Titre : L'Ami de l'enfance : journal des salles d'asile
Éditeur : Hachette (Paris)
Date d'édition : 1896-07-15
Contributeur : Cochin, Jean Denis Marie (1789-1841). Éditeur scientifique
Contributeur : Battelle (chef de bureau à l Assistance publique). Éditeur scientifique
Contributeur : Hachette, Louis (1800-1864). Éditeur scientifique
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32691160x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4533 Nombre total de vues : 4533
Description : 15 juillet 1896 15 juillet 1896
Description : 1896/07/15 (A15,N20,SER5)-1896/07/31. 1896/07/15 (A15,N20,SER5)-1896/07/31.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5607743s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 8-Z-2016
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/12/2010
340:
L'AMI DE L'ENFANCE
d'avoir lu dans' sa lettre- «r. qu'en celte matière, 1
l'Allemagne était prépondérante ! » Je lui ai
dit qu'en effet, nous - n'avions pas en France
d'établissement spécial, mais qu'un séjour--à
Pans serait extrêmement utile à sa jeune amie;
que celle-ci pourrait, en effet, suivre, des cours
d'instruction générale pourlesquels.elle Saurait
q.ue l'embarras du choix;'qu'elle pourrait voir
fonctionner quelques cours.libres où l'on reçoit
de tout petits enfants (j'en connais au moins
deux qui sônttout- à fait remarquables) ; qu'elle
obtiendrait probablement l'autorisation d'as-
sister régulièrement aux exercices dé quelques
écoles maternelles, et qu'enfin elle aurait le
privilège rare de suivre à la Sorbonne le cours
de la science de l'éducation ; qu'inaugurera
M. Buisson, notre éminenl et inoubliable ex-di-
recteur de l'enseignement primaire,,-en octobre
ou novembre prochain. • ■■ ■ "
11 arrive fréquemment que d!une circonstance
toute fortuite, résulte un événement qui fait
époque ; la lettre que j'ai reçue d'Angleterre
serait une bénédiction si elle avait fait faire un
pas décisif à la préparation 1 du personnel de
nos écoles maternelles'. . PAULINE KERGOMARD.
A l'école annexe (classe curantine).
NOTES D'UNE'DIRECTRICE
1
« C'est-y bien gros, une baleine, mademoi- ;
selle? C'est-y gros comme un cheval? plus gros ]
qu'un gros boeuf? » i
Vous avez répondu en souriant à cet amusant i
interrogatoire,, et voilà que maintenant vous
vous fâchez-tout rouge, car la curieuse Alice <
poursuit : « Et avec quoi qu'on les pêche, <
mademoiselle? C'est-y avec une p'tile ficelle? »
Alice mérite, dites-vous, une punition sévère
pour ses interruptions et son langage incorrect.
Vous ne savez pas comment on pêche la
baleine, -mon enfant, et vous simulez là colère
pour vous tirer d'embarras : c'est un vilain
moyen. Vous'vous dites : .« Bah! ils sont trop
petits pour me deviner, je vais les rudoyer un
peu pour les faire taire et avoir la paix. Dans
une minute ils n'y penseront plus; je ne fais
pas mal. Ï VOUS VOUS trompez ; — d'abord, dans
cette spéculation sur la faiblesse, l'ignorance,
la timidité des petits, il y a quelque chose de
peu honorable que vous sentez, j'en suis sûre.
De plus, je crois que cette colère brusque,
inexpliquée leurafait mal, parce qu'elle a porté
atteinte à la confiance, indispensable en édu-
cation. Tous les enfants -—même les moins
intelligents —: ont senti d'une façon vague,
instinctive, si vous voulez, mais réelle, que vous
êtes double. Tout à coup/ sans raison, la
- maîtresse gracieuse, affableque vous savez être,
fait place à une autre revêche et dure; celle-là,
attirait, celle-ci repousse. Comment voulez-vous
qu'ils aient confiance en vous? Ils sentent que
vous avez la force et croient qu'il vous manque
la bonté. . ■ . . .
Mais voilà, vous ne savez pas comment on la
pêche, cette 'malheureuse baleine, et c'est la
cause de tout le mal. Gomment donc faire une
autre fois quand une question d'enfant vous
prendra au dépourvu?
Gafdéz-vous d'avouer votre ignorance; ils
seraient scandalisés que mademoiselle puisse
ignorer' quelque chose! N'allez pas non plus
faire une réponse à peu près, selon l'inspiration
du'inoment, vous qui leur devez la vérité. Dites
simplement : « Si vous êtes bien gentils, si vous
m'écoutez bien, si vous me répondez convena-
blement, je vous le dirai ce soir, pour vous
récompenser s, et... tâchez d'avoir le moins
souvent possible à userdu moyen.
Réfléchissez, en préparant une leçon, à toutes
les questions que peuvent vous poser les
enfants, et songez aux réponses que vous y
ferez. Il est superflu de vous dire — n'est-ce
pas?'—' que c'est là ce qui vaut le mieux.
