Titre : Le Petit Parisien : journal quotidien du soir
Éditeur : Le Petit Parisien (Paris)
Date d'édition : 1915-02-23
Contributeur : Roujon, Jacques (1884-1971). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 23 février 1915 23 février 1915
Description : 1915/02/23 (Numéro 13996). 1915/02/23 (Numéro 13996).
Description : Note : Ed. de Paris. Note : Ed. de Paris.
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol-Lc2-3850
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 01/07/2008
40' Année. No
Seine et Seine-et-Oise
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ÉDITION DE PARIS
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TtLÉFHOn» aUIBNBBBG 17.99
Italie et Roumanie
LA CORRUPTION ALLEMANDE
Si j'ai trouvé à Bucarest, comme en
Italie, le sentiment public unanime en
faveur de la. guerre à l'Autriche et le*
gouvernement décidé au fond à ne pas
résister à ce sentiment et à marcher au
printemps, comme le veut la nation, j'ai
rencontré de la part des Allemands les
mêmes manoeuvres pour enrayer, trom-
per et corrompre l'opinion publique.
Le travail de mensonges et de corrup-
tion fait par les Allemands dans les pays
neutres constitue un des chapitres les
plus intéressants de l'histoire de la
guerre. Aussi menteurs que féroces, dès
le mois d'août, ils ont commencé à inon-
der le monde de factums, de journaux,
d'imprimés, de lettres, distribués à pro-
fusion par des bureaux d'une organisa-
tion admirable, et remplis de menson-
ges impudents, de calomnies stupéfian-
tes, d'assertions audacieuses. Le tout,
d'ailleurs, avec une lourdeur d'esprit,
une maladresse, une absence de discer-
nement qui ont fait aboutir cet énorme
travail à un résultat diamétralement
opposé à celui que poursuivaient les sa-
vantes usines de mensonges de Franc-
fort et de Hambourg. Quant à la corrup-
tion de la presse, j'ai pu constater de
près comment elle avait été antreprise
dans les pays neutres que j'avais visités,
par les moyens et procédés les plus mo-
dernes de la réclame et surtout avec un
cynisme extraordinaire.
Pour avoir la presse
Les Allemands semblent s'être ima-
giné que dans nos pays latins tout est à
vendre et qu'avec les formidables
moyens qui étaient à leur disposition ils
y pourraient acheter tout et tous. Ils pos-
sédaient d'ailleurs dans certaines gran-
des banques, italiennes de nom, mais
où ils s'étaipnt installés en maîtres, un
instrument tout indiqué. Je sais de
grands journaux italiens à qui on est
venu offrir de leur part un million et
demi. Je sais des bureaux de rédaction
en province où ce sont des prélats d'ori-
gine italienne, passés au service alle-
mand, qui sont venus offrir de l'argent,
pour aider à maintenir leurs frères du
Trentin et de l'Istrie sous le joug autri-
chien, pour calomnier la catholique Bel-
gique. A Pavie, j'ai vu les paquets de
dépêches qui s'accumulaient depuis un
mois sur le bureau du directeur de la
Provincia. Un jour, il avait reçu, de Ber-
lin, une dépêche signée d'un nom italien
offrant un service gratuit et complet de
renseignements télégraphiques sur la
guerre. Et sans attendre aucune réponse,
sans qu'une seule de ces dépêches ait
jamais été imprimée, le service a com-
mencé et contmue. Chaque jour, des télé-
grammes de centaines de mots, expédiés
de Berlin, chantent les prétendues vic-
toires allemandes et racontent des histoi-
res de brigands sur les alliés. Et il y a
des centaines de journaux, dé tout petits
journaux de province à qui ce service
est fait régulièrement. Quelques-uns in-
sèrent cette copie tombée du ciel. L'asso-
ciation de la presse italienne vient, d'ail-
leurs, de s'occuper de ces manœu-
vres allemandes, de ces services gra-
tuits, des voyages rétribués offerts à des
journalistes, du subit changement d'atti-
tude de certains journaux dont on
pourra trouver le nom dans la sentence
qui déplore leur attitude.
Chose curieuse et qui montre bien l'es-
prit méthodique jusqu'à la routine des
Allemands, il semble que, dans chacune
des capitales que j'ai visitées, ils ont cru
devoir acheter trois journaux. A Buca-
rest, à Sofia, comme à Rome, tout le
monde m'a cité immédiatement les noms
de trois journaux passés, depuis la
guerre, au service de l'Allemagne et de
l'Autriche ou créés exprès. Personne,
d'ailleurs, ne les lit ni les achète.
Leurs vendeurs eux-mêmes, payés à
la journée pour les annoncer, s'acquit-
tent de cette besogne avec dégoût. Je me
souviens enccre que, le soir de mon arri-
vée à Milan, le vendeur d'un journal
connu comme acquis à l'Allemagne
allait de table en table, dans le restau-
rant où je soupais, en criant, à la joie du
public Cornprate la. gi.ornale del resto
venduto alla Gcrmania
A Rome, il y a en plus la presse
du Vatican, qui fait, par coquetterie de
solidarité réactionnaire avec l'Autriche
cléricale, le même métier. L'Osservatore
Romano n'a pas eu honte de remplacer
par le mot caduli, c'est-à-dire tombés sur
le champ de bataille, le mot « fusillés »
qui tigurait dans l'annonce du service
funèbre que la légation belge a fait célé-
brer pour le repos de l'âme des trente-
neuf prêtres belges assassinés par les Al-
lemands et dont les noms ont été fournis
par la courageuse lettre pastorale du
cardinal Mercier. Et, d'autre part, l'atti-
tude des journaux du socialisme officiel
italien est telle, que le plus éminent des
chefs du parti, le député Turati, s'est
écrié dernièrement, en combattant la
proposition d'organiser la grève géné-
rale pour empêcher la mobilisation de
l'armée italienne « Mais qu'avons-nous
donc reçu de l'empereur d'Autriche pour
nous mettre ainsi à son service ? n
Des personnes à même d'être très bien
informées affirment que M. de Bülow,
depuis son arrivée ici, a touché en ban-
que trois millions. S'il en est ainsi, on
peut d'ailleurs ajouter qu'il n'en a pas eu
pour son argent, la propagande des jour-
naux qui ont accepté de se mettre au ser-
vice de l'Allemagne et de l'Autriche est
.d'une rare maladresse et de nul effet.
.1 Vaine dépense
J'en ai eu la preuve à Bucarest. J'ai
naturellement été, dès mon arrivée,
honoré de leurs dénonciations et de leurs
attaques. Ils demandaient tout simple-
ment mon expulsion, ajoutant d'ailleurs
que j'avais déjà été chassé d'Italie et
invité à ne séjourner que douze heures à
Sofia, sauf le lendemain à dire aux Rou-.
mains que j'étais leur ennemi puisque
j'avais toujours été l'ami des Bulgares,
et puisque j'avais pris la défense de la
Bulgarie, vaincue et dépouillée par la
Paix de Bucarest. Cela tombait d'ailleurs
assez mal beaucoup de Roumains m'ont
j dit qu'au fond ils commençaient à être
de mon avis, et que la Paix de Bucarest
n'avait pas été pour eux une brillante
affaire et qu'ils avaient peut-être lâché
la proie pour l'ombre
Je dois ajouter, d'ailleurs, que la
grosse dépense faite par l'Allemagne à
Bucarest n'a abouti qu'à lui acquérir des
journaux sans crédit ni lecteurs. Des
journalistes à qui l'on offrait mille francs
pour faire passer dans leur journal un
article, rédigé d'avance à la légation,
sont allés porter à la préfecture de po-
lice l'argent et l'article. La légation d'Al-
lemagne s'est même fait prendre en fla-
grant délit de tentative de corruption
d'un homme politique, M. Ileva, ancien
ministre de Roumanie à Rome, qui a ra-
conté, dans tous les journaux, la démar-
che dont il avait été l'objet.
