Titre : Le Petit Parisien : journal quotidien du soir
Éditeur : Le Petit Parisien (Paris)
Date d'édition : 1913-10-03
Contributeur : Roujon, Jacques (1884-1971). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 03 octobre 1913 03 octobre 1913
Description : 1913/10/03 (Numéro 13488). 1913/10/03 (Numéro 13488).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol-Lc2-3850
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 30/06/2008
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ÉDITION DE PARUT
LE RAISIN DE PARIS
On a vendangé ces jours-ci, à
Paris. Ne vous étonnez pas. Ce n'est
point une coquille. Il reste encore des
vignes à Paris et ces vignes portent des
raisins et ces raisins produisent du vin.
D'ailleurs, la culture du vignoble fut
jadis une des industries parisiennes les
plus appréciées. Cela ne dura guère,
évidemment. Mais, en cherchant bien,
on en retrouve la trace, et cette re-
cherche est amusante.
Donc, prenez, sur les indications pré-
cises de M. Camille Audigier, qui s est
fait le conservateur des vignes de Paris,
le chemin de la Butte aux Cailles, dans
le treizième arrondissement. Enfilez la
rue Barrault et poussez jusqu'au n° 45
vous trouverez une vigne en face de
vous.
Pas une vigne pour rire, puisqu elle
compte 400 ceps et qu'elle est chargée
de grappes. Ce vignoble, il est vrai,
n'est pas un vestige du passé. Il est mo-
derne et n'a pas dix ans d'âge.
Le terrain où il a été planté apparte-
nait à un ingénieur agronome, qui avait
installé en plein Paris une ferme mo-
dèle, avec du bétail, des légumes et des
vignes. Après sa mort, on sauva le vi-
gnoble, qui se porte le mieux du
monde.
Que durera-t-il? Je n'oserais le ga-
rantir. En tout cas, il existe et prouve
qu'on peut replanter à Paris.
A côté de cette jeune vigne vigou-
reuse, il y a de vieux ceps courageux
qui n'ont pas voulu reculer devant l'in-
vasion de la pierre. A les quérir, nous
nous promènerons aux quatre bouts de
la ville. Mais nous nous arrêterons
d'abord rue Barrault, où nous sommes,
pour admirer la treille du n° 15.
Il v a aussi la treille du Luxembourg,
la treille de Plaisance, la treille de
l'avenue d'Orléans et enfin, tout près
de la Bastille, le long du canal Saint-
Martin, la vigne sur fil de fer, que
l'éclusier protège jalousement contre les
trous variés qui parsèment notre sous-
sol.
J'ai gardé pour la bonne bouche la
vigne de l'Institut, ainsi nommée parce
qu'elle pousse dans la cour obscure du
bureau des longitudes, plus resplendis-
sant de science que de soleil.
Et c'est tout? Mon Dieu oui En cher-
chant bien, vous découvrirez du raisin
à Montmartre, dans la rue Damrémont,
et place du Calvaire, chez le peintre
Neumont. Il y en a aussi, paraîtril, à
Bagnolet. Ailleurs, il n'y a que des sou-
venirs.
Ces souvenirs, il est vrai, sont nom-
breux. Voici, par exemple, le quartier
de la Goutte-d'Or. D'où lui vient son
.nom ? Du fait que, chaque année, les
vignerons de Montmartre envoyaient à
Henri IV une pièce de vin du cru ainsi
nommé.
A Passy, vous trouvez une rue des
Vignes, qui ne s'est pas appelée ainsi
par hasard. Joignez-y la rue du Pres-
soir, le passage de la Treille, la rue des
Vinaigriers c'est plus qu'il n'en faut
pour prouver qu'on a fait du vin à
Paris. Quelle fut la destinée du vignoble
parisien ? il.
Il paraît qu'au temps de Philippe-
Auguste ce vignoble avait belle allure.
Le plus célèbre de ses clos était celui
des Mureaux, du côté de l'église Notre-
Dame-des-Champs. Il y avait aussi le
clos Sainte-Geneviève, rattaché à l'Uni-
versité, et le clos aux Bourgeois, à l'en-
trée du faubourg Saint-Michel.
Certains de ces clos furent âprement
disputés entre voisins hostiles, par
exemple le clos du Pré-aux-Clercs, pro-
priété, lui aussi, de l'Université, mais
contigu à l'abbaye de Saint-Germain-
des-Prés. C'est ainsi que le 4 juillet 1548
les écoliers, croyant avoir à se plaindre
de leurs voisins, envahirent les vignes
de l'abbaye, arrachèrent les ceps et en
firent le soir un feu de joie sur la place
de l'Eglise-Sainte-Geneviève.
Au commencement du seizième siè-
cle, la culture de la vigne s'était éten-
due. Jusqu'alors, elle s'était maintenue
sur les coteaux proches de Paris. A cette
époque, elle envahit la plaine de Gre-
nelle et vint baigner ses pieds dans les
eaux calmes de la Seine. Sur tout ter-
rain vague, on plantait de la vigne.
Cela ne veut pas dire, d'ailleurs,
qu'on la cultivât bien. Bien des fois,
dans les vieux registres, on trouve les
plaintes des « maîtres de la corporation
des vignerons », implorant la protec-
tion royale contre les « fautes et mal
façons De cette négligence résulta
sans doute le curieux discrédit où la
vigne parisienne tomba aux siècles sui-
vants.
Au dix-huitième siècle, la vigne est
mal portée. On dit bien que la ville de
Paris produit chaque année 760 muids
de vin. Mais chacun se demande d'où
ils viennent.
Sans doute il y a le petit bleu
d'Argenteuil et le piccolo de Suresnes.
Mais ce sont là des produits secon-
daires, et d'ailleurs, y a-t-il du vin de
Suresnes? Un historien de Loir-et-Cher
a déboulonné la gloire de ce cru.
On nous a appris jadis qu'Henri IV
adorait le vin de Suresnes. Mais il pa-
raît qu'il y a Suresnes et Suresnes,
comme il y a fagot et fagot. Et il paraît
aussi que le Suresnes d'Henri IV qui,
d'ailleurs, s'écrivait Suren, était le
nom, non pas d'un village des environs
de Paris, mais d'un raisin du Vendô-
mois, que le Béarnais affectionnait.
Les courtisans suivirent son exemple
et un astucieux marchand en profita, en
dépit de la délimitation, qu'on n'avait
pas encore inventée.
Et voici comment le cru le plus fa-
meux du vignoble parisien n'est peut-
être qu'un usurpateur de titres.
ATTENTAT RUE BACHELET,;
A coups de revolver, iiri àpache
blesse, chez eux, deux hôteliers
Arrêté et conduit au commis-
sariat, il s'enfuit et tire sur la
foute, mais sans atteindre heu-
reusement personne.
Repris, il est envoyé au dépôt.
Rue Bachelet, 1 bis, sur le versant nord
de la butte Montmartre, se trouve un hôtel
meublé de modeste apparence tenu par les
frères Têtard. Germain, Auguste et Albert,
tous trois célibataires.