*
Pendant votre leçon de lecture, vous vous êtes
donné beaucoup de peine, vous vous êtes
dépensée beaucoup et sans aucun résultat. A
qui la faute? A vous, qui commettez sans cesse
une élourderie qui en soi n'est rien et qui
devient une faute capitale avec ces petits qui ne
savent pas lire. Vous usez tantôt de l'ancienne,
tantôt de la nouvelle méthode d'épellation ; une
lettre est tantôt be, tantôt bé, tanlôt ce,
tantôt que.
Vous tracez au tableau la lettre l. « Be, dit
un enfant. — Non, ce n'est pas be.—Bé, dit un
autre. — Non, ce n'est pas bé ; voyez, bé a un
: petit crochet et cette leltre-cin'en a pas.;—Eli,
dit alors un enfant. — Bien, répondez-vous,
t c'est le. t
-, Comment voulez-vous leur apprendre à lire
> avec une méthode pareille? Chaque lettre a
, deux noms. Vous donnez indifférera m en l l'un ou
» l'autre, la lettre n'éveille donc pas à l'esprit des
3 enfants un nom unique; ils doivent penser
. qu'elle en a plusieurs et disent au hasard le
i premier venu. Ils apprendront bien difficilement
e à lire, mais est-ce leur faute? Songez que ce:
n qui est facile pour nous est très difficile pour
p les enfants et qu'un rien suffit pour dérouter
n leurs jeunes intelligences. Employez donc
s toujours la nouvelle méthode.
s Vous faites bien de mener de front écriture et
s calcul, et d'apprendre aux enfants à écrire ce
!, qu'ils lisent, mais encore faut-il s'y prendre
e d'une façon convenable ; sinon, on n'arrive à rien.
>. Vous avez fait lire l'articulation gr, et vous
», faites écrire maintenant : grêle, griller, gro-
é gnement.
i- Le premier mot est bien choisi, les enfants
is savent écrire la syllabe le, toute l'attention
s, peut donc se porter sur la difficulté nouvelle
is qui leur, est proposée : écrire gr. Mais le
la deuxième contient des éléments inconnus : ill-er ;
e, le troisième également : gne-men-t, et l'àlten-
là, lion se disperse, les forces s'éparpillent et les
as çlus intelligents seuls seront capables après
cie l'exercice de lire gr, ,de vous dire comment on
je l'écrit. Or c'est pour tous qu'il faut travailler.
Procédons autrement : montrons l'image du
la livre, ou mieux une'image plus grande. «Ilegar-
la dez bien cette bête a l'air méchant, je vais
ne vousdire comment on l'appelles c'est un tigre..
L'AMI DE L'ENFANCE
d'avoir lu dans' sa lettre- «r. qu'en celte matière, 1
l'Allemagne était prépondérante ! » Je lui ai
dit qu'en effet, nous - n'avions pas en France
d'établissement spécial, mais qu'un séjour--à
Pans serait extrêmement utile à sa jeune amie;
que celle-ci pourrait, en effet, suivre, des cours
d'instruction générale pourlesquels.elle Saurait
q.ue l'embarras du choix;'qu'elle pourrait voir
fonctionner quelques cours.libres où l'on reçoit
de tout petits enfants (j'en connais au moins
deux qui sônttout- à fait remarquables) ; qu'elle
obtiendrait probablement l'autorisation d'as-
sister régulièrement aux exercices dé quelques
écoles maternelles, et qu'enfin elle aurait le
privilège rare de suivre à la Sorbonne le cours
de la science de l'éducation ; qu'inaugurera
M. Buisson, notre éminenl et inoubliable ex-di-
recteur de l'enseignement primaire,,-en octobre
ou novembre prochain. • ■■ ■ "
11 arrive fréquemment que d!une circonstance
toute fortuite, résulte un événement qui fait
époque ; la lettre que j'ai reçue d'Angleterre
serait une bénédiction si elle avait fait faire un
pas décisif à la préparation 1 du personnel de
nos écoles maternelles'. . PAULINE KERGOMARD.
A l'école annexe (classe curantine).
NOTES D'UNE'DIRECTRICE
1
« C'est-y bien gros, une baleine, mademoi- ;
selle? C'est-y gros comme un cheval? plus gros ]
qu'un gros boeuf? » i
Vous avez répondu en souriant à cet amusant i
interrogatoire,, et voilà que maintenant vous
vous fâchez-tout rouge, car la curieuse Alice <
poursuit : « Et avec quoi qu'on les pêche, <
mademoiselle? C'est-y avec une p'tile ficelle? »
Alice mérite, dites-vous, une punition sévère
pour ses interruptions et son langage incorrect.