En Bulgarie
En Bulgarie, par contre, le terrain
était plus favorable, non pour la corrup-
tion (le Bulgare est très honnête), mais
pour l'empoisonnement de l'esprit pu-
blic par une savante campagne de men-
songe et de déformation des faits.
Les journaux français et anglais n'ar-
rivent plus en Bulgarie qu'avec des re-
tards énormes et, d'ailleurs, la presse
française est lue avec une extrênffc mé-
1 fiance par les Bulgares, qui lui repro-
chent d'avoir épousé contre eux tou-
tes les querelles de leurs adversaires
balkaniques. Les Allemands en ont
largement profité, et j'ai eu le re-
gret de constater que la plupart des
journaux bulgares, a part naturellement
les russophiles, avaient l'air d'être faits
de démarquages de la Neue Freie Presse
et du Btrliner Tageblatt et que leurs arti-
cles étaient visiblement écrits par des
gens qui ne savaient' et ne voulaient
savoir de la guerre que les renseigne-
ments d'une partialité grotesque qui
sont depuis six mois le seul aliment in-
tellectuel des sujets de Guillaume II et
de François-Joseph. J'ai même lu et
entendu sur la neutralité belge des cho-
ses qui, venant des Bulgares, m'ont affli-
gé. Par contre, ce m'est un devoir de
dire que les sympathies bulgares pour
les Belges se sont affirmées de la façon
la plus touchante par le succès des sous-
criptions et des fêtes organisées en fa-
veur des victimes de la barbarie et de la
perfidie allemandes. Les municipalités de
Sofia et de Roustchouk y ont même par-
ticipé officiellement et, quant à moi, j'ai
reçu du gouvernement bulgare, en reve-
nant comme exilé dans le pays, dont
j'avais été l'hôte choyé quand j'y étais
venu comme avocat du gouvernement,
avec mon excellent confrère et ami,
Me Aguillon, du barreau de Paris, plus
d'attentions encore et^ de marques de
sympathie. Et si j'ai ^pu franchir les
Rhodopes, malgré la neige et les boues
gluantes de Thrace, je le dois à l'aide
bienveillante du gouvernement bulgare
et de son représentant. le préfet de
Gumuldjina. Comme j'allais en Rouma-
nie uniquement pour y plaider la cause
de mon pays, c'est donc au nom de celui-
ci que je me fais un devoir de remercier
ici M. Radoslavof de m'en'avoir si aima-
blement fourni le moyen.
Georges LORAND,
député à la Chambre
des représentants de Belgique.
M. Chevilloa, député des Bonclies-4n-BliAn
A ÉTÉ TUÉ A L'ENNEMI
M. Frédé.ric Chevillon, député des Bou-
ches-du-RhOne, lieutenant au régiment
d'infanterie, vient de trouver une mort
glorieuse sur le champ de bataille de
ï'Argoane.
M. Chevillon était parti comme simple
soldat il avait conquis au feu les galons de
caporal, de sergent et de sous-lieutenant. Il
M. Frédéric Chevillon
avait été cité à l'ordre du jour de l'armée
pour sa bravoure dans les combats et pro-
posé pour la croix de la Légion d'honneur.
Elu pour la première fois, le 21 juillet 1912%
dans la 4° circonscription de Marseille,
M. Chevillon s'était fait rapidement une
place à la Chambre, dont il était l'un des
secrétaires. Sa mort porte à cinq le nombre
des parlementaires tués au feu.
M. Frédéric Chevillon était le fils du dé-
puté de Marseille, qui céda son siège à M.
Brisson quand celui-ci eut été battu dans le
dixième arrondissement. Il fut attaché au ca-
binet de M. Pelletan, à la lfarine, et était
ancien secrétaire du comité exécutif du
parti radical.
COMMUNIQUES OFFICIELS
3 HEURES.
Rien d'important à ajouter 4u communiqué du 21 février au soir.
Entre Argonne et Meuse, à la lisière du bois de Cheppy, nous avons
enlevé une tranchée ennemie et élargi nos positions.
Aux Eparges, nous avons, sur un point, gagné du terrain et légère-
ment reculé sur un autre.
Des combats d'infanterie où l'ennemi a engagé trois régiments se
sont poursuivis en Alsace sur les deux rives de la Fecht. Nos avant-
postes se sont repliés sur notre ligne de résistance que nous occupons
fortement. L'ennemi a attaqué en formations denses et profondes qui lui
ont occasionné de lourdes pertes.
Un zeppelin a bombardé Calais ce matin. Il a lancé dix projectiles,
tué cinq personnes appartenant à la population civile et causé quelques
dégâts matériels sans importance.
Nos batteries ont démoli une pièce lourde établie près de Lombaertzyde.
Entre la Lys et l'Aisne, tirs efficaces de notre artillerie sur des ras-
semblements et des convois qui ont été dispersés.
L'ennemi a bombardé Reims violemment dans la nuit du 21 au 22 et
dans la journée du 22. Ce bombardement a fait d'assez nombreuses vic-
times auxquelles les Allemands ont ainsi fait payer leurs échecs de ces
derniers jours.
Sur le front Souain-Beauséjour, nous avons réalisé de nouveaux pro-
grès, enlevé une ligne de tranchées et deux bois, repoussé complètement
deux contre-attaques particulièrement violentes, fait des prisonniers nom-
breux et infligé à l'ennemi des pertes élevées.
En Argonne, notre artillerie et notre infanterie ont pris l'avantage,
notamment près de Fontaine-aux-Charmes et de Marie-Thérèse, ainsi
qu'au bois Bolante.
Entre Argonne et Meuse, nos progrès des deux derniers jours au bois
de Cheppy ont été élargis et consolidés.
Aux Eparges, nous avons, par de nouvelles attaques, continué à
gagner du terrain. Nous tenons maintenant la presque totalité des positions
ennemies Combres (sud-est des Eparges) est ainsi sous notre feu.
Au bois Bouchot (sud des Eparges), une attaque allemande a été
repoussée.
Au bois Brulé (forêt d'Apremont), nous avons enlevé une tranchée.
En Alsace, nous avons occupé la plus grande partie du village de
Stosswihr, dont nous ne tenions hier que les lisières.
Le rôle des Russes
On lira, d'autre part, le communiqué
russe qui expose la situation en Prusse
orientale. Elle est bien telle que je l'avais
indiquée précédemment.
Les Russes, on peut s'en assurer, n'ont
été ni battus, ni enveloppés, malgré que
leur encerclement fût le but avéré de la
manœuvre allemande. Ils se sont retirés
à temps, contenant toujours l'adver-
saire et l'obligeant à arrêter son mouve-
ment tournant.
Nous nous doutions un peu de
l'aventure que l'état-major russe avoue
maintenant avec son habituelle sincé-
rité. Si fâcheuse qu'elle soit, elle ne sem-
ble pas diminuer très sensiblement la
force de résistance que nos alliés oppo-
sent à l'offensive furibonde de l'ennemi.
