Titre : Le Petit Parisien : journal quotidien du soir
Éditeur : Le Petit Parisien (Paris)
Date d'édition : 1917-10-16
Contributeur : Roujon, Jacques (1884-1971). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 16 octobre 1917 16 octobre 1917
Description : 1917/10/16 (Numéro 14861). 1917/10/16 (Numéro 14861).
Description : Note : Ed. de Paris. Note : Ed. de Paris.
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Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol-Lc2-3850
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/03/2012
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Temps probeble nuageux
4.170* JODR DE LA SDERRE
La garantie d'une paix durable
est de faire payer l'Allemagne
J'ai, dans un précédent article, con-
sacré à la situation future de l'Allema-
gne, établi qu'elle aurait, en 1933, neuf
millions de soldats à mettre en ligne,
alors qu'à la même époque nous n'en
aurions que quatre, et affirmé que si la
puissance de proie qui met en ce mo-
ment le monde à feu et à sang avait à
ce moment les ressources pécuniaires
nécessaires, elle reprendrait à nouveau
son industrie sanglante et se jetterait
tur nous et, au besoin, sur tous autres,
pour recommencer dans des conditions
meilleures sa tentative avortée.
Il y a déjà plus de deux ans que les
dirigeants de l'Allemagne et de l'Autri-
che savent que leur coup est manqué.
La Marne, le Grand-Couronné de Nancy
et l'Yser les en ont convaincus bien vite,
mais ils ont escompté, ils escomptent
encore une paix blanche qui leur per-
mettrait de se refaire pour recommen-
cer à la première occasion favorable.
J'en ai eu personnellement l'aveu au
milieu de 1915, de la part d'un diplo-
mate neutre, depuis belligérant, qui sa-
vait de source certaine qu'on ne se faisait
plus aucune illusion au Ballplatz de
Vienne et à la Wilhelmstrasse de Berlin.
Seulement, avec l'esprit de méthode qui
est la caractéristique de nos ennemis, on
y préparait d'ores et déjà l'après-guerre,
et on y professait que l'Allemagne se re-
ferait très vite. En toute sincérité je le
crois.
Les raisons en sont nombreuses.
t)'ab-ord la guerre lui a coûté moins cher
qu'à nous. Elle avait préparé en temps
de paix, au prix du temps de paix, un
matériel formidable que nous avons dû
fabriquer en temps de guerre, au prix
du temps de guerre. Les conditions
mêmes de la lutte l'ont obligée à se res-
treindre alors que nous ne le faisions
pas; à ne pas acheter au dehors alors
que nous le faisions sans cesse.
Les stocks allemands
Donc des plaies moins graves qui se
guériraient aisément. Ses mines de
houille sont en pleine production. Les
usines allemandes né sont pas désorga-
nisées comme la plupart des nôtres.
Elles ont leur matériel et celui qu'elles
ont pris chez nous et en Belgique. Elles
ont des produits fabriqués pendant les
six premiers mois de la guerre, quand
on pensait, outre-Rhin, à une simple
promenade triomphale, et ces produits
sont là. tout prêts à prendre leur vol à
travers le monde qui, après cette terrible
bagarre, aura besoin de tout.
Des stocks sont déjà concentrés en
Hollande, en Danemark, en Suisse,
chez les neutres, en un mot, pour y
acquérir dès à présent le faux nez grâce
auquel ils dissimuleront une origine
boche qui, au lendemain du massacre,
les exposerait à recevoir mauvais
accueil.
Partout dans l'univers entier, depuis
des mois déjà, l'Allemagne constitue ou
fait constituer par des intermédiaires,
des stocks de matières premières qui,
dès la fin des hostilités, afflueront vers
ses usines prêtes à se remettre en mar-
che. J'ai là sous les yeux une liste édi-
fiante et sans doute bien incomplète.
Savez-vous que l'Allemagne a poussé
la minutie et la précaution dans sa pré-
paration d'après-guerre jusqu'à faire
charger dès maintenant, de matières
premières, les bateaux allemands réfu-
giés dans les pays neutres, et qui n'au-
ront ainsi qu'à lever l'ancre à la ces-
sation des hostilités ? II y a des bateaux
de ce genre ancrés à Barcelone il y en
a, chargés de coton, dans les ports
américains. Il y a aussi, dans les ports
allemands, des bateaux lancés depuis
la guerre, tous chargés de produits fa-
briqués et prêts à prendre leur essor à
travers le monde, dès la levée du blocus.
Car l'Allemagne a fiévreusement cons-
truit, depuis la guerre, une nouvelle
flotte de commerce.
De nombreuses sociétés se sont consti-
tuées et on a même poussé l'amour du
maquillage jusqu'à créer, aux environs
de Rotterdam, par .des intermédiaires,
un chantier pouvant construire des ba-
teaux de 10.000 tonnes qui passeront
pour hollandais.
Le journal maritime Hansa a publié,
en août dernier, des renseignements sur
les navires ce construction. La « Ham-
bourg America Linie construit le plus
grand navire du monde, le Bismarck,
d'environ 56.000 tonnes le Tirpitz, de
20.000 tonnes deux autres navires de
22.000 tonnes et neuf autrea aux chan-
tiers de Vulcan, de Stettin. Le « Nord
Deutscher Lloyd » fait construire deux
na.vires rapides Colombus et Hinden-
burg, de 35.000 tonnes le Mùnchen et
le Zeppelin, de 16 000 tonnes et douze
navires de 12.000 tonnes chacun. Même
activité à la compagnie Worman, à la
Hansa, etc.
Tout cela dénote une résolution arrê-
tée de reprendre de suite la bataille éco-
nomique et explique ainsi pourquoi, au
risque de paraître :naladroite, l'Alle-
magne torpille les neutres elle sup-
prime par avance les concurrents de sa
marine de commerce.
Il faut que l'Allemagne paie.
Et maintenant j'en ai assez dit pour
que chacun puisse conclure lui-même.
L'Allemagne se refera financièrement
très vite et elle aura des hommes. Elle
aura donc la possibilité de faire la guer-
re. Elle y aura intérêt. Elle la fera si
elle pense réussir.
Pendant ce tempe, brisée par la lutte,
désorganisée par l'invasion, alourdie
par les charges, notre industrie se re-
ferait mal et lentement.
Il y a à cela un remède et un seul
minoriser financièrement l'Allemagne,
alourdir sa marche, non pas par une in-
demnité de caractère pénal, mais par
une réparation de dommages.
N'appelez pas cela indemnité si vous
voulez, baptisez-le « remboursement » si
le mot paraît moins dur à l'oreille, peu
importe, pourvu que l'Allemagne paie,
et elle peut payer. Elle dépensait par
an deux milliards et demi ou trois mil-
liards pour la guerre et la marine
qu'elle les emploie à réparer le mal
qu'elle a fait, cela vaudra mieux pour
la tranquillité du monde que de les em-
ployer à préparer de nouveaux crimes.
Elle augmentait chaque année de riches-
se dans l'espoir d'asservir l'humanité.
Eh bien elle attendra un peu en tra-
vaillant pour payer ce qu'elle a cassé.
C'est, je crois bien, le seul moyen
d'être assuré de la tranquillité. Si l'Al-
lemagne a à la fois les hommes et l'ar-
gent, elle recommencera.
Et je suis sûr que si vous vouliez la
pensée secrète de Michaëlis, de Scheide-
mann, d'Erzberger et de Guillaume II,
vous y trouveriez que dans la for-
mule « sans annexion ni indemnité
c'est surtout à la seconde partie qu'ils
tiennent. Les charges financières les em-
pêcheraient de refaire leurs armes et
s'ils avaient à choisir, ils aimeraie-nt
mieux nous donner des territoires que
de l'argent, avec l'espoir de les repren-
dre quinze ans plus tard. au nom du
Droit!
Donc, gardons-nous des illusions. La
paix blanche, la paix sans indemnité,
ce ne serait pas la reprise de la vie dans
la France ancienne, mais un dur labeur
dans une France ruinée.
Méfions-nous, méfions-nous de nous-
mêmes et de notre naturel généreux.
Gare aux formules séduisantes qui
serviraient, aux autres à préparer de
nouvelles catastrophes qui s'abattraient
précisément, lorsqu'ils seraient devenus
des hommes, sur ces petits pour lesquels
les pères se battent en ce moment.
Si dans quinze ans, l'Allemagne dé-
çue a de nouveau, au même moment,
de l'argent et des hommes, plie recom-
mencera. Il n'est point de chiffon de pa-
pier qui puisse l'en empêcher, si on lui
en a laissé les moyens matériels.
André LEFÉVRE.
