcoing. On l'a
dit déjà, et c'est un phénomène économique
qui a été contrôlé ailleurs, les populations
des villes @soeurs vont se répandre le long
de cette avenue et y habiter. Rappelez-vous,
messieurs, vous qui êtes Bruxellois, le dé-
veloppement; j'allais' dire explosif, de l'ave-
nue Louise, de l'avenue du Bois, en la ca-
pitale. Observez les boulevards de Passy,
dans les environs de Paris, et les belles
avenues h Cologne et à Dusseldorf.
L'Electrique Lille-Roubaix-Tourcoing est
le chemin de fer qui parcourra la nouvelle
voie et desservira les villes dont il porte le
nom. Donner des chiffres et des prévisions
d'exploitation est chose prématurée. Nous
croyons fermement que l'avenir de cette en-
treprise sera brillant. L'Union des Tram-
ways, en s'intéressant à cette affaire, a dé-
montré le très sérieux souci qu'elle porte à
ses actionnaires et au développement éco-
nomique des populations du nord de la
France.
UN actionnaire. L'affaire a été cepen-
dant sujette aux critiques.
M. LE président. II est impossible qu'une
affaire comme celle-ci, qui a préoccupé l'o-
pinion publique, n'ait pas donné lieu à de
vives controverses.
UN ACTIONNAIRE. Nous vous remercions,
monsieur le président, de vos renseigne-
ments aussi détaillés. Il en résulte que le
programme de l'Union est des plus vastes.
Je me permettrai cependant de vous deman-
der si les ressources dont notre Société dis-
pose sont suffisantes Dour le réaliser.
Les ressources et le programme de
l' Il Union n.
M. LE président. Je n'éprouve aucun dé-
plaisir à répondre à cette question.
L'actif immédiatement réalisable de l'U-,
nion s'élève à 12.000.000 environ,, après dé·
falcation du passif exigible. Je ne parle pas
de nos 2.500.000 francs d'obligations rem-
boursables en 30 années.
Le capital de l'Electrique Lille-Roubaix-
Tourcoing s'élève à 12.000.000 de francs.
vez pas éviter de répondre, fit le substitut,
Ce reçu, où est-il ?
Je ne l'ai plus je l'ai remis, il y a deux
heures, à ma cliente.
Miss Fanny Lockard, allée des Veu-
ves ?
Elle-môme.
Connaissez-vous ses nouvelles inten-.
tions ?
J'ai eu l'honneur de vous répondre tout
à l'heure que je les ignorais.
Soit, Nous n'oublierons pas ici, maître
Baillet, la façon dont vous interprétez vos
devoirs.
La voix était âpre et menaçante.
L'huissier ne daigna même pas faire un
geste.
Une fois hors le cabinet du substitut, il
s'adressa tout un long discours
Ah c'est un beau piège, mais ce subs-
titut est trop lourdaud pour m'y faire tom-
ber. Quelle bonne idée j'ai eue de ne pas pro-
tester ce reçu 1 Je vois clair, maintenant.
C'était une arme dont on s'emparait contre
ma cliente tentative de -chantage suivie
d'exécution, aurait-on prétendu. C'était plus
qu'il n'en fallait pour se permettre envers
elle toutes les violences que comporte la loi.
'Et j'aurais perdu les quatre ou cinq cent
mille francs que je compte bien gagner.
Non, non, monsieur le substitut. A renard,
renard et demi.
Sans plus tarder, il fila droit- allée des
Veuves.
Il n'y rencontra que la comtesse Laumô-
nier.
Vous pouvez avoir toute confiance en
moi, dit la comtesse à Me Baillet, et je
transmettrai fidèlement vos instructions à
mon amie.
Eh bien, madame, dites-lui qu'il y a ur-
gence absolue à ne pas différer d'une minute
notre départ pour Londres et que je lui don-
ne rendez-vous -s- quoi qu'il arrive demain
au train de neuf heures, en avance de vingt-
quatre heures sur ce que nous avions con-
venu.
