Titre : L'Ami de l'enfance : journal des salles d'asile
Éditeur : Hachette (Paris)
Date d'édition : 1896-06-01
Contributeur : Cochin, Jean Denis Marie (1789-1841). Éditeur scientifique
Contributeur : Battelle (chef de bureau à l Assistance publique). Éditeur scientifique
Contributeur : Hachette, Louis (1800-1864). Éditeur scientifique
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32691160x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4533 Nombre total de vues : 4533
Description : 01 juin 1896 01 juin 1896
Description : 1896/06/01 (A15,N17,SER5)-1896/06/14. 1896/06/01 (A15,N17,SER5)-1896/06/14.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5607739w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 8-Z-2016
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/12/2010
262
L'AMI DE L'ENFANCE
si vous me répondiez : « Du travail manuel », je
penserais : ils font peut-être du tricot, ou du
crochet, ou du pliage, ou du tissage, ou de la
broderie, ou du piquage, car « travail manuel »
veut dire tout cela; toutes les fois que l'on tra-
vaille avec ses mains on fait du « travail manuel s,
mais je ne saurais vraiment pas ce que vous
faites, réellement. Voyons! regardez tous votre
ouvrage, et dites-moi ce que vous faites. »
Et l'on me répondit encore : « Du travail ma-
nuel ». Je m'adressai alors à une petite fille et
je lui montrai le morceau de canevas placé de-
vant elle, puis le morceau de laine, puis l'ai-
guille et, avec beaucoup de peine, je parvins à
lui faire dire qu'elle brodait, sur du canevas,
avec de la laine verte, et il fallut recommencer
avecles garçons qui brodaient leurcarlon perforé.
Qu'est-ce que cela prouve, sinon que les en-
fants, ne comprenant pas les généralités, doivent
apprendre d'abord les mots qui représentent
des choses spéciales? C'est ainsi que dans le
domaine moral on perd son temps à leur prêcher
la vertu, alors que l'on peut espérer des ré-
sultats en leur inculquant une à une les qualités
dont elle se compose; de même dans le do-
maine, matériel on ne leur parle pas du c mo-
bilier » de leur chambre, mais du lit, de l'armoire
et de la table.
Chaque jour, à l'heure du « travail manuel »,
la maîtresse devrait dire : « Nous allons broder
sur du canevas, ou sur du carton; nous allons
faire des fleurs, nous allons broder les cartons
que nous ayons piqués hier », etc.
Et ce conseil, qui a l'air tout spécial en l'es-
pèce, englobe tous les exercices; il faut se gar-
der de la convention lorsqu'on s'adresse aux
enfants; il faut se garder des généralités. L'en-
fant va de l'individu à l'espèce, de l'espèce au
genre, il est absolument indispensable de ne
pas l'oublier.
Et pour terminer :
Les enfants sont assis aux tables; la maîtresse
un crayon à la main écrit au tableau noir :
0, ô, au.
Elle fait lire.
Puis elle demande aux enfants de lui dicter
les deux lettres qui lui permettront de repré-
senter le son au.
Les enfants dictent ces deux lettres.
Alors la maîtresse écrit au tableau noir :
« Maurice ira au parc, il sautera. »
Les enfants lisent.
« Combien y a-t-il de mots? » demande la
maîtresse. Les enfants comptent sur leurs
doigts et répondent : s Six mots! »
Alors, je dicte la phrase : a. La boule roule
dans la cour », et je demande : « Combien de
mots? »
Même opération des enfants, suivie d'une
bonne réponse.
Ces enfants liront bientôt et ils liront bien,
parce qu'ils comprendront.
11 est important d'ajouter que l'on n'enseigne
pas à lire aux petits dans cette école.
PAULINE KERGOMARD.
VARIETES
A l'Exposition de Rouen.
-LES ÉCOLES MATERNELLES
La ville de, Rouen a inauguré samedi 16 mai
son Exposition. Le Musée a exposé l'histoire du
costume, mais nous avons trouvé le temps, mal-
gré notre fatigue, d'aller visiterla salle réservée
aux travaux des écoles maternelles. Cette salle,
carrée, bien éclairée, est vraiment gentille. Les
travaux des petits enfants sont encore tout frais,
bien en ordre ; ils amusent par leur grâce et
leur simplicité.