LA BATAILLE DANS L'ILE DIESEL
D'après les communiqués russes, les
troupes allemandes n'auraient pu, bien
que les défenses côtières aient été dé-
truites, s'installer dans l'île de Dago, et
la flotte germanique, allégée de quel-
| ques unités, aurait manqué l'entrée du
dciroit de Sélé, qui sépare cette île de
celle d'OEsel. Par contre, dans cette der-
nière, les contingents moscovites seraient
en retraite vers le sud-est et se trouve-
raient par conséquent dans une position
assez critique, le golfe de Riga leur étant
fermé. Les Boches, de leur côté, préten-
dent n'avoir perdu aucun navire et
avancer rapidement vers la côte orien-
tale d'OEsel, où les deux villes d'Arens-
berg et de Zerel seraient en flammes.
Cette dernière est située à la pointe de
la presqu'île de Sworbe, qui s'enfonce
dans les eaux du golfe de Riga,
En fait, et sans qu'il y ait lieu de
tenir compte de ces divergences, les
Russes ont été dépossédés de la base qui
servait à leurs mouilleurs de mines, en
sorte que l'entrée des deux golfes est
ouverte. Ils disent avoir eu affaire à huit
dreadnoughts, douze croiseurs, quatre
torpilleurs et trente dragueurs, ce qui
paraît constituer une force navale fort
imposante. S'ils n'exagèrent pas, comme
je me permets encore de le croire, c'est
d'abord que l'Allemagne a procédé à une
mobilisation grandiose, montrant ainsi
que le blocus occidental n'entrave pont
la liberté de ses manœuvres du côté de
l'Orient; c'est ensuite que les troubles
de Kiel n'ont pas eu de suites graves.
Le bulletin officiel de Berlin a grand
soin d'insister, du reste, sur le « vif
esprit combatif » qu'ont montré les équi-
pages employés à l'opération.
Quelles sont, maintenant, les consé-
quences à redouter? J'en vois .trois, qui
peuvent soit rester distinctes, soit se
combiner ensemble et procéder d'un
plan coordonné. Il y a d'abord la me-
nace contre la Finlande, qui paraît des
plus probables. Vient ensuite l'éventua-
lité d'un débarquement du côté de Per-
nau et sur le littoral plus au sud, de
façon à prendre en flanc les forces rus-
ses qui barrent la chaussée de Pskow.
Enfin, une attaque maritime contre
Revel paraît de plus en plus présumable,
ce qui ne veut pas dire du tout que les
Allemands aient envie de pousser sur
Petrograd, mais seulement qu'ils cher-
cheront à s'assurer dans la Baltique des
points d'appui solides, leur permettant
d'aborder ensuite, à leur heure et avec
toutes sortes d'avantages, la flotte de
Cronstadt.
Celle-ci les laissera-t-elle faire ? Si oui,
elle ouvre la porte à de très fàcheuses
aventures. Si non, elle peut sauver, à
force d'énergie, une situation trop incer-
taine encore pour être déjà périlleuse.
M. Kere'nski l'a adjurée de faire son de-
voir. Il lui a même donné le commande-
ment ferme de se sacrifier. Mais comme,
même depuis qu'il a assumé les fonctions
M. MALVY
MIS HORSDE CAUSE
UN COMMUNIQUÉ DU GOUVERNEMENT
On se rappelle que, 'le 4 octobre dernier,
le président du Conseil fut amené, sur l'in-
tervention de M. Malvy, donner connais-
sance d'une lettre de M. Léon Daudet au
Président de La République, portant contre
l'ancien ministre de l'Intérieur leà accu-
sations les plus atrooes » ce fut le mot
de M. Painlevé.
On sait que M. Léon Daudet a été enten-
du pendant neuf audiences par M. le capi-
taine Bouchardon et qu'il a pu, librement,
apporter tous arguments et documents à
l'appui de son accusation.
De son côté. le gouvernement a procédé
à une enquête personnelle, dont il aurait pu
donner la conclusion à la Chambre si un
débat, comme on l'avait annoncé, avait dû
se produire aujourd'hui.
Il apparaît que ce débat n'aura pas lien,
au moins sur l'intervention de M. Malvy.
En effet, dés son retour de Londres, M. Pain-
levé prenait connaissance des résultats de
l'enquête qu'il avait ordonnée il les com-
muniquait lui-même, dans l'après-midi
d'hier, à quelques-uns de ses collègues
puis, après une série d'entrevues avec diver-
ses personnalités,
il saisissant ne l'affaire un conseil
de cabinet spécialement convoqué à 18
heures.
Voici la note officielle cftti, à l'issue de ce
conseil, a été communiquée et qui, prenant
acte des constatations négatives de cette en-
quête, met M. Malvy hors de cause
Le président du Conseil, ministre de
la Gtcerre, a communiqué au conseil les
résultats de laquelle il a pro-
cédé au lendemain de la séance de Ja
Chambre du 4 octobre, sur les accusa-
tions de trahison portées contre M. Mal-
vy, ancien ministre, membre du comité
de guerre. Le gouvernement a constaté
que l'enquéi". démontre quc toutes ces
accusations visant soit des communica-
tions à l'ennemi de documents militai-
res ou diplomatiques, soit des participa-
tions à des désordres militaires, ne repo-
sent sur aucun fondement. Le gouverne-
ment est résolu, ainsi qu'il l'a solennelle-
ment proclanté dan.s ses déclarations,
à ne pas empiéter ou laisser em-
piéter sur les attributions de l'autoritb.
judiciaire qui poursuivra son œuvre jus-
qu'au bout avec une indépendance abso-
lue. Mais il a considéré comme un devoir
de faire justice, dans l'intérêt de la pai.x
intérieure et du moral de la nalion, d'ac-
cusatioats dont la fau.sseté est démontrée
et qu'il livre au jugement de la cons-
cience publique.
Nous croyons savoir que M. Malvy après
avoir examiné le texte de la communication
faite par le gouvernement, a renoncé il
soulever un nouveau débat devant la Cham-
bre. L'incident semble donc clos.
de généralissime, ses objurgations sont
restées vaines et ses commandements
inexécutés, personne ne peut affirmer
que, cette fois, il aura raison du trop
fameux comité central qui représente, à
Cronstadt, la dômination de l'anarchie.
On nous dit qu'en présence des graves
événements qui s'annoncent, le gouver-
nement a décidé de mettre provisoire-
ment de côté toutes les questions de po-
litique intérieure et de concentrer toutes
ses forces à l'organisation de la défense
du pays. Je crois vraiment qu'il est
temps.
Lieutenant-colonel ROUSSET.
(Communiqué russe du 14 octobre)
Fusillade entre deux de nos torpilleurs et
les vaisseaux ennemis qui bombardaient le
village de Serro (au sud de l'île Dago). Vers
17 heures. 15 torpilleurs ennemis ont rompu
la ligne entre les îles de Dago et d'Œsel,
mantes furent chassés par nos forces nava-
les oique celles-ci fussent beaucoup plus
Suivant les informations de 16 heures, du
septembre, l'ennemi continue le débar-
quement de ses troupes dans la baie de Ta-
galaht et près de Meris. Ces avant-qardes
ont occupé Abdoul (à 8 verstes de Meris).
Nos avant-gardes aprés combat sur la ligne
Wilmapaatch Kidemetchpidoul ont com-
mencé à se replier dans la profondeur de
l'île. L'ennemi se répand sur l'île dans les
directions de l'Est et du Sud.
Communiqué russe du t5 octobre)
Le 14 octobre, la lutte pour la possession
de 1 île d'Œsel a continué. D'après les nou-
velles reçues le 13 octobre, à 19 heures,
êeesnaveangt 5" été occupée par l'ennemi.
Des avant-gardes ennemies ont été recon-
nues à cinq ou six verstes de cette ville.
Les forces maritimes et aériennes de l'en-
nemi coopèrent énergiquement avec les
troupes qui exécutent leurs attaques au nord
Au sud un détachement de croiseurs en-
nemis avec des canonnières et des torpil-
leurs a tenté de forcer le passage d'Irben.
La pénétration ultérieure de l'adversaire
dans le golfe de Riga a été arrêtée par le
feu de notre artülerie à- longue portée du
Le groupe du nord des navires ennemis a
envoyé en avant un détachement de canon-
mères qui a fait reculer nos avant-gardes
entre les îles Dago et Œsel, vers le Mohn-
Sund. Nos forces maritimes ayant recueilli
nos avant-gardes qui s'étaient retirées ac-
ceptèrent la bataille, après quoi l'ennemi se
retira. Le troisième groupe de navires enne-
mis, composé de croiseurs et de canonniè-
res, se retira dans l'après-midi vers la partie
sud-ouest de Pile d'Œsel et bombarda une
partie insignifiante de la côte.
