Titre : Le Matin : derniers télégrammes de la nuit
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1905-01-09
Contributeur : Edwards, Alfred (1856-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 09 janvier 1905 09 janvier 1905
Description : 1905/01/09 (Numéro 7624). 1905/01/09 (Numéro 7624).
Description : Note : 3ème édition. Note : 3ème édition.
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/04/2008
Vingt-Deuxième Année. NI' 7624
SIX départements -CINQ CENTIMES
Lundi 9 Janvier
DERNIERS TÉLÉGRAMMES DE LA NUIT
SFII! .mURNiFFiâiCAIS RECEVANT PAR FILS DU MONDE ENTIER
^pvi)IÉBÈ^A0|iiP:
CE QUE L'ENVOYÉ SPÉCIAL BU «MATIN» PENSE
DE LA SITUATION AU MAROC
%AB LETTRE DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL]
Tanger, 31 décembre.
Le mot le plus étonnant qui ait été pro-
noncé jusqu'à ce jour sur notre action.
,au Maroc est bien cette « pénétration pa-
cifique » qui eut la bonne fortune de ras-
surer les esprits inquiets d'une aventure
militaire, cependant qu'il faisait prévoir
rétablissement à bon marché de la salu-
influence française dans un pays
que nous abandonnait l'influence britan-
nique rebutée. Ce mot est le plus éton-
nant, parce qu'il est le plus faux. Il n'est
point de peuple plus impénétrable que
celui-là, et il l'a prouvé depuis qu'il est
au monde.
Citadelle moralement inviolée de l'Is-
lam, le Maroc, au contact physique de
ï'Europe, n'a pas fait un pas vers notre
civilisation depuis mille ans. Le, passage,
l'établissement historique de l'Angleterre
sur ses côtes, dans ses ports, n'ont laissé
d'autre trace ici que ces vestiges cou-
verts de lichen d'une digue disparue que
nous montre, de temps à autre, en se re-
tirant, le flot atlantique,, comme s'il vou-
lait nous rappeler la vanité de l'œuvre
de conquête dans ce pays de.conqué-
rants. L'Espagne est couverte de leur
gloire, qui triomphe encore à Grenade,
à Cordoue. Partout où le sabot rapide de
leur armée légère a passé, ils ont laissé,
cofime une empreinte éternelle, le « fer
à cheval» de leur architecture immua-
ble, tel le sceau d'Allah sur le monde,'
auquel on ne touche pas.
Et qu'est-ce que l'Espagne a fait ici ?
Un. bagne. Si les convicts ont fait l'Aus-
tralie, les échappés de Ceuta n'ont réussi
qu'à bâtir trois trottoirs et deux murs,
entre lesquels on se raconte, pour pas-
ser le temps, les nouvelles du jour. Après
tant d'années, tant d'années, les Espa-
gnols ont au Maroc le Petii-Socco. Et ils
•sont dix mille ici. Dix mille qui, pacifi-
quement,, sont établis à côtid de cinquante
mille Arabes; vous entendez dix mille,
;depuis tant d'années, à côté. et qui
n'ont jamais pu se mêler à eux, jamais.
ni par leurs médeeins; ,qui furent cepen-
dant cinquante, ni par leurs écoles; qui
iastÉuisirent^es petits Espagnols seule-
fient. Vous 'savez si ce peuple (le la pé-
ninsule est colonisateur, et la province
d'Oràn est là pour attester sa puissance
de pénétration pacifique. Eh bien l je ré-
pète qu'ils sont ici dix mille qui n'ont
rien pénétré du tout. Et nous sommes
trois cents.
Ah il fàut écouter, il faut voir De
,tous les peuples de l'Islam, .il n'en est pas
'un qui ait conservé aussi intacts son ca-
ractère et ses moeurs. De la plaine de Tu-
inië, par les plateaux d'Algérie, la civi-
lisation maure est venue se réfugier au
coeur de ces montagnes qui la gardent,
à travers les siècles, de tout contact im-
pur. C'est au Maroc que le monde mu-
sulman trouve encore, dans toute sa pu-
reté première, la Loi et la Coutume,
.liées par le Prophète, indissolublement.
Et liées contre nous.
Plns liées aujourd'hui qu'hier, car la
'défiance est absolue, car on vous jette
des injures sur votre route, et la porte
de la maison maure, qui fut ouverte,
quelquefois, si peu, est close maintenant
pour longtemps, et vous passerez devant
elle de longues années avant qu'elle vous
montre autre chose que son visage sécu7
laire de bois, de mépris et de silence.
« Le maître des chrétiens à l'hameçon,
le maître des juifs à la broche notre
maître au paradis, et nous témoignerons
eirsà faveur. »
Vous ne pénétrerez point pacifique-
ment cela. La nation la plus colonisatrice
de- la terre disons, pour parler le lan-
gage du jour, la plus pénétrante est
venue rôder deux fois sous cette muraille
hostile. Ne pouvant apporter l'alcool de
^alliance à un peuple qui ne boit que
de l'eau, n'osant tendre la Bible aux fa-
rouches fils d'Allah, l'Angleterre, après
des années, d'observation à Tanger et de
patience à Fez, était parvenue à vendre
à Sa Majesté chérifienne un cinémato-
graphe d'occasion et le billard où sa di-
plomatie savante s'essayait aux caram-
bolages les plus séduisante pour un es-
prit qui semblait prêt à s'ouvrir à toutes
les curiosités des distractions occiden-
tales. Tout de même, Moulaï Abd el Aziz
s'aperçut un jour qu'il jouait son empire
contre une partie de trois bandes, et il
rendit le billard.
L'Angleterre comprit qu'elle n'avait
plus qu'à se retirer et qu'à nous faire
venir. Nous arrivâmes sur ce coup de
M rétro'».
xv..
Malgré tout, il faut nous en féliciter.
Il est probable que si l'Angleterre avait
eu l'Algérie et la Tunisie, elle eût montré
plus de persistance dans sa politique ma-
rocaine. Nous avons bien des raisons
pour reprendre la partie là où elle nous
la laisse, et, les circonstances aidant, no-
tre diplomatie eût été impardonnable de
ne point profiter de l'occasion. M. Del-
cassé l'a admirablement compris. Mais,
si nous avons de nombreuses raisons
d'en être éternellement reconnaissants à
M. Delcassé, nous n'en avons aucune de
remercier l'Angleterre. C'est un cadeau
(( difficile» » qu'elle nous a fait là.
La première fois qu'elle nous entendit
parler. de a pénétration pacifique », elle
qui savait « à quoi s'en tenir », et qui
n'avait abandonné l'affaire que parce
qu'elle la jugeait impossible, elle sourit.
Ce sourire erre encore sur toutes les lè-
vres anglaises que j'ai rencontrées au
Maroc. Il faut nous en consoler, en son-
geant qt?, si nous avions parlé de con-
quête
rite diplomatique q'" "'̃ ̃̃•̃;̃
fil' le Maroc en
sultan), l'Angleterre eût souri davantage, j
Aussi j'aurai garde, quant li du
m'associer à cette plaisanterie ridicule
qui court ici sur la « pacification péné-
trante ». C'est la réponse des sots qui
n'ont pas compris que ce mot de « pépé-
tration pacifique » avait été jeté en hâte
sur le seuil de notre œuvre à construire
au Maroc, par un homme clairvoyant
je crois que j'ai nommé M. Jaurès qui
voulait avant tout écarter le danger cer-
tain et la faute irrémédiable de 1'oeuvre
de guerre.
Elle serait colossale et infinie. Enten-
des qu'elle serait d'une durée inimagi-
nable et qu'elle demanderait un grand
nombre d'hommes': cent mille au moins
et cinquante années.Certes s'il s'agis-
sait d'aller promener le drapeau de la
France à Fez et même de l'y maintenir,
une colonne de vingt mille de nos sol-
dats n'aurait à redouter aucune aven-
ture. Mais que signifierait l'expédition
sans l'occupation ? Songez qu'il y a dix
millions de musulmans au Maroc, qu'il
n'y en a pas le tiers en Algérie et qu'il
n'est pas inutile encore aujourd'hui, de-
puis si longtemps, d'y maintenir soixan-
te-dix mille hommes en armes.
Pour l'Européen, habitué au spectacle
de force et d'harmonie de nos troupes
modernes, il semble que ce doive être
un jeu que la guerre contre ces bandes
sans cohésion, toujours occupées de raz-
zias, contre ces tribus dénuées de toute
organisation militaire, qui ne vont au
combat qu'après d'interminables pala-
bres et qui renoncent aux coups de fusil
si la vache convoitée leur est livrée de
bonne grâce. L'histoire des dernières
batailles, même les plus sérieuses, entre
les troupes du prétendant et celles de
Moulaï Abd el Aziz, n'est point faite pour
entretenir la terreur. Quelques guer-
riers, au- bout du compte, restent sur le
terrain; chaque, parti-rapporte dans un
sac les têtes butin et preuve de la vic-
toire. Encore ces, têtes appartiennent-,
elles souvent à d'inoffensifs vieillards,
ouvriers de la. terre, isolés; surpris dans
leur plant de légumes. Et l'indigène des'
cités, devenu sceptique, sourit lui-même
à l'étalage de ces têtes chauves,, piquées
aux créneaux des portes, trop blanches
pour attester le danger et la vigueur de
la bataille.
