Titre : Le Petit Parisien : journal quotidien du soir
Éditeur : Le Petit Parisien (Paris)
Date d'édition : 1912-03-26
Contributeur : Roujon, Jacques (1884-1971). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 26 mars 1912 26 mars 1912
Description : 1912/03/26 (Numéro 12932). 1912/03/26 (Numéro 12932).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol-Lc2-3850
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/06/2008
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LES BANDITS EN AUTO ONT PASSE: ENCORE TROIS CADAVRES!
L'ENDROIT OU S'EST PRODUIT L'ATTENTAT DE MONTGERON
A gauche, la petite cabane on s'étaient cachés les criminels
Voici encore du fantastique, de l'ini-
maginable Nous avons frémi de l'au-
dace des Cartouche et des Mandrin, re-
vécu ]pm angoisses des contemporains de
Lesurques, l'homme du courrier de
Lyon plus loin de la réalité, nous
avons souri devant les aventures com-
pliquée*, échevelées, des romans poli-
ders, depuis Gaboriau jusqu'à Conan
Uoyle. Leurs héros, même. se paraient
j'une imagination si fertile, d'une lo-
gique si rigoureuse, d'une témérité si
folle, qu'ils nous semblaient invraisem-
blables et, malgré tout, nous devenaient
presque sympathiques. Or, cinq ou six
hommes sont venus qui, en l'espace
d'une heure, ont effacé, comme d'un
trait de plume, et Cartouche, et Man-
drin, et les adversaires de Sherlock
Holmes.
Bonnot, Carouy, Carnier et, consorts
car c'est d'eux vraisemblablement
qu'il s'agit, et tous les témoignages re-
cueillies permettent de le croire ont
ajouté une page sinistre à lenrs san-
glants forfaits, en accomplissant hier
de criminels exploite, qui laissent bien
ioin en arrière tout ce qu'ils ont fait
jusqu'à présent.
Leur réussite, le bonheur avec lequel
ile ont échappé à .la. police tiennent du
prodige et ils,les doivent à leur incroya- j
ble esprit de ritérAskm-, 'à leur farouche
énergie et aussi osons ce mot. à
une chance invraisemblable
Cachés dans la forêt de Sénart, à
deux kilomètres environ de l'endroit où
L'ATTAQUE EN FORET DE SÉNART
Une automobile suivait, hier matin, la
grande route nationale n° 5, de Paris à Meluu.
1/e colonel de Rougé, du cadre de réserve, ac-
tuellement en villégiature au cap Ferrai, près
de Villefranche (Alpes-Maritimes), l'avait
tout dernièrement commandée aux usines cie
('ion. à Poteaux. 1a- contrat de vente stipulait
que la voiture devait lui être livrée j>;ir ta rou-
te, a vantle :29 mars. C'était un landaul.-l-h-
mouàtiiff de të chevaux, quatre piuc-s inté-
rieurea; la carrosserie ainsi que les roues
étaient peintes en bleu foncé, rehausse de
filets jaunes. Deux phares, deux lanternes
de cuivre il l'avant, une à l'arrière, ainsi que
d"s pneumatiques de rechange, placés 1 un
sur la galerie supérieure, l'autre aux côtés
du mécanicien, composaient l'équipement de
J'automobile, qui portait à l'arrière le nu-
méro d'immatriculation 179-W-l.
Vux eût»' du chciullcuv. Ce lesta Mathil-
lé qui pilotait, té véhicule, avait pris place
un jeune homme de dix-huit. ans, Louis Ce-
rizole qui. sorti lu semaine dernière de
l'Kcole d'éledricité. flevnil servir méca-
nieien au coloiv-1 de
Ijes deux ''Client, partis du
garage à f hernie du matin,
étaient descendus de voilure Montgeron,
vit avisant, une carte à la rrwin, \1. Cha-
mard, débitant de vins, ils lui avaient de-
mandé la direction de Melun.
Tout droit devant vous avant répondu
le commerçant.
Les voyageurs avaierrt repris leur rouLe
en devisant calment de la superbe randon-
née qu'ils allaient accompli]-, car il s'agis-
sait, pour eux, de gagner le cap Serrât en
trois étapes, en s'arrêtant aax principales
Dès qu'il eut dépassé les dernières mai-
sons de la ville, ie chauffeur accéléra sa vi-
tesse, et c'est il une assez vive a.iturê qu il
s'enaagea dans la forêt de Sénurt.
Déjà les deux hommes apercevaient la
pyramide de Brunoy, dont ta silhouette de
pierre se dressait devant eux, a quelques
centaines de mètres.
Il était huit heures vingt environ. Sur la
route, de loin en loin, des paysans guidaient
leurs attelages, et dans tes champs qui bor.
dent le chemin, dépendance de la ferme du
Point-du-Jour, deux cultivateurs, un hom-
me et un femme, plantaient des pommes
de terre.
Une scène effrayante
soudain. le* au.tomobili.sles virent se dres-
ser devan! ovin, agitant un mouchoir blanc,
un indiv. -ai- luisait signe d'arrêter.
Deux ho:, nenl il ses côtés, sur la
route Cetaii au Kilomètre il un kilomè-
tre et demi exactement de l'endroit où eut
lieu l'attaque du courrier de Lyon.
Comme la route était en réparation et en-
combrée de tas de pierres, le chauffeur n'a-
vait pas été trop surpris de ce geste, qui
avait cependant étonné son compagnon de
route. M. C.-nzole, et «i voiture.
aussitôt, les deux iL' >w accom-
pagnaient l'homme au i,ion< iioir se jetèrent
en travers du chemin.
L'un d'eux cria, d'une voix terrible
C'est il!. voiture qu it nous faut
En disant ces mot*, à bout portant, coup
sur coup. il déchargea cinq fois son brow-
ning •̃̃̃ '• ̃haulïeiir et si>n camarade épou-
vni; •' -ii\ compagnons l'avaient :mi-
té Ci a leur tour, a coups répétés sur
les deux voyageurs qui tombèrent de leur
siège, foudroyés par les balles. M. Cerizole,
le courrier de Lyon fut assailli, et mu-
nis de carabines Winchester, ils ont
arrêté une automobile, ont tué le chauf-
feur, se sont emparés de la voiture et,
à toute vitesse, ont gagné Chantilly. Là,
ils ont pénétré dans l'agence de la So-
ciété Générale, ont tué le caissier et un
garçon de recette, blessé sérieusement
un employé, emporté le portefeuille,
contenant une cinquantaine de mille
francs, et se sont enfuis, toujours avec
l'auto volée. Le terme de leur étape fut
Asnières, où la voiture a été retrouvée.
Quant à eux, les criminels, ils doivent
être bien tranquillement rentrés dans
Paris.
Et voilà. Jusqu'à quand vivrons-nous
sous la menace de semblables attentats?
