Titre : Les Spectacles d'Alger : publication hebdomadaire gratuite
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1938-06-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32871600c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 2111 Nombre total de vues : 2111
Description : 01 juin 1938 01 juin 1938
Description : 1938/06/01 (A12,N22). 1938/06/01 (A12,N22).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Zone géographique :... Collection numérique : Zone géographique : Afrique du Nord et Moyen-Orient
Description : Collection numérique : Thème : La langue française Collection numérique : Thème : La langue française
Description : Collection numérique : Arts Collection numérique : Arts
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5656352f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-74991
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/12/2010
Douzième Année — N" 22 __ ^^ ; ' Le numéro : 0,50 — Abonnements : 20 froncs pof on ■
HAUT LES COEURS!
— Ohé, toi, le zouave ! Oui, toi, ave
qui j'étais en 1914 dans les boues d
l'Yser. Ecoute un peu
— Et toi, l'artiflot, te rappelles-tu I
Somme ? Te souviens-tu des fantassins qi
attaquèrent, devant ta batterie, à Neu
ville-Saint-Wast ? J'en étais..... Alor:
arrive. J'ai à te parler.
—• Ho là ! dis donc, le chasseur d'Afri
que... viens ici, près de moi. Remémore
toi lorsque, cavalier démonté, tu étais
mes côtés dans les tranchées de l'Ar
gonne ?...
Arrivez, arrivez tous, mes frères !...
—■ Viens aussi, toi, le sapeur qui rest
là-bas. Approche, homme de Génie ! J
ne veux pas te demander de creuser un
sape pour faire sauter l'ennemi d'en face
Viens, camarade ! J'ai à te parler.
—-Et vous autres, mes bons copain
de la guerre !... Toi, mon vieux tirailleur
toi, mon brave spahi, venez ici. Nou
ayons à causer de choses que vous con
jiaissez- Te- rappelles-tu, Sliman, lorsqui
tu as été blessé; près de moi, ou Chemii
des Dames »... Et toi, M'hamed, te sou
viens-tu de la Belgique ?...
— Viens ici, le tringlot ! Tu n'es pa
de trop. Viens nous raconter tes prome
nades Sur la Voie Sacrée, à Verdun. Elle
n'avaient rien d'agréable, hein ! Ça mar
mitait.....
— Et toi, l'aviateur, arrive ! Tu doi
en connaître des histoires, l'homme di
ciel?
— Eh ! le fusilier marin !....; on t'at-
tend aussi.
•— Il ne manque plus personne, cai
voilà le légionnaire qui nous rejoint
Hourra ! pour la Légion Etrangère.
Vous voilà tous, camarades du Front
Avant- de vous dire quoi que ce soit, je
veux que vous prononciez avec moi :
.-•Comme-au Fr»nf, .tous unis,, ious d'ac-
cord pour la Francs.
Ah ! Je sais bien que cela est loin. Si
depuis nous avons revêtu des vêtements
civils, le coeur -y est, tout de même. El
il n'y a que le coeur qui compte.
Maintenant écoutez-moi...
-.:■. ■-..' > ;
La France, notre mère à tous sans
exception, souffre de la division de ses
enfants. Elle peut en mourir, de cette
souffrance..... Voulez-vous qu'elle meu-
re ?
Non, n'est-ce pas ?
Alors, pour elle, ne nous chicanons plus.
Tous unis, unis comme au Front.
Des milliers de nos frères' sont morts
pour que notre Pays vive. Leur sacrifice
aura-t-il été inutile ?...
Et combien de mutilés, combien de
blessures, combien de peines et d'en-
nuis !... Tous cela pour assurer la paix de
nos foyers, pour qu'ils lie soient pas dé-
truits, pour que le Barbare ne s'installe
pas chez nous, les pieds au chaud et le
ventre à table.
Allons, mes frères d'armes ! Débours,
tous debouts : zouaves, tirailleurs, chas-
seurs d'Afrique, tringlots, spahis, avia-
teurs, marins, légionnaires, artilleurs. Tous
debouts.