Dans le reste de la mer Baltique nous
avons constaté la présence de sous-marins
ennemis à plusieurs reprises.
NOUVEAU RAID SUR DUNKERQUE
Des avions allemands ont bombardé, cette
nuit, la rérlion de Dunkerque. On signale
pluateurs victimes dans la population civile
(Officiel.)
L'espionne Mata-Hari
a été fusillée
hier matin à Vincennes
C'est hier matin qu'a été passée par les
armes la danseuse Mata-Hari ou plutôt
l'espionne Marguerite-Gertrude Zelle, qui
avait profité de l'accueil qu'on lui faisait
dans notre pays pour le trahir pendant plu.
sieurs années. Elle avait été condamnée à
mort le 2i juillet dernier par le conseil
de guerre de Paris, pour espionnage et in-
telligences avec l'ennemi.
Avant la guerre, elle était déjà à la solde
de l'Allemagne. Fréquentant, à Berlin, les
Mata-Hari CI. Talbot.
milieux politiques, militaires et policiers,
elle était immatriculée sus les registres de
l'espionnage bouche.
Dès le début des hostilités, elle s'aboucha
directement, hors du territoire français, avec
de hauts personnalités ennemies. Depuis
le mois de mai 1916 elle reçut de l'Allema-
gne, à diverses reprises., des sommes im-
portantes comme rémunération des indica-
tions dont elle se fit la pourvoyeuse.
C'est le 13 février au cours de son
deuxième voyage en France, qu'elle fut ar-
rêtée.
Des pièces, venues aux mains de la justice
française, démontraient à l'évidence sa cul-
pabilité et la valeur des renseignements
fournils par elle t'ennemi.
Kn présence de preuves matérielles réu-
nies contre elle, Mata-Hari fit des aveux
complets. Aussi la sentence de mort fut-
elle prononcée contre elle à l'unanimité des i
Depuis le 27 septembre, date à laquelle la
chambre criminrllc de la cour de cassation
avait rejeté à son tour le pourvoi repous- j
se précédemment par le conseil de revision
l'espionne n'espérait plus qu'en la clé-
mence présidentielle..
Cet espoir s'est évanoui hier matin.
Le réveil de la condamnée
A cinq heures dix, la porte de la cellule de
Mata-Hari, il. la prison de Saint-Lazare, s'ou-
vrait pour livrer passage au commissaire
rapporteur près le troisième conseil de guer- j
re, au capitaine greffier, au directeur de la
prison, à son défenseur M' Clnnet et au pas-
tour Arboux. venu pour l'assister comme ap-
partenant il la religion réformée. Deux
sœurs rie Saint-Lazare étaient présentes.
L'une d'elles réveilla ta condamnée. Margue-
rite Zelle eut un sursaut. Elle avait compris.
Mais aussitôt. elle reprit son calme habituel.
On la laissa seule avec les religieuses. Sa
toilette fut rapidement terminée. Elle por-
taist le 'costume de drap sombre, garni de
fourrure, qu'elle avait quand on la jugea.
Elle s'enveloppa d'un long manteau, coiffa
un grand chapeau de feutre et apparut sur,
le seuil.
Je suis prête, dit-elle.
M« Clunet et le pasteur Arboux se placè-
rent à ses côtés et s'entretinrent avec elle
pendant le trajet jusqu'au greffe, dans un
dédale de couloirs faiblement éclairés par
la lueur jaune des lampes murales.
Elle écrivit deux longues lettres qu'elle
remit à son avocat, en le remerciant de vou-
loir bien les faire parvenir à leurs adresse4.
Le moment était venu de partir. Elle fit
ses adieux à tous.
Quelques moments après, une automobile
militaire, où elle était montée avec les deux
religieuses et le capitaine Bouchardon, sous
la garde de gendarmes, roulait vers Vin- j
cennes.
On se rendit directement au donjon, où
s'accomplirent rapidement les formalités
d'écrou.
Bientôt l'automobile grise ressortait du
fort, du côté du polygone encadrée, cette
fois, par un peloton de dragons.
Le châtiment
Près de la butte de tir, le carré des trou-
pes était formé. Au contre, le peloton d'exé-
cution des zouaves attendait, l'arme
au pied. A l'entrée du quadrilatère, l'euto-
mobile stoppa.
La condamnée descendit, elle tendit la
main à l'une des religieuses pour l'aider.
Me Clunet s'avança aussitôt, ainsi que
le capitaine Bouchardon, commissaire rap-
jKirteur, le docteur Socqitet, médecin-légiste
et le greffier du conseil de guerre. Un cer-
tain nombre d'officiers de la place de Vin- j
cennes, commandés de service, restèrent 1
un peu en arrière.
Encadrée par son avocat et la reli-
pieuse, elle passa devant les troupes iiîjk
mobiles. Arrivée devant le poteau, elle dit f
adieu aux deux personnes qui l'avaient as-
sistée jusqu'au dernier moment, embrassa
la sœur et tendit les poignets à un gen-
darme pour qu'on l'attachât. Tandis qu'on
lui liait la mam droite, de la gauche elle fit
un geste amical à l'adresse de la religieuse
et de Me Clunet,
bfaintenant elle était face aux douze ca-
nons de fusil braqués sur sa poifrine. i
Silencieusement, le chef du peloton d'exé-
cution abaissa son sabre. Une salve crépita
dans l'air, suivie à une seconde d'intervalle j
d'un coup de feu isolé, tiré par un retarda-
taire. Un adjudant de dragons s'approcha (
alors et tira le coup de grâce. 1
La condamnée avait expié.
'l'ombée sur les genoux, le corps écroulé, t
Mata-Hari, l'espionne dont la trahison en- 1
vova tant des nôtres à la mort, gisait la E
face tournée vers le ciel comme pour implo-, >
rer le pardon. i
Après le dénié réglementaire des troupes, r
le corps fut mis en bière et conduit au cime- c
tière de Vincennes. Il repose à présent dana
le coin de terre réservé aux suppliciés. p
A LA CHAMBRE
Après terùt ifiat
sur la polp extérieure
Les lecteurs du Petit Parisien ont certaine-
ment gardé le souvenir des paroles graves
prononcées, vendredi dernier, au nom du
gouvernement, par M. Ribot, ministre des
Affaires étrangères, dans sa réponse à l'in-
terpellation de M. Georgea Leygues, prési-
dent de la commission des affaires extérieu-
res, et au discours de M. Aristide Briand.
Ces paroles, sur lesquelles nous avons
attiré 1 attention, reproduisons-les d'après le
Journal officiel.
Hier encore, a dit M. Ribot, détait V Allemagne
qui faisait murmurer que si le gouvernement fran-
çais voulait engager une conversation directe ou
indirecte, nous pnurrions espérer qu.'on nous res-
lituerait V Alsace-Lorraine. (Exclamations.)
Le piège était trop grossier pour qu'on s'y lais-
sât prendre. L'Allemagne, restée seille, a ators
ielé le masque et fait cette déclaration retentis-
san"e de M. de Kuhlmann des concession sur
V Alsace-Lorraine ? Jamais
Elles ont fait, depuis qu'elles ont été pro-
noncées, l'objet des commentaires les plus va-
riés, les commentateurs étant d'ailleurs una-
nimes à constater que la persistance des
manœuvres pacifistes allemands était à la
fois une preuve de l'affaiblissement progres-
sif de l'ennemi et»une raison de plus pour
nous d'espérer une fin victorieuse, non éloi-
gnée, de la guerre. Il ne fut pour ainsi dire
pas question d'autre chose hier dans les cou-
oirs de la CHambre où régnait l'animation
des grands jours.
Au surplus M. député de la
Seine, a adressé M." Ribot, ministre des
Affaires étrangères, la lettre suivante
Si la Chambre, comme d'aucuns l'envisa-
gent, veut obtenir des éclaircissements sup-
plémentaires sur ce que l'on peut considé-
rer comme une manœuvre de l'ennemi, il
est à urésumer, t
Ce matin, le groupe socialiste se réunit
pour délibérer.
LE GÉNÉRAL ALBY
nommé major général de l'armée
Le Journal officiel publie ce mptin la com-
munication suivante
Par décret en riate du fi ortobre, rendu sur la
proposition du sinistre de la Guerre, te général
de divisian Alby (Henn-Marie-Camille-Kdouard)
a été nommé major-général de l'armée, en rem-
placement du général de division /'«cor/.