Originaires de la Souterraine, dans le dé-
partement de la Creuse, MM. Têtard exploi-
tent leur fonds depuis assez longtemps et ne
comptent qu-e des amis. Leurs clients ne ta-
rissent pas d'éloges sur eux et dans leur
maison il ne s'etait jamais rien passé jus-
qu'à hier.
i'uui-uint leur clientèle ne compte pas seu-
lement d'honnêtes ouvriers. Il s'y mêle par-
fois de. louches individu, vivant en compa-
gnie de femmes galantes de la plus basse
catégorie. Mais les frères Têtard avaient de
la poigne. Il n'eût pas fallu s'aviser de faire
du scandale chez eux.
Ce souci de tranquillité est la cause initia-
le de la scène tragique que nous allons ra-
conter.
Attaquée chez oax
Il était environ deux heures et demie de
l'après-midi quand un jeune homme blond,
à la mine inquiétante de rôdeur, pénétra
dans l'hôtel et demanda à voir un nouveau
locataire. Son attitude fut si menaçante que
les patrons soupçonnèrent quelque règle-
ment de compte difficile qui pouvait mal
Ils répondirent au quidam que le règle-
ment de la maison interdisait de recevoir des
visiteurs étrangers. Cette réponse fut fort
mal accueillie.
Une violente .discussion ne tarda pas à
éclater. Au bruit, le « camarade n demandé
par l'inconnu descendit de sa chambre. Mais
cela ne suffit pas à l'apache. Il insulta gros-
sièrement MM. Tétard et les accabla de me-
naces.
A bout de patience, les hôteliers voulu-
rent expulser leur brutal interlocuteur. Ce-
lui-ci sortit alors son revolver, un browning,
de fort calibre, et à bout portant fit feu deux
fois.
M. Auguste Tétard fut atteint à l'œil droit
et son frère Germain à la jambe droite. Ils
tombèrent en poussant des cris déchirants.
A la faveur de l'émoi général, l'agresseur
et son camarade prirent la fuite.
Tandis que l'on relevait les blessés pour
les transporter il l'hôpital Lariboisière, les
passants et les voisins, qui s'étaient amas-
sés, criaient l'assassin! Arrêtez-le !»
Les deux fuyards détalaient à toutes jambes.
A ce moment, MM. Dequet, inspecteur du
commissariat du Faubourg- Montmartre
Holzer et Curie, inspecteurs au septième dis-
trict, qui finissaient de déjeuner dans un res-
taurant voisin, 15, rue Lambert, accouru-
Its s'élancèrent sur les t.races des deux
fugitifs et rejoignirent l'auteur de la tenta-
tive de meurtre.
M. Dequet le saisit à bras-le-corps. L'hom-
me opposa une résistance acharnée. Tous
deux roulèrent à terre et l'inspecteur se bles-
sa légèrement dans sa chute.
Enfin, le bandit fut mattrisé et amené au
commissariat de Clignancourl, chez NI. Le-
fils.
Interrogé par M. Lefresne, secrétaire, il
déclara se nommer Louis Berthier, être âgé
de vingt et un ans et demeurer 66, rue de la
Villette, à Saint-Denis (Seine).
Il ajouta que l'ami qu'il était allé voir et
qui avait. réussi à d'échapper s'appelait An-
dré Robineau, âgé de vingt ans, représen-
tant de commerce.
En ce qui concernait le drame, le meur-
trier affirma avoir agi sans préméditation,
et dans un moment de colère folle. Il ne ma-
nifesta, d'ailleurs, aucun regret de son acte.
M. Lefresne décida de l'envoyer au dépôt
et, en attendant le passage du panier à sa-
lade », le fit garder à vue par un gardien de
la paix. Puis, continuant son enquéte, il dé-
couvrait que l'inculpé avait donné un faux
état civil.
En réalité, il se nommait Paul Grochard,
âgé de dix-huit ans, était originaire d'Epi-
nay-sur-Seine, exerçait l'état de plom-
bicr et demeurait 23, rue Nationale, à Eau-
bunne (Seine-et-Oise).
Tentative de fuite du prlmomnlmf
Un peu plus tard. Crochard, tout penaud
d'avoir été démasqué, demandait à aller aux
water-closets. On le lui permit et il s'y ren-
dit, suivit de l'agent. Pour accéder au buen
retiro, il suivit un couloir et passa, ainsi,
devant la chambre de M. Sustandal, gar-
dien de bureau attaché au commissariat. La
porte était entre-baillée et la fenêtre, au pre-
mier étage, sur la rue Lambert, grande ou-
verte.
D'un bond, Crochard fut dans la chambre.
li ferma la porte derrière lui et escalada la
barre d'appui. Au risque de se rompre les
oa, il se laissa tomber sur le trottoir. Il était
libre!
Justement, Ni. Sustandal revenait à ce
moment d'une tournée dans les hôtels du
quartier et portait sous son bras une quan-
tité de registres faire examiner et viser
par le commissaire.
Voyant un individu sortir de chez lui par
ia fenêtre, il crut à un cambriolage-
,NI. Sustandal posa ses registres à terre et.
se prépara à barrer le passage au fugitif.
'Ancien sons-officier d'infanterie de- marine,
haut de deux mètres, d'une force athlétique,
il n'eût pas été embarrassé pour réduire à
l'impuissance le misérable.
Malheureusement, il glissa sur le pavé gras
et tomba tout de son long. Crochard put pas-
ser. Il suivit quelques instants la rue Cus
tine, la traversa et, toujours courant, s'en-
gagea, à sa droite, dans la rue Lécuyer. Il
avait à la main son revolver et tenait en
respect les passants terrifiés.
Pour reprendre haleine, il tenta de se ré-'
i fugier dans une boutique de blanchisseuse,
au 11 de la rue Lécuyer, mais la patronne.
mise en émoi par les cris de la foule, lui fer-
ma la porte au visage.
Alors il s'engouffra dans le vestibule de
l'immeuble.
La meute humaine lancée sur sa piste se
rua quelques instants pins tard dans la mai-
son. Il était trop. tard. L'homme avait dis-
paru.
Les agents fouillèrent la maison de fond en
comble. On visita la cave, les cours, les
.moindres recoins, sans succès.
Finalement, on arriva au cinquième éta-
ge. La porte des water-closets s'ouvrit brus-
quement. Crochard se montra, toujours re-
volver au poing et fit feu des quatre balles
qui lui restaient. Les projectiles n'atteigni-
rent personne. Il n'y cul.' que des vitres qui
volèrent en éclats.
Les agents se précipitèrent sur le forcené
et le mirent hors d'état de nuire.
L'apaohm mm f traité par la foula
Au dehors, la foule grondait. Quand le bun-
dit franchit le seuil de la maisnn, des cris
̃ «A mort A mort 1;> cela tèrenl.C'ts ta grand',
peine que les gardiens de la paix et les ins-
pecteurs de la sûreté, purent empêcher un
Dans le trajet de la rue Lécuyer au com-
missariat, les coups de poing et de pied
tombèrent dru comme grêle sur Crochard,
qui arriva le visage en sang.
Cette fois, il fut étroitement surveillé par
deux agents qui ne perdaient pas de vue
ses mouvements.
Dans la soirée, il a été écroué au dépôt.
Admis à l'hôpital Lariboisière, salle Am-
broise Paré, MM. Auguste et Germain Té-
tard sont dans un état des plus graves.
M. Auguste Tétard a une balle dans la
tête et on conserve peu d'espoir de le sauver.
W'M. William Martin
directeur du protocole
M. William Martin vient d'être nommé di-
recteur du protocole, en remplacement de
M. Mollard, qui, comme nous l'avons an-
noncé, passe a la légation de Luxembourg.