En somme, leur 10° armée, un peu di-
minuée, il est vrai, a pu gagner les po-
sitions défensives qui lui étaient assi-
gnées, et sur lesquelles, maintenant, elle
fait tête. Sa retraite a été extrêmement
pénible, en raison de l'amoncellement
des neiges qui obstruaient les routes,
empêchaient la circulation des automo-
biles et arrêtaient les trains. Mais enfin
elle s'est achevée, et les troupes ont pu
se ranger en bataille le long de la Narew.
Il faudra donc qu'avant d'atteindre Var-
sovie, objet de si ardentes convoitises,
les Allemands leur passent sur le corps.
Or, ils avaient surtout cherché à se dis-
penser de cette obligation, qui ne peut
être que très coûteuse pour eux, si tant
iest qu'elle ne tourne pas à leur confu-
sion.
Dans les Carpathes, la situation est
plus embrouillée. Il s'y livre des com-
bats opiniâtres et sanglants pour la pos-
session d'un piton ou d'un passage, cha-
cun des deux adversaires voulant s'assu-
rer la maîtrise des débouchés donnant
sur le versant opposé. Jusqu'ici les po-
sitions russes semblent inexpugnables.
Cependant, on annonce l'occupation de
Stanislavoff (ou Stanislau), ville située
à soixante-dix kilomètres au sud-est de
Stryj, et qui menacerait à revers le col
de Wyczow. Je le répète il est absolu-
ment impossible, en l'état actuel des
choses, de se rendre un compte exact de
ce qui se passe sur ce théâtre d'opéra-
tions inextricables. Mais les combats qui
s'y livrent sont trop violents pour que
leur solution se fasse attendre bien long-
temps.
Aussi bien, puisque l'occasion s'en
présente, n'est-il pas hors de propos de
préciser le rôle imparti aux armées rus-
ses. On s'est servi, pour l'indiquer par
avance, d'un mot qui assurément fait
image, mais s'applique à quelque chose
d'inexact. On a parlé du « rouleau com-
presseur sans suffisamment se rendre
compte que paur obtenir des effets
d'écrasement, il faut des facteurs essen-
tiels la masse et l'impulsion. Or, si nos
alliés ont bien réellement la masse, celle-
ci ne peut apparaître dans sa plénitude
qu'après une concentration très lente. Et
quant à l'impulsion, elle est fréquem-
ment interrompue par l'immensité des
espaces à parcourir sans moyens tou-
jours suffisants.
Comme le dit très véridiquement le
dernier communiqué de Petrograd, c'est
le manque de voies ferrées qui vient de
rendre obligatoire l'abandon de la
Prusse orientale. Si l'on avait eu des
chemins de fer autant que les Alle-
mands, on aurait riposté'à leur afflux de
troupes par un afflux plus considérable
encore, et on les eût probablement bous-
culés. Ce n'est pas là, au surplus, le pre-
mier exemple d'un recul imposé par la
pénurie des moyens de communications
rapides, c'est-à-dire de voies transver-
sales reliant entre elles les quelques
grandes lignes qui traversent l'empire
des tsars.
Or, ces voies transversales, on ne peut
pas les créer maintenant et il faut se rési-
gner à suppléer par des retraites oppor-'
tunes aux infériorités numériques lo-
cales qui résultent de l'extrême vélocité
des mouvements allemands. De là ce jeu
de va-et-vient qui nous étonne un peu et
parfois nous inquiète. Il est la consé-
quence logique d'un état de choses qu'il
n'est donné à personne de changer.
Ce que nous attendons de nos amis et
alliés, c'est qu'ils ne rendent jamais la
liberté à leur adversaire, qu'ils le har-
ponnent, qu'ils l'épuisent, qu'ils l'écra-
sent, non pas en bloc, mais cn détail.
Jusqu'ici, ils ont rempli au mieux cette
mission essentielle. Et tout permet de
croire qu'ils la continueront jusqu'au
bout.
Lieutenant-colonel ROUSSET.
ROSA LUXEMBOURG ARRÊTÉE
La Haye, 22 février.
Le Vorwaerts annonce l'arrestation de
Rosa Luxembourg, la conférencière et publi-
ciste socialiste. Cette arrestation aurait été
causée par un discours prononcé dans une
réunion publique.
La propagande interventionniste
se développe an Italie
IDe natre correspondant particulier)
Milan, 22 février.
Le mouvement de propagande pour l'in-
tervention de l'Italie dans le conflit européen
acquiert de jour en jour plus d'intensité. Le
député de Trente, Battisti le publiciste triee-
tin Tamaro et l'ancien maire de Fiume, Bac-
cich, continuent avec une inlassable acti-
vité leurs tournées de conférences, visitant
les grandes et les petites villes et jusqu'aux
bourgades, soulevant partout l'enthousiasme,
nonobstant l'opposition des socialistes.
L'association Trento-et-Trieste Il a orga-
nisé pour ce soir trois meetings à Milan et le
Comité lombard de préparation civile à la
guerre a lancé un manifeste, signé d'une
centaine de personnalités lombardes, invo-
quant la solidarité nationale pour atteindre
l'idéal de la patrie plus belle, plus forte et
plus grande. Le comité commencera ven-
dredi une tournée de conférences explica.
tives. Les premières seront données dans
six différents quartiers de Milan.
Le journal Popolq d'Italia, organe ardent
de propagande nationale, annonce que les
groupements interventionnistes récemment
constitués atteignent le nombre de cent cinq,
avec des milliers d'inscrits. La Bourse du
travail de Parme, qui compte quinze mille
associés, a adhéré à ce mouvement.
Un vapeur américain
coulé par une mine
Londres, 22 février,.
Le Lokal Anzeiger apprend de Bréme 7ue
le vapeur américain Evelyn, allant de New-
York à Bréme, avec une cargaison de coton,
a heurté une mine, vendredi dernier, au
nord de l'tle Borkum et a coulé,
L'équipage a été sauvé par un vapeur
allemand.
LES ÉTATS-UNIS DÊMÂNDEHT DES DÉTAILS
Washington, 22 février.
Le département de l'Etat a reçu confirma-
tion par le consul de Bréme de la perte du
vapeur Evelyn.
ilf. Bryan a prié Maf. Page et Gérard, an1-
bassadeurs d'Amérique à Londres et à Ber-
lin, de lui enuoyer des détails.
Un zeppelin
a survolé Calais
Calais, février.
Un dirigeable allemand, arrivé par la mer,
a survolé Calais ''ers 4 h. 10 du matin, pa-
raissant se diriger vers l'Est. IL a lancé des
prutectites qui ont légèrement détérioré les
voies ferrées de Saint-Omer, Hazebrouck et
Dunkerque, dans le voisinage de la gare des
Fontinelles.
Dès neuf heures du matin, Les dégâts
étaient réparés.
Le zeppelin a ansvite contourné le phare,
q2ii était éteint. Il a tenté de lancer plusieurs
sur la partie dit port réservée
sous-marins, mais sans atteindre son but.
Le dirigeable, accueilli par une vive fusil-
lade et le jeu des mitrailteuses, s'est enfui
du côté des dunes.
Trois bombes incendiaires sont tombées
sans occasionner de dégdts deua engins
ont détérioré les immeubles portant tes nu-
méros 8 et 10 de la rue Dognien, près de La
gare des Fontinelles et occupé par les tamil-
les Blondel et Gressier ils ont fait cinq vic-
times. La popntation n'a manifesté aucune
panique.
Taube dans l'Est
Nancy, 22 février.
Un avion allemand qui, venant du nord,
se dirigeait vers Nancy, a été salué par
quelques coups de canon. On croit qu'il a
été touché, à en juger par le vol pénible
qu'il a effectué pour regagner les lignes
allemandes.
Nos canons ont également éloigné des
environs de Toul un autre visiteur aérien:
Un aviateur allemand a survolé Pont-
à-Mousson, jetant quatre bombes. Ces en-
gins n'ont causé aucun dommage ni blessé
personne.
Par contre, des obus tirés par l'artillerie
allemande ont causé, sur différents points
de la ville, des dégâts assez sérieux, mais
sans faire de victimes.
Un avion allemand
au-dessus de l'Angleterre
(De notre correspondant particulier)
Londres, 22 février.
Le comté d'Essex a reçu la nuit dernière,
la visite d'un appareil aérien que personne
n'a vu, mais que l'on croit être un aéroplane.
Il était 20 h. 40 quand on entendit nette-
ment au-dessus de Colchester le bruit d'un
moteur d'aéroplane. Peu après, une explo-
sion retentit une bombe était tombée dans
un jardin attenant à une petite maison si-
tuée dans Butt-Road et occupée par un sous-
officier du 2o° hussards et sa famille, la-
quelle était en train de dîner. Des balles de
shrapnell pénétrèrent dans les pièces du
rez-de-chaussée, endommageant fortement
le mobilier et brisant tous les carreaux, mais
personne ne fut blessé. Au premier, un bébé
de deux ans fut retrouvé sain et sauf, encore
endormi, quoique une partie du toit de la
chambre eut été défoncée.
A peu près la même heur?, deux bombes
étaient lancées sur Braintree, à environ
25 kilomètres de Colchester. Les engins tom-
bèrent dans les champs, sans exploser. On
croit qu'il s'agissait de bombes incendiaires.
HUIt CLASSES ROUMAINES MOBILISÉES
Londres, 22 février.
D'après les télégrammes de Bucarest, l'or-
dre de mobilisation de huit classes de ré-
serve aurait été publié en Roumanie.
Vingt-cinq jours en Allemagne
En haut les boutons d'uniforme achetés pa.r M. de Smit
à des soldats autrichiens, à Oswiecim.
En bas le Dreikaiserreichsecke (littéralement coin des trois empires, près de Myslowitz).
Les deux branches de la Przemsza. affluent de la Vislule, y forment, en effet, la frontière
entre la Russie, l'Autriche et l'Allemagne.
A la fin de mon dernier récit j'étais resté
face à face avec la Berlinoise exaltée qui
avait dénoncé un soi-disant espion russe et
qui m'avait suspecté d'être un « maudit
Anglais ». A Brieg, elle eut la satisfaction
de voir les gardiens du Russe le remettre
avec force recommandations aux soldats du
landsturm en faction dans la gare, comme
il y en a à toutes les stations.
L'arrêt suivant est Beuthen. Un vjoya-
geur, à qui j'ai fait connaître le nom de la
personne que je dois voir dans cette ville,
me dissuade d'y descendre en m'apprenant
que mon client, qu'il connaît, se trouve à ce
moment incorporé en Russe à l'armée d'Hin-
denbourg.
Ma denonciatrice au contraire, tout miel,
depuis que j'ai pu prouver que je n'étais oas
Anglais, insiste afin que je m'arrête avec
elle à Beuthen pour visiter non pas la ville,
mais les tranchées vides qui sont aux envi-
rons. Cette folle est venue tout exprès de
Berlin environ huit heures de voyage
pour voir des tranchées qui n'ont jamais
servi. La conversation roule ensuite sur las
Autrichiens, fort mal vm en Silésie. Elle-
même ne les aime guère.
LA BULGARIE REFUSE
le passage à l'armée turque
Nous sommes en mesure de publier
une nouvelle qui emprunte, aux circons-
tances présentes, un réel intérêt.
Vers le milieu de la semaine dernière,
alors que la tension s'accentuait entre la
Turquie et la Grèce, et que le ministre
hellène à Constantinople avait aban-
donné son poste, le ministre ottoman à
Sofia posa cette question au gouverne-
ment bulgare ̃ La Bulgarie, en cas de
guerre turco-grecque, permettra t elle
aux troupes turques de traverser son ter-
ritoire pour atteindre la Grèce M. Ra-
doslavof répondit que le passage ne se-
rait pas plus ouvert aux Turcs qu'aux
Hellènes et qu'il entendait garder une
neutralité absolue.
Nous pouvons encore ajouter cette in-
formation les puissances de la Triple
Entente ont acquis l'impression que la
Bulgarie n'avait pris aucun engagement
d'ordre politique vs-à-vis des empires
centraux en sollicitant le versement
d'une tranche de son emprunt. L'Alle-
magne et l'Autriche, qui étaient fort in.
quiètes de l'attitude du cabinet de Sofia,
il y a un mois, et qui appréhendaient
un accord définitif entre ce cabinet et.
ceux de Nisch et de Bucarest, se seraient
empressées de déférer à son désir sans
poser de conditions diplomatiques.
Vers Constantinople
fl*^ L'opération que l'escadre franco-an-
Tf glaise vient de commencer à l'entrée
des Dardanelles est une entreprise de grande
envergure et de longue portée. Pour croire
qa'elle se terminerait en quelques jours, il
faudrait tout ignorer des difficultés qu'elle
suppose le détroit qui réunit la mer Egée
à la mer de Marmara a 33 nulles de Ions.
soit plus de 60 kilomètres il est défend':
non seulement par les forts de la tôte d'Eu-
rope et de la côte d'Asie, mais aussi par dos
mines immergées en grand nombre.
Le public ne doit donc pas s'impatientez
si le résultat n'intervient pas tout de suid1
Ce résultat n'est pas le forcement du pas-
sage. C'est Constantinople qui est visée. Par
quels moyens militaires et maritimes abou-
tira-t-on. ? Il ne nous appartient pas de le.
dire.
Mais, dès à présent, la signification
diplomatique de l'entreprise apparat clai-
rement. Elle constitue plus qu'une diver-
sion puissante sur le flanc de la Triple
Alliance Allemagne-Autriche-Turquie. Elle
doit, d'une part, mettre l'empire ottoman
hors de combat, soit que son incapacité
défensive s'affirme sans ambages, soit, -que
le parti germanophile soit renversé à Cons-
tantinople elle doit, de l'autre, faire impres-'
sion sur les Balkaniques qui demeurent
hésitants encore entre les deux combinai-
sons européennes, ou qui n'attendent que
l'heure de se manifester en faveur de la
Triple Entente. Elle ne menace pas seule-
ment la Porte eüe sera l'un des éléments
de la solution finale de la crise, en même
temps qu'elle prépare le règlement d'un des
problèmes les plus graves des temps mo-
dernes le problème de Constantinople et
des Détroits.
Ces mangeurs de goulasch et paprika,
dit-elle, avec leurs officiers qui se baladent
toute la journée avec une canne dans le.
rues, ont été accueillis chez nous dans les
premières semaines d'août avec un enthou-
siasme indescriptible, mais à présent noue
en avons assez. D'abord parce que nous
sommes obligés de venir à leur secours
tout instant sans nous, les Russes seraient
depuis longtemps a Budapest et à Vienne.
Si je la comprends bien, non seulement la
bourgeoisie a par-dessus la tête des Autri-
chiens, mais le peuple encore davantage.
J'hésite un peu à en donner la raison. Dès la
mobilisation les soldats silésiens ont été en.
voyés en France et en Prusse orientale, et
pour parer à une attaque éventuelle des
Russes en Silésie, on a fait venir des trou-
pes austro-hongroises. Mais la- population
féminine a fait un accueil si chaleureux à
ces vaillants guerriers qu'ils n'ont guère eu
le temps de s'occuper de leur métier militai-
re, et il en est résulté quelque dommage.
Noua voilà à Beuthen. La dame berlinoise
prend congé de moi en me disait
Dieu punira les Anglais, j'en suis cer-
taine.
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Italie et Roumanie
LA CORRUPTION ALLEMANDE
Si j'ai trouvé à Bucarest, comme en
Italie, le sentiment public unanime en
faveur de la. guerre à l'Autriche et le*
gouvernement décidé au fond à ne pas
résister à ce sentiment et à marcher au
printemps, comme le veut la nation, j'ai
rencontré de la part des Allemands les
mêmes manoeuvres pour enrayer, trom-
per et corrompre l'opinion publique.
Le travail de mensonges et de corrup-
tion fait par les Allemands dans les pays
neutres constitue un des chapitres les
plus intéressants de l'histoire de la
guerre. Aussi menteurs que féroces, dès
le mois d'août, ils ont commencé à inon-
der le monde de factums, de journaux,
d'imprimés, de lettres, distribués à pro-
fusion par des bureaux d'une organisa-
tion admirable, et remplis de menson-
ges impudents, de calomnies stupéfian-
tes, d'assertions audacieuses. Le tout,
d'ailleurs, avec une lourdeur d'esprit,
une maladresse, une absence de discer-
nement qui ont fait aboutir cet énorme
travail à un résultat diamétralement
opposé à celui que poursuivaient les sa-
vantes usines de mensonges de Franc-
fort et de Hambourg. Quant à la corrup-
tion de la presse, j'ai pu constater de
près comment elle avait été antreprise
dans les pays neutres que j'avais visités,
par les moyens et procédés les plus mo-
dernes de la réclame et surtout avec un
cynisme extraordinaire.
Pour avoir la presse
Les Allemands semblent s'être ima-
giné que dans nos pays latins tout est à
vendre et qu'avec les formidables
moyens qui étaient à leur disposition ils
y pourraient acheter tout et tous. Ils pos-
sédaient d'ailleurs dans certaines gran-
des banques, italiennes de nom, mais
où ils s'étaipnt installés en maîtres, un
instrument tout indiqué. Je sais de
grands journaux italiens à qui on est
venu offrir de leur part un million et
demi. Je sais des bureaux de rédaction
en province où ce sont des prélats d'ori-
gine italienne, passés au service alle-
mand, qui sont venus offrir de l'argent,
pour aider à maintenir leurs frères du
Trentin et de l'Istrie sous le joug autri-
chien, pour calomnier la catholique Bel-
gique. A Pavie, j'ai vu les paquets de
dépêches qui s'accumulaient depuis un
mois sur le bureau du directeur de la
Provincia. Un jour, il avait reçu, de Ber-
lin, une dépêche signée d'un nom italien
offrant un service gratuit et complet de
renseignements télégraphiques sur la
guerre. Et sans attendre aucune réponse,
sans qu'une seule de ces dépêches ait
jamais été imprimée, le service a com-
mencé et contmue. Chaque jour, des télé-
grammes de centaines de mots, expédiés
de Berlin, chantent les prétendues vic-
toires allemandes et racontent des histoi-
res de brigands sur les alliés. Et il y a
des centaines de journaux, dé tout petits
journaux de province à qui ce service
est fait régulièrement. Quelques-uns in-
sèrent cette copie tombée du ciel. L'asso-
ciation de la presse italienne vient, d'ail-
leurs, de s'occuper de ces manœu-
vres allemandes, de ces services gra-
tuits, des voyages rétribués offerts à des
journalistes, du subit changement d'atti-
tude de certains journaux dont on
pourra trouver le nom dans la sentence
qui déplore leur attitude.
Chose curieuse et qui montre bien l'es-
prit méthodique jusqu'à la routine des
Allemands, il semble que, dans chacune
des capitales que j'ai visitées, ils ont cru
devoir acheter trois journaux. A Buca-
rest, à Sofia, comme à Rome, tout le
monde m'a cité immédiatement les noms
de trois journaux passés, depuis la
guerre, au service de l'Allemagne et de
l'Autriche ou créés exprès. Personne,
d'ailleurs, ne les lit ni les achète.
Leurs vendeurs eux-mêmes, payés à
la journée pour les annoncer, s'acquit-
tent de cette besogne avec dégoût. Je me
souviens enccre que, le soir de mon arri-
vée à Milan, le vendeur d'un journal
connu comme acquis à l'Allemagne
allait de table en table, dans le restau-
rant où je soupais, en criant, à la joie du
public Cornprate la. gi.ornale del resto
venduto alla Gcrmania
A Rome, il y a en plus la presse
du Vatican, qui fait, par coquetterie de
solidarité réactionnaire avec l'Autriche
cléricale, le même métier. L'Osservatore
Romano n'a pas eu honte de remplacer
par le mot caduli, c'est-à-dire tombés sur
le champ de bataille, le mot « fusillés »
qui tigurait dans l'annonce du service
funèbre que la légation belge a fait célé-
brer pour le repos de l'âme des trente-
neuf prêtres belges assassinés par les Al-
lemands et dont les noms ont été fournis
par la courageuse lettre pastorale du
cardinal Mercier. Et, d'autre part, l'atti-
tude des journaux du socialisme officiel
italien est telle, que le plus éminent des
chefs du parti, le député Turati, s'est
écrié dernièrement, en combattant la
proposition d'organiser la grève géné-
rale pour empêcher la mobilisation de
l'armée italienne « Mais qu'avons-nous
donc reçu de l'empereur d'Autriche pour
nous mettre ainsi à son service ? n
Des personnes à même d'être très bien
informées affirment que M. de Bülow,
depuis son arrivée ici, a touché en ban-
que trois millions. S'il en est ainsi, on
peut d'ailleurs ajouter qu'il n'en a pas eu
pour son argent, la propagande des jour-
naux qui ont accepté de se mettre au ser-
vice de l'Allemagne et de l'Autriche est
.d'une rare maladresse et de nul effet.
.1 Vaine dépense
J'en ai eu la preuve à Bucarest. J'ai
naturellement été, dès mon arrivée,
honoré de leurs dénonciations et de leurs
attaques. Ils demandaient tout simple-
ment mon expulsion, ajoutant d'ailleurs
que j'avais déjà été chassé d'Italie et
invité à ne séjourner que douze heures à
Sofia, sauf le lendemain à dire aux Rou-.
mains que j'étais leur ennemi puisque
j'avais toujours été l'ami des Bulgares,
et puisque j'avais pris la défense de la
Bulgarie, vaincue et dépouillée par la
Paix de Bucarest. Cela tombait d'ailleurs
assez mal beaucoup de Roumains m'ont
j dit qu'au fond ils commençaient à être
de mon avis, et que la Paix de Bucarest
n'avait pas été pour eux une brillante
affaire et qu'ils avaient peut-être lâché
la proie pour l'ombre
Je dois ajouter, d'ailleurs, que la
grosse dépense faite par l'Allemagne à
Bucarest n'a abouti qu'à lui acquérir des
journaux sans crédit ni lecteurs. Des
journalistes à qui l'on offrait mille francs
pour faire passer dans leur journal un
article, rédigé d'avance à la légation,
sont allés porter à la préfecture de po-
lice l'argent et l'article. La légation d'Al-
lemagne s'est même fait prendre en fla-
grant délit de tentative de corruption
d'un homme politique, M. Ileva, ancien
ministre de Roumanie à Rome, qui a ra-
conté, dans tous les journaux, la démar-
che dont il avait été l'objet.
En Bulgarie
En Bulgarie, par contre, le terrain
était plus favorable, non pour la corrup-
tion (le Bulgare est très honnête), mais
pour l'empoisonnement de l'esprit pu-
blic par une savante campagne de men-
songe et de déformation des faits.
Les journaux français et anglais n'ar-
rivent plus en Bulgarie qu'avec des re-
tards énormes et, d'ailleurs, la presse
française est lue avec une extrênffc mé-
1 fiance par les Bulgares, qui lui repro-
chent d'avoir épousé contre eux tou-
tes les querelles de leurs adversaires
balkaniques. Les Allemands en ont
largement profité, et j'ai eu le re-
gret de constater que la plupart des
journaux bulgares, a part naturellement
les russophiles, avaient l'air d'être faits
de démarquages de la Neue Freie Presse
et du Btrliner Tageblatt et que leurs arti-
cles étaient visiblement écrits par des
gens qui ne savaient' et ne voulaient
savoir de la guerre que les renseigne-
ments d'une partialité grotesque qui
sont depuis six mois le seul aliment in-
tellectuel des sujets de Guillaume II et
de François-Joseph. J'ai même lu et
entendu sur la neutralité belge des cho-
ses qui, venant des Bulgares, m'ont affli-
gé. Par contre, ce m'est un devoir de
dire que les sympathies bulgares pour
les Belges se sont affirmées de la façon
la plus touchante par le succès des sous-
criptions et des fêtes organisées en fa-
veur des victimes de la barbarie et de la
perfidie allemandes. Les municipalités de
Sofia et de Roustchouk y ont même par-
ticipé officiellement et, quant à moi, j'ai
reçu du gouvernement bulgare, en reve-
nant comme exilé dans le pays, dont
j'avais été l'hôte choyé quand j'y étais
venu comme avocat du gouvernement,
avec mon excellent confrère et ami,
Me Aguillon, du barreau de Paris, plus
d'attentions encore et^ de marques de
sympathie. Et si j'ai ^pu franchir les
Rhodopes, malgré la neige et les boues
gluantes de Thrace, je le dois à l'aide
bienveillante du gouvernement bulgare
et de son représentant. le préfet de
Gumuldjina. Comme j'allais en Rouma-
nie uniquement pour y plaider la cause
de mon pays, c'est donc au nom de celui-
ci que je me fais un devoir de remercier
ici M. Radoslavof de m'en'avoir si aima-
blement fourni le moyen.
Georges LORAND,
député à la Chambre
des représentants de Belgique.
M. Chevilloa, député des Bonclies-4n-BliAn
A ÉTÉ TUÉ A L'ENNEMI
M. Frédé.ric Chevillon, député des Bou-
ches-du-RhOne, lieutenant au régiment
d'infanterie, vient de trouver une mort
glorieuse sur le champ de bataille de
ï'Argoane.
M. Chevillon était parti comme simple
soldat il avait conquis au feu les galons de
caporal, de sergent et de sous-lieutenant. Il
M. Frédéric Chevillon
avait été cité à l'ordre du jour de l'armée
pour sa bravoure dans les combats et pro-
posé pour la croix de la Légion d'honneur.
Elu pour la première fois, le 21 juillet 1912%
dans la 4° circonscription de Marseille,
M. Chevillon s'était fait rapidement une
place à la Chambre, dont il était l'un des
secrétaires. Sa mort porte à cinq le nombre
des parlementaires tués au feu.
M. Frédéric Chevillon était le fils du dé-
puté de Marseille, qui céda son siège à M.
Brisson quand celui-ci eut été battu dans le
dixième arrondissement. Il fut attaché au ca-
binet de M. Pelletan, à la lfarine, et était
ancien secrétaire du comité exécutif du
parti radical.
COMMUNIQUES OFFICIELS
3 HEURES.
Rien d'important à ajouter 4u communiqué du 21 février au soir.
Entre Argonne et Meuse, à la lisière du bois de Cheppy, nous avons
enlevé une tranchée ennemie et élargi nos positions.
Aux Eparges, nous avons, sur un point, gagné du terrain et légère-
ment reculé sur un autre.
Des combats d'infanterie où l'ennemi a engagé trois régiments se
sont poursuivis en Alsace sur les deux rives de la Fecht. Nos avant-
postes se sont repliés sur notre ligne de résistance que nous occupons
fortement. L'ennemi a attaqué en formations denses et profondes qui lui
ont occasionné de lourdes pertes.
Un zeppelin a bombardé Calais ce matin. Il a lancé dix projectiles,
tué cinq personnes appartenant à la population civile et causé quelques
dégâts matériels sans importance.
Nos batteries ont démoli une pièce lourde établie près de Lombaertzyde.
Entre la Lys et l'Aisne, tirs efficaces de notre artillerie sur des ras-
semblements et des convois qui ont été dispersés.
L'ennemi a bombardé Reims violemment dans la nuit du 21 au 22 et
dans la journée du 22. Ce bombardement a fait d'assez nombreuses vic-
times auxquelles les Allemands ont ainsi fait payer leurs échecs de ces
derniers jours.
Sur le front Souain-Beauséjour, nous avons réalisé de nouveaux pro-
grès, enlevé une ligne de tranchées et deux bois, repoussé complètement
deux contre-attaques particulièrement violentes, fait des prisonniers nom-
breux et infligé à l'ennemi des pertes élevées.
En Argonne, notre artillerie et notre infanterie ont pris l'avantage,
notamment près de Fontaine-aux-Charmes et de Marie-Thérèse, ainsi
qu'au bois Bolante.
Entre Argonne et Meuse, nos progrès des deux derniers jours au bois
de Cheppy ont été élargis et consolidés.
Aux Eparges, nous avons, par de nouvelles attaques, continué à
gagner du terrain. Nous tenons maintenant la presque totalité des positions
ennemies Combres (sud-est des Eparges) est ainsi sous notre feu.
Au bois Bouchot (sud des Eparges), une attaque allemande a été
repoussée.
Au bois Brulé (forêt d'Apremont), nous avons enlevé une tranchée.
En Alsace, nous avons occupé la plus grande partie du village de
Stosswihr, dont nous ne tenions hier que les lisières.
Le rôle des Russes
On lira, d'autre part, le communiqué
russe qui expose la situation en Prusse
orientale. Elle est bien telle que je l'avais
indiquée précédemment.
Les Russes, on peut s'en assurer, n'ont
été ni battus, ni enveloppés, malgré que
leur encerclement fût le but avéré de la
manœuvre allemande. Ils se sont retirés
à temps, contenant toujours l'adver-
saire et l'obligeant à arrêter son mouve-
ment tournant.
Nous nous doutions un peu de
l'aventure que l'état-major russe avoue
maintenant avec son habituelle sincé-
rité. Si fâcheuse qu'elle soit, elle ne sem-
ble pas diminuer très sensiblement la
force de résistance que nos alliés oppo-
sent à l'offensive furibonde de l'ennemi.
En somme, leur 10° armée, un peu di-
minuée, il est vrai, a pu gagner les po-
sitions défensives qui lui étaient assi-
gnées, et sur lesquelles, maintenant, elle
fait tête. Sa retraite a été extrêmement
pénible, en raison de l'amoncellement
des neiges qui obstruaient les routes,
empêchaient la circulation des automo-
biles et arrêtaient les trains. Mais enfin
elle s'est achevée, et les troupes ont pu
se ranger en bataille le long de la Narew.
