Titre : L'Ami de l'enfance : journal des salles d'asile
Éditeur : Hachette (Paris)
Date d'édition : 1896-04-15
Contributeur : Cochin, Jean Denis Marie (1789-1841). Éditeur scientifique
Contributeur : Battelle (chef de bureau à l Assistance publique). Éditeur scientifique
Contributeur : Hachette, Louis (1800-1864). Éditeur scientifique
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32691160x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4533 Nombre total de vues : 4533
Description : 15 avril 1896 15 avril 1896
Description : 1896/04/15 (A15,N14,SER5)-1896/04/30. 1896/04/15 (A15,N14,SER5)-1896/04/30.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5607736n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 8-Z-2016
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/12/2010
212
L'AMI DE L'ENFANCE
tème contraire au nôtre est en même temps c
contraire au développement normal des enfants, j
« Cependant l'école maternelle est une école, (
quoi que l'on dise et que l'on fasse, nous dit-on, ]
et dans une école, il faut apprendre. » Si cet j
argument n'allait pas littéralement à l'encontre I
des déclarations officielles, si l'école maternelle <
était une « vraie » école, si l'enfant y allait i
pour apprendre, il faudrait, en bonne justice, i
qu'elle fût obligatoire : l'Etat n'aurait pas le !
droit de priver des bénéfices de l'instruction
préparatoire les milliers d'enfants qui attendent
l'âge scolaire pour aller en classe.
Et cependant, dans l'école maternelle de mes
rêves, l'enfant apprendra; il apprendra d'autant
mieux et d'autant plus sûrement qu'il vivra
avec des camarade un peu plus développés que
lui. En imitant les actes de ces camarades plus
grands, le petit deviendra plus adroit; en les
écoutant, il apprendra à parler, et, pour les
actes comme pour la parole, il s'efforcera d'au-
tant plus de les égaler que l'entreprise ne sera
pas impossible, et que, jour après jour, il con-
statera lui-même ses progrès. De même, dans
l'école maternelle de mes rêves, l'enfant sera
discipliné. D'abord, il apprendra à être propre ;
on lui donnera si bien l'habitude d'être propre
qu'il ne voudra plus ne l'être pas; il mangera
à des heures régulières, ce qui est de première
nécessité pour avoir un bon estomac; il respec-
tera les choses, il vivra en bonne intelligence
avec les personnes. Je le répète, il sera disci-
pliné et il apprendra. Mais la discipline ne
consistera pas pour lui à marcher les mains au
dos, à s'asseoir et à se lever automatiquement,
et son instruction ne consistera pas en formules
dogmatiques, en répétages incompris ; il appren-
dra ce qu'un enfant doit apprendre : il appren-
dra à voir, en regardant; à toucher, en tou-
chant; à parler, en parlant; en parlant de
choses qu'il a pensées lui-même.
Et maintenant, dites-moi, je vous prie, avec
qui les enfants aiment à causer, si ce n'est
entre eux! Et pour que l'échange d'idées pro-
duise quelque résultat, ne faut-il pas que l'un
des interlocuteurs en sache plus que l'autre?
Il est donc nécessaire pour les petits enfants
d'être réunis à des camarades un peu plus
développés.
« D'accord, me dira-t-on peut-être, en ce qui
concerne les enfants de deux à trois ans; ils
peuvent, en effet, gagner au contact dé ceux
de trois à quatre ; mais ces derniers n'ont-ils
pas beaucoup à perdre à vivre avec des enfants
beaucoup moins avancés? N'êtes-vous pas vic-
time de votre propre argumentation?» Jô ne le
crois pas ; les enfants de trois à quatre ans
savent parler; ils sont « débrouillés », les plus
développés commencent à entrevoir, d une
façon inconsciente s'entend, les avantages de
l'association; ils s'essayent à des jeux en com-
mun, pourvu que ces jeux soient dépourvus de
combinaisons; ils se lancent dans de petites
entreprises ; l'éducation de leurs sens fait des
progrès, leur curiosité s'éveille, leur ingénio-
sité se manifeste, grâce à la liberté dont ils
jouissent dans cette bienheureuse section des
petits, grâce aussi au désir de paraître crânes
et forts devant les « bébés », d'être les
« grands » dans une certaine mesure. Ils s'épa-
nouissent. Asseyez-les sur un banc, mettez-les
en présence d'un tableau de lecture, leur oeil
s'éteint; donnez-leur une leçon, quelque élé-
mentaire qu'elle soit, leur petite imagination
s'envole ailleurs, ou bien ils s'ennuient et s'en-
dorment; confiez-leur un cahier d'écriture, ils
barbouillent sans aucun plaisir. Us perdent leur
temps et ils perdent leur joie ; leur curiosité
s'émousse, et ils seront las, le jour où commen-
cera la première heure de leur vie d'écoliers. Ils
n'auront rien gagné, ils auront beaucoup perdu.
