ai.
Le Petit Parisien
PAMS, ? Mars
une photographie de Pierre Petit, comme
du "reste- êeux des autres reine-, habite
place de la Corderie, il deux pns dé là
'elle est prête il l'heure fixée et c'est au
inilieu des acclamations de tous qu'elle tra-
verse le vieux marché où depuis treize ans
elle est employée, nù sa mère le fut avant
elle.
Déjà les deux superbes chars sont la.
Mme Berthe Roche prend place sur le sien,
avec ses quatre demoiselles d'honneur. Le
cortège se forme rapidement et s'ébranle.
La promenade triomphale commence au tra-
vers du Marais, le vieux et paisible quar-
tier où s'exercent tant de ces petites indus-
tries qui font la gloire et la fortune de
Pari?:
A I Hôtel du « Petit Parisien »
Il est près de midi lorsque, après bien des
détours et des arrêtes, la tête du cortège dé-
bouche me d'Ënghicn.
Un service établi par M. Jean,
officier de paix du dixième arrondissement,
maintient depuis plus d'une heure, aux
abords de l'hôtel, une foule impatiente, dé-
sireuse d'applaudir la gracieuse Reine des
reines et sa suite.
Chemin faisant le cortège s'est grossi. Le
marché Lenair, le marche Saint-Germain,
les Halles se sont maintenant joints an
Temple. La circulation des voitures et des
omnibus est interrompue dans la rue qui
présente une animation extraordinaire. Las
aubades se succèdent au grand plaisir des
On applaudit du haut des fenêtres; les
eurieux acclament Mme Roche et ses aima-
bles co&sines, qui veulent bien accepter no-
tre invitation et descendent de leur char
pour venir sabler une coupe de Nloniebello
En on instant, le personnel de l'imprimerie
du Petit Parisien abandonne ses ateliers
car, hélas! ce n'est pas fête pour tout le
monde et fait aux aimables souveraines la
plus- spontané des ovations.
Des gerbes de fleurs sont offertes aux élues
qui, ea réponse1 aux toasts de bienvenue,
lèvent leurs verres à la prospérité de notre
journal, dont elles se disent de fldèles lec-
tiites. Grand merci, mesdemoiselles! Grâce
à vos concours précieux, à celui de vos élec-
teurs et électrices, le souhait n'est-Il pas en
partie réalisé"?
tne derniàre coupe de Montebello 1
Aux Champs-Elysées
Mais il se fa if. tard, et comme l'exacti-
tude est, d'après un proverbe connu, la
-politesse dès rote. et des reines, il faut
prendre congé, car la route est longue pour
aller aux Champs-Elysées.
Le cortège s'éloigne, tandis que les cu-
rieux acclament une fois encore les ma-
jestés, toutes rosés et toutes souriantes,
mais point gênées en leurs lourds et pré-
cieux ajustements.
Ouf! on respire un peu maintenant.
Quelle belle journée! Comme il fait doux
sur cette magnifique place de la Concorde
Tandis que les chevaux souillent, on
prend en hâte une légère collation.
Chars tt landaus sont truqués comme le
Csrro*«e de Roxane, au siège d'ArrM, dans
Cytano: petits pains fourrés, sandwichs, gâ-
teaux, notés, bouteilles de v.in, voire même
de café, sortent comme par enchantement
de dessous les banquettes. On fraternise au
milieu des lazzis de la foule, ¡très amusée du
pittoresque spectacle.
Sur l'avenue des Cîiamps-'Ëlysées et aux
abords de l'Elysée, rn importante service
d'ordre assure la libre circulation des
chaussées. M. Lépine, préfet de police, et
Il. Touny, directeur de la police munici-
pale, donnent leurs dernières instructions
aux officiers de paix.
Les minutes s'écoulent avec une telle ra-
pidité. que le classement des chars n'est
pas encore achevé alors que l'heure du
départ sonne. Le comité des halles et mar-
chés réclame quelque répit.
Mais qu'on se hâte, dit M. Lépine,
Car les Parisiens attendent sur les boule-
yards.
Enfin, tout est paré. La, cavalcade se met
,en marche, laisson»-la défiler et jetons un
(coup d'oail sur son ensemble, fort gai
l'asU, très vivant.
SUR LA RIVE DROITE
Précédée de sa vieille bannière, la Pe-
naissance des Haklas ouvre la marche. Ca-
valiers et musiciens font escorte à un char
de la Réclame américaine, puis viennent dix
aandaus qui précèdent un magnifique car-
rosse, conduit à grandes guides par un
écuyer jadis fort applaudi à l'Hippodrome.
Deux laquais perruque poudrée occupent le
siège d'arrière. Dans le carrosse, en un su-
perbe costame Louis XIV, se tient Mlle
Berthe Fessier, accompagnée de son roi,
M. Albert Gerbaux, et de Mlle Alice Ré-
mond, une élégante et très jeunette demoi-
selle d'honneur.
Bravo Mme Marrsot, la dévouée prési-
dente de la Renaissance des Halles, orga-
nisatrice éclairée, sa dérobe modestement
aux applaudissements, mais elle parait sa-
tisfaite de son œuvra.
Place la rein!' Voici le char de Mme
Berthe Roche, triomphe du modern-style,
sobre et tourmenté., aux tonalités claires, où
domine le violet parme.
La Reine des reines est vêtue d'un su-
perbe costume de satin blanc pailleté acier
et vieil or, rehaussé de broderies d'or et ve-
jours parme. Au corsage et sur le tablier de
la jupe, des marguerites.
Un manteau de velours dégradé rose et
t'Vert nil, doublé de satin blanc, couvre les
épaules de Mme Berthe Roche qui pour coif-
fure porte le diadème, insigne de son éphé-
mère royauté. Quelques fleurs sont piquées
dons l'opulente chevelure de la souveraine.
Les toilettes des quatre demoiselles d'hon-
neur sont identiques de style et de forme
seules les teintes diffèrent blanche, pour
Mlle Bernard parme, pour Mite Marthe Gi-
rault mse, pour M1le Louise Stock, et
bleue pour Mlle Louise Millenhoch. Très
élégantes toutes quatre et très agréables à
regarder.
Le Temple a. un second char celui de la
Repopulation. Dans quatre bosquets flenris,
un groupe d'amoureux Pierrot et sa Pier-
rette, Toto et sa bonne, Pitou et sa nounou,
Gontran et sa cocotte.
Dominant le tout, abritée par un ve-
lours de satin bleu, une bercelonnette dans
laquelle un judi bébé rose joue avec un poli-
chinelle. Des minois éveillés et roses de
mignons bambins égayent ce char, dont la
conception fait honneur au vice-président
du comité, M. Belloche, et à ses fidèles
Compagnons, Mme Jaeger et M. Perrin.
Le marche Saint-Germain a, cette année,
sacrifié à l'actualité et présente un « diri-
geable au long cours, dans la nacelle du-
quel s'en donnent à coeur joie quelques tur-
bulents voyageurs de toutes nationalités.
Un orchestre triomphe bruyamfnent dans
le char de la Bonne Musique, une tentai»»
dont les motifs ornementaux sont emprun-
tés a l'art ;-acré.
Mlle Suzanne Girault, une jolie souve-
raine, partage son landau avec M. Alain,
son roi, et Mite Hélène Dubois, sa demoiselle
d'honneur.
Le dernier groupe est constitué par le
marché Lenoir, dont le char de la Lune ne
manque pas d'une réelle originalité mais,
ainsi que tes autres souveraines, Mlle Fran-
çoise Josserand occupe un modeste landau.
Son roi, M. Mouquiez, et Mlle Marie Fou-
gerolles, demoiselle d'honneur, l'accompa-
gnent..
