Titre : Le Petit Parisien : journal quotidien du soir
Éditeur : Le Petit Parisien (Paris)
Date d'édition : 1905-01-30
Contributeur : Roujon, Jacques (1884-1971). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 30 janvier 1905 30 janvier 1905
Description : 1905/01/30 (Numéro 10321). 1905/01/30 (Numéro 10321).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol-Lc2-3850
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 30/07/2008
îteniÊMB ahnsb. Ne io.3?i. Le plus fort Tirage des Journaux du Monde entier lundi 30 JANVIER 1905.
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PROCHAINEMENT
Le Petit Parisien
PUBLIBRA
LE LOUVETEAU
GRAND ROMAN INÉDIT
Par Paul BERTNAY
Le Travail à Domicile
Le problème du travail à domicile
n'est point nouveau, et j'en ai déjà entre-
tenu nos lecteurs, mais de louables
effortâ se multiplient aujourd'hui un
peu partout, sinon pour supprimer les
abus inévitablement attachés à ce mode
de production, du moins pour les faire
connaîtra. C'est déjà élaborer le progrès
que de poursuivre certaines études, de
frapper les esprits et de mettre en relief
les misères les plus cruelles.
Or, la question, quelque intérêt qu'elle
offre, demeure obscure et complexe. Si
certains gouvernements étrangers ont
chargé des commissions officielles d'exa-
miner le sort des « travailleurs en appar-
tement », comme l'on dit en se servant
d'un terme bien pompeux, si l'Angle-
terre et les Etats américains en particu-
lier ont amassé des documents abon-
dants et douloureux, nous sommes tou-
jours fort en retard. Depuis des années,
on réclame en France une enquête. Com-
ment instituer des remèdes ou des pal-
liatifs, renforcer ou réformer la législa-
tien, si l'on ignore l'étendue du mal?
Cette enquête, elle n'a jamais été tentée
dans notre pays que par des particuliers.
Il ne faut point déprécier les observa-
tions sociales dues à l'initiative privée,
car, jadis, celles de Villermé, sous la
monarchie de Juillet, déterminèrent très
réellement un courant d'idées nouveau.
Mais les individualités sont d'ordinaire
mal années, pour s'attaquer à pareille
lâche.
C'est pourquoi j'approuve entièrement
l'initiative que viennent de prendre
àeux groupements de la Bourse du tra-
vail de Paris le syndicat des fleuristes-
plumassières et la chambre syndicale
de» ouvrières en cravates. Ces associa-
tions professionnelles sont admirable-
ment placées pour dénoncer tous les
méfaits du travail à domicile mé-
faits qui, à vrai dire, ne sont imputa-
bles à personne en particulier, mais à
une organisation générale défectueuse.
Elles ont compris leur rôle avec une lar-
geur d'esprit qu'on ne saurait trop recon-
naître, car la mission des organisations
syndicales, et c'est ainsi que l'ont tou-
jours entendue lesTrade Unions d'outre-
Manche, consiste à devancer et à stimu-
ler les investigations officielles, et à pré-
,parer les matériaux de la future loi.
,Vous verrez que lorsque paraîtront les
premiers résultats de l'enquête pari-
sienne, l'on s'empressera de nommer
une commission de spécialistes pour les
vérifier et les corroborer. Et ce sera tout
profit pour ceux qui s'intéressent à un
problème de plus en plus vital pour la
classe ouvrière.
Je dis de plus en plus, car le travail à
domicile n'est pas seulement, comme on
serait tenté de le croire, un legs du
passé, une survivance d'un âge défunt.
'Au contraire, il s'étend d'année en
année il pénètre dans des milieux qu'il
n'avait pas touchés le labeur disséminé
se substitue, en France et partout, au
labeur concentré de la grande usine ce
qui ne signifie point qu'il y ait, comme
jadis, des rapports directs entre pro-
ducteurs et consommateurs. L'ouvrier
en chambre est, tout aussi bien que celui
de la manufacture, un salarié cepen-
dant il vit dans des conditions toutes dif-
férentes et, très souvent, entre le chef
d'industrie et lui, s'interpose l'entrepre-
neur ou le marchandeur.
On a calculé qu'en France, à l'heure
actuelle, un sixième de l'effectif total des
travailleurs plus de 800,000 fabri-
N° 58. Feuilleton du Petit Parisien.
LE VIOLONEUX
GRAND RQMAN INEDIT)
PHEMIÏRE PARTIE
'La Cabane du Val-aux-Bichefl
XXXIII (suite)
Soir d'orgie
Par quel miracle avait-elle échappé à la
jnart?
Il était sûr de l'arme dont il s'était servi.
Pourquoi n'avait-elle pas produit son ef-
fet ?
Comment la vicomtesse lorsque son état
semblait désespéré, s'était-elle remise peu
à peu, assez du moins pour supporter les
fatigues d'un long voyage et vemr en aide
à sa cousine dans sa fuite vers la côte d'A-
zur.
Il avait f4llu qu'une main amie l'arrêtât
au moment où elle portait à SGS lèvres la
dose fatale qui devait achever l'œuvre de
destruction.
Autant de problèmes insolubles pour lui
!et qui le jetaient dans un trouble inexprima-
ble.
Marguerite était bien incapable de se dé-
'iendre elle-même.
Elle avait donc trouvé un défenseur que
rien ne trahissait, aucune démarche, aucun
acte, aucune parole.
Ce défenseur ne pouvait être qu'un en-
nemi pour lui d'autant plus dangereux qu'il
.et le connaissait pas. J
que à domicile, c'est-à-dire dans les éta-
ges supérieurs des faubourgs, ou dans
les masures des campagnes. Les fem-
mes constituent à coup sûr la majeure
portion de ce personnel, mais les hom-
mes y chiffrent aussi pour un contingent
considérable. A côté des confectionneu-
ses, des lingères, des fleuristes, des plu-
massières, il y a les bonnetiers de
Troyes, les couteliers de Thiers, les tis-
seurs en soie du Lyonnais, les fileurs du
Choletais, les vanniers de la Thiéra-
che. D'autres industries seront peut-être
encore atteintes par ce morcellement,
qui n'est pas un progrès, quoi qu'on
dise, et qui est stimulé par l'utilisation
toujours croissante de l'électricité.
Si l'on cherche les causes de ce chan-
gement dans l'organisation du travail,
elles sont bien simples. Le labeur à do-
micile échappe jusqu'ici à notre législa-
tion ouvrière. Les industriels qui y
recourent se soustraient aux prescrip-
tions de 1892 et de 1900 sur la durée de
la journée, de 1893 sur l'hygiène et la
sécurité, de 1898 sur la réparation des
accidents. En même temps, ils dimi-
nuent leurs frais généraux et compri-
ment les salaires. Comment veut-on
qu'ils ne cèdent point à ces avantages et
à quelques autres? C'est la dure loi de
la lutte commerciale? Mais l'extension
de l'atelier de famille menace la
classe des travailleurs dans sa vigueur
et sa santé physique, dans sa subsis-
tance mëme; non seulement le petit
façonnier souffre comme nous allons
l'établir de sa condition, mais encore
par la concurrence qu'il exerce, il porte
un préjudice grave au personnel des
usines, qui voit baisser le prix de la
main-d'œuvre. Le sweating system, se-
lon l'expression anglaise, le système qui
« fait suer » pèse sur l'ensemble des cor-
porations, et c'est pourquoi la question
a pris une vivante actualité.
A coup sûr le travail à domicile appa-
raît très moral et très humain il ne
sépare plus la femme de l'homme et des
enfants il lui permet de rester au foyer
et d'éviter les promiscuités il lui épar-
gne aussi, en théorie, les longues cour-
ses matin et soir. Mais tout cela
n'est que façade, et dès qu'on examine
les faits d'un peu plus près, les tares de
ce mode de production deviennent fla-
grantes.
Dans tous les pays civilisés, les lois
donnent, sinon aux adultes hommes, du
moins aux adolescents et aux adultes de
l'autre sexe, un minimum de garanties
et de protection. Les ouvrières ne sont
plus retenues qu'une dizaine d'heures
par jour elles ont droit à des repos ré-
guliers, à un chômage hebdomadaire
de multiples précautions sont prises et
édictées pour que les salles soient con-
venablement aérées et ventilées, qu'elles
excluent les risques d'incendie, qu'elles
soient purgées des miasmes délétè-
res. Or l'atelier de famille ne connaît
ni limitation de durée, ni réglementa-
tion de salubrité.
Ce n'est pas le patron qui cherche
et qui loue la chambrette du sixième
ou du septième étage, où la giletière et
la lingère s'exténuent et usent leurs
yeux. Le logement est choisi par l'ou-
vrière qui y habite, qui y installe sa
machine à côté de son lit, et qui en ac-
quitte le loyer, toujours écrasant pour
ses faibles ressources. Souvent la fenê-
tre manque l'atmosphère est suffo-
cante l'espace fait défaut. Des milliers
et des milliers de femmes s'étiolent,
s'anémient ainsi dans les pièces trop
étroites, d'où elles ne sortent que pour
rapporter les pièces confectionnées. Le
travail en « appartement » est vraiment
le grand pourvoyeur de la tuberculose.