Vous ne savez pas comment on pêche la
baleine, -mon enfant, et vous simulez là colère
pour vous tirer d'embarras : c'est un vilain
moyen. Vous'vous dites : .« Bah! ils sont trop
petits pour me deviner, je vais les rudoyer un
peu pour les faire taire et avoir la paix. Dans
une minute ils n'y penseront plus; je ne fais
pas mal. Ï VOUS VOUS trompez ; — d'abord, dans
cette spéculation sur la faiblesse, l'ignorance,
la timidité des petits, il y a quelque chose de
peu honorable que vous sentez, j'en suis sûre.
De plus, je crois que cette colère brusque,
inexpliquée leurafait mal, parce qu'elle a porté
atteinte à la confiance, indispensable en édu-
cation. Tous les enfants -—même les moins
intelligents —: ont senti d'une façon vague,
instinctive, si vous voulez, mais réelle, que vous
êtes double. Tout à coup/ sans raison, la
- maîtresse gracieuse, affableque vous savez être,
fait place à une autre revêche et dure; celle-là,
attirait, celle-ci repousse. Comment voulez-vous
qu'ils aient confiance en vous? Ils sentent que
vous avez la force et croient qu'il vous manque
la bonté. . ■ . . .
Mais voilà, vous ne savez pas comment on la
pêche, cette 'malheureuse baleine, et c'est la
cause de tout le mal. Gomment donc faire une
autre fois quand une question d'enfant vous
prendra au dépourvu?
Gafdéz-vous d'avouer votre ignorance; ils
seraient scandalisés que mademoiselle puisse
ignorer' quelque chose! N'allez pas non plus
faire une réponse à peu près, selon l'inspiration
du'inoment, vous qui leur devez la vérité. Dites
simplement : « Si vous êtes bien gentils, si vous
m'écoutez bien, si vous me répondez convena-
blement, je vous le dirai ce soir, pour vous
récompenser s, et... tâchez d'avoir le moins
souvent possible à userdu moyen.
Réfléchissez, en préparant une leçon, à toutes
les questions que peuvent vous poser les
enfants, et songez aux réponses que vous y
ferez. Il est superflu de vous dire — n'est-ce
pas?'—' que c'est là ce qui vaut le mieux.
*
Pendant votre leçon de lecture, vous vous êtes
donné beaucoup de peine, vous vous êtes
dépensée beaucoup et sans aucun résultat. A
qui la faute? A vous, qui commettez sans cesse
une élourderie qui en soi n'est rien et qui
devient une faute capitale avec ces petits qui ne
savent pas lire. Vous usez tantôt de l'ancienne,
tantôt de la nouvelle méthode d'épellation ; une
lettre est tantôt be, tantôt bé, tanlôt ce,
tantôt que.
Vous tracez au tableau la lettre l. « Be, dit
un enfant. — Non, ce n'est pas be.—Bé, dit un
autre. — Non, ce n'est pas bé ; voyez, bé a un
: petit crochet et cette leltre-cin'en a pas.;—Eli,
dit alors un enfant. — Bien, répondez-vous,
t c'est le. t
-, Comment voulez-vous leur apprendre à lire
> avec une méthode pareille? Chaque lettre a
, deux noms. Vous donnez indifférera m en l l'un ou
» l'autre, la lettre n'éveille donc pas à l'esprit des
3 enfants un nom unique; ils doivent penser
. qu'elle en a plusieurs et disent au hasard le
i premier venu. Ils apprendront bien difficilement
e à lire, mais est-ce leur faute? Songez que ce:
n qui est facile pour nous est très difficile pour
p les enfants et qu'un rien suffit pour dérouter
n leurs jeunes intelligences. Employez donc
s toujours la nouvelle méthode.
s Vous faites bien de mener de front écriture et
s calcul, et d'apprendre aux enfants à écrire ce
!, qu'ils lisent, mais encore faut-il s'y prendre
e d'une façon convenable ; sinon, on n'arrive à rien.
>. Vous avez fait lire l'articulation gr, et vous
», faites écrire maintenant : grêle, griller, gro-
é gnement.
i- Le premier mot est bien choisi, les enfants
is savent écrire la syllabe le, toute l'attention
s, peut donc se porter sur la difficulté nouvelle
is qui leur, est proposée : écrire gr. Mais le
la deuxième contient des éléments inconnus : ill-er ;
e, le troisième également : gne-men-t, et l'àlten-
là, lion se disperse, les forces s'éparpillent et les
as çlus intelligents seuls seront capables après
cie l'exercice de lire gr, ,de vous dire comment on
je l'écrit. Or c'est pour tous qu'il faut travailler.
Procédons autrement : montrons l'image du
la livre, ou mieux une'image plus grande. «Ilegar-
la dez bien cette bête a l'air méchant, je vais
ne vousdire comment on l'appelles c'est un tigre..
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 93.46%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 93.46%.
- Auteurs similaires Pawlowski Gaston de Pawlowski Gaston de /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Pawlowski Gaston de" or dc.contributor adj "Pawlowski Gaston de")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 6/16
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k5607743s/f6.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k5607743s/f6.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k5607743s/f6.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k5607743s/f6.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k5607743s
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k5607743s
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k5607743s/f6.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest