Titre : Le Petit Parisien : journal quotidien du soir
Éditeur : Le Petit Parisien (Paris)
Date d'édition : 1912-05-05
Contributeur : Roujon, Jacques (1884-1971). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 05 mai 1912 05 mai 1912
Description : 1912/05/05 (Numéro 12972). 1912/05/05 (Numéro 12972).
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Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol-Lc2-3850
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/06/2008
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AsonriEiytENTS
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Départements et Colonie»
Trois Mois 8 fr.
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ÉDITION DE PAMS
PROCHAINEMENT
Le Petit Parisien
publication d'un
G&WP ROMAN PATRIOTIQUE INÉDIT
Coeur de Française
tout spécialement écrit pour nos lecteurs
a par le grand romancier populaire =
ARTHUR BERNÈDE
^gflUBHiiaiimninmjmiiiiiUiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiHiiiiiniiiiiniiiiiiii
le nerf de la guerre
II est généralement admis que la ri-
chesse des peuples est un élément im-
portant de leur capacité de résistance
et de leur capacité de vaincre, et, as-
surément, il y a dans cet axiome une
large part de vérité.
De même qu'un homme bien nourri
et dans l'aisance a plus de force pour
faire face aux épreuves physiques et
morales qu'un homme épuisé et sans
ressources, de même un peuple riche
doit présenter à l'attaque d'un adver-
?:-« plus de reststance qu'un peuple
pauvre.
S'il en est ainsi, la France aurait
toute raison de considérer avec un cal-
me parfait les risques internationaux
possibles, car elle compte au nombre
des nations dont les disponibilités sont
les plus abondantes, dont le crédit est
le plus solide.
Ce serait cependant une erreur que
de ^'abandonner à l'excès à l'optimis-
me qui se dégage de ces considérations.
L'argent est le nerf de la guerre, mais
quand on examine les faits, on arrive à
conclure que ce proverbe pourrait pres-
que se retourner et que souvent la vic-
toire est le nerf de l'argent.
C'est ce que vient d'établir, dans une
intéressante étude, relative à la force
financière des Etats, M. Raphaël Geor-
ges Levy. Les exemples qu'il cite sont
caractéristiques et, sans doute, sont-ils
inédits pour la plupart des lecteurs.
Lar puissance financière des peuples
trouve son expression courante dans
kur crédit. Tous les. peuples emprun-
recettes qu'ils .tirent «Je l'impôt
pas suffisantes à leurs besoins.
Pius ils empruntent cher, moins leur
çrédit est bon, si bien que le cours Ce
leur rente, qui marque le prix auquel
ils peuvent, en cas de nécessité, se pro-
curer les sommes qui leur sont néces-
saîres, marque aussi leur force relative
dans, l'ordre financier.
Or, à considérer les deux plus gran-
des guerres des cinquante dernières an-
nées, on constate que le crédit le mieux
asstè ne résiste pas à la défaite et que
le crédit le plus précaire se fortifie par
la victoire.
Prenons par exemple la guerre fran-
co-allemande de 1870. Au début de juil-
let 1870, la rente française 3 0/0 vaut
70 francs. La France est dès cette épo-
que, bien que dans de moindres propor-
tions qu'aujourd'hui, le banquier d'un
grand nombre de gouvernements et de
sociétés étrangères.
La guerre éclafe aussitôt, le minis-
tre de- Finances emprunte un milliard.
millions de rente 3 0/0 sont placés,
mais à un cours déjà inférieur de
15 0/0 à celui du début du mois.
Surviennent les défaites les mesu-
res exceptionnelles deviennent indis-
peri»<»ijîes l'appel à la Banque de
France, les avances excessives, le cours
forcé, puis l'emprunt fait' avec la mai-
son Morgan. A cette date, automne de
1870, la France ne trouve à emprun-
ter qu'à 6 0/0, la charge réelle du débi-
teur étant encore supérieure de 1 1/2
au taux théorique de 6 0/0.
Après la conclusion de la paix, de
nouveaux emprunts s'imposent, tant
pour payer l'Allemagne que pour réor-
ganiser la France. L'emprunt du 27 juin
1871 accuse un taux effectif de 6 0/0,
soit une dépréciation de 50 0/0 de notre
crédit. En 1872, c'est presque le même
cours. La puissance financière de la
France, incontestée et indiscutée avant
la guerre, n'a donc pas résisté à cette
épreuve.
Pour l'Allemagne, c'est tout le con-
traire. En 1870, elle empruntait à 5 0/0
au prix de 88. et elle empruntait avec
peine. Deux mois plus tard, les cours
se relevaient les bons du Trésor
étaient émis à 96. Bien que les chargeas
de la guerre fussent énormes, l'Alle-
magne y faisait facilement face.
Pourquoi ? Parce qu'elle était victo-
rieuse. Comme le remarque M. Lévy,
ci' avait, à la conclusion de la paix,
des finances plus solides qu'avant l'ou-
verture des hostilités. Elle puisait, dans
nos coffres-forts de quoi rembourser
une grande quantité de sa dette, réfor-
mer sa circulation monétaire, établir
l'étalon d'or, constituer le trésor de
guerre de Spandau. Elle faisait des lar-
gesses à ses généraux et aux Etats non-
fédérés et le cours de sa rente se main-
tenait bien au-dessus de celui des fonds
français.
L'exemple du Japon et de la Russie
n'est pas moins significatif.
Quand la guerre russo-japonaise a
commencé, en février 1904, les finances
russes étaient sensiblement supérieures
1 aux finances japonaises. Les fonds ius-
;S€5. placés en France pour la plus
grande part, avaient une clientèle assu-
rée et le maintien des cours paraissait
certain. Les disponibilités du Trésor
atteignaient près d'un milliard.
Au Japon, au contraire, les réserves
métalliques étaient à peu près nulles et
les fonds publics n'étaient cotés que sur
la place de Londres avec un marché
restreint. Les cours étaient très infé-
rieurs aux cours russes. Tandis que le
4 0/0 russe s'inscrivait à 99, le 4 0/0
japonais était aux environs de 79.
La guerre éclate et se développe com-
me on sait. Presque immédiatement,
les finances japonaises reprennent l'a-
vantage. En janvier 1904, le 4 0/0 russe
était à Paris à 99; le 4 0/0 japonais
était à Londres à 76. En décembre 1905,
le 4 0/0 russe était à Paris à 80 et le
4 0/0 japonais était à Londres à 93.
Si l'on considère les emprunts émis
par les belligérants pendant la durée de
la guerre, même constatation. En mai
1904 et en novembre de la même année,
le Japon émet à Londres deux emprunts
au cours de 93 1/2 et de 90 1/2, 6 0/0.
La Russie, au contraire, trouve de l'ar-
gent avec difficulté et le taux atteint
bientôt 7 0/0.
Qu'en conclure, sinon que, comme
dans le cas de la guerre franco-alle-
mande, le fer avait appelé l'or et que
le vainqueur, dans une situation finan-
cière inférieure à l'origine à celle du
vaincu, trouvait de l'argent plus faci-
lement que lui?
En d'autres termes, comme le dit l'au-
teur de l'étude à laquelle nous emprun-
tons ces renseignements, c'est la fbrtune
des armes qui décida de celle des finan-
ces et, par suite, ce serait une grave
erreur pour tin peuple riehe comme la
France de trop se reposer, dans l'hypo-
thèse d'une guerre, sur l'étendue de ses
ressources et sur la solidité de son crédit.
Le mécanisme de ce crédit, à l'époque
où nous sommes, est favorable à ceux
i qui savent imposer leur force. Jamais
on n'a vu un peuple empêché de faire la
guerre faute d'argent. On trouve toujours
de l'argent quand on se bat et on en
trouve à bon compte quand on triomphe.
La comparaison à laquelle on se livre
entre la richesse des différentes puissan-
ces est donc intéressante théoriquement.
Elle n'est pas et ne saurait être militai-
rement décisive.
Ainsi les dépenses si lourdes que les
peuples s'imposent pour l'entretien de
leurs armées sont loin d'être des dépen-
ses stériles. Ce sont des dépenses pro-
ductives et dont les effets bienfaisants
S3 manifestent non point seulement mo-
ralement mais matériellement, non point
seulement politiquement mais aussi
financièrement.