Ce n'est point tout les heures ne
comptent plus, les aiguilles du cadran,
s'il en est un, tournent sans que l'ou-
vrière s'en aperçoive. La journée se pro-
longe dans la nuit et il faut bien
peiner sans relâche parce que la rétri-
bution se calcule aux pièces, que les
malfaçons ne sont pas à la charge du
patron et que dix heures ou onze heures
n'assureraient point la subsistance.
L'enquête de la Chambre des lords,
qui est toute récente, signalait à Lon-
A tout instant il redoutait un châtiment,
une explosion soudaine, une dénonciation
Et puis il y avait encore ceci
Si Marguerite pouvait ignorer l'attentat di-
rigé contre sa vie, elle ignorait aussi le nom
du complice de la faute d'Angèle.
Autrement, ses lettres toujours amicales
auraient contenu des reproches sanglants
sur cette indigne trahison..
Mais ce n'était là qu'un calme trompeur.
Que dans une minute d'expansion et de
reconnaissance, mademoiselle de Rohaire se
jetât aux genoux de sa cousine et lui ré-
vélât le nom du père de son enfant, c'en
était fait de lui.
Marguerite, outragée dans sa propre mai-
son, en concevrait une juste indignation et
demanderait la rupture de l'odieux ma-age
qu'elle aurait tant de raisons de briser.
Pourquoi Angèle reculerait-elle devant cet
aveu ?
Les circonstances mêmes de sa faute, le
piège odieux dans lequel elle avait été prise,
n'en étaient-ils pas l'excuse ?
Dès lors, il était perdu.
Le divorce prononcé, et que d'autres tra-
hisons la malheureuse pouvait découvrir,
c'était l'annulation des avantages de son con-
trat et la misère pour lui
D'un mot, Angèle pouvait satisfaire sa
haine contre lui et l'écraser.
Et ce mot peut-être elle le prononçait au
moment même où il essayait de s'étourdir
aux sons de cette musique qui lui rappelait
tout un passé de divertissements, sous l'é-
clat de ces lustres qui l'attiraient invincible-
ment, au milieu de ces amis tarés comme lui
et de ces femmes, véritables filles de 'oie,
délicatement parfumées, couvertes de bril-
lants, d'une beauté insolente et brutale, dont
il ne pouvait plus se passer.
Un remords lui venait, non pas des tor-
dres des ateliers familiaux où certaines
femmes travaillaient seize heures sans
s'arrêter, mangeant même sur place,
afin de ne point perdre de temps dans
la lingerie, la moyenne oscillait entre
15 et 16 heures; dans la chaussure, les
17 et les 18 heures n'étaient point rares.
Comment une créature humaine résis-
terait-elle à un pareil surmenage qui se
déploie dans toutes les grandes villes ?
Reste le chapitre des salaires. Il n'est
pas moins navrant. Outre-Manche, les
confectionneuses en chambre reçoivent
de 7 à 12 francs par semaine, et les
lingères sont souvent réduites à 0 fr. 70
par jour. Aux Etats-Unis, dans le même
milieu, les constatations furent identi-
ques les salaires de moins d'un franc
ne sont pas inconnus, alors que tout est
beaucoup plus cher là-bas que chez
nous. En France, enfin, nul n'ignore
que le gain annuel de dizaines de mil-
liers de femmes n'excède pas 300 francs.
Au moins, dans la grande industrie,
l'on ne descend pas jusqu'à cet abîme de
désolation.
Voilà le mal, et l'on est unanime,
dans tous les partis, à le signaler. Les
livres de M. Charles Benoist s'accordent
avec les débats de l'association pour la
protection légale des travailleurs et avec
les doléances des unions professionnel-
les. C'est un péril national qu'engendre
le sweating system non réprimé. Mais
comment y remédier? Sans discuter
pour le moment la méthode néo-zélan-
daise qui a institué de par la loi de
1896 le minimum de salaire, nous
pouvons prendre d'utiles enseignements
aux Etats-Unis et en Angleterre. Là des
mesures ont été édictées contre les lo-
caux insalubres, et les entrepreneurs
sont tenus de fournir à l'inspection la
liste des personnes auxquelles ils con-
fient de l'ouvrage.
Mais l'essentiel, à l'heure présente, la
condition préalable, pour s'exprimer
ainsi, c'est l'enquête, et nous voulons
croire que l'initiative des syndicats pa-
risiens ne demeurera pas stérile.
JEAN FKOLLO
'L'OEUVRE IMMEDIATE
Le Sénat a recommencé à s'occuper de
la loi militaire et, quoiqu'il ait repris
une discussion .générale, dont l'utilité
n'apparaît pas à l'heure actuelle, on
peut espérer qu'il aura voté le texte nou-
veau assez prochainement, pendant que
la Chambre terminera le budget.
De leur côté les députés se remettent,
mardi, à la loi de Finances, avec le désir
d'en finir le plus tôt possible, peut-être
avant l'expiration des deux douzièmes
provisoires accordés pour les mois de
février et de mars.
Les deux assemblées semblent donc
vouloir se livrer entièrement au travail
pratique et, dans ces conditions, en sup-
primant les pertes de temps et les débats
oiseux, elles arriveront peut-être à faire
aboutir, avant les vacances de Pâques,
l'importante réforme qui allégera le
poids du service militaire, sans diminuer
la puissance nationale.
Revenant du Luxembourg, la loi mili-
taire arrivera, sans doute, au Palais-
Bourbon dès que le budget sera voté.
Les députés auront le temps de lui
apporter la consécration de leurs votes.
Il faut souhaiter, en effet, que la
Chambre accepte cette fois ce que le
Sénat aura décidé et qu'elle n'engage
pas une lutte d'amour-propre entre les
deux fractions du Parlement.
La commission sénatoriale et son émi-
nent président ont étudié les questions
avec un soin extrême et l'esprit le plus
conciliant, en subordonnant toutefois
leurs décisions à ce qu'ils regardent
comme indispensable pour ne pas affai-
blir nos forces.
Dans ces conditions, la Chambre pen-
sera, probablement, que la meilleure
chose à faire sera de doter le pays immé-
diatement de la loi de deux ans, qui est
attendue avec tant d'impatience par de
nombreuses familles et qui, promulguée
en avril, pourrait être appliquée dès
1906, le gouvernement ayant ainsi
devant lui assez de mois pour en prépa-
rer l'exécution.
tures qu'il avait infligées à cette douce fem-
me qu'il aurait dû adorer, non pas de l'infa-
mie de sa conduite envers mademoiselle de
Rohaire, qu'il aurait dû tenir pour sacrée à
sas yeux, mais de la maladresse de ses con-
ceptions, des vices de son plan, de son hési-
tation à l'exécuter.
Et il se disait avec rage
Si c'était à refaire
Cette vie qu'il avait épargnée par crainte
de se compromettre, de donner l'éveil en al-
lant trop vite, il fallait la trancher alors
qu'il avait toutes les chances pour lui 1
Tout serait fini.
Il serait en possession des millions convoi-
tés et ses compagnons du boulevard l'admi-
reraient en disant, jaloux de sa fortune ré-
tablie
En a-t-il une veine, celui-là
Il oubliait le remords qui l'aurait obsédé,
la vision du spectre de sa victime qui se
serait assis à son chevet, sans relâche jus-
qu'à son dernier jour.
Ou encore, mais il se reprochait cette
pensée comme une faiblesse, il fallait,
ayant eu la chance, la vraie celle-là, de ga-
gner le. coeur de cette angélique Marguerite
Beaulieu se contenter de cette conquête et se
réhabiliter il ses propres yeux en acceptant
la vie large et indépendante qui s'offrait a
lui et qui eût pu être si belle, ccmme le
disait sa jeune épouse, dans cette inoublia.
ble nuit où il était entré en maître dans sa
chambre de Belfonds, dans cette maison où
il était environné d'une atmosphère d'hon-
neur et de probité antiques!
Il parut s'éveiller brusquement.
II porta la main à son front, comme pour
en arracher ces souvenirs, furieux contre
lui-même de son impuissance à prendre un
parti, ne sachant que faire, perdu dans le
SUR LA ROUTE DE FEZ
La Mission française. La dernière Etape.
Aux Portes de la ViUe sainte. Les
Incidents de la Route. La Légion des
Suppliants.
(DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL)
Tanger, 29 janvier.
Beni-Amar, 22 janvier. Nous avons levé
notre camp des Cherrada dès le matin,
après toute une journée passée à nous re-
poser d'une semaine de route sous la pluie.
L'étape doit être longue aujourd'hui et
nous devons commencer à gravir les mon-
tagnes qui depuis deux jours barrent l'ho-
rizon de leur ligne bleue. Un coup de vent a
balayé vers l'est tous les nuages et le soleil
africain fait luire aux pentes des collines
l'eau qui descend en torrents et en cascades
dans les vallées, dans la terre argileuse
rendue glissante et gluante par les derniè-
res pluies. Nos bêtes marchent pénible-
ment et manquent de s'abattre à chaque
pas.