Ces anecdotes incitent le voyageur au
coeur léger à penser qu'on aurait raison
de toutes les difficultés pendantes avec
quatre hommes et un caporal. Mais in-
terrogez l'officier qui a passé plusieurs
années au cœur de ce pays, qui en con-
naît l'histoire, qui a vu ces Maures se
combattre avec tant de nonchalance et
attaquer avec tant de, furie le chrétien
de guerre, qui se rappelle la lutte achar-
née qu'ils soutinrent en plusieurs occa-
sions contre l'Espagnol, il vous dira qu'il
ne faut point faire état de l'attitude de
l'Arabe exercé pour la razzia, mais qu'il
faut tout redouter de celui qui marche
dans le sentier de la guerre sainte, con-
tre le « roumi ».
Certes, il n'est point de défaite à redou-
ter, et nous passerions. Mais, encore une
fois, qu'importe de passer ? On ne les
battrait pas, on les disperserait. Et ils
reviendraient,, du fond de leurs monta-
gnes, pour être dispersés encore. Nous
passerions partout, nous ne resterions
nulle part. nulle part, 'à moins de cent
mille hommes et de cinquante 'années.
cinquante années pendant lesquelles la
France serait obligée de regarder du côté
du Maroc.
Est-ce que c'est cela qu'on a voulu'?
Le Maroc est un a cadeau difficile ».
Ni pénétration pacifique ni conquête.
Que sommes-nous venus faire ici ? Quel
espoir nous y est réservé ? Quelle action
possible ? Quel .dessein ? Quel geste ? Et
il faut agir cependant.
Les événements de l'heure, précipités
si habilement que l'on pourrait croire à
quelque machination destinée à nous vo-
ler le temps de la réflexion, nous forcent
à décider une attitude définitive. Et les
décisions dernières d'un sultan obligé
de prêter l'oreille à la voix puissante de
la réaction musulmane et aux conseils
intéressés des prévaricateurs ont été
d'une brutalité si soudaine et si inatten-
due qu'elles pouvaient apparaître avec
un caractère d'insulte suffisant pour
nous rejeter de la conception la plus chi-
mériquement pacifique, de notre rôle à
l'action la plus dangereuse, à l'œuvre de,
guerre qu'il faut éviter à tout prix. Que
ce piège nous ait' été préparé dans le
mystère de la diplomatie chérifienne,
inspirée du dehors, ou qu'il nous soit
tendu inconsciemment par les ouvriers
étourdis du destin, nous n'y tomberons
pas. Entre les deux extrêmes, Al va un
moyens terme que nous devons adopter,
quels que soient des événements à venir.
Ce. moyen terme, qui n'est ni la péné-
tration pacifique, ni la conquête, et qui
doit être basé uniquemantaur la bonne
volonté des deux parties, est la police de
la périphérie.
Dans la police, il faut comprendre
celle des gens et celle des choses. Dans
la police de la périphérie, il y a la doua-
nie. Quand nous aurons établi, grâce à ce
système, la paix dans les ports (et ils
sont peu nombreux) et la règle dans la
rentrée de l'impôt, nous seront forts et
nous serons si près de nous entendre
avec le sultan qu'il ne m'étonnerait point
qu'on s'entendît tout de suite. Si nous
nous, décidons à cette ligne de conduite,
c'est-à-dire a' la pression militaire uni--
quèmen't sur la périphérie, nous n'avons
rien à redouter d'une aventure de guerre
et tout à espérer d'une patiente et lente
et nécessaire pénétration pacifique fu-
ture.
Le meilleur modè de police est çelni j
qui consistera en fait dans l'emploi des
recrues du sultan instruites et comman-
dées et encadrées par nous. Jusqu'à ce
jour, elles n'ont été qu'irlni'' ,rj
novr ~V- ̃̃'̃̃ que, il la moiaàr;j (̃ j
ter vescence, elles t&ï-'J'.
pachas, 1frm§ avjp&/kmt ce qu'il faut
pour fournir Tés cadres de la. police de
la périphérie, à deux pas d'ici, en Algé-
rie. Puisque nous avons l'éléphant ap-
privoisé, servons-nous-en pour apprivoi-
ser l'éléphant sauvage.
Tout ceci revient à dire, si je nie ré-
sume, que la pénétration pacifique étant
une chimère et la guerre un danger, il
faut s'arrêter à un moyen terme qui con-
sistera à montrer la force en en usant le
moins possible, moyen que j'appellerai
La domination pacifique.
Gaston Leroux.
DE MIDI A MINUIT
Les faits d'hier En France et & l'étranger.
L'amiral Bienaimé a été élu député du
deuxième arrondissement de Paris» en rem-
placement de M. Syveton.
La manifestation annuelle à la maison de
Gambetta, aux Jardines, a eu lieu sous la
présidence de M. Bertéaux, député de Seine-
et-Oise, ministre de la guerre.
Le yacht de l'amirauté anglaise EnçKan-
ieress a quitté Marseille, faisant route pour
Malte, ayant à bord le comte de Selborn,
premier lord de l'amirauté.
La grève des mineurs employés à l'extrac-
tion des pyrites de Saint-Bel est terminée.
Les ouvriers abandonnent toute revendica-
tion. Le travail reprendra aujourd'hui.
Les négociants et armateurs de Mèze ont
décidé d'un commun accord de n'employer
que la voie ferrée pour le transport des mar-
chandises, si la grève des bateliers per-
siste.
Le transfert des prisonniers de Port-Ar-
thur est terminé.
En Mandchourie, la situation reste station-
naire, le froid' est moins violent; la nouvelle
de la prise de Port-Arthur a profondément
impressionné les troupes.
Près du phare de Sfcerries, le vapeur es-
pagnol Oriâ et le vapeur Slella-Mafis, de
Glascow, sont. entrés en collision; les deux
navires ont coulé; deux matelots ont dis-
a eu lieu hier une cérémonie solennelle à
l'occasion de la- Déatiflcatfon du curé d'Ars;
les cardinaux Mathieu, Couillé et Perraud
y assistaient.
Une grande parade militaire a eu lieu à
Tanger, sous la direction d'instructeurs fran-
çais le Du-Chayla est arrivé, le Kléber se
prépare à partir pour Toulon.
A PORT-ARTHUR
L'entrée de la rade est toujours refusé aux
bâtiments étrangers, en raison, disent
les autorités japonaises, du danger
constitué par les mines.
CuE-Fou, 8 janvier. Dépêche de notre
correspondant de guerre. Un steamer qui
arrive de Çhemulpo annonce qu'un navire
japonais a quitté hier la Corée, à destination
de Datny, avec un nombreux personnel de
docteurs, d'infirmiers et d'ingénieurs.
Des affiches placardées ici disent aux Chi-
nois qu'ils doivent étre tiers pour la race
daune des récents succès remportés par les
Japonais.
Le sampan que j'avais envoyés aux nouvel-
les est'revenu sans avoir pu entrer à Port-
Arthur, le blocus étant toujours maintenu
par un torpilleur.
Le consul du Japon a prévenu que les non-
combattants seront embarqués à Dalny, les
mines .rendant la navigation trop dangereuse
devant Port-Arthur.
MARCEL Smet.
Le général ptœlsel.
Tooto, 8 janvier. Un transport japonais
amènera à Nagasaki le général Stœssel et
les autres officiers ayant donné leur parole.
Selon toute probabilité, ils resteront quel-
ques jours au Japon, puis partiront pour
l'Europe à bord d'un steamer framçais, le
voyage devant so faire par la voie du canal
PROPOS D'UN PARISIEN
Je constatais l'autre jour que le pari mu-
tuel,a, cette année, reçu dix millions de
moins que l'année dernières, et je disais
L'augmentation, du prélèvement qu'opère
l'Etat est probablement la cause de cette di-
minution. On joue toujours autant, mais on
joue autrement. i) A ce propos, j'ai reçu une
lettre d'un lecteur qui m'a l'air très ferré
sur la question. Il me dit
Les agences clandestines, dont jon a aug-
menté le-bénéfloe de 0 50 ce qui leur per-
met de donner à leurs intermédiaires moitié
du prélèvement, soit 4 ont inauguré la
visite à domicile des gros joueurs connus. Il
n'y a plus aujourd'hui que les naïfs et les pe-
tits joueurs qui supportent l'impôt de tous
les autres, et votre serviteur a la honte d'a-
vouer qu'il est du nombre. reçoivent 4 de
leurs donneurs, qui conservent pour eux les
quatre autres pour cent. On s'évite ainsi l'en-
nui et les frais d'un déplacement 'au champ
de courses, l'ennui et les risques du ticket porté
au garçon de café et on met dans sa poche
la moitié de ce fameux prélèvement qui sus-
cite tant de convoitises chez nos politiciens.
Racontez-leur donc cela.
Voilà qui est fait. Et je suis content que
mon lecteur ait dévoilé des mystères que
j'ignorais' pour ma part.
C'est une bonne tape pour les législateurs,
dépourvus de malice,qui sont persuadés que,
pour augmenter les recettes, il suffit d'aug-
menter le pourcentage de l'impôt.
Le public est toujours considéré par ces
innocents comme une quantité négligeable.
En réalité, il n'y a que lui qui compte et
quand il ne veut pas payer, parce qu'on lui
demande trop, il n'y a pas d'empereur sur
terre capable de lui prendre son argent.
H. HA.RDUIN.
A M. SYVETOS
Un scrutin législatif Paris Journée
calme La proclamation des résultats
Déclarations du nouvel élu Il
est décidé à combattre le mi-
v nistre de la marine
La carrière d'un of-
licier général.
7,'Amîral Bienàirhé a été élu hier député
du (ieiï^.rne arrondissement, en remplace-
ment de M. Gabriel. Syveton, décédé. ̃̃
En dehors (!SS manifestations bruyantes
qui ont -accueilli '& victoire des antiministé-
riels, la journée de s campagne électorale daïfi. 'f deuxième ar-
rondissement a été fort calrrfo, el les affi-
ches de la dernière heure ne de.
vant elles qu'un public' sinon indi£f8Lenti du
moins silencieux. '• ̃
A la vérité, elles n'étaient point banales;
ces affiches, et pour être un-politicien récent,
l'amiral Bienaimé les a prodiguées comme
un ancien, et jusqu'à une heure très avan-
cée de la journée. L'une d'elles, pourtant,
attirait l'attention par la comparaison
qu'elle entendait faire, sur-deux colonnes
la Légion .d'honneur avec ceux de M. BeK
•ïSxïa Le'premiër est graiid-offlcier, le second
est officier, et l'amiral, alors qu'il peut, à
chaque promotion, invoquer une étape de sa
carrière de marin, demande il son honora-
ble concurrent pourquoi il a été fait cheva-
lier, pourquoi il a été fait officier.
(Jr'àoi. i'irciu, nie Jcioyale)
L'AMIRAL BIENAIMÉ
Député du deuxième arrondissement de Paris
Mais laissons là ces habiletés de fin de
bataille. En parcourant les diverses sections
de vote, nous remarquons parmi les distri-
qui tendent tyjssi des
bulletins à tout venant. Ces femmes ne sont
autres que les auxiliaires dévouées d'un can-
didat féministe, M. Hersent, que quatre voix
bécompensent de ce zèle et de celui qu'il
déploie lui-même.
A six heures, le scrutin est clos et, tandis
que, dans chaque section, il est procédé au
dépouillement, la foule une. foule impa-
tiente et fiévreuse commence à envahir la
mairie de la rue de la Banque. En haut,
dans la bibliothèque, les, amis de l'amiral
saluent do leurs acclamations les résultats
que proclame M .Rodanet, le maire, à me-
sure qu'ils arrivent des sections.
'-Enfin, vers huit heures, l',amiral lui-même
fait son entrée, escorté de son nouvel état-
major MM. Bertrou, Ferrette, Julien Ca-
ron, Galli, Marcel Habert, Barillier.
A la bonne heure lui dit M. Galli, vous
nous avez enlevé ça à l'abordage
Et l'amiral, prenant un escabeau pour du-
nette, domine là foule qui, comme une mer,
moutonne autour de lui. Il veut parler, mais
le résultat complet n'est pas encore connu
et, sur une observation de M. Rodanet, le
nouvel élu se contente d'exhorter ses amis
au respect de la loi.
Cependant; le public s'impatiente. Quel-
ques altercations se produisent et, lorsque
le président de la quatrième section apporte
enfin le dernier procès-verbal, il a, avec une
personne qui prétend avoir été bousculée,
une violente altercation qui menace de' dé·
générer en pugilat général.
• -r- Silence crié M. Rodanet. Voici le ré-
sultat complet.
Et le maire lit les chiffres en déclarant
que c'est à la commission de recensement
(Phot. Waléry)
M. BELLAN
Concurrent de l'amiral Bienaimé
qu'il appartiendra, jeudi, de proclamer défi-
nitivement l'élu.
Ce -résultat est le suivant
'Inscrits: 15,441. Votants
Majorité absolue
.Ont obtenu
&M. l'àmiral Bienaimé, répub.
5.165voix
Hersent, fémin. 4
14
VOICI rnUllHtîUfcUH CUlllIJLlC K3Û YUIA OC OUJll'
réparties entre tes deux principaux concur-
rents, dans les onze sections de l'arrondis-
sement
Sections M. Bikaimé M. Bellan
V» Mairie 617 387
2° Rue de' Louvois. 618 375
3° Bourse S62 361
Rue des Jeûneurs. 597 005
nue de La-Jussienne 573 650
60 Rue de La-Jusslenne 483 456
70 Rue Saint-Denis 694 555
8° Rue Saint-Denis ••̃• 470 388
Rue Tiquetonne 470 465
i0a Rue Tiquetonne ̃ 456
11° Rue Etienne Marcel. 5G6 398
Aux élections générales du -27. avril 1902
M. Gabriel Syveton avait été élu au premier
tour par 7,394 voix'coàtte: 5,631 à M. Mesu-
reur, radical, et 310 à M. Lepert, socialiste.
Invalidé, M. Gabriel Syveton, avait été
réélu le 21 juin 1903, au premier tour, par
6,587 voix contre 3,365 à M. Le Foyer, radi-
cal 1,532 à M. Rodanet, républicain, et 96
à M. Foucart, socialiste.
Ce que dit l'amiral Bienaimé.
Nous avons joint l'amiral Bienaimé dans
un restaurant des' boulevards! au moment
où, entouré des membres de son comité élec-
toral, il recevait les félicitations de très nom-
breux amis,
Ce n'a pas été sans peine que nous avons
pu causer un instant avec l'amiral il était
gardé avec un soin jaloux par d'enthousias-
tes partisans pour qui c'était une bonne for-
tune de servir un jour d'officiers d'ordon-'
dance à un officier général de la marine fran-
çaise. L'un d'eux, qui ignore tout des habi-
tades de l'amiral, dont la simplicité est bien
connu, ne voulait même pas nous laisser
entrer dans l'établissement, et1 sans l'inter-
veniion du maître. d'hôtel, qui reconnut un
diorit. nous aurions été obligé de parlemen-
se mettre à table! implo-
rait homme en nous suivante
/tans ,«us en prie. revenez
^-mÊS*^ >̃ liens connaissez
peu, monsieur, ̃ -:•. dû-boni-^
mirai dîne, les, ,pt et les ma-
telots itiKmffeîn
Et je pénétrai dans L'amiral était radieux. Il ne seri^™' ?~f
que l'existence anormale qu'il a môrfî6,0^'
puis une quinzaine .de jours eût altë"^ le
moins du monde sa merveilleuse santé, e4
c'est avec une parfaite bonne grâce qu'il m'a
accueille.
Eh bien amiral, etes-vous content z
Oui, très content, je vous l'assure, au
delà de tout ce qu'on peut imaginer. L'oisi-
veté ne convient pas à mon tempérament.
Je suis bien heureux d'être élu. Le mandat
que mes électeurs viennent de me confier
va me permettre d'employer mon activité.
J'espère que le Madin ne va plus m'attaquer,
maintenant 1
Que voulez-vous dira Nous ne vous
avons jamais attaqué.
Non, c'est .vrai. Mais M, Pelletan s'est
servi de votre journal pour me calomnier.
Vous vous êtes aussi servi du Matin
pour dire son fait à M. Pelletan et il
est infiniment probable que vous aurez en-
core recours à nous lors de la discussion du
budget de la marine, qui vous fournira l'oc-
casion d'attaquer Le ministre. Lé Matin est
une tribune libre.
Certainement. Je ne faillirai pas à mon
devoir. Je n'ai aucun parti pris. Mais je suis
décidé à'combattre M. "Pelletan, dont 'l'œu-
vre néfaste compromet notre défense natio-
nale. Je n'aurai pas besoin, pour cela d'avoir
recours à la calomnie et au mensonge. Ce
sont des armes gué je lui laissa. Il ma fait
diffame};' par les journaux socialistes et, on
dénaturant les faits, a tenté de me discré-
diter auprès de mes électeurs. Hier, c'est de
l'assassinat d'un chef canaque qu'on m'ac-
cusait aujourd'hui, c'est une invraisembla-
ble histoire que j'aurais eue quand je com-
mandais l'aviso Hamelin. Toutes ces. infa-
mies me dégoûtent. Je ne veux pas même y
répondre. Je ne veux plus y penser.
Vous vous y habituerez, amiral.
Je ne crois pas. Enfin, ne parlons plus
de ça. D'ailleurs, je me dois, aujourd'hui, à
mes électeurs. •̃,
Et le député disparut dans le flot de ses
amis de plus en plus nombreux qui criaient
«Vive l'amiral
Notes biographtqùes.
Le vice-amiral Bienaimé (Amédée-Pierre-
Léonard) est rié le 26 février 1843. Entré au
service en 1859, il a été nommé aspirant de
première classe le ler août 1861 et promu
successivement enseigne de vaisseau, le
l"r juillet 1864 lieutenant de vaisseau, le 7
mars 1868 capitaine de frégate, le 9 aoüt
1880 capitaine de vaisseau, le 26 juin 1887
contre-amiral, le 8 juin 1895 vice-amiral, le
8 avril 1900.
L'amiral Bienaimé a exercé les comman-
dements suivants de l'aviso La Motie-Pic-
quel, en Nouvelle-Calédonie du croiseur
Hamelin, en Chine de l'aviso-transport
Manche, à bord duquel il fit une campagne
d'exploration au Spitzberg du cuirassé de
croisière Du-Guesclin; en escadre de la Mé-
diterranée. Au moment de l'expédition de
Madagascar, il commanda,, comme capi-
taine de vaisseau, la division navale de
l'océan Indien.
Sous le ministère de M. de Lanessan, i'a-
miral a exercé les fonctions de chef d'état-
major général de la marine. Après avoir dé-
missionné, il fut nommé commandant en
chef préfet du troisième arrondissement ma-
ritime, à Lorient. A son arrivée au -.minis-
tère. M. Pelletan nomma l'amiral Bienaimé
au poste très important de commandant an
chef préfet du cinquième arrondissement
maritime, à Toulon. Il fut relevé de ces Jonc-
tions à la suite do la divulgation de docu-
ments confidentiels provenant des services
placés sous son autorité.
L'amiral Bienaimé est grand-officier de la
Légion d'honneur et officier de l'instruction
publique.
MASSACRES AU CONGO
ûû paquebot arrivé à Anvers rapporte des
nouvelles intéressantes des possessions
françaises et de l'Etat libre.
Bruxelles, 8 janvier. Dépêche particu-
lière du « Matin ». Le steamer Philipve-
ville, rentrant aujourd'hui du Congo, à An-,
vers, a apporté des nouvelles du Congo fran-
geais. Il en résulte que la colonne Méchen a
vaincu les Bassounbi, faisant neuf des prin-
cipaux chefs prisonniers. Une colonne a été
expédiée en hâte dfrns TOubanghi, où la si-
tuation est mauvaise. Des troupes d'infante-
rie de marine avec des canons ont été en-
voyées au lac Tchad.
M. Liévens, agent français de là Société
française du Lifini-N'Keni-L'Keni, a été mas-
sacré. Un massacre a également été commis
dans la haute N'Gouni; un agent de la so-
ciété et un sergent de l'infanterie coloniale
dnt été tués par les Issogo. Deux factoreries
de la société ont été pillées par les révoltés.
Pour le Congo belge, on annonce que la
commission d'enquête internationale a visité
longuement l'Abir et la Lulonga, afin de vé-
rifier les accusations du consul anglais Ca-
sement. De là, elle s'est rendue à la Nouvelle-
Anvers, à Coquilhatville, puis aux Falls. A
Coquiîhatville, -M. Janssens, président de la
commission, a failli se noyer. En voulant al-
ler du quai au bateau sur une passerelle bas-
culante, il est tombé dans le fleuve. Une cen-
taine d'indigènes se sont, aussitôt précipités
à l'eau et l'ont ramené sain et sauf sur la
rive. La situation dans la Mongola devient
très inquiétante. Tous les courriers isolés ou
en groupes sont assassinés par les indigè-
nes.
L'OTRÊ SYVETON
UH ENTRETIEN AVEC M; JULES LEttAfTHE
A propos de sa déposition devant M. Boa»
çaise déclare ne pouvoir ni recti-
fier. ni démentir le texte publié
par le « Matin » Comment
et pourquoi il maudit
la civilisation.
Hier, je n'ai pas reconnu Jules Lemaî-
tre. Je l'ai surpris se promenant avec
agitation, à travers son cabinet, tenant
d'une main un numéro du Matin et de
l'autre le criblant chiquenaudes furi-
bondes.
-Ah 1 la pressé 1 la presse Elle de-
vient une puissance tyrannique insup-
portable, odieuse. Il n'y. a plus moyen
d'être tranquille un seul instant. Plus
de liberté individuelle 1. Oh l cette folie
de l'information, cette rage de tout sa-
voir et de tout dire 1.Toutes ces inven-
tions, toutes ces découvertes qui font no-
tre misère l'imprimerie, la vapeur, l'é-
lectricité, le téléphone. Vous trouvez
que c'est gai, vous, la civilisation ?
N essayons pas de résoudre aujour-
d'hui la terrible question posée par Jean-
Jacques et toujours pendante; j'accorde
provisoirement à Jules Lemaître que la
civilisation. est malfaisante et, de mon
mieux, je m'applique à calmer son cour-
roux-
"Kzr C'est le Matin quivous met dans des
avez vu cette déposition ?
Gomirf ça tombe Je viens jm-te-
ment vous intfc^iewer> de la part du Ma-
tin, à propos de
mains, s'il. vous plaîHrae nous par'ions
d abord de ce <•
vous avez été contraint
je ne manquerai pas de
teurs tout ce que vous voudrez l
dire. Je puis vous donner l'at^i
que le Matin, n'ayant d'autre sbuc
la vérité,accueillera volontiers tou
rectifications,
Je ne puis ni rectifier ni
ou je n'en sortirai plus ̃.
Vous reconnaissez donc que «e té-
moignage n'est pas inventé à'plaii- 'Et
en effet, il y a là des phrases qu von?
ressemblent. La première, par ̃ v.
pie « Ceux qui pardent du crime v
missent avoir assez peu le sehtimc
réalités. n ̃ s
Oui, j'ai" pu dire cela.
Et la dernière ? Je me sou\ if .̃
nettement qu'il y a quinze jours,
parlant de Syveton, vous vous êtes ̃̃
de la même formule « Il semble ̃
était de ces hommes auxquels l'e
tient lieu de vertu. »
Sans doute Mais c'étnil ̃' t1
quinze jours, et depuis lors il s'est
beaucoup de choses qui ont m.
sensiblement ma façon de voir.
Ln Dien i voua ce que vous pouvez,
ce que vous devez dire; et, pour èti > -.u~.
sûr de ne pas trahir votre pensée, je vais
écrire sous votre dictée, là, sur un coin
de votre table.
Jules Lemaître hésite un instant, puis,
s'arrêtant devant son pupitre, il passe la
main sur son front, comme pour rasseïn- .<
bler ses idées en déroute.
Soit, dit-il, mais je m'en tiendrai à.
une déclaration très brève. Vous direz,
premièrement, que je ne puis, ni ne dois,
ni ne veux répondre, parce que ma dépo-
sition ne peut ni ne doit être connue.
Ça, c'est pour les indiscrets qui en
ont recueilli les échos.
En second lieu, poursuit Jules Le-
maître, pesant ses syllabes, -1 si- je répond-
dais, ce serait pour dire qu e ce texte
contient beaucoup d'inexactitudes,
Le Matin ne l'a pas donné comme
reproduction littérale de votre témoi-
gnage il n'en garantit que le sens.
Troisièmement, j'ajouterais que ma
déposition date de trois semaines.
Voilà le point essentiel, et l'on va
certainement en déduire que si vous te-
niez, il y a trois semaines, pour l'hypo-
thèse du suicide, vous seriez, à cette
heure, plutôt disposé à croire.
̃ ->- Oh 1 que l'on déduise tout ce que
l'on voudra crie. Jules Lemaître, qui ar-
pente de nouveau son cabinet, d'un pas
fébrile. Ou que l'on me guillotine tout de
suite, j'aime mieux ça, car ce n'est pas
une existence.. Depuis un mois, je ne
vis plus. J'a.i perdu le sommeil, l'appé-
tit j'ai la fièvre. Le matin, je ne puis
plus ouvrir mes journaux sans appré-
hension, sans terreur. Qu'est-ce qui va.
m'arriver encore de désagréable Qui va..
m'outrager, me couvrir de boue J'ai
peur de mes amis et de la question qu'ils
m'adressent en me serrant la' inaîri.
J'en ai assez, j'en ai, assez J'en ai par-
dessus la tête.
Et le pauvre Jules Lemaître lève les
bras au ciel, comme pour implorer la clé-
mence divine'
Cela, du moins, vous me permettez
de le redire ?
Oh oui. Dites bien que je suis, ex-
cédé, que je demande grâce.
'Ct il recommence à maudire la civili-
sation.
"• Gustave Têry.
REPONSE A M. LEMAITRE
A propos d'une circulaire du président de 1a
L. P. F. Les imprudences d'un aca-
démicien trop impressionnable.
On vient de lire les déclarations faites
par M. Jules Lemaître à M. Gustave Téry..
Nous n'y aurions rien ajouté et nous aurions
respecté la tristesse du président de la Li-
guue,dela Patrie française s'il n'avait rédige
la petite circulaire suivante.qui a paru dans
toutes les feuilles du soir et qui offre, en
tout cas, le mérite de l'uniformité
Aucun journal n'a pu et n'a dû connaître
ma déposition. Je pourrais donc dire que je
n'ai pas à'répondre.