Il ne faut pas se dissimuler que le nom-
bre de ces malfaiteurs, leur mobilité,
leur audace et leur endurance rendent
malaisée la tâche de la police. Admira-
blement unis, presque riches grâce à
leurs méfaits, n'hésitant jamais à ris-
quer leur vie comme à tuer, habiles à
employer tous les moyens modernes de
gagner du temps, ils sont une proie
difficile et jusqu'ici l'impunité les a en-
couragés. Ceci est triste à dire, mais il
n'y a plus que l'excès de leur témérité
sur quoi l'on puisse compter pour les
saisir, un jour, et. les. mettre définitive-
met hors d'état de
Mais il nous faut maintenant conter
par le menu cette terrifiante équipée. Ce
récit montrera avec quel sang-froid ont
i su agir ces bandits.
pour ,«e protéger. avait mis les mains sur
son visage. La scène avait été fortrapide.
Blessé déjà à mort, le menton et l'abdo-
men criblés de coups de feu, perdant le
sang à flots, Mathillé était venu s'affaisser
sur le tas de pierres qui bordent la route.
Le jeune mécanicien l avait suivi en se traî-
nant. Les balles continuaient à pleuvoir sur
eux, M. Cerilole eut -alors une inspiration
i l'i le sauva.
liesse grièvement, certes il l'était: une
buiie lui avait transpercé la main droite,
une seconde lui avait traversé l'épaule, une
trnisième lui avait enlevé la phalangine de
l annulaire, deux autres l'avaient seulement
éraflé aux doigts. Mais il comprit que s'il
bougeait, s'il ne simulait pas la mort, il était
perdu.
jeune homme retint son souffle, se blot-
tit,- immobile, contre le corps de son infor-
tuné compagnon. Et il resta, ainsi n'osant
lever même le regard du côté des bandits,
craignant toujours qu'au premier mouve-
ment, il ne reçût le coup de grâce.
Les malfaiteurs le croyant mort, et maîtres
maintenant de l'auto, privée de ses conduc-
leurs, allaient quitter avec elle le théâtre
de la tuerie pour courir à de nouveaux et
sanguinaires exploits, à de nouveaux mas-
sacres.
Leur fuite fut aussi prompte que leur
attaque avait été brève. Elle fut marquée
de cet esprit de décision, de ce coup d'ueil,
de cette habileté suprême où l'on reconnaît
maintenant la marque de la bande de la
rue Ordener.
La fuite
Les trois hommes qui se trouvaient au
miliea de laaroute, avaient sauté d'un bond
alerte sur l'auto de leur victime deux sur
le devant, un à l'intérieur leurs brownings
toujours au poing. Tous trois portaient de
longs pardessus noirs et étaient coiffés de
chapeaux melons.
Aussitôt, de la cabane de cantonnier située
au bord de la route une étroite construc-
tion en maçonnerie sortaient deux autres
individus, coiffés, eux, de casquettes de joc-
key, tpji s'y tenaient cachés. Ils avaient fait
le guet. Leur mission était terminée. A leur
tour, ils sautaient dans l'auto volée.
Le nouveau chauffeur, un homme grand,
aux moustaches blondes, ressemblant à Bon-
not, avait pris en main le volant et remis la
voiture en marche.
Dans un virage rapide, qui laissa des tra-
ces sur le soi, il lui imprima un mouvement
tournant de façon n lui faire reprendre la
direction de Paris.
Mais il manquait un des sinistres bandits,
qui s'était avance à 300 mètres sur la route,
pour Lu. surveiller. Quand l'auto passa à sa
hauteur, te chauffeur ralentit son allure,
donna un coup !te sifflet -et fit signe à l'hom-
me de monter. Celui-ci, attrapant l'auto au
\ol. monta sur le marchepied gauche et re-
i joignit, sur le devant, ses deux compagnon^.
\j- rhaiiiïeur alors augmenta sa vitesse.
Toutefois, arrivé la descente de Mont-
geron. il arrêta le moteur, peut-être pour
ménager son essence, et laissa sa machine
déscendre au gré de la pente rapide.
La mort du chauffeur
On. juge de. la joie qu'éprouva, au milieu
de ses soutïranees, NI. Cerizole, lorsqu'il
entendit le bruit de l'auto des criminels
celle de son patron s'éloignant..
Le cultivateur qui travaillait avec sa
A Montgeron, ils dérobent une automobile
après avoir tué le chauffeur;
A Chantilly, ils envahissent, revolver au
poing, la succursale de la Société Générale,
tuent deux employés, en blessent un autre
et emportent près de 50,000 francs;
La voiture tragique est retrouvée à Asnières.
Quant à eux.
Le chauffeur Mathillé
tué à Montgeron
femme dans le champ qui borde la route,
M. Antoine Dhennin, de la ferme du Point-
du-Jour, était accouru près 'du tas de pier-
res où gisaient les deux blessés.
Le jeune homme lui dit d'une voix douce"
montrant son voisin, le chauffeur
-r- Il faut remmener
Le brave cultivateur ne se le lit pas dire
deux fois. Justement une charrette se trou-
vait la, pleine de bottes de paille. C'était
celte de M. Albert Gervaisv. vingt-sept ans,
au service de \1. Lucien .Louis, propriétaire
à Lieusaint, (juh venait, de -cette
se rendait chez le comte d'Ksr-laibes. inaira
ce d'environ cent inélres. les trois bandits
qui stationnaient sur le côté droit de la rou-
te et qu'il avait pris pour des agents des
ponts et chaussées.
S'étant approché, il les avait vus se sépa-
rer, l'un aller sur le cote gauche, les deux
autres sur le caperçu tout d'abord l'auto, que lui masquait
une charrette appartenant à M. Piétremont,
meunier à Verres, et conduite par M. Pon-
ceau.
Il avait entendu les trois ocups de revol-
ver, avait vu, alors seulement, l'auto s'ar-
rèter, puis le chauffeur, M. Mathillé, et M.
Cerizole en tomber, frappés grièvement,
pour venir s'affaisser sur le tas de pierres
au bord droit de la route.
Effrayé par la fusillade, le cheval de M.
Ponceau avait pris peur et la charrette de ce
dernier, qui allait vers Lieasaint, s'était mi-
se en travers du chemins, protégeant ainsi
les bandïts un moment.
LE COUP DE MAIN DE CHANTILLY'
(DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL)
Chantilly, 25 mars.
Les habitants de Chantilly ignoraient
encore l'attentat de Montgeron quand, à
dix heures et demie du matin, un lan-
daulet très élégant faisait le tour de la place
de l'IIospice-Condé et venait s'arrêter au
coin de la rue de Creil, devant la succursale
de la Société Générale.
La voilure était occupée par cir:.i hom-
mes y compris le chauffeur deux sur le
siège, trois dans la voiture. Quatre indivi-
dus en descendirent, pénétrèrent dans les
bureaux de la banque et, armés de revol-
vers, mirent en joue les employés présents
MM. Trinquier, caissier Raymond Legen-
dre et Henri Guilbert.
Aussitôt plusieurs détonations éclatèrent.
M. Henri Guilbert tomba le premier, M. Trin-
quier s'affaissa presque aussitôt sur son
corps. M. Legendre tomba à son tour. Tous
trois avaient reçu plusieurs balles en plein
corps.
Pendant que leurs victimes râlaient, les
quatre bandits sautèrent par-dessus les
comptoirs séparant les bureaux de l'empla-
cement réservé au public et firent main
basse sur les sommes déposées dans la
caisse et dans un portefeuille. Ils s'emparè-
rent d'une somme de 49,000 francs environ
L'AUTOMOBILE ABANDONNEE A ASNIËRES
Trinquier et Legendre
tuçs il, Chantilly
,-Du reste, (ju'eût-il pu faire?