Le paysage s'est maintenant complète-
ment modifié. Au lieu des plaines immen-
ses et désertes que nous venons de traver-
ser, nous gravissons tout un chapelet de
mamelons qui s'étendent à l'infini. Ce pays
ressemble d'une étonnante façon à notre
Kabylie algérienne aux approches de Tizi-
Ouzou, et pour accentuer encore si possible
cette analogie des villages, aux murs de pisé
s'étagent au plan des montagnes de ci de la
apparaissent des terrains à moitié cultivés
et on a l'impression que les tribus de cette
région doivent être plus laborieuses que
celles rencontrées jusqu'alors.
En Pays de Montagnes
Après une ascension de plusieurs heures,
le massif du Zerhoun surgit brusquement
devant nous, comme un gigantesque para-
pet de granit rose. C'est dans ces montagnes
que serait, dit-on la tribu native du rogui,
c'est là aussi que vivent les indigènes qui en
prennent à leur aise avec l'autorité du sul-
tan.
Nous faisons une courte halte dans la dé-
licieuse petite vallée de Segota. De toutes
parts, des ruisseaux bruissent, des oran-
gers et des mandariniers couverts de leurs
fruits dorés se dressent au-dessus d'un ta-
pis de verdure et une vieille maison mau-
resque avec ses grands murs blancs crou-
lants augmente encore le pittoresque du lieu.
Après une route pénible, l'endroit repose et
charme.
Il nous faut cependant remonter en selle
pour atteindre avant la nuit Beni-Amar, où
nous devons camper. Nous sommes mainte-
nant sur la route du maghzen, qui mène à
Fez, car je dois vous signaler que nous avons
modifié, suivant les circonstances, plusieurs
fois notre itinéraire. Nous croisons mainte-
nant des rakkas (courriers), des voyageurs
et des caravanes qui viennent de Fez. Nous
demandons à ces gens des renseignements
sur le pays qu'ils viennent de traverser.
« Tout est en paix et tranquille sur le che-
min », nous répondent-ils, et sans vouloir
ajouter une parole de plus, ils s'éloignent,
sombres et dédaigneux du roumi qui passe.
Nous avons atteint Beni-Amar assez tard.
Notre camp est dominé par des collines cou-
vertes d'oliviers, et dans la nuit qui tombe
apparaissent des lueurs clignotantes qui
nous font deviner tout là-haut, des villages
perchés sur leurs rochers. Aujourd'hui,
comme précédemment, aucun cald n'est ve-
nu au devant de nous et aucune fantasia n'a
égayé notre marche..
Scène pathétique
Campement du Jeboub, 23 fanvier. Ce
matin, avant le départ, une femme suivie
de deux enfants s'est précipitée dans notre
camp, au devant de Mme Saint-René Tail-
landier et, à genoux, dans une pose sup-
pliante, elle a serré ses bras autour d'elle
et avec des sanglots elle a raconté sa la-
mentable histoire.
Sur l'ordre du cald, sous un vague pré-
texte, son fils a été tué à coups de fusil et
son mari emprisonné à Fez elle sort de
son sein la chemise de la victime, ensan-
glantée et trouée par les balles et demande
il. Mme Saint-René de ne pas l'abandonner,
elle et ses jeunes enfants. Emue, ainsi que
nous d'ailleurs, par cette grande détresse,
Mme Saint-René console la pauvre femme,
lui remet quelque argent et donne des ordres
afin que la malheureuse nous suive il. Fez.
Le nombre et l'insistance des gens à venir
demander ainsi le long de notre longue
route la protection du ministre de France
est signaler tous se plaignent de l'arbi-
traire et de la tyrannie de leur caïd.
M. Saint-René Tailiandiar les écoute avec
la plus grande bienveillance, s'informe très
exactement et promet de s'occuper d'eux. Des
ordres ont d'ailleurs été donnés afin que no-
tre camp soit largement ouvert à tous et que
toutes les plaintes puissent s'y faire enten-
dédale des chemins de traverse où il s'était
engagé et dont il ne pouvait sortir, exaspéré
surtout contre celte Angèle vaincue un mo-
ment subitement relevée, et ne sachant
s'il la détestait plus pour sa résistance qu'il
ne l'admirait à cause de sa souveraine
beauté
Près de lui ses deux compagnons flirtaient
avec leurs connaissances.
Quant à Paulette, elle semblait l'avoir ou-
blié.
De sa. jolie lorgnette entourée d'un cercle
de brillants, elle examinait l'avant-scène
d'en face et dans cette loge un gentleman
qui entretenait avec elle une conversation
muette des plus expressives.
Le vicomte lui dit presque durement
Tiens-toi donc ?
Elle se retourna et se mit à rire en répli-
quant avec dédain
Tu parles ?.
Sois convenable.
Eh bien Quoi! fit-elle, en gouaillant,
est-ce que nous sommes mariés ?.
Il essaya de plaisanter.
Le type d'en face peut le croire.
Aprés ? Tu ne serais pas le premier
mari. trompé.
Paulette
Elle haussa les épaules, ses belles épaules
nacrées, à veines bleuâtres presque invisi-
bles, et lui montrant ses blanches dents
Allons donc Ne fais pas ton jaloux 1
D'abord trop tard, mon bon Et puis il est
très bien, ce jeune milord, et très calé, ça se
voit.
La petite blonde, aux cheveux dorés, vint
à la rescousse en zézayant drôlement
Elle a raison, Paulette. C'est pas son
père 1
II ne se fâcha pas, • ̃ ̃'
Il baissa la tête,
dre. Les éclopés et les malades connaissent
bien aussi le chemin de notre petit village
de toile où le docteur Murat, tel le bon sa-
maritain, leur donne, avec de cordiales pa-
roles, des soins dévoués.
Le docteur, après le départ de l'ambassade,
doit rester à Fez, où le gouvernement l'a
chargé d'installer un dispensaire. Algérien
d'origine et fixé au Maroc depuis quelques
années déjà, il connaît bien la langue et les
mœurs du pays. Il pourra faire à Fez œuvre
généreuse et fort utile à notre influence.
L'Unique pont du Maroc
Notre étape d'aujourd'hui est plus courte.
Nous avons franchi l'oued Mekmes sur un
joli et solide pont de pierre. Après avoir
passé tant de rivières à gué, je m'étonne de
voir là une belle construction. On m'apprend
que ce pont, le seul de tout le Maroc, a été
construit il y a une soixantaine d'années, sur
les plans d'un officier français, déserteur et
renégat, qui se serait appelé de Solty.
Après l'oued Mekmes, notre route passe à
travers une région toujours montagneuse et
assez semblable à celle de la veille. Nous
établissons notre camp à Jeboub, à côté de
la piste qui mène à Fez. Nous ne sommes
plus, maintenant, qu'à quatre heures de la
ville sainte, et sa proximité s'en fait sentir
par un mouvement plus intense de gens et
de caravanes.
L'endroit, parait-il, est mal famé. Les rô-
deurs y sont nombreux et une garde sévère
est établie autour du camp. Les sentinelles
chantent pour ne pas s'endormir, et dans la
nuit quelques coups de feu sont tirés sur des
formes suspectes qui approchent de trop
près.
A notre Rencontre
E4 janvier. Nous n'avons pas quitté no-
tre campement. Nous attendions M. Gaillard,
notre consul à Fez, qui vient d'arriver à che-
val accompagné du commandant Fariau, le
chef de notre mission militaire, en uniforme
de tirailleurs algériens. Ils nous donnent des
nouvelles de Fez et confirment de tous points
les récits que m'a faits M. Veyre sur l'effet
produit au maghzen par le rappel de nos na-
tionaux.
Les gens de Fez, nous disent-ils, dévisa-
gent toujours les Européens qui s'aventu-
rent dans les rues au milieu d'eux et les in-
sultent même parfois. Aussi est-ce avec
.quelque prudence qu'on doit circuler dans
les rues. D'ailleurs, pour éviter tout inci-
dent, le maghzen, depuis l'annonce du dé-
part de l'ambassade, fait surveiller dans
différents quartiers de la ville tous les indi-
vidus qui pourraient exciter le fanatisme
populaire.
Demain, nous irons camper dans le Fa-
rapji, aux portes mêmes de Fez, et jeudi ma-
tin, it neuf heures, nous entrerons dans la
cite sainte de l'Islam.
M. de Saint-Aulaire, qui vient de nous
envoyer un rakkas, nous suit de près.
Ainsi s'est presque terminé sans incident
ce long voyage que certains représentaient,
à notre départ de Tanger, comme extrême-
ment périlleux.
Les populations, loin de se soulever, sont
restées très calmes, et l'agitation que nous
avons pu percevoir dans certaines régions
est seulement le résultat de l'état anarchi-
que de ce pavas. Robert DUPRAY.
Robert DUPRAY.