M. William Martin, qui est né en 1865, a
rempli des fonctions diplomatiques tour à
tour à Lima, à Constantinople, Péters-
bourg, etc.
Chef adjoint du cabinet de M. Poincaré,
aux Affaires étrangères, il devint ministre
plénipotentiaire en 1912 et la méme année
reçut la sous-direction des affaires de chan-
cellerie et de contentieux.
M. William Martin accompagnera, la se-
mairie prochaine, M. Poincaré en Espagne.
II a laissé dans ce pays, où il a été long-
temps premier secrétaire de notre ambas-
sade, le souvenir de sa parfaite courtoise
et de son expérience des affaires.
C'est Après-Demain Dimanche
QUE
Le Petit Parisien
commencera la publication
d'un nouveau roman
d'TSRTMUR BERNÈDE
es Travailleuses
POINTS NOIRS
La Griucceaiie
ses préparais militaires
Athènes, 2 octobie.
Le ministre de la Marine a fait rendre hier
soir un décret appelant sous les drapeaux,
dans un délai de trois jours, les sept classes
de réservistes de 1900 à 1906 la plupart des
autres classes sont actuellement mobilisées.
Le département de la défense nationale
achève de prendre toutes les mesures que
commande la situation, devenue inquiétante
par suite de l'hésitation de la Turquie a re-
prendre les pourparlers.
La flotte grecque sera, d'ici peu, rassem-
blée au complet dans la mer Egée.
Ce qui inquiète surtout les cercles officiels,
c'est la tendance de la Porte à soulever la
question des îles de la mer Egée.
Le gouvernement hellénique considère
pourtant que l'affaire des Mes n'a rien de
commun avec l'entente qui a été virtuelle-
ment conclue et, selon son .avis,la question
a été déjà réglée par une décision formelle
des puissances sur laquelle on ne peut re-
venir.
En attendant, dit-on, la concentration des
forces turques s'effectue en masse sur le
continent asiatique, à trois kilomètres de
Chio.
Grave situation à Dédéagatch
Sakmique, 2 octobre.
L'armée grecque de Dédéagatch a été reîn-
placée, à deux heures, par l'armée régsu-
Jjère du gouvernement provisoire de Gu-
muldjina, sans incident, par suite d'un ac-
cord préalable en revanche, on a des crain-
tes pour le jour où les Bulgares voudront
prendre la place des nouveaux occupants.
BATAILLE SERBO-ALBANAISE
AUTOUR DE PRIZREND
Belgrade, 2 octobre.
D'après des rapports officiels récents, les
Albanais, dans leur retraite devant les trou-
pes serbes, ont commis de nombreux excès,
ils ont mii? à mort des chrétiens sans dé-
Jense. ainsi que les Albanais et les Turcs
qui refusaient de se joindre à eux.
Sur leur passage. ils ont pillé les villages
et les églises.
Hier, les Albanais ont subi une défaite à
Lopouchki. Les troupes serbes ont reçu des
renforts, et, à l'heure présente, les combats
continuent autour de Prizrend, en particu-
lier. Ici la lutte a pris un caractère d'intense
acharnement.
Le chargé d'affaires d'Autriche a fait hier
soir une démarche amicale auprès du gou-
vernement pour l'inviter à agir de façon à
éviter de créer des complications de la crise
albanaise.
Le ministre des Affaires étrangères a ré-
pondu que, comme il l'a déjà déclaré, la
Serbie respecterait le traité de Londres,
mais que, n'ayant pas de garanties suffisan-
tes, de sécurité, elle a le devoir de faire en
sorte d'empêcher le renouvellement des at-
taques albanaises.
M. Pachitch à Vienne
Vienne, 2 octobre.
Les journaux annoncent que le président
du conseil de Serbie, M. Pachitch, aura de-
main un entretien avec le comte Berchtold.
Les nombreux commentaires consacrés à
cette entrevue tendraient à laisser croire
qu'on y attache une grande importance
politique.
Le trône d'Albanie
Vienne, 2 octobre.
Le Deutsches Volksblatt est informé que
le prince de Wied, candidat au trône d'Alba-
nie, rendra visite au comte Berchtold, à
Vienne, vers le milieu du mois d'octobre.
Il serait, en outre, reçu en audience par
l'empereur.
Cette visite aurait un caractère politique
très marqué.
Le journal autrichien estime que la ques-
tion de l'occupation du trône d'Albanie serait
ainsi à peu près réglée.
LE l0I DE SUÈDE EST SOUFFRANT
Stockholm, 2 octobre.
Le roi Gustave V, qui tait en ce moment
un séjour au château de Skaberjsoe, est ma-
lade. Les médecins ont publié aujourd'hui un
bulletin rédigé en ces termes
« Depuis qu'il à subi l'opération de l'appen-
dicite, en février 1911, le roi avait souffert à
diverses reprises de douleurs dans la région
du ventre. Comme la douleur avait reparu
au cours des deux dernières semaines et s'é-
tait très sensiblement accentuée ces derniers
jours, nous avons conseillé au roi de se sou-
mettre à un traitement spécial au château
de Drottningholni. Ce traitement exige tout
d'abord que le roi garde le lit et ensuite qu'il
s'abstienne jusqu'à nouvel ordre de s'occu-
per des affaires du gouvernement. La tempé-
rature est normale et l'éta.t de santé du sou-
verain ne donne lieu à aucune inquiétude.
LI MISSION FRANCHISE EN GRÈCE
Le général Eydoux sera reçu à Marseille
par la colonie grecque
Marseille, 2 octobre.
Le général Eydoux sera dans notre ville
le 14 octobre, et il y restera pendant deux
jours.
Le jeudi 16 octobre, le général Eydoux
prendra passage à bord du Niger, des Mes-
sageries maritimes, et rejoindra son poste
à Athènes, en compagnie des principaux
membres de sa mission, qui, entre paren-
.thèses, a été considérablement renforcée.
Lors de la première visite du général Ey-
doux à Marseille, nous avons dit que la co-
lpnie grecque se proposait de recevoir so-
lennellement le chef de la mission à laquelle
elle attribuait une partie du succès des ar-
mées helléniques. Le général Eydoux avait
réservé son acceptation en indiquant qu'il
devait prendre l'avis de ses chefs et qu'il
ne pouvait s'engager avant de s'être en-
tretenu avec eux. Depuis, il les a vus
et M. Poincaré lui-même, après le minis-
tre de la Guerre, l'a autorisé à accep-
ter l'invitation si galamment proposée ces
ce que le général a fait savoir à la colonie
grecque,
D'un commun accord on a décidé que ia
réception aurait lieu dans les salons Ce l'hô-
tel de la Réserve, le mercredi 15 octobre
Une souscription a été ouverte parmi
la colonie grecque, pour offnr au gé-
néral un objet d'art nui Jui sera solennelle-
ment remis. C'est une épée d'honneur à poi-
gnée d'or massif, dont le prix est de dix
mille francs.
La souscription a été couverte en trois
jours.
Le septuple assassinat du Bas-Brlace
POURQUOI L'EFFROYABLE TUERIE ?
LE SINISTRE GAMIN LE SAIT-IL LUI-MÊME ?
(DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL)
Nantes, 2 octobre.