Un superbe cerisier tout garni de belles cerises
de Montmorency, mûres à différents degrés, nous
a ravie : il est fait en petites balles comme nos
premières cerises parues dans l'Ami.
Nous avons à peine aperçu la trace d'ouvrages
étrangers. Grâce à Dieu, nous voilà à.'peu près
débarrassés de ce matériel exotique, toujours
le même.
Nous nous dégageons de l'étreintefroebelliemie
pour devenir ou redevenir nous-mêmes.
Tant mieux; nous n'avons pas-besoin d'être
régentés, notre initiative française est pleine de
grâce et de charme.
N'oublions pas que les graines semées à
l'école maternelle germeront plus tard. Nous
allons omettre bien des travaux, mais les direc-
trices nous excuseront.
Les écoles maternelles de l'Isère ont envoyé
de jolies choses ; la ville de Thonon présente en
papier couleur bois l'ensemble des instruments
propres à faire le cidre ; nous avons regardé
avec intérêt les dessins libres si intéressants de
l'école Marcel Buquet ; Lisieux a copié les
modèles de l'Ami de l'Enfance d'une façon très
exacte; Dijon, qui a son cachetde coquetterie, a
envoyé un bateau en fleurs appelé Bourgogne.;
la ville du Havre est très bien représentée ; la
rue Bazan a une vitrine remplie de mignons
travaux; il faut songera ne pas oublierMrae Cel-
lière, dont les ouvrages enfantins sont voués au
bleu.
Ce bleu très doux fait penser aux yeux purs
des bébés, yeux de myosotis ou de pervenche.
Nous avons remarqué l'école maternelle de la
rue Tous-Vents à Rouen; celle de Mm-e Leconle,
qui expose des oiseaux sur un mât ; l'école du
Havre, célèbre par ses travaux en perles, petits
paniers, coupes, meubles, etc., etc., etc. Nous
devons aussi, à la hâte, citer l'exposition de
l'école maternelle annexe à l'école normale dont
M" 0 Muller est la directrice. Elle a fait copier
avec assez de succès nos feuilles en papier, elle
les a disposées selon notre conseil sur un tableau
d'andrinople, ce qui fait un bon effet; elle a
aussi des albums d'images coloriées par les
enfants.
(A suivre.) MARIE KOENIG.
L'AMI DE L'ENFANCE
si vous me répondiez : « Du travail manuel », je
penserais : ils font peut-être du tricot, ou du
crochet, ou du pliage, ou du tissage, ou de la
broderie, ou du piquage, car « travail manuel »
veut dire tout cela; toutes les fois que l'on tra-
vaille avec ses mains on fait du « travail manuel s,
mais je ne saurais vraiment pas ce que vous
faites, réellement. Voyons! regardez tous votre
ouvrage, et dites-moi ce que vous faites. »
Et l'on me répondit encore : « Du travail ma-
nuel ». Je m'adressai alors à une petite fille et
je lui montrai le morceau de canevas placé de-
vant elle, puis le morceau de laine, puis l'ai-
guille et, avec beaucoup de peine, je parvins à
lui faire dire qu'elle brodait, sur du canevas,
avec de la laine verte, et il fallut recommencer
avecles garçons qui brodaient leurcarlon perforé.
Qu'est-ce que cela prouve, sinon que les en-
fants, ne comprenant pas les généralités, doivent
apprendre d'abord les mots qui représentent
des choses spéciales? C'est ainsi que dans le
domaine moral on perd son temps à leur prêcher
la vertu, alors que l'on peut espérer des ré-
sultats en leur inculquant une à une les qualités
dont elle se compose; de même dans le do-
maine, matériel on ne leur parle pas du c mo-
bilier » de leur chambre, mais du lit, de l'armoire
et de la table.
Chaque jour, à l'heure du « travail manuel »,
la maîtresse devrait dire : « Nous allons broder
sur du canevas, ou sur du carton; nous allons
faire des fleurs, nous allons broder les cartons
que nous ayons piqués hier », etc.
