Titre : Le Petit Parisien : journal quotidien du soir
Éditeur : Le Petit Parisien (Paris)
Date d'édition : 1912-02-05
Contributeur : Roujon, Jacques (1884-1971). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 05 février 1912 05 février 1912
Description : 1912/02/05 (Numéro 12882). 1912/02/05 (Numéro 12882).
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Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol-Lc2-3850
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/06/2008
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EDITION DE PARIS
SEMAINE PARISIENNE
Paris crimrnel. Un aulre toast ci la petite
itfi/e. Le geste du propriétaire. En
ro6e de chambre. Avanf le syndicat.
Un Iccataire redoufable. Le
salpêlre.
C'était jadis un jeu littéraire fort
goûté que de faire la critique des
mœurs en imaginant les impressions
d'un sauvage, jeté tout à coup au milieu
de notre civilisation. Sur ce thème, d'il-
lustres satires ont été écrites, si d'autres
n'ont eu qu'une vogue éphémère, com-
me cette suite un peu audacieusement
donnée à Atala, dont on pourrait se
souvenir un instant, tandis que M. Ju-
les Lemaitre parle de Chateaubriand.
Si l'on songeait à reprendre une mé-
thode, qui était commode pour mettre
en relief tous les vices d'une organisa-
tion sociale, le sauvage qu'il serait op-
portun d'introduire sur la scène ne de-
vrait plus être un bon sauvage naïf,
mais le plus féroce Peau-Rouge de la
légende, le Thug le plus redoutable, le
barbare le plus barbare. Et il pourrait
trouver, tout au moins, que nous exa-
gérons beaucoup quand nous nous flat-
tons de notre état policé. A l'encontre
des autres voyageurs supposés, il n'au-
rait guère à s'étonner de ce qu'il ver-
rait autour de lui peut-être même s'es-
timerait-il relativement assez doux, à
en juger par les crimes incessants dont
il serait, le témoin, par cette odeur de
sang qui monte de partout, par ces con-
tinuelles détonations de revolvers, par
ces audacieux attentats de toute sorte
qu'il pourrait admirer en connaisseur.
Que faire contre cet abominable épa-
nouissement du crime ? C'est un des
problèmes les plus graves qui se posent
aujourd'hui. Et ce n'est pas le crime
sournois, hypocrite c'est l'aventureuse
partie de jeu, le hasard tenté avec une
incroyable décision dans l'attaque le
malfaiteur, on calculant ses chances,
n'ayant pas oublié ses risques et étant
prêt, s'il échoue, à ne pas faire plus de
cas de sa vie que de celle des autres. Il
y a là une assez effrayante mentalité.
Ce n'est pas qu'elle soit nouvelle en elle-
même elle se révèle seulement en des
conditions presque nouvelles. De tout
temps, il y a eu de ces révoltés, ayant
fait la part du danger dans la conquête
violente de la proie convoitée, mais
d'autres circonstances les poussaient
d'autre entreprises ils èlaieïit fli-
bustiers, corsaires, boucaniers ils pre-
naient part à des expéditions qui don-
naient l'espoir du pillage et ils
étaient quelquefois des héros. Ces pério-
des de rudes épopées sont finies, et chez
d'autres hommes les mêmes instincts
indomptables subsistent, s'exerçant
d'une façon plus ignoble.
Un seul remède apparaît, mais si
malaisé Une telle vigilance, un châti-
ment si immédiat, une riposte si
prompte, que ces crimes ne vaillent plus
guère la peine d'être tentés. Il faut con-
venir, cependant, qu'il est plus simple
d'indiquer ce moyen que de le réaliser.
Mais la plupart de ces misérables ont
déjà été condamnés ceux-là, il fau-
drait pouvoir les surveiller, ne pas les
perdre de vue, les. empêcher de chan-
ger d identité à leur gré. Pr2sque tous
ceux qui tombent vivants au morts
entre les mains de la justice, ont
jonglé avec les états civils. Un simple
secrétaire de commissaire de police de
la Charente, M. V. Gautier, a émis à
ce sujet des idées très justes sur la né-
cessité d'imposer un livret d'identité,
avec photographie, seu'le pièce dont il
serait tenu compte, aux condamnées de
certaines catégories ce livret n'aurait,
en lui-même, rien d'infamant, mais les
occasions où il devrait être produit pou-
vairt être fréquentes, il permettrait de
6uivre l'homme, de savoir ce qu'il est
devenu.
Et puis, surtout, dès l'enfance, ce qui
importe, c'est la discipline morale don-
née par l'école. C'est la grande tâche
pour détruire les mauvais germes, par
l'enseignement vivifiant du respect de
la loi. Il est de vieilles vérités élémen-
taires qu'il faut plus que jamais répé-
ter pour qu'elles entrent profondément
dans toutes les consciences. Comment
Ce pas croire que cette notion primor-
diale que la vie humaine est sacrée
s'est affaiblie quand on voit, comme
cette semaine, une toute jeune fille ne
pas hésiter à venger ses griefs à coups
de revolver, presque comme une chose
toute simple, comme si elle n'avait eu
aucune autre ressource de se soustraire
à une situation pénible? Que d'aberra-
tions
Il y eut, autrefois, en des temps d'â-
pres luttes politiques, le toast fameux
« à la petite balle ». Ce serait le moment
de le reprendre, mais dans un sens tout
contraire. Petite balle, ne sois plus ni
folle, ni aveugle, ni si prompte Petite
balle, délivre-nous de foi
Mais, au milieu de ces tragédies, il
y a eu, par contraste, le beau geste »,
le geste souriant et apaisant, le geste
accueillant du propriétaire répudiant le
surnom classique de « M. Vautour » et
offrant une hospitalité désintéressée au
locataire, un peu bruyant sans doute,
pour lequel semblait être rétablie la
vieille peine de l'ostracisme. Les pessi-
mistes prévoient que la lune de miel en-
tre l'hôte et l'hospitalisé durera peu, et;
que l'obligeant possesseur de l'immeu-
ble ne tardera pas à regretter sa géné-
reuse inspiration. Mais ce sont des pes-
simistes, faisant profession de se défier',
du premier mouvement, qui est le bon,
quoi qu'ils disent. Pourquoi le fonda-
teur du syndicat des locataires, évi-
demment porté par son tempérament à'
des démonstrations excessives, bien que 1
gardant quelque bonne humeur, et qui,
après tout, jette des vérités dans sa fan-
taisié, ne tiendrait-il pas à honneur de
répondre galamment à de galants pro-
cédés ? Le Mécène de la rue Mademoi-
selle, en tout cas, n'a guère à craindre,
pour le moment, reconnaissance.
Au temps où on écrivait bravement des
physiologies de tous les métiers et de tou-
tes les situations sociales, sans s'effrayer
de la diversité des physionomies, pour
les réduire, coûte que coûte, à un type,
ie romancier Amédée Achard avait
donné celle du propriétaire. Il ne s'était
pas mis en grands frais d'observation
il avait dessiné la figure consacrée, et,
à cette époque, on ne concevait guère le
propriétaire littérairement et théâtra-
lement, que vêtu d'une confortable robe
de chambe et coiffé d'une calotte à gland,
préparant avec soin ses quittances et re-
belle aux réparations. Il n'avait pas pré-
vu le propriétaire unique, il est vrai,
qui donne des leçons d'humanité à
ses confrères et appelle à lui les bannis.
Cependant, si superficielles que soient
ces pages, très peu documentaires, il
avait esquissé la silhouette, à qui d'af-
fligeants incidents ont rendu quelque
actualité, du propriétaire ennemi des fa-
milles nombreuses « Les frais sourires
et les blondes chevelures, disait-il, ne
peuvent rien sur un cœur qui appartient
tout entier aux moellons et aux bri-
ques. » On a vu, malheureusement, ces.
jours derniers encore, que des locataires,
nullement subversifs, ceux-là, traînant
seulement avec eux un cortège d'enfants,
risquaient d'éprouver le même sort
c'est-à-dire de rester dehors que le fou-
gueux champion dont le nom pittoresque
est devenu célèbre.
Il est vrai que, alors, certains humo-
ristes se donnaient la mission de venger
les locataires trop résignés. Le corniste
Vivier, qui poussait loin l'art de la mys-
tification, fut, bien avant M. Cochon, un
redoutable contempteur de l'autorité
des propriétaires. C'est lui qui, dans son
appartement, au quatrième étage d'une
maison de la place de la Bourse, avait
installé un veau, qui trouvait sur le bal-
con une prairie extrêmement artificielle.