Brochant sur le tout, dés musiques, fan-
fares, trompettes, qui font le plus joyeux et
le plus fantaisiste bacçanal, en dépit des
empêcheurs de souffler en rond.
Ne paraîtrait-il point, en effet, qne nous
avons failli avoir des cavalcades sans mu-
sique en raison d'une prétention, émise un
peu tardivement par la Société des auteurs
et éditeurs de musique, laquelle faisait,
avant-hier soir, défense formelle d'exécuter
quelque œuvre que ce soit sur la voiu pu-
blique sans avoir acquitté un droit flxe de
francs.
Le comité des fêtes a cm devoir passer
outre. Les éditeurs vont-ils envoyer du
papier timbré ? le fait serait nouveau. Espé-
rons que les braves gens dont nous expo-
sons et plaidons ici la cause n'auront pas
d'ultimes ennuis et que la « Société » re-
viendra à de meilleurs sentiments.
A l'Elysée
II est tout près de trois heures quand le
cortège de la Reine des reines arrive devant
le palais présidentiel.
Depuis longtemps les curieux, ne pouvant
stationner, trompent leur attente en faisant
les mille pas sur les trottoirs ou ils se mi-
traillent gaiement coups de confetti sous les
yeux amusés des gardiens do la paix.
Le Président de la République, il Tune des
fenêtres du palais qui s'ouvrent sur l'ave-
nue de Marigny, regarde en souriant le défilv
des chars, le tohu-bohu joyeux dos masques,
les musiciens eostumés qui soufflent de bon
cœur dans leurs instruments.
La Reine des reines arrive à son tour. Elle
salue en passant le chef de l'Etat et Mme
Emile Loubet, qui gracieusement lui rendent
son salut.
La foule acclame chaleureusement le Prési-
dent de la République, qui de sa fenêtre salue
et s'incline à plusieurs reprises.
Mais le char de la reine s'arrête devant la
grande porte de l'Elysée. Mme Berthe Roche
descend de son trône, suivie de ses demoi-
selles d'honneur et accompagnée du roi de la
mi-carême.
Sa Majesté carnavalesque est reçue à la
porte du palais par le commandant Fraisée et
le colonel Silvestre, qui la saluent au nom
du Président de la Répu6lique.
Elle est ainsi conduite dans le salon des
ambassadeurs où MM. Abel Combarieu et le
général Dubois, secrétaires généraux, civil
et militaire, de la Présidence, l'attendent,
ainsi que M. Henri Poulet et les membres de
la maison civile.
Après avoir lu, fort gentiment, un petit
speech de gratitude, Mme Berthe Roche n re-
mis un placet à M. Combarieu, puis elle a
reçu, des mains du général Dubois, un écrin
de basane antique jaspée, frappée aux ini-
tiales B. R. et contenant une fort iolie broche
ciselée, en or vert et enrichie de brillants.
Très heureuse, la Reine des reines a remer-
cié avec émotion M. Abel Combarieu, puis
elle regagné son char et le cortège s'est de
nouveau mis en marche dans la direction des
grands boulevards.
De la fi?!ad©l©ine
à la Place de la République
La foule ittend depuis midi. Des trot-
toir;, elle a. débordé, conquérante, sur les
chaussées. Que faire en attendant On dé-
valise les petits marchands de confetti, et
l'on organise une bataille rangée; on se
bombarde à bout portant. Mais au loin re-
tentissent des appels de trompettes. C'est la
trêve momentanée. Voici la Reine des
reines
Tant bien què mal, les agents parvien-
nent à dégager une partie de la chaussée et
tracent un chemin dans cette mer humaine.
«Vive la reine! Vivent les marchés!»
a Vive la classe répond un joyeux piou-
piou.
Et l'on rit, et l'on applaudit, et les con-
fetti d'entrer en danse Lentement, avec
mille précautions pour éviter des accidents
toujours à craindre dans une pareille cohue,
le cortège s'avance, faisant des arrêts for-
cés et perdant du temps sur l'horaire fixé,
au grand désespoir de M. Lépine qui sur-
veille constamment la route à suivre.
Au carrefour Drouot, un cheval attelé en
flèche rue et rompt deux palonniers, et voilà
le char de la Réclame américaine menacé
de rester en panne. Enfin on peut démarrer
et reprendre rang dans le cortège, qui a
continué son chemin. Que de monde sur les
deux rampes du boulevard Saint-Martin
Les arbres eux-mêmes sont surchargés de
grappes humaines, au risque de faire des
chutes effroyables.
Place de la République! La cavalcade
tourne à droite et descend par la rue du
Temple, la rue de Turbigo jusqu'au bould-
vard Sébastopol. La foule est là, aussi com-
pacte que sur le boulevard du Palais, où
le cortège fait halte, devant la préfecture
de police.
Ces dames descendent et vont rendre vi-
site au préfet de police et il. Mme Lépine
qui, toujours avec la même amabilité, leur
font les honneurs de l'hôtel.
On grignote quelques gâteaux, on vide
quelques coupes de champagne. Qn échange
plusieurs toasts et l'on prend congé, non
sans avoir offert il. Mme Lépine, très 1.ou-
chée de cette délicate attention, une gerbe
Il se fait tard et la Reine des reines est
encore attendue à l'Hôtel de Ville, où une
réception est préparée dans la salle des Préf
vôts.
MM. Duval Arnould et de Selves font
les honneurs.
Les édiles ont largement fait les choses
et le lunch offert est le bienvenu, car les
estomacs sont creux.
On échange de nouveaux compliments;
des vœux de toutes sortes, et la Reine des
reines, lestée d'une nouvelle gerbe aux
couleurs de la Ville, remonte sur son char.
Mais c'est la fin du triomphe public.
Le soir, elle a présidé un amical banquet
suivi de bal, chez Bonvalet c'est le dernier
acte de sa royauté.
Le marché Saint-Germain a donné son
banquet dans les salons Corazza, au Palais-
Dans l'après-midf, nons avons reçu, au
Petit Parisiens, la visite de nombreux amis.
Ce sont tout d'abord le lavoir des Fleurs et
celui de la rue de Nantes, dont les rois et
reines nous ont été présent par SfcBrard,
conseiller municipal.
Quelques bouteilles Montebello ont ot<>
débouchées et dfs toasts échangés.
En prenant etogé, lés élus des deuxl&voirs
rioüa ont reraï» une somme de i2 fr. 50 que
nous ferons suivant le désir exprimât jarve-
nlr au Sou des BoërS*
Une autre somme de 10 francs nous a été
également versée par Mme Aline Grati» et
'Jules Huez» la reine et le roi du ravoir
Sainte-Gencviève, (lui ont bien voulu faire
le voyage de la place Hébert, à Montmartre,
jusqu'à la rue d'Engitien, pour nous apporter'
leur obole.
Un mot encore pour remercier Mlle Suzanne,
Girault, la reine du marché Saint-Germain, et
son roi, M. Henri Allain, qui. nous oot crié de
remettre èri leur nom uae somme de 10 francs,
à la famille Chèze si douloureusement éprou-
vée par la mort affreuse de leur pstlte Atigèle.
Les Parisiens, nous n'éfi avions jamais douté/
ont le cœur tendrc et généreux nulle souf-
france, nulle misère ne les laisse Indifférents
le plaisir même ne saurait les leur faire ou-
blier. Encore une tois, merci 1
SUR LA RIVE GAUCHE
Si la ligne des boulevards forme la vérita-
ble artère de Paris où, les jours de fêtes, se
portent de préférence les promeneurs, il
n'est certes pas de coin plus animé, plus
bruyant et plus pittoresque aussi que le
quartier Latin. C'est peut-être l'endroit où
Ion s'amuse encore franchement, avec cette
liberté d'allures et cette insouciance que
donne la jeunesse et on peut dire que l'ini-
tiative apportée par les étudiants dans les
attractions populaires, quelles qu'elles aoient,
a toujours contribué à en rehausser l'éclat.