J'ajoute toutefois ceci la relation Au Mann,
I" est inexacte sur les points qu'elle vi-je;
est incomplète. Elle omet toute une de
ma déposition, cellé que j'ai formulée, derniè-
rement en ces termes
nlVy a trois choses -certaines la n:6:% ;fi
SIX départements -CINQ CENTIMES
Lundi 9 Janvier
DERNIERS TÉLÉGRAMMES DE LA NUIT
SFII! .mURNiFFiâiCAIS RECEVANT PAR FILS DU MONDE ENTIER
^pvi)IÉBÈ^A0|iiP:
CE QUE L'ENVOYÉ SPÉCIAL BU «MATIN» PENSE
DE LA SITUATION AU MAROC
%AB LETTRE DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL]
Tanger, 31 décembre.
Le mot le plus étonnant qui ait été pro-
noncé jusqu'à ce jour sur notre action.
,au Maroc est bien cette « pénétration pa-
cifique » qui eut la bonne fortune de ras-
surer les esprits inquiets d'une aventure
militaire, cependant qu'il faisait prévoir
rétablissement à bon marché de la salu-
influence française dans un pays
que nous abandonnait l'influence britan-
nique rebutée. Ce mot est le plus éton-
nant, parce qu'il est le plus faux. Il n'est
point de peuple plus impénétrable que
celui-là, et il l'a prouvé depuis qu'il est
au monde.
Citadelle moralement inviolée de l'Is-
lam, le Maroc, au contact physique de
ï'Europe, n'a pas fait un pas vers notre
civilisation depuis mille ans. Le, passage,
l'établissement historique de l'Angleterre
sur ses côtes, dans ses ports, n'ont laissé
d'autre trace ici que ces vestiges cou-
verts de lichen d'une digue disparue que
nous montre, de temps à autre, en se re-
tirant, le flot atlantique,, comme s'il vou-
lait nous rappeler la vanité de l'œuvre
de conquête dans ce pays de.conqué-
rants. L'Espagne est couverte de leur
gloire, qui triomphe encore à Grenade,
à Cordoue. Partout où le sabot rapide de
leur armée légère a passé, ils ont laissé,
cofime une empreinte éternelle, le « fer
à cheval» de leur architecture immua-
ble, tel le sceau d'Allah sur le monde,'
auquel on ne touche pas.
Et qu'est-ce que l'Espagne a fait ici ?
Un. bagne. Si les convicts ont fait l'Aus-
tralie, les échappés de Ceuta n'ont réussi
qu'à bâtir trois trottoirs et deux murs,
entre lesquels on se raconte, pour pas-
ser le temps, les nouvelles du jour. Après
tant d'années, tant d'années, les Espa-
gnols ont au Maroc le Petii-Socco. Et ils
•sont dix mille ici. Dix mille qui, pacifi-
quement,, sont établis à côtid de cinquante
mille Arabes; vous entendez dix mille,
;depuis tant d'années, à côté. et qui
n'ont jamais pu se mêler à eux, jamais.
ni par leurs médeeins; ,qui furent cepen-
dant cinquante, ni par leurs écoles; qui
iastÉuisirent^es petits Espagnols seule-
fient. Vous 'savez si ce peuple (le la pé-
ninsule est colonisateur, et la province
d'Oràn est là pour attester sa puissance
de pénétration pacifique. Eh bien l je ré-
pète qu'ils sont ici dix mille qui n'ont
rien pénétré du tout. Et nous sommes
trois cents.
Ah il fàut écouter, il faut voir De
,tous les peuples de l'Islam, .il n'en est pas
'un qui ait conservé aussi intacts son ca-
ractère et ses moeurs. De la plaine de Tu-
inië, par les plateaux d'Algérie, la civi-
lisation maure est venue se réfugier au
coeur de ces montagnes qui la gardent,
à travers les siècles, de tout contact im-
pur. C'est au Maroc que le monde mu-
sulman trouve encore, dans toute sa pu-
reté première, la Loi et la Coutume,
.liées par le Prophète, indissolublement.
Et liées contre nous.
Plns liées aujourd'hui qu'hier, car la
'défiance est absolue, car on vous jette
des injures sur votre route, et la porte
de la maison maure, qui fut ouverte,
quelquefois, si peu, est close maintenant
pour longtemps, et vous passerez devant
elle de longues années avant qu'elle vous
montre autre chose que son visage sécu7
laire de bois, de mépris et de silence.
« Le maître des chrétiens à l'hameçon,
le maître des juifs à la broche notre
maître au paradis, et nous témoignerons
eirsà faveur. »
Vous ne pénétrerez point pacifique-
ment cela. La nation la plus colonisatrice
de- la terre disons, pour parler le lan-
gage du jour, la plus pénétrante est
venue rôder deux fois sous cette muraille
hostile. Ne pouvant apporter l'alcool de
^alliance à un peuple qui ne boit que
de l'eau, n'osant tendre la Bible aux fa-
rouches fils d'Allah, l'Angleterre, après
des années, d'observation à Tanger et de
patience à Fez, était parvenue à vendre
à Sa Majesté chérifienne un cinémato-
graphe d'occasion et le billard où sa di-
plomatie savante s'essayait aux caram-
bolages les plus séduisante pour un es-
prit qui semblait prêt à s'ouvrir à toutes
les curiosités des distractions occiden-
tales. Tout de même, Moulaï Abd el Aziz
s'aperçut un jour qu'il jouait son empire
contre une partie de trois bandes, et il
rendit le billard.
L'Angleterre comprit qu'elle n'avait
plus qu'à se retirer et qu'à nous faire
venir. Nous arrivâmes sur ce coup de
M rétro'».
xv..
Malgré tout, il faut nous en féliciter.
Il est probable que si l'Angleterre avait
eu l'Algérie et la Tunisie, elle eût montré
plus de persistance dans sa politique ma-
rocaine. Nous avons bien des raisons
pour reprendre la partie là où elle nous
la laisse, et, les circonstances aidant, no-
tre diplomatie eût été impardonnable de
ne point profiter de l'occasion. M. Del-
cassé l'a admirablement compris. Mais,
si nous avons de nombreuses raisons
d'en être éternellement reconnaissants à
M. Delcassé, nous n'en avons aucune de
remercier l'Angleterre. C'est un cadeau
(( difficile» » qu'elle nous a fait là.
La première fois qu'elle nous entendit
parler. de a pénétration pacifique », elle
qui savait « à quoi s'en tenir », et qui
n'avait abandonné l'affaire que parce
qu'elle la jugeait impossible, elle sourit.
Ce sourire erre encore sur toutes les lè-
vres anglaises que j'ai rencontrées au
Maroc. Il faut nous en consoler, en son-
geant qt?, si nous avions parlé de con-
quête
rite diplomatique q'" "'̃ ̃̃•̃;̃
fil' le Maroc en
sultan), l'Angleterre eût souri davantage, j
Aussi j'aurai garde, quant li du
m'associer à cette plaisanterie ridicule
qui court ici sur la « pacification péné-
trante ». C'est la réponse des sots qui
n'ont pas compris que ce mot de « pépé-
tration pacifique » avait été jeté en hâte
sur le seuil de notre œuvre à construire
au Maroc, par un homme clairvoyant
je crois que j'ai nommé M. Jaurès qui
voulait avant tout écarter le danger cer-
tain et la faute irrémédiable de 1'oeuvre
de guerre.
Elle serait colossale et infinie. Enten-
des qu'elle serait d'une durée inimagi-
nable et qu'elle demanderait un grand
nombre d'hommes': cent mille au moins
et cinquante années.Certes s'il s'agis-
sait d'aller promener le drapeau de la
France à Fez et même de l'y maintenir,
une colonne de vingt mille de nos sol-
dats n'aurait à redouter aucune aven-
ture. Mais que signifierait l'expédition
sans l'occupation ? Songez qu'il y a dix
millions de musulmans au Maroc, qu'il
n'y en a pas le tiers en Algérie et qu'il
n'est pas inutile encore aujourd'hui, de-
puis si longtemps, d'y maintenir soixan-
te-dix mille hommes en armes.
Pour l'Européen, habitué au spectacle
de force et d'harmonie de nos troupes
modernes, il semble que ce doive être
un jeu que la guerre contre ces bandes
sans cohésion, toujours occupées de raz-
zias, contre ces tribus dénuées de toute
organisation militaire, qui ne vont au
combat qu'après d'interminables pala-
bres et qui renoncent aux coups de fusil
si la vache convoitée leur est livrée de
bonne grâce. L'histoire des dernières
batailles, même les plus sérieuses, entre
les troupes du prétendant et celles de
Moulaï Abd el Aziz, n'est point faite pour
entretenir la terreur. Quelques guer-
riers, au- bout du compte, restent sur le
terrain; chaque, parti-rapporte dans un
sac les têtes butin et preuve de la vic-
toire. Encore ces, têtes appartiennent-,
elles souvent à d'inoffensifs vieillards,
ouvriers de la. terre, isolés; surpris dans
leur plant de légumes. Et l'indigène des'
cités, devenu sceptique, sourit lui-même
à l'étalage de ces têtes chauves,, piquées
aux créneaux des portes, trop blanches
pour attester le danger et la vigueur de
la bataille.
