Titre : L'Ami de l'enfance : journal des salles d'asile
Éditeur : Hachette (Paris)
Date d'édition : 1896-04-15
Contributeur : Cochin, Jean Denis Marie (1789-1841). Éditeur scientifique
Contributeur : Battelle (chef de bureau à l Assistance publique). Éditeur scientifique
Contributeur : Hachette, Louis (1800-1864). Éditeur scientifique
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32691160x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4533 Nombre total de vues : 4533
Description : 15 avril 1896 15 avril 1896
Description : 1896/04/15 (A15,N14,SER5)-1896/04/30. 1896/04/15 (A15,N14,SER5)-1896/04/30.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5607736n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 8-Z-2016
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/12/2010
L'AMI DE L'ENFANCE
n'avait point de jardin et ne se promenait ja- <
mais au milieu de champs de pâquerettes, de i
primevères ou de coquelicots comme on fait à la <
campagne. i
Mais sa maman avait quelquefois de petits <
bouquets sur sa table, et Rose les aimait ; elle ]
Changeait l'eau pour les garder frais plus long- j
temps. Puis on avait quelques pots de fleurs sur i
les fenêtres : des pensées, des oeillets, des géra- <
niums, qui faisaient comme un jardinet, et Rose i
les arrosait au bon moment; elle enlevait les ]
feuilles fanées et se réjouissait quand elle voyait i
une abeille ou un papillon venir rendre visite I
à ses fleurs, comme si c'était à la campagne.
Un jour, quand la petite allait avoir cinq ans, i
,sa maman lui dit : ^ i
« Rose, nous allons aller chez ta marraine, au :
village.
— Oh ! maman, quel bonheur ! Ma marraine
me montrera toute sa ferme avec.son jardinet
ses ruches?
— Certainement, et nous aurons peut-être
nous, aussi un petit jardin, car ton papa a trouvé
de l'ouvrage là-bas et nous allons y habiter. »
Rose sauta de joie et elle aida sa maman de
son mieux pour faire les paquets du départ.
Un soir, enfin, on arriva à la ferme ; on de-
vait y coucher en attendant qu'on eût trouvé un
logis."
Dès qu'on eut mangé un morceau, la mar-
raine, voyant que les voyageurs étaient fatigués,
les conduisit dans un petit grenier à foin bien
propre que l'on avait arrangé en chambre, et où
l'on sentait encore la bonne herbe sèche qui y
avait passé l'hiver.
« Dors bien, Rosette, dit la marraine, et de-
main je te mènerai partout avec moi.
— Est-ce que je ne puis pas même voir un
tout petit peu le jardin ce soir? »
La marraine éclata de rire :
« Mais il fait tout à fait nuit, ma chérie, et
tu ne verrais rien, même avec une lanterne ; les
fleurs sont endormies et notre lumière ne les
réveillerait pas ; elles ne s'ouvrent que pour le
soleil I »
Rosette se dépêcha donc de se coucher pour
être plus vite au lendemain.
Cependant elle se réveilla un peu tard, car
elle était lasse et son papa était déjà parti quand
elle ouvrit les yeux ; mais sa maman dormait
encore. ■
Vite elle sauta à bas du lit sans^r-iiit''éWom- 3
mença de s'habiller ;-sa maman avait tout ar-
rangé la, veille pour que la fillette fit sa petite
llbilettè comme d'habitude ; et Rose se peigna
soigneusement et lava son visage' et ses mains
de façon à être aussi fraîche que les roses ses
soeurs,: comme disait son papa.
' La voilà prête, il est près :uésept heures ; elle
descend à la cuisine où la. marraine achève de
mettre sur la table les assiettes du déjeuner. La
soupe aux choux, que l'on inangera vers huit
heures, chante sur le feu.
« Te voilà déjà, fillette? dit la marraine en
apercevant Rose sur le seuil de la porte. Eh
bien, tu arrives au bon moment : la,soupe cuit
sans avoir besoin de moi.:.; Allons au jardin. »
Le jardin était un grand terrain avec de petits
chemins droits et beaucoup d'arbres fruitiers au
milieu de nombreux carrés de légumes ';" les uns
étaient pleins de choux ou de carottes ou de poi-
reaux; les autres avaient des semis de pois ou
de haricots avec des bordures d'oseille et dé
persil, le tout d'un joli vert de printemps tout
joyeux. Et çà et là, au milieu des légumes, il y
avait une touffe de fleurs, ries oeillets, clés iris,
des pervenches, des sauges, etc., etc. Rose s'ar-
rêtait un moment devant chacune pour l'admirer;
puis elle courait pour rejoindre sa- marraine,
qui marchait toujours, observant, deci, delà,
1 état des légumes et des arbres.