LE DRAME DE LA RUE VIGNON
Une Idylle qui finit mal. La Lingère et le
Camelot. Je me vengerai 1- A Coups
de Couteau.- Arrestation des Coupables.
Une lingère, Mlle Augustine Vingnot, âgée
de vingt ans, demeurant 1, passage de
l'Elysée-des-Beaux-Arts, faisait la connais-
sance, il y a trois mois environ, d'un came-
lot, Lucien Huet, du même âge qu'elle, do-
micilié 116, rue Ordener, qui lui fit une cour
assidue.
Peut-étre la jeune fille se serait-elle laissé
prendre aux mots d'amour que lui murmu-
rait Lucien Huet, si elle n'avait cru s'aper-
cevoir il. quelques paroles échappées de ses
lèvres que ce dernier ne songeait à faire
d'elle sa maîtresse que pour la lancer dans
le monde de la galanterie.
Aussi, il y a trois jours, comme le came-
lot devenait plus pressant, lui signifia-t-elle
d'avoir à ne plus l'importuner davantage
et de chercher ailleurs une créature qui se
prêterait de meilleure grâce à ses manoeu-
vres infâmes.
Il est inutile de chercher à faire de moi votre
maîtresse, lui dit-elle je sais ce que vous atten-
dez de l'honnête fille que je suf et je ne veux
point me prêter à vos desseins. Donc, brisons là
et ne cherchez plus à me revoir.
Lucien Huet, furieux d'avoir été deviné,
se promit de faire payer cher à Augustine
Vingnot le congé que celle-ci venait de lui
signifier si durement.
Il s'ouvrit de son projet à son frère Gas-
Il sentait le terrain s'effondrer sous ses
pas, un trou béant s'ouvrir devant lui, ses
cent trente mille francs de rentes, les rentes
de Marguerite, glisser entre ses doigts.
Aucun fait précis ne le lui prouvait, et
cependant c'était pour lui un pressentiment
dont il ne pouvait se défaire.
Ses voisins et amis, après cet incident in-
signifiant, avaient cessé de s'occuper de lui,
et accablé par des jours de soucis poignants
et des nuits sans repos, il s'était replongé
dans un profond sommeil, mais réel, lourd
et pénible.
Il en fut tiré par le vacarme final de la
Belle Hélène.
Plris l'enlevait sur son esquif d'où il bra-
vait les rois grecs qui le menaçaient.
On aurait pu croire que la guerre, de
Troie recommençait tant les choeurs fai-
saient de potin, en criant ces vers burles-
ques
Que notre colère
Déchaîne la guerre 1
Effrayons la terre
Et pour te venger
Du prince étranger
Compte sur nos bras,
0 roi Ménélas
La galère qui emportait Hélène et son
faux berger vers des rives lointaines, s'éloi-
gnait à toutes voiles.
Paulette opina gaiement.
Nous n'avons qu'à en faire autant.
Les deux autres l'imes du premier rang
opinèrent de la fa^m la plus distinguée
On peut aller bouffer. Ce:! pas trop
tôt
Le vicomte de Lançay sembla secouer ses
préoccupations.
En r.-ite, dit-il.
Quelques instant plus tard, vers minuit,
ton avec lequel il demeurait, et ce dernier,
au lieu d'apaiser sa colère, entra dans ses
vues et lui conseilla de tirer de la tintera
une vengeance éclatante.
Je t'aiderai au besoin, lui dit.il; si Augus-
tine te repousse, c'est qu'elle en aime un antre.
n faut donc la supprimer 1.
Les deux hommes ne cherchèrent plus
alors qu'à mettre leur criminel projet Ù exé-
cution. Ils surveillèrent les faits et gestes de
la jeune fille, cherchant le moment propice!
où ils pourraient en toute sécurité accomplir
l'œuvre de mort.
Ils n'attendirent point longtemps. Ilier
soir, en effet, comme la lingère revenant de
chez une personne amie, passait rue Vi-
gnop, vers onze heures et demie, elle se
trouva brusquement en face de son amou-
reux éconduit, qu'accompagnaient son frère
et deux amis.
-Une dernière fois, lui dit Lucien Huet, veux-
tu consentir à te mettre en ménage avec moi?
Réfléchis bien avant de me répondre, car un
refus de ta part pourrait te porter malheur.
-Mes intentions sont toujours restées les mê-
mes, répondit avec calme Augustine Vingnot. Tu
les Connais il est donc inutile d'insister. Laisse-
moi continuer ma route en paix.
C'est bien!
Lucien Huet avait laissé tomber ces deux
mots d'un ton mauvais, tandis qu'un pli dur
creusait son front.
Se croyant délivrée, Augustine Vingnot,
rapidement, continua sa route,. ayant hâte
d'être rentrée chez elle, apeurée vaguement
à la pensée que son persécuteur pouvait se
raviser et mettre ses menaces à exécution.
Ses craintes, hélas n'étaient que trop fon-
dées. A peine avait-elle fait dix pas yu'elle
était brusquement saisie par les deux bras,
immobilisée, dans l'impossibilité de faire le
moindre geste, et elle recevait un violent
coup de couteau entre les deux épaules.
Quoique perdant son sang en abondance,
la malheureuse jeune fille put appeler au se-
cours. Ses cris furent entendus par deux
gardiens de la paix qui faisaient une ronde
non loin de là. Ceux-ci 'relevèrent la blessée
et la transportèrent en toute hâte à l'hôpital
Beaujon, où les médecins considèrent son
état comme grave.
M. Daltroff, commissaire de police du
quartier de la Madeleine, prévenu aussitôt,
ouvrit une enquête. Une demi-heure plns
tard, Lucien Huet était arrêté rue de Surène
et, peu après, son frère et ses deux autres
compagnons, Henri Thériot et Edmond Pe-
tit venaient le rejoindre au poste.
Après un bref interrogatoire, M. Daltrofï
a fait diriger sur le dépôt les deux frères
Huet. Quant à Edmond Petit et à Henri Thé-
riot, dont la participation an meurtre n'a pu
être établie, ils ont été laissés en liberté.
A Saint-Pétersbourg. L'Ordre extérieur
rétabli. Quelques Points noirs. Un
curiejux Manifeste.
A Saint-Pétersbourg, la journée d'hier
s'est passée sans le moindre incident et, à
Moscou, les grévistes reprendront le travail
ce matin. Le gros point noir reste donc la
Pologne, où l'agitation persiste. Dans le
même ordre d'idées, on ne sait comment in-
terpréter une dépêche datée de Samara et
annonçant que des délégués venus de Saint-
Pétersbourg incitent les employés de che-
min de fer à la grève. La distance est telle
entre les deux points que le fait parait im-
possible et si réellement une certaine effer-
vescence se manifeste dans cette importante
station du Transsibérien, elle ne peut avoir
aucune corrélation avec les événements de
la capitale.
On lira ci-dessous un curieux document
c'est un appel adressé aux fidèles par le
Saint-Synode, l'assemblée des hauts digni-
taires de l'église orthodoxe que préside
M. Pobedonotzeff. Ce manifeste réédite en
y insistant les accusations connu-es, suivant
lesquelles l'or anglais et japonais aurait
fomenté les récents troubles c'est l'ennernt
extérieur rlui s'emploie inlassablement îi
ébranler œs deux mallresses-coloanes de
l'édifice russe que sont 1 orthodoxie et l'au-
tocratie. Comme il est snrtout fait pour la
consommation intérieure, c'est-à-dire desti,
né à abuser la foule crédule des paysans,,
il ne convient pas de le corrmenter autre..
ment, car quelle personne sensée du de-
hors fera-t-on accroire que tous ces zemst-
vos ou assemblées provinciales, compostées
de la partie la plus éclairée et la plus saine
de la population, toute cette légion de mé.
contents des grandes villes qui aspirent sim*
plement à un régime plus tolérable, plus ap:
la troupe était attablée dans un célèbre res-
taurant de nuit, au premier étage, très &
li.ise sur les larges coussins d'un salon coz
pié sur ceux du grand Trianon.
Beaucoup de monde.
Des toilettes vaporeuses, des diamants fi
foison, des pierres de toutes les couleurs
pas toujours au cou ou au bras des plus
belles.
La vie r.ft une loterie.
Ce ne sont pas celles qui le méritent qui
gagnent le gros lot.
Les trois compagnes du mari de Margue-
rite et de ses i ais n'avaient pas trop à se
plaindre de leur part.
Elles occupaient dans ce monde spécial
une situation confortable qui en faisait un
Louis XIV.
Mais malgré taut, malgré les tziganes et
leurs valses, malgré la gaieté de Paulette,
très lancée, fière de ses succès, souriant%
l'avenir doré qu'elle entrevoyait dans ses
rêves, un nuage pesait sur la réunion.
Le service avait beau être parfait, les
écrivisses à la bordelaise réussies, le Cham-
pagne frappé exquis, la conversation lajt-
Ia grosse brune déclara
Je ne sais pas ce qu'il y a, mes en-
fants, mais vous êtes gais c:mme un enter-
rcment de pauvre.