Ces anecdotes incitent le voyageur au
coeur léger à penser qu'on aurait raison
de toutes les difficultés pendantes avec
quatre hommes et un caporal. Mais in-
terrogez l'officier qui a passé plusieurs
années au cœur de ce pays, qui en con-
naît l'histoire, qui a vu ces Maures se
combattre avec tant de nonchalance et
attaquer avec tant de, furie le chrétien
de guerre, qui se rappelle la lutte achar-
née qu'ils soutinrent en plusieurs occa-
sions contre l'Espagnol, il vous dira qu'il
ne faut point faire état de l'attitude de
l'Arabe exercé pour la razzia, mais qu'il
faut tout redouter de celui qui marche
dans le sentier de la guerre sainte, con-
tre le « roumi ».
Certes, il n'est point de défaite à redou-
ter, et nous passerions. Mais, encore une
fois, qu'importe de passer ? On ne les
battrait pas, on les disperserait. Et ils
reviendraient,, du fond de leurs monta-
gnes, pour être dispersés encore. Nous
passerions partout, nous ne resterions
nulle part. nulle part, 'à moins de cent
mille hommes et de cinquante 'années.
cinquante années pendant lesquelles la
France serait obligée de regarder du côté
du Maroc.
Est-ce que c'est cela qu'on a voulu'?
Le Maroc est un a cadeau difficile ».
Ni pénétration pacifique ni conquête.
Que sommes-nous venus faire ici ? Quel
espoir nous y est réservé ? Quelle action
possible ? Quel .dessein ? Quel geste ? Et
il faut agir cependant.
Les événements de l'heure, précipités
si habilement que l'on pourrait croire à
quelque machination destinée à nous vo-
ler le temps de la réflexion, nous forcent
à décider une attitude définitive. Et les
décisions dernières d'un sultan obligé
de prêter l'oreille à la voix puissante de
la réaction musulmane et aux conseils
intéressés des prévaricateurs ont été
d'une brutalité si soudaine et si inatten-
due qu'elles pouvaient apparaître avec
un caractère d'insulte suffisant pour
nous rejeter de la conception la plus chi-
mériquement pacifique, de notre rôle à
l'action la plus dangereuse, à l'œuvre de,
guerre qu'il faut éviter à tout prix. Que
ce piège nous ait' été préparé dans le
mystère de la diplomatie chérifienne,
inspirée du dehors, ou qu'il nous soit
tendu inconsciemment par les ouvriers
étourdis du destin, nous n'y tomberons
pas. Entre les deux extrêmes, Al va un
moyens terme que nous devons adopter,
quels que soient des événements à venir.
Ce. moyen terme, qui n'est ni la péné-
tration pacifique, ni la conquête, et qui
doit être basé uniquemantaur la bonne
volonté des deux parties, est la police de
la périphérie.
Dans la police, il faut comprendre
celle des gens et celle des choses. Dans
la police de la périphérie, il y a la doua-
nie. Quand nous aurons établi, grâce à ce
système, la paix dans les ports (et ils
sont peu nombreux) et la règle dans la
rentrée de l'impôt, nous seront forts et
nous serons si près de nous entendre
avec le sultan qu'il ne m'étonnerait point
qu'on s'entendît tout de suite. Si nous
nous, décidons à cette ligne de conduite,
c'est-à-dire a' la pression militaire uni--
quèmen't sur la périphérie, nous n'avons
rien à redouter d'une aventure de guerre
et tout à espérer d'une patiente et lente
et nécessaire pénétration pacifique fu-
ture.
Le meilleur modè de police est çelni j
qui consistera en fait dans l'emploi des
recrues du sultan instruites et comman-
dées et encadrées par nous. Jusqu'à ce
jour, elles n'ont été qu'irlni'' ,rj
novr ~V- ̃̃'̃̃ que, il la moiaàr;j (̃ j
ter vescence, elles t&ï-'J'.
pachas, 1frm§ avjp&/kmt ce qu'il faut
pour fournir Tés cadres de la. police de
la périphérie, à deux pas d'ici, en Algé-
rie. Puisque nous avons l'éléphant ap-
privoisé, servons-nous-en pour apprivoi-
ser l'éléphant sauvage.
Tout ceci revient à dire, si je nie ré-
sume, que la pénétration pacifique étant
une chimère et la guerre un danger, il
faut s'arrêter à un moyen terme qui con-
sistera à montrer la force en en usant le
moins possible, moyen que j'appellerai
La domination pacifique.
Gaston Leroux.
DE MIDI A MINUIT
Les faits d'hier En France et & l'étranger.
L'amiral Bienaimé a été élu député du
deuxième arrondissement de Paris» en rem-
placement de M. Syveton.
La manifestation annuelle à la maison de
Gambetta, aux Jardines, a eu lieu sous la
présidence de M. Bertéaux, député de Seine-
et-Oise, ministre de la guerre.
Le yacht de l'amirauté anglaise EnçKan-
ieress a quitté Marseille, faisant route pour
Malte, ayant à bord le comte de Selborn,
premier lord de l'amirauté.
La grève des mineurs employés à l'extrac-
tion des pyrites de Saint-Bel est terminée.
Les ouvriers abandonnent toute revendica-
tion. Le travail reprendra aujourd'hui.
Les négociants et armateurs de Mèze ont
décidé d'un commun accord de n'employer
que la voie ferrée pour le transport des mar-
chandises, si la grève des bateliers per-
siste.
Le transfert des prisonniers de Port-Ar-
thur est terminé.
En Mandchourie, la situation reste station-
naire, le froid' est moins violent; la nouvelle
de la prise de Port-Arthur a profondément
impressionné les troupes.
Près du phare de Sfcerries, le vapeur es-
pagnol Oriâ et le vapeur Slella-Mafis, de
Glascow, sont. entrés en collision; les deux
navires ont coulé; deux matelots ont dis-
a eu lieu hier une cérémonie solennelle à
l'occasion de la- Déatiflcatfon du curé d'Ars;
les cardinaux Mathieu, Couillé et Perraud
y assistaient.
Une grande parade militaire a eu lieu à
Tanger, sous la direction d'instructeurs fran-
çais le Du-Chayla est arrivé, le Kléber se
prépare à partir pour Toulon.
A PORT-ARTHUR
L'entrée de la rade est toujours refusé aux
bâtiments étrangers, en raison, disent
les autorités japonaises, du danger
constitué par les mines.
CuE-Fou, 8 janvier. Dépêche de notre
correspondant de guerre. Un steamer qui
arrive de Çhemulpo annonce qu'un navire
japonais a quitté hier la Corée, à destination
de Datny, avec un nombreux personnel de
docteurs, d'infirmiers et d'ingénieurs.
Des affiches placardées ici disent aux Chi-
nois qu'ils doivent étre tiers pour la race
daune des récents succès remportés par les
Japonais.
Le sampan que j'avais envoyés aux nouvel-
les est'revenu sans avoir pu entrer à Port-
Arthur, le blocus étant toujours maintenu
par un torpilleur.
Le consul du Japon a prévenu que les non-
combattants seront embarqués à Dalny, les
mines .rendant la navigation trop dangereuse
devant Port-Arthur.
MARCEL Smet.
Le général ptœlsel.
Tooto, 8 janvier. Un transport japonais
amènera à Nagasaki le général Stœssel et
les autres officiers ayant donné leur parole.
Selon toute probabilité, ils resteront quel-
ques jours au Japon, puis partiront pour
l'Europe à bord d'un steamer framçais, le
voyage devant so faire par la voie du canal
PROPOS D'UN PARISIEN
Je constatais l'autre jour que le pari mu-
tuel,a, cette année, reçu dix millions de
moins que l'année dernières, et je disais
L'augmentation, du prélèvement qu'opère
l'Etat est probablement la cause de cette di-
minution. On joue toujours autant, mais on
joue autrement. i) A ce propos, j'ai reçu une
lettre d'un lecteur qui m'a l'air très ferré
sur la question. Il me dit
Les agences clandestines, dont jon a aug-
menté le-bénéfloe de 0 50 ce qui leur per-
met de donner à leurs intermédiaires moitié
du prélèvement, soit 4 ont inauguré la
visite à domicile des gros joueurs connus. Il
n'y a plus aujourd'hui que les naïfs et les pe-
tits joueurs qui supportent l'impôt de tous
les autres, et votre serviteur a la honte d'a-
vouer qu'il est du nombre. reçoivent 4 de
leurs donneurs, qui conservent pour eux les
quatre autres pour cent. On s'évite ainsi l'en-
nui et les frais d'un déplacement 'au champ
de courses, l'ennui et les risques du ticket porté
au garçon de café et on met dans sa poche
la moitié de ce fameux prélèvement qui sus-
cite tant de convoitises chez nos politiciens.
Racontez-leur donc cela.
Voilà qui est fait. Et je suis content que
mon lecteur ait dévoilé des mystères que
j'ignorais' pour ma part.