Leur comité, formé de MM. Michel Gaubil,
président Gneton Bairet et Pierre Le Bozee,
vice-présidents André Le et Guimard,
s'était empressé de répondre à l'appel des or-
ganisateurs de la cavalcade de la rive gauche,
dont le président, M. Henry Leroy, et ses col-
laborateurs, MM. Janin, Roussel. 3éguin,
Allric et Girardot, méritent do sincères com-
pliments. Car, malgré les difflcultés de toutes
sortes qu'il leur a fallu surmonter, ils ont
vu, hier, la réussite complète de la fête qu'ils
avaient organieée, et à
la fin de la journée ils
ont pu se dire avec un
légitime orgueil qu'ils
n'avaient rien :4 envier
à leurs collègues de la
rive droite.
Tout comme elle, ils
ont voulu que la rive
gauche ait' aussi sa
Heine des reines dans
la personne charmante
de Mlle Lucie Le Péru,
une jeune et jolie blan-
chisseuse, brunette de
vingt ans aux yeux
noirs et au visage sou-
riant. Elle a été nonr-
mée, ûOiciellement ,ïo-
connue, et sa royauté
éphémère n'est pas
moins haute que celle de fia cousine du dé-
partement voisin.
Le Départ de la Reine
Devant le numéro 142 de la rue du Bac,
trois landaus viennent de s'arrêter en même
temps que, d'une horloge voisine, le marteau
résonne, à petits coups répétés, dix fois de
suite sur l'airain. Lei messieurs en habits,
cravatés de blanc, en descendent ce sont le
président et les membres du comité de la
rive gauche qui viennent chercher leur reine.
Une agrafe est encore à mettre Ici, un petit
point faire là, mais en souveraine qui con-
naît les usages protocolaires, Mlle Lucie Le
Péru est presque l'heure, et, un quart
d'heure s'est à peine passé quand, au bras du
présiderit, M. Henry Leroy, la reine de la rive
gauche monte dans le landau qui la con-
duit directement à l'avenue Lowendal. C'est
là, en effet, que rendez-vous a été pris la
veille entre les figurants et personnages du
défilé, pour la formation du cortège.
A l'arrivée des landaus, les membres du
comité des étudiants, auxquels se sont joints
MM. Léveque, Richard et Yves Le Bozec, qui
depuis huit heures du matin surveillent les
préparatifs du cortège, vont à la rencontre de
la reino.
Après lut avoir adressé les compliments et
les félicitations des étudiants, M. Michel Gau-
bil remet à Mlle Lucie Le Péru un écrin en-
fermant un fort beau nécessaire de toilette
en argent, sur le couvercle duquel sont écrits
ces quelques mots Le Comité des Etudiants
à leur Reine des reines! Mi-Carême, 6 mars
1902. »
Chez la Président de la Chambre
Pendant que de toutes parts, droite, i1
gauche, ici et là, les hommes et les femmes
vont, viennent, se pressent, se bousculent,
courent au milieu des chants, des appels, des
cris et des éclats de rire. la Reine des reines
de la rive gauche remonte en voiture accom-
pagnée dos deux présidents^et des membres
des comités et, suivie des membres organi-
sateurs, se rend h l'hôtel de M. Deschanel,
où l'accompagnent les rois et reines du mar-
ché des Carmes et du lavoir Sainte-Louise.
Le président de la Chambre des députés,
à l'issue de la séance tenue le matin, a reçu
la reine dans un des salons du rez-de-
chaussée.
Après lui avoir adressé une allocution spi-
rituelle et pleine d'humour, M. Deschanel a
prié la gentille souveraine d'accepter le sou-
venir qu'il lui a réservé un superbe bracelet
gourmette en or, puis s'est retiré en lui ex-
primant ses voeux et ses compliments.
Une gerbe de fleurs est alors offerte par les
visiteurs à Mme Paul Deschanel, présente à
cette réception.
Cette visite officielle terminée, la reine,
toute joyeuse, remonte en landau et rejoint
rapidement le flot mouvant des ligurants et
le personnel des chars.
Il est alors une henre; heure convenue pour
le dénart. Maintenait tmit le monde est son
poste. Hommes et femmes ont pris position
dans les différents chars qui leur étaient ré-
servés. Les costumes aux tons éclatants scin-
tillent sous les rayons du soleil. Les casques
lancent des feux qui éblouissent les regards
les paillettes prennent des tons variés a l'in-
ftni le pittoresque des uniformes ressort
dans la lumière, et, quand le signal du dé-
part est donné, une longue acclamation en-
thousiaste salue les premiers cavaliers.
Le Cortège
1'n peloton de gardes municipaux à cheval
ouvre le cortège. Derrière lui, une jurande
distanee, caracole un piqueur portant un
splendide costume tout chamarré d'or. Le
tricorne Louis XV s'enfonce sur une perruque
poudrée- et il porte à la main un bâton de
commandement dont il se servira de temps
en temps, comme les sergents de ville de
leurs hâtons blancs, pour arrêter la marchr.
Le souvenir du fameux Montjàrret est encore
présent à toutes lee mémoires, et ce nom a
été répété et crié tant de fois aux oreilles de
ce brave garçon qu'il a dû se demander, le
soir, si vraiment il ne s'appelait pas ainsi.
Sur un rang, sonnant de la trompe, mar-
chent ensuite huit cavaliers costumés en hus-
sards du premier empire.
Derrière eux viennent dans des landau*
les membres des comités, que suivent im-
médiatement les chars.
Le premier, que précèdent des musiciens
revêtus de l'uniforme russe de Préobra-
jensld, est celui des Enfants du plaisir du
marché des Carmes. Ce sont eux qui ont
organisé toute la cavalcade. La plate-forme
surmontée d'un vélum sur laquelle se tient
nent nssis Mlle Louise Jumel et son roi. M.
Jean Ursin, est joliment décorée dans le style
Louis XV. Guirlandes Pt. nœuds courent sur
les côtés et les personnages qui autour éere-
nent des pétales de fleura sur léur passage
portent tous l'habit àla française avec le jabot
de dentellëa,
Ce costume du dix-huitième siècle dont l'é-
légance et là' grâce sont incomparables quand
il est bien.porté, dominera tons les autres.
car la plupart des ti?uraius l'ont adopté. Les
femmes les ont imité», et le corsage pointe
et la rohjk ailiers priment toutes les autres
toilettes.
Le char du lavoir Sainte-Louise suit imme-
diatement. La forme, plus sévère nécessaire-
ment que le précédent, est de style Louis Mil.
Il est attelé de quatre cl îvaux conduits par
des cavaliers. Sous un dôme écarlate siègent
la reine, Mlle Marie Dutruge, assistée de son
roi, M. Frédéric Vuaillat.
Vingt cyclistes costumés en Scapin suivent
dans un ordre parfait. ils font partie du Cycle
amical de la Sorbonne.
Le char du Jardin des Plantes obtient un
vif succès cette grande cage roulante, sur-
montée d'un léycr monticule représentant le
labyrinthe, enferme six animaux sauvages
avec leur dompteur. Un singe né malin
s'accroche à l'avant et fait des grimaces aux
fauves et au belluaire qui lui lancent force
coups de pattes et de fouet sans pouvoir ja-
mais l'attraper. C'est un succès de fou rire.
Le char de la Musique, sur lequel la fanfare
des Gobelins joue saus relâche marches, pas
redoublés et polkas, a trouvé une originale
décoration,
Mais des cris éclatent de tous côtés, eris
d'admiration, d'enthoustasme et de surprise.
Les grappes humaines qui s'accrochent aux
fenêtres, sur les toitu, les curieux qui sont
massés sur les trottoirs, tendent le cou pour
mieux voir.