Puis, M* Baillet, l'esprit un peu plus en
repos, rentra rue de Miromesnil
̃ Le Central Electrique du Nord dispose de
10.000.000 de francs.
Au résumé, nos ressources actives ne sont
pas inférieures à 34.000.000 de francs, ef
notre prpgramme d'activité sera réalisé.
Comme a bien voulu le reconnaître l'hono-
rable actionnaire, notre programme est des
plus vastes. Nous nous efforcerons de le
mener à bonne fin, sachez-le bien, sans im-
patience et sans imprudence. Nous vous de.
mandons de nous faire crédit et de nous
voir à l'œuvre. Que le passé vous réponde
do l'avenir.
Au moment où le conseil d'administration
actuel entra en fonctions, la politique d'af-
faires'de' l'Union était conservatrice. Le or-
tefeuille était composé d'actions Tiflia, Kna:
koff, Malaga, Orel. L'ancien conseil gérait
ce portefeuille, contrôlait les entreprises
patronnées et ne faisait pas d'affaires nou-
veilles. Il fit bien.
Dès le commencement de notre gestion,
notre activité se porta sur ces anciennes
affaires:
Aux Tramways de Tiflis, les travaux d'é-
lectrification du réseau furent activés de
telle manière, qu'actuellement les 12 ki-
lcmétres primitifs sont à traction mécani-
que.
A Kharkoff, le contrat des négociations
'été maintenu avec les autorités municipales
en vue d'obtenir l'autorisation d'exploiter
l'électricité un réseau qui, à traction ani-
male, donne un revenu moyen, depuis cinq
ans, de Il 1/2 0/0 du capital engagé.
A. Malaga, où l'exploitation s'effectuait
précédemment au moyen de mulets, les
installations à l'électricité sont près d'être
terminées, et la concession de lignes nou-
velles nous a été accordée. Notez, mes-
sieurs, que ces travaux importants de Ma-
laga ont été exécutés par les soins et sous
la direction de notre comité technique, que
nous fûmes les entrepreneurs de cette oeil-
vre et que nous n'avons immobilisé dans
cette affaire aucune de nos ressources. Les
capitaux nécessaires nous furent procurés
par des banquiers de notre place et d'An-
vers, qui prirent ferme les obligations de
la Société de Malaga. Sans risques nou-
veaux, nous avons obtenu des avantages
sérieux.
Enfin, à Orel encore, le développement
normal de l'entreprise des tramways s'o-
père sans engagement nouveau de notre
part
Les affaires nouvelles.
De ce qui précède, messieurs, vous pou-
vez conclure que votre premier soucl fut
toujours de garder nos disponibilités libres
pour des affaires nouvelles. Je, dirai, plus
encore nous avons, en prévision des trou-
bles russes, dont nous avions eu le prës-
sentiment, liquidé une partie des engàge-
ments que nous avions dans des affaires
de ce pays, et ce'de manière à ne pas ren-
dre nos destinées solidaires de celles de la i
politique russe. 1
Aujourd'hui, les recettes desdites entre-
prises sont en progression toujours crois-
sante.
Quand nous vîmes que le. public saluait
notre activité dans les anciennes affaires
de l'Union, en prêtant son concours il Itt
hausse légitime des titres de notre porte-
feuille, mais alors seulement, nous nous
sommes permis de faire une affaire nou-
velle celle de Catane. Messieurs, le 1er
avril à la date que notre bureau tech-
nique avait fixée, les tramways de Catane
furent livrés à l'exploitation. Les recettes
prévues furent dépassées, toutes les espé-
rances furent réalisées. J'adresse, ici, à nos
ingénieurs, mes félicitations les plus sin-
cères pour le travail accompli et mes remer-
ciements pour leur fidèle collaboration.
Après Catane, dont les obligations et les
actions furent recherchées par le monde des
capitalistes, l'Union pouvait aspirer à réa-
liser des opérations plus importantes, quitte
à ne se jamais départir de cet esprit de
prudence et de modération qui constitue vo-
tre sauvegarde. L'Union fit le Central Elec-
trique du Nord et le chemin de fer électri-
que Lille-Roubaix.Tourcoing, au sujet des-
quels je vous ai donné des explications que
vous avez jugées suffisantes.