M. Caproni nous expose ses idées
sur le rôle de la grande aviation
M. Jean Caproni, qui se trouve en ce mo-
ment à Paris, est suns doute l'homme le
plus en vue de l'aviation italienne. Non seu-
lement il est l'inventeur et le constructeur
de ces formidables appareils capables de
transporter des tonnes d'explosifs dont
les bulletins du général Cadorna nous ont
raconté à plusieurs reprises les exploits ac-
complis par eux sur Lubiana, sur Pola, sur
Cattaro, etc., il est aussi un des apôtres les
plus ardents de la guerre aérienne, de la-
quelle il attend la victoire.
L'ingénieur Caproni dans une conver-
sation dos plus intéressantes nous a pré-
cisément exposé ses idées, qui ont en Italie
des partisans convaincus et très actifs. Voi-
ci les déclarations de ce grand inventeur
qui est aussi un grand ami de la France
Cuerro do matériel
Oa ne dit rien de nouveau, lorsqu'on
affirme que cette guerre est surtout une
guerre de matériel. Tous les belligérants
sont de cet avis. C'est pour cela que, pen-
dant que leurs soldats se battent sur le
front, leurs ouvriers se livrent, à l'arrière,
dans les usines, à une course frénétique aux
armements.
» On peut dire que le principe qui, parmi
les alliés, a d'abord présidé à cette course
est le suivant il faut produire plus que les
ennemis. Il est grand temps que ce principe
soit complété par son corollaire que voici il
faut aussi que la production ennemie dimi-
nue. Est-ce possible ? Oui. Cela ne dépend
que de nous, les alliés.
Le matériel de guerre est fabriqué dans
des milliers d'usines plus ou moins gran-
des, mais qui sont presque toutes tributai-
res de trois on quatre immenses centres in-
dustriels. Si l'on paralysait ces centres
qui en Allemagne se trouvent au bord du
Rhin, en Westphalie, à Munich, etc., et,
en Autriche, dans les environs de Vienne
et de Budapest on provoquerait une
crise, peut-être décisive, dans la production
des armes et des munitions. Or cela, ainsi
que je viens de le dire, est possible, grâce à
la grande aviation.
Un seul grand triplan HP peut
trangporter et laisser tomber sur Essen
1.500 kilos d'explosifs, sur Pola 2.181 kilos,
sur Vienne 1.360 kilos. Il est facile de se
faire une idée de la puissance d'une escayj
drille de deux ou trois. cents triplans en
multipliant ce chiffre par quelques-uns des
chiffres que je viens d'expoeer.
» Dans la guerre aérienne telle que .Je la
préconise on peut distinguer trois temps le
LA FUTURE OFFENSIVE DIPLOMATIQUE.
SOFIA
Afr Guillaume II et von Kuhlmann ont dé-
Tgf barque l'autre jour de compagnie il.
Sofia, tandis que Michaelis s'en allait tout
seul en Courlande. D'aucuns pourraient
voir dans ce détail un indice des temps, car
d'ordinaire l'empereur se faisait accompa-
gner par le chancelier dans ses déplace-
ments. Mais n'anticipons point sur le règle-
ment de la crise intérieure allemande qui
est ajourné à la fin de cette semaine.
Un journal d'outre-Rhin tâche de nous
persuader que le kaiser s'est surtout entre-
tenu de la question du charbon avec les
autorités bulgares ce n'est certes pas pour
cette raison que le monarque allemand a
été conférer avec le tsar Ferdinand, et seuls
des esprits simples pourraient accueillir
cette version un peu vaudevillesque. Au
fond, la presse germanique a reçu le mot
d'ordre du silence sur le voyage et si nous
comptions sur elle pour savoir la vérité,
nous aurions toutes chances d'être déçus.
Mais la vérité éclate tout de même et noue
n'ignorons point que des frictions se sont
produites ces derniers temps entre Berlin,
Vienne et Constantinople, d'un côté, et Sofia,
de l'autre. Le gouvernement bulgare, qui
maîtrise la moitié de la Serbie, une partie
de la Roumanie et trois préfectures grec-
ques, s'arme de ea carte de guerre pour re-
vendiquer Il la fois des annexions lucratives
et une hégémonie incontestée dans les Bal-
kans il irait même, dit-on, jusqu'à exiger
de la Porte une nouvelle rectification terri-
toriale.
Après avoir deux ans durant cédé à tou-
tes les volontés du Cobourg et de M. Rados-
lavof, les empereurs du Centre estiment que
ces deux personnages exagèrent leurs am-
bitions et qu'ils compromettent l'offensive
diplomatique en projet. Voilà pourquoi Guil-
laume Il et von Kuhlmann se sont rendus
à Sofia où ils ont dû exercer une pression
violente sur Ferdinand I". Nous ne tarde-
rons pas à savoir si leur voyage a réussi, ou
si le tsar bulgare, dans sa terreur des Ma-
cédoniens qui le tiennent en tutelle, a per-
sévéré en son intransigeance. Qui aurait cru
que, dans cette guerre, à un moment quel-
conque, Sofia jouerait un rôle de premier
plan ?
Le « Médie » torpillé
en Méditerranée
25O VICTIMES
Le vapeur Médir, naviguant en convoi
escorté, a été torpillé, le septembre, dans
la Méditerranée occidentale.
L'explosion de la torpille a provoqué celle
des munitions qui se trouvaient dans la cale
et le navire a coulé en quelques minutes.
Il y avait il bord 559 passagers, y compris
des détachements algériens de soldats et
travailleurs indigènes, des prisonniers et
67 hommes d'équipage. Le nombre des dis-
parus est de 250. Les familles ont été pré-
venues.
Tous renseignements utiles pourront, le
cas échéant, être demandés à la section
des renseignements aux familles, 43, avenue
de La Motte-Picquet, uu sujet des passagers
militaires au ministère de la Marine, 2, rue
Royale, au sujet des passagers appartenant
a la marine militaire au sous-secrétariat
de la Marine marchande, 223, rue Saint.
Honoré, au sujet de l'équipage.
[Construit en le Médie jaugeait 4.770 ton-
nes et avait Marseille comme port d'attache.]
premier est celui dont je vous parlais tout à
l'heure. Les autres deux sont les suivants
destruction des bases navales ennemies,
bombardement de l'arrière.
» Inutile d'insister sur l'obstacle que re-
présentent les sous-marins ennemis pour
la navigation alliée. Inutile aussi de répéter
que les moyens dont se sont servis jusqu'ici
i les alliés pour combattre les sous-marins ne
se sont pas révélés à la hauteur du but à
atteindre. On n'extirpe pas un essaim de
guêpes en poursuivant ces guêpes une à
une on l'extirpe en écrasant le guêpier. Pa-
reillement, on n'arrivera jamais à avoir rai-
son de la flotte sous-marine ennemie, en
poursuivant tel ou tel sous-marin isolé, dans
la mer mais on y arrivera en détruisant
leurs bases.
On sait que les sous-marins, après un
ou deux mois de navigation, ont besoin
d'être réparés. Leurs bases sont donc cons-
tamment peuplées. Des escadrilles d'aéro-
planes 900 H. P. qui visiteraient d'une façon
constante Zeebrugge, Pola, Cattaro, etc., ré-
duiraient d'une façon sensible la flotte sous-
marine ennemie.
Et nous voici au troisième moment de
la guerre akrienne. Il est évident qu'en for-
çant l'ennemi par des bombardements
réitérés à reculer ses centres d'avfatton
loin du front, nous assurerons aux fronts et
aux territoires alliés une plus grande tran-
quillité. Cela est aussi vrai pour les moments
d'accalmie que pour les moments où la ba-
taille fait rage. Mais aux heures de lutte lea
service que l'on est en droit d'attendre de
la grande aviation -pourvu qu'on lui donne
tout ce qu'il lui faut sont encore plus
remarquables. En effet, la grande aviation
peut détruire les ponts, les routes, ies che-
mins de fer, les camps de concentration, les
dépôts de munitions, etc., de façon à gêner
sinon à rendre impossible l'arrivée des ré-
serves, et le ravitaillement en vivres et en
matériel.
La fin de. as
et È'avonif dos ,,escadrilles
» Pour que l'aviation arrive au degré de
développement dont elle est digne et au
degré de puissance dont elle est capable, il
faut que les gouvernements et les peuples
renoncent à des mentalités surannées, que
partout, notamment en France, des écri-
vains militaires de la plue haute compé-
tence se sont déjà employés à combattre.