Le Pays a de nouveau besoin de vous.
Il faut que vous lui rameniez la paix
que vous avez gagnée. Il faut que, par
votre exemple, l'ordre revienne là où il
a cessé d'être ; il faut que, par votre
fraternité d'autrefois, l'union de tous les
Français ressuscite.
Vous aurai-je parlé pour rien !...
Non ! Je le sens, je le vois au tressail-
lement de tout votre être. Vous redeve-
nez ce que vous étiez : des frères. Plus
rien au monde, maintenant, ne pourra
vous séparer : ni l'or, ni le poison de la
politique, ni les vaines ambitions.
Tous unis, unis comme au Front.
♦
Ah ! Vous avez une objection à for-
muler : vous dites qu'il y a des souffran-
ces à secourir, dès peines à compatir, des
malheureux à aider.
Vous dites que la maladie, l'abandon,
la misère sont entrés dans vos familles ;
que parmi vous-mêmes il y en a qui sont
délaissés.
Je le sais, parbleu !
Aussi, laissez-moi continuer.
♦
Partout, dans la France métropolitain!
dans la France d'outre-mer, dans n<
plus lointaines colonies, des coeurs vail
lants veulent changer les choses.
Leur cri de ralliement c'est : tous uni
unis comme au Front !
Le vénérable Maréchal Fétàin vient d
e clamer. Ancien commandant en chef d(
armées françaises,.il à voulu, voici pe
de' jours, rappeler à ses anciens poilu
que sans l'union, il n'y a plus de Franci
Alors, à sa voix, d'autres voix se sor
jointes. Ici, à Alger, capitale de l'Afriqu
du Nord, d'anciens poilus, sans se sou
cier du grade et de la position d'autrefoii
veulent réaliser cette grande et belle fra
ternité qu'ils ont connu dans la tranchéi
sur -lès routes sanglantes, dans'les airi
Ceux-là viennent de réaliser une aea
vra pie : l'union des frères--d'armes d
l'armée d'Afrique.
Ceux-là ce sont : M* Allan, pour I
Génie ;, Bailly, pour l'Aviation ; Bertul
lens, pour la Légion ; Dunpyel, pour l'Ar
tiMerie ; Mérigot, pour e Train ; Monta
gné, pour la Marine ; Ribes, pour le
Chasseurs d'Afrique et les Spahis ; Scottc
pour les Tirailleurs Algériens ; Sudry
pour les Zouaves.
J'ai fait l'appel de leurs noms par ordr
alphabétique car, dans la balance, tou
leurs coeurs pèsent le même poids, tou
accusent la même vaillance.
Ces hommes, d'anciens poilus, se son
groupés en une union, celle dont je vien
de vous citer le titre. Ils ont amené, dan
cette union, les groupements d'ancien
militaires : qu'ils président. Cette unioi
a pris corps, elle est déjà forte, quoiqui
bien jeune.
C'est notre cher ami, le eommandan
ic réserve Mérigot, qui en est le président
jénéral. Il n'a pas demandé cette haute
jonction; il l'a acceptée par devoir.
Et l'Union des Frères d'Armés de l'Ar-
mée d'Afrique reçoit dans son sein tou;
les anciens combattants, tous les ancien!
soldats qui ont servi en Afrique du Nord.
Elle n'a qu'un seul dogme : la frater-
nité ; qu'une seule politique: tous unis,
[mis comme au Front.
Accourez, accourez tous !...
■'"''.'.: ♦ '/./
Maintenant, camarades, du front, et
tous, anciens soldats de notre Armée d'A-
frique, répandez-vous dans les villes et
ions les campagnes. Répétez ce que je
riens de vous dire. Y a-t-il quelque chose
le plus grand et de plus noble que cet
ippel à la "fraternité ?
Tous unis, unis comme au Front !-■•
Dites à vos amis, à vos parents de
uivre l'exemple de ceux qui les ont de-
'ancés. Dites-leur que c'est dans l'union
:t par l'union que tous les frères de Fran-
:e veulent s'aimer.