En résumé, telle que l'a prévu le règlement,
l'organisation de la section des petits déchar-
gerait tout naturellement la section des grands
de ce poids étouffant d'instruction primaire pré-
maturée, dont les enfants sont victimes. Au lieu
de « continuer », les enfants de quatre ans
« commenceraient», et n'est-ce pas faire encore
une concession pénible que de permettre d'en-
seigner d'après un programme précis à des
enfants de quatre ans ?
Plus je réfléchis, plus ma conscience proteste
; contre l'école pour des bébés. Tant que je n'au-
■ rai pas convaincu tous ceux qui, de près ou de
i loin, s'occupent des écoles maternelles, j'aurai
! le sentiment très douloureux d'être solidaire
i d'une faute impardonnable, non seulement
Ï contre la santé et le bonheur des enfants, mais
même contre leur intelligence,
i < PAULINE KERGOMARD.
VARIETES
lia représentation féminine au Conseil
supérieur.
Un arrêté ministériel du 24 mars convoque
au 30 avril le corps électoral pour, le renouvel-
lement du Conseil supérieur.
Le Conseil, élu sous l'empire de la loi du
27 février, n'est pas mort, en effet, malgré la
mise au jour du projet de loi qui doit le ré-
former. Tant que la loi de 1880 n'est pas
abrogée par une loi nouvelle, elle continue à
produire ses effets.
Le Conseil qui va sortir des élections . du
30 avril est-il assuré de remplir son mandat de
quatre années jusqu'en 1900?... C'est bien
douteux. Mais, quelque durée qui lui soit ré-
servée, les élections prochaines n'en doivent
pas moins être l'objet de toute la sollicitude
des électeurs. Les élus du 30 avril seront, pour
la plupart, des candidats très sérieux, désignés
d'avance, en possession d'état, et il y a grandes
chances que les suffrages obtenus en 1896 les
suivent fidèlement et les renvoient siéger un
jour dans le nouveau Conseil.
L'AMI DE L'ENFANCE
tème contraire au nôtre est en même temps c
contraire au développement normal des enfants, j
« Cependant l'école maternelle est une école, (
quoi que l'on dise et que l'on fasse, nous dit-on, ]
et dans une école, il faut apprendre. » Si cet j
argument n'allait pas littéralement à l'encontre I
des déclarations officielles, si l'école maternelle <
était une « vraie » école, si l'enfant y allait i
pour apprendre, il faudrait, en bonne justice, i
qu'elle fût obligatoire : l'Etat n'aurait pas le !
droit de priver des bénéfices de l'instruction
préparatoire les milliers d'enfants qui attendent
l'âge scolaire pour aller en classe.
Et cependant, dans l'école maternelle de mes
rêves, l'enfant apprendra; il apprendra d'autant
mieux et d'autant plus sûrement qu'il vivra
avec des camarade un peu plus développés que
lui. En imitant les actes de ces camarades plus
grands, le petit deviendra plus adroit; en les
écoutant, il apprendra à parler, et, pour les
actes comme pour la parole, il s'efforcera d'au-
tant plus de les égaler que l'entreprise ne sera
pas impossible, et que, jour après jour, il con-
statera lui-même ses progrès. De même, dans
l'école maternelle de mes rêves, l'enfant sera
discipliné. D'abord, il apprendra à être propre ;
on lui donnera si bien l'habitude d'être propre
qu'il ne voudra plus ne l'être pas; il mangera
à des heures régulières, ce qui est de première
nécessité pour avoir un bon estomac; il respec-
tera les choses, il vivra en bonne intelligence
avec les personnes. Je le répète, il sera disci-
pliné et il apprendra. Mais la discipline ne
consistera pas pour lui à marcher les mains au
dos, à s'asseoir et à se lever automatiquement,
et son instruction ne consistera pas en formules
dogmatiques, en répétages incompris ; il appren-
dra ce qu'un enfant doit apprendre : il appren-
dra à voir, en regardant; à toucher, en tou-
chant; à parler, en parlant; en parlant de
choses qu'il a pensées lui-même.
