Typ. Charles de Mourgucs frères,
Nos abonnés à la musique de CHANT recevront avec le
numéro de ce jour:
BRUNETTE,
Paroles imitées d'une chanson de 1650, par M. GALOPPE
D'ONQUAIRE, musique de J.-B. WÉKERLIN.
Nous publierons dimanche prochain, pour nos abonnés à
la musique de PIANO : le premier recueil de la .
MAZURKA,
Musique de J. MIKEL , avec théorie adoptée par la Société
académique des professeurs de danse.de Paris. Le deuxième
recueil, musique de MAXIME ALKAN, suivra-immédiatement.
CONCOURS DU CONSERVATOIRE.
TROISIÈME ET DERNIER ARTICLE.
La séance du vendredi 31 juillet, dont nous avons 1
déjà donné le résultat dans le numéro de dimanche
dernier, était consacrée à la harpe et au grand opéra.
Le concours de harpe, s'il n'a pas brillé parla
quantité, s'est fait au moins remarquer par la. qualité.
En effet, les deux seuls concurrents se sont partagé -
le premier prix à l'amiable; et si Mlle Moesner
a joué un peu moins brillamment que son adversaire,
M. Sinet, il est juste de convenir, en revanche, qu'elle
a beaucoup mieux déchiffré. Aussi la balance a-t-elle
conservé à leur égard-un équilibre parfait.
Le concours de grand opéra, qui suivait immédia-
tementceluide harpe, est venufairediversion, quant au;
nombre et à la valeur des élèves concurrents. Si, par
impossible, on cherchait à nier la faiblesse de ce
concours, ce ne pourrait être que pour s'illusionner
sur un résultat qui laisse luire à l'horizon de nos
grandes scènes lyriques peu d'espérances d'avenir,
peu de nouvelles étoiles. C'est peut-être par ce besoin
d'illusion que le jury s'est laissé guider, en accordant,
malgré cette faiblesse regrettable, rleux premiers prix
et deux seconds. Somme toute, il s'est montré bon
prince ; et l'on aurait certes pu lui adresser ce débon-
naire refrain de notre cher décédé d'hier :
Oh, oh, oh, oh! ah, ah, ah^aht
Quel bon petit roi c'était là !
Entre toutes les scènes jouées au concours de grand
opéra, je citerai pour sa bonne exécution .le grand
trio de Guillaume Tell, ce fameux serment des trois
Suisses, cette magique page qu'on ne peut entendre
sans être électrisé, et qui du reste a valu le premier
prix à M. Tapiau. Ce jeune ténor, au moins, a eu le
mérite d'offrir au concours une nature de voix deve-
nue très-rare, eomme nous le faisions remarquer der-
nièrement. Son organe, assez étendu dans les cordes
hautes, ne manque-pas d'une certaine ampleur dans le
médium, mais son jeu laissée désirer et dénote encore
l'inexpérience de la scène. 11- a montré cependant
d'assez beaux mouvements dans le cantabile : Mon
père, tu m'as dû maudire; et, si ce n'était le résultat
anticipé de son premier prix, on aurait pu espérer
qu'une ou deux années d'études auraient achevé de le
former. M. Tapiau a du bon ; seulement la chaleur
déployée par Guillaume Tell n'a-t-elle pas été pour
quelque chose dans le succès de Melctal. Et pour
quoi Guillaume Tell (Duvernoy) ne concourrait-il pas ?
Mlle Sénex, l'autre premier prix, possède assez d'ac-
quit et fait honneur aux leçons de M. Levasseur dont
le nom a été omis par erreur dans la liste de dimanche
dernier. Toutefois le titre de premier prix d'opéra au
Conservatoire de Paris devrait promettre plus que ne
tient MIIe Sénex, à laquelle un second prix eût permis
de recevoir plus longtemps les conseils de sùn émi-
nent professeur.
Quant à MlleLafranque, second prix, je me deman-
dais, en la voyant récompenser, si le concours qui ve-
nait de s'effectuer était pour l'opéra ou pour le chant.
Mllp Lafranque a parfaitement chanté, c'est vrai ; mais
elle n'a pas joué le moins du monde. Or, qu'elle est l'a
différence caractéristique existant entre le concours de
chant et celui d'opéra? C'est que ce dernier réclame
impérieusement l'art de la déclamation lyrique. Si
Mme Dorus et Mme Stoltz eussent comparu ensemble
dans le concours de vendredi, j'aurais donné le pre-
mier prix à Mme. Stoltz qui n'était qu'une chanteuse
contestable, et non pas à Mme Dorus, qui était pourtant
un délicieux rossignol.
Le second prix pour les hommes a été donné à
M. Marthieu. Cet élève, qui possède une assez belle
voix de basse, nous a paru très-consciencieux, mais
d'une froideur inexplicable par 35 degrés de chaleur.
Une autre particularité de ce concours, c'est la
brouille survenue entre les voix et le piano, ce qui a
plus ou moins réagi sur tous les concurrents. Était-ce
une influence atmosphérique ou une malice du sylphe
Trilby, qu'on, avait peut-être oublié d'inviter? Je-
l'ignore; et je ne connais pas davantage la raison
d'une terrible croisade contre la mesure, entreprise
ce jour-là par tous les élèves, et que je recommande à
l'attention des professeurs.
Le lendemain samedi ont eu lieu les concours d'ins-
truments à vent. Cettejournée, à part quelques prix fort
brillàmmenterilevés,n'arien offert de remarquable; son
plus grave événement a été la nouveauté d'un concours
de cornet à pistons. C'est d'ailleurs une classe toute
militaire. Tous les élèves, déserteurs du gymnase de
la rue Blanche, —: fermé je ne sais trop pourquoi,
—: portaient l'uniforme, ce qui donnait au Conserva-
toire un certain petit air de caserne. Bientôt peut-être
on verra l'inconvénient de cette migration, et l'on
reformera, sous un autre nom, un gymnase militaire.
Histoire de faire du neuf avec du vieux, de détruire
pour réédifier. Ainsi va le monde, la nouveauté n'est
le plus souvent que du renouveau.
■ Lundi dernier le soleil des concours se levait pour
la dernière fois à l'horizon du Conservatoire. Plus
chaud que jamais, il devait éclairer les luttes de la
déclamation spéciale.
. Cette question nouvelle est beaucoup moins de ma
compétence et me fournit l'occasion de demander,
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