A l'instant où les criminels mettaient, en
niarctie l'auto volée, ils avaient visé M. Ger-
vaise qui n'élit plus qu'à trente mètres
d'eux.
Les deux eliarreti-ers, aidés du cultivateur,
chargèrent dans la voiture de M. Lucien
Louis, le chauffeur et son compagnon bles-
sa. Mais le premier râlait.
Vnmomeni, il la pharmacie Pon.celet, le
iatk^teur Thicl tenta les suprêmes efforts pour
le ^appo).«r à la vie. Il était mort en route.
Le .cadavre fut transporté à l'asile des
rfiï 'r^iëca.iiîcicn assassine;
on trouva un permis de conduire délivré en
100i au nom de rraiirous Mathillé, né le 15
février 187î, à Vaumoise (Oise). A cette épo-
quû, le malheureux habitait à Paris, 73, rue
Roçhechouart.
M. Cerizole fut ramené à Paris et trans-
porte à 1'hôpiial Saint-Antoine, puis con-
duit chez NI. le commandant Oodbert, 26,
rue JAfdntame, directeur de l'Ecole d'élec-
tricité..
A Paris et dans toute la banlieue, des or-
dres avaient été immédiatement donnés
pour que tous les postes d'octroi, tous les
carrefours fussent étroitement. surveillés.
En même temps, une voiture automobile du
service de la répression des fraudes, dans
laquelle avaient pris place dix inspecteurs
de la sûreté, sous la direction de M. Gui-
chard, commissaire spécial des Halles cen-
trales, s'était élancée à la poursuite des
bandits. Mais, avant que ces mesures aient
pu donner un résultat, les bandits avaient
eu le temps de gagner Chantilly.
en billets de banque et en or ils négligèrent
les titres qui se trouvaient à leur portée.
L'opération avait demandé quelques mi-
nutes seulement. Les bandits gagnèrent la
porte donnant sur la place de l'Hospice-Condé
et regagnèrent leur automobile.
Cependant l'un d'eux tit quelques pas jus-
qu'au coin de la rue de Creil, et aperçut un
passant, M. Courbe, employé prmcipal de
la succursale, qui courait en appelant au
secours il s'arma d'une carabine Winches-
ter placée dans la voiture et fit feu dans sa
direction. Puis il sauta vivement sur le
siège à côté du chauffeur et l'automobile,
dont l'allumage n'avait pas été coupé et
dont le moteur ronflait toujours, se remit
en marche.
Une fusillade
Mais le bruit des détonations avait donné
l'alarme. Une douzaine de passants, car l'en-
droit est assez peu fréquenté à cette heure
matinale, se hâtèrent vers l'auto.
Aussitôt une fusillade nourrie éclata. De
l'intérieur de la voiture, les bandits, de leurs
carabines, firent feu sur tous ceux qui
étaient en vue. Au coin de la rue de Paris,
c'est-à-dire au détour de la place et dans la
direction de Paris, ils furent obligés de ra-
lentir, parce que trois voitures venaient à
leur rencontre.
M. Lesage, propriétaire de l'hôtel d'Angle-
LA SUCCURSALE DE LA SQCIÉTÉ GENERALE. A CHANTILLY (Cl. Bozyckft
terre, qui fait le coin de cette rue, avait
deviné ce qui se passait. Il sortit tête nue et
t aigne à im charreticr qui s'avançait avec
son attelage de barrer le passage. Celui-ci,
M. Lotellier, qui avait, lui aussi, entendu
les coups de feu, s'empressa d'obéir. Malheu-
reusement, son cheval s'arrêta net et se re-
fusa à tourner.
Un instant arrêtés, les auteurs de l'attentat
firent feu sur M. Letellier, sur M. Lesage et
sur plusieurs passants qui accouraient. Un
des projectiles tirés vint briser la glace de
la devanture du magasin de chaussures de
M. Choquet. Celui-ci, qui se trouvait dans sa
boutique, entendit le sifflement du projec-
tile.
A la faveur de l'émotion générale, l'auto-
mobile put accélérer son allure. Au sortir de
la rue de Paris, qui est fort courte, s'ouvre
l'avenue de la Gare, macadamisée, en très
bon état et se prêtant merveilleusement à
une randonnée. Les bandits profitèrent de
cette circonstance et disparurent en quatriè-
me vitesse.
Un peu plus loin, au tournant de la gare,
ils firent un virage si brusque et si court
qu'ils faillirent verser. « Leur voiture, m'a
déclaré un témoin, ne se tenait, à ce mo-
ment, en équilibre, que sur deux roues. »
Comme s'ils connaissaient admirablement
leur itinéraire, ils n'eurent pas un moment
d'hésitation et s'élancèrent dans la direction
de Paris, sur là route de la Morlaye.
A ce moment, on les perdit de vue. Leur
passage fut signalé peu après à louacches
par un gendarme de la loc-ajité^ qui voyant
l'intuition que les voyageurs qui la mon-
taient avaient intérêt Li se sauveur et tenta
de les arrêter. Il ne put y parvenir, mais il
remarqua le signalement de la voiture qu'il
télégraphia à Chantilly. Ce signalement cor-
respondait à celui de l'automobile des ban-
dits.
A partir de Luzarches, leur piste fut per-
due.
L'émotion à Chantilly
Il y a à peine une heure que le drame s'est
passé quand j'arrive à Chantilly et la version
qui précède m'est fournie par des témoins
oculaires. L'émotion, en ville, est intense.
La foule s'est rassemblée devant ta maison
du crime, une foule de bourgeois, d ouvriers,
d'employés, de sportsmen, d'entraîneurs et
de joekeys. Mais le sentiment est unanime.
C'est de la stupeur et de la colère qui gronde.
Les mêmes mots sont sur toutes des lèvres
« Ah les misérables on ne les arrêtera donc
pas n Les noms de Bonnot, de Carouy, de
Garnier sont prononcés avec indignation. Il
ne fait de doute pour personne que ce sont
eux qui ont accompli le forfait de tout à
l'heure.
On verra plus loin que cette opinion est
fondée. Les témoignages que j'ai recueillis
sont formels. Le signalement des bandits de
la rue Ordener et leur procédé habituel sont
identifiés.
Leur attentat a été soigneusement, préparé
et porte bien leur marque. Nul détail n'a été
négligé, Avant d'envahir la succursale de la
Société Générale, ils ont tout d'abord assuré
leu.r retraite. Les rues voisines ont été rapi-
dement explorées, afin d'acquérir la certitu-
de qu'aucune auto pouvant leur donner la
chasse ne s'y trouvait. La preuve m'en est
donnée par Mme Chabaux, demeurant 2, rue
de la Chaussée, qui m'a dit ceci
Il était environ dix heures un quart,
j'étais en train de causer avec ma proprié-
taire, devant ma porte, lorsque je vis une
automobile fermée, de couleur très foncée,
s'arrêter devant ma maison,. Cinq hommes
-s'y trouvaient. Celui placé au. volant était
trapu et blond à côté de lui était un grand
brun, maigre, à la forte moustache, vêtu
d'un long pardessus gris chiné et coiffé d'un
chapeau melon. Le chauffeur au volant était
enveloppé dans un cache-poussière de cou-
leur jaunâtre.