J'entends, là-bas, le chant magnifique
|e la grande révolution « Allons, enfants
le la Patrie !... »
Camarades, la France vous appelle.....
testeriez-vous insensibles?
' : ♦
Alors, voici le mot d'ordre pour Alger.
Dans quelques jours, vendredi 10, sa-
nedi 11 et dimanche 12 juin, de grqn-
ès fêtes vont être organisées pour venir
n. aide aux anciens militaires qui ont
esoin d'être aidés; pour secourir les
nciens militaires qui ont, besoin d'être
ecourus ; pour apporter la joie dans les
oyers — tristes —- des anciens mili-
iires.
Refuseriez-vous de vous associer à cette
onne oeuvre ?
Cela n'est pas possible. Aussi, au nom
u Comité : Merci ! Il compte sur vous...
-'■-..♦'■
Avant de nous séparer, mes frères d'ar-
îes, encore un mot. Laissez-moi vous
spétar :
Haut îes coeurs !
Tous unis, unis comme au Front !
V. NACLA.
LE NAIN DELPHIN
Le nain Delphin, cofrimè on disait
Paris, de son vrai nom Delphin Sir
neaux, était né en 1882, non loin d
Luxeuil, dans le canton de Fauco
gney, en Haute-Saône. Un autre nai
originaire de la même région, Augus
te Lamboley, lui conseilla de tente
sa chance dans la capitale. D'une cor
pulence plus forte que Delphin e
oeaucoup moins artiste, ce « Gugus
te » avait pourtant obtenu une certai
ne notoriété.
Pendant l'Exposition de 1900, oi
trouve Delphin Sirveaux a. la « Rou
lotte ». Bientôt il s'exhiba sur les scè
nés parisiennes et dans les. cabaret
montmartrois. Son succès jut trè
grand. Alors que le nanisme s'occom
pagne d'une déchéance mentale plu
du moins profonde, il possédait, ei
effet, une claire intelligence et de
dons artistiques de premier ordre. 1
fit merveille dans les rôles d'enfanti
et dans les rôles de nains inspirés pa
la légende. Dans « L'Oiseau Bleu >, i
fut un Tyltïl incomparable ; et pres-
que toutes ses créations témoigneron
d'une fantaisie de bon goût et d'un ta-
lent très sûr. Dans « Arme sur-Vé-
paule », il tint le rôle principal auet
éclat, aux côtés de Nina Myral. Soi
interprétation de « Cochon d'en-
fant ! » obtint un énorme succès. Ces
à lui que Jacques Feîder fit appe
pour personnifier le bouffon de st
« Kermesse héroïque ».*
Bien qu'il n'ait pas écrit dé chan-
sons, notre nain appartenait à la fa-
mille des chansonniers. Il fut l'ami di
Xavier Privas, de Marcel Leguay, d*
Paul Marignier, de Charles Çouy'ba
l'auteur de « JManon voici le soleil »
Les artistes en renom des cabarets dt
Montmartre fréquentaient, d'ailleurs
volontiers ce nain, dont le talent fai
de malice et de bon sens, avait gagnt
la sympathie du public parisien.
Mais Delphin resta toujours dis-
cret, modeste et bon. Le succès ne It
grisa point; il savait que la capitale
se lasse vite, même des vedettes lei
plus fêtées. On assure qu'il eut dei
liaisons amoureuses, souvent asseï
brèves d'ailleurs, qui parfois laissè-
rent son coeur bien triste et bien
RÉFLEXIONS
La mort ùoput oiseao
Par une chaude après-midi de mai,
sa petite âme pure s'était envolée.
Une maladie sournoise avait torturé
ce pauvre petit corps d'oiseau et cris-
pé dans un dernier spasme ses gen-
tilles petites pattes maintenant froides
2t roides.
Le cadavre menu gisait tristement
dans le fond de la cage : un amas de
plumes jaunes et grises... De sa char-
mante petite gorge, encore toute gon-
3ée, ne sortiront plus jamais les ten-
dres roulades, les gazouillis et les tril-
les brillantes et compliquées de ce
petit chanteur...