» Jusqu'aujourd'hui on a attaché une im-
portance exagérée aux duels aériens, en
oubliant que la guerre,. hélas! n'est pas un
MMCTI05 < ÂEMINISTRATICffl
m» d'EnaMen. Pute
NUphe»: Ont. OT.73-03.7S-1B.00
Una téMgnpliitpM'. r*ttUita-Fan*
la pablloiM «t reçue
à rOFFICE DIANNONCEB
̃.Md«lUllABamnaanTS «moi» «mois Ion
Seine et S.et-0. 15.50 30.»
France t Colon. 9.» 16.50 32.0
Ùrangtr. 10.* la. a 36.»
MARDI
16
OCTOBRE d9i7
Saint Ltopold
S0LBR.:teT.eh.43; eooch.4h.S9
IDK£ mot. la pr. «a. U
Temps probeble nuageux
4.170* JODR DE LA SDERRE
La garantie d'une paix durable
est de faire payer l'Allemagne
J'ai, dans un précédent article, con-
sacré à la situation future de l'Allema-
gne, établi qu'elle aurait, en 1933, neuf
millions de soldats à mettre en ligne,
alors qu'à la même époque nous n'en
aurions que quatre, et affirmé que si la
puissance de proie qui met en ce mo-
ment le monde à feu et à sang avait à
ce moment les ressources pécuniaires
nécessaires, elle reprendrait à nouveau
son industrie sanglante et se jetterait
tur nous et, au besoin, sur tous autres,
pour recommencer dans des conditions
meilleures sa tentative avortée.
Il y a déjà plus de deux ans que les
dirigeants de l'Allemagne et de l'Autri-
che savent que leur coup est manqué.
La Marne, le Grand-Couronné de Nancy
et l'Yser les en ont convaincus bien vite,
mais ils ont escompté, ils escomptent
encore une paix blanche qui leur per-
mettrait de se refaire pour recommen-
cer à la première occasion favorable.
J'en ai eu personnellement l'aveu au
milieu de 1915, de la part d'un diplo-
mate neutre, depuis belligérant, qui sa-
vait de source certaine qu'on ne se faisait
plus aucune illusion au Ballplatz de
Vienne et à la Wilhelmstrasse de Berlin.
Seulement, avec l'esprit de méthode qui
est la caractéristique de nos ennemis, on
y préparait d'ores et déjà l'après-guerre,
et on y professait que l'Allemagne se re-
ferait très vite. En toute sincérité je le
crois.
Les raisons en sont nombreuses.
t)'ab-ord la guerre lui a coûté moins cher
qu'à nous. Elle avait préparé en temps
de paix, au prix du temps de paix, un
matériel formidable que nous avons dû
fabriquer en temps de guerre, au prix
du temps de guerre. Les conditions
mêmes de la lutte l'ont obligée à se res-
treindre alors que nous ne le faisions
pas; à ne pas acheter au dehors alors
que nous le faisions sans cesse.
Les stocks allemands
Donc des plaies moins graves qui se
guériraient aisément. Ses mines de
houille sont en pleine production. Les
usines allemandes né sont pas désorga-
nisées comme la plupart des nôtres.
Elles ont leur matériel et celui qu'elles
ont pris chez nous et en Belgique. Elles
ont des produits fabriqués pendant les
six premiers mois de la guerre, quand
on pensait, outre-Rhin, à une simple
promenade triomphale, et ces produits
sont là. tout prêts à prendre leur vol à
travers le monde qui, après cette terrible
bagarre, aura besoin de tout.
Des stocks sont déjà concentrés en
Hollande, en Danemark, en Suisse,
chez les neutres, en un mot, pour y
acquérir dès à présent le faux nez grâce
auquel ils dissimuleront une origine
boche qui, au lendemain du massacre,
les exposerait à recevoir mauvais
accueil.
Partout dans l'univers entier, depuis
des mois déjà, l'Allemagne constitue ou
fait constituer par des intermédiaires,
des stocks de matières premières qui,
dès la fin des hostilités, afflueront vers
ses usines prêtes à se remettre en mar-
che. J'ai là sous les yeux une liste édi-
fiante et sans doute bien incomplète.
Savez-vous que l'Allemagne a poussé
la minutie et la précaution dans sa pré-
paration d'après-guerre jusqu'à faire
charger dès maintenant, de matières
premières, les bateaux allemands réfu-
giés dans les pays neutres, et qui n'au-
ront ainsi qu'à lever l'ancre à la ces-
sation des hostilités ? II y a des bateaux
de ce genre ancrés à Barcelone il y en
a, chargés de coton, dans les ports
américains. Il y a aussi, dans les ports
allemands, des bateaux lancés depuis
la guerre, tous chargés de produits fa-
briqués et prêts à prendre leur essor à
travers le monde, dès la levée du blocus.
Car l'Allemagne a fiévreusement cons-
truit, depuis la guerre, une nouvelle
flotte de commerce.
De nombreuses sociétés se sont consti-
tuées et on a même poussé l'amour du
maquillage jusqu'à créer, aux environs
de Rotterdam, par .des intermédiaires,
un chantier pouvant construire des ba-
teaux de 10.000 tonnes qui passeront
pour hollandais.
Le journal maritime Hansa a publié,
en août dernier, des renseignements sur
les navires ce construction. La « Ham-
bourg America Linie construit le plus
grand navire du monde, le Bismarck,
d'environ 56.000 tonnes le Tirpitz, de
20.000 tonnes deux autres navires de
22.000 tonnes et neuf autrea aux chan-
tiers de Vulcan, de Stettin. Le « Nord
Deutscher Lloyd » fait construire deux
na.vires rapides Colombus et Hinden-
burg, de 35.000 tonnes le Mùnchen et
le Zeppelin, de 16 000 tonnes et douze
navires de 12.000 tonnes chacun. Même
activité à la compagnie Worman, à la
Hansa, etc.
Tout cela dénote une résolution arrê-
tée de reprendre de suite la bataille éco-
nomique et explique ainsi pourquoi, au
risque de paraître :naladroite, l'Alle-
magne torpille les neutres elle sup-
prime par avance les concurrents de sa
marine de commerce.
Il faut que l'Allemagne paie.
Et maintenant j'en ai assez dit pour
que chacun puisse conclure lui-même.
L'Allemagne se refera financièrement
très vite et elle aura des hommes. Elle
aura donc la possibilité de faire la guer-
re. Elle y aura intérêt. Elle la fera si
elle pense réussir.
Pendant ce tempe, brisée par la lutte,
désorganisée par l'invasion, alourdie
par les charges, notre industrie se re-
ferait mal et lentement.
Il y a à cela un remède et un seul
minoriser financièrement l'Allemagne,
alourdir sa marche, non pas par une in-
demnité de caractère pénal, mais par
une réparation de dommages.
N'appelez pas cela indemnité si vous
voulez, baptisez-le « remboursement » si
le mot paraît moins dur à l'oreille, peu
importe, pourvu que l'Allemagne paie,
et elle peut payer. Elle dépensait par
an deux milliards et demi ou trois mil-
liards pour la guerre et la marine
qu'elle les emploie à réparer le mal
qu'elle a fait, cela vaudra mieux pour
la tranquillité du monde que de les em-
ployer à préparer de nouveaux crimes.
Elle augmentait chaque année de riches-
se dans l'espoir d'asservir l'humanité.
Eh bien elle attendra un peu en tra-
vaillant pour payer ce qu'elle a cassé.
C'est, je crois bien, le seul moyen
d'être assuré de la tranquillité. Si l'Al-
lemagne a à la fois les hommes et l'ar-
gent, elle recommencera.
Et je suis sûr que si vous vouliez la
pensée secrète de Michaëlis, de Scheide-
mann, d'Erzberger et de Guillaume II,
vous y trouveriez que dans la for-
mule « sans annexion ni indemnité
c'est surtout à la seconde partie qu'ils
tiennent. Les charges financières les em-
pêcheraient de refaire leurs armes et
s'ils avaient à choisir, ils aimeraie-nt
mieux nous donner des territoires que
de l'argent, avec l'espoir de les repren-
dre quinze ans plus tard. au nom du
Droit!
Donc, gardons-nous des illusions. La
paix blanche, la paix sans indemnité,
ce ne serait pas la reprise de la vie dans
la France ancienne, mais un dur labeur
dans une France ruinée.
Méfions-nous, méfions-nous de nous-
mêmes et de notre naturel généreux.
Gare aux formules séduisantes qui
serviraient, aux autres à préparer de
nouvelles catastrophes qui s'abattraient
précisément, lorsqu'ils seraient devenus
des hommes, sur ces petits pour lesquels
les pères se battent en ce moment.
Si dans quinze ans, l'Allemagne dé-
çue a de nouveau, au même moment,
de l'argent et des hommes, plie recom-
mencera. Il n'est point de chiffon de pa-
pier qui puisse l'en empêcher, si on lui
en a laissé les moyens matériels.