JEAN mSLL*
LA TÉLÉGRAPHIE SAJSFIL EN AÉROPLAM
Chartres, -i mai.
| On a f>ix«:édé aajd-urat'hiii, au* l'aérodrome
de Gmrtres, à des expériences de télégra-
phie sans fil à bord d'un biplan.
Emmené par le chef pilote Frantz, un opé-
rateur transmit il 55 kilomètres de nom-
breux télégrammes qui furent très nettement
reçus à l'aérodrome.
Les Italiens occupent l'île de Rhodes
LES VIEILLES FORTIFICATIONS DE RHODES
Dans le rectangle l'amiral Viale, commandant les forces navales italiennes
Rome, 4 mai.
Cet après-midi, à la Chambre, M. Giolilli
a donné connaissance d'un radiotélé gram-
me, par lequel l'amiral Viale. annonce qu'il
a occupe l'iUs de. Rhodes sans coup férir.
Des applaudissements chaleureux et pro-
longés ont accueilli cette nouvelle.
La dépêche de l'amiral Viale est ainsi
conçue
Rhodes, 4 mai.
» A l'aube, s'est effectuée la réunion, des
forces navales avec le.' convoi de troupes
commandé par le général Ameglio.
» Les navires se sont déployés devant
Rhodes, conformément au plan précédem-
ment dabli.
» Le débarcfup.mf ni. dans la baie de Kalitea
a commencé aussitôt et s;1 continue réguliè-
rement.
Il n'y a eu aucune résistance.
» Le temps est favorable.
» Signé Amirdl Viale.
Une dépêche ultérieure de l'amiral Viale
annonce qu'à 9 heures 30, c'est-à-dire un peu
plus de 3 heures après le commencement du
lui-ci était complètement achevé.
Les opérations se sont effectuées avec une
grande rapidité.
Les troupes turques se sont retirées sur
les hauteurs.
[L'ile de Rhodes est rune des plus gran-
des. îles de la Méditerranée orientale. Elle
se trouve située entre la Crète et la cote asia-
tique. sur la grande Idgne des paquebots aJ-
lant de Cortstantinople à Chypre et à la Sy-
rie. Sa position stratégique est donc consi-
dérable. Sa population atteint âmes
là-dessus, on compte 20,000 Grecs et seule-
AU MAROC
attaquée près de Mépiaei
mous 'AVONS.DES MQkTS ET DES BLESSÉS
Unte reconnaissance forte de trois compa-
gntes, partie d'EI-Maaziz, non loin de Mc-
quinez, a été attaquée par des Zèmtnour ou
par des Zaér dissidents. (La tribu des agres-
sears n'a pu être encore définitivement
fixée.)
Les troupes françaises ont repoussé vi-
goureusement l'ennemi, en lui rnfRffqanl des
pertes considérables. Elles auraient eu. de
leur, côté, plusieurs morts et une -quaran-
taine de btessés, dont vn officier.
[Les Zemmour et les Zaër, tribus voisi-
nes, occupent la plus grande partie de la
région située entre Méquinez et Ra$at. Nos
effectifs ont eu maintes fois maille* partir
avec ces groupements, qui n'ont jamais re-
connu l'autorité d'aucun sultan. D'abord,
tors de l'occupation de la Chaoùïa, puis lors-
que les troupes du général Moinier marchè-
rent sur Fez, ces tribus 'berbères s^opposè-
,rent à la marche de nos soldats, soit ouver-
tement, soit, de préférence, en attaquant les
convois et en tendant des embuscades. La
vaste forêt, de la Marnora leur offrait, àce
point de vue, de merveilleuses ressources
et de sûres 'retraites.]
DES NOMADES
MARCHENT CONTRE
Fez, 4 mai.
Les prévisions faites ce matin se sont
réalisées. Avec le beau temps, une harka
s'est reformée., On signale sa présence en
deux tronçons, dont l'un est à douze kilo-,
mètres du, pont de Sebou, l'autre à quatorze
kilomètres de Fez..
Une rencontre avec les troupes françaises
est possible,' demain ou après-demain, à
moins que les derniers palabres entre chefs s
aboutissent à la dispersion.
Les bruits d'abdication
Les communications envoyées hier et
avant-hier par M. Regnault disent que Mou-
l'instant, il ne parlerait plus de son abdica-
tion.
On prend des mesures militaires sérieuses
pour assurer la sécurité du sultan dans son
voyage de Fez à Rabat.
Selon toute apparence, en déclarant qu'il
voulait quitter sa capitale et abandonner le
pouvoir, il cédait à un sentiment de crainte,
car il redoute que li proclamation du protec-
torat, dans les différentes tribus, ne suscite
une vive irritation contre lui.
La situation à Marrakech
Mazagan. 4 mai.
On confirme que des combats ont été li-
v,rés entre les ca1ds des tribus des Rehamna.
ot de Ouled-Amnan, à la suite d'une discus-
sion entre eux.
La situation à Marrakesch était calme jus-
qu'au 1er mai.
Plusieurs marchés ont été pillés. On si-
gnaie un mort et des blessés.
ment musulmans. Sri capital:1. Rhodes,
groupe habitants.
("est près de cette ville que fut érigé le fa-
meux crosse de Rhodes, au troisième siècle
avant notre ère. Cette' statue, haute de tren-
te-deux mètres, s'écroula au septième siècle
Les Turcs s'emparèrent de l'île au seizième
siécle, sur les chevaliers de Saint-Jean de
Jérusalem, qui émigrèrent alors à Malle.]
EN TRIPOLITAINE
Une reconnaissance italienne
Tripoli, .i mai.
On mande de Feroua que le général Gd-
rioni, désirant affirmer l'occupation des
routes de caravanes au sud de Boukam-
mech, a envoyé ce matin une colonne com-
posée d'un bataillon d'infanterie, d'un ba-
taillon d'Askfis avec des mitrailleuses et
des mineurs du génie.
La colonne s'est heurtée à un groupe de
200 Turcs et Arabes retranchés.
Après un feu rapide, les Askris ont chargé
à la baïonnette et ont obligé les Arabes à se
retirer en leur infligeant des pertes impor-
tantes.
Une attaque turco-arabe
Homs, i mai.
Durant la nuit dernière, les Turco- Arabes,
avec des forces considérables, ont esquissé
une attaque contre les positions de Lebdah,
occupées par les Italiens le courant.
Cette attaque a été repoussée par les trou-
pes italiennes, qu appuyait l'artillerie.
Les Italiens ont eu deux morts et cinq
blessés.
ERREUR JUDICIAIRE ÉVITÉE
Ui directeur d'école
victime d'une machination
Les petits imposteurs qui accusèrent M. Car-
baud, arrêté à Pierrefitte, ont été démas-
qués par M. le juge Bourdeaux.
Sans la perspicacité de M. le juge d'ins-
truction Bourdeaux, une effroyable erreur
judiciaire allait être commise. Le directeur
d'un établissement scolaire des plus hono-
rables allait être envoyé au bagne, sous
l'accusation la plus inf&me portée» contre lui
par six de ses élèves, àgés de neuf à onze
ans.
M. Henri Carbonel c'est le nom de ce
rescapé judiciaire est originaire de
l'Aveyron il est âgé de quarante ans.
11 avait fondé, ir PierrefRte (Seine), un
pensionnat de jeunes garçons qui n'avai ces-
sé de prospérer. Très doux, très paternel, ex-
cellent«professeur, M. Carbonel inspirait la
confiance la plus complète aux familles.
Aussi, grande lut la stupéfaction de tous,
quand, le 8 avril dernier, le directeur du peu-
sionnât fut arrêté.
Le commissaire de police avait reçu des
six élèves des dénonciations si précises
qu'aucun doute n'était resté dans son esprit
sur la culpabilité de M. Carbone!. Les en-
fants aveiertt, en effet, indiqué, avec force
détails, les attentats à la pudeur auxquels
leur directeur s'était livré sur eux, au dor-
toir. Leurs déclarations avaient été des plus
concordantes le commissaire ne pouvait
même pas envisager la possibilité d'une
erreur.