C'est une bonne tape pour les législateurs,
dépourvus de malice,qui sont persuadés que,
pour augmenter les recettes, il suffit d'aug-
menter le pourcentage de l'impôt.
Le public est toujours considéré par ces
innocents comme une quantité négligeable.
En réalité, il n'y a que lui qui compte et
quand il ne veut pas payer, parce qu'on lui
demande trop, il n'y a pas d'empereur sur
terre capable de lui prendre son argent.
H. HA.RDUIN.
A M. SYVETOS
Un scrutin législatif Paris Journée
calme La proclamation des résultats
Déclarations du nouvel élu Il
est décidé à combattre le mi-
v nistre de la marine
La carrière d'un of-
licier général.
7,'Amîral Bienàirhé a été élu hier député
du (ieiï^.rne arrondissement, en remplace-
ment de M. Gabriel. Syveton, décédé. ̃̃
En dehors (!SS manifestations bruyantes
qui ont -accueilli '& victoire des antiministé-
riels, la journée de s
rondissement a été fort calrrfo, el les affi-
ches de la dernière heure ne de.
vant elles qu'un public' sinon indi£f8Lenti du
moins silencieux. '• ̃
A la vérité, elles n'étaient point banales;
ces affiches, et pour être un-politicien récent,
l'amiral Bienaimé les a prodiguées comme
un ancien, et jusqu'à une heure très avan-
cée de la journée. L'une d'elles, pourtant,
attirait l'attention par la comparaison
qu'elle entendait faire, sur-deux colonnes
la Légion .d'honneur avec ceux de M. BeK
•ïSxïa Le'premiër est graiid-offlcier, le second
est officier, et l'amiral, alors qu'il peut, à
chaque promotion, invoquer une étape de sa
carrière de marin, demande il son honora-
ble concurrent pourquoi il a été fait cheva-
lier, pourquoi il a été fait officier.
(Jr'àoi. i'irciu, nie Jcioyale)
L'AMIRAL BIENAIMÉ
Député du deuxième arrondissement de Paris
Mais laissons là ces habiletés de fin de
bataille. En parcourant les diverses sections
de vote, nous remarquons parmi les distri-
qui tendent tyjssi des
bulletins à tout venant. Ces femmes ne sont
autres que les auxiliaires dévouées d'un can-
didat féministe, M. Hersent, que quatre voix
bécompensent de ce zèle et de celui qu'il
déploie lui-même.
A six heures, le scrutin est clos et, tandis
que, dans chaque section, il est procédé au
dépouillement, la foule une. foule impa-
tiente et fiévreuse commence à envahir la
mairie de la rue de la Banque. En haut,
dans la bibliothèque, les, amis de l'amiral
saluent do leurs acclamations les résultats
que proclame M .Rodanet, le maire, à me-
sure qu'ils arrivent des sections.
'-Enfin, vers huit heures, l',amiral lui-même
fait son entrée, escorté de son nouvel état-
major MM. Bertrou, Ferrette, Julien Ca-
ron, Galli, Marcel Habert, Barillier.
A la bonne heure lui dit M. Galli, vous
nous avez enlevé ça à l'abordage
Et l'amiral, prenant un escabeau pour du-
nette, domine là foule qui, comme une mer,
moutonne autour de lui. Il veut parler, mais
le résultat complet n'est pas encore connu
et, sur une observation de M. Rodanet, le
nouvel élu se contente d'exhorter ses amis
au respect de la loi.
Cependant; le public s'impatiente. Quel-
ques altercations se produisent et, lorsque
le président de la quatrième section apporte
enfin le dernier procès-verbal, il a, avec une
personne qui prétend avoir été bousculée,
une violente altercation qui menace de' dé·
générer en pugilat général.
• -r- Silence crié M. Rodanet. Voici le ré-
sultat complet.
Et le maire lit les chiffres en déclarant
que c'est à la commission de recensement
(Phot. Waléry)
M. BELLAN
Concurrent de l'amiral Bienaimé
qu'il appartiendra, jeudi, de proclamer défi-
nitivement l'élu.
Ce -résultat est le suivant
'Inscrits: 15,441. Votants
Majorité absolue
.Ont obtenu
&M. l'àmiral Bienaimé, répub.
5.165voix
Hersent, fémin. 4
14
VOICI rnUllHtîUfcUH CUlllIJLlC K3Û YUIA OC OUJll'
réparties entre tes deux principaux concur-
rents, dans les onze sections de l'arrondis-
sement
Sections M. Bikaimé M. Bellan
V» Mairie 617 387
2° Rue de' Louvois. 618 375
3° Bourse S62 361
Rue des Jeûneurs. 597 005
nue de La-Jussienne 573 650
60 Rue de La-Jusslenne 483 456
70 Rue Saint-Denis 694 555
8° Rue Saint-Denis ••̃• 470 388
Rue Tiquetonne 470 465
i0a Rue Tiquetonne ̃ 456
11° Rue Etienne Marcel. 5G6 398
Aux élections générales du -27. avril 1902
M. Gabriel Syveton avait été élu au premier
tour par 7,394 voix'coàtte: 5,631 à M. Mesu-
reur, radical, et 310 à M. Lepert, socialiste.
Invalidé, M. Gabriel Syveton, avait été
réélu le 21 juin 1903, au premier tour, par
6,587 voix contre 3,365 à M. Le Foyer, radi-
cal 1,532 à M. Rodanet, républicain, et 96
à M. Foucart, socialiste.
Ce que dit l'amiral Bienaimé.
Nous avons joint l'amiral Bienaimé dans
un restaurant des' boulevards! au moment
où, entouré des membres de son comité élec-
toral, il recevait les félicitations de très nom-
breux amis,
Ce n'a pas été sans peine que nous avons
pu causer un instant avec l'amiral il était
gardé avec un soin jaloux par d'enthousias-
tes partisans pour qui c'était une bonne for-
tune de servir un jour d'officiers d'ordon-'
dance à un officier général de la marine fran-
çaise. L'un d'eux, qui ignore tout des habi-
tades de l'amiral, dont la simplicité est bien
connu, ne voulait même pas nous laisser
entrer dans l'établissement, et1 sans l'inter-
veniion du maître. d'hôtel, qui reconnut un
diorit. nous aurions été obligé de parlemen-
se mettre à table! implo-
rait homme en nous suivante
/tans ,«us en prie. revenez
^-mÊS*^ >̃ liens connaissez
peu, monsieur, ̃ -:•. dû-boni-^
mirai dîne, les, ,pt et les ma-
telots itiKmffeîn
Et je pénétrai dans
que l'existence anormale qu'il a môrfî6,0^'
puis une quinzaine .de jours eût altë"^ le
moins du monde sa merveilleuse santé, e4
c'est avec une parfaite bonne grâce qu'il m'a
accueille.
Eh bien amiral, etes-vous content z
Oui, très content, je vous l'assure, au
delà de tout ce qu'on peut imaginer. L'oisi-
veté ne convient pas à mon tempérament.
Je suis bien heureux d'être élu. Le mandat
que mes électeurs viennent de me confier
va me permettre d'employer mon activité.
J'espère que le Madin ne va plus m'attaquer,
maintenant 1
Que voulez-vous dira Nous ne vous
avons jamais attaqué.
Non, c'est .vrai. Mais M, Pelletan s'est
servi de votre journal pour me calomnier.
Vous vous êtes aussi servi du Matin
pour dire son fait à M. Pelletan et il
est infiniment probable que vous aurez en-
core recours à nous lors de la discussion du
budget de la marine, qui vous fournira l'oc-
casion d'attaquer Le ministre. Lé Matin est
une tribune libre.
Certainement. Je ne faillirai pas à mon
devoir. Je n'ai aucun parti pris. Mais je suis
décidé à'combattre M. "Pelletan, dont 'l'œu-
vre néfaste compromet notre défense natio-
nale. Je n'aurai pas besoin, pour cela d'avoir
recours à la calomnie et au mensonge. Ce
sont des armes gué je lui laissa. Il ma fait
diffame};' par les journaux socialistes et, on
dénaturant les faits, a tenté de me discré-
diter auprès de mes électeurs. Hier, c'est de
l'assassinat d'un chef canaque qu'on m'ac-
cusait aujourd'hui, c'est une invraisembla-
ble histoire que j'aurais eue quand je com-
mandais l'aviso Hamelin. Toutes ces. infa-
mies me dégoûtent. Je ne veux pas même y
répondre. Je ne veux plus y penser.
Vous vous y habituerez, amiral.
Je ne crois pas. Enfin, ne parlons plus
de ça. D'ailleurs, je me dois, aujourd'hui, à
mes électeurs. •̃,
Et le député disparut dans le flot de ses
amis de plus en plus nombreux qui criaient
«Vive l'amiral
Notes biographtqùes.
Le vice-amiral Bienaimé (Amédée-Pierre-
Léonard) est rié le 26 février 1843. Entré au
service en 1859, il a été nommé aspirant de
première classe le ler août 1861 et promu
successivement enseigne de vaisseau, le
l"r juillet 1864 lieutenant de vaisseau, le 7
mars 1868 capitaine de frégate, le 9 aoüt
1880 capitaine de vaisseau, le 26 juin 1887
contre-amiral, le 8 juin 1895 vice-amiral, le
8 avril 1900.
