Titre : L'Ami de l'enfance : journal des salles d'asile
Éditeur : Hachette (Paris)
Date d'édition : 1895-08-01
Contributeur : Cochin, Jean Denis Marie (1789-1841). Éditeur scientifique
Contributeur : Battelle (chef de bureau à l Assistance publique). Éditeur scientifique
Contributeur : Hachette, Louis (1800-1864). Éditeur scientifique
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32691160x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4533 Nombre total de vues : 4533
Description : 01 août 1895 01 août 1895
Description : 1895/08/01 (A14,N21,SER5)-1895/08/14. 1895/08/01 (A14,N21,SER5)-1895/08/14.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5607707x
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 8-Z-2016
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/12/2010
MÉTHODE FRANÇAISE D'ÉDUCATION MATERNELLE
331
Alors ils "ont sauté dans un canot. Tout le
monde disait : «Vous êtes fous! vous allez vous
noyer ! » Ils n'ont écouté personne, et ils ont eu
le bonheur d'arriver auprès des naufragés. -Les
naufragés vont saisir la corde. Ils seront sa-uvés.
II
La mer pendant la tempête est effrayante ;
cependant il serait regrettable de provoquer à
ce sujet la terreur dans l'âme des enfants; les
enfants des départements riverains de la mer jj
sont, en grande majorité, fils de marins; la plu-
part seront marins; ils feront en tout cas leur
service dans l'infanterie de marine; il faut sus- s
citer, puis exciter leur courage, au lieu de J
l'étouffer ou de l'inquiéter. ^
D'autre part, tous les autres enfants seraient ,
privés d'un des éléments poétiques les plus
passionnants s'ils se figuraient la mer comme
une implacable ennemie. Certes les tempêtes .
sont affreuses, mais le beau temps est exquis. .
Certes on est en danger sur la mer pendant la
tempête; mais le courage et l'intelligence de
l'homme sont très souvent plus forts que la
tempête. Sur un bateau bien construit, avec des
hommes habiles dans leur métier et courageux,
on a beaucoup de chances d'arriver au port. La
mer, quand il s'agit de voyages, n'est pas plus
dangereuse que la terre.
Pourquoi donc les mamans défendent-elles
toujours aux enfants de s'approcher de l'eau?
Elles le leur défendent, parce que l'on s'y noie
quand on ne sait pas nager. Pourquoi leur
défendent-elles de monter tout seuls dans les
bateaux? C'est qu'un bateau est très difficile à
diriger, il faut avoir appris.
Les parents défendent aux enfants de monter
seuls dans les bateaux comme ils leur défen-
dent de se pencher aux fenêtres, de jouer avec
le feu et de taquiner les chevaux, les boeufs et
tous les animaux très forts.
La mer recèle pour nous des trésors; elle est
le seul chemin que nous ayons à notre disposi-
tion pour communiquer avec des pays immenses ;
elle est, enfin, une perle de beauté; c'est à ces
différents titres qu'on devrait la faire envisager
dans les écoles. Or c'est le contraire qui ar-
rive; les livres en vers ou en prose sont enva-
his par a. la Veuve du pêcheur », par « les
Orphelins du matelot », par « les Épaves du
naufrage ». De la vie saine et forte que l'on
passe sur la grande enchanteresse, on ne dit
presque rien. Il me semble que c'est une regret-
table lacune.
III
Racontons une histoire.
Un samedi, deux amis, Charles et Paul, non
pas des enfants, mais des hommes, avaient pro-
jeté de faire le lendemain une promenade en
mer avec des cousins et des cousines, et d'aller
manger de la bouillabaisse dans un petit port
voisin. Il faut vous dire que ces personnes étaient
à Marseille et qu'à Marseille tout le monde
aime bien aller sur l'eau. Tout le monde aussi
aime la bouillabaisse (une sorte de soupe aux
poissons). -: "
«C'est entendu, avait dit Paul; mais à une con-
dition, c'est que le mistral ne se lèvera pas avant
nous.»
Le mistral, c'est un vent qui souffle du nord,
qui est très froid et qui, très souvent, devient
furieux.
« Très bien! » avait répondu Charles.
Or, le dimanche matin, tout le monde étant,
réuni sur le port, le mistral se mit aussi de la
partie. Tous les invités se regardèrent d'un air
anxieux. On s'interrogea, on discuta : les uns
voulaient partir, les autres préféraient rester. Le
capitaine du petit bateau à vapeur dit : « Nous
serons secoues,je vous en avertis; mais j'espère
qu'il n'y aura pas de danger». Ceux niai étaient
vraiement courageux entrèrent dans le bateau;
les autres les suivirent, de erainte que l'on ne se
moquât d'eux, et l'on partit.