Vivier reçut son congé, mais médita des
représailles. Son appartement étant à
louer, il devait le laisser visiter. Il en
faisait même les honneurs aux visiteurs
avec empressement et il en louait com-
plaisamment les avantages bonne expo-
sition, des voisins aimables, une tran-
quillité parfaite. Tout à coup, d'épou-
vantables détonations retentissaient il
avait insidieusement mis le feu à des
pièces d'artifice préparées.
Aux exclamations de terreur provo-
quées par cette explosion. Vivier répon-
dait avec flegme
Ce n'est rien. Cela arrive souvent.
Vous savez qu'il y a toujours un peu de
salpêtre dans les murs. mais l'apparte-
ment est si commode qu'on peut passer
sur ce petit inconvénient.
Le logis resta longtemps à louer.
Paul GINISTY.
NO TRE *BUDGET
ET CEUX DES A UTRES
-JwLe Sénat interrompra aujourd'hui le
*X^ rlé bat budgétaire pour aborder l'exa-
men de l'accord franco-allemand. Il n'en est
pas moins vraisemblable que la loi de finan-
ces sera bouclée aux approches du 20, car la
haute assemblée est résolue à procéder ra-
pidêment pour nous éviter un troisième dou-
Plusieurs orateurs ont pris la parole cette
semaine pour analyser ou critiquer le méca-
nisme du budget de 1912. Quoi qu'on puisse
dire de l'élévation inévitable des dépenses-
elle s'affirme chez nous comme partout ail-
leurs et peut-être moins qu'ailleurs nous
avons jusqu'ici évité l'emprunt: Notre dette
publique, suffisamment lourde, ne s'est pas
accrue, et le développement même de l'ac-
tivité et de la richesse a permis de tnain-
tenir l'équilibre financier.
Nos voisins se heurtent à de plus grandes
difficultés, ou bien leur prospérité générale
ne s'augmente pas en une égale mesure, car
ils sont obligés de recourir à des emprunts
en quelque sorte continus. Coup sur coup.
on a appris, au lendemain des élections gé- j
nérales du Reichstag, que l'empire allemand
et les différents Etats qui le composent
Prusse, Bavière, Saxe, etc., étaient con-
traints de s'adresser aux prêteurs, peu em-
pressés d'ailleurs à porter leurs souscrip- j
tions aux guichets impériaux ou royaux. Rt
il s'agit, au total, de près d'un milliard or,
en 1910 déjà, il avait fallu procéder à de
larges émissions, qui n'avaient guère rendu.
Nous méconnaissons un peu trop, la va-
leur de notre puissance financière, qui de-
meure pourtant un indubitable élément de
(orce nationale.
Un vapeur français échoué
dans la baie de Tanger
Tanger, 4 février.
Hier soir, à huit heures, le vapeur fran-
çais Artois, de la Compagnie de navigation
Mazella, venant, de Casablanca, a été jeté
à la côte, dans la baie de Tanger, par la
violence des courants.
Sa situation est des plus critiques. On
considère le vapeur comme perdu. Toute la'
nuit, des remorqueurs, éclairés par le
croiseur Du Chayla, qui dirigeait ses pro-
jecteurs sur le lieu du sinistre, ont essayé
d.e le renflouer.
Le navire est placé perpendiculairement
à la côte, ce qui lui a évité, jusqu'à mainte-
nant, d'être trop endommagé.
L'equipage a été recueilli par le Du
Chayla.
On contre-torpilleur
gravement avarié au Havre
Le Havre, 4 février.
Le contre-torpilleur Sabre, venant de Cher-
bourg, en entrant dans le bassin de !a Cita-
delle, s'est heurté contre le musoir il a eu
,son étrave complètement tordue et ses tOles
d'avant défoncées.
L'inventeur d'un parachute
se tance due La tour Eiffel
et s'écrase sur le sol
Un instantané de la chute, montrant que l'appareil ne s'est pas ouvert
Le malheureux inventeur Le premier vêlement-para
revêtu de son appareil M. FRANTZ REICHELT chute inventé par M.
(Photographie prise hier Frantz Reichelt et qu'il
matin avant la tragique C39 .r* n'avait expérimenté qu'avec
expérience) des mannequins
Au cours d'une expérience qu'il tentait
pour la troisième fois à la tour Eiffel, un
jeune inventeur a trouvé hier matin la mort
dans des circonstances particulièrement tra-
giques.
M. Frantz Reichelt se consacrait en effet,
depuis plusieurs années, la recherche d'un
appareil simple et pratique, destiné à servir
de parachute aux aviateurs, lorsqu'un acci-
dent leur ayant enlevé ta direction de leur
appareil, ils seraient précipités vers le sol.
Exerçant le méfier de tailleur il était
j installé 8, rue Gaillon il avait, non sans
(̃ wm- •-̃ertaine apparence do raison, songé. ù
Utiliser. les vêtements mêmes du pilote pour
établir son pa-rachutu. Son invention compor-
tait une large « combinaison » de toile caout-
i choutée des épaules au mollet, deux ailes
comparables à celles des chauves-souris,
soutenues par une légère armature métalli-
que, se trouvaient en temps normal, pendan-
tes au long du corps. Pour les étendre et se
protéger, il suffisait d'allonger les bras en
croix.
Plusieurs essais infructueux avaient déjà
été faits, notamment au cours de 1911, par
M. Reichelt qui, jusque-là, avait eu la sage
précaution de figure- l'aviateur par un man-
nequin. A l'origine, son appareil comportait
seulement six mètres carrés de surface por-
tante pour un poids de 70 kilogr. alors que,
rationnellement, il aurait fallu une surface
beaucoup plus considérable.
Désirant concourir pour le prix Lalance,
et se rendant compte qu'il était encore loin
de la bonne voie, il avait modifié son instru-
ment, lui donnant 12 mètres carrés de sur-
face portante. Les résultats furent encore
déplorables. Mannequin et appareils s'écra-
I serait lourdement et s'émiettèrent suit
le sol.
M. Reichelt nj se découragea pas cepen-
dant. Avec cette aveugle ténacité qui carac-
térise les chercheurs dont l'éducation scien-
tifique ne fut pts complète, il se persuada
que son vêtement-parac! ute était un excel-
lent système et que tous ses déboires passés
venaient de ce qu'il ne 1 expérimentait pas
personnellement.
Sa résolution '.lut cientôt prise. Il se lan-
cerait lui-même dans l'espace et la fortune,
alors, serait bien forcée de lui sourire.
Il sollicita et obtint du préfet de police une
nouvelle autorisation pour l'épreuve qu'il
jugeait devoir être définitive et qui lui fut
fatale.
Hier matin donc, à 7 heures, une quin-
zaine d'agents avaient organisé un service
d'ordre, dans la partie du Champ-de-Mars,
comprise entre les quatre piliers de la tour.
M. Gassion, l'un des gardiens du monument,
se trouvait seul aux bureaux de l'adminis-
tratiom lorsque se présenta M. Reichelt, en
compagnie de deux camarades.
Malgré l'autorisation de M. Lépine, le gar-
t dien, qui avait assisté aux expériences précé-
dentes du malheureux et prévoyait la catas-
trophe, refusa l'accès de la tour à l'inven-
teur, avant d'avoir obtenu l'avis de ses
chefs.
A huit heures, visiblement énervé par ce
contre-temps, M. Reichelt pouvait enfin accé-
der à la première place-forme, à 100 mètres
environ au-dessus du sol.
Il choisit, pour se lancer dans le vide, un
emplacement sur la balustrade intérieure.
Tournant le dos à l'Ecole militaire, devant
la terrasse du restaurant, il monta, après
s'être équipé, sur une table d'où il pouvait
facilement s'élancer dans l'espace.
Huit heures un quart venaient de sonner.
En bas, une trentaine de personnes, journa-
listes, photographes ou curieux matinaux
j attendaient, en battant la semelle, la minute
décisive. Et le drame, en quelques secondes,
se déroula.
M. Reichelt apparut debout sur la table.
J Fût-il pris de vertige, de congestion, ou la
i peur paralysa-t-elle à la minute suprême ses
mouvements ? Toujours est-il qu'au lieu
d'étendre les bras pour ouvrir son para-
chute, il les croisa d'un geste brusque devant
son visage, au moment où il tombait dans le
vide.
Deux secondes plus tard, lamentable
épave, il. gisait sur la pelouse glacée. Il était
I tombé presque debout, légèrement incliné
sur le côté droit et son corps avait marqué
son empreinte à plus de trente centimètres
de profondeur. Un mince filet de sang cou-
lait par la bouche, le nez et les oreilles de
l plus, le bras et la jambe droites du malheu-
1 l'eux étaient broyés, son, crâne et sa colonne
vertébrale brisés. La mort avait été instan-
Les gardiens de la paix placèrent immé-
L diatement dans une. automobile le pitoyable
cadavre qui fut conduit tout d'abord à l'hô-
pital Necker, où l'interne de service ne put
que constater le décès puis au poste de la
rue Amélie, et enfin rue Gaillon, au domicile
du malheureux inventeur.