André LEFÉVRE.
LA BATAILLE DANS L'ILE DIESEL
D'après les communiqués russes, les
troupes allemandes n'auraient pu, bien
que les défenses côtières aient été dé-
truites, s'installer dans l'île de Dago, et
la flotte germanique, allégée de quel-
| ques unités, aurait manqué l'entrée du
dciroit de Sélé, qui sépare cette île de
celle d'OEsel. Par contre, dans cette der-
nière, les contingents moscovites seraient
en retraite vers le sud-est et se trouve-
raient par conséquent dans une position
assez critique, le golfe de Riga leur étant
fermé. Les Boches, de leur côté, préten-
dent n'avoir perdu aucun navire et
avancer rapidement vers la côte orien-
tale d'OEsel, où les deux villes d'Arens-
berg et de Zerel seraient en flammes.
Cette dernière est située à la pointe de
la presqu'île de Sworbe, qui s'enfonce
dans les eaux du golfe de Riga,
En fait, et sans qu'il y ait lieu de
tenir compte de ces divergences, les
Russes ont été dépossédés de la base qui
servait à leurs mouilleurs de mines, en
sorte que l'entrée des deux golfes est
ouverte. Ils disent avoir eu affaire à huit
dreadnoughts, douze croiseurs, quatre
torpilleurs et trente dragueurs, ce qui
paraît constituer une force navale fort
imposante. S'ils n'exagèrent pas, comme
je me permets encore de le croire, c'est
d'abord que l'Allemagne a procédé à une
mobilisation grandiose, montrant ainsi
que le blocus occidental n'entrave pont
la liberté de ses manœuvres du côté de
l'Orient; c'est ensuite que les troubles
de Kiel n'ont pas eu de suites graves.
Le bulletin officiel de Berlin a grand
soin d'insister, du reste, sur le « vif
esprit combatif » qu'ont montré les équi-
pages employés à l'opération.
Quelles sont, maintenant, les consé-
quences à redouter? J'en vois .trois, qui
peuvent soit rester distinctes, soit se
combiner ensemble et procéder d'un
plan coordonné. Il y a d'abord la me-
nace contre la Finlande, qui paraît des
plus probables. Vient ensuite l'éventua-
lité d'un débarquement du côté de Per-
nau et sur le littoral plus au sud, de
façon à prendre en flanc les forces rus-
ses qui barrent la chaussée de Pskow.
Enfin, une attaque maritime contre
Revel paraît de plus en plus présumable,
ce qui ne veut pas dire du tout que les
Allemands aient envie de pousser sur
Petrograd, mais seulement qu'ils cher-
cheront à s'assurer dans la Baltique des
points d'appui solides, leur permettant
d'aborder ensuite, à leur heure et avec
toutes sortes d'avantages, la flotte de
Cronstadt.
Celle-ci les laissera-t-elle faire ? Si oui,
elle ouvre la porte à de très fàcheuses
aventures. Si non, elle peut sauver, à
force d'énergie, une situation trop incer-
taine encore pour être déjà périlleuse.
M. Kere'nski l'a adjurée de faire son de-
voir. Il lui a même donné le commande-
ment ferme de se sacrifier. Mais comme,
même depuis qu'il a assumé les fonctions
M. MALVY
MIS HORSDE CAUSE
UN COMMUNIQUÉ DU GOUVERNEMENT
On se rappelle que, 'le 4 octobre dernier,
le président du Conseil fut amené, sur l'in-
tervention de M. Malvy, donner connais-
sance d'une lettre de M. Léon Daudet au
Président de La République, portant contre
l'ancien ministre de l'Intérieur leà accu-
sations les plus atrooes » ce fut le mot
de M. Painlevé.
On sait que M. Léon Daudet a été enten-
du pendant neuf audiences par M. le capi-
taine Bouchardon et qu'il a pu, librement,
apporter tous arguments et documents à
l'appui de son accusation.
De son côté. le gouvernement a procédé
à une enquête personnelle, dont il aurait pu
donner la conclusion à la Chambre si un
débat, comme on l'avait annoncé, avait dû
se produire aujourd'hui.
Il apparaît que ce débat n'aura pas lien,
au moins sur l'intervention de M. Malvy.
En effet, dés son retour de Londres, M. Pain-
levé prenait connaissance des résultats de
l'enquête qu'il avait ordonnée il les com-
muniquait lui-même, dans l'après-midi
d'hier, à quelques-uns de ses collègues
puis, après une série d'entrevues avec diver-
ses personnalités,
il saisissant ne l'affaire un conseil
de cabinet spécialement convoqué à 18
heures.
Voici la note officielle cftti, à l'issue de ce
conseil, a été communiquée et qui, prenant
acte des constatations négatives de cette en-
quête, met M. Malvy hors de cause
Le président du Conseil, ministre de
la Gtcerre, a communiqué au conseil les
résultats de laquelle il a pro-
cédé au lendemain de la séance de Ja
Chambre du 4 octobre, sur les accusa-
tions de trahison portées contre M. Mal-
vy, ancien ministre, membre du comité
de guerre. Le gouvernement a constaté
que l'enquéi". démontre quc toutes ces
accusations visant soit des communica-
tions à l'ennemi de documents militai-
res ou diplomatiques, soit des participa-
tions à des désordres militaires, ne repo-
sent sur aucun fondement. Le gouverne-
ment est résolu, ainsi qu'il l'a solennelle-
ment proclanté dan.s ses déclarations,
à ne pas empiéter ou laisser em-
piéter sur les attributions de l'autoritb.
judiciaire qui poursuivra son œuvre jus-
qu'au bout avec une indépendance abso-
lue. Mais il a considéré comme un devoir
de faire justice, dans l'intérêt de la pai.x
intérieure et du moral de la nalion, d'ac-
cusatioats dont la fau.sseté est démontrée
et qu'il livre au jugement de la cons-
cience publique.
Nous croyons savoir que M. Malvy après
avoir examiné le texte de la communication
faite par le gouvernement, a renoncé il
soulever un nouveau débat devant la Cham-
bre. L'incident semble donc clos.
de généralissime, ses objurgations sont
restées vaines et ses commandements
inexécutés, personne ne peut affirmer
que, cette fois, il aura raison du trop
fameux comité central qui représente, à
Cronstadt, la dômination de l'anarchie.
On nous dit qu'en présence des graves
événements qui s'annoncent, le gouver-
nement a décidé de mettre provisoire-
ment de côté toutes les questions de po-
litique intérieure et de concentrer toutes
ses forces à l'organisation de la défense
du pays. Je crois vraiment qu'il est
temps.
Lieutenant-colonel ROUSSET.
(Communiqué russe du 14 octobre)
Fusillade entre deux de nos torpilleurs et
les vaisseaux ennemis qui bombardaient le
village de Serro (au sud de l'île Dago). Vers
17 heures. 15 torpilleurs ennemis ont rompu
la ligne entre les îles de Dago et d'Œsel,
mantes furent chassés par nos forces nava-
les oique celles-ci fussent beaucoup plus
Suivant les informations de 16 heures, du
septembre, l'ennemi continue le débar-
quement de ses troupes dans la baie de Ta-
galaht et près de Meris. Ces avant-qardes
ont occupé Abdoul (à 8 verstes de Meris).
Nos avant-gardes aprés combat sur la ligne
Wilmapaatch Kidemetchpidoul ont com-
mencé à se replier dans la profondeur de
l'île. L'ennemi se répand sur l'île dans les
directions de l'Est et du Sud.
Communiqué russe du t5 octobre)
Le 14 octobre, la lutte pour la possession
de 1 île d'Œsel a continué. D'après les nou-
velles reçues le 13 octobre, à 19 heures,
êeesnaveangt 5" été occupée par l'ennemi.
Des avant-gardes ennemies ont été recon-
nues à cinq ou six verstes de cette ville.
Les forces maritimes et aériennes de l'en-
nemi coopèrent énergiquement avec les
troupes qui exécutent leurs attaques au nord
Au sud un détachement de croiseurs en-
nemis avec des canonnières et des torpil-
leurs a tenté de forcer le passage d'Irben.
La pénétration ultérieure de l'adversaire
dans le golfe de Riga a été arrêtée par le
feu de notre artülerie à- longue portée du
Le groupe du nord des navires ennemis a
envoyé en avant un détachement de canon-
mères qui a fait reculer nos avant-gardes
entre les îles Dago et Œsel, vers le Mohn-
Sund. Nos forces maritimes ayant recueilli
nos avant-gardes qui s'étaient retirées ac-
ceptèrent la bataille, après quoi l'ennemi se
retira. Le troisième groupe de navires enne-
mis, composé de croiseurs et de canonniè-
res, se retira dans l'après-midi vers la partie
sud-ouest de Pile d'Œsel et bombarda une
partie insignifiante de la côte.