En sortant du port, le petit bateau fut pris par
un coup de vent qui jeta tout le monde par
terre, sur le pont.
Le capitaine hocha la tête, s Le mistral est
plus méchant que je ne le pensais, dit-il, et le
voyage sera rude ; nous boirons peut-être beau-
coup d'eau salée avant de manger notre bouilla-
baisse. »
Les figures s'allongèrent; les jeunes filles
s'accrochaient à leurs parents,les hommes s'ac-
crochaient aux cordages.
1 c 11 est encore temps de rentrer au port,
reprit le capitaine.
' — Oh! rentrons, s'écrièrent quelques-uns.
•— Non! non! » s'écrièrent quelques autres.
' Le capitaine contenta tout le monde en rame-
1 nant à terre ceux qui désiraient se mettre à
l'abri et en gardant avec lui ceux qui voulaient
? continuer leur route.
[ Charles et Paul restèrent avec lui.
". Mais le mistral, de plus en plus furieux, fit
chavirer le bateau, malgré l'habileté du capi-
. laine, et Charles et Paul tombèrent à l'eau.
Ils se seraient sûrement noyés, n'étant pas
' très bons nageurs, sans le courage et le dévoue-
' ment des trois hommes qui ont sauté dans le
s canot.
r PAULINE KERGOMARD.
TRAVAUX MANUELS
FANTAISIE
le nid.
Les enfants doivent respecter les nids. Que
diraient-ils si on les séparait pour toujours
de leur maman et de leur papa?
Mais, pour qu'ils n'aient pas la tentation d'en
détruire, pour qu'ils voient comment ils sont,
nous allons leur apprendre à faire comme les
petits oiseaux, à en construire de charmants.
Prenez trois petites baguettes de 20 centi-
mètres environ, attachez-les ensemble à 4 centi-
331
Alors ils "ont sauté dans un canot. Tout le
monde disait : «Vous êtes fous! vous allez vous
noyer ! » Ils n'ont écouté personne, et ils ont eu
le bonheur d'arriver auprès des naufragés. -Les
naufragés vont saisir la corde. Ils seront sa-uvés.
II
La mer pendant la tempête est effrayante ;
cependant il serait regrettable de provoquer à
ce sujet la terreur dans l'âme des enfants; les
enfants des départements riverains de la mer jj
sont, en grande majorité, fils de marins; la plu-
part seront marins; ils feront en tout cas leur
service dans l'infanterie de marine; il faut sus- s
citer, puis exciter leur courage, au lieu de J
l'étouffer ou de l'inquiéter. ^
D'autre part, tous les autres enfants seraient ,
privés d'un des éléments poétiques les plus
passionnants s'ils se figuraient la mer comme
une implacable ennemie. Certes les tempêtes .
sont affreuses, mais le beau temps est exquis. .
Certes on est en danger sur la mer pendant la
tempête; mais le courage et l'intelligence de
l'homme sont très souvent plus forts que la
tempête. Sur un bateau bien construit, avec des
hommes habiles dans leur métier et courageux,
on a beaucoup de chances d'arriver au port. La
mer, quand il s'agit de voyages, n'est pas plus
dangereuse que la terre.
Pourquoi donc les mamans défendent-elles
toujours aux enfants de s'approcher de l'eau?
Elles le leur défendent, parce que l'on s'y noie
quand on ne sait pas nager. Pourquoi leur
défendent-elles de monter tout seuls dans les
bateaux? C'est qu'un bateau est très difficile à
diriger, il faut avoir appris.
Les parents défendent aux enfants de monter
seuls dans les bateaux comme ils leur défen-
dent de se pencher aux fenêtres, de jouer avec
le feu et de taquiner les chevaux, les boeufs et
tous les animaux très forts.
La mer recèle pour nous des trésors; elle est
le seul chemin que nous ayons à notre disposi-
tion pour communiquer avec des pays immenses ;
elle est, enfin, une perle de beauté; c'est à ces
différents titres qu'on devrait la faire envisager
dans les écoles. Or c'est le contraire qui ar-
rive; les livres en vers ou en prose sont enva-
his par a. la Veuve du pêcheur », par « les
Orphelins du matelot », par « les Épaves du
naufrage ». De la vie saine et forte que l'on
passe sur la grande enchanteresse, on ne dit
presque rien. Il me semble que c'est une regret-
table lacune.
