Titre : L'Ami de l'enfance : journal des salles d'asile
Éditeur : Hachette (Paris)
Date d'édition : 1896-07-01
Contributeur : Cochin, Jean Denis Marie (1789-1841). Éditeur scientifique
Contributeur : Battelle (chef de bureau à l Assistance publique). Éditeur scientifique
Contributeur : Hachette, Louis (1800-1864). Éditeur scientifique
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32691160x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4533 Nombre total de vues : 4533
Description : 01 juillet 1896 01 juillet 1896
Description : 1896/07/01 (A15,N19,SER5)-1896/07/14. 1896/07/01 (A15,N19,SER5)-1896/07/14.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5607742c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 8-Z-2016
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/12/2010
294
L'AMI DE L'ENFANCE
carrés, percer à chaque angle un trou permettant
de passer une chaînette de laine faite au crochet.
Le point d'attache de cette chaînette peut être
un simple noeud double qui se place à l'intérieur
de la jardinière. La chaînette peut être assez
longue pour être nouée en bouclettes ; dans ce
cas les deux pans du noeud de chaînette sont
terminés par de petits glands ou par une bille
de laine.
Chaînette et glands sont assortis à la broderie.
Si l'on désire une jardinière élégante, on
remplace la chaînette par un ruban de soie de
4 à 5 centimètres de largeur ; c'est plus coquet,
mais plus coûteux, puisque les huit attaches de
la jardinière emploient chacune 30 à 35 centi-
mètres pour obtenir un noeud gracieux.
C. DEPOULLY,
PARTIE PRATIQUE
LANGUE MATERNELLE
O© qu'on voit sur les im.a,Q-©s
Les « faits divers » des journaux racontent
presque tous les jours des accidents terribles
dus à l'imprudence des enfants. Peut-être se-
rait-il bon d'en faire parfois la lecture dans les
écoles. Le fait brutal ferait peut-être plus d'im-
pression que les circonstances, presque tou-
jours les mêmes, et d'ailleurs de convention,
dont on l'entoure dans les récits inventés.
En tout"cas, et quel que soit le procédé choisi,
il est bon d'inspirer aux enfants une vraie ter-
reur du feu; surtout aux enfants de nos écoles
maternelles, qui sont si souvent mal surveilles
dans leurs familles, et qui même restent si sou-
vent seuls, livrés à toutes les suggestions de la
curiosité.
Il y a huit jours à peine, j'ai assisté à l'en-
terrement d'un enfant de trois ans qui, en tom-
bant par la fenêtre, s'était brisé sur le pavé; le
récit de cet accident laisserait peu de traces
dans l'esprit d'un bébé du même âge, mais sa
petite soeur ou son petit frère de cinq ou six
ans pourrait en faire son profit. Or tous les jours,
dans les familles d'ouvriers, les bébés sont
laissés sous la garde d'enfants qui auraient
grand besoin d'être surveillés eux-mêmes.
Les progrès de l'industrie accumulent dans
nos ménages les occasions d'accidents : ici, c'est
l'éclairage au gaz •—peu usité, il est vrai, chez
Jes pauvres gens ; — là, c'est le fourneau à pé-
trole dont l'usage se répand de plus en plus,
grâce à la modicité de son prix, et à la simpli-
fication qu'il apporte dans les ménages mo-
destes; ailleurs, c'est la lampe à essence; ce
sont encore des liquides servant à enlever les
taches; c'est enfin la bouteille d'alcool à laquelle
le père fait, parfois, de trop fréquentes visites....
Lampe ou fourneau, bouteille d'essence à déta-
cher, breuvage malfaisant, tout cela s'enflamme
au moindre contact d'une allumette....Tout cela
esl effrayant; de tout cela, l'enfant doit avoir
peur.
Il y a autre chose à dire encore, car enfin il
faut savoir nous mettre au point. Ces liquides
dangereux, les enfants vont souvent les acheter
eux-mêmes pour leurs parents ; combien en
rencontrons-nous dans les rues portant une
bouteille vide qu'ils vont faire remplir, une bou-
teille pleine qu'ils viennent de faire remplir !
Ils peuvent avoir, un jour, l'idée saugrenue de
goûter le liquide; les hommes eux-mêmes ne
sont pas exempts de pareilles imprudences;
rappelez-vous l'horrible accident qui s'est pro-
duit récemment à Lille pendant l'incendie de
l'hôpital. Des militaires déménageant la phar-
macie ont eu l'imprudence de boire le contenu
de certaines fioles; plusieurs sont tombés fou-
droyés, d'autres sont morls après d'atroces
souffrances.
Il faut dire ces choses aux enfants ; en ces cir-
constances, l'utilitarisme, auquel je fais la guerre
en morale, est absolument à sa place; autant il
m'est douloureux d'entendre dire aux enfants
qu'il ne faut pas mentir, parce que l'on ne croit
pas le menteur ; qu'il ne faut pas voler de crainte
des gendarmes, et qu'il faut travailler pour
gagner de l'argent, autant je crois nécessaire
de les mettre en garde contre les impru-
dences qui peuvent nuire à leur santé, leur
coûter la vie et même coûter la vie à leurs sem-
blables.
Je pense donc qu'il serait nécessaire do,
collectionner les récits des accidents dus à
l'ignorance et à l'imprudence des enfants; la
lecture à haute voix de ces récits faite par la
maîtresse aurait de grands avantages. En tout
cas, l'accident en lui-même pourrait servir de
thème à une histoire racontée, dont la conclu-
sion, toujours la même, serait celle-ci : ce Ne
touchez jamais aux bouteilles en l'absence de
vos parents. Dans les unes, il y a peut-être du
poison; dans les autres, il y a peut-être un
liquide qui s'enflamme. »
L'image d'aujourd'hui est saisissante, quoi-
qu'elle ne représente que les préliminaires
d'un accident.
L'AMI DE L'ENFANCE
carrés, percer à chaque angle un trou permettant
de passer une chaînette de laine faite au crochet.
Le point d'attache de cette chaînette peut être
un simple noeud double qui se place à l'intérieur
de la jardinière. La chaînette peut être assez
longue pour être nouée en bouclettes ; dans ce
cas les deux pans du noeud de chaînette sont
terminés par de petits glands ou par une bille
de laine.
Chaînette et glands sont assortis à la broderie.
Si l'on désire une jardinière élégante, on
remplace la chaînette par un ruban de soie de
4 à 5 centimètres de largeur ; c'est plus coquet,
mais plus coûteux, puisque les huit attaches de
la jardinière emploient chacune 30 à 35 centi-
mètres pour obtenir un noeud gracieux.
C. DEPOULLY,
PARTIE PRATIQUE
LANGUE MATERNELLE
O© qu'on voit sur les im.a,Q-©s
Les « faits divers » des journaux racontent
presque tous les jours des accidents terribles
dus à l'imprudence des enfants. Peut-être se-
rait-il bon d'en faire parfois la lecture dans les
écoles. Le fait brutal ferait peut-être plus d'im-
pression que les circonstances, presque tou-
jours les mêmes, et d'ailleurs de convention,
dont on l'entoure dans les récits inventés.
En tout"cas, et quel que soit le procédé choisi,
il est bon d'inspirer aux enfants une vraie ter-
reur du feu; surtout aux enfants de nos écoles
maternelles, qui sont si souvent mal surveilles
dans leurs familles, et qui même restent si sou-
vent seuls, livrés à toutes les suggestions de la
curiosité.
Il y a huit jours à peine, j'ai assisté à l'en-
terrement d'un enfant de trois ans qui, en tom-
bant par la fenêtre, s'était brisé sur le pavé; le
récit de cet accident laisserait peu de traces
dans l'esprit d'un bébé du même âge, mais sa
petite soeur ou son petit frère de cinq ou six
ans pourrait en faire son profit. Or tous les jours,
dans les familles d'ouvriers, les bébés sont
laissés sous la garde d'enfants qui auraient
grand besoin d'être surveillés eux-mêmes.
Les progrès de l'industrie accumulent dans
nos ménages les occasions d'accidents : ici, c'est
l'éclairage au gaz •—peu usité, il est vrai, chez
Jes pauvres gens ; — là, c'est le fourneau à pé-
trole dont l'usage se répand de plus en plus,
grâce à la modicité de son prix, et à la simpli-
fication qu'il apporte dans les ménages mo-
destes; ailleurs, c'est la lampe à essence; ce
sont encore des liquides servant à enlever les
taches; c'est enfin la bouteille d'alcool à laquelle
le père fait, parfois, de trop fréquentes visites....
Lampe ou fourneau, bouteille d'essence à déta-
cher, breuvage malfaisant, tout cela s'enflamme
au moindre contact d'une allumette....Tout cela
esl effrayant; de tout cela, l'enfant doit avoir
peur.
Il y a autre chose à dire encore, car enfin il
faut savoir nous mettre au point. Ces liquides
dangereux, les enfants vont souvent les acheter
eux-mêmes pour leurs parents ; combien en
rencontrons-nous dans les rues portant une
bouteille vide qu'ils vont faire remplir, une bou-
teille pleine qu'ils viennent de faire remplir !
Ils peuvent avoir, un jour, l'idée saugrenue de
goûter le liquide; les hommes eux-mêmes ne
sont pas exempts de pareilles imprudences;
rappelez-vous l'horrible accident qui s'est pro-
duit récemment à Lille pendant l'incendie de
l'hôpital. Des militaires déménageant la phar-
macie ont eu l'imprudence de boire le contenu
de certaines fioles; plusieurs sont tombés fou-
droyés, d'autres sont morls après d'atroces
souffrances.
Il faut dire ces choses aux enfants ; en ces cir-
constances, l'utilitarisme, auquel je fais la guerre
en morale, est absolument à sa place; autant il
m'est douloureux d'entendre dire aux enfants
qu'il ne faut pas mentir, parce que l'on ne croit
pas le menteur ; qu'il ne faut pas voler de crainte
des gendarmes, et qu'il faut travailler pour
gagner de l'argent, autant je crois nécessaire
de les mettre en garde contre les impru-
dences qui peuvent nuire à leur santé, leur
coûter la vie et même coûter la vie à leurs sem-
blables.
Je pense donc qu'il serait nécessaire do,
collectionner les récits des accidents dus à
l'ignorance et à l'imprudence des enfants; la
lecture à haute voix de ces récits faite par la
maîtresse aurait de grands avantages. En tout
cas, l'accident en lui-même pourrait servir de
thème à une histoire racontée, dont la conclu-
sion, toujours la même, serait celle-ci : ce Ne
touchez jamais aux bouteilles en l'absence de
vos parents. Dans les unes, il y a peut-être du
poison; dans les autres, il y a peut-être un
liquide qui s'enflamme. »
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