Il faudra donc qu'avant d'atteindre Var-
sovie, objet de si ardentes convoitises,
les Allemands leur passent sur le corps.
Or, ils avaient surtout cherché à se dis-
penser de cette obligation, qui ne peut
être que très coûteuse pour eux, si tant
iest qu'elle ne tourne pas à leur confu-
sion.
Dans les Carpathes, la situation est
plus embrouillée. Il s'y livre des com-
bats opiniâtres et sanglants pour la pos-
session d'un piton ou d'un passage, cha-
cun des deux adversaires voulant s'assu-
rer la maîtrise des débouchés donnant
sur le versant opposé. Jusqu'ici les po-
sitions russes semblent inexpugnables.
Cependant, on annonce l'occupation de
Stanislavoff (ou Stanislau), ville située
à soixante-dix kilomètres au sud-est de
Stryj, et qui menacerait à revers le col
de Wyczow. Je le répète il est absolu-
ment impossible, en l'état actuel des
choses, de se rendre un compte exact de
ce qui se passe sur ce théâtre d'opéra-
tions inextricables. Mais les combats qui
s'y livrent sont trop violents pour que
leur solution se fasse attendre bien long-
temps.
Aussi bien, puisque l'occasion s'en
présente, n'est-il pas hors de propos de
préciser le rôle imparti aux armées rus-
ses. On s'est servi, pour l'indiquer par
avance, d'un mot qui assurément fait
image, mais s'applique à quelque chose
d'inexact. On a parlé du « rouleau com-
presseur sans suffisamment se rendre
compte que paur obtenir des effets
d'écrasement, il faut des facteurs essen-
tiels la masse et l'impulsion. Or, si nos
alliés ont bien réellement la masse, celle-
ci ne peut apparaître dans sa plénitude
qu'après une concentration très lente. Et
quant à l'impulsion, elle est fréquem-
ment interrompue par l'immensité des
espaces à parcourir sans moyens tou-
jours suffisants.
Comme le dit très véridiquement le
dernier communiqué de Petrograd, c'est
le manque de voies ferrées qui vient de
rendre obligatoire l'abandon de la
Prusse orientale. Si l'on avait eu des
chemins de fer autant que les Alle-
mands, on aurait riposté'à leur afflux de
troupes par un afflux plus considérable
encore, et on les eût probablement bous-
culés. Ce n'est pas là, au surplus, le pre-
mier exemple d'un recul imposé par la
pénurie des moyens de communications
rapides, c'est-à-dire de voies transver-
sales reliant entre elles les quelques
grandes lignes qui traversent l'empire
des tsars.
Or, ces voies transversales, on ne peut
pas les créer maintenant et il faut se rési-
gner à suppléer par des retraites oppor-'
tunes aux infériorités numériques lo-
cales qui résultent de l'extrême vélocité
des mouvements allemands. De là ce jeu
de va-et-vient qui nous étonne un peu et
parfois nous inquiète. Il est la consé-
quence logique d'un état de choses qu'il
n'est donné à personne de changer.
Ce que nous attendons de nos amis et
alliés, c'est qu'ils ne rendent jamais la
liberté à leur adversaire, qu'ils le har-
ponnent, qu'ils l'épuisent, qu'ils l'écra-
sent, non pas en bloc, mais cn détail.
Jusqu'ici, ils ont rempli au mieux cette
mission essentielle. Et tout permet de
croire qu'ils la continueront jusqu'au
bout.
Lieutenant-colonel ROUSSET.
ROSA LUXEMBOURG ARRÊTÉE
La Haye, 22 février.
Le Vorwaerts annonce l'arrestation de
Rosa Luxembourg, la conférencière et publi-
ciste socialiste. Cette arrestation aurait été
causée par un discours prononcé dans une
réunion publique.
La propagande interventionniste
se développe an Italie
IDe natre correspondant particulier)
Milan, 22 février.
Le mouvement de propagande pour l'in-
tervention de l'Italie dans le conflit européen
acquiert de jour en jour plus d'intensité. Le
député de Trente, Battisti le publiciste triee-
tin Tamaro et l'ancien maire de Fiume, Bac-
cich, continuent avec une inlassable acti-
vité leurs tournées de conférences, visitant
les grandes et les petites villes et jusqu'aux
bourgades, soulevant partout l'enthousiasme,
nonobstant l'opposition des socialistes.
L'association Trento-et-Trieste Il a orga-
nisé pour ce soir trois meetings à Milan et le
Comité lombard de préparation civile à la
guerre a lancé un manifeste, signé d'une
centaine de personnalités lombardes, invo-
quant la solidarité nationale pour atteindre
l'idéal de la patrie plus belle, plus forte et
plus grande. Le comité commencera ven-
dredi une tournée de conférences explica.
tives. Les premières seront données dans
six différents quartiers de Milan.
Le journal Popolq d'Italia, organe ardent
de propagande nationale, annonce que les
groupements interventionnistes récemment
constitués atteignent le nombre de cent cinq,
avec des milliers d'inscrits. La Bourse du
travail de Parme, qui compte quinze mille
associés, a adhéré à ce mouvement.
Un vapeur américain
coulé par une mine
Londres, 22 février,.
Le Lokal Anzeiger apprend de Bréme 7ue
le vapeur américain Evelyn, allant de New-
York à Bréme, avec une cargaison de coton,
a heurté une mine, vendredi dernier, au
nord de l'tle Borkum et a coulé,
L'équipage a été sauvé par un vapeur
allemand.
LES ÉTATS-UNIS DÊMÂNDEHT DES DÉTAILS
Washington, 22 février.
Le département de l'Etat a reçu confirma-
tion par le consul de Bréme de la perte du
vapeur Evelyn.
ilf. Bryan a prié Maf. Page et Gérard, an1-
bassadeurs d'Amérique à Londres et à Ber-
lin, de lui enuoyer des détails.
Un zeppelin
a survolé Calais
Calais, février.
Un dirigeable allemand, arrivé par la mer,
a survolé Calais ''ers 4 h. 10 du matin, pa-
raissant se diriger vers l'Est. IL a lancé des
prutectites qui ont légèrement détérioré les
voies ferrées de Saint-Omer, Hazebrouck et
Dunkerque, dans le voisinage de la gare des
Fontinelles.
Dès neuf heures du matin, Les dégâts
étaient réparés.
Le zeppelin a ansvite contourné le phare,
q2ii était éteint. Il a tenté de lancer plusieurs
sur la partie dit port réservée
sous-marins, mais sans atteindre son but.
Le dirigeable, accueilli par une vive fusil-
lade et le jeu des mitrailteuses, s'est enfui
du côté des dunes.
Trois bombes incendiaires sont tombées
sans occasionner de dégdts deua engins
ont détérioré les immeubles portant tes nu-
méros 8 et 10 de la rue Dognien, près de La
gare des Fontinelles et occupé par les tamil-
les Blondel et Gressier ils ont fait cinq vic-
times. La popntation n'a manifesté aucune
panique.
Taube dans l'Est
Nancy, 22 février.
Un avion allemand qui, venant du nord,
se dirigeait vers Nancy, a été salué par
quelques coups de canon. On croit qu'il a
été touché, à en juger par le vol pénible
qu'il a effectué pour regagner les lignes
allemandes.
Nos canons ont également éloigné des
environs de Toul un autre visiteur aérien:
Un aviateur allemand a survolé Pont-
à-Mousson, jetant quatre bombes. Ces en-
gins n'ont causé aucun dommage ni blessé
personne.
Par contre, des obus tirés par l'artillerie
allemande ont causé, sur différents points
de la ville, des dégâts assez sérieux, mais
sans faire de victimes.
Un avion allemand
au-dessus de l'Angleterre
(De notre correspondant particulier)
Londres, 22 février.
Le comté d'Essex a reçu la nuit dernière,
la visite d'un appareil aérien que personne
n'a vu, mais que l'on croit être un aéroplane.
Il était 20 h. 40 quand on entendit nette-
ment au-dessus de Colchester le bruit d'un
moteur d'aéroplane. Peu après, une explo-
sion retentit une bombe était tombée dans
un jardin attenant à une petite maison si-
tuée dans Butt-Road et occupée par un sous-
officier du 2o° hussards et sa famille, la-
quelle était en train de dîner. Des balles de
shrapnell pénétrèrent dans les pièces du
rez-de-chaussée, endommageant fortement
le mobilier et brisant tous les carreaux, mais
personne ne fut blessé. Au premier, un bébé
de deux ans fut retrouvé sain et sauf, encore
endormi, quoique une partie du toit de la
chambre eut été défoncée.
A peu près la même heur?, deux bombes
étaient lancées sur Braintree, à environ
25 kilomètres de Colchester. Les engins tom-
bèrent dans les champs, sans exploser. On
croit qu'il s'agissait de bombes incendiaires.
HUIt CLASSES ROUMAINES MOBILISÉES
Londres, 22 février.
D'après les télégrammes de Bucarest, l'or-
dre de mobilisation de huit classes de ré-
serve aurait été publié en Roumanie.
Vingt-cinq jours en Allemagne
En haut les boutons d'uniforme achetés pa.r M. de Smit
à des soldats autrichiens, à Oswiecim.
En bas le Dreikaiserreichsecke (littéralement coin des trois empires, près de Myslowitz).
Les deux branches de la Przemsza. affluent de la Vislule, y forment, en effet, la frontière
entre la Russie, l'Autriche et l'Allemagne.
A la fin de mon dernier récit j'étais resté
face à face avec la Berlinoise exaltée qui
avait dénoncé un soi-disant espion russe et
qui m'avait suspecté d'être un « maudit
Anglais ». A Brieg, elle eut la satisfaction
de voir les gardiens du Russe le remettre
avec force recommandations aux soldats du
landsturm en faction dans la gare, comme
il y en a à toutes les stations.
L'arrêt suivant est Beuthen. Un vjoya-
geur, à qui j'ai fait connaître le nom de la
personne que je dois voir dans cette ville,
me dissuade d'y descendre en m'apprenant
que mon client, qu'il connaît, se trouve à ce
moment incorporé en Russe à l'armée d'Hin-
denbourg.
Ma denonciatrice au contraire, tout miel,
depuis que j'ai pu prouver que je n'étais oas
Anglais, insiste afin que je m'arrête avec
elle à Beuthen pour visiter non pas la ville,
mais les tranchées vides qui sont aux envi-
rons. Cette folle est venue tout exprès de
Berlin environ huit heures de voyage
pour voir des tranchées qui n'ont jamais
servi. La conversation roule ensuite sur las
Autrichiens, fort mal vm en Silésie. Elle-
même ne les aime guère.
LA BULGARIE REFUSE
le passage à l'armée turque
Nous sommes en mesure de publier
une nouvelle qui emprunte, aux circons-
tances présentes, un réel intérêt.
Vers le milieu de la semaine dernière,
alors que la tension s'accentuait entre la
Turquie et la Grèce, et que le ministre
hellène à Constantinople avait aban-
donné son poste, le ministre ottoman à
Sofia posa cette question au gouverne-
ment bulgare ̃ La Bulgarie, en cas de
guerre turco-grecque, permettra t elle
aux troupes turques de traverser son ter-
ritoire pour atteindre la Grèce M. Ra-
doslavof répondit que le passage ne se-
rait pas plus ouvert aux Turcs qu'aux
Hellènes et qu'il entendait garder une
neutralité absolue.
Nous pouvons encore ajouter cette in-
formation les puissances de la Triple
Entente ont acquis l'impression que la
Bulgarie n'avait pris aucun engagement
d'ordre politique vs-à-vis des empires
centraux en sollicitant le versement
d'une tranche de son emprunt. L'Alle-
magne et l'Autriche, qui étaient fort in.
quiètes de l'attitude du cabinet de Sofia,
il y a un mois, et qui appréhendaient
un accord définitif entre ce cabinet et.
ceux de Nisch et de Bucarest, se seraient
empressées de déférer à son désir sans
poser de conditions diplomatiques.
Vers Constantinople
fl*^ L'opération que l'escadre franco-an-
Tf glaise vient de commencer à l'entrée
des Dardanelles est une entreprise de grande
envergure et de longue portée. Pour croire
qa'elle se terminerait en quelques jours, il
faudrait tout ignorer des difficultés qu'elle
suppose le détroit qui réunit la mer Egée
à la mer de Marmara a 33 nulles de Ions.
soit plus de 60 kilomètres il est défend':
non seulement par les forts de la tôte d'Eu-
rope et de la côte d'Asie, mais aussi par dos
mines immergées en grand nombre.
Le public ne doit donc pas s'impatientez
si le résultat n'intervient pas tout de suid1
Ce résultat n'est pas le forcement du pas-
sage. C'est Constantinople qui est visée. Par
quels moyens militaires et maritimes abou-
tira-t-on. ? Il ne nous appartient pas de le.
dire.
Mais, dès à présent, la signification
diplomatique de l'entreprise apparat clai-
rement. Elle constitue plus qu'une diver-
sion puissante sur le flanc de la Triple
Alliance Allemagne-Autriche-Turquie. Elle
doit, d'une part, mettre l'empire ottoman
hors de combat, soit que son incapacité
défensive s'affirme sans ambages, soit, -que
le parti germanophile soit renversé à Cons-
tantinople elle doit, de l'autre, faire impres-'
sion sur les Balkaniques qui demeurent
hésitants encore entre les deux combinai-
sons européennes, ou qui n'attendent que
l'heure de se manifester en faveur de la
Triple Entente. Elle ne menace pas seule-
ment la Porte eüe sera l'un des éléments
de la solution finale de la crise, en même
temps qu'elle prépare le règlement d'un des
problèmes les plus graves des temps mo-
dernes le problème de Constantinople et
des Détroits.
Ces mangeurs de goulasch et paprika,
dit-elle, avec leurs officiers qui se baladent
toute la journée avec une canne dans le.
rues, ont été accueillis chez nous dans les
premières semaines d'août avec un enthou-
siasme indescriptible, mais à présent noue
en avons assez. D'abord parce que nous
sommes obligés de venir à leur secours
tout instant sans nous, les Russes seraient
depuis longtemps a Budapest et à Vienne.
Si je la comprends bien, non seulement la
bourgeoisie a par-dessus la tête des Autri-
chiens, mais le peuple encore davantage.
J'hésite un peu à en donner la raison. Dès la
mobilisation les soldats silésiens ont été en.
voyés en France et en Prusse orientale, et
pour parer à une attaque éventuelle des
Russes en Silésie, on a fait venir des trou-
pes austro-hongroises. Mais la- population
féminine a fait un accueil si chaleureux à
ces vaillants guerriers qu'ils n'ont guère eu
le temps de s'occuper de leur métier militai-
re, et il en est résulté quelque dommage.
Noua voilà à Beuthen. La dame berlinoise
prend congé de moi en me disait
Dieu punira les Anglais, j'en suis cer-
taine.
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