Finis ces mille petits cris aimables
lui saluaient au matin l'eau fraîche
le sa petite baignoire, la feuille de
;alade verte et tendre qu'il dentelait
ivec une grâce menue et gentille.
Que reste-t-il de lui maintenant ?
Une misérable petite dépouille qui
ïéjà se désagrège. Où est donc partie
:ette petite étincelle divine.qui ani-
nait les perles noires et brillantes de
:ës yeux ?...
Petit personnage intéressant dans
:â grâce et sa fragilité, tu emportes
ivec toi un peu de ce. soleil qui bài-
;né la fenêtre. Pauvre petit Darzee,
me main affectueuse a soustrait aux
nsectes rapaces ton enveloppe frar-
[ile et si légère... '
Menu incident de la vie humaine
[ùe la mort d'un petit oiseau! Mais
levant cette petite carcasse ermplur
née, privée de i'étinçelle divine, se
l'ose une fois de plus l'éternel prô-
ilème de la Vie !
MAD..
A
lans la unit,
icoutez lesjMOÉlines...
Rien de nouveau sous le soleil et,
ans être un cycle de recommence-
lents éternels, lés périodes historiq-
ues présentent de bien curieuses
essemblances.
Ea 1887 le président du Conseil
ialien, Çrispi, âti retour d'un voyage
h Allemagne, prononça un retentiss-
ant discours : «Avec ceux-là, dit-;
[, (ceux-là, c'était le menu fretin :
; roi Victor-Emmanuel IV, Gavoùr,
Jaribaldi), avec ceux-là j'ai fait
Italie, .avec mes collègues, j'amélio-
e_rai l'état du pays ; avec mon ami
jismarck nous sauverons l'Europe ! »
>éjà.
Déjà aussi cette modestie si bien
achée, ces projets grandioses, cette
mitié pro-gërmainë que nous re-
:ouvons aujourd'hui dans le disçou^
Lssime de Gênes, (Soit dit en passant,
t considérant les réactions italieii-
es eh 1915, à la place des Allemands,
loi, je me méfierai !).
Rien dé nouveau sous le soleil;..
Pas même « l'épate » d'Italie!, ;
Félix LECHAT.
meurtri. Longtemps et sans doute en
vain-, il devait chercher l'oiseau bleu
que le pauvre Tyltil poursuivait sur
la route de l'invisible. Quand l'oubli
vint, quand le public cessa de récla-
mer le nain qu'il avait applaudi avec
tant de chaleur, Delphin Sirveaux vé-
cût au milieu de ses souvenirs, allant
aûmarchê et faisant T.ui-même sa cui-
sine. Dans son appartement, meublé
avec beaucoup d'art, tout était pro-
portionné à sa taille d'enfant.
I 'A ses intimes, il parlait volontiers
de sa jeunesse et de son pays natal.
Quand iï revenait en Haute-Saône,
ses compatriotes le recevaient tou-
jours avec une affectueuse sympa-
thie ; et les yeux de Delphin pétil-
laient de malice, lorsqu'il racontait
des'histoires parisiennes, tout à fait
'dans la tradition de Montmartre.
■ A la fin pourtant, une irrémédia-
ble tristesse ravagea l'âme sensible du
pauvre nain. Craignait-il la misère ?
Avait-il gardé h, nostalgie des jours
de célébrité ? L'avenir lui semblait-
it-irrévocàblernent voué au malheur ?
Certaines confidences, faites pendant
le$~Merniers jours de sa vie, le mon-
trent abattu et découragé. Le samedi
7 mai, vers 2 heures 30 de l'après-
midi, la concierge, étonnée de ne l'a-
voir ni vu ni entendu de la journée,
alerta la police. On trouva Delphin
étendu dans sa chambre, 70, boule-
vard de Clichy, le corps privé de
mouvement, mais encore chaud. C'est
en-vain qu'on essaya de le ranimer.