Un piqueur cheval, le manteau vénitien
rejeté sur l'épaule, annonce la Heine des rei-
nes. Il précède six gardes à cheval en cos-
tumes historiques de diiit-rantes époques et
vingt trompettes.
Enfin, le voici qui s'avance avec une ma-
jestueuse lenteur.
Le Char royal
Une vaste plate-forme sur laquelle s'éta-
frent des gradins aboutissant au trône de la
Reine des retnes.
La décoration a été particulièrement roî-
nnée. Les bas côtés sont largement décorés
de sujets Louis XV, encadrés de guirlandes
qui courent autour et forment pour chacun
d'eux un petit médaillon.
Mile Le Péril, entourée de Mlles Marguerite
Raze, Léa Tabfiry, Jeanne collet et Euphrasie
Bartholomé, est assise sous un vaste dais bleu
de roi rehaussé de hauts panaches. La reine
porte une magnifique robe en faille blanche sur
laquelle ont été jetés ça et là avec un art
exquis de jolies petits bouquets Pompadour.
Le corsage est légèrement décolleté en carré
et la jupe qui le termine est encadrée des
paniers Louis XV.
Pages, écuyers et seigneurs suivent et for-
ment une escorte d'honneur.
Les Etudiants
Plus do 135 étudiants ont concouru à la
formalian du cortège. Tous sont vêtus de lon-
gues robes rouges avec l'épitoge, sur laquelle
sont fixées de grandes palmes académiques.
Quatre ânes chevauchés de sonneurs de
cors gigantesques ouvrent la marche et prié-
cèdent la bannière symbolique sur laquelle
est représenté le dragon Fafflat qui, de sa
gueule rouge, semble vouloir happer au pas-
sage la colombe qui guidera le héros.
Suivent un superbe char attelé de quarante
chevaux tenus en main par des piqueurs. Les
muses de la musique et de la peinture trô-
nent au milieu d'une multitude bigarrée.
Il faut citer une idée originale qui obtient
un firrand succès c'est la noce cycliste. Après
les pompiers, gendarmes et gardes cham-
pêtres, voici le marié et la mariée en cos-
tumes villageois. La helle-mère toujours
ridicule et que ne lui fait-on pas, grand
Dieu! est montée califourchon sur un
bourricot lilliputien et ?urv#ille la nourrice
et le nouveau-né, assis sur uu tri-porteur.
C'est une idée heureuse encore, et vrai-
ment originale, de nous avoir donné une
reproduction exacte du Panthéon avec un
sosie tout il. fait frappant de Victor Hugo.
Le poète est assis au milieu du char. De
jeunes filles vêtues de péplums blancs l'en-
tourent.
Clio, l'histoire; Enterpe, la musique; Tha-
lie, la comédie; Melpomène, la tragédie;
Terpsichore, la danse; Erato, l'élégie; Po-
lymnie, la poésie lyrique; Uranie, 1 astrono-
mie, enfin t,alliope, l'éloquence et la poésie
héroïque, toutes sont représentées. Majes-
tueuse, l'image de Victor Hugo semblait pré-
sider, tel Apollon, une réunion des muses
sur les sommets du mont Parnasse, du Pinde
et de l'Hélicon.
Le dieu du Soleil n'avait d'ailleurs pu se
dispenser de paraïtre à cette fête, qu'il enve-
loppait de ses chauds et printaniers rayons.
Après avoir parcouru l'avenue de Lowen-
dal, la rue Cambronnc, la rue Lecourbe, les
boulevards Pasteuret de Vaugirard, la rue de
l'Arrivée, la place de Rennes, les rues d'Odessa
et de la Gaîté, l'avenue du Maine, l'avenue
d'Orléans, la rue Dènfert-Rochereau où, sur
le bord du trottoir, devant la maison des
Enfants-Assistés, se tiennent, sous la garde
de leurs surveillantes, une centaine de pu-
pilles de l'Assistance publique, filles et gar·
cons l'avenue de l'Observatoire et regagné
le boulevard Saint-Michel par le boulevard
de Port-Royal, l'avenue des Gobelins, les
rues Claude-Bernard et Gay-Lussac, le cor-
tège sareète devant l'hôtel de la préfeetnre
où M. et Mme Lépine reçoivent la Reina des
reines qu'ils complimentent et à laquelle ils
portent un toast.
Le cortège se reforme et, longeant le quai
du Marché-Neuf, traverse la place du Parvis-
Notre-Dame, s'engage dans la rue d'Arcole et
arrive place de l'Hôtel-de-Ville. La Reine des
reines de la rive gauche, escortée de ses de-
moiselles d'honneur, descend de son trône et
monte les marches du perron, en haut duquel
l'attendent Sf. de Selves: préfet de la Seine,
et.Autran, secrétaire générai; M. Duval-
Arnouid» entouré des membres du bureau du
eonsellmunii'ipaL
Trois bouquet» de lilas blanc et de Wftèt
soat^olterts il Mlle Lucie Le Péru en l'hônnpur
de laquelle on vide plusieurs coupes de chttm-
pagne. Mlles Louise Jumel et Maria Utttrug*»
les reines du masçfcédes Carmes et du lavoir
Sainte-Louise, qui "franchisent l'une après
l'autre les portes' dU'palais municipaf, puis,
regagnent leurs Chai» qui s'ébranlent aux
accents d'une tnusiqu«,endiablée, pour gagner^
la place Saiut:&ervais''ôù a lieu la dislocation
du cortège.
Apre'ne journée splendide où chacun a
obtenu sa part de succès, tout ce .monde
joyeux se prépare, après la trêve nécessaire
du dîner, à continuer cette fête brillante dont
la réussite a été complète.
La Soirée
A*£'mam* de la dislocation du, cortège,
les deux comités d'organisation des fêtes
de la rive gauche se sont aéparés pour se
rendre, celui des étudiants au café Voltaire,
place de l'Odéon, où les réunissait un ban-
quet fraternel, et celui de la Reine des
reines a la salle de l'Horticulture, rue de
Grenelle où un banquet, auquel prenaient
égalemeût part les reines du marché des
Carmes et du lavoir Sainte-Louise, avait
lieu, à huit heures.
Un bal, des plus animés, a suivi ce ban-
quet, et là, comme chez les étudiants, la
plUR franche gaieté n'a cessé de régner.
Pour finir dignement cette heureuse jour-
née, le comité des étudiants est venu, dans
la soirée, enlever leurs danseurs les
reines de la live gauche pour les conduire
à l'Opéra, où les attendaient leurs cama-
rades.
A une heur* a ou lieu dans le palais de
Charles Garnier, l'entrée sensationnelle de
la Reine des reines, accompagnée de son
éphémère cour, cependant que les étudiants,
formés en cortège, faisaient reten-
tir les voûtes du monument des sons plus
bruyants que mélodieux qu'ils Uraient de
leurs inséparables bigophones.
On s'est amusé ferme toute la nuit et
c'est en se donnant rendes^vous pour l'an
prochain, que s'est faite la séparation.
Au quartier Latin, l'animation a été très
grande pendant, toute la soirée et lea ter-
fassea des calés regorgeaient de consorn-
mateurs.
C'était par endroits une bataille épique
engagée h coups de confetti entre lea pro-
meneurs au milieu desquels déambulaient
des troupes nombreuses de joyeux Costumés,
travestâs et autres déguisés.
Jusqu'à une heure avancée de la nuit, la
circulation a été difficile sur les grandes
voies de la rive gauche; mais, grûce il la
bonne humeur de tous, il n'y a pas eu d'in-
cidents fâcheux signaler.
La souscription recueillie par les étudiants
leur a permis d'affecter le reliquat, soit une
somme de 600 francs, à leur filleule Lucie Ba-
garre et aux pauvres de Paris.
(Lucie Bagarre est cette fillette qui fut
trouvée abandonnée pendant les troubles du
quartier Latin et que les étudiants adoptè-
rent, se chargeant du soin de son éduca-
INFORMATIONS POLITIQUES
Les Indemnité* de Chine
Af. Cailiaux, ministre des Finances, a pré-
sidé hier la première réunion de la commis-
sion chargée de fixer les indemnités allouées
aux victimes des événements de Chine.
Au début de la séance, le ministre des Fi-
nances a prononcé une courte allocution
dans tnquetie, aprus avoir indiqué les con-
ditions dans lesquelles a été préparée et
votée la loi du 7 décembre 1901, il a rappelé
que cette loi avait investi la commission des
pouvoirs les plus étendus ponr examiner le
bien fondé des réclamations dont elle serait
saisie; il a en même temps exprimé le désir
qu'elle pût statuer sur ces demandes dans
le plus bref délai qu'il lui serait possible.
La commission a ensuite procédé ù l'ins-
tallation de son bureau. Flle a élu pour pré-
sident M. Magnin, sénateur, et pour vies-
présidente MM. Georges Cocher»', député,
et Hérault, président de chambre a la cour
des comptes.
Elle a en outre décidé de s'adjoindra, à
titre de rapporteurs, un certain nombre d'au-
diteurs au Conseil d'Etat, de secrétaires
d'ambassade, de consuls, d'inspecteurs des
finances et d'auditeurs ù la cour des comp-
tes, qui seront ultérieurement désignés par
arrêté du ministre des Finances.
La commission a ensuite délibéré sur un
certain nombre de questions se rattachant
a l'ordre et aux formes dans lesquelles il
devra être procédé l'examen et au juge-
ment des icciamalions qui lui seront sou-
mises.
Le Repos hebdomadaire
M. Millerand, ministre du Commerce, a été
entendu hier par la commission du travail
sur le projet relatif au rnpos hebdomadaire.
La commission a décide d'entendre m&rdj
prochain les délégués do l'alimentation, des
étalagistes et des marchands de chaussures.
La commission est disposée à se mettre
d'accord avec le ministre du Commerce sur
les bases présentées pnr celui-ci, afin d'abou-
tir au vote d'une loi sur le repos hebdoma-
daire.
AFFAIRES TURQUES
La Turquie rappclle, une fois de plu?,
sur elle l'aiiontion des nations occidentales.
La Macédoine et l'Albanie, foyers tradi-
tionnels de désordres et oit se heurtent de
multiple.s nationalités, continuent ü être le
théâtre de troubles graves. Hier, on appre-
nait l'assassinat du gouverneur militaire de
la province de Scutari avant-hier, une dé-
pêche conçue en termes laconiques signa-
lait une collision dans le district d'Ipek.
Plus de deux cents victimes seraient les-
t'ées sur le champ de bataille, et les troupes
du sultan n'auraient eu, que très pénible-
ment le dessus.
Ce sont la. des rails graves et qui attes-
tent l'impuissance de l'autorilé dans des
contrées où l'insurrection ferment en per-
manence. Encore ne connaît-on qu'une très
faible partie des incidents qui se déroulent.
presque quotidiennement dans les régions
un peu éloignées du Bosphore-
Mais c'est à Constaulinople mmie que se
produisent le* événements peut-Ctre ici
plus caractéristiques, Abdul-Hauiid, de plus
en plus inquiet au fur et à mesure qùil
avance en age et qu'il sent l'unité de ses
Etats péricliter un peu plus, fait régner
dans sa capitale une terreur sans précé-
dent. Nul n'y est plus en sécurité- Qui-
conque a le malheur de déplaire au corn»
mandeur des croyants ou d'avoir rendu des
services à la Turquie, ou plus simplement
de passer pour un esprit avisé, e*t voué il
la déportation, à la prison perpétuelle, ou
parfois à la mort.
On sait que quelques-uns des plus pro-
ches parents du sultan ont dû se soustrau e
par la tuile aux vengeances impériale*. Des
fonctionnaires intègres et habiles ont été
jetés dans les geôles de Stamboul, parce
que leur probité, même apparaissait comme
une accusation pour d'auUtis. A cette heure,
c'est contre les plus hauts dignitaires que
sévit Abdul-Hamid.
Le général Fuad pacha, l'un des hommes
les plus estimés de ta Turquie moderne,
l'un des plus brillants officiers de 1tJ7S, l'un
des rares conseillers de -la Porte qui aient
réprouvé les Bfttesacres d'Arménie, a été
brutalement transporté en Asie. Sa pr*«
spnee à Conàtoàtinople, bien qu'il n'eùt
jamais comploté, inquiétait le chef de 1'la-
lam. Un yacht iBGpérial l'a conduit à Bey.
fOUth. Le gouvernement de Damas lui.
été aWBfné, mais il n'est pas douteux qu'un
traitement moins doux ne lui eût été rô«
serve si mitre ambassadeur en Turquie,
M. Constant, et son collègue russe n'étaient
jntoi-yenus. Comme Fuad était dignitaire de
la Légion d'hennir et de Saint-André, cette
ingérence était possible. Mais la diplomatie
n'a pas ainsi toujours toutes facilités pour
s'Immiscer dans les affaire intérieures et
la Turquie.
Chafcir pacha vient de subir le même sort
que Fuad pacha. Il semble que le Mitan
veuille se priver de ses meilleurs servi-
teurs, à une heure où la situation de son
empire lui commanderait pourtant plus de.
A L'ETRANGER
BROUILLARDS ET Wmm
Douvres, 6 mari.
Un brouillard intense recouvre la Manche
Les sirènes d'alarme se font entendre uni
interruption.
Lee vapeurs faisant le service avec Calai*;
et Boulogne éprouvent des retards conaidéK
râbles.
Hier soir, pendant un épais brouillard, 16
vapeur [,lister, faisait le service entre Hin$ s-
town et Holyheàd, s'est échoué à un quart da
mille de la jetée. Les passagers et la courrier
ont été débarqués.
L'Ulster a (,t6 romotqtté ce matin dans la
port. Les avaries sont sans importance.
LE PRINCE DE PRISSE Ali tïÂSHSB
Niagara Fans, 6 mars-
Le prince Henri de Prusse s'est rendu voiture sur le versant canadien des chute.»'
du Niagara. Il a été reçu au milieu du pont)
par le major Maude, secrétaire militaire de
lord Minto, gouvemeur général du Canada*
qui lui a souhaité la bienvenue au nom d
ce dernier.
Après avoir contemplé la chute amérw
caine, le prince Henri s est rendu ea voiture
au rocher de la Table d'où l'on aperçoit N
chute du Fer à Cheval, puis au bas de lai
gorge. Il a terminé sa visite par l'inspection^
de l'usine de force motrice électrique.
LA GUERRE AU TEAHSVÂiL
Vlaktaiz, près I-ÎRrrismiUj, -27 février.
Dans la nuit du 25 février, un détacher
ment de Boërs réussit à sortir du cerclaij
formé par les colonnes anglaises, en forçant
la ligne du côté de l'est, perdant 5 tuésy
9 blessés et 2 prisonniers 9CI0 autres Boeï«
avaient déjà traversé la ligne des btocktoaua)
dans la nuit du 21.
D'autre put, ce fut le 27 au matin quai
deux envoyés Boërs se présentèrent pour»
négocier la reddition du commando de J;.u<
Meyer. Les Anglais ne laissèrent aux Boërs
que leurs effets personnels. Ceux-ci étaient!
pour la plupart des Transvaaliens. IL-0
étaient environ C'est du moins le ehif4
fre donné jusqu'ici. j
La capture la plus importante peutôtr»
fut celle de Truter, un des envoya «tentt
l'influence est considérable.
LES PRISONNIERS DE ILEIKSOOfiF
Londres, 6 mars,
Le ministère de la Guerre communiqua*
ce soir aux journaux une note annonçait*
que deux officiers et cent treize hommes (le
la colonne Von Donop capturés a Klerks^
dorp le 23 février par, les Boers ont été fin
QUELQUES CAPTURES
taine HoJgale près de Heijnsdorp, Coopéré
le premier télégraphiste du général Botb.aJ'
se trouve au nombre des prisonniers. Lm
capture s'est opérée pat surprise et saam
combat.
LES PERTES ANGLAISES
Loûtires, 6 mars^
D'après une note publiée ici par le. Wa«
office, le nombre des tués ou morta de ma-
ladie ou de blessures âans l'Afrique du Sud
s'élève, il la fin de février, il, l,0M atûcwçp
et hommes et soos-offlcièr.i.
DISETTE DE VOLONTAIRES
On lit dans la Saint-James Gazelle:
i;0OU volontaires, au lieu de demani
dés pour le sud d el Afriquo, ont répondu
l'appel lancé par le War Office au iiioi&- do
janvier dernier. C'est un échec complet dû
principalement ii la faiJblesse de la ttotde ofc
ferte, soit un shilling il fr. 25) par jour,
La santé du président du Conseil
Voici le texte du bulletin rédiaé à midi pat
les docteur Poirrier et Bafcitisky, à Tissée de
la visite qu'ils ont faite au président du
Coaseil
« Le mieux continue, l'état géaéral est botti
Les plaies contuses du cuir chevelu se net-
toient et commencent à bourgeonner. On est
1 en droit d'espérer que, dans quelques jours,
cites seront suffisamment cicatnsées pour par-
mettre à M. le président du Conseil de sortir.
Les mouvements commencent â ie$£nir
dans l'épattlc. »
La Chambre des représentants américain*
vient d'clre appelée à trancher une question,
d'ordre essentiellement grammatical, qui agi-*
tait l'opinion publique, au pays de l'oncle Saray
depuis bien dans aanceâ et que la controverse
des journaux menaçait d'éterniser, chacun te-
nant pour sa formule et n'en voulant pas dé»
mordre.
Doit-on dire, en effet, Les Etats-Unis sont
un des plus riches pava du monde », par exem-
ple, ou bien, en employant une ellipse assez.
fréquente dans la plupart d&i langues mo-
dernes « Les Etats-Unis est en est Ajs- pb»i
riches pays du monde r ».
En d'autres termes, faut-il se servir du p!o-;
riel ou du singulier quand on parle des Etats-!
Unis d'Amérique comme quand on parle de,,
l'Allemagne, de la France oudu Canada
Pour trancher la difficulté, les Américains;
n'avant pas le bonheur d'avoir une Académie*
pour taire leur dictionnaire, on s'est adresse a
la Chambre des représentants, à Washington,
qui, après une longue discussion et un vote mo-
tivé, a décidé que, désormais, dans tous les'
documents officiels, le nom des Etats-Unis se-'
rait considéré comme un mot collectif, donc
singulier. Singulière syntaxe, n'est-ce pas ?;
A l'une des premières représentations delà
dernière semaine, l'auteur examine soucieuse-'
ment la sortie du public, cherchant soa sort,
dans les impressions de la foule, hélas pas
très enthousiaste.
Un monsieur bouscule même quelques dame.-
dans sa hâte iL s'enfuir.
tal, dit quelqu'un.
Non, repond l'auteur avec un sourire mo-*
lancqlique. Il a peur que ça recommença.
Le Petit Parisien
PAMS, ? Mars
une photographie de Pierre Petit, comme
du "reste- êeux des autres reine-, habite
place de la Corderie, il deux pns dé là
'elle est prête il l'heure fixée et c'est au
inilieu des acclamations de tous qu'elle tra-
verse le vieux marché où depuis treize ans
elle est employée, nù sa mère le fut avant
elle.
Déjà les deux superbes chars sont la.
Mme Berthe Roche prend place sur le sien,
avec ses quatre demoiselles d'honneur. Le
cortège se forme rapidement et s'ébranle.
La promenade triomphale commence au tra-
vers du Marais, le vieux et paisible quar-
tier où s'exercent tant de ces petites indus-
tries qui font la gloire et la fortune de
Pari?:
A I Hôtel du « Petit Parisien »
Il est près de midi lorsque, après bien des
détours et des arrêtes, la tête du cortège dé-
bouche me d'Ënghicn.
Un service établi par M. Jean,
officier de paix du dixième arrondissement,
maintient depuis plus d'une heure, aux
abords de l'hôtel, une foule impatiente, dé-
sireuse d'applaudir la gracieuse Reine des
reines et sa suite.
Chemin faisant le cortège s'est grossi. Le
marché Lenair, le marche Saint-Germain,
les Halles se sont maintenant joints an
Temple. La circulation des voitures et des
omnibus est interrompue dans la rue qui
présente une animation extraordinaire. Las
aubades se succèdent au grand plaisir des
On applaudit du haut des fenêtres; les
eurieux acclament Mme Roche et ses aima-
bles co&sines, qui veulent bien accepter no-
tre invitation et descendent de leur char
pour venir sabler une coupe de Nloniebello
En on instant, le personnel de l'imprimerie
du Petit Parisien abandonne ses ateliers
car, hélas! ce n'est pas fête pour tout le
monde et fait aux aimables souveraines la
plus- spontané des ovations.
Des gerbes de fleurs sont offertes aux élues
qui, ea réponse1 aux toasts de bienvenue,
lèvent leurs verres à la prospérité de notre
journal, dont elles se disent de fldèles lec-
tiites. Grand merci, mesdemoiselles! Grâce
à vos concours précieux, à celui de vos élec-
teurs et électrices, le souhait n'est-Il pas en
partie réalisé"?
tne derniàre coupe de Montebello 1
Aux Champs-Elysées
Mais il se fa if. tard, et comme l'exacti-
tude est, d'après un proverbe connu, la
-politesse dès rote. et des reines, il faut
prendre congé, car la route est longue pour
aller aux Champs-Elysées.
Le cortège s'éloigne, tandis que les cu-
rieux acclament une fois encore les ma-
jestés, toutes rosés et toutes souriantes,
mais point gênées en leurs lourds et pré-
cieux ajustements.
Ouf! on respire un peu maintenant.
Quelle belle journée! Comme il fait doux
sur cette magnifique place de la Concorde
Tandis que les chevaux souillent, on
prend en hâte une légère collation.
Chars tt landaus sont truqués comme le
Csrro*«e de Roxane, au siège d'ArrM, dans
Cytano: petits pains fourrés, sandwichs, gâ-
teaux, notés, bouteilles de v.in, voire même
de café, sortent comme par enchantement
de dessous les banquettes. On fraternise au
milieu des lazzis de la foule, ¡très amusée du
pittoresque spectacle.
Sur l'avenue des Cîiamps-'Ëlysées et aux
abords de l'Elysée, rn importante service
d'ordre assure la libre circulation des
chaussées. M. Lépine, préfet de police, et
Il. Touny, directeur de la police munici-
pale, donnent leurs dernières instructions
aux officiers de paix.
Les minutes s'écoulent avec une telle ra-
pidité. que le classement des chars n'est
pas encore achevé alors que l'heure du
départ sonne. Le comité des halles et mar-
chés réclame quelque répit.
Mais qu'on se hâte, dit M. Lépine,
Car les Parisiens attendent sur les boule-
yards.
Enfin, tout est paré. La, cavalcade se met
,en marche, laisson»-la défiler et jetons un
(coup d'oail sur son ensemble, fort gai
l'asU, très vivant.
SUR LA RIVE DROITE
Précédée de sa vieille bannière, la Pe-
naissance des Haklas ouvre la marche. Ca-
valiers et musiciens font escorte à un char
de la Réclame américaine, puis viennent dix
aandaus qui précèdent un magnifique car-
rosse, conduit à grandes guides par un
écuyer jadis fort applaudi à l'Hippodrome.
Deux laquais perruque poudrée occupent le
siège d'arrière. Dans le carrosse, en un su-
perbe costame Louis XIV, se tient Mlle
Berthe Fessier, accompagnée de son roi,
M. Albert Gerbaux, et de Mlle Alice Ré-
mond, une élégante et très jeunette demoi-
selle d'honneur.
Bravo Mme Marrsot, la dévouée prési-
dente de la Renaissance des Halles, orga-
nisatrice éclairée, sa dérobe modestement
aux applaudissements, mais elle parait sa-
tisfaite de son œuvra.
Place la rein!' Voici le char de Mme
Berthe Roche, triomphe du modern-style,
sobre et tourmenté., aux tonalités claires, où
domine le violet parme.
La Reine des reines est vêtue d'un su-
perbe costume de satin blanc pailleté acier
et vieil or, rehaussé de broderies d'or et ve-
jours parme. Au corsage et sur le tablier de
la jupe, des marguerites.
Un manteau de velours dégradé rose et
t'Vert nil, doublé de satin blanc, couvre les
épaules de Mme Berthe Roche qui pour coif-
fure porte le diadème, insigne de son éphé-
mère royauté. Quelques fleurs sont piquées
dons l'opulente chevelure de la souveraine.
Les toilettes des quatre demoiselles d'hon-
neur sont identiques de style et de forme
seules les teintes diffèrent blanche, pour
Mlle Bernard parme, pour Mite Marthe Gi-
rault mse, pour M1le Louise Stock, et
bleue pour Mlle Louise Millenhoch. Très
élégantes toutes quatre et très agréables à
regarder.
Le Temple a. un second char celui de la
Repopulation. Dans quatre bosquets flenris,
un groupe d'amoureux Pierrot et sa Pier-
rette, Toto et sa bonne, Pitou et sa nounou,
Gontran et sa cocotte.
Dominant le tout, abritée par un ve-
lours de satin bleu, une bercelonnette dans
laquelle un judi bébé rose joue avec un poli-
chinelle. Des minois éveillés et roses de
mignons bambins égayent ce char, dont la
conception fait honneur au vice-président
du comité, M. Belloche, et à ses fidèles
Compagnons, Mme Jaeger et M. Perrin.
Le marche Saint-Germain a, cette année,
sacrifié à l'actualité et présente un « diri-
geable au long cours, dans la nacelle du-
quel s'en donnent à coeur joie quelques tur-
bulents voyageurs de toutes nationalités.
Un orchestre triomphe bruyamfnent dans
le char de la Bonne Musique, une tentai»»
dont les motifs ornementaux sont emprun-
tés a l'art ;-acré.
Mlle Suzanne Girault, une jolie souve-
raine, partage son landau avec M. Alain,
son roi, et Mite Hélène Dubois, sa demoiselle
d'honneur.
Le dernier groupe est constitué par le
marché Lenoir, dont le char de la Lune ne
manque pas d'une réelle originalité mais,
ainsi que tes autres souveraines, Mlle Fran-
çoise Josserand occupe un modeste landau.
Son roi, M. Mouquiez, et Mlle Marie Fou-
gerolles, demoiselle d'honneur, l'accompa-
gnent..
Brochant sur le tout, dés musiques, fan-
fares, trompettes, qui font le plus joyeux et
le plus fantaisiste bacçanal, en dépit des
empêcheurs de souffler en rond.
Ne paraîtrait-il point, en effet, qne nous
avons failli avoir des cavalcades sans mu-
sique en raison d'une prétention, émise un
peu tardivement par la Société des auteurs
et éditeurs de musique, laquelle faisait,
avant-hier soir, défense formelle d'exécuter
quelque œuvre que ce soit sur la voiu pu-
blique sans avoir acquitté un droit flxe de
francs.
Le comité des fêtes a cm devoir passer
outre. Les éditeurs vont-ils envoyer du
papier timbré ? le fait serait nouveau. Espé-
rons que les braves gens dont nous expo-
sons et plaidons ici la cause n'auront pas
d'ultimes ennuis et que la « Société » re-
viendra à de meilleurs sentiments.
A l'Elysée
II est tout près de trois heures quand le
cortège de la Reine des reines arrive devant
le palais présidentiel.
Depuis longtemps les curieux, ne pouvant
stationner, trompent leur attente en faisant
les mille pas sur les trottoirs ou ils se mi-
traillent gaiement coups de confetti sous les
yeux amusés des gardiens do la paix.
Le Président de la République, il Tune des
fenêtres du palais qui s'ouvrent sur l'ave-
nue de Marigny, regarde en souriant le défilv
des chars, le tohu-bohu joyeux dos masques,
les musiciens eostumés qui soufflent de bon
cœur dans leurs instruments.
La Reine des reines arrive à son tour. Elle
salue en passant le chef de l'Etat et Mme
Emile Loubet, qui gracieusement lui rendent
son salut.
La foule acclame chaleureusement le Prési-
dent de la République, qui de sa fenêtre salue
et s'incline à plusieurs reprises.
Mais le char de la reine s'arrête devant la
grande porte de l'Elysée. Mme Berthe Roche
descend de son trône, suivie de ses demoi-
selles d'honneur et accompagnée du roi de la
mi-carême.
Sa Majesté carnavalesque est reçue à la
porte du palais par le commandant Fraisée et
le colonel Silvestre, qui la saluent au nom
du Président de la Répu6lique.
Elle est ainsi conduite dans le salon des
ambassadeurs où MM. Abel Combarieu et le
général Dubois, secrétaires généraux, civil
et militaire, de la Présidence, l'attendent,
ainsi que M. Henri Poulet et les membres de
la maison civile.
Après avoir lu, fort gentiment, un petit
speech de gratitude, Mme Berthe Roche n re-
mis un placet à M. Combarieu, puis elle a
reçu, des mains du général Dubois, un écrin
de basane antique jaspée, frappée aux ini-
tiales B. R. et contenant une fort iolie broche
ciselée, en or vert et enrichie de brillants.
Très heureuse, la Reine des reines a remer-
cié avec émotion M. Abel Combarieu, puis
elle regagné son char et le cortège s'est de
nouveau mis en marche dans la direction des
grands boulevards.
De la fi?!ad©l©ine
à la Place de la République
La foule ittend depuis midi. Des trot-
toir;, elle a. débordé, conquérante, sur les
chaussées. Que faire en attendant On dé-
valise les petits marchands de confetti, et
l'on organise une bataille rangée; on se
bombarde à bout portant. Mais au loin re-
tentissent des appels de trompettes. C'est la
trêve momentanée. Voici la Reine des
reines
Tant bien què mal, les agents parvien-
nent à dégager une partie de la chaussée et
tracent un chemin dans cette mer humaine.
«Vive la reine! Vivent les marchés!»
a Vive la classe répond un joyeux piou-
piou.
Et l'on rit, et l'on applaudit, et les con-
fetti d'entrer en danse Lentement, avec
mille précautions pour éviter des accidents
toujours à craindre dans une pareille cohue,
le cortège s'avance, faisant des arrêts for-
cés et perdant du temps sur l'horaire fixé,
au grand désespoir de M. Lépine qui sur-
veille constamment la route à suivre.
Au carrefour Drouot, un cheval attelé en
flèche rue et rompt deux palonniers, et voilà
le char de la Réclame américaine menacé
de rester en panne. Enfin on peut démarrer
et reprendre rang dans le cortège, qui a
continué son chemin. Que de monde sur les
deux rampes du boulevard Saint-Martin
Les arbres eux-mêmes sont surchargés de
grappes humaines, au risque de faire des
chutes effroyables.