Le grand brun descendit du siège et dit
Ralentis un peu
Il regarda autour de lui, explora la rue
d'un coup d'oeil et, une minute après, re-
monta sur le siège»
Machinalement, j'avais regardé les tou-
ristes. Trois hommes se trouvaient à l'inté-
rieur de la voiture. Je n'ai pas pu distinguer
leurs costumes, mais j'ai remarqué qu'ils
étaient coiffés de chapeaux melons.
La voiture n. fait marche arrière, parce
que l'étroite.sse de la rue ne lui permettait
pas de tourner. Puis elle n'a pas tardé à
s'éloigner rapidement. Le grand brun était
à côté du chauffeur.
Mme Chabaux, qui est sous le coup de
l'impression ressentie une heure auparavant,
m'affirme qu'elle reconnaîtrait entre uùlle
les deux individus qui se trouvaient sur le
siège.
Ce que dit un charretier
J'ai vu également le charretier qui a tenté
de barrer le passage aux fuyards, M. Louis
Letellier, 4, rue de Gouvieux, à Chantilly.
Il était exactement dix heures et demie,
m'a-t-il déclaré. J'allais tourner le coin de
la place, venant -de la rue de Paris, lorsque
j'entendis des coups de feu. Je crus d'abord
à un éclatement de pneu, lorsque je vis une
automobile démarrer devant la Société Géné-
rale el tourner a droite pour vtair à ma
rencontre.
En même temps que l'auto se mettait en
marche, progressivement, quatre hommes
1 grimpèrent dedans lestement. Les vitres de
la voiture étaient baissées, et je vis nette-
ment plusieurs canons de carabines émer-
ger des portières. Des coups de feu éclatè-
rent.
La voiture, qui avait avancé rapidement,
se trouva bientôt à ma hauteur, et j'ai es-
soyé' le chauffeurs n, ainsi que
Marchai, boulanger, me du Connétable, à
Chantilly, qui se trouvait près de moi.
Celui qui a tiré sur nous est un jeune
homme de vingt-cinq ans environ, coiffé
d'un chapeau melon il portait une culotte
de chasse et des jambières de laine. Je me
rendis compte de ce détail, parce que, pour
tirer sur nous, il était sorti de la voiture et
se trouvait sur le marchepied. Pendant qu'il
se tenait de la main ganche à l'appuie-main
de l'auto il épaulait et tirait de la main
droite.
Terrifiante audace
Un autre témoin de la scène, Mme Gal-
leux, 22, rue de Creil, était sur le seuil de
sa boutique et vit un spectacle terrifiant.
Placée à cinquante mètres environ de la
Société Générale, dans la direction opposée
à celle que l'autn allait suivre, elle aperçut
un des bandits armé d'une carabine et fai-
sant feu sur tous les habitants qui traver-
saient l£ place.
Il tira, comme nous l'indiquons plus haut,
sur M. Courbe, employé principal de l'agen-
ce, qui se trouvait aux water-closets au
moment de l'attentat et ne dut la vie qu'à
ce hasard.
Les water-closets sont situés derrière l'a-
gence, dans la cour de la maison, ouvrant 1,
rue de Creil,. On accède à la banquejQar une
petite -porte- --fW-roM* M. Courbe rentra au
moment précis où la scène tragique se ter-
Il découvrit les trois i-irps de ses c»Hè-
gués.
Epouvanté, il referma la porte et s'enfuit
pour appeler à l'aide. (-est alors que Mme
Galleux vit le brigand embusqué à 1 angle de
la place tirer toutes les balles de sa earani-
ne, non seulement sur M. Courbe, dont les
cris donnaient l'alarme, mais sur tout le
monde indistinctement. Une jeunes domesti-
que, Mlle Martin, qui revenait de faire son
marche. faillit être abattue par les projec-
tiles. L'homme tirait avec le plus grand sang-
froid. Fort heureusement, il était. mauvais
tireur, sans quoi.
Et Mme Galleux ajoute
J'étais clouée sur place par la surprise
et la crainte. Mes yeux ne pouvaient se dé-
tacher de l'individu qui tirait.
C'était un jeune homme de vingt-cinq ans
environ, pnrtant des lunettes noires de
chauffeur, vêtu d'un grand pardessus gris et
coiffé d'un chapeau melon.
L'automobile était en marche quand il re-
monta à côté du chauffeur. Môme son mou-
vement fut si brusque que ses lunettes tom-
bèrent sur le marchepied. 'Sans if moindre
émoi, il se baissa et les rainjis: -i. L'auto fila.
La course à la mort
Maintenant, l'auto a le terrain déblayé de-
vant elle. En hâte, elle traverse la place et
1 s'engage dans la rue de Paris.
Alors se réédite le « coup Il de la rue Or-
dener. Les bandits sont aux portières de la
voiture,. Armés de carabmes ils tirent au
hssard sur tous les passants.
M. Lesage, propriétaire de l'hôtel d'An-
gleterre, dont l'attitude est des Irlns coura-
geuses, cherche à leur faire barrer le passa-
ge. 11 n'y parvient pas et il manque d'être
tué les balles sifflent à ses oreilles.
C'est à ce moment qu'un projectile brisa
la devanture du magasin de Ni. Choquet,
ainsi que nous l'avons dit plus haut!
La voie est libre, les criminels s'éloignent
à une allure vertigineuse.
Deux cadavres
Maintenant, la scène change. A l'agitation
de l'assassinat et de la fuite des assassins
succède un calme de deuil.
Deux cadavres gisent dans le hall dé !si
banque et il y a un blessé.
Une foule recueillie se masse devant la
maison.
Le directeur de la succursale, NI Masson*
qui, par hasard, se trouvait non ;t son bu-
reau, mais sur la place et a ainsi échappé
à une mort certaine, est accouru le premier
et a fait donner des soins au blessé par un
Les portes de la succursale ont été fermées
sur son ordre. Nul ne peut pénétrer dans les
locaux de la Société Générale. L'agence de
Creil de cet établissement a été prévenue
par le téléphone et son directeur a avisé M.
Moureau, commissaire de police de Crei!,
qui s'est rendu en toute hâte à Chantilly et
a procédé à des investigations immédiates.
L'enquête judiciaire
La sûreté générale, le parquet, le com-
mandant de la gendarmerie de ta région, la
préfecture de police, sont mis au courant des
faite.
Bientôt on arrive de tous cotés. Voici des
commissaires de la sûreté générale, M. Se-
gur, sous-chef de la première brigade mo-
bile. et enfin, en automobile, le parquet de
Seiriis, qui est accompagné de M. Laforgue,
sous-préfet, et que reçoit \l. Vallon, maire
de Chantilly.
MM. Puglièse. procureur de la Républi-
que, et Baulet, juge d'instrnction, pénètrent
dans la banque.
Les constatations commencent aussitôt.
Les deux cadavres sont ideptifiés. Ce sont
ceux de M. Trinquier. àgé de vingt-sept ans,
caissier, demeurant, 5. avenue de la Gare, à
Chantilly., et de sil. Raymond Legendre. âgé
de dix-sept ans, 1, rue de Creil, également
à Chantilly.
Ils ont été tués net par des baltes ds gros
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LES BANDITS EN AUTO ONT PASSE: ENCORE TROIS CADAVRES!
L'ENDROIT OU S'EST PRODUIT L'ATTENTAT DE MONTGERON
A gauche, la petite cabane on s'étaient cachés les criminels
Voici encore du fantastique, de l'ini-
maginable Nous avons frémi de l'au-
dace des Cartouche et des Mandrin, re-
vécu ]pm angoisses des contemporains de
Lesurques, l'homme du courrier de
Lyon plus loin de la réalité, nous
avons souri devant les aventures com-
pliquée*, échevelées, des romans poli-
ders, depuis Gaboriau jusqu'à Conan
Uoyle. Leurs héros, même. se paraient
j'une imagination si fertile, d'une lo-
gique si rigoureuse, d'une témérité si
folle, qu'ils nous semblaient invraisem-
blables et, malgré tout, nous devenaient
presque sympathiques. Or, cinq ou six
hommes sont venus qui, en l'espace
d'une heure, ont effacé, comme d'un
trait de plume, et Cartouche, et Man-
drin, et les adversaires de Sherlock
Holmes.
Bonnot, Carouy, Carnier et, consorts
car c'est d'eux vraisemblablement
qu'il s'agit, et tous les témoignages re-
cueillies permettent de le croire ont
ajouté une page sinistre à lenrs san-
glants forfaits, en accomplissant hier
de criminels exploite, qui laissent bien
ioin en arrière tout ce qu'ils ont fait
jusqu'à présent.
Leur réussite, le bonheur avec lequel
ile ont échappé à .la. police tiennent du
prodige et ils,les doivent à leur incroya- j
ble esprit de ritérAskm-, 'à leur farouche
énergie et aussi osons ce mot. à
une chance invraisemblable
Cachés dans la forêt de Sénart, à
deux kilomètres environ de l'endroit où
L'ATTAQUE EN FORET DE SÉNART
Une automobile suivait, hier matin, la
grande route nationale n° 5, de Paris à Meluu.
1/e colonel de Rougé, du cadre de réserve, ac-
tuellement en villégiature au cap Ferrai, près
de Villefranche (Alpes-Maritimes), l'avait
tout dernièrement commandée aux usines cie
('ion. à Poteaux. 1a- contrat de vente stipulait
que la voiture devait lui être livrée j>;ir ta rou-
te, a vantle :29 mars. C'était un landaul.-l-h-
mouàtiiff de të chevaux, quatre piuc-s inté-
rieurea; la carrosserie ainsi que les roues
étaient peintes en bleu foncé, rehausse de
filets jaunes. Deux phares, deux lanternes
de cuivre il l'avant, une à l'arrière, ainsi que
d"s pneumatiques de rechange, placés 1 un
sur la galerie supérieure, l'autre aux côtés
du mécanicien, composaient l'équipement de
J'automobile, qui portait à l'arrière le nu-
méro d'immatriculation 179-W-l.
Vux eût»' du chciullcuv. Ce lesta Mathil-
lé qui pilotait, té véhicule, avait pris place
un jeune homme de dix-huit. ans, Louis Ce-
rizole qui. sorti lu semaine dernière de
l'Kcole d'éledricité. flevnil servir méca-
nieien au coloiv-1 de
Ijes deux
garage à f hernie du matin,
étaient descendus de voilure Montgeron,
vit avisant, une carte à la rrwin, \1. Cha-
mard, débitant de vins, ils lui avaient de-
mandé la direction de Melun.
Tout droit devant vous avant répondu
le commerçant.
Les voyageurs avaierrt repris leur rouLe
en devisant calment de la superbe randon-
née qu'ils allaient accompli]-, car il s'agis-
sait, pour eux, de gagner le cap Serrât en
trois étapes, en s'arrêtant aax principales
Dès qu'il eut dépassé les dernières mai-
sons de la ville, ie chauffeur accéléra sa vi-
tesse, et c'est il une assez vive a.iturê qu il
s'enaagea dans la forêt de Sénurt.
Déjà les deux hommes apercevaient la
pyramide de Brunoy, dont ta silhouette de
pierre se dressait devant eux, a quelques
centaines de mètres.
Il était huit heures vingt environ. Sur la
route, de loin en loin, des paysans guidaient
leurs attelages, et dans tes champs qui bor.
dent le chemin, dépendance de la ferme du
Point-du-Jour, deux cultivateurs, un hom-
me et un femme, plantaient des pommes
de terre.
Une scène effrayante
soudain. le* au.tomobili.sles virent se dres-
ser devan! ovin, agitant un mouchoir blanc,
un indiv. -ai- luisait signe d'arrêter.
Deux ho:, nenl il ses côtés, sur la
route Cetaii au Kilomètre il un kilomè-
tre et demi exactement de l'endroit où eut
lieu l'attaque du courrier de Lyon.
Comme la route était en réparation et en-
combrée de tas de pierres, le chauffeur n'a-
vait pas été trop surpris de ce geste, qui
avait cependant étonné son compagnon de
route. M. C.-nzole, et «i voiture.
aussitôt, les deux iL' >w accom-
pagnaient l'homme au i,ion< iioir se jetèrent
en travers du chemin.
L'un d'eux cria, d'une voix terrible
C'est il!. voiture qu it nous faut
En disant ces mot*, à bout portant, coup
sur coup. il déchargea cinq fois son brow-
ning •̃̃̃ '• ̃haulïeiir et si>n camarade épou-
vni; •' -ii\ compagnons l'avaient :mi-
té Ci a leur tour, a coups répétés sur
les deux voyageurs qui tombèrent de leur
siège, foudroyés par les balles. M. Cerizole,
le courrier de Lyon fut assailli, et mu-
nis de carabines Winchester, ils ont
arrêté une automobile, ont tué le chauf-
feur, se sont emparés de la voiture et,
à toute vitesse, ont gagné Chantilly. Là,
ils ont pénétré dans l'agence de la So-
ciété Générale, ont tué le caissier et un
garçon de recette, blessé sérieusement
un employé, emporté le portefeuille,
contenant une cinquantaine de mille
francs, et se sont enfuis, toujours avec
l'auto volée. Le terme de leur étape fut
Asnières, où la voiture a été retrouvée.
Quant à eux, les criminels, ils doivent
être bien tranquillement rentrés dans
Paris.
Et voilà. Jusqu'à quand vivrons-nous
sous la menace de semblables attentats?
Il ne faut pas se dissimuler que le nom-
bre de ces malfaiteurs, leur mobilité,
leur audace et leur endurance rendent
malaisée la tâche de la police. Admira-
blement unis, presque riches grâce à
leurs méfaits, n'hésitant jamais à ris-
quer leur vie comme à tuer, habiles à
employer tous les moyens modernes de
gagner du temps, ils sont une proie
difficile et jusqu'ici l'impunité les a en-
couragés. Ceci est triste à dire, mais il
n'y a plus que l'excès de leur témérité
sur quoi l'on puisse compter pour les
saisir, un jour, et. les. mettre définitive-
met hors d'état de
Mais il nous faut maintenant conter
par le menu cette terrifiante équipée. Ce
récit montrera avec quel sang-froid ont
i su agir ces bandits.
pour ,«e protéger. avait mis les mains sur
son visage. La scène avait été fortrapide.
Blessé déjà à mort, le menton et l'abdo-
men criblés de coups de feu, perdant le
sang à flots, Mathillé était venu s'affaisser
sur le tas de pierres qui bordent la route.
Le jeune mécanicien l avait suivi en se traî-
nant. Les balles continuaient à pleuvoir sur
eux, M. Cerilole eut -alors une inspiration
i l'i le sauva.
liesse grièvement, certes il l'était: une
buiie lui avait transpercé la main droite,
une seconde lui avait traversé l'épaule, une
trnisième lui avait enlevé la phalangine de
l annulaire, deux autres l'avaient seulement
éraflé aux doigts. Mais il comprit que s'il
bougeait, s'il ne simulait pas la mort, il était
perdu.
jeune homme retint son souffle, se blot-
tit,- immobile, contre le corps de son infor-
tuné compagnon. Et il resta, ainsi n'osant
lever même le regard du côté des bandits,
craignant toujours qu'au premier mouve-
ment, il ne reçût le coup de grâce.
Les malfaiteurs le croyant mort, et maîtres
maintenant de l'auto, privée de ses conduc-
leurs, allaient quitter avec elle le théâtre
de la tuerie pour courir à de nouveaux et
sanguinaires exploits, à de nouveaux mas-
sacres.
Leur fuite fut aussi prompte que leur
attaque avait été brève. Elle fut marquée
de cet esprit de décision, de ce coup d'ueil,
de cette habileté suprême où l'on reconnaît
maintenant la marque de la bande de la
rue Ordener.
La fuite
Les trois hommes qui se trouvaient au
miliea de laaroute, avaient sauté d'un bond
alerte sur l'auto de leur victime deux sur
le devant, un à l'intérieur leurs brownings
toujours au poing. Tous trois portaient de
longs pardessus noirs et étaient coiffés de
chapeaux melons.
Aussitôt, de la cabane de cantonnier située
au bord de la route une étroite construc-
tion en maçonnerie sortaient deux autres
individus, coiffés, eux, de casquettes de joc-
key, tpji s'y tenaient cachés. Ils avaient fait
le guet. Leur mission était terminée. A leur
tour, ils sautaient dans l'auto volée.
Le nouveau chauffeur, un homme grand,
aux moustaches blondes, ressemblant à Bon-
not, avait pris en main le volant et remis la
voiture en marche.
Dans un virage rapide, qui laissa des tra-
ces sur le soi, il lui imprima un mouvement
tournant de façon n lui faire reprendre la
direction de Paris.
Mais il manquait un des sinistres bandits,
qui s'était avance à 300 mètres sur la route,
pour Lu. surveiller. Quand l'auto passa à sa
hauteur, te chauffeur ralentit son allure,
donna un coup !te sifflet -et fit signe à l'hom-
me de monter. Celui-ci, attrapant l'auto au
\ol. monta sur le marchepied gauche et re-
i joignit, sur le devant, ses deux compagnon^.
\j- rhaiiiïeur alors augmenta sa vitesse.
Toutefois, arrivé la descente de Mont-
geron. il arrêta le moteur, peut-être pour
ménager son essence, et laissa sa machine
déscendre au gré de la pente rapide.
La mort du chauffeur
On. juge de. la joie qu'éprouva, au milieu
de ses soutïranees, NI. Cerizole, lorsqu'il
entendit le bruit de l'auto des criminels
celle de son patron s'éloignant..
Le cultivateur qui travaillait avec sa
A Montgeron, ils dérobent une automobile
après avoir tué le chauffeur;
A Chantilly, ils envahissent, revolver au
poing, la succursale de la Société Générale,
tuent deux employés, en blessent un autre
et emportent près de 50,000 francs;
La voiture tragique est retrouvée à Asnières.
Quant à eux.
Le chauffeur Mathillé
tué à Montgeron
femme dans le champ qui borde la route,
M. Antoine Dhennin, de la ferme du Point-
du-Jour, était accouru près 'du tas de pier-
res où gisaient les deux blessés.
Le jeune homme lui dit d'une voix douce"
montrant son voisin, le chauffeur
-r- Il faut remmener
Le brave cultivateur ne se le lit pas dire
deux fois. Justement une charrette se trou-
vait la, pleine de bottes de paille. C'était
celte de M. Albert Gervaisv. vingt-sept ans,
au service de \1. Lucien .Louis, propriétaire
à Lieusaint, (juh venait, de -cette
se rendait chez le comte d'Ksr-laibes. inaira
ce d'environ cent inélres. les trois bandits
qui stationnaient sur le côté droit de la rou-
te et qu'il avait pris pour des agents des
ponts et chaussées.
S'étant approché, il les avait vus se sépa-
rer, l'un aller sur le cote gauche, les deux
autres sur le c
une charrette appartenant à M. Piétremont,
meunier à Verres, et conduite par M. Pon-
ceau.
Il avait entendu les trois ocups de revol-
ver, avait vu, alors seulement, l'auto s'ar-
rèter, puis le chauffeur, M. Mathillé, et M.
Cerizole en tomber, frappés grièvement,
pour venir s'affaisser sur le tas de pierres
au bord droit de la route.
Effrayé par la fusillade, le cheval de M.
Ponceau avait pris peur et la charrette de ce
dernier, qui allait vers Lieasaint, s'était mi-
se en travers du chemins, protégeant ainsi
les bandïts un moment.
LE COUP DE MAIN DE CHANTILLY'
(DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL)
Chantilly, 25 mars.
Les habitants de Chantilly ignoraient
encore l'attentat de Montgeron quand, à
dix heures et demie du matin, un lan-
daulet très élégant faisait le tour de la place
de l'IIospice-Condé et venait s'arrêter au
coin de la rue de Creil, devant la succursale
de la Société Générale.
La voilure était occupée par cir:.i hom-
mes y compris le chauffeur deux sur le
siège, trois dans la voiture. Quatre indivi-
dus en descendirent, pénétrèrent dans les
bureaux de la banque et, armés de revol-
vers, mirent en joue les employés présents
MM. Trinquier, caissier Raymond Legen-
dre et Henri Guilbert.
Aussitôt plusieurs détonations éclatèrent.
M. Henri Guilbert tomba le premier, M. Trin-
quier s'affaissa presque aussitôt sur son
corps. M. Legendre tomba à son tour. Tous
trois avaient reçu plusieurs balles en plein
corps.
Pendant que leurs victimes râlaient, les
quatre bandits sautèrent par-dessus les
comptoirs séparant les bureaux de l'empla-
cement réservé au public et firent main
basse sur les sommes déposées dans la
caisse et dans un portefeuille. Ils s'emparè-
rent d'une somme de 49,000 francs environ
L'AUTOMOBILE ABANDONNEE A ASNIËRES
Trinquier et Legendre
tuçs il, Chantilly
,-Du reste, (ju'eût-il pu faire?
A l'instant où les criminels mettaient, en
niarctie l'auto volée, ils avaient visé M. Ger-
vaise qui n'élit plus qu'à trente mètres
d'eux.
Les deux eliarreti-ers, aidés du cultivateur,
chargèrent dans la voiture de M. Lucien
Louis, le chauffeur et son compagnon bles-
sa. Mais le premier râlait.
Vnmomeni, il la pharmacie Pon.celet, le
iatk^teur Thicl tenta les suprêmes efforts pour
le ^appo).«r à la vie. Il était mort en route.
Le .cadavre fut transporté à l'asile des
rfiï 'r^iëca.iiîcicn assassine;
on trouva un permis de conduire délivré en
100i au nom de rraiirous Mathillé, né le 15
février 187î, à Vaumoise (Oise). A cette épo-
quû, le malheureux habitait à Paris, 73, rue
Roçhechouart.
M. Cerizole fut ramené à Paris et trans-
porte à 1'hôpiial Saint-Antoine, puis con-
duit chez NI. le commandant Oodbert, 26,
rue JAfdntame, directeur de l'Ecole d'élec-
tricité..
A Paris et dans toute la banlieue, des or-
dres avaient été immédiatement donnés
pour que tous les postes d'octroi, tous les
carrefours fussent étroitement. surveillés.
En même temps, une voiture automobile du
service de la répression des fraudes, dans
laquelle avaient pris place dix inspecteurs
de la sûreté, sous la direction de M. Gui-
chard, commissaire spécial des Halles cen-
trales, s'était élancée à la poursuite des
bandits. Mais, avant que ces mesures aient
pu donner un résultat, les bandits avaient
eu le temps de gagner Chantilly.
en billets de banque et en or ils négligèrent
les titres qui se trouvaient à leur portée.
L'opération avait demandé quelques mi-
nutes seulement. Les bandits gagnèrent la
porte donnant sur la place de l'Hospice-Condé
et regagnèrent leur automobile.
Cependant l'un d'eux tit quelques pas jus-
qu'au coin de la rue de Creil, et aperçut un
passant, M. Courbe, employé prmcipal de
la succursale, qui courait en appelant au
secours il s'arma d'une carabine Winches-
ter placée dans la voiture et fit feu dans sa
direction. Puis il sauta vivement sur le
siège à côté du chauffeur et l'automobile,
dont l'allumage n'avait pas été coupé et
dont le moteur ronflait toujours, se remit
en marche.
Une fusillade
Mais le bruit des détonations avait donné
l'alarme. Une douzaine de passants, car l'en-
droit est assez peu fréquenté à cette heure
matinale, se hâtèrent vers l'auto.
Aussitôt une fusillade nourrie éclata. De
l'intérieur de la voiture, les bandits, de leurs
carabines, firent feu sur tous ceux qui
étaient en vue. Au coin de la rue de Paris,
c'est-à-dire au détour de la place et dans la
direction de Paris, ils furent obligés de ra-
lentir, parce que trois voitures venaient à
leur rencontre.
M. Lesage, propriétaire de l'hôtel d'Angle-
LA SUCCURSALE DE LA SQCIÉTÉ GENERALE. A CHANTILLY (Cl. Bozyckft
terre, qui fait le coin de cette rue, avait
deviné ce qui se passait. Il sortit tête nue et
t aigne à im charreticr qui s'avançait avec
son attelage de barrer le passage. Celui-ci,
M. Lotellier, qui avait, lui aussi, entendu
les coups de feu, s'empressa d'obéir. Malheu-
reusement, son cheval s'arrêta net et se re-
fusa à tourner.
Un instant arrêtés, les auteurs de l'attentat
firent feu sur M. Letellier, sur M. Lesage et
sur plusieurs passants qui accouraient. Un
des projectiles tirés vint briser la glace de
la devanture du magasin de chaussures de
M. Choquet. Celui-ci, qui se trouvait dans sa
boutique, entendit le sifflement du projec-
tile.
A la faveur de l'émotion générale, l'auto-
mobile put accélérer son allure. Au sortir de
la rue de Paris, qui est fort courte, s'ouvre
l'avenue de la Gare, macadamisée, en très
bon état et se prêtant merveilleusement à
une randonnée. Les bandits profitèrent de
cette circonstance et disparurent en quatriè-
me vitesse.
Un peu plus loin, au tournant de la gare,
ils firent un virage si brusque et si court
qu'ils faillirent verser. « Leur voiture, m'a
déclaré un témoin, ne se tenait, à ce mo-
ment, en équilibre, que sur deux roues. »
Comme s'ils connaissaient admirablement
leur itinéraire, ils n'eurent pas un moment
d'hésitation et s'élancèrent dans la direction
de Paris, sur là route de la Morlaye.
A ce moment, on les perdit de vue. Leur
passage fut signalé peu après à louacches
par un gendarme de la loc-ajité^ qui voyant
l'intuition que les voyageurs qui la mon-
taient avaient intérêt Li se sauveur et tenta
de les arrêter. Il ne put y parvenir, mais il
remarqua le signalement de la voiture qu'il
télégraphia à Chantilly. Ce signalement cor-
respondait à celui de l'automobile des ban-
dits.
A partir de Luzarches, leur piste fut per-
due.
L'émotion à Chantilly
Il y a à peine une heure que le drame s'est
passé quand j'arrive à Chantilly et la version
qui précède m'est fournie par des témoins
oculaires. L'émotion, en ville, est intense.
La foule s'est rassemblée devant ta maison
du crime, une foule de bourgeois, d ouvriers,
d'employés, de sportsmen, d'entraîneurs et
de joekeys. Mais le sentiment est unanime.
C'est de la stupeur et de la colère qui gronde.
Les mêmes mots sont sur toutes des lèvres
« Ah les misérables on ne les arrêtera donc
pas n Les noms de Bonnot, de Carouy, de
Garnier sont prononcés avec indignation. Il
ne fait de doute pour personne que ce sont
eux qui ont accompli le forfait de tout à
l'heure.
On verra plus loin que cette opinion est
fondée. Les témoignages que j'ai recueillis
sont formels. Le signalement des bandits de
la rue Ordener et leur procédé habituel sont
identifiés.
Leur attentat a été soigneusement, préparé
et porte bien leur marque. Nul détail n'a été
négligé, Avant d'envahir la succursale de la
Société Générale, ils ont tout d'abord assuré
leu.r retraite. Les rues voisines ont été rapi-
dement explorées, afin d'acquérir la certitu-
de qu'aucune auto pouvant leur donner la
chasse ne s'y trouvait. La preuve m'en est
donnée par Mme Chabaux, demeurant 2, rue
de la Chaussée, qui m'a dit ceci
Il était environ dix heures un quart,
j'étais en train de causer avec ma proprié-
taire, devant ma porte, lorsque je vis une
automobile fermée, de couleur très foncée,
s'arrêter devant ma maison,. Cinq hommes
-s'y trouvaient. Celui placé au. volant était
trapu et blond à côté de lui était un grand
brun, maigre, à la forte moustache, vêtu
d'un long pardessus gris chiné et coiffé d'un
chapeau melon. Le chauffeur au volant était
enveloppé dans un cache-poussière de cou-
leur jaunâtre.
Le grand brun descendit du siège et dit
Ralentis un peu
Il regarda autour de lui, explora la rue
d'un coup d'oeil et, une minute après, re-
monta sur le siège»
Machinalement, j'avais regardé les tou-
ristes. Trois hommes se trouvaient à l'inté-
rieur de la voiture. Je n'ai pas pu distinguer
leurs costumes, mais j'ai remarqué qu'ils
étaient coiffés de chapeaux melons.
La voiture n. fait marche arrière, parce
que l'étroite.sse de la rue ne lui permettait
pas de tourner. Puis elle n'a pas tardé à
s'éloigner rapidement. Le grand brun était
à côté du chauffeur.
Mme Chabaux, qui est sous le coup de
l'impression ressentie une heure auparavant,
m'affirme qu'elle reconnaîtrait entre uùlle
les deux individus qui se trouvaient sur le
siège.
Ce que dit un charretier
J'ai vu également le charretier qui a tenté
de barrer le passage aux fuyards, M. Louis
Letellier, 4, rue de Gouvieux, à Chantilly.
Il était exactement dix heures et demie,
m'a-t-il déclaré. J'allais tourner le coin de
la place, venant -de la rue de Paris, lorsque
j'entendis des coups de feu. Je crus d'abord
à un éclatement de pneu, lorsque je vis une
automobile démarrer devant la Société Géné-
rale el tourner a droite pour vtair à ma
rencontre.
En même temps que l'auto se mettait en
marche, progressivement, quatre hommes
1 grimpèrent dedans lestement. Les vitres de
la voiture étaient baissées, et je vis nette-
ment plusieurs canons de carabines émer-
ger des portières. Des coups de feu éclatè-
rent.
La voiture, qui avait avancé rapidement,
se trouva bientôt à ma hauteur, et j'ai es-
soyé' le chauffeurs n, ainsi que
Marchai, boulanger, me du Connétable, à
Chantilly, qui se trouvait près de moi.
Celui qui a tiré sur nous est un jeune
homme de vingt-cinq ans environ, coiffé
d'un chapeau melon il portait une culotte
de chasse et des jambières de laine. Je me
rendis compte de ce détail, parce que, pour
tirer sur nous, il était sorti de la voiture et
se trouvait sur le marchepied. Pendant qu'il
se tenait de la main ganche à l'appuie-main
de l'auto il épaulait et tirait de la main
droite.
Terrifiante audace
Un autre témoin de la scène, Mme Gal-
leux, 22, rue de Creil, était sur le seuil de
sa boutique et vit un spectacle terrifiant.
Placée à cinquante mètres environ de la
Société Générale, dans la direction opposée
à celle que l'autn allait suivre, elle aperçut
un des bandits armé d'une carabine et fai-
sant feu sur tous les habitants qui traver-
saient l£ place.
Il tira, comme nous l'indiquons plus haut,
sur M. Courbe, employé principal de l'agen-
ce, qui se trouvait aux water-closets au
moment de l'attentat et ne dut la vie qu'à
ce hasard.
Les water-closets sont situés derrière l'a-
gence, dans la cour de la maison, ouvrant 1,
rue de Creil,. On accède à la banquejQar une
petite -porte- --fW-roM* M. Courbe rentra au
moment précis où la scène tragique se ter-
Il découvrit les trois i-irps de ses c»Hè-
gués.
Epouvanté, il referma la porte et s'enfuit
pour appeler à l'aide. (-est alors que Mme
Galleux vit le brigand embusqué à 1 angle de
la place tirer toutes les balles de sa earani-
ne, non seulement sur M. Courbe, dont les
cris donnaient l'alarme, mais sur tout le
monde indistinctement. Une jeunes domesti-
que, Mlle Martin, qui revenait de faire son
marche. faillit être abattue par les projec-
tiles. L'homme tirait avec le plus grand sang-
froid. Fort heureusement, il était. mauvais
tireur, sans quoi.
Et Mme Galleux ajoute
J'étais clouée sur place par la surprise
et la crainte. Mes yeux ne pouvaient se dé-
tacher de l'individu qui tirait.
C'était un jeune homme de vingt-cinq ans
environ, pnrtant des lunettes noires de
chauffeur, vêtu d'un grand pardessus gris et
coiffé d'un chapeau melon.
L'automobile était en marche quand il re-
monta à côté du chauffeur. Môme son mou-
vement fut si brusque que ses lunettes tom-
bèrent sur le marchepied. 'Sans if moindre
émoi, il se baissa et les rainjis: -i. L'auto fila.
La course à la mort
Maintenant, l'auto a le terrain déblayé de-
vant elle. En hâte, elle traverse la place et
1 s'engage dans la rue de Paris.
Alors se réédite le « coup Il de la rue Or-
dener. Les bandits sont aux portières de la
voiture,. Armés de carabmes ils tirent au
hssard sur tous les passants.
M. Lesage, propriétaire de l'hôtel d'An-
gleterre, dont l'attitude est des Irlns coura-
geuses, cherche à leur faire barrer le passa-
ge. 11 n'y parvient pas et il manque d'être
tué les balles sifflent à ses oreilles.
C'est à ce moment qu'un projectile brisa
la devanture du magasin de Ni. Choquet,
ainsi que nous l'avons dit plus haut!
La voie est libre, les criminels s'éloignent
à une allure vertigineuse.
Deux cadavres
Maintenant, la scène change. A l'agitation
de l'assassinat et de la fuite des assassins
succède un calme de deuil.
Deux cadavres gisent dans le hall dé !si
banque et il y a un blessé.
Une foule recueillie se masse devant la
maison.
Le directeur de la succursale, NI Masson*
qui, par hasard, se trouvait non ;t son bu-
reau, mais sur la place et a ainsi échappé
à une mort certaine, est accouru le premier
et a fait donner des soins au blessé par un
Les portes de la succursale ont été fermées
sur son ordre. Nul ne peut pénétrer dans les
locaux de la Société Générale. L'agence de
Creil de cet établissement a été prévenue
par le téléphone et son directeur a avisé M.
Moureau, commissaire de police de Crei!,
qui s'est rendu en toute hâte à Chantilly et
a procédé à des investigations immédiates.
L'enquête judiciaire
La sûreté générale, le parquet, le com-
mandant de la gendarmerie de ta région, la
préfecture de police, sont mis au courant des
faite.
Bientôt on arrive de tous cotés. Voici des
commissaires de la sûreté générale, M. Se-
gur, sous-chef de la première brigade mo-
bile. et enfin, en automobile, le parquet de
Seiriis, qui est accompagné de M. Laforgue,
sous-préfet, et que reçoit \l. Vallon, maire
de Chantilly.
MM. Puglièse. procureur de la Républi-
que, et Baulet, juge d'instrnction, pénètrent
dans la banque.
Les constatations commencent aussitôt.
Les deux cadavres sont ideptifiés. Ce sont
ceux de M. Trinquier. àgé de vingt-sept ans,
caissier, demeurant, 5. avenue de la Gare, à
Chantilly., et de sil. Raymond Legendre. âgé
de dix-sept ans, 1, rue de Creil, également
à Chantilly.
Ils ont été tués net par des baltes ds gros
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