L'établissement scolaire fut fermé, les élè-
» Kéflanct justifiée
endant M. Bourdeaux, qui avait été
chargé de l'instruction de cette affaire, avait
été frapné par les excellents renseignements
recueillies sur l'inculpé. Partout où il était
passé, dans tous les établissements scolai-
res où il avait enseigné, on ne tarissait pas
d'éloges sur son compte.
Comment un tel homme avait-il pu com-
mettre des actes aussi immondes que ceux
dont il était accusé ?
Vendredi, le magistrat instructeur convo-
qua les petits accusateurs à son cabinet. Ils
furent tout aussi précis, tout aussi formels
que devant le commissaire de police.
Confrontés avec M. Carbonel, ils l'accusè-
rent face à face, rappelant avec détails tous
les actes auxquels il s'était livré.
Il n'y avait nulle contradiction dans leurs
déclarations leur visage respirait la séré-
nité. Dès lors, cette triste affaire allait en-
trainer pour l'accusé les travaux forcés à
temps pour le moins, à perpétuité peut-être.
En réfléchissant, le magistrat s'étonna de
l'abondance des détails fournis par les en-
fants, des expressions employées par eux.
Les témoins se rétractent
Hier, M. Bourdeaux convoquait à nouveau
les petits témoins à son cabinet.
Ils furent tout aussi formels. Le magistrat
ne se découragea pas. Il prit le plus jeune à
part, lit appel. ses bons sentiments, lui
montra les conséquences de son accusation,
lui disant
Serais-tu content si on envoyait au ba-
gne ton papa pour un crime qu'il n'aurait
pas commis ?
Non, répondit l'enfant. Aussi, je vais
dire la vérité. Rien de ce que nous avons
déclaré sur M. Carbonel n'est vrai. C'est un
élève, un « grand », X. qui nous a fait
raconter ce que nous avons dit. Je n'ai pas
osé, hier, vous avouer que j'avais menti
parce que j'avais peur d'être battu par le
» grand ».
Du coup, NI. Bourdeaux rappela les autres
petits accusateurs.
Ils reconnurent tous que rien de ce qu'ils
avaient déclaré n'était vrai. Jamais Ni. Car-
bonel n'avait commis le moindre acte délic-
tueux.
L'instigateur de cette machination fut man-
dé par le magistrat -instructeur.
Confronté, à son tour, avec ses petits ca-
marades, il dut reconnaître que c'était lui,
en effet, qui Leur avait suggéré ce qu'ils
avaient dit.
Mais pourquoi, lui a demandé NI. Bour-
deux, vous êtes-vous rendu coupable d'une
chose aussi monstrueuse ?
A cette question, cet étève a fait celte ré-
M. Carbonel avait augmenté le prix de
ma pension de dix francs mes parents al-
laient me retirer de chez lui. j'ai voulu me
venger.,
L'accusé en liberté
̃ M. Carbonel, qu'assistait 'le Yiven, a été
remis imn>édiatemeni en làberlé, en atten-
dant l'ordonnance de non-lieu. Mais le mal-
heureux sort ruiné de prison son établisse-
ment est fermé, il n'a plus d'élèves, et le ma-
riage qu'il était sur le point de contracter est
rompu.
Que penser, après cela, de la valeur des
témoignages d'enfants ?
UN SUICIDÉ AU DÉPÔT
Dans sa cellule, Coneuf s'est ouvert la veine
temporale. Ces jours derniers, rue de
Rivoli, il avait tenté d'assassiner M.
Querfeldt, son patron.
Nos lecteurs se souviennent sans doute
de la tragédie qui se déroula le 29 avril der-
nier, au n° de la rue de Rivoli. Nous
l'avons racontée alors dans tous ses détails.
Un marchand de filires, M. Jules Quer-
feldt, vieillard de soixante-dix ans, était
installé depuis plus de quarante-cinq ans
à cette adresse.
Or, dans, l'après-midi de ce jour-là, vers
une heure un quart, le fils de M. Querfeldt
trouva son père effondré sur une chaise, le
visage en sang. Le malheureux est loin en-
core, l'heure actuelle, d'être remis de ses
blessures.
C'est Elie qui a fait ça, balbutia le vieil-
tard, qui perdit aussitôt connaissance.
Elie Coneuf était un 'ancien employé du
marchand. Il avait quarante-cinq ans. C'était
un alcoolique, qui ne faisait rien de bon et
dont M. Querfeldt, il v a deux ans, avait dû
se séparer.
L'individu, qui avait commis le crime pour
voler car une valise renfermant une
somme importante avait disparu fut
arrêté le soir même, à dix heures et demie,
à son domicile, 7, rue Volta, et immédiate-
ment écroué ùu dépôt.
Or. le surlendemain, mai, des gardiens
de la prison ayant ouvert la cellule où
Conçut avait été enfermé, trouvèrent le pri-
sorinier étendu sur son lit. Il était couvert
de sang et râlait. Le misérable, avec les dé-
bris de* sa cruche, qu'il avait cassée, s'était
ouvert la veine temporale.
On le transporta aussitôt à l'Hôtel-Di«q.
Mais son état était désespéré et Coneuf expi-
rait, hier matin, sans avoir repris connais-
sance.
CHUTE MORTELLE D'UN AVIATEUR
Le comte de Robillard
tombe de 250 mètres
Le comte de Robillard-Osnac, l'une des
personnalités les plus connues de la côte
d'Azur, vient-de périr tragiquement dans
un accident d'aéroplane.
Cet après-midi, un peu après quatre heu-
res, il était parti de l'aérodrome de la Cali-
fornie, se dirigeant sur Antibes.
Le temps n'était guère favarable, un vent
assez violent et irrégulier soufflait sur la
région. L'aviateur se trouvait, à ce momem,
1'1 une altitude de mètres environ. Des
automobilistes qui passaient sur la route
l'aperçurent, alors qu'H survolait le champ
d'aviation de la Braque.
Soudain, les témoins de l'accident' virent
Le comte de Robllard
les ailes du monoplan se briser et l'appareil,
après un capotage, piqua vers la terre.
Il vint s'écraser contre le remblai du che-
min de fer, non loin du pont métallique de
la Brague. Le comte de Robillard avait été
projeté à peu de distance.
Quand on s'approcha de lui, il ne donnait
déjà plus signe de vie. L'appareil, en tom-
bant, étaït venu heurter les fils télégraphi-
ques qui bordent la voie et les avait brisés.
Aussitôt arrivèrent sur les lieux de l'acci-
dent quelques aviateurs de l'aérodrome de
la Brague, parmi lesquels le lieutenant Pi-
zon. En hâte, on envoya chercher un méde-
cin mais on se rendit bien vite compte que
le comte de Robillard avait cezsé de vivre.
On transparta son cadavre dans un hoa-
gar du camp d'aviation, ceîui-lù même où,
en décembre 1909, on avait transporté le
corps d'une des premières victimes de l'avia-
tion, Fernandez car, détail à noter, le com-
te de RoMllard s'est tué à peu de distance
de l'endroit où Fernandez avait égalômeM
trouvé la.Tnorf.
Le cadavre du comte de Bobillard a été en-
suite transporté à l'hôpital d" Antibes, d'ou
on le conduira demain à Nice, au domicile
de la famille de Robillard,
Le comte Georges de Robillard-Cûsnae,
qui vient de périr ainsi tragiquement, était
né à Ni,ce le 18 iuillet
Il iut parmi les premiers adeptes de l'a-
viation et obtint son brevet de pilote sous
le n° 1S4 le 29 aoitt 1910.
Le comte de Robillard qui était en avia-
tion un pur amateur montra toujours une
intrépidité rare, souvent accompagnée d'un
peu de témérité.
Le moire de
moleste un. journaliste
Marseille, 4 mai.
Un regrettable incident s'est produit cet
après-midi, à trois heures, devant les bu-
reaux du Petit Marseillais.
M. Cadenat, maire de Marseille, vexé par
la palémique d'un rédacteur de ce journal.