III
Racontons une histoire.
Un samedi, deux amis, Charles et Paul, non
pas des enfants, mais des hommes, avaient pro-
jeté de faire le lendemain une promenade en
mer avec des cousins et des cousines, et d'aller
manger de la bouillabaisse dans un petit port
voisin. Il faut vous dire que ces personnes étaient
à Marseille et qu'à Marseille tout le monde
aime bien aller sur l'eau. Tout le monde aussi
aime la bouillabaisse (une sorte de soupe aux
poissons). -: "
«C'est entendu, avait dit Paul; mais à une con-
dition, c'est que le mistral ne se lèvera pas avant
nous.»
Le mistral, c'est un vent qui souffle du nord,
qui est très froid et qui, très souvent, devient
furieux.
« Très bien! » avait répondu Charles.
Or, le dimanche matin, tout le monde étant,
réuni sur le port, le mistral se mit aussi de la
partie. Tous les invités se regardèrent d'un air
anxieux. On s'interrogea, on discuta : les uns
voulaient partir, les autres préféraient rester. Le
capitaine du petit bateau à vapeur dit : « Nous
serons secoues,je vous en avertis; mais j'espère
qu'il n'y aura pas de danger». Ceux niai étaient
vraiement courageux entrèrent dans le bateau;
les autres les suivirent, de erainte que l'on ne se
moquât d'eux, et l'on partit.
En sortant du port, le petit bateau fut pris par
un coup de vent qui jeta tout le monde par
terre, sur le pont.
Le capitaine hocha la tête, s Le mistral est
plus méchant que je ne le pensais, dit-il, et le
voyage sera rude ; nous boirons peut-être beau-
coup d'eau salée avant de manger notre bouilla-
baisse. »
Les figures s'allongèrent; les jeunes filles
s'accrochaient à leurs parents,les hommes s'ac-
crochaient aux cordages.
1 c 11 est encore temps de rentrer au port,
reprit le capitaine.
' — Oh! rentrons, s'écrièrent quelques-uns.
•— Non! non! » s'écrièrent quelques autres.
' Le capitaine contenta tout le monde en rame-
1 nant à terre ceux qui désiraient se mettre à
l'abri et en gardant avec lui ceux qui voulaient
? continuer leur route.
[ Charles et Paul restèrent avec lui.
". Mais le mistral, de plus en plus furieux, fit
chavirer le bateau, malgré l'habileté du capi-
. laine, et Charles et Paul tombèrent à l'eau.
Ils se seraient sûrement noyés, n'étant pas
' très bons nageurs, sans le courage et le dévoue-
' ment des trois hommes qui ont sauté dans le
s canot.
r PAULINE KERGOMARD.
TRAVAUX MANUELS
FANTAISIE
le nid.
Les enfants doivent respecter les nids. Que
diraient-ils si on les séparait pour toujours
de leur maman et de leur papa?
Mais, pour qu'ils n'aient pas la tentation d'en
détruire, pour qu'ils voient comment ils sont,
nous allons leur apprendre à faire comme les
petits oiseaux, à en construire de charmants.
Prenez trois petites baguettes de 20 centi-
mètres environ, attachez-les ensemble à 4 centi-
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 96.56%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 96.56%.
- Auteurs similaires Cochin Jean Denis Marie Cochin Jean Denis Marie /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Cochin Jean Denis Marie" or dc.contributor adj "Cochin Jean Denis Marie")Manuel des salles d'asile, par J.-D.-M. Cochin,... 3e édition mise en harmonie avec la législation actuelle, et comprenant... 1°un appendice où sont traitées les principales questions qui se rapportent aux salles d'asile ; 2°le texte des dispositions législatives, arrêtés ministériels et circulaires qui régissent ces établissements. (Publié par Mme Jules Mallet.) /ark:/12148/bpt6k1912402f.highres Au Roi, en son Conseil d'Etat. Mémoire ampliatif pour les sieurs Vincent-Marie Roumieu-Monpriest et Riant frères et compagnie, en annulation d'une décision du ministre de la guerre, en date du 11 juin 1825 / [Signé : Cochin, avocat...] /ark:/12148/bpt6k3277688.highresBattelle Battelle /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Battelle" or dc.contributor adj "Battelle") Hachette Louis Hachette Louis /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Hachette Louis" or dc.contributor adj "Hachette Louis")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 11/16
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k5607707x/f11.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k5607707x/f11.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k5607707x/f11.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k5607707x/f11.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k5607707x
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k5607707x
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k5607707x/f11.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest