Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-R-10425
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 30/11/2010
35* Année. Samedi 27 OCTOBRE 1923 N* 2
TOUSSAINT
La mort est chose bien différente suivant qu'on la regarde par son côté terrestre ou par celui de l'autre vie.
Du côté terrestre, rien n'est plus attristant. Qu'est-ce qu'un mort et combien de temps les vivants mettent-ils à l'oublier, à le laisser tomber dans le sein de cette multitude innombrable, sans nom, sans histoire, que nous foulons aux pieds dans la terre où elle achève de s'anéantir, sans penser qu'elle est là, sans que d'ailleurs, le voulus- sions-nous, nous puissions dans l'argile informe reconnaître sa trace? La plus grande masse des morts est pour ceux qui vivent un pur néant. Ce qui constituait pour chacun d'eux sa personne, le propre de son caractère, le charme singulier de ses pensées et de ses senti- ments, l'élan de sa volonté, l'accent de sa parole, l'expression de son regard, tout cela est détruit, perdu ; plus personne ne le retrouve- rait; cVt le silence, c'est la nuit. Un mur infranchissable, plus dur que i'airain, nous sépare de ces morts, nous empêche d'appro- cher d'eux, de saisir leur corps ou leur âme, de penser même d'eux quoi que ce soit.
Mais il n'en est pas ainsi dans l'autre momie, qui n'existe pas encore pour nous, mais-qui est l'objet de nos espérances. Si du moins nous parlons des âmes fidèles qui ont mérité la récompense,
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