Le-malheureux avait volontairement
coupé le tuyau de son réchaud à gaz.
Sur une feuille de papier écolier, sa
petite main avait recopié au crayon
cette pensée de Pascal, qui en dit long
sur la détresse de son âme : « Tout
le malheur des hommes vient de ne
pas savoir se tenir au repos dans une
chambre ». .
L. BARBEDETTE.
HAUT LES COEURS!
— Ohé, toi, le zouave ! Oui, toi, ave
qui j'étais en 1914 dans les boues d
l'Yser. Ecoute un peu
— Et toi, l'artiflot, te rappelles-tu I
Somme ? Te souviens-tu des fantassins qi
attaquèrent, devant ta batterie, à Neu
ville-Saint-Wast ? J'en étais..... Alor:
arrive. J'ai à te parler.
—• Ho là ! dis donc, le chasseur d'Afri
que... viens ici, près de moi. Remémore
toi lorsque, cavalier démonté, tu étais
mes côtés dans les tranchées de l'Ar
gonne ?...
Arrivez, arrivez tous, mes frères !...
—■ Viens aussi, toi, le sapeur qui rest
là-bas. Approche, homme de Génie ! J
ne veux pas te demander de creuser un
sape pour faire sauter l'ennemi d'en face
Viens, camarade ! J'ai à te parler.
—-Et vous autres, mes bons copain
de la guerre !... Toi, mon vieux tirailleur
toi, mon brave spahi, venez ici. Nou
ayons à causer de choses que vous con
jiaissez- Te- rappelles-tu, Sliman, lorsqui
tu as été blessé; près de moi, ou Chemii
des Dames »... Et toi, M'hamed, te sou
viens-tu de la Belgique ?...
— Viens ici, le tringlot ! Tu n'es pa
de trop. Viens nous raconter tes prome
nades Sur la Voie Sacrée, à Verdun. Elle
n'avaient rien d'agréable, hein ! Ça mar
mitait.....
— Et toi, l'aviateur, arrive ! Tu doi
en connaître des histoires, l'homme di
ciel?
— Eh ! le fusilier marin !....; on t'at-
tend aussi.
•— Il ne manque plus personne, cai
voilà le légionnaire qui nous rejoint
Hourra ! pour la Légion Etrangère.
Vous voilà tous, camarades du Front
Avant- de vous dire quoi que ce soit, je
veux que vous prononciez avec moi :
.-•Comme-au Fr»nf, .tous unis,, ious d'ac-
cord pour la Francs.
Ah ! Je sais bien que cela est loin. Si
depuis nous avons revêtu des vêtements
civils, le coeur -y est, tout de même. El
il n'y a que le coeur qui compte.
Maintenant écoutez-moi...
-.:■. ■-..' > ;
La France, notre mère à tous sans
exception, souffre de la division de ses
enfants. Elle peut en mourir, de cette
souffrance..... Voulez-vous qu'elle meu-
re ?
Non, n'est-ce pas ?
Alors, pour elle, ne nous chicanons plus.
Tous unis, unis comme au Front.
Des milliers de nos frères' sont morts
pour que notre Pays vive. Leur sacrifice
aura-t-il été inutile ?...
Et combien de mutilés, combien de
blessures, combien de peines et d'en-
nuis !... Tous cela pour assurer la paix de
nos foyers, pour qu'ils lie soient pas dé-
truits, pour que le Barbare ne s'installe
pas chez nous, les pieds au chaud et le
ventre à table.
Allons, mes frères d'armes ! Débours,
tous debouts : zouaves, tirailleurs, chas-
seurs d'Afrique, tringlots, spahis, avia-
teurs, marins, légionnaires, artilleurs. Tous
debouts.
Le Pays a de nouveau besoin de vous.
Il faut que vous lui rameniez la paix
que vous avez gagnée. Il faut que, par
votre exemple, l'ordre revienne là où il
a cessé d'être ; il faut que, par votre
fraternité d'autrefois, l'union de tous les
Français ressuscite.
Vous aurai-je parlé pour rien !...