Dans le reste de la mer Baltique nous
avons constaté la présence de sous-marins
ennemis à plusieurs reprises.
NOUVEAU RAID SUR DUNKERQUE
Des avions allemands ont bombardé, cette
nuit, la rérlion de Dunkerque. On signale
pluateurs victimes dans la population civile
(Officiel.)
L'espionne Mata-Hari
a été fusillée
hier matin à Vincennes
C'est hier matin qu'a été passée par les
armes la danseuse Mata-Hari ou plutôt
l'espionne Marguerite-Gertrude Zelle, qui
avait profité de l'accueil qu'on lui faisait
dans notre pays pour le trahir pendant plu.
sieurs années. Elle avait été condamnée à
mort le 2i juillet dernier par le conseil
de guerre de Paris, pour espionnage et in-
telligences avec l'ennemi.
Avant la guerre, elle était déjà à la solde
de l'Allemagne. Fréquentant, à Berlin, les
Mata-Hari CI. Talbot.
milieux politiques, militaires et policiers,
elle était immatriculée sus les registres de
l'espionnage bouche.
Dès le début des hostilités, elle s'aboucha
directement, hors du territoire français, avec
de hauts personnalités ennemies. Depuis
le mois de mai 1916 elle reçut de l'Allema-
gne, à diverses reprises., des sommes im-
portantes comme rémunération des indica-
tions dont elle se fit la pourvoyeuse.
C'est le 13 février au cours de son
deuxième voyage en France, qu'elle fut ar-
rêtée.
Des pièces, venues aux mains de la justice
française, démontraient à l'évidence sa cul-
pabilité et la valeur des renseignements
fournils par elle t'ennemi.
Kn présence de preuves matérielles réu-
nies contre elle, Mata-Hari fit des aveux
complets. Aussi la sentence de mort fut-
elle prononcée contre elle à l'unanimité des i
Depuis le 27 septembre, date à laquelle la
chambre criminrllc de la cour de cassation
avait rejeté à son tour le pourvoi repous- j
se précédemment par le conseil de revision
l'espionne n'espérait plus qu'en la clé-
mence présidentielle..
Cet espoir s'est évanoui hier matin.
Le réveil de la condamnée
A cinq heures dix, la porte de la cellule de
Mata-Hari, il. la prison de Saint-Lazare, s'ou-
vrait pour livrer passage au commissaire
rapporteur près le troisième conseil de guer- j
re, au capitaine greffier, au directeur de la
prison, à son défenseur M' Clnnet et au pas-
tour Arboux. venu pour l'assister comme ap-
partenant il la religion réformée. Deux
sœurs rie Saint-Lazare étaient présentes.
L'une d'elles réveilla ta condamnée. Margue-
rite Zelle eut un sursaut. Elle avait compris.
Mais aussitôt. elle reprit son calme habituel.
On la laissa seule avec les religieuses. Sa
toilette fut rapidement terminée. Elle por-
taist le 'costume de drap sombre, garni de
fourrure, qu'elle avait quand on la jugea.
Elle s'enveloppa d'un long manteau, coiffa
un grand chapeau de feutre et apparut sur,
le seuil.
Je suis prête, dit-elle.
M« Clunet et le pasteur Arboux se placè-
rent à ses côtés et s'entretinrent avec elle
pendant le trajet jusqu'au greffe, dans un
dédale de couloirs faiblement éclairés par
la lueur jaune des lampes murales.
Elle écrivit deux longues lettres qu'elle
remit à son avocat, en le remerciant de vou-
loir bien les faire parvenir à leurs adresse4.
Le moment était venu de partir. Elle fit
ses adieux à tous.
Quelques moments après, une automobile
militaire, où elle était montée avec les deux
religieuses et le capitaine Bouchardon, sous
la garde de gendarmes, roulait vers Vin- j
cennes.
On se rendit directement au donjon, où
s'accomplirent rapidement les formalités
d'écrou.
Bientôt l'automobile grise ressortait du
fort, du côté du polygone encadrée, cette
fois, par un peloton de dragons.
Le châtiment
Près de la butte de tir, le carré des trou-
pes était formé. Au contre, le peloton d'exé-
cution des zouaves attendait, l'arme
au pied. A l'entrée du quadrilatère, l'euto-
mobile stoppa.
La condamnée descendit, elle tendit la
main à l'une des religieuses pour l'aider.
Me Clunet s'avança aussitôt, ainsi que
le capitaine Bouchardon, commissaire rap-
jKirteur, le docteur Socqitet, médecin-légiste
et le greffier du conseil de guerre. Un cer-
tain nombre d'officiers de la place de Vin- j
cennes, commandés de service, restèrent 1
un peu en arrière.
Encadrée par son avocat et la reli-
pieuse, elle passa devant les troupes iiîjk
mobiles. Arrivée devant le poteau, elle dit f
adieu aux deux personnes qui l'avaient as-
sistée jusqu'au dernier moment, embrassa
la sœur et tendit les poignets à un gen-
darme pour qu'on l'attachât. Tandis qu'on
lui liait la mam droite, de la gauche elle fit
un geste amical à l'adresse de la religieuse
et de Me Clunet,
bfaintenant elle était face aux douze ca-
nons de fusil braqués sur sa poifrine. i
Silencieusement, le chef du peloton d'exé-
cution abaissa son sabre. Une salve crépita
dans l'air, suivie à une seconde d'intervalle j
d'un coup de feu isolé, tiré par un retarda-
taire. Un adjudant de dragons s'approcha (
alors et tira le coup de grâce. 1
La condamnée avait expié.
'l'ombée sur les genoux, le corps écroulé, t
Mata-Hari, l'espionne dont la trahison en- 1
vova tant des nôtres à la mort, gisait la E
face tournée vers le ciel comme pour implo-, >
rer le pardon. i
Après le dénié réglementaire des troupes, r
le corps fut mis en bière et conduit au cime- c
tière de Vincennes. Il repose à présent dana
le coin de terre réservé aux suppliciés. p
A LA CHAMBRE
Après terùt ifiat
sur la polp extérieure
Les lecteurs du Petit Parisien ont certaine-
ment gardé le souvenir des paroles graves
prononcées, vendredi dernier, au nom du
gouvernement, par M. Ribot, ministre des
Affaires étrangères, dans sa réponse à l'in-
terpellation de M. Georgea Leygues, prési-
dent de la commission des affaires extérieu-
res, et au discours de M. Aristide Briand.
Ces paroles, sur lesquelles nous avons
attiré 1 attention, reproduisons-les d'après le
Journal officiel.
Hier encore, a dit M. Ribot, détait V Allemagne
qui faisait murmurer que si le gouvernement fran-
çais voulait engager une conversation directe ou
indirecte, nous pnurrions espérer qu.'on nous res-
lituerait V Alsace-Lorraine. (Exclamations.)
Le piège était trop grossier pour qu'on s'y lais-
sât prendre. L'Allemagne, restée seille, a ators
ielé le masque et fait cette déclaration retentis-
san"e de M. de Kuhlmann des concession sur
V Alsace-Lorraine ? Jamais
Elles ont fait, depuis qu'elles ont été pro-
noncées, l'objet des commentaires les plus va-
riés, les commentateurs étant d'ailleurs una-
nimes à constater que la persistance des
manœuvres pacifistes allemands était à la
fois une preuve de l'affaiblissement progres-
sif de l'ennemi et»une raison de plus pour
nous d'espérer une fin victorieuse, non éloi-
gnée, de la guerre. Il ne fut pour ainsi dire
pas question d'autre chose hier dans les cou-
oirs de la CHambre où régnait l'animation
des grands jours.
Au surplus M. député de la
Seine, a adressé M." Ribot, ministre des
Affaires étrangères, la lettre suivante
Si la Chambre, comme d'aucuns l'envisa-
gent, veut obtenir des éclaircissements sup-
plémentaires sur ce que l'on peut considé-
rer comme une manœuvre de l'ennemi, il
est à urésumer, t
Ce matin, le groupe socialiste se réunit
pour délibérer.
LE GÉNÉRAL ALBY
nommé major général de l'armée
Le Journal officiel publie ce mptin la com-
munication suivante
Par décret en riate du fi ortobre, rendu sur la
proposition du sinistre de la Guerre, te général
de divisian Alby (Henn-Marie-Camille-Kdouard)
a été nommé major-général de l'armée, en rem-
placement du général de division /'«cor/.