M. Faber, l'a attendu sur le trottoir et, au
moment où il allait entrer, s'est jeté sur lui
et s'est livré à des voies de fait. Des person-
nes, accourues au bruit de la lutte, s'inter-
posèrent et mirent fin à celle scène brutale.
M. Faber a refusé de porter plainte.
LlNSULLATlj M JICLAUSSE
MM. Hamard, directeur bénéral des re-
clierches, et Guichard, chef de la sûreté, ont,
hier matin, procédé à l'installation de M. Ni-
clausse, le nouveau sous-chef de la sùreté,
nemmé en remplacement du regratté NI.
Jouin. La cérémonie fut des plus simples
et dépouillée de tout apparat.
M. Niclausse a été conduit au cabinet
occupé par son infortuné 'prédécesseur,
M. Jouin. et le personnel placé sous ses
ordres lui a été présenté.
Inspecteurs principaux, brigadiers et ins-
pecteurs ont ainsi fait connaissance avec
leur nouveau chef qui est immédiatement
entré eci fonctions.
M. Nit'lîiusse a exprimé à M. Guichard
l'assurance de son entier dévouement.
Je ne nie dissimule pas, a-t-il dit en
substance, les difficultés de ma tache mais
je vois dans ma nomination une marque de
confiance que je m'efforcerai de justifier par
une activité de tous les instants.
̃ Le plus récent portrait de M. Nictausse, le
t nouveau sous-chef de la sûreté.
LA BANDE BONNOT
Four venger Mit
lirtistefleMij
Ce drame trouve sa genèse dans l'alibi truqué
de Dieudonné. L'assassin est en fuite.
La fin tragique de Bonnot et I arrestation
de Carouy, Raymond la Science, Dieudonné
et consorts, n'a pas mis fin aux exploits de
la sinistre bande.
Efle apparaît, à présent, comme une vé-
ritable maffia anarchiste, étendant ses ra-
mifications au loin, trouvant partout des ca-
marades dévoués et résolus, prêts à toutes
les besognes, aptes à fournir les moyens de
dépister la police et, en cas d'arrestation, à
tromper la justice. Bien mieux, la bande a
pris a tâche de terroriser les honnêtes gens
qui, obéissant à leur conscience, viennent
dire ce qu'ils ont vu et qui ils ont vues.
Il y a quelques jours, M. Granghaud, re-
lieur, était victime d'un attentat à Lozère,
près de Palaiseau. Comme il regagnait son
domicile, dans cette localité, vers sept
res du soir, un inconnu tira sur lui plusieurs
coups de revolver parce qu'il supposait que
M. Gtanghaéud avait livré Carouy à la poli-
ce. M. Granghaud eut la chance de s'en tirer
avec une légère blessure.
Ln fait analogue, mais dont tes con:é-
quences sont, hélas autrement graves, puis-
qu'il y eut mort d'homme, s'est passé, hier,
aux environs de Nancy, dans les circons-
tances qu'expose ainsi notre correspondant
particulier de cette ville
L'ASSASSINAT DE M. BLANCHET
Nancy, 4 mai.
Un menuisier, M. Blanchet, a été- assailli;
aujourd'hui, par un individu qui l'a tué froi-
dement de deux balles de revolver.
Le meurtrier, Charles Bill, est le frère
d'Emile Bill, qui avait certifié authentique
l'alibi fourni par Dieudonné, l'ami de Bon-
not, pour le 21 décembre, jour de l'attentat
de la rue Ordener.
La victime, M. Blanchet, avait, parait-il,
dit tout haut, ces jours derniers, dans des
cafés de Nancy, que l'alibi de Dieudonné
était faux, qu avait été fabriqué par cinq
individus, entre autres Reinert. Il n'avait
pas caché, d'ailleurs, son intention de faire
part à la justice de ce qu'il savait.
Il était environ quatre heures de l'après-
midi. M. Blanche âgé de trente-quatre ans,
entrepreneur de charpente, 68, rue du Fau-
bourg-Stanïslas, à Nancy, se trouvait à
douze kilomètres de notre ville, au village
de Neuves-Maisons. Il avait dépassé les der-
nièrès maisons du bourg et était sur ia rou-
te. vers Chavigny.
Soudain, il fut accoslé par Chartes Bill
qu'il connaissait. Celui-ci lui dit
C'est to;i qui a vendu Reinei Eh bien
voilà pour te venger!
Et. braquant un revolver. BiJI fit feu plu-
sieurs fois à bout portant.
Atteint à la tête et à la poitrine, NI. Blan-
ehet tomba comme une masse. Il ne poussa
pas un cri. La mort fui, foudroyante.
Le meurtrier s'enfuit
ce moment survint un cycliste, NI. Hum-
blot. qui, terrifié, avait assisté à la scène.
Avant qu'il ait eu le temps de se remettre
de son émotion. le meurtrier était loin.
S'enfuyant à travers champ», i! avïut pris
la direction des bois qui séparent Neuves-
Maisons de Messein. Il disparut.
A tout allure, M. Humblot se rendit à Neu-
ves-Maisons- et donna l'alarme. Bientôt un
médecin major en retraite, NI. Perrin, le ca-
pitaine de gendarmerie Henquin et la briga-
de de la localité arrivèrent sur les lieux.
Le médecin ne put que constater la mort
de M. Blanchet. Il fit alors transporter le
corps au dépôt mortuaire du cimetière.
A la recherche du coupable
L'enquête de la gendarmerie commença
immédiatement.
Grâce à M. Humblot, on eut une version
exacte du drame.
Travaillant pour le compte de M. Blan-
i:hpt, dit M. Humblot, j'avais été invité, par
lui, à me rendre à Neuves-Maisons, afin d'y
chercher du travail chez M. Antoine Bill,
menuisier.. C'est sur les indications d0 Char-
les Bill, frère cadet de celui-ci, que je devais
offrir mes services. Etant allé à bicyclette a
Neuves-Maisons, je n'y rencontrai point mon
patron. Pourtant, quelques instants plus
tard. je le trouvai à peu de distance de Neu-
ves-Maisons. Il était alors eu compagnie de
Chartes Bill.
A peine les avais-je rejoints que Bill tira
de sa poche un revolver qu'il braqua sur M.
Blanchet. Vous savez le reste.
I,e capitaine de gendarmerie fit aussitôt
prévenir le parquet de Nancy et la police
mobile. A six heures et demie. M. Rocc»
Serra, commissaire adjoint, accompagné de
deux inspecteurs, arrivait à Neuves-Mai-
sons et se lançait sur la pist? du meurtrier.
Le signalement sommaire de Charles Bill
a été envoyé d;uis toutes les directions. Le
voici: âgé de vingt ans, raille 1 m. 65 envi-
ron, cheveux noirs, moustache naissante,
coiffé d'un chapeau melon.
Les brigades de gendarmerie de la région
ont été mobilisées et ont commencé une bat-
tue. On ne ccoit pas que Bill ait pu aller loin.
Il serait réfugié dans les bois avoisinants
et sa l'tiptuj'f ne saurait tardPr.
LES ORIGINES DU DRAME il
Reinert, qui a crusc ce drame mortel,
est, iappulons-lf, le menuisier qui don-
na asilo à Dieudouné et recul étiez lui, Ift,
impasse de la Madeleine, à Nancy, -les amis
de Bonnot, ainsi que Bonnet lui-même.
Arrêté avec sa femme, If ter mai, Reinert
a été amenf à Paris et mis à la disposition
d'1 NI. Gilbert, juge d'instruction.
L'alibi du'il créait à Dioudimué es! fuu\.
Reinert a uftirmé sou;.la foi du serment .-ivnir
vu Eugènc Dieudonné le décembre 1911
jour de l'attentat de la rue <3rsa mère, à Boudonrille, huit heures du ma-
Avec un ensemble touchant, plusieurs per-
sonnes en rapports avec Dieudonnô oui dé-
claré formellement l'avoir vu, à Nancy, le
21 décembre.
En dehors de Reinert. l«r> principaux tué-
rrioins affirmant l'alibi de Diendonné sont
MM. Walfromm, métreur-vérificateur Léon
et Bmile et Chartes I3ill, menuisiers
rue JulfS-Ferry. à Nancy.