Non ! Je le sens, je le vois au tressail-
lement de tout votre être. Vous redeve-
nez ce que vous étiez : des frères. Plus
rien au monde, maintenant, ne pourra
vous séparer : ni l'or, ni le poison de la
politique, ni les vaines ambitions.
Tous unis, unis comme au Front.
♦
Ah ! Vous avez une objection à for-
muler : vous dites qu'il y a des souffran-
ces à secourir, dès peines à compatir, des
malheureux à aider.
Vous dites que la maladie, l'abandon,
la misère sont entrés dans vos familles ;
que parmi vous-mêmes il y en a qui sont
délaissés.
Je le sais, parbleu !
Aussi, laissez-moi continuer.
♦
Partout, dans la France métropolitain!
dans la France d'outre-mer, dans n<
plus lointaines colonies, des coeurs vail
lants veulent changer les choses.
Leur cri de ralliement c'est : tous uni
unis comme au Front !
Le vénérable Maréchal Fétàin vient d
e clamer. Ancien commandant en chef d(
armées françaises,.il à voulu, voici pe
de' jours, rappeler à ses anciens poilu
que sans l'union, il n'y a plus de Franci
Alors, à sa voix, d'autres voix se sor
jointes. Ici, à Alger, capitale de l'Afriqu
du Nord, d'anciens poilus, sans se sou
cier du grade et de la position d'autrefoii
veulent réaliser cette grande et belle fra
ternité qu'ils ont connu dans la tranchéi
sur -lès routes sanglantes, dans'les airi
Ceux-là viennent de réaliser une aea
vra pie : l'union des frères--d'armes d
l'armée d'Afrique.
Ceux-là ce sont : M* Allan, pour I
Génie ;, Bailly, pour l'Aviation ; Bertul
lens, pour la Légion ; Dunpyel, pour l'Ar
tiMerie ; Mérigot, pour e Train ; Monta
gné, pour la Marine ; Ribes, pour le
Chasseurs d'Afrique et les Spahis ; Scottc
pour les Tirailleurs Algériens ; Sudry
pour les Zouaves.
J'ai fait l'appel de leurs noms par ordr
alphabétique car, dans la balance, tou
leurs coeurs pèsent le même poids, tou
accusent la même vaillance.
Ces hommes, d'anciens poilus, se son
groupés en une union, celle dont je vien
de vous citer le titre. Ils ont amené, dan
cette union, les groupements d'ancien
militaires : qu'ils président. Cette unioi
a pris corps, elle est déjà forte, quoiqui
bien jeune.
C'est notre cher ami, le eommandan
ic réserve Mérigot, qui en est le président
jénéral. Il n'a pas demandé cette haute
jonction; il l'a acceptée par devoir.
Et l'Union des Frères d'Armés de l'Ar-
mée d'Afrique reçoit dans son sein tou;
les anciens combattants, tous les ancien!
soldats qui ont servi en Afrique du Nord.
Elle n'a qu'un seul dogme : la frater-
nité ; qu'une seule politique: tous unis,
[mis comme au Front.
Accourez, accourez tous !...
■'"''.'.: ♦ '/./
Maintenant, camarades, du front, et
tous, anciens soldats de notre Armée d'A-
frique, répandez-vous dans les villes et
ions les campagnes. Répétez ce que je
riens de vous dire. Y a-t-il quelque chose
le plus grand et de plus noble que cet
ippel à la "fraternité ?
Tous unis, unis comme au Front !-■•
Dites à vos amis, à vos parents de
uivre l'exemple de ceux qui les ont de-
'ancés. Dites-leur que c'est dans l'union
:t par l'union que tous les frères de Fran-
:e veulent s'aimer.
J'entends, là-bas, le chant magnifique
|e la grande révolution « Allons, enfants
le la Patrie !... »
Camarades, la France vous appelle.....
testeriez-vous insensibles?
' : ♦
Alors, voici le mot d'ordre pour Alger.
Dans quelques jours, vendredi 10, sa-
nedi 11 et dimanche 12 juin, de grqn-
ès fêtes vont être organisées pour venir
n. aide aux anciens militaires qui ont
esoin d'être aidés; pour secourir les
nciens militaires qui ont, besoin d'être
ecourus ; pour apporter la joie dans les
oyers — tristes —- des anciens mili-
iires.
Refuseriez-vous de vous associer à cette
onne oeuvre ?
Cela n'est pas possible. Aussi, au nom
u Comité : Merci ! Il compte sur vous...
-'■-..♦'■
Avant de nous séparer, mes frères d'ar-
îes, encore un mot. Laissez-moi vous
spétar :
Haut îes coeurs !
Tous unis, unis comme au Front !
V. NACLA.
LE NAIN DELPHIN
Le nain Delphin, cofrimè on disait
Paris, de son vrai nom Delphin Sir
neaux, était né en 1882, non loin d
Luxeuil, dans le canton de Fauco
gney, en Haute-Saône. Un autre nai
originaire de la même région, Augus
te Lamboley, lui conseilla de tente
sa chance dans la capitale. D'une cor
pulence plus forte que Delphin e
oeaucoup moins artiste, ce « Gugus
te » avait pourtant obtenu une certai
ne notoriété.
Pendant l'Exposition de 1900, oi
trouve Delphin Sirveaux a. la « Rou
lotte ». Bientôt il s'exhiba sur les scè
nés parisiennes et dans les. cabaret
montmartrois. Son succès jut trè
grand. Alors que le nanisme s'occom
pagne d'une déchéance mentale plu
du moins profonde, il possédait, ei
effet, une claire intelligence et de
dons artistiques de premier ordre. 1
fit merveille dans les rôles d'enfanti
et dans les rôles de nains inspirés pa
la légende. Dans « L'Oiseau Bleu >, i
fut un Tyltïl incomparable ; et pres-
que toutes ses créations témoigneron
d'une fantaisie de bon goût et d'un ta-
lent très sûr. Dans « Arme sur-Vé-
paule », il tint le rôle principal auet
éclat, aux côtés de Nina Myral. Soi
interprétation de « Cochon d'en-
fant ! » obtint un énorme succès. Ces
à lui que Jacques Feîder fit appe
pour personnifier le bouffon de st
« Kermesse héroïque ».*
Bien qu'il n'ait pas écrit dé chan-
sons, notre nain appartenait à la fa-
mille des chansonniers. Il fut l'ami di
Xavier Privas, de Marcel Leguay, d*
Paul Marignier, de Charles Çouy'ba
l'auteur de « JManon voici le soleil »
Les artistes en renom des cabarets dt
Montmartre fréquentaient, d'ailleurs
volontiers ce nain, dont le talent fai
de malice et de bon sens, avait gagnt
la sympathie du public parisien.
Mais Delphin resta toujours dis-
cret, modeste et bon. Le succès ne It
grisa point; il savait que la capitale
se lasse vite, même des vedettes lei
plus fêtées. On assure qu'il eut dei
liaisons amoureuses, souvent asseï
brèves d'ailleurs, qui parfois laissè-
rent son coeur bien triste et bien
RÉFLEXIONS
La mort ùoput oiseao
Par une chaude après-midi de mai,
sa petite âme pure s'était envolée.
Une maladie sournoise avait torturé
ce pauvre petit corps d'oiseau et cris-
pé dans un dernier spasme ses gen-
tilles petites pattes maintenant froides
2t roides.
Le cadavre menu gisait tristement
dans le fond de la cage : un amas de
plumes jaunes et grises... De sa char-
mante petite gorge, encore toute gon-
3ée, ne sortiront plus jamais les ten-
dres roulades, les gazouillis et les tril-
les brillantes et compliquées de ce
petit chanteur...
Finis ces mille petits cris aimables
lui saluaient au matin l'eau fraîche
le sa petite baignoire, la feuille de
;alade verte et tendre qu'il dentelait
ivec une grâce menue et gentille.
Que reste-t-il de lui maintenant ?
Une misérable petite dépouille qui
ïéjà se désagrège. Où est donc partie
:ette petite étincelle divine.qui ani-
nait les perles noires et brillantes de
:ës yeux ?...
Petit personnage intéressant dans
:â grâce et sa fragilité, tu emportes
ivec toi un peu de ce. soleil qui bài-
;né la fenêtre. Pauvre petit Darzee,
me main affectueuse a soustrait aux
nsectes rapaces ton enveloppe frar-
[ile et si légère... '
Menu incident de la vie humaine
[ùe la mort d'un petit oiseau! Mais
levant cette petite carcasse ermplur
née, privée de i'étinçelle divine, se
l'ose une fois de plus l'éternel prô-
ilème de la Vie !
MAD..
A
lans la unit,
icoutez lesjMOÉlines...
Rien de nouveau sous le soleil et,
ans être un cycle de recommence-
lents éternels, lés périodes historiq-
ues présentent de bien curieuses
essemblances.
Ea 1887 le président du Conseil
ialien, Çrispi, âti retour d'un voyage
h Allemagne, prononça un retentiss-
ant discours : «Avec ceux-là, dit-;
[, (ceux-là, c'était le menu fretin :
; roi Victor-Emmanuel IV, Gavoùr,
Jaribaldi), avec ceux-là j'ai fait
Italie, .avec mes collègues, j'amélio-
e_rai l'état du pays ; avec mon ami
jismarck nous sauverons l'Europe ! »
>éjà.
Déjà aussi cette modestie si bien
achée, ces projets grandioses, cette
mitié pro-gërmainë que nous re-
:ouvons aujourd'hui dans le disçou^
Lssime de Gênes, (Soit dit en passant,
t considérant les réactions italieii-
es eh 1915, à la place des Allemands,
loi, je me méfierai !).
Rien dé nouveau sous le soleil;..
Pas même « l'épate » d'Italie!, ;
Félix LECHAT.
meurtri. Longtemps et sans doute en
vain-, il devait chercher l'oiseau bleu
que le pauvre Tyltil poursuivait sur
la route de l'invisible. Quand l'oubli
vint, quand le public cessa de récla-
mer le nain qu'il avait applaudi avec
tant de chaleur, Delphin Sirveaux vé-
cût au milieu de ses souvenirs, allant
aûmarchê et faisant T.ui-même sa cui-
sine. Dans son appartement, meublé
avec beaucoup d'art, tout était pro-
portionné à sa taille d'enfant.
I 'A ses intimes, il parlait volontiers
de sa jeunesse et de son pays natal.
Quand iï revenait en Haute-Saône,
ses compatriotes le recevaient tou-
jours avec une affectueuse sympa-
thie ; et les yeux de Delphin pétil-
laient de malice, lorsqu'il racontait
des'histoires parisiennes, tout à fait
'dans la tradition de Montmartre.
■ A la fin pourtant, une irrémédia-
ble tristesse ravagea l'âme sensible du
pauvre nain. Craignait-il la misère ?
Avait-il gardé h, nostalgie des jours
de célébrité ? L'avenir lui semblait-
it-irrévocàblernent voué au malheur ?
Certaines confidences, faites pendant
le$~Merniers jours de sa vie, le mon-
trent abattu et découragé. Le samedi
7 mai, vers 2 heures 30 de l'après-
midi, la concierge, étonnée de ne l'a-
voir ni vu ni entendu de la journée,
alerta la police. On trouva Delphin
étendu dans sa chambre, 70, boule-
vard de Clichy, le corps privé de
mouvement, mais encore chaud. C'est
en-vain qu'on essaya de le ranimer.
Le-malheureux avait volontairement
coupé le tuyau de son réchaud à gaz.
Sur une feuille de papier écolier, sa
petite main avait recopié au crayon
cette pensée de Pascal, qui en dit long
sur la détresse de son âme : « Tout
le malheur des hommes vient de ne
pas savoir se tenir au repos dans une
chambre ». .
L. BARBEDETTE.
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