CHEZ M. FRANTZ REICHELT
M. Frantz Reichelt était âgé de trente-trois
ans et il demeurait depuis quatre ans au
n° 8 de la rue Gaillon.
M. Franlz Reichelt, nous dit la con-
cierge, était aimé de tous ceux qui le con-
jw^ssateijf. Citait un travailleur il était
,pourvu de toutes lés qualités et toujours
prêt à re,n4re service à celui qui se trouvait
dans le besoin. M. Reichelt nétait pas ma-
rié. Dans son atelier, situé au troisième
étage, il occupait parfois un très grand
nombre d'ouvriers et d'ouvrières. Il avait
une très belle clientèle, car sa réputation de
bon ouvrier était bien établie.
M. Reichelt, ajoute notre interlocutrice,
était d'origine autrichienne. Venu en France
il y a quatorze ans, il -y installa. Une de
ses sœurs quitta également 1 Autriche pour
venir à Paris, où elle se maria. En 1909,
M. Reichelt se faisait naturaliser Français.
L'année suivante en juillet 1910, pour être
précis, il se mit à étudier un système de
parachute dont l'idée 'e hantait depuis quel-
que temps déjà. Le tailleur, profondément
ému du nombre d'a oidents mortels qui
frappaient les aviateurs, espérait réaliser
une invention qu'ils utiliseraient en cas de
chute et leur permettrait d'arriver au sol
sans le moindre .nal. Dès lors, il ne prit
plus de repos qu'il n'eut exécuté son projet.
Il fit, dans la cour de la maison, plusieurs
expériences qui avaient paru fort bien mar-
cher. Il lançait du cinquième étage un man-
nequin pourvu d'une paire d'ailes éployées.
L'appareil tombait sur le sol tout douce-
ment. M. Reichelt croyait avoir enfin trouvé.
Il avait annoncé, hier à ses ouvriers qu'il
ferait, une expérience publique, ce matin, à
la tour Eiffel. Et, comme ceux-ci s'inquié-
taient et lui représentaient le danger qui! y
avait à tenter pareille épreuve, le tailleur les
rassura en leur déclarant qu'il se bornerait
à lancer un mannequin comme les autres
fois.
On voit, qu'il eût bien mieux fait d'agir
ainsi.
POURQUOI L'AUTORISATION FUT DONNÉE
Beaucoup de personnes s'étonneront que
M. Lépine, préfet' de police, ait accordé au
malheureux' Frantz Reichelt l'autorisation de
tenter une expérience qui devait se terminer
de si tragique façon.
A la vérité, au cours des démarches faites
par lui à la préfecture de police, Frantz Rei-
chelt ne dévoila jamais ses intentions et l'on
supposait qu'il s agissait comme en main-
tes circonstances précédentes de lancer un
appareil dont le pilote était remplacé par un
mannequin.
Le service d'ordre établi aux abords de la
tour Eiffel avait pour but unique de protéger
les curieux en les maintenant hors d'une
zone dangereuse pendant les expériences.
te capitaine lie JWaguet
succombe àses blessures
L'infortuné capitaine Le Muguet qui dt,
samedi soir, au Bois-d'Arcy, l'épouvantable
chute dont nous avons rapporté, hier, les
ciréonstancest n'a pas survécu aux terribles
blessures qu'il s'était faites..
Transporté à l'Institut aérotechnique, à
Saint-Cyr, il y resta, entouré de quelques
amis et de médecins militaires, jusqu'à qua-
tre heures du matin.
A ce moment, son frère, le docteur Le
Maguet, de Nogent-sur-Marne, étant arrivé,
on décida de transporter le blessé, en auto,
à l'hôpital militaire de Versailles,
Mais, pendant le trajet, l'infortuné officier
rendit le dernier soupir.
Le capitaine Le Maguet était né le 8 octo-
bre 1877, a Neuilly-sur-Marne (Seine-et-
Oise) sous-lieutenant le 1er octobre 1899, il
était nommé lieutenant en 1901 et capitaine
le 9 mai 1906.
Sa carrière extrêmement rapide était la
récompense de brillantes campagnes au Sé-
négal et en Cochiachine, d'où il était revenu
il y a un an environ.
Le capitaine Le Maguet était, depuis son
retour en France, affecté au 2° régiment d'ar-
.tilterie coloniale à Cherbourg. Il était cheva-
lder de la Légion d'honneur.
FRANCE ET ITALIE
L'INCIDENT D'HODEIDA
DEMEURE TRÈS OBSCUR
L'AFFAIRE DE MILAN
Nous avons signalé, hier matin, les nou-
velles de source privée qui étaient arrivées
d'Hodeida sur la mer Rouge le bombarde-
ment de ce port turc, celm du port turc
aussi de .Djebana, dont une compagnie
française a assuré l'exécution en même
temps, que la construction d'une voie fer-.
rée, Djebane-Hodeida-Sana. Les dépêches
ajoutaient qne les tronçons déjà aehevés de
cette ligne avaient été détruits.
Hier après midi, le gouvernement fran-
cais restait encore sans confirmation de ces
télégrammes. N'ayant reçu aucun avis de
notre consul de Djeddah, il a demandé à
Constantinopie et à Obock des informations
précises. Il a, en outre, donné des instruc-
tions pour que le paquebot des Message-
ries maritimes, qui traverse actuellement
la mer Rouge, s'arrête à Hodeida, afin d'y
recueillir les Français.
Il y a lieu d'ajouter encore, d'après des
informations puisées h bonne source, que
le chemin de fer de. Djebana à ,Hodeida et
Sana avait réellement un caractère stratégi-
que, et que le cahier des charges de la Com-
pagnie française prévoyait qu'au cas d'in-
terruption des travaux ne provenant pas de
son fait, elle pourrait se retourner contre le
gouvernement ottoman les droits de cette
compagnie sont ainsi nettement spécifies.
M. Driant, député de Meurthe-et-Moselle,
compte interpeller, aujourd'hui, le gouver-
nement sur l'affaire d'Hodeida.
Un autre incident se serait produit à Mi-
lan. Le docteur Maublanc, citoyen français,
a été arrêté en cette ville. On a cm d'abord
qu'il avait été appréhendé pour avoir em-
porté, parmi ses bagages, allant en Egypte,
ûn revolver et une carabine. Ces armes an-
raient été tenues pour contrebande de guer-
re. Maintenant on ne l'accuse plus que d'a-
voir fait passer son revolver et sa carabine
sans déclaration préalable en douane. Cette
arrestation remonte au 26. Comment s'expli-
quer qu'elle ait été maintenue Y aurait-il
eu abus de la part d'un agent subalterne ?
ON NE SAIT RIEH A ROME
Rome, 4 février.
Aucune nouvelle n'est parvenue ici au
sujet de l'incident d'Hodeida.
On sait seulement que Ies travaux du port
et du chemin de fer, dont deux kilomètres
ait total auraient été construits, sont con-
tes à une société française,. Celle-ci les
faisait diriger par un ingénieur ilalien, M.
Viollini. Cet ingénieur fut expulsé par les
Turcs il y deux mois. Il est vraisemblable,
aMirme-t-on, que son expulsion ait entraîné
l'interruption des travail il n'est pas im-
possible. non plus qu'à Ja suite de ta déclara-
tion du blocus, quelque chargement destiné
au chemins de fer ait éfé arrêté, mais le gou-
vernement italien restait sans dépêches en-
core ce soir..
Les milieux officiels ajoutent qu'Hodeida
possède une citadelle et qu'elle est donc vil-
le fortifiée, c'est-à-dire exposée au bombar-
de.ment.
La Tribuna comménte en termes cor-
diaux les mesures prises par la France
pour aut/menter la surveillance à la frontiè-
re tunisienne et l'ordre donné aux torpil-
leurs français d'empëcher la contrebande à
la limite des eaux tunisiennes,
La Tribuna dit
n Ces mesures du /jouvernement français
s'inspirent de ses sentiments d'amitié en-
vers nous, de son désir de remplir le plus
efficacement possible ses devotrs de neutra-
Lité et de la volonté identique des deux gou-
vernements et des deux pays de cultiver
une amitié réciprnque. »
Parlant d'Hodeida, la Tribuna dit
« Sur ce prétendu ineident, la Consulta n'a
rcçu absolument aucune information. Tout
porte donc craire que l'exagération de cer-
tains journaux français n'aura aucune ellet
sur la logique des choses et sur te 6on sens
de l'opinion publique. »
LES TURCS DU c MANOUBA »
JRRIVENT A TUNIS
ILS REPARTENT POUR SFAX
Tunis, 4 février.
Dès cinq heures, ce matin, un service d'or-
dre, organisé à l'occasion de l'arrivée de la
Ville-de-Tunis, ayant à bord les membres
de la mission ottomane du Croissant-Rouge,
occupait les quais.
A sept heures trente, l'aviateur Obre s'é-
leva sur son monoplan, et vint planer au-
dessus de la VitLe-de-Tunis qui venait de
s'engager dans le canal. Un certain nombre
d'Européens et d'indigènes stationnaient sur
les quais. Aucun madent ne s'est produits.
A huit heures trente, la Ville-de-Tunis ac-
costait elle avait été sensiblement retardée
par le mauvais temps, qui avait contrarié la
traversée de Marseille à Bizerte.
Les passagers descendirent à terre. Les
membres de la mission restèrent sur le pa
quebot, qu'ils ne devaient plus quitter jusqu'à
Sfax. Dans le salon du bord, le docteur Emin
bey, chef de la mission, reçut quelques per-
sonnes, notamment une délégation de sous-
cripteurs qui apportaient trois montres en or
aux médecins et des objets tunisiens aux
infirmiers, en souvenir de leur séjour à Ca-
gliari.
La Ville-de-Tunis a levé l'ancre cet après-
midi. De Sfax, les membres de la mission
gagneront la frontière en automobile, puis,
91'aide des moyens dé transport du pays, ils
rejoindront devant Homs le corps turc au-
quel ils sont affectés
Le passager retenu
Marseille, 4 février.
Le passager turc que la commission d'exa-
men a considéré comme suspect a quitté le
Frioul cet après-midi et a été, dans la soirée,
reconduit à la frontière suisse, croit-on.
En ce qui concerne le deuxième et dernier
sujet ottoman, il est toujours au Frioul, mais
sa santé s'améliore de jour en jour.
Or français expédié a Rome
Dijon, 4 février.
Cette nuit, dans un train venant de Paris
et passant en gare de Dijon iL destination
de Rome, on remarquait deux wagons dû-
ment scellés aux armes d'Italie et accom-
pagnés d'une escouade d'agents italiens du
service de la sûreté.
D'après les feuilles' de chargement qui
accompagnaient le? deux véhicules, ceux-ci
contenaient cinquante millions en or expé.
diés au gouvernement italien par deux ban-
ques. Contrebande de guerre n, disaient
plaisamment les employés au courant de
ce transport
LA NOTÉE D1VRT
M1" Miliarà s'est ssicidèe,
dit le médecin qui l'autopsia
Le Petit Parisien disait hier que la mort
de Mlle Geneviève Miliard, dont le corps
avait été retrouvé dans la Seine, à Ivry, res-
tait mystérieuse, mais que loin de partager
les sentiments des parents de la malheu-
reuse jeune flllp, qui supposaient un crime,
las magistrats chargés de l'enquête incli-
naient plutôt à croire qu'on se trouve eu
présence -d'un suicide.
Sur quoi la farniUe base-t-elle sa convic-
tion ? Sur des données d'ordre avant tout
sentin\enAal, dont nous ne nous permettrons
pas de discuter la valeur, mais qui, jusqu'à
présent, n'apparaissent pas comme un ap-
point suffisaht dans .la discussion du pro-
inlème. Certes,. l'enquête a, sans restriction,
révélé la parfaite conduite de cette jeune
filJe et personne ne lui connaissait de liai-
son. Entre l'amour des siens et son travail, il.
n'y avait pas eri elle place pour d'autres sou-
cis soit, mais en dépit de toute sa logi-
que, à cause même de.sa logique, cet argu-
ment vient cependant tout à l'encontre de la
thèse à soutenir
Comment, en effet, une jeune fille d'une si
rigoureuse tenue dans sa vie, dans ses habi-
tudes, une jeune fille qui suivait si droit son
chemin, s'est-elle .laissé entraîner soudain,
au hasard d'une aventuré que .son caractère
devait lui fâire entrevoir tout de suite com-
i me dangereuse ? Ne connaissànt personne.
elle n'aurait eu garde de suivre un inconnu.
Il est plus naturel, semble-t-ii. de penser que
si Geneviève Milîard n'a pas pris jeudi snir,
comme de coutume, le chemin de la maison
familiale, c'est qu'elle ne voulait pas le
prendre, ne se laissant entralner par qui que
ce soit, par quoi que ce soit, si ce n'est sa
volonté.
D'autre part, dans l'entourage de la jeune
fille, on semble accorder une grande impor-
tance rl une révélation laite par une amie
d'atelier.
D'après rftle indication, Geneviève Mj-
liard' se serait, plusieurs fois, aperçue des
assiduités d'un homme qui avait pris l'ha-
bitude de l'attendre à la station d'Avron.
Comme la jeune fille évitait ce personnage,
il faudrait supposer que ce dermer s'est li-
vré à un véritable enlèvement.
Quelque romanesques et invraisemblables
que deviennent chaque jour les attentats m'o-
dern-style, il semble bien étrange qu'un pa-
reil coup de force puisse être accompli à
sept heures et demie du soir, dans une des
rues les plus mouvementées, et cela sans
attirer l'attention.
Par contre, comme nous l'avons dit hiér,
les constatations, faites sur le cadavre, dès
sa découverte, ont conduit tout de suite le
magistrat à'conclure à un suicide.
Cette opinion est du reste partagée j>ar M.
le docteur Vibert, médecin légiste. qui a pra-
tiqué, hier, à la Morgue, l'autopsie de la
malheureuse jeune fille.
Le praticien, après avoir çonjÇbi &. -une
mort par'aspljyjne consécutive la submer-
sion, .a, en effet, stipulé qu'il n'avait reksvé,
au cours de ses recherches, aucune trace de
violence, externe ou interne^
LE BIGAME
Ce que disent son beau-frère et sa dernière
femme.
Nous avons longuement raconté, nier, les
aventures de ce professeur espagnol José-
Antonio-Sanchez Gonzalez, que vient de fai-
re arrêter, à la Havane, M. le juge d'instruc-
tion Tortat, sous l'inculpation de bigamie.
Après avoir épousé le 28 juin 1906. à Car-
thagène, Mlle Isabelle-SSanchez Inglès, qu'il
délaissa bientôt pour une de ses compatrio-
tes à peine âgée de seize ans, le professeur
vint s'installer à Paris, et oubliant ses enga-
gements passés, épousa, comme on sait, de-
vant le maire du dixième arrondissement,
Mlle Alice L. fille du propriétaire de l'hô-
tel où il était descendu, rue d'tlautxville.
Il prit, il est vrai, pour cette formalité, le
nom de Miguel-Moreno Villalobos.
Nous avons vu le père de la victime du
pseudo-Villalobos.
Le professeur Moreno
Retiré des affaires depuis peu, M. L. oc-
cupe, avec sa femme et ses deux filles, un
coquet appartement rue Ordener.
Bien que très ennuyé par le bruit fait au-
tcur de l'aventure dont sa fille aînée fut
l'héroïne, l'ancien hôtelier s'est fort aima
blement prêté à l'interview.
Gonzalez Moreno
C'est au début de l'année 1910, nous a-
t-il déclaré, que celui qui devait devenir
mon gendre descendit à 1 hôtel que je tenais
rue a Hauteville. Il me loua une chambre
au premier étage d'un loyer mensuel de
francs, et s'inscrivit sous le nom de Mi-
guet V. Moreno, professeur, venant de Bar-
celone.
Ce jeune homme paraissait sérieux, actif.
Il était d'une politesse excessive et recevait
de nombreux plis cachetés d'Espagne. Tout
d'abord, je ne fis pas plus attention à lui
qu'à mes autres pensionnaires. Cependant,
le m'aperçus bientôt qu'il profitait de tous
les prétextes pour s'introduire chez moi,
pour adresser la parole à ma fille Alice, alors
âgée de dix-sept ans à peine.
Cette insistance commençait à m'ennuver,
lorsque mon garçon se présenta un matin
et me dit sans ambage }
K M. l'Espagnol m'a chargé d'une commis-
sion. 11 m'a prié de. vous demander votre opi-
nion sur l'union libre. Au eus où vous n'au-
riez pas de préjugé, m'a-f-il ajouté, ei si vous
n'y voyez pas d'inconvénient, il serait tout
disposé à vivre avec Mlle Alice, qu'il trouve
à son goût. »
Sur le moment, j'eus l'idée de prendre
mon locataire par les épaules et de le jeter
à la porte de chez moi. Puis, je réfléchis,
mon garçon était étranger, il s'était peut-
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Paris crimrnel. Un aulre toast ci la petite
itfi/e. Le geste du propriétaire. En
ro6e de chambre. Avanf le syndicat.
Un Iccataire redoufable. Le
salpêlre.
C'était jadis un jeu littéraire fort
goûté que de faire la critique des
mœurs en imaginant les impressions
d'un sauvage, jeté tout à coup au milieu
de notre civilisation. Sur ce thème, d'il-
lustres satires ont été écrites, si d'autres
n'ont eu qu'une vogue éphémère, com-
me cette suite un peu audacieusement
donnée à Atala, dont on pourrait se
souvenir un instant, tandis que M. Ju-
les Lemaitre parle de Chateaubriand.
Si l'on songeait à reprendre une mé-
thode, qui était commode pour mettre
en relief tous les vices d'une organisa-
tion sociale, le sauvage qu'il serait op-
portun d'introduire sur la scène ne de-
vrait plus être un bon sauvage naïf,
mais le plus féroce Peau-Rouge de la
légende, le Thug le plus redoutable, le
barbare le plus barbare. Et il pourrait
trouver, tout au moins, que nous exa-
gérons beaucoup quand nous nous flat-
tons de notre état policé. A l'encontre
des autres voyageurs supposés, il n'au-
rait guère à s'étonner de ce qu'il ver-
rait autour de lui peut-être même s'es-
timerait-il relativement assez doux, à
en juger par les crimes incessants dont
il serait, le témoin, par cette odeur de
sang qui monte de partout, par ces con-
tinuelles détonations de revolvers, par
ces audacieux attentats de toute sorte
qu'il pourrait admirer en connaisseur.
Que faire contre cet abominable épa-
nouissement du crime ? C'est un des
problèmes les plus graves qui se posent
aujourd'hui. Et ce n'est pas le crime
sournois, hypocrite c'est l'aventureuse
partie de jeu, le hasard tenté avec une
incroyable décision dans l'attaque le
malfaiteur, on calculant ses chances,
n'ayant pas oublié ses risques et étant
prêt, s'il échoue, à ne pas faire plus de
cas de sa vie que de celle des autres. Il
y a là une assez effrayante mentalité.
Ce n'est pas qu'elle soit nouvelle en elle-
même elle se révèle seulement en des
conditions presque nouvelles. De tout
temps, il y a eu de ces révoltés, ayant
fait la part du danger dans la conquête
violente de la proie convoitée, mais
d'autres circonstances les poussaient
d'autre entreprises ils èlaieïit fli-
bustiers, corsaires, boucaniers ils pre-
naient part à des expéditions qui don-
naient l'espoir du pillage et ils
étaient quelquefois des héros. Ces pério-
des de rudes épopées sont finies, et chez
d'autres hommes les mêmes instincts
indomptables subsistent, s'exerçant
d'une façon plus ignoble.
Un seul remède apparaît, mais si
malaisé Une telle vigilance, un châti-
ment si immédiat, une riposte si
prompte, que ces crimes ne vaillent plus
guère la peine d'être tentés. Il faut con-
venir, cependant, qu'il est plus simple
d'indiquer ce moyen que de le réaliser.
Mais la plupart de ces misérables ont
déjà été condamnés ceux-là, il fau-
drait pouvoir les surveiller, ne pas les
perdre de vue, les. empêcher de chan-
ger d identité à leur gré. Pr2sque tous
ceux qui tombent vivants au morts
entre les mains de la justice, ont
jonglé avec les états civils. Un simple
secrétaire de commissaire de police de
la Charente, M. V. Gautier, a émis à
ce sujet des idées très justes sur la né-
cessité d'imposer un livret d'identité,
avec photographie, seu'le pièce dont il
serait tenu compte, aux condamnées de
certaines catégories ce livret n'aurait,
en lui-même, rien d'infamant, mais les
occasions où il devrait être produit pou-
vairt être fréquentes, il permettrait de
6uivre l'homme, de savoir ce qu'il est
devenu.
Et puis, surtout, dès l'enfance, ce qui
importe, c'est la discipline morale don-
née par l'école. C'est la grande tâche
pour détruire les mauvais germes, par
l'enseignement vivifiant du respect de
la loi. Il est de vieilles vérités élémen-
taires qu'il faut plus que jamais répé-
ter pour qu'elles entrent profondément
dans toutes les consciences. Comment
Ce pas croire que cette notion primor-
diale que la vie humaine est sacrée
s'est affaiblie quand on voit, comme
cette semaine, une toute jeune fille ne
pas hésiter à venger ses griefs à coups
de revolver, presque comme une chose
toute simple, comme si elle n'avait eu
aucune autre ressource de se soustraire
à une situation pénible? Que d'aberra-
tions
Il y eut, autrefois, en des temps d'â-
pres luttes politiques, le toast fameux
« à la petite balle ». Ce serait le moment
de le reprendre, mais dans un sens tout
contraire. Petite balle, ne sois plus ni
folle, ni aveugle, ni si prompte Petite
balle, délivre-nous de foi
Mais, au milieu de ces tragédies, il
y a eu, par contraste, le beau geste »,
le geste souriant et apaisant, le geste
accueillant du propriétaire répudiant le
surnom classique de « M. Vautour » et
offrant une hospitalité désintéressée au
locataire, un peu bruyant sans doute,
pour lequel semblait être rétablie la
vieille peine de l'ostracisme. Les pessi-
mistes prévoient que la lune de miel en-
tre l'hôte et l'hospitalisé durera peu, et;
que l'obligeant possesseur de l'immeu-
ble ne tardera pas à regretter sa géné-
reuse inspiration. Mais ce sont des pes-
simistes, faisant profession de se défier',
du premier mouvement, qui est le bon,
quoi qu'ils disent. Pourquoi le fonda-
teur du syndicat des locataires, évi-
demment porté par son tempérament à'
des démonstrations excessives, bien que 1
gardant quelque bonne humeur, et qui,
après tout, jette des vérités dans sa fan-
taisié, ne tiendrait-il pas à honneur de
répondre galamment à de galants pro-
cédés ? Le Mécène de la rue Mademoi-
selle, en tout cas, n'a guère à craindre,
pour le moment,
Au temps où on écrivait bravement des
physiologies de tous les métiers et de tou-
tes les situations sociales, sans s'effrayer
de la diversité des physionomies, pour
les réduire, coûte que coûte, à un type,
ie romancier Amédée Achard avait
donné celle du propriétaire. Il ne s'était
pas mis en grands frais d'observation
il avait dessiné la figure consacrée, et,
à cette époque, on ne concevait guère le
propriétaire littérairement et théâtra-
lement, que vêtu d'une confortable robe
de chambe et coiffé d'une calotte à gland,
préparant avec soin ses quittances et re-
belle aux réparations. Il n'avait pas pré-
vu le propriétaire unique, il est vrai,
qui donne des leçons d'humanité à
ses confrères et appelle à lui les bannis.
Cependant, si superficielles que soient
ces pages, très peu documentaires, il
avait esquissé la silhouette, à qui d'af-
fligeants incidents ont rendu quelque
actualité, du propriétaire ennemi des fa-
milles nombreuses « Les frais sourires
et les blondes chevelures, disait-il, ne
peuvent rien sur un cœur qui appartient
tout entier aux moellons et aux bri-
ques. » On a vu, malheureusement, ces.
jours derniers encore, que des locataires,
nullement subversifs, ceux-là, traînant
seulement avec eux un cortège d'enfants,
risquaient d'éprouver le même sort
c'est-à-dire de rester dehors que le fou-
gueux champion dont le nom pittoresque
est devenu célèbre.
Il est vrai que, alors, certains humo-
ristes se donnaient la mission de venger
les locataires trop résignés. Le corniste
Vivier, qui poussait loin l'art de la mys-
tification, fut, bien avant M. Cochon, un
redoutable contempteur de l'autorité
des propriétaires. C'est lui qui, dans son
appartement, au quatrième étage d'une
maison de la place de la Bourse, avait
installé un veau, qui trouvait sur le bal-
con une prairie extrêmement artificielle.
Vivier reçut son congé, mais médita des
représailles. Son appartement étant à
louer, il devait le laisser visiter. Il en
faisait même les honneurs aux visiteurs
avec empressement et il en louait com-
plaisamment les avantages bonne expo-
sition, des voisins aimables, une tran-
quillité parfaite. Tout à coup, d'épou-
vantables détonations retentissaient il
avait insidieusement mis le feu à des
pièces d'artifice préparées.
Aux exclamations de terreur provo-
quées par cette explosion. Vivier répon-
dait avec flegme
Ce n'est rien. Cela arrive souvent.
Vous savez qu'il y a toujours un peu de
salpêtre dans les murs. mais l'apparte-
ment est si commode qu'on peut passer
sur ce petit inconvénient.
Le logis resta longtemps à louer.
Paul GINISTY.
NO TRE *BUDGET
ET CEUX DES A UTRES
-JwLe Sénat interrompra aujourd'hui le
*X^ rlé bat budgétaire pour aborder l'exa-
men de l'accord franco-allemand. Il n'en est
pas moins vraisemblable que la loi de finan-
ces sera bouclée aux approches du 20, car la
haute assemblée est résolue à procéder ra-
pidêment pour nous éviter un troisième dou-
Plusieurs orateurs ont pris la parole cette
semaine pour analyser ou critiquer le méca-
nisme du budget de 1912. Quoi qu'on puisse
dire de l'élévation inévitable des dépenses-
elle s'affirme chez nous comme partout ail-
leurs et peut-être moins qu'ailleurs nous
avons jusqu'ici évité l'emprunt: Notre dette
publique, suffisamment lourde, ne s'est pas
accrue, et le développement même de l'ac-
tivité et de la richesse a permis de tnain-
tenir l'équilibre financier.
Nos voisins se heurtent à de plus grandes
difficultés, ou bien leur prospérité générale
ne s'augmente pas en une égale mesure, car
ils sont obligés de recourir à des emprunts
en quelque sorte continus. Coup sur coup.
on a appris, au lendemain des élections gé- j
nérales du Reichstag, que l'empire allemand
et les différents Etats qui le composent
Prusse, Bavière, Saxe, etc., étaient con-
traints de s'adresser aux prêteurs, peu em-
pressés d'ailleurs à porter leurs souscrip- j
tions aux guichets impériaux ou royaux. Rt
il s'agit, au total, de près d'un milliard or,
en 1910 déjà, il avait fallu procéder à de
larges émissions, qui n'avaient guère rendu.
Nous méconnaissons un peu trop, la va-
leur de notre puissance financière, qui de-
meure pourtant un indubitable élément de
(orce nationale.
Un vapeur français échoué
dans la baie de Tanger
Tanger, 4 février.
Hier soir, à huit heures, le vapeur fran-
çais Artois, de la Compagnie de navigation
Mazella, venant, de Casablanca, a été jeté
à la côte, dans la baie de Tanger, par la
violence des courants.
Sa situation est des plus critiques. On
considère le vapeur comme perdu. Toute la'
nuit, des remorqueurs, éclairés par le
croiseur Du Chayla, qui dirigeait ses pro-
jecteurs sur le lieu du sinistre, ont essayé
d.e le renflouer.
Le navire est placé perpendiculairement
à la côte, ce qui lui a évité, jusqu'à mainte-
nant, d'être trop endommagé.
L'equipage a été recueilli par le Du
Chayla.
On contre-torpilleur
gravement avarié au Havre
Le Havre, 4 février.
Le contre-torpilleur Sabre, venant de Cher-
bourg, en entrant dans le bassin de !a Cita-
delle, s'est heurté contre le musoir il a eu
,son étrave complètement tordue et ses tOles
d'avant défoncées.
L'inventeur d'un parachute
se tance due La tour Eiffel
et s'écrase sur le sol
Un instantané de la chute, montrant que l'appareil ne s'est pas ouvert
Le malheureux inventeur Le premier vêlement-para
revêtu de son appareil M. FRANTZ REICHELT chute inventé par M.
(Photographie prise hier Frantz Reichelt et qu'il
matin avant la tragique C39 .r* n'avait expérimenté qu'avec
expérience) des mannequins
Au cours d'une expérience qu'il tentait
pour la troisième fois à la tour Eiffel, un
jeune inventeur a trouvé hier matin la mort
dans des circonstances particulièrement tra-
giques.
M. Frantz Reichelt se consacrait en effet,
depuis plusieurs années, la recherche d'un
appareil simple et pratique, destiné à servir
de parachute aux aviateurs, lorsqu'un acci-
dent leur ayant enlevé ta direction de leur
appareil, ils seraient précipités vers le sol.
Exerçant le méfier de tailleur il était
j installé 8, rue Gaillon il avait, non sans
(̃ wm- •-̃ertaine apparence do raison, songé. ù
Utiliser. les vêtements mêmes du pilote pour
établir son pa-rachutu. Son invention compor-
tait une large « combinaison » de toile caout-
i choutée des épaules au mollet, deux ailes
comparables à celles des chauves-souris,
soutenues par une légère armature métalli-
que, se trouvaient en temps normal, pendan-
tes au long du corps. Pour les étendre et se
protéger, il suffisait d'allonger les bras en
croix.
Plusieurs essais infructueux avaient déjà
été faits, notamment au cours de 1911, par
M. Reichelt qui, jusque-là, avait eu la sage
précaution de figure- l'aviateur par un man-
nequin. A l'origine, son appareil comportait
seulement six mètres carrés de surface por-
tante pour un poids de 70 kilogr. alors que,
rationnellement, il aurait fallu une surface
beaucoup plus considérable.
Désirant concourir pour le prix Lalance,
et se rendant compte qu'il était encore loin
de la bonne voie, il avait modifié son instru-
ment, lui donnant 12 mètres carrés de sur-
face portante. Les résultats furent encore
déplorables. Mannequin et appareils s'écra-
I serait lourdement et s'émiettèrent suit
le sol.
M. Reichelt nj se découragea pas cepen-
dant. Avec cette aveugle ténacité qui carac-
térise les chercheurs dont l'éducation scien-
tifique ne fut pts complète, il se persuada
que son vêtement-parac! ute était un excel-
lent système et que tous ses déboires passés
venaient de ce qu'il ne 1 expérimentait pas
personnellement.
Sa résolution '.lut cientôt prise. Il se lan-
cerait lui-même dans l'espace et la fortune,
alors, serait bien forcée de lui sourire.
Il sollicita et obtint du préfet de police une
nouvelle autorisation pour l'épreuve qu'il
jugeait devoir être définitive et qui lui fut
fatale.
Hier matin donc, à 7 heures, une quin-
zaine d'agents avaient organisé un service
d'ordre, dans la partie du Champ-de-Mars,
comprise entre les quatre piliers de la tour.
M. Gassion, l'un des gardiens du monument,
se trouvait seul aux bureaux de l'adminis-
tratiom lorsque se présenta M. Reichelt, en
compagnie de deux camarades.
Malgré l'autorisation de M. Lépine, le gar-
t dien, qui avait assisté aux expériences précé-
dentes du malheureux et prévoyait la catas-
trophe, refusa l'accès de la tour à l'inven-
teur, avant d'avoir obtenu l'avis de ses
chefs.
A huit heures, visiblement énervé par ce
contre-temps, M. Reichelt pouvait enfin accé-
der à la première place-forme, à 100 mètres
environ au-dessus du sol.
Il choisit, pour se lancer dans le vide, un
emplacement sur la balustrade intérieure.
Tournant le dos à l'Ecole militaire, devant
la terrasse du restaurant, il monta, après
s'être équipé, sur une table d'où il pouvait
facilement s'élancer dans l'espace.
Huit heures un quart venaient de sonner.
En bas, une trentaine de personnes, journa-
listes, photographes ou curieux matinaux
j attendaient, en battant la semelle, la minute
décisive. Et le drame, en quelques secondes,
se déroula.
M. Reichelt apparut debout sur la table.
J Fût-il pris de vertige, de congestion, ou la
i peur paralysa-t-elle à la minute suprême ses
mouvements ? Toujours est-il qu'au lieu
d'étendre les bras pour ouvrir son para-
chute, il les croisa d'un geste brusque devant
son visage, au moment où il tombait dans le
vide.
Deux secondes plus tard, lamentable
épave, il. gisait sur la pelouse glacée. Il était
I tombé presque debout, légèrement incliné
sur le côté droit et son corps avait marqué
son empreinte à plus de trente centimètres
de profondeur. Un mince filet de sang cou-
lait par la bouche, le nez et les oreilles de
l plus, le bras et la jambe droites du malheu-
1 l'eux étaient broyés, son, crâne et sa colonne
vertébrale brisés. La mort avait été instan-
Les gardiens de la paix placèrent immé-
L diatement dans une. automobile le pitoyable
cadavre qui fut conduit tout d'abord à l'hô-
pital Necker, où l'interne de service ne put
que constater le décès puis au poste de la
rue Amélie, et enfin rue Gaillon, au domicile
du malheureux inventeur.