Paulette menaça du doigt le beau Ro.
land.
Voilà le coupable, dit-elle. Quel étei.
gnoir
Elle le vit tressaillir et froncer le sourcil.
Alors, avec -nature bonne fille, elle
lui demanda, en mû Ivaudant, comme au,
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LE LOUVETEAU
GRAND ROMAN INÉDIT
Par Paul BERTNAY
Le Travail à Domicile
Le problème du travail à domicile
n'est point nouveau, et j'en ai déjà entre-
tenu nos lecteurs, mais de louables
effortâ se multiplient aujourd'hui un
peu partout, sinon pour supprimer les
abus inévitablement attachés à ce mode
de production, du moins pour les faire
connaîtra. C'est déjà élaborer le progrès
que de poursuivre certaines études, de
frapper les esprits et de mettre en relief
les misères les plus cruelles.
Or, la question, quelque intérêt qu'elle
offre, demeure obscure et complexe. Si
certains gouvernements étrangers ont
chargé des commissions officielles d'exa-
miner le sort des « travailleurs en appar-
tement », comme l'on dit en se servant
d'un terme bien pompeux, si l'Angle-
terre et les Etats américains en particu-
lier ont amassé des documents abon-
dants et douloureux, nous sommes tou-
jours fort en retard. Depuis des années,
on réclame en France une enquête. Com-
ment instituer des remèdes ou des pal-
liatifs, renforcer ou réformer la législa-
tien, si l'on ignore l'étendue du mal?
Cette enquête, elle n'a jamais été tentée
dans notre pays que par des particuliers.
Il ne faut point déprécier les observa-
tions sociales dues à l'initiative privée,
car, jadis, celles de Villermé, sous la
monarchie de Juillet, déterminèrent très
réellement un courant d'idées nouveau.
Mais les individualités sont d'ordinaire
mal années, pour s'attaquer à pareille
lâche.
C'est pourquoi j'approuve entièrement
l'initiative que viennent de prendre
àeux groupements de la Bourse du tra-
vail de Paris le syndicat des fleuristes-
plumassières et la chambre syndicale
de» ouvrières en cravates. Ces associa-
tions professionnelles sont admirable-
ment placées pour dénoncer tous les
méfaits du travail à domicile mé-
faits qui, à vrai dire, ne sont imputa-
bles à personne en particulier, mais à
une organisation générale défectueuse.
Elles ont compris leur rôle avec une lar-
geur d'esprit qu'on ne saurait trop recon-
naître, car la mission des organisations
syndicales, et c'est ainsi que l'ont tou-
jours entendue lesTrade Unions d'outre-
Manche, consiste à devancer et à stimu-
ler les investigations officielles, et à pré-
,parer les matériaux de la future loi.
,Vous verrez que lorsque paraîtront les
premiers résultats de l'enquête pari-
sienne, l'on s'empressera de nommer
une commission de spécialistes pour les
vérifier et les corroborer. Et ce sera tout
profit pour ceux qui s'intéressent à un
problème de plus en plus vital pour la
classe ouvrière.
Je dis de plus en plus, car le travail à
domicile n'est pas seulement, comme on
serait tenté de le croire, un legs du
passé, une survivance d'un âge défunt.
'Au contraire, il s'étend d'année en
année il pénètre dans des milieux qu'il
n'avait pas touchés le labeur disséminé
se substitue, en France et partout, au
labeur concentré de la grande usine ce
qui ne signifie point qu'il y ait, comme
jadis, des rapports directs entre pro-
ducteurs et consommateurs. L'ouvrier
en chambre est, tout aussi bien que celui
de la manufacture, un salarié cepen-
dant il vit dans des conditions toutes dif-
férentes et, très souvent, entre le chef
d'industrie et lui, s'interpose l'entrepre-
neur ou le marchandeur.
On a calculé qu'en France, à l'heure
actuelle, un sixième de l'effectif total des
travailleurs plus de 800,000 fabri-
N° 58. Feuilleton du Petit Parisien.
LE VIOLONEUX
GRAND RQMAN INEDIT)
PHEMIÏRE PARTIE
'La Cabane du Val-aux-Bichefl
XXXIII (suite)
Soir d'orgie
Par quel miracle avait-elle échappé à la
jnart?
Il était sûr de l'arme dont il s'était servi.
Pourquoi n'avait-elle pas produit son ef-
fet ?
Comment la vicomtesse lorsque son état
semblait désespéré, s'était-elle remise peu
à peu, assez du moins pour supporter les
fatigues d'un long voyage et vemr en aide
à sa cousine dans sa fuite vers la côte d'A-
zur.
Il avait f4llu qu'une main amie l'arrêtât
au moment où elle portait à SGS lèvres la
dose fatale qui devait achever l'œuvre de
destruction.
Autant de problèmes insolubles pour lui
!et qui le jetaient dans un trouble inexprima-
ble.
Marguerite était bien incapable de se dé-
'iendre elle-même.
Elle avait donc trouvé un défenseur que
rien ne trahissait, aucune démarche, aucun
acte, aucune parole.
Ce défenseur ne pouvait être qu'un en-
nemi pour lui d'autant plus dangereux qu'il
.et le connaissait pas. J
que à domicile, c'est-à-dire dans les éta-
ges supérieurs des faubourgs, ou dans
les masures des campagnes. Les fem-
mes constituent à coup sûr la majeure
portion de ce personnel, mais les hom-
mes y chiffrent aussi pour un contingent
considérable. A côté des confectionneu-
ses, des lingères, des fleuristes, des plu-
massières, il y a les bonnetiers de
Troyes, les couteliers de Thiers, les tis-
seurs en soie du Lyonnais, les fileurs du
Choletais, les vanniers de la Thiéra-
che. D'autres industries seront peut-être
encore atteintes par ce morcellement,
qui n'est pas un progrès, quoi qu'on
dise, et qui est stimulé par l'utilisation
toujours croissante de l'électricité.
Si l'on cherche les causes de ce chan-
gement dans l'organisation du travail,
elles sont bien simples. Le labeur à do-
micile échappe jusqu'ici à notre législa-
tion ouvrière. Les industriels qui y
recourent se soustraient aux prescrip-
tions de 1892 et de 1900 sur la durée de
la journée, de 1893 sur l'hygiène et la
sécurité, de 1898 sur la réparation des
accidents. En même temps, ils dimi-
nuent leurs frais généraux et compri-
ment les salaires. Comment veut-on
qu'ils ne cèdent point à ces avantages et
à quelques autres? C'est la dure loi de
la lutte commerciale? Mais l'extension
de l'atelier de famille menace la
classe des travailleurs dans sa vigueur
et sa santé physique, dans sa subsis-
tance mëme; non seulement le petit
façonnier souffre comme nous allons
l'établir de sa condition, mais encore
par la concurrence qu'il exerce, il porte
un préjudice grave au personnel des
usines, qui voit baisser le prix de la
main-d'œuvre. Le sweating system, se-
lon l'expression anglaise, le système qui
« fait suer » pèse sur l'ensemble des cor-
porations, et c'est pourquoi la question
a pris une vivante actualité.
A coup sûr le travail à domicile appa-
raît très moral et très humain il ne
sépare plus la femme de l'homme et des
enfants il lui permet de rester au foyer
et d'éviter les promiscuités il lui épar-
gne aussi, en théorie, les longues cour-
ses matin et soir. Mais tout cela
n'est que façade, et dès qu'on examine
les faits d'un peu plus près, les tares de
ce mode de production deviennent fla-
grantes.
Dans tous les pays civilisés, les lois
donnent, sinon aux adultes hommes, du
moins aux adolescents et aux adultes de
l'autre sexe, un minimum de garanties
et de protection. Les ouvrières ne sont
plus retenues qu'une dizaine d'heures
par jour elles ont droit à des repos ré-
guliers, à un chômage hebdomadaire
de multiples précautions sont prises et
édictées pour que les salles soient con-
venablement aérées et ventilées, qu'elles
excluent les risques d'incendie, qu'elles
soient purgées des miasmes délétè-
res. Or l'atelier de famille ne connaît
ni limitation de durée, ni réglementa-
tion de salubrité.
Ce n'est pas le patron qui cherche
et qui loue la chambrette du sixième
ou du septième étage, où la giletière et
la lingère s'exténuent et usent leurs
yeux. Le logement est choisi par l'ou-
vrière qui y habite, qui y installe sa
machine à côté de son lit, et qui en ac-
quitte le loyer, toujours écrasant pour
ses faibles ressources. Souvent la fenê-
tre manque l'atmosphère est suffo-
cante l'espace fait défaut. Des milliers
et des milliers de femmes s'étiolent,
s'anémient ainsi dans les pièces trop
étroites, d'où elles ne sortent que pour
rapporter les pièces confectionnées. Le
travail en « appartement » est vraiment
le grand pourvoyeur de la tuberculose.
Ce n'est point tout les heures ne
comptent plus, les aiguilles du cadran,
s'il en est un, tournent sans que l'ou-
vrière s'en aperçoive. La journée se pro-
longe dans la nuit et il faut bien
peiner sans relâche parce que la rétri-
bution se calcule aux pièces, que les
malfaçons ne sont pas à la charge du
patron et que dix heures ou onze heures
n'assureraient point la subsistance.
L'enquête de la Chambre des lords,
qui est toute récente, signalait à Lon-
A tout instant il redoutait un châtiment,
une explosion soudaine, une dénonciation
Et puis il y avait encore ceci
Si Marguerite pouvait ignorer l'attentat di-
rigé contre sa vie, elle ignorait aussi le nom
du complice de la faute d'Angèle.
Autrement, ses lettres toujours amicales
auraient contenu des reproches sanglants
sur cette indigne trahison..
Mais ce n'était là qu'un calme trompeur.
Que dans une minute d'expansion et de
reconnaissance, mademoiselle de Rohaire se
jetât aux genoux de sa cousine et lui ré-
vélât le nom du père de son enfant, c'en
était fait de lui.
Marguerite, outragée dans sa propre mai-
son, en concevrait une juste indignation et
demanderait la rupture de l'odieux ma-age
qu'elle aurait tant de raisons de briser.
Pourquoi Angèle reculerait-elle devant cet
aveu ?
Les circonstances mêmes de sa faute, le
piège odieux dans lequel elle avait été prise,
n'en étaient-ils pas l'excuse ?
Dès lors, il était perdu.
Le divorce prononcé, et que d'autres tra-
hisons la malheureuse pouvait découvrir,
c'était l'annulation des avantages de son con-
trat et la misère pour lui
D'un mot, Angèle pouvait satisfaire sa
haine contre lui et l'écraser.
Et ce mot peut-être elle le prononçait au
moment même où il essayait de s'étourdir
aux sons de cette musique qui lui rappelait
tout un passé de divertissements, sous l'é-
clat de ces lustres qui l'attiraient invincible-
ment, au milieu de ces amis tarés comme lui
et de ces femmes, véritables filles de 'oie,
délicatement parfumées, couvertes de bril-
lants, d'une beauté insolente et brutale, dont
il ne pouvait plus se passer.
Un remords lui venait, non pas des tor-
dres des ateliers familiaux où certaines
femmes travaillaient seize heures sans
s'arrêter, mangeant même sur place,
afin de ne point perdre de temps dans
la lingerie, la moyenne oscillait entre
15 et 16 heures; dans la chaussure, les
17 et les 18 heures n'étaient point rares.
Comment une créature humaine résis-
terait-elle à un pareil surmenage qui se
déploie dans toutes les grandes villes ?
Reste le chapitre des salaires. Il n'est
pas moins navrant. Outre-Manche, les
confectionneuses en chambre reçoivent
de 7 à 12 francs par semaine, et les
lingères sont souvent réduites à 0 fr. 70
par jour. Aux Etats-Unis, dans le même
milieu, les constatations furent identi-
ques les salaires de moins d'un franc
ne sont pas inconnus, alors que tout est
beaucoup plus cher là-bas que chez
nous. En France, enfin, nul n'ignore
que le gain annuel de dizaines de mil-
liers de femmes n'excède pas 300 francs.
Au moins, dans la grande industrie,
l'on ne descend pas jusqu'à cet abîme de
désolation.
Voilà le mal, et l'on est unanime,
dans tous les partis, à le signaler. Les
livres de M. Charles Benoist s'accordent
avec les débats de l'association pour la
protection légale des travailleurs et avec
les doléances des unions professionnel-
les. C'est un péril national qu'engendre
le sweating system non réprimé. Mais
comment y remédier? Sans discuter
pour le moment la méthode néo-zélan-
daise qui a institué de par la loi de
1896 le minimum de salaire, nous
pouvons prendre d'utiles enseignements
aux Etats-Unis et en Angleterre. Là des
mesures ont été édictées contre les lo-
caux insalubres, et les entrepreneurs
sont tenus de fournir à l'inspection la
liste des personnes auxquelles ils con-
fient de l'ouvrage.
Mais l'essentiel, à l'heure présente, la
condition préalable, pour s'exprimer
ainsi, c'est l'enquête, et nous voulons
croire que l'initiative des syndicats pa-
risiens ne demeurera pas stérile.
JEAN FKOLLO
'L'OEUVRE IMMEDIATE
Le Sénat a recommencé à s'occuper de
la loi militaire et, quoiqu'il ait repris
une discussion .générale, dont l'utilité
n'apparaît pas à l'heure actuelle, on
peut espérer qu'il aura voté le texte nou-
veau assez prochainement, pendant que
la Chambre terminera le budget.
De leur côté les députés se remettent,
mardi, à la loi de Finances, avec le désir
d'en finir le plus tôt possible, peut-être
avant l'expiration des deux douzièmes
provisoires accordés pour les mois de
février et de mars.
Les deux assemblées semblent donc
vouloir se livrer entièrement au travail
pratique et, dans ces conditions, en sup-
primant les pertes de temps et les débats
oiseux, elles arriveront peut-être à faire
aboutir, avant les vacances de Pâques,
l'importante réforme qui allégera le
poids du service militaire, sans diminuer
la puissance nationale.
Revenant du Luxembourg, la loi mili-
taire arrivera, sans doute, au Palais-
Bourbon dès que le budget sera voté.
Les députés auront le temps de lui
apporter la consécration de leurs votes.
Il faut souhaiter, en effet, que la
Chambre accepte cette fois ce que le
Sénat aura décidé et qu'elle n'engage
pas une lutte d'amour-propre entre les
deux fractions du Parlement.
La commission sénatoriale et son émi-
nent président ont étudié les questions
avec un soin extrême et l'esprit le plus
conciliant, en subordonnant toutefois
leurs décisions à ce qu'ils regardent
comme indispensable pour ne pas affai-
blir nos forces.
Dans ces conditions, la Chambre pen-
sera, probablement, que la meilleure
chose à faire sera de doter le pays immé-
diatement de la loi de deux ans, qui est
attendue avec tant d'impatience par de
nombreuses familles et qui, promulguée
en avril, pourrait être appliquée dès
1906, le gouvernement ayant ainsi
devant lui assez de mois pour en prépa-
rer l'exécution.
tures qu'il avait infligées à cette douce fem-
me qu'il aurait dû adorer, non pas de l'infa-
mie de sa conduite envers mademoiselle de
Rohaire, qu'il aurait dû tenir pour sacrée à
sas yeux, mais de la maladresse de ses con-
ceptions, des vices de son plan, de son hési-
tation à l'exécuter.
Et il se disait avec rage
Si c'était à refaire
Cette vie qu'il avait épargnée par crainte
de se compromettre, de donner l'éveil en al-
lant trop vite, il fallait la trancher alors
qu'il avait toutes les chances pour lui 1
Tout serait fini.
Il serait en possession des millions convoi-
tés et ses compagnons du boulevard l'admi-
reraient en disant, jaloux de sa fortune ré-
tablie
En a-t-il une veine, celui-là
Il oubliait le remords qui l'aurait obsédé,
la vision du spectre de sa victime qui se
serait assis à son chevet, sans relâche jus-
qu'à son dernier jour.
Ou encore, mais il se reprochait cette
pensée comme une faiblesse, il fallait,
ayant eu la chance, la vraie celle-là, de ga-
gner le. coeur de cette angélique Marguerite
Beaulieu se contenter de cette conquête et se
réhabiliter il ses propres yeux en acceptant
la vie large et indépendante qui s'offrait a
lui et qui eût pu être si belle, ccmme le
disait sa jeune épouse, dans cette inoublia.
ble nuit où il était entré en maître dans sa
chambre de Belfonds, dans cette maison où
il était environné d'une atmosphère d'hon-
neur et de probité antiques!
Il parut s'éveiller brusquement.
II porta la main à son front, comme pour
en arracher ces souvenirs, furieux contre
lui-même de son impuissance à prendre un
parti, ne sachant que faire, perdu dans le
SUR LA ROUTE DE FEZ
La Mission française. La dernière Etape.
Aux Portes de la ViUe sainte. Les
Incidents de la Route. La Légion des
Suppliants.
(DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL)
Tanger, 29 janvier.
Beni-Amar, 22 janvier. Nous avons levé
notre camp des Cherrada dès le matin,
après toute une journée passée à nous re-
poser d'une semaine de route sous la pluie.
L'étape doit être longue aujourd'hui et
nous devons commencer à gravir les mon-
tagnes qui depuis deux jours barrent l'ho-
rizon de leur ligne bleue. Un coup de vent a
balayé vers l'est tous les nuages et le soleil
africain fait luire aux pentes des collines
l'eau qui descend en torrents et en cascades
dans les vallées, dans la terre argileuse
rendue glissante et gluante par les derniè-
res pluies. Nos bêtes marchent pénible-
ment et manquent de s'abattre à chaque
pas.
Le paysage s'est maintenant complète-
ment modifié. Au lieu des plaines immen-
ses et désertes que nous venons de traver-
ser, nous gravissons tout un chapelet de
mamelons qui s'étendent à l'infini. Ce pays
ressemble d'une étonnante façon à notre
Kabylie algérienne aux approches de Tizi-
Ouzou, et pour accentuer encore si possible
cette analogie des villages, aux murs de pisé
s'étagent au plan des montagnes de ci de la
apparaissent des terrains à moitié cultivés
et on a l'impression que les tribus de cette
région doivent être plus laborieuses que
celles rencontrées jusqu'alors.
En Pays de Montagnes
Après une ascension de plusieurs heures,
le massif du Zerhoun surgit brusquement
devant nous, comme un gigantesque para-
pet de granit rose. C'est dans ces montagnes
que serait, dit-on la tribu native du rogui,
c'est là aussi que vivent les indigènes qui en
prennent à leur aise avec l'autorité du sul-
tan.
Nous faisons une courte halte dans la dé-
licieuse petite vallée de Segota. De toutes
parts, des ruisseaux bruissent, des oran-
gers et des mandariniers couverts de leurs
fruits dorés se dressent au-dessus d'un ta-
pis de verdure et une vieille maison mau-
resque avec ses grands murs blancs crou-
lants augmente encore le pittoresque du lieu.
Après une route pénible, l'endroit repose et
charme.
Il nous faut cependant remonter en selle
pour atteindre avant la nuit Beni-Amar, où
nous devons camper. Nous sommes mainte-
nant sur la route du maghzen, qui mène à
Fez, car je dois vous signaler que nous avons
modifié, suivant les circonstances, plusieurs
fois notre itinéraire. Nous croisons mainte-
nant des rakkas (courriers), des voyageurs
et des caravanes qui viennent de Fez. Nous
demandons à ces gens des renseignements
sur le pays qu'ils viennent de traverser.
« Tout est en paix et tranquille sur le che-
min », nous répondent-ils, et sans vouloir
ajouter une parole de plus, ils s'éloignent,
sombres et dédaigneux du roumi qui passe.
Nous avons atteint Beni-Amar assez tard.
Notre camp est dominé par des collines cou-
vertes d'oliviers, et dans la nuit qui tombe
apparaissent des lueurs clignotantes qui
nous font deviner tout là-haut, des villages
perchés sur leurs rochers. Aujourd'hui,
comme précédemment, aucun cald n'est ve-
nu au devant de nous et aucune fantasia n'a
égayé notre marche..
Scène pathétique
Campement du Jeboub, 23 fanvier. Ce
matin, avant le départ, une femme suivie
de deux enfants s'est précipitée dans notre
camp, au devant de Mme Saint-René Tail-
landier et, à genoux, dans une pose sup-
pliante, elle a serré ses bras autour d'elle
et avec des sanglots elle a raconté sa la-
mentable histoire.
Sur l'ordre du cald, sous un vague pré-
texte, son fils a été tué à coups de fusil et
son mari emprisonné à Fez elle sort de
son sein la chemise de la victime, ensan-
glantée et trouée par les balles et demande
il. Mme Saint-René de ne pas l'abandonner,
elle et ses jeunes enfants. Emue, ainsi que
nous d'ailleurs, par cette grande détresse,
Mme Saint-René console la pauvre femme,
lui remet quelque argent et donne des ordres
afin que la malheureuse nous suive il. Fez.
Le nombre et l'insistance des gens à venir
demander ainsi le long de notre longue
route la protection du ministre de France
est signaler tous se plaignent de l'arbi-
traire et de la tyrannie de leur caïd.
M. Saint-René Tailiandiar les écoute avec
la plus grande bienveillance, s'informe très
exactement et promet de s'occuper d'eux. Des
ordres ont d'ailleurs été donnés afin que no-
tre camp soit largement ouvert à tous et que
toutes les plaintes puissent s'y faire enten-
dédale des chemins de traverse où il s'était
engagé et dont il ne pouvait sortir, exaspéré
surtout contre celte Angèle vaincue un mo-
ment subitement relevée, et ne sachant
s'il la détestait plus pour sa résistance qu'il
ne l'admirait à cause de sa souveraine
beauté
Près de lui ses deux compagnons flirtaient
avec leurs connaissances.
Quant à Paulette, elle semblait l'avoir ou-
blié.
De sa. jolie lorgnette entourée d'un cercle
de brillants, elle examinait l'avant-scène
d'en face et dans cette loge un gentleman
qui entretenait avec elle une conversation
muette des plus expressives.
Le vicomte lui dit presque durement
Tiens-toi donc ?
Elle se retourna et se mit à rire en répli-
quant avec dédain
Tu parles ?.
Sois convenable.
Eh bien Quoi! fit-elle, en gouaillant,
est-ce que nous sommes mariés ?.
Il essaya de plaisanter.
Le type d'en face peut le croire.
Aprés ? Tu ne serais pas le premier
mari. trompé.
Paulette
Elle haussa les épaules, ses belles épaules
nacrées, à veines bleuâtres presque invisi-
bles, et lui montrant ses blanches dents
Allons donc Ne fais pas ton jaloux 1
D'abord trop tard, mon bon Et puis il est
très bien, ce jeune milord, et très calé, ça se
voit.
La petite blonde, aux cheveux dorés, vint
à la rescousse en zézayant drôlement
Elle a raison, Paulette. C'est pas son
père 1
II ne se fâcha pas, • ̃ ̃'
Il baissa la tête,
dre. Les éclopés et les malades connaissent
bien aussi le chemin de notre petit village
de toile où le docteur Murat, tel le bon sa-
maritain, leur donne, avec de cordiales pa-
roles, des soins dévoués.
Le docteur, après le départ de l'ambassade,
doit rester à Fez, où le gouvernement l'a
chargé d'installer un dispensaire. Algérien
d'origine et fixé au Maroc depuis quelques
années déjà, il connaît bien la langue et les
mœurs du pays. Il pourra faire à Fez œuvre
généreuse et fort utile à notre influence.
L'Unique pont du Maroc
Notre étape d'aujourd'hui est plus courte.
Nous avons franchi l'oued Mekmes sur un
joli et solide pont de pierre. Après avoir
passé tant de rivières à gué, je m'étonne de
voir là une belle construction. On m'apprend
que ce pont, le seul de tout le Maroc, a été
construit il y a une soixantaine d'années, sur
les plans d'un officier français, déserteur et
renégat, qui se serait appelé de Solty.
Après l'oued Mekmes, notre route passe à
travers une région toujours montagneuse et
assez semblable à celle de la veille. Nous
établissons notre camp à Jeboub, à côté de
la piste qui mène à Fez. Nous ne sommes
plus, maintenant, qu'à quatre heures de la
ville sainte, et sa proximité s'en fait sentir
par un mouvement plus intense de gens et
de caravanes.
L'endroit, parait-il, est mal famé. Les rô-
deurs y sont nombreux et une garde sévère
est établie autour du camp. Les sentinelles
chantent pour ne pas s'endormir, et dans la
nuit quelques coups de feu sont tirés sur des
formes suspectes qui approchent de trop
près.
A notre Rencontre
E4 janvier. Nous n'avons pas quitté no-
tre campement. Nous attendions M. Gaillard,
notre consul à Fez, qui vient d'arriver à che-
val accompagné du commandant Fariau, le
chef de notre mission militaire, en uniforme
de tirailleurs algériens. Ils nous donnent des
nouvelles de Fez et confirment de tous points
les récits que m'a faits M. Veyre sur l'effet
produit au maghzen par le rappel de nos na-
tionaux.
Les gens de Fez, nous disent-ils, dévisa-
gent toujours les Européens qui s'aventu-
rent dans les rues au milieu d'eux et les in-
sultent même parfois. Aussi est-ce avec
.quelque prudence qu'on doit circuler dans
les rues. D'ailleurs, pour éviter tout inci-
dent, le maghzen, depuis l'annonce du dé-
part de l'ambassade, fait surveiller dans
différents quartiers de la ville tous les indi-
vidus qui pourraient exciter le fanatisme
populaire.
Demain, nous irons camper dans le Fa-
rapji, aux portes mêmes de Fez, et jeudi ma-
tin, it neuf heures, nous entrerons dans la
cite sainte de l'Islam.
M. de Saint-Aulaire, qui vient de nous
envoyer un rakkas, nous suit de près.
Ainsi s'est presque terminé sans incident
ce long voyage que certains représentaient,
à notre départ de Tanger, comme extrême-
ment périlleux.
Les populations, loin de se soulever, sont
restées très calmes, et l'agitation que nous
avons pu percevoir dans certaines régions
est seulement le résultat de l'état anarchi-
que de ce pavas. Robert DUPRAY.
Robert DUPRAY.
LE DRAME DE LA RUE VIGNON
Une Idylle qui finit mal. La Lingère et le
Camelot. Je me vengerai 1- A Coups
de Couteau.- Arrestation des Coupables.