Tout à coup la fermière s'arrêta comme
étonnée en regardant quelque chose au loin, et
elle dit à sa filleule : « Rosette, donne-moi la
main, et ferme les yeux jusqu'à ce que je le dise
de les rouvrir ».
Rose ferma les yeux bien fort et sa marraine
la fit marcher un moment comme une petite
aveugle, puis elle lui dit : « Regarde ». La
fillette poussa un cri; d'admiration : elle avait
devant elle tout un mur de fleurs blanches et
roses, petites fleurs blanches des aubépines et
grandes fleurs roses des églantiers qui formaient
la haie du jardin.
« Oh! que c'est beau, marraine! » s'écria
Rosette éblouie. Puis, elle regarda de près
toutes, ces étoiles roses à coeur d'or que des
centaines d'abeilles visitaient déjà, car leur
parfum allait jusqu'aux ruches du voisinage.
« Maintenant, viens voir, » dit la marraine,
et, écartant quelques feuilles, elle montra à
Rosette un nid entre les branches où il y avait
quatre petits oeufs brillants autour desquels
sautillait la petite mère en gazouillant, tandis
que le père, sur une branche voisine, chantait
de toutes ses forces sa plus belle chanson.
« Eloignons-nous de peur de les effrayer, car
ils-vont couver, dit bientôt la fermière.
— Oh ! marraine, ne m'emmène pas tout à
fait, c'est si joli ici!... »
Et Rosette regarda encore un moment le beau
buisson d'églantiers avec ses fleurs, ses abeilles,
ses oiseaux.
Puis elle y revint bien des fois, aimant ce coin
charmant, mais elle y marchait sur la pointe
du pied, pour ne pas effrayer les oiseaux, et
elle ne soulevait pas les feuilles pour regarder
dans le nid. Aussi la couvée réussit-elle à
m.erveille,.et,,enété,.les oiselets sautillèrent sans
! -ëMiité devant!elle quand ils quittèrent le nid.
S. B. .
LEÇON D'OBSERVATION
I.es enfants ne doivent janiais assister
aux enterrements.
C'est une coutume de faire accompagner par
certains enfants choisis dans une école l'enter-
rement d'un des leurs; quelquefois même, s'il
s'agit d'une pauvre petite fillette décédée,
d'autres fillettes vêtues de blanc tiennent les
rubans.
Nous ne saurions trop blâmer ces habitudes
n'avait point de jardin et ne se promenait ja- <
mais au milieu de champs de pâquerettes, de i
primevères ou de coquelicots comme on fait à la <
campagne. i
Mais sa maman avait quelquefois de petits <
bouquets sur sa table, et Rose les aimait ; elle ]
Changeait l'eau pour les garder frais plus long- j
temps. Puis on avait quelques pots de fleurs sur i
les fenêtres : des pensées, des oeillets, des géra- <
niums, qui faisaient comme un jardinet, et Rose i
les arrosait au bon moment; elle enlevait les ]
feuilles fanées et se réjouissait quand elle voyait i
une abeille ou un papillon venir rendre visite I
à ses fleurs, comme si c'était à la campagne.
Un jour, quand la petite allait avoir cinq ans, i
,sa maman lui dit : ^ i
« Rose, nous allons aller chez ta marraine, au :
village.
— Oh ! maman, quel bonheur ! Ma marraine
me montrera toute sa ferme avec.son jardinet
ses ruches?
— Certainement, et nous aurons peut-être
nous, aussi un petit jardin, car ton papa a trouvé
de l'ouvrage là-bas et nous allons y habiter. »
Rose sauta de joie et elle aida sa maman de
son mieux pour faire les paquets du départ.
Un soir, enfin, on arriva à la ferme ; on de-
vait y coucher en attendant qu'on eût trouvé un
logis."
Dès qu'on eut mangé un morceau, la mar-
raine, voyant que les voyageurs étaient fatigués,
les conduisit dans un petit grenier à foin bien
propre que l'on avait arrangé en chambre, et où
l'on sentait encore la bonne herbe sèche qui y
avait passé l'hiver.
« Dors bien, Rosette, dit la marraine, et de-
main je te mènerai partout avec moi.