M. Caproni nous expose ses idées
sur le rôle de la grande aviation
M. Jean Caproni, qui se trouve en ce mo-
ment à Paris, est suns doute l'homme le
plus en vue de l'aviation italienne. Non seu-
lement il est l'inventeur et le constructeur
de ces formidables appareils capables de
transporter des tonnes d'explosifs dont
les bulletins du général Cadorna nous ont
raconté à plusieurs reprises les exploits ac-
complis par eux sur Lubiana, sur Pola, sur
Cattaro, etc., il est aussi un des apôtres les
plus ardents de la guerre aérienne, de la-
quelle il attend la victoire.
L'ingénieur Caproni dans une conver-
sation dos plus intéressantes nous a pré-
cisément exposé ses idées, qui ont en Italie
des partisans convaincus et très actifs. Voi-
ci les déclarations de ce grand inventeur
qui est aussi un grand ami de la France
Cuerro do matériel
Oa ne dit rien de nouveau, lorsqu'on
affirme que cette guerre est surtout une
guerre de matériel. Tous les belligérants
sont de cet avis. C'est pour cela que, pen-
dant que leurs soldats se battent sur le
front, leurs ouvriers se livrent, à l'arrière,
dans les usines, à une course frénétique aux
armements.
» On peut dire que le principe qui, parmi
les alliés, a d'abord présidé à cette course
est le suivant il faut produire plus que les
ennemis. Il est grand temps que ce principe
soit complété par son corollaire que voici il
faut aussi que la production ennemie dimi-
nue. Est-ce possible ? Oui. Cela ne dépend
que de nous, les alliés.
Le matériel de guerre est fabriqué dans
des milliers d'usines plus ou moins gran-
des, mais qui sont presque toutes tributai-
res de trois on quatre immenses centres in-
dustriels. Si l'on paralysait ces centres
qui en Allemagne se trouvent au bord du
Rhin, en Westphalie, à Munich, etc., et,
en Autriche, dans les environs de Vienne
et de Budapest on provoquerait une
crise, peut-être décisive, dans la production
des armes et des munitions. Or cela, ainsi
que je viens de le dire, est possible, grâce à
la grande aviation.
Un seul grand triplan HP peut
trangporter et laisser tomber sur Essen
1.500 kilos d'explosifs, sur Pola 2.181 kilos,
sur Vienne 1.360 kilos. Il est facile de se
faire une idée de la puissance d'une escayj
drille de deux ou trois. cents triplans en
multipliant ce chiffre par quelques-uns des
chiffres que je viens d'expoeer.
» Dans la guerre aérienne telle que .Je la
préconise on peut distinguer trois temps le
LA FUTURE OFFENSIVE DIPLOMATIQUE.
SOFIA
Afr Guillaume II et von Kuhlmann ont dé-
Tgf barque l'autre jour de compagnie il.
Sofia, tandis que Michaelis s'en allait tout
seul en Courlande. D'aucuns pourraient
voir dans ce détail un indice des temps, car
d'ordinaire l'empereur se faisait accompa-
gner par le chancelier dans ses déplace-
ments. Mais n'anticipons point sur le règle-
ment de la crise intérieure allemande qui
est ajourné à la fin de cette semaine.
Un journal d'outre-Rhin tâche de nous
persuader que le kaiser s'est surtout entre-
tenu de la question du charbon avec les
autorités bulgares ce n'est certes pas pour
cette raison que le monarque allemand a
été conférer avec le tsar Ferdinand, et seuls
des esprits simples pourraient accueillir
cette version un peu vaudevillesque. Au
fond, la presse germanique a reçu le mot
d'ordre du silence sur le voyage et si nous
comptions sur elle pour savoir la vérité,
nous aurions toutes chances d'être déçus.
Mais la vérité éclate tout de même et noue
n'ignorons point que des frictions se sont
produites ces derniers temps entre Berlin,
Vienne et Constantinople, d'un côté, et Sofia,
de l'autre. Le gouvernement bulgare, qui
maîtrise la moitié de la Serbie, une partie
de la Roumanie et trois préfectures grec-
ques, s'arme de ea carte de guerre pour re-
vendiquer Il la fois des annexions lucratives
et une hégémonie incontestée dans les Bal-
kans il irait même, dit-on, jusqu'à exiger
de la Porte une nouvelle rectification terri-
toriale.
Après avoir deux ans durant cédé à tou-
tes les volontés du Cobourg et de M. Rados-
lavof, les empereurs du Centre estiment que
ces deux personnages exagèrent leurs am-
bitions et qu'ils compromettent l'offensive
diplomatique en projet. Voilà pourquoi Guil-
laume Il et von Kuhlmann se sont rendus
à Sofia où ils ont dû exercer une pression
violente sur Ferdinand I". Nous ne tarde-
rons pas à savoir si leur voyage a réussi, ou
si le tsar bulgare, dans sa terreur des Ma-
cédoniens qui le tiennent en tutelle, a per-
sévéré en son intransigeance. Qui aurait cru
que, dans cette guerre, à un moment quel-
conque, Sofia jouerait un rôle de premier
plan ?
Le « Médie » torpillé
en Méditerranée
25O VICTIMES
Le vapeur Médir, naviguant en convoi
escorté, a été torpillé, le septembre, dans
la Méditerranée occidentale.
L'explosion de la torpille a provoqué celle
des munitions qui se trouvaient dans la cale
et le navire a coulé en quelques minutes.
Il y avait il bord 559 passagers, y compris
des détachements algériens de soldats et
travailleurs indigènes, des prisonniers et
67 hommes d'équipage. Le nombre des dis-
parus est de 250. Les familles ont été pré-
venues.
Tous renseignements utiles pourront, le
cas échéant, être demandés à la section
des renseignements aux familles, 43, avenue
de La Motte-Picquet, uu sujet des passagers
militaires au ministère de la Marine, 2, rue
Royale, au sujet des passagers appartenant
a la marine militaire au sous-secrétariat
de la Marine marchande, 223, rue Saint.
Honoré, au sujet de l'équipage.
[Construit en le Médie jaugeait 4.770 ton-
nes et avait Marseille comme port d'attache.]
premier est celui dont je vous parlais tout à
l'heure. Les autres deux sont les suivants
destruction des bases navales ennemies,
bombardement de l'arrière.
» Inutile d'insister sur l'obstacle que re-
présentent les sous-marins ennemis pour
la navigation alliée. Inutile aussi de répéter
que les moyens dont se sont servis jusqu'ici
i les alliés pour combattre les sous-marins ne
se sont pas révélés à la hauteur du but à
atteindre. On n'extirpe pas un essaim de
guêpes en poursuivant ces guêpes une à
une on l'extirpe en écrasant le guêpier. Pa-
reillement, on n'arrivera jamais à avoir rai-
son de la flotte sous-marine ennemie, en
poursuivant tel ou tel sous-marin isolé, dans
la mer mais on y arrivera en détruisant
leurs bases.
On sait que les sous-marins, après un
ou deux mois de navigation, ont besoin
d'être réparés. Leurs bases sont donc cons-
tamment peuplées. Des escadrilles d'aéro-
planes 900 H. P. qui visiteraient d'une façon
constante Zeebrugge, Pola, Cattaro, etc., ré-
duiraient d'une façon sensible la flotte sous-
marine ennemie.
Et nous voici au troisième moment de
la guerre akrienne. Il est évident qu'en for-
çant l'ennemi par des bombardements
réitérés à reculer ses centres d'avfatton
loin du front, nous assurerons aux fronts et
aux territoires alliés une plus grande tran-
quillité. Cela est aussi vrai pour les moments
d'accalmie que pour les moments où la ba-
taille fait rage. Mais aux heures de lutte lea
service que l'on est en droit d'attendre de
la grande aviation -pourvu qu'on lui donne
tout ce qu'il lui faut sont encore plus
remarquables. En effet, la grande aviation
peut détruire les ponts, les routes, ies che-
mins de fer, les camps de concentration, les
dépôts de munitions, etc., de façon à gêner
sinon à rendre impossible l'arrivée des ré-
serves, et le ravitaillement en vivres et en
matériel.
La fin de. as
et È'avonif dos ,,escadrilles
» Pour que l'aviation arrive au degré de
développement dont elle est digne et au
degré de puissance dont elle est capable, il
faut que les gouvernements et les peuples
renoncent à des mentalités surannées, que
partout, notamment en France, des écri-
vains militaires de la plue haute compé-
tence se sont déjà employés à combattre.
» Jusqu'aujourd'hui on a attaché une im-
portance exagérée aux duels aériens, en
oubliant que la guerre,. hélas! n'est pas un
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