Et ce conseil, qui a l'air tout spécial en l'es-
pèce, englobe tous les exercices; il faut se gar-
der de la convention lorsqu'on s'adresse aux
enfants; il faut se garder des généralités. L'en-
fant va de l'individu à l'espèce, de l'espèce au
genre, il est absolument indispensable de ne
pas l'oublier.
Et pour terminer :
Les enfants sont assis aux tables; la maîtresse
un crayon à la main écrit au tableau noir :
0, ô, au.
Elle fait lire.
Puis elle demande aux enfants de lui dicter
les deux lettres qui lui permettront de repré-
senter le son au.
Les enfants dictent ces deux lettres.
Alors la maîtresse écrit au tableau noir :
« Maurice ira au parc, il sautera. »
Les enfants lisent.
« Combien y a-t-il de mots? » demande la
maîtresse. Les enfants comptent sur leurs
doigts et répondent : s Six mots! »
Alors, je dicte la phrase : a. La boule roule
dans la cour », et je demande : « Combien de
mots? »
Même opération des enfants, suivie d'une
bonne réponse.
Ces enfants liront bientôt et ils liront bien,
parce qu'ils comprendront.
11 est important d'ajouter que l'on n'enseigne
pas à lire aux petits dans cette école.
PAULINE KERGOMARD.
VARIETES
A l'Exposition de Rouen.
-LES ÉCOLES MATERNELLES
La ville de, Rouen a inauguré samedi 16 mai
son Exposition. Le Musée a exposé l'histoire du
costume, mais nous avons trouvé le temps, mal-
gré notre fatigue, d'aller visiterla salle réservée
aux travaux des écoles maternelles. Cette salle,
carrée, bien éclairée, est vraiment gentille. Les
travaux des petits enfants sont encore tout frais,
bien en ordre ; ils amusent par leur grâce et
leur simplicité.
Un superbe cerisier tout garni de belles cerises
de Montmorency, mûres à différents degrés, nous
a ravie : il est fait en petites balles comme nos
premières cerises parues dans l'Ami.
Nous avons à peine aperçu la trace d'ouvrages
étrangers. Grâce à Dieu, nous voilà à.'peu près
débarrassés de ce matériel exotique, toujours
le même.
Nous nous dégageons de l'étreintefroebelliemie
pour devenir ou redevenir nous-mêmes.
Tant mieux; nous n'avons pas-besoin d'être
régentés, notre initiative française est pleine de
grâce et de charme.
N'oublions pas que les graines semées à
l'école maternelle germeront plus tard. Nous
allons omettre bien des travaux, mais les direc-
trices nous excuseront.
Les écoles maternelles de l'Isère ont envoyé
de jolies choses ; la ville de Thonon présente en
papier couleur bois l'ensemble des instruments
propres à faire le cidre ; nous avons regardé
avec intérêt les dessins libres si intéressants de
l'école Marcel Buquet ; Lisieux a copié les
modèles de l'Ami de l'Enfance d'une façon très
exacte; Dijon, qui a son cachetde coquetterie, a
envoyé un bateau en fleurs appelé Bourgogne.;
la ville du Havre est très bien représentée ; la
rue Bazan a une vitrine remplie de mignons
travaux; il faut songera ne pas oublierMrae Cel-
lière, dont les ouvrages enfantins sont voués au
bleu.
Ce bleu très doux fait penser aux yeux purs
des bébés, yeux de myosotis ou de pervenche.
Nous avons remarqué l'école maternelle de la
rue Tous-Vents à Rouen; celle de Mm-e Leconle,
qui expose des oiseaux sur un mât ; l'école du
Havre, célèbre par ses travaux en perles, petits
paniers, coupes, meubles, etc., etc., etc. Nous
devons aussi, à la hâte, citer l'exposition de
l'école maternelle annexe à l'école normale dont
M" 0 Muller est la directrice. Elle a fait copier
avec assez de succès nos feuilles en papier, elle
les a disposées selon notre conseil sur un tableau
d'andrinople, ce qui fait un bon effet; elle a
aussi des albums d'images coloriées par les
enfants.
(A suivre.) MARIE KOENIG.
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