CHEZ M. FRANTZ REICHELT
M. Frantz Reichelt était âgé de trente-trois
ans et il demeurait depuis quatre ans au
n° 8 de la rue Gaillon.
M. Franlz Reichelt, nous dit la con-
cierge, était aimé de tous ceux qui le con-
jw^ssateijf. Citait un travailleur il était
,pourvu de toutes lés qualités et toujours
prêt à re,n4re service à celui qui se trouvait
dans le besoin. M. Reichelt nétait pas ma-
rié. Dans son atelier, situé au troisième
étage, il occupait parfois un très grand
nombre d'ouvriers et d'ouvrières. Il avait
une très belle clientèle, car sa réputation de
bon ouvrier était bien établie.
M. Reichelt, ajoute notre interlocutrice,
était d'origine autrichienne. Venu en France
il y a quatorze ans, il -y installa. Une de
ses sœurs quitta également 1 Autriche pour
venir à Paris, où elle se maria. En 1909,
M. Reichelt se faisait naturaliser Français.
L'année suivante en juillet 1910, pour être
précis, il se mit à étudier un système de
parachute dont l'idée 'e hantait depuis quel-
que temps déjà. Le tailleur, profondément
ému du nombre d'a oidents mortels qui
frappaient les aviateurs, espérait réaliser
une invention qu'ils utiliseraient en cas de
chute et leur permettrait d'arriver au sol
sans le moindre .nal. Dès lors, il ne prit
plus de repos qu'il n'eut exécuté son projet.
Il fit, dans la cour de la maison, plusieurs
expériences qui avaient paru fort bien mar-
cher. Il lançait du cinquième étage un man-
nequin pourvu d'une paire d'ailes éployées.
L'appareil tombait sur le sol tout douce-
ment. M. Reichelt croyait avoir enfin trouvé.
Il avait annoncé, hier à ses ouvriers qu'il
ferait, une expérience publique, ce matin, à
la tour Eiffel. Et, comme ceux-ci s'inquié-
taient et lui représentaient le danger qui! y
avait à tenter pareille épreuve, le tailleur les
rassura en leur déclarant qu'il se bornerait
à lancer un mannequin comme les autres
fois.
On voit, qu'il eût bien mieux fait d'agir
ainsi.
POURQUOI L'AUTORISATION FUT DONNÉE
Beaucoup de personnes s'étonneront que
M. Lépine, préfet' de police, ait accordé au
malheureux' Frantz Reichelt l'autorisation de
tenter une expérience qui devait se terminer
de si tragique façon.
A la vérité, au cours des démarches faites
par lui à la préfecture de police, Frantz Rei-
chelt ne dévoila jamais ses intentions et l'on
supposait qu'il s agissait comme en main-
tes circonstances précédentes de lancer un
appareil dont le pilote était remplacé par un
mannequin.
Le service d'ordre établi aux abords de la
tour Eiffel avait pour but unique de protéger
les curieux en les maintenant hors d'une
zone dangereuse pendant les expériences.
te capitaine lie JWaguet
succombe àses blessures
L'infortuné capitaine Le Muguet qui dt,
samedi soir, au Bois-d'Arcy, l'épouvantable
chute dont nous avons rapporté, hier, les
ciréonstancest n'a pas survécu aux terribles
blessures qu'il s'était faites..
Transporté à l'Institut aérotechnique, à
Saint-Cyr, il y resta, entouré de quelques
amis et de médecins militaires, jusqu'à qua-
tre heures du matin.
A ce moment, son frère, le docteur Le
Maguet, de Nogent-sur-Marne, étant arrivé,
on décida de transporter le blessé, en auto,
à l'hôpital militaire de Versailles,
Mais, pendant le trajet, l'infortuné officier
rendit le dernier soupir.
Le capitaine Le Maguet était né le 8 octo-
bre 1877, a Neuilly-sur-Marne (Seine-et-
Oise) sous-lieutenant le 1er octobre 1899, il
était nommé lieutenant en 1901 et capitaine
le 9 mai 1906.
Sa carrière extrêmement rapide était la
récompense de brillantes campagnes au Sé-
négal et en Cochiachine, d'où il était revenu
il y a un an environ.
Le capitaine Le Maguet était, depuis son
retour en France, affecté au 2° régiment d'ar-
.tilterie coloniale à Cherbourg. Il était cheva-
lder de la Légion d'honneur.
FRANCE ET ITALIE
L'INCIDENT D'HODEIDA
DEMEURE TRÈS OBSCUR
L'AFFAIRE DE MILAN
Nous avons signalé, hier matin, les nou-
velles de source privée qui étaient arrivées
d'Hodeida sur la mer Rouge le bombarde-
ment de ce port turc, celm du port turc
aussi de .Djebana, dont une compagnie
française a assuré l'exécution en même
temps, que la construction d'une voie fer-.
rée, Djebane-Hodeida-Sana. Les dépêches
ajoutaient qne les tronçons déjà aehevés de
cette ligne avaient été détruits.
Hier après midi, le gouvernement fran-
cais restait encore sans confirmation de ces
télégrammes. N'ayant reçu aucun avis de
notre consul de Djeddah, il a demandé à
Constantinopie et à Obock des informations
précises. Il a, en outre, donné des instruc-
tions pour que le paquebot des Message-
ries maritimes, qui traverse actuellement
la mer Rouge, s'arrête à Hodeida, afin d'y
recueillir les Français.
Il y a lieu d'ajouter encore, d'après des
informations puisées h bonne source, que
le chemin de fer de. Djebana à ,Hodeida et
Sana avait réellement un caractère stratégi-
que, et que le cahier des charges de la Com-
pagnie française prévoyait qu'au cas d'in-
terruption des travaux ne provenant pas de
son fait, elle pourrait se retourner contre le
gouvernement ottoman les droits de cette
compagnie sont ainsi nettement spécifies.
M. Driant, député de Meurthe-et-Moselle,
compte interpeller, aujourd'hui, le gouver-
nement sur l'affaire d'Hodeida.
Un autre incident se serait produit à Mi-
lan. Le docteur Maublanc, citoyen français,
a été arrêté en cette ville. On a cm d'abord
qu'il avait été appréhendé pour avoir em-
porté, parmi ses bagages, allant en Egypte,
ûn revolver et une carabine. Ces armes an-
raient été tenues pour contrebande de guer-
re. Maintenant on ne l'accuse plus que d'a-
voir fait passer son revolver et sa carabine
sans déclaration préalable en douane. Cette
arrestation remonte au 26. Comment s'expli-
quer qu'elle ait été maintenue Y aurait-il
eu abus de la part d'un agent subalterne ?
ON NE SAIT RIEH A ROME
Rome, 4 février.
Aucune nouvelle n'est parvenue ici au
sujet de l'incident d'Hodeida.
On sait seulement que Ies travaux du port
et du chemin de fer, dont deux kilomètres
ait total auraient été construits, sont con-
tes à une société française,. Celle-ci les
faisait diriger par un ingénieur ilalien, M.
Viollini. Cet ingénieur fut expulsé par les
Turcs il y deux mois. Il est vraisemblable,
aMirme-t-on, que son expulsion ait entraîné
l'interruption des travail il n'est pas im-
possible. non plus qu'à Ja suite de ta déclara-
tion du blocus, quelque chargement destiné
au chemins de fer ait éfé arrêté, mais le gou-
vernement italien restait sans dépêches en-
core ce soir..
Les milieux officiels ajoutent qu'Hodeida
possède une citadelle et qu'elle est donc vil-
le fortifiée, c'est-à-dire exposée au bombar-
de.ment.
La Tribuna comménte en termes cor-
diaux les mesures prises par la France
pour aut/menter la surveillance à la frontiè-
re tunisienne et l'ordre donné aux torpil-
leurs français d'empëcher la contrebande à
la limite des eaux tunisiennes,
La Tribuna dit
n Ces mesures du /jouvernement français
s'inspirent de ses sentiments d'amitié en-
vers nous, de son désir de remplir le plus
efficacement possible ses devotrs de neutra-
Lité et de la volonté identique des deux gou-
vernements et des deux pays de cultiver
une amitié réciprnque. »
Parlant d'Hodeida, la Tribuna dit
« Sur ce prétendu ineident, la Consulta n'a
rcçu absolument aucune information. Tout
porte donc craire que l'exagération de cer-
tains journaux français n'aura aucune ellet
sur la logique des choses et sur te 6on sens
de l'opinion publique. »
LES TURCS DU c MANOUBA »
JRRIVENT A TUNIS
ILS REPARTENT POUR SFAX
Tunis, 4 février.
Dès cinq heures, ce matin, un service d'or-
dre, organisé à l'occasion de l'arrivée de la
Ville-de-Tunis, ayant à bord les membres
de la mission ottomane du Croissant-Rouge,
occupait les quais.
A sept heures trente, l'aviateur Obre s'é-
leva sur son monoplan, et vint planer au-
dessus de la VitLe-de-Tunis qui venait de
s'engager dans le canal. Un certain nombre
d'Européens et d'indigènes stationnaient sur
les quais. Aucun madent ne s'est produits.
A huit heures trente, la Ville-de-Tunis ac-
costait elle avait été sensiblement retardée
par le mauvais temps, qui avait contrarié la
traversée de Marseille à Bizerte.
Les passagers descendirent à terre. Les
membres de la mission restèrent sur le pa
quebot, qu'ils ne devaient plus quitter jusqu'à
Sfax. Dans le salon du bord, le docteur Emin
bey, chef de la mission, reçut quelques per-
sonnes, notamment une délégation de sous-
cripteurs qui apportaient trois montres en or
aux médecins et des objets tunisiens aux
infirmiers, en souvenir de leur séjour à Ca-
gliari.
La Ville-de-Tunis a levé l'ancre cet après-
midi. De Sfax, les membres de la mission
gagneront la frontière en automobile, puis,
91'aide des moyens dé transport du pays, ils
rejoindront devant Homs le corps turc au-
quel ils sont affectés
Le passager retenu
Marseille, 4 février.
Le passager turc que la commission d'exa-
men a considéré comme suspect a quitté le
Frioul cet après-midi et a été, dans la soirée,
reconduit à la frontière suisse, croit-on.
En ce qui concerne le deuxième et dernier
sujet ottoman, il est toujours au Frioul, mais
sa santé s'améliore de jour en jour.
Or français expédié a Rome
Dijon, 4 février.
Cette nuit, dans un train venant de Paris
et passant en gare de Dijon iL destination
de Rome, on remarquait deux wagons dû-
ment scellés aux armes d'Italie et accom-
pagnés d'une escouade d'agents italiens du
service de la sûreté.
D'après les feuilles' de chargement qui
accompagnaient le? deux véhicules, ceux-ci
contenaient cinquante millions en or expé.
diés au gouvernement italien par deux ban-
ques. Contrebande de guerre n, disaient
plaisamment les employés au courant de
ce transport
LA NOTÉE D1VRT
M1" Miliarà s'est ssicidèe,
dit le médecin qui l'autopsia
Le Petit Parisien disait hier que la mort
de Mlle Geneviève Miliard, dont le corps
avait été retrouvé dans la Seine, à Ivry, res-
tait mystérieuse, mais que loin de partager
les sentiments des parents de la malheu-
reuse jeune flllp, qui supposaient un crime,
las magistrats chargés de l'enquête incli-
naient plutôt à croire qu'on se trouve eu
présence -d'un suicide.
Sur quoi la farniUe base-t-elle sa convic-
tion ? Sur des données d'ordre avant tout
sentin\enAal, dont nous ne nous permettrons
pas de discuter la valeur, mais qui, jusqu'à
présent, n'apparaissent pas comme un ap-
point suffisaht dans .la discussion du pro-
inlème. Certes,. l'enquête a, sans restriction,
révélé la parfaite conduite de cette jeune
filJe et personne ne lui connaissait de liai-
son. Entre l'amour des siens et son travail, il.
n'y avait pas eri elle place pour d'autres sou-
cis soit, mais en dépit de toute sa logi-
que, à cause même de.sa logique, cet argu-
ment vient cependant tout à l'encontre de la
thèse à soutenir
Comment, en effet, une jeune fille d'une si
rigoureuse tenue dans sa vie, dans ses habi-
tudes, une jeune fille qui suivait si droit son
chemin, s'est-elle .laissé entraîner soudain,
au hasard d'une aventuré que .son caractère
devait lui fâire entrevoir tout de suite com-
i me dangereuse ? Ne connaissànt personne.
elle n'aurait eu garde de suivre un inconnu.
Il est plus naturel, semble-t-ii. de penser que
si Geneviève Milîard n'a pas pris jeudi snir,
comme de coutume, le chemin de la maison
familiale, c'est qu'elle ne voulait pas le
prendre, ne se laissant entralner par qui que
ce soit, par quoi que ce soit, si ce n'est sa
volonté.
D'autre part, dans l'entourage de la jeune
fille, on semble accorder une grande impor-
tance rl une révélation laite par une amie
d'atelier.
D'après rftle indication, Geneviève Mj-
liard' se serait, plusieurs fois, aperçue des
assiduités d'un homme qui avait pris l'ha-
bitude de l'attendre à la station d'Avron.
Comme la jeune fille évitait ce personnage,
il faudrait supposer que ce dermer s'est li-
vré à un véritable enlèvement.
Quelque romanesques et invraisemblables
que deviennent chaque jour les attentats m'o-
dern-style, il semble bien étrange qu'un pa-
reil coup de force puisse être accompli à
sept heures et demie du soir, dans une des
rues les plus mouvementées, et cela sans
attirer l'attention.
Par contre, comme nous l'avons dit hiér,
les constatations, faites sur le cadavre, dès
sa découverte, ont conduit tout de suite le
magistrat à'conclure à un suicide.
Cette opinion est du reste partagée j>ar M.
le docteur Vibert, médecin légiste. qui a pra-
tiqué, hier, à la Morgue, l'autopsie de la
malheureuse jeune fille.
Le praticien, après avoir çonjÇbi &. -une
mort par'aspljyjne consécutive la submer-
sion, .a, en effet, stipulé qu'il n'avait reksvé,
au cours de ses recherches, aucune trace de
violence, externe ou interne^
LE BIGAME
Ce que disent son beau-frère et sa dernière
femme.
Nous avons longuement raconté, nier, les
aventures de ce professeur espagnol José-
Antonio-Sanchez Gonzalez, que vient de fai-
re arrêter, à la Havane, M. le juge d'instruc-
tion Tortat, sous l'inculpation de bigamie.
Après avoir épousé le 28 juin 1906. à Car-
thagène, Mlle Isabelle-SSanchez Inglès, qu'il
délaissa bientôt pour une de ses compatrio-
tes à peine âgée de seize ans, le professeur
vint s'installer à Paris, et oubliant ses enga-
gements passés, épousa, comme on sait, de-
vant le maire du dixième arrondissement,
Mlle Alice L. fille du propriétaire de l'hô-
tel où il était descendu, rue d'tlautxville.
Il prit, il est vrai, pour cette formalité, le
nom de Miguel-Moreno Villalobos.
Nous avons vu le père de la victime du
pseudo-Villalobos.
Le professeur Moreno
Retiré des affaires depuis peu, M. L. oc-
cupe, avec sa femme et ses deux filles, un
coquet appartement rue Ordener.
Bien que très ennuyé par le bruit fait au-
tcur de l'aventure dont sa fille aînée fut
l'héroïne, l'ancien hôtelier s'est fort aima
blement prêté à l'interview.
Gonzalez Moreno
C'est au début de l'année 1910, nous a-
t-il déclaré, que celui qui devait devenir
mon gendre descendit à 1 hôtel que je tenais
rue a Hauteville. Il me loua une chambre
au premier étage d'un loyer mensuel de
francs, et s'inscrivit sous le nom de Mi-
guet V. Moreno, professeur, venant de Bar-
celone.
Ce jeune homme paraissait sérieux, actif.
Il était d'une politesse excessive et recevait
de nombreux plis cachetés d'Espagne. Tout
d'abord, je ne fis pas plus attention à lui
qu'à mes autres pensionnaires. Cependant,
le m'aperçus bientôt qu'il profitait de tous
les prétextes pour s'introduire chez moi,
pour adresser la parole à ma fille Alice, alors
âgée de dix-sept ans à peine.
Cette insistance commençait à m'ennuver,
lorsque mon garçon se présenta un matin
et me dit sans ambage }
K M. l'Espagnol m'a chargé d'une commis-
sion. 11 m'a prié de. vous demander votre opi-
nion sur l'union libre. Au eus où vous n'au-
riez pas de préjugé, m'a-f-il ajouté, ei si vous
n'y voyez pas d'inconvénient, il serait tout
disposé à vivre avec Mlle Alice, qu'il trouve
à son goût. »
Sur le moment, j'eus l'idée de prendre
mon locataire par les épaules et de le jeter
à la porte de chez moi. Puis, je réfléchis,
mon garçon était étranger, il s'était peut-
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