C'est en vain que l'on recherchera, chez
ce gamin de quinze ans qui, en l'espace de
quelques minutes, s'est fait l'atroce bour-
reau de toute une famille le 'ives gens,
les tares héréditaires, les stigmates cie dégé-
nérescence dont certains criminels sont
marqués au berceau. On ne trouvera rien.
Le cas du jeune Marcel Redureau est inex-
plicable et stupéfiant, unique peut-être.
Ce gosse, qui est le quatrième de dix en-
fants, tous sains, vigoureux, honnêtes et
bien portants, n'est pas un criminel né et,
devant lui, le savant professeur Lombroso
perdrait à coup sûr sa science et son latin.
Il faut admettre que, subitement, oomme
une ressort de montre qui éclate et désorga-
nise tout le mouvement, une fissure s'est
produite dans le cerveau de ce garçon, en
armant son bras dans une crise terrible de
folie sanguinaire, le poussant en avant pour
abattre tout autour de lui.
La ferme sanglante
Et maintenant encore, dans cette ferme du
Bas-Briace, qui, à la limite du pays vendéen,
en bordure de la route de la Chapelle-Heu-
lin au Loroux-Bottereau, se distinguait des
autres par les parterres fleuris de sa façade
et sa belle tenue, tout est rouge. Le sang est
partout: sur les murs, dont il a souillé la
blancheur, sur les meubles, qu'il a ternis,
sur les dalles rouges des planchers où, coa-
gulé et noirâtre, il s'étale en larges plaques.
Il a empourpré les draps des lits et l'oreiller
d'un berceau.
Pourquoi tout ce sang répandu ? Pourquoi
ces sept victimes ? Pourquoi ces existences
fauchées ? Pourquoi ces cadavres qui, ce
matin, dans la salle à manger, s'alignent,
côte à côte, dans des cercueils semblables,
et qui, ce soir, reposeront pour toujours
dans le petit cimetière de la commune du
Landreau ? Pourquoi Pour rien Car peut-
on admettre qu'une simple observation,
faite sur un ton qui n'était ni acerbe ni mé-
chant ait pu provoquer l'idée du meurtre,
aboutir à une pareille hécatombe ? Cela dé-
passe l'imagination- Cela est cependant.
Vous connaissez les faits dans leur réalité
décevante et brutale.
Comme on était en pleine vendange et que
la besogne pressait, Jean Mabit et Marcel
Redureau travaillaient au pressoir, à l'inté-
rieur de la ferme. Mme Charpentier, mère
de Jean Mabit, les deux fillettes et les deux
petits garçons étaient couchés dans la cui-
sine. Mme Mabit causait avec Marie Dugast,
sa servante.
Un coup de folie
La soirée s'avançait. L'horloge allait mar-
quer dix heures. Soit fatigue, soit surme-
nage, et, sans doute, l'un et l'autre, Marcel
Redureau n'avançait pas. Mabit s'en aper-
çut et crut devoir le lui faire remarquer.
A quoi tiennent les choses Si le fermier
l'eût renvoyé à son lit, dont il avait besoin,
ce garçon s'en fût peut-être allé tranquille-
ment, sans pensée mauvaise, car ceux qui
le connaissent assurent qu'il n'est pas dé-
pourvu de sensibilité. La fatalité ne le vou-
lut pas ainsi. En faisant ce reproche, en
apparence anodin, Mabit venait de pronon-'
cer son arrêt de mort et celui des siens.
L'exécution fut brève, affolante, horrible.
Comme si une force qu'il ne se connaissait
pas eût soulevé ses membres encore grêles,
le Il gosse » se saisit d'un pilon énorme
l'éleva au-dessus de sa tête et, d'un seul
LA FERME QUI A ÉTÉ LE THEATRE DU CARNAGE
En bas la serpe de pressoir, instrument du crime le jeune Pierre Mabit, qui, seul,
échappa à la tuerie
coup sur le crâne, abattit le fermier à ses
pieds.
Alors, dans U* hangar, la lueur vacillante
d'une bougie, collée à une futaille, éclaira la
lame énorme du couteau dont son patron se
servait tout à l'heure pour couper et ra-
battre le trop-plein du pressoir. Il rejeta le
pilon trop lourd, pour cette arme redoutable,
d'un maniement plus commode et plus sûr.
La lame, bien aiguisée, rosée des grains
pressés, se rougit dans la gorge de Jean Ma-
bit, qui se tordait à terre et ràlait.
Dans la cuisine, où cet égorgeur de quinze
ans, entra en bourrasque, Mme Mabit et sa
servante ne durent avoir qu'une rapide et
angoissante vision de l'implacable destin
qui s'abattait sur elles. Le couperet s'en-
fonça dans leurs gorges, leur faisant à tou-
tes deux une tunique de sang De la gorge,
le fer glissa tout le long du corps de Mme
Mabit, qui allait être mère et fit, dans l'ab-
domen, une large ouverture.
Dans une pièce voisine, séparée par un
corridor, la vieille mère du fermier, réveillée
en sursaut, appela sa belle-fille qui, déjà, ne
pouvait plus 1 entendre. En deux bonds, Mar-
cel Redureau fut à son chevet et, une fois
de plus, à la gorge, toujours, le couteau
s'abattit.
Le petit oublié
Près de l'aïeule, dans l'ombre des rideaux
tirés, le petit Pierre reposait. La mort le
frôla sans l'atteindre. Réveillé, lui aussi, il
vit, et, glacé d'horreur, il eut l'instinct de
ne pas bouger, de ne pas crier, de ne pas
même pleurer. La nuit entière il demeura
bletti dans sa couche, avec des cadavres
pour gardiens. Il dut entendre Marcel, qu'il
avait très bien reconnu, achever son oeuvre
de destruction. Dans la chambre où Hen-
riette et Marie, ses soeurs, étaient couchées
côte à côte, ainsi que leur frère Joseph, il
frappa la première avec une violence telle
que la tête se détacha du tronc. La deuxième
fut défigurée et eut le poignet sectionné. Le
visage du petit Joseph, tailladé, broyé, était
méconnaissable.
La nuit passa. Au matin, un voisin aper-
çut le petit Pierre. Il était en chemise devant
la ferme et pleurait.
Il dit
On a fait du mal à ma grand'mère!
Il a du sang dans son lit
De toutes parts, on accourut. Ce fut, dans
le village, un indescriptible émoi. Les gens,
consternés, indignés, révoltés, se mirent en
campagne pour retrouver l'assassin.
Marcel Redureau ne pouvait être allé bien
loin. On retrouva le coutelas qu'il avait jeté
dans la cour de la ferme. Ce ne pouvait être
un autre que lui c'était lui en effet, et les
gendarmes n'eurent pas grand'peine à dé-
couvrir sa retraite.
L'arrestation
A deux cents mètres environ de la ferme,
les parents de Marcel Redureau ont leur de-
meure. Ce sont de petits propriétaires ter-
riens, cultivateurs et vignerons, qui vivent
du produit de leurs récoltes, Derrière leur
maison, dans le prolongement d'un grand
jardin potager, s'élève une bâtisse abandon-
née qui, en raison de sa façade spéciale, a
été baptisée du nom de château ». C'est là
que le gosse vint achever sa nuit. Dans une
chambre du premier étage, il se coucha sur
une paillasse abandonnée, au milieu de
vieux sacs hors d'usage, d'outils rouillés et
d'oignons étalés sur le plancher. Il donnait
profondément quand, vers huit heures, sa
mère, à laquelle on était venu le demander,
heurta à la porte. Il l'avait verrouillée et elle
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ÉDITION DE PARUT
LE RAISIN DE PARIS
On a vendangé ces jours-ci, à
Paris. Ne vous étonnez pas. Ce n'est
point une coquille. Il reste encore des
vignes à Paris et ces vignes portent des
raisins et ces raisins produisent du vin.
D'ailleurs, la culture du vignoble fut
jadis une des industries parisiennes les
plus appréciées. Cela ne dura guère,
évidemment. Mais, en cherchant bien,
on en retrouve la trace, et cette re-
cherche est amusante.
Donc, prenez, sur les indications pré-
cises de M. Camille Audigier, qui s est
fait le conservateur des vignes de Paris,
le chemin de la Butte aux Cailles, dans
le treizième arrondissement. Enfilez la
rue Barrault et poussez jusqu'au n° 45
vous trouverez une vigne en face de
vous.
Pas une vigne pour rire, puisqu elle
compte 400 ceps et qu'elle est chargée
de grappes. Ce vignoble, il est vrai,
n'est pas un vestige du passé. Il est mo-
derne et n'a pas dix ans d'âge.
Le terrain où il a été planté apparte-
nait à un ingénieur agronome, qui avait
installé en plein Paris une ferme mo-
dèle, avec du bétail, des légumes et des
vignes. Après sa mort, on sauva le vi-
gnoble, qui se porte le mieux du
monde.
Que durera-t-il? Je n'oserais le ga-
rantir. En tout cas, il existe et prouve
qu'on peut replanter à Paris.
A côté de cette jeune vigne vigou-
reuse, il y a de vieux ceps courageux
qui n'ont pas voulu reculer devant l'in-
vasion de la pierre. A les quérir, nous
nous promènerons aux quatre bouts de
la ville. Mais nous nous arrêterons
d'abord rue Barrault, où nous sommes,
pour admirer la treille du n° 15.
Il v a aussi la treille du Luxembourg,
la treille de Plaisance, la treille de
l'avenue d'Orléans et enfin, tout près
de la Bastille, le long du canal Saint-
Martin, la vigne sur fil de fer, que
l'éclusier protège jalousement contre les
trous variés qui parsèment notre sous-
sol.
J'ai gardé pour la bonne bouche la
vigne de l'Institut, ainsi nommée parce
qu'elle pousse dans la cour obscure du
bureau des longitudes, plus resplendis-
sant de science que de soleil.
Et c'est tout? Mon Dieu oui En cher-
chant bien, vous découvrirez du raisin
à Montmartre, dans la rue Damrémont,
et place du Calvaire, chez le peintre
Neumont. Il y en a aussi, paraîtril, à
Bagnolet. Ailleurs, il n'y a que des sou-
venirs.
Ces souvenirs, il est vrai, sont nom-
breux. Voici, par exemple, le quartier
de la Goutte-d'Or. D'où lui vient son
.nom ? Du fait que, chaque année, les
vignerons de Montmartre envoyaient à
Henri IV une pièce de vin du cru ainsi
nommé.
A Passy, vous trouvez une rue des
Vignes, qui ne s'est pas appelée ainsi
par hasard. Joignez-y la rue du Pres-
soir, le passage de la Treille, la rue des
Vinaigriers c'est plus qu'il n'en faut
pour prouver qu'on a fait du vin à
Paris. Quelle fut la destinée du vignoble
parisien ? il.
Il paraît qu'au temps de Philippe-
Auguste ce vignoble avait belle allure.
Le plus célèbre de ses clos était celui
des Mureaux, du côté de l'église Notre-
Dame-des-Champs. Il y avait aussi le
clos Sainte-Geneviève, rattaché à l'Uni-
versité, et le clos aux Bourgeois, à l'en-
trée du faubourg Saint-Michel.
Certains de ces clos furent âprement
disputés entre voisins hostiles, par
exemple le clos du Pré-aux-Clercs, pro-
priété, lui aussi, de l'Université, mais
contigu à l'abbaye de Saint-Germain-
des-Prés. C'est ainsi que le 4 juillet 1548
les écoliers, croyant avoir à se plaindre
de leurs voisins, envahirent les vignes
de l'abbaye, arrachèrent les ceps et en
firent le soir un feu de joie sur la place
de l'Eglise-Sainte-Geneviève.
Au commencement du seizième siè-
cle, la culture de la vigne s'était éten-
due. Jusqu'alors, elle s'était maintenue
sur les coteaux proches de Paris. A cette
époque, elle envahit la plaine de Gre-
nelle et vint baigner ses pieds dans les
eaux calmes de la Seine. Sur tout ter-
rain vague, on plantait de la vigne.
Cela ne veut pas dire, d'ailleurs,
qu'on la cultivât bien. Bien des fois,
dans les vieux registres, on trouve les
plaintes des « maîtres de la corporation
des vignerons », implorant la protec-
tion royale contre les « fautes et mal
façons De cette négligence résulta
sans doute le curieux discrédit où la
vigne parisienne tomba aux siècles sui-
vants.
Au dix-huitième siècle, la vigne est
mal portée. On dit bien que la ville de
Paris produit chaque année 760 muids
de vin. Mais chacun se demande d'où
ils viennent.
Sans doute il y a le petit bleu
d'Argenteuil et le piccolo de Suresnes.
Mais ce sont là des produits secon-
daires, et d'ailleurs, y a-t-il du vin de
Suresnes? Un historien de Loir-et-Cher
a déboulonné la gloire de ce cru.
On nous a appris jadis qu'Henri IV
adorait le vin de Suresnes. Mais il pa-
raît qu'il y a Suresnes et Suresnes,
comme il y a fagot et fagot. Et il paraît
aussi que le Suresnes d'Henri IV qui,
d'ailleurs, s'écrivait Suren, était le
nom, non pas d'un village des environs
de Paris, mais d'un raisin du Vendô-
mois, que le Béarnais affectionnait.
Les courtisans suivirent son exemple
et un astucieux marchand en profita, en
dépit de la délimitation, qu'on n'avait
pas encore inventée.
Et voici comment le cru le plus fa-
meux du vignoble parisien n'est peut-
être qu'un usurpateur de titres.
ATTENTAT RUE BACHELET,;
A coups de revolver, iiri àpache
blesse, chez eux, deux hôteliers
Arrêté et conduit au commis-
sariat, il s'enfuit et tire sur la
foute, mais sans atteindre heu-
reusement personne.
Repris, il est envoyé au dépôt.
Rue Bachelet, 1 bis, sur le versant nord
de la butte Montmartre, se trouve un hôtel
meublé de modeste apparence tenu par les
frères Têtard. Germain, Auguste et Albert,
tous trois célibataires.
Originaires de la Souterraine, dans le dé-
partement de la Creuse, MM. Têtard exploi-
tent leur fonds depuis assez longtemps et ne
comptent qu-e des amis. Leurs clients ne ta-
rissent pas d'éloges sur eux et dans leur
maison il ne s'etait jamais rien passé jus-
qu'à hier.
i'uui-uint leur clientèle ne compte pas seu-
lement d'honnêtes ouvriers. Il s'y mêle par-
fois de. louches individu, vivant en compa-
gnie de femmes galantes de la plus basse
catégorie. Mais les frères Têtard avaient de
la poigne. Il n'eût pas fallu s'aviser de faire
du scandale chez eux.
Ce souci de tranquillité est la cause initia-
le de la scène tragique que nous allons ra-
conter.
Attaquée chez oax
Il était environ deux heures et demie de
l'après-midi quand un jeune homme blond,
à la mine inquiétante de rôdeur, pénétra
dans l'hôtel et demanda à voir un nouveau
locataire. Son attitude fut si menaçante que
les patrons soupçonnèrent quelque règle-
ment de compte difficile qui pouvait mal
Ils répondirent au quidam que le règle-
ment de la maison interdisait de recevoir des
visiteurs étrangers. Cette réponse fut fort
mal accueillie.
Une violente .discussion ne tarda pas à
éclater. Au bruit, le « camarade n demandé
par l'inconnu descendit de sa chambre. Mais
cela ne suffit pas à l'apache. Il insulta gros-
sièrement MM. Tétard et les accabla de me-
naces.
A bout de patience, les hôteliers voulu-
rent expulser leur brutal interlocuteur. Ce-
lui-ci sortit alors son revolver, un browning,
de fort calibre, et à bout portant fit feu deux
fois.
M. Auguste Tétard fut atteint à l'œil droit
et son frère Germain à la jambe droite. Ils
tombèrent en poussant des cris déchirants.
A la faveur de l'émoi général, l'agresseur
et son camarade prirent la fuite.
Tandis que l'on relevait les blessés pour
les transporter il l'hôpital Lariboisière, les
passants et les voisins, qui s'étaient amas-
sés, criaient l'assassin! Arrêtez-le !»
Les deux fuyards détalaient à toutes jambes.
A ce moment, MM. Dequet, inspecteur du
commissariat du Faubourg- Montmartre
Holzer et Curie, inspecteurs au septième dis-
trict, qui finissaient de déjeuner dans un res-
taurant voisin, 15, rue Lambert, accouru-
Its s'élancèrent sur les t.races des deux
fugitifs et rejoignirent l'auteur de la tenta-
tive de meurtre.
M. Dequet le saisit à bras-le-corps. L'hom-
me opposa une résistance acharnée. Tous
deux roulèrent à terre et l'inspecteur se bles-
sa légèrement dans sa chute.
Enfin, le bandit fut mattrisé et amené au
commissariat de Clignancourl, chez NI. Le-
fils.
Interrogé par M. Lefresne, secrétaire, il
déclara se nommer Louis Berthier, être âgé
de vingt et un ans et demeurer 66, rue de la
Villette, à Saint-Denis (Seine).
Il ajouta que l'ami qu'il était allé voir et
qui avait. réussi à d'échapper s'appelait An-
dré Robineau, âgé de vingt ans, représen-
tant de commerce.
En ce qui concernait le drame, le meur-
trier affirma avoir agi sans préméditation,
et dans un moment de colère folle. Il ne ma-
nifesta, d'ailleurs, aucun regret de son acte.
M. Lefresne décida de l'envoyer au dépôt
et, en attendant le passage du panier à sa-
lade », le fit garder à vue par un gardien de
la paix. Puis, continuant son enquéte, il dé-
couvrait que l'inculpé avait donné un faux
état civil.
En réalité, il se nommait Paul Grochard,
âgé de dix-huit ans, était originaire d'Epi-
nay-sur-Seine, exerçait l'état de plom-
bicr et demeurait 23, rue Nationale, à Eau-
bunne (Seine-et-Oise).
Tentative de fuite du prlmomnlmf
Un peu plus tard. Crochard, tout penaud
d'avoir été démasqué, demandait à aller aux
water-closets. On le lui permit et il s'y ren-
dit, suivit de l'agent. Pour accéder au buen
retiro, il suivit un couloir et passa, ainsi,
devant la chambre de M. Sustandal, gar-
dien de bureau attaché au commissariat. La
porte était entre-baillée et la fenêtre, au pre-
mier étage, sur la rue Lambert, grande ou-
verte.
D'un bond, Crochard fut dans la chambre.
li ferma la porte derrière lui et escalada la
barre d'appui. Au risque de se rompre les
oa, il se laissa tomber sur le trottoir. Il était
libre!
Justement, Ni. Sustandal revenait à ce
moment d'une tournée dans les hôtels du
quartier et portait sous son bras une quan-
tité de registres faire examiner et viser
par le commissaire.
Voyant un individu sortir de chez lui par
ia fenêtre, il crut à un cambriolage-
,NI. Sustandal posa ses registres à terre et.
se prépara à barrer le passage au fugitif.
'Ancien sons-officier d'infanterie de- marine,
haut de deux mètres, d'une force athlétique,
il n'eût pas été embarrassé pour réduire à
l'impuissance le misérable.
Malheureusement, il glissa sur le pavé gras
et tomba tout de son long. Crochard put pas-
ser. Il suivit quelques instants la rue Cus
tine, la traversa et, toujours courant, s'en-
gagea, à sa droite, dans la rue Lécuyer. Il
avait à la main son revolver et tenait en
respect les passants terrifiés.
Pour reprendre haleine, il tenta de se ré-'
i fugier dans une boutique de blanchisseuse,
au 11 de la rue Lécuyer, mais la patronne.
mise en émoi par les cris de la foule, lui fer-
ma la porte au visage.
Alors il s'engouffra dans le vestibule de
l'immeuble.
La meute humaine lancée sur sa piste se
rua quelques instants pins tard dans la mai-
son. Il était trop. tard. L'homme avait dis-
paru.
Les agents fouillèrent la maison de fond en
comble. On visita la cave, les cours, les
.moindres recoins, sans succès.
Finalement, on arriva au cinquième éta-
ge. La porte des water-closets s'ouvrit brus-
quement. Crochard se montra, toujours re-
volver au poing et fit feu des quatre balles
qui lui restaient. Les projectiles n'atteigni-
rent personne. Il n'y cul.' que des vitres qui
volèrent en éclats.
Les agents se précipitèrent sur le forcené
et le mirent hors d'état de nuire.
L'apaohm mm f traité par la foula
Au dehors, la foule grondait. Quand le bun-
dit franchit le seuil de la maisnn, des cris
̃ «A mort A mort 1;> cela tèrenl.C'ts ta grand',
peine que les gardiens de la paix et les ins-
pecteurs de la sûreté, purent empêcher un
Dans le trajet de la rue Lécuyer au com-
missariat, les coups de poing et de pied
tombèrent dru comme grêle sur Crochard,
qui arriva le visage en sang.
Cette fois, il fut étroitement surveillé par
deux agents qui ne perdaient pas de vue
ses mouvements.
Dans la soirée, il a été écroué au dépôt.
Admis à l'hôpital Lariboisière, salle Am-
broise Paré, MM. Auguste et Germain Té-
tard sont dans un état des plus graves.
M. Auguste Tétard a une balle dans la
tête et on conserve peu d'espoir de le sauver.
W'M. William Martin
directeur du protocole
M. William Martin vient d'être nommé di-
recteur du protocole, en remplacement de
M. Mollard, qui, comme nous l'avons an-
noncé, passe a la légation de Luxembourg.
M. William Martin, qui est né en 1865, a
rempli des fonctions diplomatiques tour à
tour à Lima, à Constantinople, Péters-
bourg, etc.
Chef adjoint du cabinet de M. Poincaré,
aux Affaires étrangères, il devint ministre
plénipotentiaire en 1912 et la méme année
reçut la sous-direction des affaires de chan-
cellerie et de contentieux.
M. William Martin accompagnera, la se-
mairie prochaine, M. Poincaré en Espagne.
II a laissé dans ce pays, où il a été long-
temps premier secrétaire de notre ambas-
sade, le souvenir de sa parfaite courtoise
et de son expérience des affaires.
C'est Après-Demain Dimanche
QUE
Le Petit Parisien
commencera la publication
d'un nouveau roman
d'TSRTMUR BERNÈDE
es Travailleuses
POINTS NOIRS
La Griucceaiie
ses préparais militaires
Athènes, 2 octobie.
Le ministre de la Marine a fait rendre hier
soir un décret appelant sous les drapeaux,
dans un délai de trois jours, les sept classes
de réservistes de 1900 à 1906 la plupart des
autres classes sont actuellement mobilisées.
Le département de la défense nationale
achève de prendre toutes les mesures que
commande la situation, devenue inquiétante
par suite de l'hésitation de la Turquie a re-
prendre les pourparlers.
La flotte grecque sera, d'ici peu, rassem-
blée au complet dans la mer Egée.
Ce qui inquiète surtout les cercles officiels,
c'est la tendance de la Porte à soulever la
question des îles de la mer Egée.
Le gouvernement hellénique considère
pourtant que l'affaire des Mes n'a rien de
commun avec l'entente qui a été virtuelle-
ment conclue et, selon son .avis,la question
a été déjà réglée par une décision formelle
des puissances sur laquelle on ne peut re-
venir.
En attendant, dit-on, la concentration des
forces turques s'effectue en masse sur le
continent asiatique, à trois kilomètres de
Chio.
Grave situation à Dédéagatch
Sakmique, 2 octobre.
L'armée grecque de Dédéagatch a été reîn-
placée, à deux heures, par l'armée régsu-
Jjère du gouvernement provisoire de Gu-
muldjina, sans incident, par suite d'un ac-
cord préalable en revanche, on a des crain-
tes pour le jour où les Bulgares voudront
prendre la place des nouveaux occupants.
BATAILLE SERBO-ALBANAISE
AUTOUR DE PRIZREND
Belgrade, 2 octobre.
D'après des rapports officiels récents, les
Albanais, dans leur retraite devant les trou-
pes serbes, ont commis de nombreux excès,
ils ont mii? à mort des chrétiens sans dé-
Jense. ainsi que les Albanais et les Turcs
qui refusaient de se joindre à eux.
Sur leur passage. ils ont pillé les villages
et les églises.
Hier, les Albanais ont subi une défaite à
Lopouchki. Les troupes serbes ont reçu des
renforts, et, à l'heure présente, les combats
continuent autour de Prizrend, en particu-
lier. Ici la lutte a pris un caractère d'intense
acharnement.
Le chargé d'affaires d'Autriche a fait hier
soir une démarche amicale auprès du gou-
vernement pour l'inviter à agir de façon à
éviter de créer des complications de la crise
albanaise.
Le ministre des Affaires étrangères a ré-
pondu que, comme il l'a déjà déclaré, la
Serbie respecterait le traité de Londres,
mais que, n'ayant pas de garanties suffisan-
tes, de sécurité, elle a le devoir de faire en
sorte d'empêcher le renouvellement des at-
taques albanaises.
M. Pachitch à Vienne
Vienne, 2 octobre.
Les journaux annoncent que le président
du conseil de Serbie, M. Pachitch, aura de-
main un entretien avec le comte Berchtold.
Les nombreux commentaires consacrés à
cette entrevue tendraient à laisser croire
qu'on y attache une grande importance
politique.
Le trône d'Albanie
Vienne, 2 octobre.
Le Deutsches Volksblatt est informé que
le prince de Wied, candidat au trône d'Alba-
nie, rendra visite au comte Berchtold, à
Vienne, vers le milieu du mois d'octobre.
Il serait, en outre, reçu en audience par
l'empereur.
Cette visite aurait un caractère politique
très marqué.
Le journal autrichien estime que la ques-
tion de l'occupation du trône d'Albanie serait
ainsi à peu près réglée.
LE l0I DE SUÈDE EST SOUFFRANT
Stockholm, 2 octobre.
Le roi Gustave V, qui tait en ce moment
un séjour au château de Skaberjsoe, est ma-
lade. Les médecins ont publié aujourd'hui un
bulletin rédigé en ces termes
« Depuis qu'il à subi l'opération de l'appen-
dicite, en février 1911, le roi avait souffert à
diverses reprises de douleurs dans la région
du ventre. Comme la douleur avait reparu
au cours des deux dernières semaines et s'é-
tait très sensiblement accentuée ces derniers
jours, nous avons conseillé au roi de se sou-
mettre à un traitement spécial au château
de Drottningholni. Ce traitement exige tout
d'abord que le roi garde le lit et ensuite qu'il
s'abstienne jusqu'à nouvel ordre de s'occu-
per des affaires du gouvernement. La tempé-
rature est normale et l'éta.t de santé du sou-
verain ne donne lieu à aucune inquiétude.
LI MISSION FRANCHISE EN GRÈCE
Le général Eydoux sera reçu à Marseille
par la colonie grecque
Marseille, 2 octobre.
Le général Eydoux sera dans notre ville
le 14 octobre, et il y restera pendant deux
jours.
Le jeudi 16 octobre, le général Eydoux
prendra passage à bord du Niger, des Mes-
sageries maritimes, et rejoindra son poste
à Athènes, en compagnie des principaux
membres de sa mission, qui, entre paren-
.thèses, a été considérablement renforcée.
Lors de la première visite du général Ey-
doux à Marseille, nous avons dit que la co-
lpnie grecque se proposait de recevoir so-
lennellement le chef de la mission à laquelle
elle attribuait une partie du succès des ar-
mées helléniques. Le général Eydoux avait
réservé son acceptation en indiquant qu'il
devait prendre l'avis de ses chefs et qu'il
ne pouvait s'engager avant de s'être en-
tretenu avec eux. Depuis, il les a vus
et M. Poincaré lui-même, après le minis-
tre de la Guerre, l'a autorisé à accep-
ter l'invitation si galamment proposée ces
ce que le général a fait savoir à la colonie
grecque,
D'un commun accord on a décidé que ia
réception aurait lieu dans les salons Ce l'hô-
tel de la Réserve, le mercredi 15 octobre
Une souscription a été ouverte parmi
la colonie grecque, pour offnr au gé-
néral un objet d'art nui Jui sera solennelle-
ment remis. C'est une épée d'honneur à poi-
gnée d'or massif, dont le prix est de dix
mille francs.
La souscription a été couverte en trois
jours.
Le septuple assassinat du Bas-Brlace
POURQUOI L'EFFROYABLE TUERIE ?
LE SINISTRE GAMIN LE SAIT-IL LUI-MÊME ?
(DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL)
Nantes, 2 octobre.
C'est en vain que l'on recherchera, chez
ce gamin de quinze ans qui, en l'espace de
quelques minutes, s'est fait l'atroce bour-
reau de toute une famille le 'ives gens,
les tares héréditaires, les stigmates cie dégé-
nérescence dont certains criminels sont
marqués au berceau. On ne trouvera rien.