Reinert..
• C'est par Irri que le h«n s'elVnM ^ntre
Dieudonné et les témoins.
Bill était également un ami de Bonnot. On
en a la preuve par une déclaration faite par
M. Dartoy, fils de l'entrepreneur qui em-
AsonriEiytENTS
seine et SoUo-ot-Olte
înoff Mots • **•
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Départements et Colonie»
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publication d'un
G&WP ROMAN PATRIOTIQUE INÉDIT
Coeur de Française
tout spécialement écrit pour nos lecteurs
a par le grand romancier populaire =
ARTHUR BERNÈDE
^gflUBHiiaiimninmjmiiiiiUiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiHiiiiiniiiiiniiiiiiii
le nerf de la guerre
II est généralement admis que la ri-
chesse des peuples est un élément im-
portant de leur capacité de résistance
et de leur capacité de vaincre, et, as-
surément, il y a dans cet axiome une
large part de vérité.
De même qu'un homme bien nourri
et dans l'aisance a plus de force pour
faire face aux épreuves physiques et
morales qu'un homme épuisé et sans
ressources, de même un peuple riche
doit présenter à l'attaque d'un adver-
?:-« plus de reststance qu'un peuple
pauvre.
S'il en est ainsi, la France aurait
toute raison de considérer avec un cal-
me parfait les risques internationaux
possibles, car elle compte au nombre
des nations dont les disponibilités sont
les plus abondantes, dont le crédit est
le plus solide.
Ce serait cependant une erreur que
de ^'abandonner à l'excès à l'optimis-
me qui se dégage de ces considérations.
L'argent est le nerf de la guerre, mais
quand on examine les faits, on arrive à
conclure que ce proverbe pourrait pres-
que se retourner et que souvent la vic-
toire est le nerf de l'argent.
C'est ce que vient d'établir, dans une
intéressante étude, relative à la force
financière des Etats, M. Raphaël Geor-
ges Levy. Les exemples qu'il cite sont
caractéristiques et, sans doute, sont-ils
inédits pour la plupart des lecteurs.
Lar puissance financière des peuples
trouve son expression courante dans
kur crédit. Tous les. peuples emprun-
recettes qu'ils .tirent «Je l'impôt
pas suffisantes à leurs besoins.
Pius ils empruntent cher, moins leur
çrédit est bon, si bien que le cours Ce
leur rente, qui marque le prix auquel
ils peuvent, en cas de nécessité, se pro-
curer les sommes qui leur sont néces-
saîres, marque aussi leur force relative
dans, l'ordre financier.
Or, à considérer les deux plus gran-
des guerres des cinquante dernières an-
nées, on constate que le crédit le mieux
asstè ne résiste pas à la défaite et que
le crédit le plus précaire se fortifie par
la victoire.
Prenons par exemple la guerre fran-
co-allemande de 1870. Au début de juil-
let 1870, la rente française 3 0/0 vaut
70 francs. La France est dès cette épo-
que, bien que dans de moindres propor-
tions qu'aujourd'hui, le banquier d'un
grand nombre de gouvernements et de
sociétés étrangères.
La guerre éclafe aussitôt, le minis-
tre de- Finances emprunte un milliard.
millions de rente 3 0/0 sont placés,
mais à un cours déjà inférieur de
15 0/0 à celui du début du mois.
Surviennent les défaites les mesu-
res exceptionnelles deviennent indis-
peri»<»ijîes l'appel à la Banque de
France, les avances excessives, le cours
forcé, puis l'emprunt fait' avec la mai-
son Morgan. A cette date, automne de
1870, la France ne trouve à emprun-
ter qu'à 6 0/0, la charge réelle du débi-
teur étant encore supérieure de 1 1/2
au taux théorique de 6 0/0.
Après la conclusion de la paix, de
nouveaux emprunts s'imposent, tant
pour payer l'Allemagne que pour réor-
ganiser la France. L'emprunt du 27 juin
1871 accuse un taux effectif de 6 0/0,
soit une dépréciation de 50 0/0 de notre
crédit. En 1872, c'est presque le même
cours. La puissance financière de la
France, incontestée et indiscutée avant
la guerre, n'a donc pas résisté à cette
épreuve.
Pour l'Allemagne, c'est tout le con-
traire. En 1870, elle empruntait à 5 0/0
au prix de 88. et elle empruntait avec
peine. Deux mois plus tard, les cours
se relevaient les bons du Trésor
étaient émis à 96. Bien que les chargeas
de la guerre fussent énormes, l'Alle-
magne y faisait facilement face.
Pourquoi ? Parce qu'elle était victo-
rieuse. Comme le remarque M. Lévy,
ci' avait, à la conclusion de la paix,
des finances plus solides qu'avant l'ou-
verture des hostilités. Elle puisait, dans
nos coffres-forts de quoi rembourser
une grande quantité de sa dette, réfor-
mer sa circulation monétaire, établir
l'étalon d'or, constituer le trésor de
guerre de Spandau. Elle faisait des lar-
gesses à ses généraux et aux Etats non-
fédérés et le cours de sa rente se main-
tenait bien au-dessus de celui des fonds
français.
L'exemple du Japon et de la Russie
n'est pas moins significatif.
Quand la guerre russo-japonaise a
commencé, en février 1904, les finances
russes étaient sensiblement supérieures
1 aux finances japonaises. Les fonds ius-
;S€5. placés en France pour la plus
grande part, avaient une clientèle assu-
rée et le maintien des cours paraissait
certain. Les disponibilités du Trésor
atteignaient près d'un milliard.
Au Japon, au contraire, les réserves
métalliques étaient à peu près nulles et
les fonds publics n'étaient cotés que sur
la place de Londres avec un marché
restreint. Les cours étaient très infé-
rieurs aux cours russes. Tandis que le
4 0/0 russe s'inscrivait à 99, le 4 0/0
japonais était aux environs de 79.
La guerre éclate et se développe com-
me on sait. Presque immédiatement,
les finances japonaises reprennent l'a-
vantage. En janvier 1904, le 4 0/0 russe
était à Paris à 99; le 4 0/0 japonais
était à Londres à 76. En décembre 1905,
le 4 0/0 russe était à Paris à 80 et le
4 0/0 japonais était à Londres à 93.
Si l'on considère les emprunts émis
par les belligérants pendant la durée de
la guerre, même constatation. En mai
1904 et en novembre de la même année,
le Japon émet à Londres deux emprunts
au cours de 93 1/2 et de 90 1/2, 6 0/0.
La Russie, au contraire, trouve de l'ar-
gent avec difficulté et le taux atteint
bientôt 7 0/0.
Qu'en conclure, sinon que, comme
dans le cas de la guerre franco-alle-
mande, le fer avait appelé l'or et que
le vainqueur, dans une situation finan-
cière inférieure à l'origine à celle du
vaincu, trouvait de l'argent plus faci-
lement que lui?
En d'autres termes, comme le dit l'au-
teur de l'étude à laquelle nous emprun-
tons ces renseignements, c'est la fbrtune
des armes qui décida de celle des finan-
ces et, par suite, ce serait une grave
erreur pour tin peuple riehe comme la
France de trop se reposer, dans l'hypo-
thèse d'une guerre, sur l'étendue de ses
ressources et sur la solidité de son crédit.
Le mécanisme de ce crédit, à l'époque
où nous sommes, est favorable à ceux
i qui savent imposer leur force. Jamais
on n'a vu un peuple empêché de faire la
guerre faute d'argent. On trouve toujours
de l'argent quand on se bat et on en
trouve à bon compte quand on triomphe.
La comparaison à laquelle on se livre
entre la richesse des différentes puissan-
ces est donc intéressante théoriquement.
Elle n'est pas et ne saurait être militai-
rement décisive.
Ainsi les dépenses si lourdes que les
peuples s'imposent pour l'entretien de
leurs armées sont loin d'être des dépen-
ses stériles. Ce sont des dépenses pro-
ductives et dont les effets bienfaisants
S3 manifestent non point seulement mo-
ralement mais matériellement, non point
seulement politiquement mais aussi
financièrement.