— Est-ce que je ne puis pas même voir un
tout petit peu le jardin ce soir? »
La marraine éclata de rire :
« Mais il fait tout à fait nuit, ma chérie, et
tu ne verrais rien, même avec une lanterne ; les
fleurs sont endormies et notre lumière ne les
réveillerait pas ; elles ne s'ouvrent que pour le
soleil I »
Rosette se dépêcha donc de se coucher pour
être plus vite au lendemain.
Cependant elle se réveilla un peu tard, car
elle était lasse et son papa était déjà parti quand
elle ouvrit les yeux ; mais sa maman dormait
encore. ■
Vite elle sauta à bas du lit sans^r-iiit''éWom- 3
mença de s'habiller ;-sa maman avait tout ar-
rangé la, veille pour que la fillette fit sa petite
llbilettè comme d'habitude ; et Rose se peigna
soigneusement et lava son visage' et ses mains
de façon à être aussi fraîche que les roses ses
soeurs,: comme disait son papa.
' La voilà prête, il est près :uésept heures ; elle
descend à la cuisine où la. marraine achève de
mettre sur la table les assiettes du déjeuner. La
soupe aux choux, que l'on inangera vers huit
heures, chante sur le feu.
« Te voilà déjà, fillette? dit la marraine en
apercevant Rose sur le seuil de la porte. Eh
bien, tu arrives au bon moment : la,soupe cuit
sans avoir besoin de moi.:.; Allons au jardin. »
Le jardin était un grand terrain avec de petits
chemins droits et beaucoup d'arbres fruitiers au
milieu de nombreux carrés de légumes ';" les uns
étaient pleins de choux ou de carottes ou de poi-
reaux; les autres avaient des semis de pois ou
de haricots avec des bordures d'oseille et dé
persil, le tout d'un joli vert de printemps tout
joyeux. Et çà et là, au milieu des légumes, il y
avait une touffe de fleurs, ries oeillets, clés iris,
des pervenches, des sauges, etc., etc. Rose s'ar-
rêtait un moment devant chacune pour l'admirer;
puis elle courait pour rejoindre sa- marraine,
qui marchait toujours, observant, deci, delà,
1 état des légumes et des arbres.
Tout à coup la fermière s'arrêta comme
étonnée en regardant quelque chose au loin, et
elle dit à sa filleule : « Rosette, donne-moi la
main, et ferme les yeux jusqu'à ce que je le dise
de les rouvrir ».
Rose ferma les yeux bien fort et sa marraine
la fit marcher un moment comme une petite
aveugle, puis elle lui dit : « Regarde ». La
fillette poussa un cri; d'admiration : elle avait
devant elle tout un mur de fleurs blanches et
roses, petites fleurs blanches des aubépines et
grandes fleurs roses des églantiers qui formaient
la haie du jardin.
« Oh! que c'est beau, marraine! » s'écria
Rosette éblouie. Puis, elle regarda de près
toutes, ces étoiles roses à coeur d'or que des
centaines d'abeilles visitaient déjà, car leur
parfum allait jusqu'aux ruches du voisinage.
« Maintenant, viens voir, » dit la marraine,
et, écartant quelques feuilles, elle montra à
Rosette un nid entre les branches où il y avait
quatre petits oeufs brillants autour desquels
sautillait la petite mère en gazouillant, tandis
que le père, sur une branche voisine, chantait
de toutes ses forces sa plus belle chanson.
« Eloignons-nous de peur de les effrayer, car
ils-vont couver, dit bientôt la fermière.
— Oh ! marraine, ne m'emmène pas tout à
fait, c'est si joli ici!... »
Et Rosette regarda encore un moment le beau
buisson d'églantiers avec ses fleurs, ses abeilles,
ses oiseaux.
Puis elle y revint bien des fois, aimant ce coin
charmant, mais elle y marchait sur la pointe
du pied, pour ne pas effrayer les oiseaux, et
elle ne soulevait pas les feuilles pour regarder
dans le nid. Aussi la couvée réussit-elle à
m.erveille,.et,,enété,.les oiselets sautillèrent sans
! -ëMiité devant!elle quand ils quittèrent le nid.
S. B. .
LEÇON D'OBSERVATION
I.es enfants ne doivent janiais assister
aux enterrements.
C'est une coutume de faire accompagner par
certains enfants choisis dans une école l'enter-
rement d'un des leurs; quelquefois même, s'il
s'agit d'une pauvre petite fillette décédée,
d'autres fillettes vêtues de blanc tiennent les
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