Donc, messieurs, voilà .ce que nous avons
fait en nous inspirant des ressources dont
dispose notre Société, sans même considé-
rer celles que nous pouvons trouver chez
nos alliés et chez nos amis, qui, à cette
heure,;sont nombreux
Permettez-moi, messieurs, en terminant
cette séance, de vous exprimer toute ma
confiance en notre avenir et toute la sati!11
faction que j'éprouve personnellement à mé
consacrer il des entreprises comme la nô-
tre, comme celle de l'Electrique Lille-Rou-
baix«Tourcoing.
En effet., si celle-ci doit être rémunéra-
trice pour vous, messieurs, elle doit aussi
coopérer largement au développement éce-,
nomique d'un grand département de la
France 1 (Applaudissements prolongés.)
LE VOTE
Le bilan et le compte de profits et pertes
sont adoptés à l'unanimité.
Le coupon est rendu payable à partir du
15 mai prochain. ;••-<̃"
LES REVUES PÉRIODIQUES»
et la Grève
Le Syndicat de la Presse périodique (édi-
teurs et directeurs), en présence des diffi-
cultés que la grève des imprimeurs apporte
Li l'apparition d'un grand nombre de jouè-
naux et de revues, prie le public de ne pas'
s'étonner des retards et des imperfections
qui pourraient se produire pendant la durée
de la grève dans cas publications.
Certains périodiques même, se sont trou-
vés dans l'impossibilité matérielle de parai-
>tre cette semaine, par suite de la brusque
fermeture de leurs imprimeries,
X A I» K F K III M K hALUOH, SU. faubourg
UX1U UittiUU Saint-Martin villa moderne,
«rond jardin la campagne pour recevoir pensionnaires b toute
XII
LÈS CONSÉQUENCES D'UNE IDYLLE ̃•
Paris était alors circonscrit entre les bou.
levards extérieurs, sur la chaussée desquels
une grille ou un mur délimitait l'octroi Au
delà se groupaient les communes, annexées
en 1860,qui entouraient la capitale jusqu'aux
fortifications.
L'une de ces communes, Belleville, s'éta-
geait en face du Faubourg-du-Temple, avec
sa longue rue de Paris, montant vers la
campagne, et ses rues transversales, qui
communiquaient avec la Villette à gauche.
et Ménilmontant à droite.
C'était encore plutôt un village qu'un fau-
bourg sauf la rue de Paris, où les habita-
tions se pressaient, toutes à plusieurs éta-
ges et aux rez-de-chaussée occupés par des
boutiques, ses autres voies ressemblaient
à celles que de nos jours l'on peut voir en-
core dans les agglomérations suburbaines
de de Vanves, d'Asnières, c'est-à-
dire qu'elles étaient surtout bordées de pe-
tites maisons, chacune avec un jardinet, sé-
jour de modestes rentiers ou d'employés qui
venaient là, chercher le bon air.et un sein-
blant de campagne.
Près des fortifications, cet aspect s'accen-
tuait davantage. Les propriétés y étaient plus
grandes, leurs jardins vastes étaient plantés
d'arbres, de hautes futaiés des gens riches
ne dédaignaient pas d'y habiter. Des grands
seigneurs, sous la Monarchie, v avaient mê-
me bâti un château, qu'ils avaient entouré
d'un parc, embelli au fur et à mesure dès
années. Ils appartenaient la famille des Le-
pelletier de Saint-Fargeau, dont un de leurs
représentants devait périr assassiné par le
garde du corps Paris pendant la Révolution.
Le château démoli, son terrain morcelé
avait été acheté par des bourgeois la plus
belle partie du parc, avec son lac, ses grot-
tes, ses bosquets, ses hauts taillis, avait été
conservée. Un industriel y avait; fondé un éta-
blissement où tout Paris montait, les beaux
jours venus, certain d'y trouver réunis une
bonne cuisine et des plaisirs champêtres.
(à suivre.)
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