L'amiral Bienaimé a exercé les comman-
dements suivants de l'aviso La Motie-Pic-
quel, en Nouvelle-Calédonie du croiseur
Hamelin, en Chine de l'aviso-transport
Manche, à bord duquel il fit une campagne
d'exploration au Spitzberg du cuirassé de
croisière Du-Guesclin; en escadre de la Mé-
diterranée. Au moment de l'expédition de
Madagascar, il commanda,, comme capi-
taine de vaisseau, la division navale de
l'océan Indien.
Sous le ministère de M. de Lanessan, i'a-
miral a exercé les fonctions de chef d'état-
major général de la marine. Après avoir dé-
missionné, il fut nommé commandant en
chef préfet du troisième arrondissement ma-
ritime, à Lorient. A son arrivée au -.minis-
tère. M. Pelletan nomma l'amiral Bienaimé
au poste très important de commandant an
chef préfet du cinquième arrondissement
maritime, à Toulon. Il fut relevé de ces Jonc-
tions à la suite do la divulgation de docu-
ments confidentiels provenant des services
placés sous son autorité.
L'amiral Bienaimé est grand-officier de la
Légion d'honneur et officier de l'instruction
publique.
MASSACRES AU CONGO
ûû paquebot arrivé à Anvers rapporte des
nouvelles intéressantes des possessions
françaises et de l'Etat libre.
Bruxelles, 8 janvier. Dépêche particu-
lière du « Matin ». Le steamer Philipve-
ville, rentrant aujourd'hui du Congo, à An-,
vers, a apporté des nouvelles du Congo fran-
geais. Il en résulte que la colonne Méchen a
vaincu les Bassounbi, faisant neuf des prin-
cipaux chefs prisonniers. Une colonne a été
expédiée en hâte dfrns TOubanghi, où la si-
tuation est mauvaise. Des troupes d'infante-
rie de marine avec des canons ont été en-
voyées au lac Tchad.
M. Liévens, agent français de là Société
française du Lifini-N'Keni-L'Keni, a été mas-
sacré. Un massacre a également été commis
dans la haute N'Gouni; un agent de la so-
ciété et un sergent de l'infanterie coloniale
dnt été tués par les Issogo. Deux factoreries
de la société ont été pillées par les révoltés.
Pour le Congo belge, on annonce que la
commission d'enquête internationale a visité
longuement l'Abir et la Lulonga, afin de vé-
rifier les accusations du consul anglais Ca-
sement. De là, elle s'est rendue à la Nouvelle-
Anvers, à Coquilhatville, puis aux Falls. A
Coquiîhatville, -M. Janssens, président de la
commission, a failli se noyer. En voulant al-
ler du quai au bateau sur une passerelle bas-
culante, il est tombé dans le fleuve. Une cen-
taine d'indigènes se sont, aussitôt précipités
à l'eau et l'ont ramené sain et sauf sur la
rive. La situation dans la Mongola devient
très inquiétante. Tous les courriers isolés ou
en groupes sont assassinés par les indigè-
nes.
L'OTRÊ SYVETON
UH ENTRETIEN AVEC M; JULES LEttAfTHE
A propos de sa déposition devant M. Boa»
çaise déclare ne pouvoir ni recti-
fier. ni démentir le texte publié
par le « Matin » Comment
et pourquoi il maudit
la civilisation.
Hier, je n'ai pas reconnu Jules Lemaî-
tre. Je l'ai surpris se promenant avec
agitation, à travers son cabinet, tenant
d'une main un numéro du Matin et de
l'autre le criblant chiquenaudes furi-
bondes.
-Ah 1 la pressé 1 la presse Elle de-
vient une puissance tyrannique insup-
portable, odieuse. Il n'y. a plus moyen
d'être tranquille un seul instant. Plus
de liberté individuelle 1. Oh l cette folie
de l'information, cette rage de tout sa-
voir et de tout dire 1.Toutes ces inven-
tions, toutes ces découvertes qui font no-
tre misère l'imprimerie, la vapeur, l'é-
lectricité, le téléphone. Vous trouvez
que c'est gai, vous, la civilisation ?
N essayons pas de résoudre aujour-
d'hui la terrible question posée par Jean-
Jacques et toujours pendante; j'accorde
provisoirement à Jules Lemaître que la
civilisation. est malfaisante et, de mon
mieux, je m'applique à calmer son cour-
roux-
"Kzr C'est le Matin quivous met dans des
avez vu cette déposition ?
Gomirf ça tombe Je viens jm-te-
ment vous intfc^iewer> de la part du Ma-
tin, à propos de
mains, s'il. vous plaîHrae nous par'ions
d abord de ce <•
vous avez été contraint
je ne manquerai pas de
teurs tout ce que vous voudrez l
dire. Je puis vous donner l'at^i
que le Matin, n'ayant d'autre sbuc
la vérité,accueillera volontiers tou
rectifications,
Je ne puis ni rectifier ni
ou je n'en sortirai plus ̃.
Vous reconnaissez donc que «e té-
moignage n'est pas inventé à'plaii- 'Et
en effet, il y a là des phrases qu von?
ressemblent. La première, par ̃ v.
pie « Ceux qui pardent du crime v
missent avoir assez peu le sehtimc
réalités. n ̃ s
Oui, j'ai" pu dire cela.
Et la dernière ? Je me sou\ if .̃
nettement qu'il y a quinze jours,
parlant de Syveton, vous vous êtes ̃̃
de la même formule « Il semble ̃
était de ces hommes auxquels l'e
tient lieu de vertu. »
Sans doute Mais c'étnil ̃' t1
quinze jours, et depuis lors il s'est
beaucoup de choses qui ont m.
sensiblement ma façon de voir.
Ln Dien i voua ce que vous pouvez,
ce que vous devez dire; et, pour èti > -.u~.
sûr de ne pas trahir votre pensée, je vais
écrire sous votre dictée, là, sur un coin
de votre table.
Jules Lemaître hésite un instant, puis,
s'arrêtant devant son pupitre, il passe la
main sur son front, comme pour rasseïn- .<
bler ses idées en déroute.
Soit, dit-il, mais je m'en tiendrai à.
une déclaration très brève. Vous direz,
premièrement, que je ne puis, ni ne dois,
ni ne veux répondre, parce que ma dépo-
sition ne peut ni ne doit être connue.
Ça, c'est pour les indiscrets qui en
ont recueilli les échos.
En second lieu, poursuit Jules Le-
maître, pesant ses syllabes, -1 si- je répond-
dais, ce serait pour dire qu e ce texte
contient beaucoup d'inexactitudes,
Le Matin ne l'a pas donné comme
reproduction littérale de votre témoi-
gnage il n'en garantit que le sens.
Troisièmement, j'ajouterais que ma
déposition date de trois semaines.
Voilà le point essentiel, et l'on va
certainement en déduire que si vous te-
niez, il y a trois semaines, pour l'hypo-
thèse du suicide, vous seriez, à cette
heure, plutôt disposé à croire.
̃ ->- Oh 1 que l'on déduise tout ce que
l'on voudra crie. Jules Lemaître, qui ar-
pente de nouveau son cabinet, d'un pas
fébrile. Ou que l'on me guillotine tout de
suite, j'aime mieux ça, car ce n'est pas
une existence.. Depuis un mois, je ne
vis plus. J'a.i perdu le sommeil, l'appé-
tit j'ai la fièvre. Le matin, je ne puis
plus ouvrir mes journaux sans appré-
hension, sans terreur. Qu'est-ce qui va.
m'arriver encore de désagréable Qui va..
m'outrager, me couvrir de boue J'ai
peur de mes amis et de la question qu'ils
m'adressent en me serrant la' inaîri.
J'en ai assez, j'en ai, assez J'en ai par-
dessus la tête.
Et le pauvre Jules Lemaître lève les
bras au ciel, comme pour implorer la clé-
mence divine'
Cela, du moins, vous me permettez
de le redire ?
Oh oui. Dites bien que je suis, ex-
cédé, que je demande grâce.
'Ct il recommence à maudire la civili-
sation.
"• Gustave Têry.
REPONSE A M. LEMAITRE
A propos d'une circulaire du président de 1a
L. P. F. Les imprudences d'un aca-
démicien trop impressionnable.
On vient de lire les déclarations faites
par M. Jules Lemaître à M. Gustave Téry..
Nous n'y aurions rien ajouté et nous aurions
respecté la tristesse du président de la Li-
guue,dela Patrie française s'il n'avait rédige
la petite circulaire suivante.qui a paru dans
toutes les feuilles du soir et qui offre, en
tout cas, le mérite de l'uniformité
Aucun journal n'a pu et n'a dû connaître
ma déposition. Je pourrais donc dire que je
n'ai pas à'répondre.
J'ajoute toutefois ceci la relation Au Mann,
I" est inexacte sur les points qu'elle vi-je;
est incomplète. Elle omet toute une de
ma déposition, cellé que j'ai formulée, derniè-
rement en ces termes
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