JEAN mSLL*
LA TÉLÉGRAPHIE SAJSFIL EN AÉROPLAM
Chartres, -i mai.
| On a f>ix«:édé aajd-urat'hiii, au* l'aérodrome
de Gmrtres, à des expériences de télégra-
phie sans fil à bord d'un biplan.
Emmené par le chef pilote Frantz, un opé-
rateur transmit il 55 kilomètres de nom-
breux télégrammes qui furent très nettement
reçus à l'aérodrome.
Les Italiens occupent l'île de Rhodes
LES VIEILLES FORTIFICATIONS DE RHODES
Dans le rectangle l'amiral Viale, commandant les forces navales italiennes
Rome, 4 mai.
Cet après-midi, à la Chambre, M. Giolilli
a donné connaissance d'un radiotélé gram-
me, par lequel l'amiral Viale. annonce qu'il
a occupe l'iUs de. Rhodes sans coup férir.
Des applaudissements chaleureux et pro-
longés ont accueilli cette nouvelle.
La dépêche de l'amiral Viale est ainsi
conçue
Rhodes, 4 mai.
» A l'aube, s'est effectuée la réunion, des
forces navales avec le.' convoi de troupes
commandé par le général Ameglio.
» Les navires se sont déployés devant
Rhodes, conformément au plan précédem-
ment dabli.
» Le débarcfup.mf ni. dans la baie de Kalitea
a commencé aussitôt et s;1 continue réguliè-
rement.
Il n'y a eu aucune résistance.
» Le temps est favorable.
» Signé Amirdl Viale.
Une dépêche ultérieure de l'amiral Viale
annonce qu'à 9 heures 30, c'est-à-dire un peu
plus de 3 heures après le commencement du
lui-ci était complètement achevé.
Les opérations se sont effectuées avec une
grande rapidité.
Les troupes turques se sont retirées sur
les hauteurs.
[L'ile de Rhodes est rune des plus gran-
des. îles de la Méditerranée orientale. Elle
se trouve située entre la Crète et la cote asia-
tique. sur la grande Idgne des paquebots aJ-
lant de Cortstantinople à Chypre et à la Sy-
rie. Sa position stratégique est donc consi-
dérable. Sa population atteint âmes
là-dessus, on compte 20,000 Grecs et seule-
AU MAROC
attaquée près de Mépiaei
mous 'AVONS.DES MQkTS ET DES BLESSÉS
Unte reconnaissance forte de trois compa-
gntes, partie d'EI-Maaziz, non loin de Mc-
quinez, a été attaquée par des Zèmtnour ou
par des Zaér dissidents. (La tribu des agres-
sears n'a pu être encore définitivement
fixée.)
Les troupes françaises ont repoussé vi-
goureusement l'ennemi, en lui rnfRffqanl des
pertes considérables. Elles auraient eu. de
leur, côté, plusieurs morts et une -quaran-
taine de btessés, dont vn officier.
[Les Zemmour et les Zaër, tribus voisi-
nes, occupent la plus grande partie de la
région située entre Méquinez et Ra$at. Nos
effectifs ont eu maintes fois maille* partir
avec ces groupements, qui n'ont jamais re-
connu l'autorité d'aucun sultan. D'abord,
tors de l'occupation de la Chaoùïa, puis lors-
que les troupes du général Moinier marchè-
rent sur Fez, ces tribus 'berbères s^opposè-
,rent à la marche de nos soldats, soit ouver-
tement, soit, de préférence, en attaquant les
convois et en tendant des embuscades. La
vaste forêt, de la Marnora leur offrait, àce
point de vue, de merveilleuses ressources
et de sûres 'retraites.]
DES NOMADES
MARCHENT CONTRE
Fez, 4 mai.
Les prévisions faites ce matin se sont
réalisées. Avec le beau temps, une harka
s'est reformée., On signale sa présence en
deux tronçons, dont l'un est à douze kilo-,
mètres du, pont de Sebou, l'autre à quatorze
kilomètres de Fez..
Une rencontre avec les troupes françaises
est possible,' demain ou après-demain, à
moins que les derniers palabres entre chefs s
aboutissent à la dispersion.
Les bruits d'abdication
Les communications envoyées hier et
avant-hier par M. Regnault disent que Mou-
l'instant, il ne parlerait plus de son abdica-
tion.
On prend des mesures militaires sérieuses
pour assurer la sécurité du sultan dans son
voyage de Fez à Rabat.
Selon toute apparence, en déclarant qu'il
voulait quitter sa capitale et abandonner le
pouvoir, il cédait à un sentiment de crainte,
car il redoute que li proclamation du protec-
torat, dans les différentes tribus, ne suscite
une vive irritation contre lui.
La situation à Marrakech
Mazagan. 4 mai.
On confirme que des combats ont été li-
v,rés entre les ca1ds des tribus des Rehamna.
ot de Ouled-Amnan, à la suite d'une discus-
sion entre eux.
La situation à Marrakesch était calme jus-
qu'au 1er mai.
Plusieurs marchés ont été pillés. On si-
gnaie un mort et des blessés.
ment musulmans. Sri capital:1. Rhodes,
groupe habitants.
("est près de cette ville que fut érigé le fa-
meux crosse de Rhodes, au troisième siècle
avant notre ère. Cette' statue, haute de tren-
te-deux mètres, s'écroula au septième siècle
Les Turcs s'emparèrent de l'île au seizième
siécle, sur les chevaliers de Saint-Jean de
Jérusalem, qui émigrèrent alors à Malle.]
EN TRIPOLITAINE
Une reconnaissance italienne
Tripoli, .i mai.
On mande de Feroua que le général Gd-
rioni, désirant affirmer l'occupation des
routes de caravanes au sud de Boukam-
mech, a envoyé ce matin une colonne com-
posée d'un bataillon d'infanterie, d'un ba-
taillon d'Askfis avec des mitrailleuses et
des mineurs du génie.
La colonne s'est heurtée à un groupe de
200 Turcs et Arabes retranchés.
Après un feu rapide, les Askris ont chargé
à la baïonnette et ont obligé les Arabes à se
retirer en leur infligeant des pertes impor-
tantes.
Une attaque turco-arabe
Homs, i mai.
Durant la nuit dernière, les Turco- Arabes,
avec des forces considérables, ont esquissé
une attaque contre les positions de Lebdah,
occupées par les Italiens le courant.
Cette attaque a été repoussée par les trou-
pes italiennes, qu appuyait l'artillerie.
Les Italiens ont eu deux morts et cinq
blessés.
ERREUR JUDICIAIRE ÉVITÉE
Ui directeur d'école
victime d'une machination
Les petits imposteurs qui accusèrent M. Car-
baud, arrêté à Pierrefitte, ont été démas-
qués par M. le juge Bourdeaux.
Sans la perspicacité de M. le juge d'ins-
truction Bourdeaux, une effroyable erreur
judiciaire allait être commise. Le directeur
d'un établissement scolaire des plus hono-
rables allait être envoyé au bagne, sous
l'accusation la plus inf&me portée» contre lui
par six de ses élèves, àgés de neuf à onze
ans.
M. Henri Carbonel c'est le nom de ce
rescapé judiciaire est originaire de
l'Aveyron il est âgé de quarante ans.
11 avait fondé, ir PierrefRte (Seine), un
pensionnat de jeunes garçons qui n'avai ces-
sé de prospérer. Très doux, très paternel, ex-
cellent«professeur, M. Carbonel inspirait la
confiance la plus complète aux familles.
Aussi, grande lut la stupéfaction de tous,
quand, le 8 avril dernier, le directeur du peu-
sionnât fut arrêté.
Le commissaire de police avait reçu des
six élèves des dénonciations si précises
qu'aucun doute n'était resté dans son esprit
sur la culpabilité de M. Carbone!. Les en-
fants aveiertt, en effet, indiqué, avec force
détails, les attentats à la pudeur auxquels
leur directeur s'était livré sur eux, au dor-
toir. Leurs déclarations avaient été des plus
concordantes le commissaire ne pouvait
même pas envisager la possibilité d'une
erreur.
L'établissement scolaire fut fermé, les élè-
» Kéflanct justifiée
endant M. Bourdeaux, qui avait été
chargé de l'instruction de cette affaire, avait
été frapné par les excellents renseignements
recueillies sur l'inculpé. Partout où il était
passé, dans tous les établissements scolai-
res où il avait enseigné, on ne tarissait pas
d'éloges sur son compte.
Comment un tel homme avait-il pu com-
mettre des actes aussi immondes que ceux
dont il était accusé ?
Vendredi, le magistrat instructeur convo-
qua les petits accusateurs à son cabinet. Ils
furent tout aussi précis, tout aussi formels
que devant le commissaire de police.
Confrontés avec M. Carbonel, ils l'accusè-
rent face à face, rappelant avec détails tous
les actes auxquels il s'était livré.
Il n'y avait nulle contradiction dans leurs
déclarations leur visage respirait la séré-
nité. Dès lors, cette triste affaire allait en-
trainer pour l'accusé les travaux forcés à
temps pour le moins, à perpétuité peut-être.
En réfléchissant, le magistrat s'étonna de
l'abondance des détails fournis par les en-
fants, des expressions employées par eux.
Les témoins se rétractent
Hier, M. Bourdeaux convoquait à nouveau
les petits témoins à son cabinet.
Ils furent tout aussi formels. Le magistrat
ne se découragea pas. Il prit le plus jeune à
part, lit appel. ses bons sentiments, lui
montra les conséquences de son accusation,
lui disant
Serais-tu content si on envoyait au ba-
gne ton papa pour un crime qu'il n'aurait
pas commis ?
Non, répondit l'enfant. Aussi, je vais
dire la vérité. Rien de ce que nous avons
déclaré sur M. Carbonel n'est vrai. C'est un
élève, un « grand », X. qui nous a fait
raconter ce que nous avons dit. Je n'ai pas
osé, hier, vous avouer que j'avais menti
parce que j'avais peur d'être battu par le
» grand ».
Du coup, NI. Bourdeaux rappela les autres
petits accusateurs.
Ils reconnurent tous que rien de ce qu'ils
avaient déclaré n'était vrai. Jamais Ni. Car-
bonel n'avait commis le moindre acte délic-
tueux.
L'instigateur de cette machination fut man-
dé par le magistrat -instructeur.
Confronté, à son tour, avec ses petits ca-
marades, il dut reconnaître que c'était lui,
en effet, qui Leur avait suggéré ce qu'ils
avaient dit.
Mais pourquoi, lui a demandé NI. Bour-
deux, vous êtes-vous rendu coupable d'une
chose aussi monstrueuse ?
A cette question, cet étève a fait celte ré-
M. Carbonel avait augmenté le prix de
ma pension de dix francs mes parents al-
laient me retirer de chez lui. j'ai voulu me
venger.,
L'accusé en liberté
̃ M. Carbonel, qu'assistait 'le Yiven, a été
remis imn>édiatemeni en làberlé, en atten-
dant l'ordonnance de non-lieu. Mais le mal-
heureux sort ruiné de prison son établisse-
ment est fermé, il n'a plus d'élèves, et le ma-
riage qu'il était sur le point de contracter est
rompu.
Que penser, après cela, de la valeur des
témoignages d'enfants ?
UN SUICIDÉ AU DÉPÔT
Dans sa cellule, Coneuf s'est ouvert la veine
temporale. Ces jours derniers, rue de
Rivoli, il avait tenté d'assassiner M.
Querfeldt, son patron.
Nos lecteurs se souviennent sans doute
de la tragédie qui se déroula le 29 avril der-
nier, au n° de la rue de Rivoli. Nous
l'avons racontée alors dans tous ses détails.
Un marchand de filires, M. Jules Quer-
feldt, vieillard de soixante-dix ans, était
installé depuis plus de quarante-cinq ans
à cette adresse.
Or, dans, l'après-midi de ce jour-là, vers
une heure un quart, le fils de M. Querfeldt
trouva son père effondré sur une chaise, le
visage en sang. Le malheureux est loin en-
core, l'heure actuelle, d'être remis de ses
blessures.
C'est Elie qui a fait ça, balbutia le vieil-
tard, qui perdit aussitôt connaissance.
Elie Coneuf était un 'ancien employé du
marchand. Il avait quarante-cinq ans. C'était
un alcoolique, qui ne faisait rien de bon et
dont M. Querfeldt, il v a deux ans, avait dû
se séparer.
L'individu, qui avait commis le crime pour
voler car une valise renfermant une
somme importante avait disparu fut
arrêté le soir même, à dix heures et demie,
à son domicile, 7, rue Volta, et immédiate-
ment écroué ùu dépôt.
Or. le surlendemain, mai, des gardiens
de la prison ayant ouvert la cellule où
Conçut avait été enfermé, trouvèrent le pri-
sorinier étendu sur son lit. Il était couvert
de sang et râlait. Le misérable, avec les dé-
bris de* sa cruche, qu'il avait cassée, s'était
ouvert la veine temporale.
On le transporta aussitôt à l'Hôtel-Di«q.
Mais son état était désespéré et Coneuf expi-
rait, hier matin, sans avoir repris connais-
sance.
CHUTE MORTELLE D'UN AVIATEUR
Le comte de Robillard
tombe de 250 mètres
Le comte de Robillard-Osnac, l'une des
personnalités les plus connues de la côte
d'Azur, vient-de périr tragiquement dans
un accident d'aéroplane.
Cet après-midi, un peu après quatre heu-
res, il était parti de l'aérodrome de la Cali-
fornie, se dirigeant sur Antibes.
Le temps n'était guère favarable, un vent
assez violent et irrégulier soufflait sur la
région. L'aviateur se trouvait, à ce momem,
1'1 une altitude de mètres environ. Des
automobilistes qui passaient sur la route
l'aperçurent, alors qu'H survolait le champ
d'aviation de la Braque.
Soudain, les témoins de l'accident' virent
Le comte de Robllard
les ailes du monoplan se briser et l'appareil,
après un capotage, piqua vers la terre.
Il vint s'écraser contre le remblai du che-
min de fer, non loin du pont métallique de
la Brague. Le comte de Robillard avait été
projeté à peu de distance.
Quand on s'approcha de lui, il ne donnait
déjà plus signe de vie. L'appareil, en tom-
bant, étaït venu heurter les fils télégraphi-
ques qui bordent la voie et les avait brisés.
Aussitôt arrivèrent sur les lieux de l'acci-
dent quelques aviateurs de l'aérodrome de
la Brague, parmi lesquels le lieutenant Pi-
zon. En hâte, on envoya chercher un méde-
cin mais on se rendit bien vite compte que
le comte de Robillard avait cezsé de vivre.
On transparta son cadavre dans un hoa-
gar du camp d'aviation, ceîui-lù même où,
en décembre 1909, on avait transporté le
corps d'une des premières victimes de l'avia-
tion, Fernandez car, détail à noter, le com-
te de RoMllard s'est tué à peu de distance
de l'endroit où Fernandez avait égalômeM
trouvé la.Tnorf.
Le cadavre du comte de Bobillard a été en-
suite transporté à l'hôpital d" Antibes, d'ou
on le conduira demain à Nice, au domicile
de la famille de Robillard,
Le comte Georges de Robillard-Cûsnae,
qui vient de périr ainsi tragiquement, était
né à Ni,ce le 18 iuillet
Il iut parmi les premiers adeptes de l'a-
viation et obtint son brevet de pilote sous
le n° 1S4 le 29 aoitt 1910.
Le comte de Robillard qui était en avia-
tion un pur amateur montra toujours une
intrépidité rare, souvent accompagnée d'un
peu de témérité.
Le moire de
moleste un. journaliste
Marseille, 4 mai.
Un regrettable incident s'est produit cet
après-midi, à trois heures, devant les bu-
reaux du Petit Marseillais.
M. Cadenat, maire de Marseille, vexé par
la palémique d'un rédacteur de ce journal.
M. Faber, l'a attendu sur le trottoir et, au
moment où il allait entrer, s'est jeté sur lui
et s'est livré à des voies de fait. Des person-
nes, accourues au bruit de la lutte, s'inter-
posèrent et mirent fin à celle scène brutale.
M. Faber a refusé de porter plainte.
LlNSULLATlj M JICLAUSSE
MM. Hamard, directeur bénéral des re-
clierches, et Guichard, chef de la sûreté, ont,
hier matin, procédé à l'installation de M. Ni-
clausse, le nouveau sous-chef de la sùreté,
nemmé en remplacement du regratté NI.
Jouin. La cérémonie fut des plus simples
et dépouillée de tout apparat.
M. Niclausse a été conduit au cabinet
occupé par son infortuné 'prédécesseur,
M. Jouin. et le personnel placé sous ses
ordres lui a été présenté.
Inspecteurs principaux, brigadiers et ins-
pecteurs ont ainsi fait connaissance avec
leur nouveau chef qui est immédiatement
entré eci fonctions.
M. Nit'lîiusse a exprimé à M. Guichard
l'assurance de son entier dévouement.
Je ne nie dissimule pas, a-t-il dit en
substance, les difficultés de ma tache mais
je vois dans ma nomination une marque de
confiance que je m'efforcerai de justifier par
une activité de tous les instants.
̃ Le plus récent portrait de M. Nictausse, le
t nouveau sous-chef de la sûreté.
LA BANDE BONNOT
Four venger Mit
lirtistefleMij
Ce drame trouve sa genèse dans l'alibi truqué
de Dieudonné. L'assassin est en fuite.
La fin tragique de Bonnot et I arrestation
de Carouy, Raymond la Science, Dieudonné
et consorts, n'a pas mis fin aux exploits de
la sinistre bande.
Efle apparaît, à présent, comme une vé-
ritable maffia anarchiste, étendant ses ra-
mifications au loin, trouvant partout des ca-
marades dévoués et résolus, prêts à toutes
les besognes, aptes à fournir les moyens de
dépister la police et, en cas d'arrestation, à
tromper la justice. Bien mieux, la bande a
pris a tâche de terroriser les honnêtes gens
qui, obéissant à leur conscience, viennent
dire ce qu'ils ont vu et qui ils ont vues.
Il y a quelques jours, M. Granghaud, re-
lieur, était victime d'un attentat à Lozère,
près de Palaiseau. Comme il regagnait son
domicile, dans cette localité, vers sept
res du soir, un inconnu tira sur lui plusieurs
coups de revolver parce qu'il supposait que
M. Gtanghaéud avait livré Carouy à la poli-
ce. M. Granghaud eut la chance de s'en tirer
avec une légère blessure.
Ln fait analogue, mais dont tes con:é-
quences sont, hélas autrement graves, puis-
qu'il y eut mort d'homme, s'est passé, hier,
aux environs de Nancy, dans les circons-
tances qu'expose ainsi notre correspondant
particulier de cette ville
L'ASSASSINAT DE M. BLANCHET
Nancy, 4 mai.
Un menuisier, M. Blanchet, a été- assailli;
aujourd'hui, par un individu qui l'a tué froi-
dement de deux balles de revolver.
Le meurtrier, Charles Bill, est le frère
d'Emile Bill, qui avait certifié authentique
l'alibi fourni par Dieudonné, l'ami de Bon-
not, pour le 21 décembre, jour de l'attentat
de la rue Ordener.
La victime, M. Blanchet, avait, parait-il,
dit tout haut, ces jours derniers, dans des
cafés de Nancy, que l'alibi de Dieudonné
était faux, qu avait été fabriqué par cinq
individus, entre autres Reinert. Il n'avait
pas caché, d'ailleurs, son intention de faire
part à la justice de ce qu'il savait.
Il était environ quatre heures de l'après-
midi. M. Blanche âgé de trente-quatre ans,
entrepreneur de charpente, 68, rue du Fau-
bourg-Stanïslas, à Nancy, se trouvait à
douze kilomètres de notre ville, au village
de Neuves-Maisons. Il avait dépassé les der-
nièrès maisons du bourg et était sur ia rou-
te. vers Chavigny.
Soudain, il fut accoslé par Chartes Bill
qu'il connaissait. Celui-ci lui dit
C'est to;i qui a vendu Reinei Eh bien
voilà pour te venger!
Et. braquant un revolver. BiJI fit feu plu-
sieurs fois à bout portant.
Atteint à la tête et à la poitrine, NI. Blan-
ehet tomba comme une masse. Il ne poussa
pas un cri. La mort fui, foudroyante.
Le meurtrier s'enfuit
ce moment survint un cycliste, NI. Hum-
blot. qui, terrifié, avait assisté à la scène.
Avant qu'il ait eu le temps de se remettre
de son émotion. le meurtrier était loin.
S'enfuyant à travers champ», i! avïut pris
la direction des bois qui séparent Neuves-
Maisons de Messein. Il disparut.
A tout allure, M. Humblot se rendit à Neu-
ves-Maisons- et donna l'alarme. Bientôt un
médecin major en retraite, NI. Perrin, le ca-
pitaine de gendarmerie Henquin et la briga-
de de la localité arrivèrent sur les lieux.
Le médecin ne put que constater la mort
de M. Blanchet. Il fit alors transporter le
corps au dépôt mortuaire du cimetière.
A la recherche du coupable
L'enquête de la gendarmerie commença
immédiatement.
Grâce à M. Humblot, on eut une version
exacte du drame.
Travaillant pour le compte de M. Blan-
i:hpt, dit M. Humblot, j'avais été invité, par
lui, à me rendre à Neuves-Maisons, afin d'y
chercher du travail chez M. Antoine Bill,
menuisier.. C'est sur les indications d0 Char-
les Bill, frère cadet de celui-ci, que je devais
offrir mes services. Etant allé à bicyclette a
Neuves-Maisons, je n'y rencontrai point mon
patron. Pourtant, quelques instants plus
tard. je le trouvai à peu de distance de Neu-
ves-Maisons. Il était alors eu compagnie de
Chartes Bill.
A peine les avais-je rejoints que Bill tira
de sa poche un revolver qu'il braqua sur M.
Blanchet. Vous savez le reste.
I,e capitaine de gendarmerie fit aussitôt
prévenir le parquet de Nancy et la police
mobile. A six heures et demie. M. Rocc»
Serra, commissaire adjoint, accompagné de
deux inspecteurs, arrivait à Neuves-Mai-
sons et se lançait sur la pist? du meurtrier.
Le signalement sommaire de Charles Bill
a été envoyé d;uis toutes les directions. Le
voici: âgé de vingt ans, raille 1 m. 65 envi-
ron, cheveux noirs, moustache naissante,
coiffé d'un chapeau melon.
Les brigades de gendarmerie de la région
ont été mobilisées et ont commencé une bat-
tue. On ne ccoit pas que Bill ait pu aller loin.
Il serait réfugié dans les bois avoisinants
et sa l'tiptuj'f ne saurait tardPr.
LES ORIGINES DU DRAME il
Reinert, qui a crusc ce drame mortel,
est, iappulons-lf, le menuisier qui don-
na asilo à Dieudouné et recul étiez lui, Ift,
impasse de la Madeleine, à Nancy, -les amis
de Bonnot, ainsi que Bonnet lui-même.
Arrêté avec sa femme, If ter mai, Reinert
a été amenf à Paris et mis à la disposition
d'1 NI. Gilbert, juge d'instruction.
L'alibi du'il créait à Dioudimué es! fuu\.
Reinert a uftirmé sou;.la foi du serment .-ivnir
vu Eugènc Dieudonné le décembre 1911
jour de l'attentat de la rue <3r
Avec un ensemble touchant, plusieurs per-
sonnes en rapports avec Dieudonnô oui dé-
claré formellement l'avoir vu, à Nancy, le
21 décembre.
En dehors de Reinert. l«r> principaux tué-
rrioins affirmant l'alibi de Diendonné sont
MM. Walfromm, métreur-vérificateur Léon
et Bmile et Chartes I3ill, menuisiers
rue JulfS-Ferry. à Nancy.
Reinert..
• C'est par Irri que le h«n s'elVnM ^ntre
Dieudonné et les témoins.
Bill était également un ami de Bonnot. On
en a la preuve par une déclaration faite par
M. Dartoy, fils de l'entrepreneur qui em-
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