Une lingère, Mlle Augustine Vingnot, âgée
de vingt ans, demeurant 1, passage de
l'Elysée-des-Beaux-Arts, faisait la connais-
sance, il y a trois mois environ, d'un came-
lot, Lucien Huet, du même âge qu'elle, do-
micilié 116, rue Ordener, qui lui fit une cour
assidue.
Peut-étre la jeune fille se serait-elle laissé
prendre aux mots d'amour que lui murmu-
rait Lucien Huet, si elle n'avait cru s'aper-
cevoir il. quelques paroles échappées de ses
lèvres que ce dernier ne songeait à faire
d'elle sa maîtresse que pour la lancer dans
le monde de la galanterie.
Aussi, il y a trois jours, comme le came-
lot devenait plus pressant, lui signifia-t-elle
d'avoir à ne plus l'importuner davantage
et de chercher ailleurs une créature qui se
prêterait de meilleure grâce à ses manoeu-
vres infâmes.
Il est inutile de chercher à faire de moi votre
maîtresse, lui dit-elle je sais ce que vous atten-
dez de l'honnête fille que je suf et je ne veux
point me prêter à vos desseins. Donc, brisons là
et ne cherchez plus à me revoir.
Lucien Huet, furieux d'avoir été deviné,
se promit de faire payer cher à Augustine
Vingnot le congé que celle-ci venait de lui
signifier si durement.
Il s'ouvrit de son projet à son frère Gas-
Il sentait le terrain s'effondrer sous ses
pas, un trou béant s'ouvrir devant lui, ses
cent trente mille francs de rentes, les rentes
de Marguerite, glisser entre ses doigts.
Aucun fait précis ne le lui prouvait, et
cependant c'était pour lui un pressentiment
dont il ne pouvait se défaire.
Ses voisins et amis, après cet incident in-
signifiant, avaient cessé de s'occuper de lui,
et accablé par des jours de soucis poignants
et des nuits sans repos, il s'était replongé
dans un profond sommeil, mais réel, lourd
et pénible.
Il en fut tiré par le vacarme final de la
Belle Hélène.
Plris l'enlevait sur son esquif d'où il bra-
vait les rois grecs qui le menaçaient.
On aurait pu croire que la guerre, de
Troie recommençait tant les choeurs fai-
saient de potin, en criant ces vers burles-
ques
Que notre colère
Déchaîne la guerre 1
Effrayons la terre
Et pour te venger
Du prince étranger
Compte sur nos bras,
0 roi Ménélas
La galère qui emportait Hélène et son
faux berger vers des rives lointaines, s'éloi-
gnait à toutes voiles.
Paulette opina gaiement.
Nous n'avons qu'à en faire autant.
Les deux autres l'imes du premier rang
opinèrent de la fa^m la plus distinguée
On peut aller bouffer. Ce:! pas trop
tôt
Le vicomte de Lançay sembla secouer ses
préoccupations.
En r.-ite, dit-il.
Quelques instant plus tard, vers minuit,
ton avec lequel il demeurait, et ce dernier,
au lieu d'apaiser sa colère, entra dans ses
vues et lui conseilla de tirer de la tintera
une vengeance éclatante.
Je t'aiderai au besoin, lui dit.il; si Augus-
tine te repousse, c'est qu'elle en aime un antre.
n faut donc la supprimer 1.
Les deux hommes ne cherchèrent plus
alors qu'à mettre leur criminel projet Ù exé-
cution. Ils surveillèrent les faits et gestes de
la jeune fille, cherchant le moment propice!
où ils pourraient en toute sécurité accomplir
l'œuvre de mort.
Ils n'attendirent point longtemps. Ilier
soir, en effet, comme la lingère revenant de
chez une personne amie, passait rue Vi-
gnop, vers onze heures et demie, elle se
trouva brusquement en face de son amou-
reux éconduit, qu'accompagnaient son frère
et deux amis.
-Une dernière fois, lui dit Lucien Huet, veux-
tu consentir à te mettre en ménage avec moi?
Réfléchis bien avant de me répondre, car un
refus de ta part pourrait te porter malheur.
-Mes intentions sont toujours restées les mê-
mes, répondit avec calme Augustine Vingnot. Tu
les Connais il est donc inutile d'insister. Laisse-
moi continuer ma route en paix.
C'est bien!
Lucien Huet avait laissé tomber ces deux
mots d'un ton mauvais, tandis qu'un pli dur
creusait son front.
Se croyant délivrée, Augustine Vingnot,
rapidement, continua sa route,. ayant hâte
d'être rentrée chez elle, apeurée vaguement
à la pensée que son persécuteur pouvait se
raviser et mettre ses menaces à exécution.
Ses craintes, hélas n'étaient que trop fon-
dées. A peine avait-elle fait dix pas yu'elle
était brusquement saisie par les deux bras,
immobilisée, dans l'impossibilité de faire le
moindre geste, et elle recevait un violent
coup de couteau entre les deux épaules.
Quoique perdant son sang en abondance,
la malheureuse jeune fille put appeler au se-
cours. Ses cris furent entendus par deux
gardiens de la paix qui faisaient une ronde
non loin de là. Ceux-ci 'relevèrent la blessée
et la transportèrent en toute hâte à l'hôpital
Beaujon, où les médecins considèrent son
état comme grave.
M. Daltroff, commissaire de police du
quartier de la Madeleine, prévenu aussitôt,
ouvrit une enquête. Une demi-heure plns
tard, Lucien Huet était arrêté rue de Surène
et, peu après, son frère et ses deux autres
compagnons, Henri Thériot et Edmond Pe-
tit venaient le rejoindre au poste.
Après un bref interrogatoire, M. Daltrofï
a fait diriger sur le dépôt les deux frères
Huet. Quant à Edmond Petit et à Henri Thé-
riot, dont la participation an meurtre n'a pu
être établie, ils ont été laissés en liberté.
A Saint-Pétersbourg. L'Ordre extérieur
rétabli. Quelques Points noirs. Un
curiejux Manifeste.
A Saint-Pétersbourg, la journée d'hier
s'est passée sans le moindre incident et, à
Moscou, les grévistes reprendront le travail
ce matin. Le gros point noir reste donc la
Pologne, où l'agitation persiste. Dans le
même ordre d'idées, on ne sait comment in-
terpréter une dépêche datée de Samara et
annonçant que des délégués venus de Saint-
Pétersbourg incitent les employés de che-
min de fer à la grève. La distance est telle
entre les deux points que le fait parait im-
possible et si réellement une certaine effer-
vescence se manifeste dans cette importante
station du Transsibérien, elle ne peut avoir
aucune corrélation avec les événements de
la capitale.
On lira ci-dessous un curieux document
c'est un appel adressé aux fidèles par le
Saint-Synode, l'assemblée des hauts digni-
taires de l'église orthodoxe que préside
M. Pobedonotzeff. Ce manifeste réédite en
y insistant les accusations connu-es, suivant
lesquelles l'or anglais et japonais aurait
fomenté les récents troubles c'est l'ennernt
extérieur rlui s'emploie inlassablement îi
ébranler œs deux mallresses-coloanes de
l'édifice russe que sont 1 orthodoxie et l'au-
tocratie. Comme il est snrtout fait pour la
consommation intérieure, c'est-à-dire desti,
né à abuser la foule crédule des paysans,,
il ne convient pas de le corrmenter autre..
ment, car quelle personne sensée du de-
hors fera-t-on accroire que tous ces zemst-
vos ou assemblées provinciales, compostées
de la partie la plus éclairée et la plus saine
de la population, toute cette légion de mé.
contents des grandes villes qui aspirent sim*
plement à un régime plus tolérable, plus ap:
la troupe était attablée dans un célèbre res-
taurant de nuit, au premier étage, très &
li.ise sur les larges coussins d'un salon coz
pié sur ceux du grand Trianon.
Beaucoup de monde.
Des toilettes vaporeuses, des diamants fi
foison, des pierres de toutes les couleurs
pas toujours au cou ou au bras des plus
belles.
La vie r.ft une loterie.
Ce ne sont pas celles qui le méritent qui
gagnent le gros lot.
Les trois compagnes du mari de Margue-
rite et de ses i ais n'avaient pas trop à se
plaindre de leur part.
Elles occupaient dans ce monde spécial
une situation confortable qui en faisait un
Louis XIV.
Mais malgré taut, malgré les tziganes et
leurs valses, malgré la gaieté de Paulette,
très lancée, fière de ses succès, souriant%
l'avenir doré qu'elle entrevoyait dans ses
rêves, un nuage pesait sur la réunion.
Le service avait beau être parfait, les
écrivisses à la bordelaise réussies, le Cham-
pagne frappé exquis, la conversation lajt-
Ia grosse brune déclara
Je ne sais pas ce qu'il y a, mes en-
fants, mais vous êtes gais c:mme un enter-
rcment de pauvre.
Paulette menaça du doigt le beau Ro.
land.
Voilà le coupable, dit-elle. Quel étei.
gnoir
Elle le vit tressaillir et froncer le sourcil.
Alors, avec -nature bonne fille, elle
lui demanda, en mû Ivaudant, comme au,
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