Et maintenant, dites-moi, je vous prie, avec
qui les enfants aiment à causer, si ce n'est
entre eux! Et pour que l'échange d'idées pro-
duise quelque résultat, ne faut-il pas que l'un
des interlocuteurs en sache plus que l'autre?
Il est donc nécessaire pour les petits enfants
d'être réunis à des camarades un peu plus
développés.
« D'accord, me dira-t-on peut-être, en ce qui
concerne les enfants de deux à trois ans; ils
peuvent, en effet, gagner au contact dé ceux
de trois à quatre ; mais ces derniers n'ont-ils
pas beaucoup à perdre à vivre avec des enfants
beaucoup moins avancés? N'êtes-vous pas vic-
time de votre propre argumentation?» Jô ne le
crois pas ; les enfants de trois à quatre ans
savent parler; ils sont « débrouillés », les plus
développés commencent à entrevoir, d une
façon inconsciente s'entend, les avantages de
l'association; ils s'essayent à des jeux en com-
mun, pourvu que ces jeux soient dépourvus de
combinaisons; ils se lancent dans de petites
entreprises ; l'éducation de leurs sens fait des
progrès, leur curiosité s'éveille, leur ingénio-
sité se manifeste, grâce à la liberté dont ils
jouissent dans cette bienheureuse section des
petits, grâce aussi au désir de paraître crânes
et forts devant les « bébés », d'être les
« grands » dans une certaine mesure. Ils s'épa-
nouissent. Asseyez-les sur un banc, mettez-les
en présence d'un tableau de lecture, leur oeil
s'éteint; donnez-leur une leçon, quelque élé-
mentaire qu'elle soit, leur petite imagination
s'envole ailleurs, ou bien ils s'ennuient et s'en-
dorment; confiez-leur un cahier d'écriture, ils
barbouillent sans aucun plaisir. Us perdent leur
temps et ils perdent leur joie ; leur curiosité
s'émousse, et ils seront las, le jour où commen-
cera la première heure de leur vie d'écoliers. Ils
n'auront rien gagné, ils auront beaucoup perdu.
En résumé, telle que l'a prévu le règlement,
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gerait tout naturellement la section des grands
de ce poids étouffant d'instruction primaire pré-
maturée, dont les enfants sont victimes. Au lieu
de « continuer », les enfants de quatre ans
« commenceraient», et n'est-ce pas faire encore
une concession pénible que de permettre d'en-
seigner d'après un programme précis à des
enfants de quatre ans ?
Plus je réfléchis, plus ma conscience proteste
; contre l'école pour des bébés. Tant que je n'au-
■ rai pas convaincu tous ceux qui, de près ou de
i loin, s'occupent des écoles maternelles, j'aurai
! le sentiment très douloureux d'être solidaire
i d'une faute impardonnable, non seulement
Ï contre la santé et le bonheur des enfants, mais
même contre leur intelligence,
i < PAULINE KERGOMARD.
VARIETES
lia représentation féminine au Conseil
supérieur.
Un arrêté ministériel du 24 mars convoque
au 30 avril le corps électoral pour, le renouvel-
lement du Conseil supérieur.
Le Conseil, élu sous l'empire de la loi du
27 février, n'est pas mort, en effet, malgré la
mise au jour du projet de loi qui doit le ré-
former. Tant que la loi de 1880 n'est pas
abrogée par une loi nouvelle, elle continue à
produire ses effets.
Le Conseil qui va sortir des élections . du
30 avril est-il assuré de remplir son mandat de
quatre années jusqu'en 1900?... C'est bien
douteux. Mais, quelque durée qui lui soit ré-
servée, les élections prochaines n'en doivent
pas moins être l'objet de toute la sollicitude
des électeurs. Les élus du 30 avril seront, pour
la plupart, des candidats très sérieux, désignés
d'avance, en possession d'état, et il y a grandes
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