Le cas du jeune Marcel Redureau est inex-
plicable et stupéfiant, unique peut-être.
Ce gosse, qui est le quatrième de dix en-
fants, tous sains, vigoureux, honnêtes et
bien portants, n'est pas un criminel né et,
devant lui, le savant professeur Lombroso
perdrait à coup sûr sa science et son latin.
Il faut admettre que, subitement, oomme
une ressort de montre qui éclate et désorga-
nise tout le mouvement, une fissure s'est
produite dans le cerveau de ce garçon, en
armant son bras dans une crise terrible de
folie sanguinaire, le poussant en avant pour
abattre tout autour de lui.
La ferme sanglante
Et maintenant encore, dans cette ferme du
Bas-Briace, qui, à la limite du pays vendéen,
en bordure de la route de la Chapelle-Heu-
lin au Loroux-Bottereau, se distinguait des
autres par les parterres fleuris de sa façade
et sa belle tenue, tout est rouge. Le sang est
partout: sur les murs, dont il a souillé la
blancheur, sur les meubles, qu'il a ternis,
sur les dalles rouges des planchers où, coa-
gulé et noirâtre, il s'étale en larges plaques.
Il a empourpré les draps des lits et l'oreiller
d'un berceau.
Pourquoi tout ce sang répandu ? Pourquoi
ces sept victimes ? Pourquoi ces existences
fauchées ? Pourquoi ces cadavres qui, ce
matin, dans la salle à manger, s'alignent,
côte à côte, dans des cercueils semblables,
et qui, ce soir, reposeront pour toujours
dans le petit cimetière de la commune du
Landreau ? Pourquoi Pour rien Car peut-
on admettre qu'une simple observation,
faite sur un ton qui n'était ni acerbe ni mé-
chant ait pu provoquer l'idée du meurtre,
aboutir à une pareille hécatombe ? Cela dé-
passe l'imagination- Cela est cependant.
Vous connaissez les faits dans leur réalité
décevante et brutale.
Comme on était en pleine vendange et que
la besogne pressait, Jean Mabit et Marcel
Redureau travaillaient au pressoir, à l'inté-
rieur de la ferme. Mme Charpentier, mère
de Jean Mabit, les deux fillettes et les deux
petits garçons étaient couchés dans la cui-
sine. Mme Mabit causait avec Marie Dugast,
sa servante.
Un coup de folie
La soirée s'avançait. L'horloge allait mar-
quer dix heures. Soit fatigue, soit surme-
nage, et, sans doute, l'un et l'autre, Marcel
Redureau n'avançait pas. Mabit s'en aper-
çut et crut devoir le lui faire remarquer.
A quoi tiennent les choses Si le fermier
l'eût renvoyé à son lit, dont il avait besoin,
ce garçon s'en fût peut-être allé tranquille-
ment, sans pensée mauvaise, car ceux qui
le connaissent assurent qu'il n'est pas dé-
pourvu de sensibilité. La fatalité ne le vou-
lut pas ainsi. En faisant ce reproche, en
apparence anodin, Mabit venait de pronon-'
cer son arrêt de mort et celui des siens.
L'exécution fut brève, affolante, horrible.
Comme si une force qu'il ne se connaissait
pas eût soulevé ses membres encore grêles,
le Il gosse » se saisit d'un pilon énorme
l'éleva au-dessus de sa tête et, d'un seul
LA FERME QUI A ÉTÉ LE THEATRE DU CARNAGE
En bas la serpe de pressoir, instrument du crime le jeune Pierre Mabit, qui, seul,
échappa à la tuerie
coup sur le crâne, abattit le fermier à ses
pieds.
Alors, dans U* hangar, la lueur vacillante
d'une bougie, collée à une futaille, éclaira la
lame énorme du couteau dont son patron se
servait tout à l'heure pour couper et ra-
battre le trop-plein du pressoir. Il rejeta le
pilon trop lourd, pour cette arme redoutable,
d'un maniement plus commode et plus sûr.
La lame, bien aiguisée, rosée des grains
pressés, se rougit dans la gorge de Jean Ma-
bit, qui se tordait à terre et ràlait.
Dans la cuisine, où cet égorgeur de quinze
ans, entra en bourrasque, Mme Mabit et sa
servante ne durent avoir qu'une rapide et
angoissante vision de l'implacable destin
qui s'abattait sur elles. Le couperet s'en-
fonça dans leurs gorges, leur faisant à tou-
tes deux une tunique de sang De la gorge,
le fer glissa tout le long du corps de Mme
Mabit, qui allait être mère et fit, dans l'ab-
domen, une large ouverture.
Dans une pièce voisine, séparée par un
corridor, la vieille mère du fermier, réveillée
en sursaut, appela sa belle-fille qui, déjà, ne
pouvait plus 1 entendre. En deux bonds, Mar-
cel Redureau fut à son chevet et, une fois
de plus, à la gorge, toujours, le couteau
s'abattit.
Le petit oublié
Près de l'aïeule, dans l'ombre des rideaux
tirés, le petit Pierre reposait. La mort le
frôla sans l'atteindre. Réveillé, lui aussi, il
vit, et, glacé d'horreur, il eut l'instinct de
ne pas bouger, de ne pas crier, de ne pas
même pleurer. La nuit entière il demeura
bletti dans sa couche, avec des cadavres
pour gardiens. Il dut entendre Marcel, qu'il
avait très bien reconnu, achever son oeuvre
de destruction. Dans la chambre où Hen-
riette et Marie, ses soeurs, étaient couchées
côte à côte, ainsi que leur frère Joseph, il
frappa la première avec une violence telle
que la tête se détacha du tronc. La deuxième
fut défigurée et eut le poignet sectionné. Le
visage du petit Joseph, tailladé, broyé, était
méconnaissable.
La nuit passa. Au matin, un voisin aper-
çut le petit Pierre. Il était en chemise devant
la ferme et pleurait.
Il dit
On a fait du mal à ma grand'mère!
Il a du sang dans son lit
De toutes parts, on accourut. Ce fut, dans
le village, un indescriptible émoi. Les gens,
consternés, indignés, révoltés, se mirent en
campagne pour retrouver l'assassin.
Marcel Redureau ne pouvait être allé bien
loin. On retrouva le coutelas qu'il avait jeté
dans la cour de la ferme. Ce ne pouvait être
un autre que lui c'était lui en effet, et les
gendarmes n'eurent pas grand'peine à dé-
couvrir sa retraite.
L'arrestation
A deux cents mètres environ de la ferme,
les parents de Marcel Redureau ont leur de-
meure. Ce sont de petits propriétaires ter-
riens, cultivateurs et vignerons, qui vivent
du produit de leurs récoltes, Derrière leur
maison, dans le prolongement d'un grand
jardin potager, s'élève une bâtisse abandon-
née qui, en raison de sa façade spéciale, a
été baptisée du nom de château ». C'est là
que le gosse vint achever sa nuit. Dans une
chambre du premier étage, il se coucha sur
une paillasse abandonnée, au milieu de
vieux sacs hors d'usage, d'outils rouillés et
d'oignons étalés sur le plancher. Il donnait
profondément quand, vers huit heures, sa
mère, à laquelle on était venu le demander,
heurta à la porte. Il l'avait verrouillée et elle
fs
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