Place de la République! La cavalcade
tourne à droite et descend par la rue du
Temple, la rue de Turbigo jusqu'au bould-
vard Sébastopol. La foule est là, aussi com-
pacte que sur le boulevard du Palais, où
le cortège fait halte, devant la préfecture
de police.
Ces dames descendent et vont rendre vi-
site au préfet de police et il. Mme Lépine
qui, toujours avec la même amabilité, leur
font les honneurs de l'hôtel.
On grignote quelques gâteaux, on vide
quelques coupes de champagne. Qn échange
plusieurs toasts et l'on prend congé, non
sans avoir offert il. Mme Lépine, très 1.ou-
chée de cette délicate attention, une gerbe
Il se fait tard et la Reine des reines est
encore attendue à l'Hôtel de Ville, où une
réception est préparée dans la salle des Préf
vôts.
MM. Duval Arnould et de Selves font
les honneurs.
Les édiles ont largement fait les choses
et le lunch offert est le bienvenu, car les
estomacs sont creux.
On échange de nouveaux compliments;
des vœux de toutes sortes, et la Reine des
reines, lestée d'une nouvelle gerbe aux
couleurs de la Ville, remonte sur son char.
Mais c'est la fin du triomphe public.
Le soir, elle a présidé un amical banquet
suivi de bal, chez Bonvalet c'est le dernier
acte de sa royauté.
Le marché Saint-Germain a donné son
banquet dans les salons Corazza, au Palais-
Dans l'après-midf, nons avons reçu, au
Petit Parisiens, la visite de nombreux amis.
Ce sont tout d'abord le lavoir des Fleurs et
celui de la rue de Nantes, dont les rois et
reines nous ont été présent par SfcBrard,
conseiller municipal.
Quelques bouteilles Montebello ont ot<>
débouchées et dfs toasts échangés.
En prenant etogé, lés élus des deuxl&voirs
rioüa ont reraï» une somme de i2 fr. 50 que
nous ferons suivant le désir exprimât jarve-
nlr au Sou des BoërS*
Une autre somme de 10 francs nous a été
également versée par Mme Aline Grati» et
'Jules Huez» la reine et le roi du ravoir
Sainte-Gencviève, (lui ont bien voulu faire
le voyage de la place Hébert, à Montmartre,
jusqu'à la rue d'Engitien, pour nous apporter'
leur obole.
Un mot encore pour remercier Mlle Suzanne,
Girault, la reine du marché Saint-Germain, et
son roi, M. Henri Allain, qui. nous oot crié de
remettre èri leur nom uae somme de 10 francs,
à la famille Chèze si douloureusement éprou-
vée par la mort affreuse de leur pstlte Atigèle.
Les Parisiens, nous n'éfi avions jamais douté/
ont le cœur tendrc et généreux nulle souf-
france, nulle misère ne les laisse Indifférents
le plaisir même ne saurait les leur faire ou-
blier. Encore une tois, merci 1
SUR LA RIVE GAUCHE
Si la ligne des boulevards forme la vérita-
ble artère de Paris où, les jours de fêtes, se
portent de préférence les promeneurs, il
n'est certes pas de coin plus animé, plus
bruyant et plus pittoresque aussi que le
quartier Latin. C'est peut-être l'endroit où
Ion s'amuse encore franchement, avec cette
liberté d'allures et cette insouciance que
donne la jeunesse et on peut dire que l'ini-
tiative apportée par les étudiants dans les
attractions populaires, quelles qu'elles aoient,
a toujours contribué à en rehausser l'éclat.
Leur comité, formé de MM. Michel Gaubil,
président Gneton Bairet et Pierre Le Bozee,
vice-présidents André Le et Guimard,
s'était empressé de répondre à l'appel des or-
ganisateurs de la cavalcade de la rive gauche,
dont le président, M. Henry Leroy, et ses col-
laborateurs, MM. Janin, Roussel. 3éguin,
Allric et Girardot, méritent do sincères com-
pliments. Car, malgré les difflcultés de toutes
sortes qu'il leur a fallu surmonter, ils ont
vu, hier, la réussite complète de la fête qu'ils
avaient organieée, et à
la fin de la journée ils
ont pu se dire avec un
légitime orgueil qu'ils
n'avaient rien :4 envier
à leurs collègues de la
rive droite.
Tout comme elle, ils
ont voulu que la rive
gauche ait' aussi sa
Heine des reines dans
la personne charmante
de Mlle Lucie Le Péru,
une jeune et jolie blan-
chisseuse, brunette de
vingt ans aux yeux
noirs et au visage sou-
riant. Elle a été nonr-
mée, ûOiciellement ,ïo-
connue, et sa royauté
éphémère n'est pas
moins haute que celle de fia cousine du dé-
partement voisin.
Le Départ de la Reine
Devant le numéro 142 de la rue du Bac,
trois landaus viennent de s'arrêter en même
temps que, d'une horloge voisine, le marteau
résonne, à petits coups répétés, dix fois de
suite sur l'airain. Lei messieurs en habits,
cravatés de blanc, en descendent ce sont le
président et les membres du comité de la
rive gauche qui viennent chercher leur reine.
Une agrafe est encore à mettre Ici, un petit
point faire là, mais en souveraine qui con-
naît les usages protocolaires, Mlle Lucie Le
Péru est presque l'heure, et, un quart
d'heure s'est à peine passé quand, au bras du
présiderit, M. Henry Leroy, la reine de la rive
gauche monte dans le landau qui la con-
duit directement à l'avenue Lowendal. C'est
là, en effet, que rendez-vous a été pris la
veille entre les figurants et personnages du
défilé, pour la formation du cortège.
A l'arrivée des landaus, les membres du
comité des étudiants, auxquels se sont joints
MM. Léveque, Richard et Yves Le Bozec, qui
depuis huit heures du matin surveillent les
préparatifs du cortège, vont à la rencontre de
la reino.
Après lut avoir adressé les compliments et
les félicitations des étudiants, M. Michel Gau-
bil remet à Mlle Lucie Le Péru un écrin en-
fermant un fort beau nécessaire de toilette
en argent, sur le couvercle duquel sont écrits
ces quelques mots Le Comité des Etudiants
à leur Reine des reines! Mi-Carême, 6 mars
1902. »
Chez la Président de la Chambre
Pendant que de toutes parts, droite, i1
gauche, ici et là, les hommes et les femmes
vont, viennent, se pressent, se bousculent,
courent au milieu des chants, des appels, des
cris et des éclats de rire. la Reine des reines
de la rive gauche remonte en voiture accom-
pagnée dos deux présidents^et des membres
des comités et, suivie des membres organi-
sateurs, se rend h l'hôtel de M. Deschanel,
où l'accompagnent les rois et reines du mar-
ché des Carmes et du lavoir Sainte-Louise.
Le président de la Chambre des députés,
à l'issue de la séance tenue le matin, a reçu
la reine dans un des salons du rez-de-
chaussée.
Après lui avoir adressé une allocution spi-
rituelle et pleine d'humour, M. Deschanel a
prié la gentille souveraine d'accepter le sou-
venir qu'il lui a réservé un superbe bracelet
gourmette en or, puis s'est retiré en lui ex-
primant ses voeux et ses compliments.
Une gerbe de fleurs est alors offerte par les
visiteurs à Mme Paul Deschanel, présente à
cette réception.
Cette visite officielle terminée, la reine,
toute joyeuse, remonte en landau et rejoint
rapidement le flot mouvant des ligurants et
le personnel des chars.
Il est alors une henre; heure convenue pour
le dénart. Maintenait tmit le monde est son
poste. Hommes et femmes ont pris position
dans les différents chars qui leur étaient ré-
servés. Les costumes aux tons éclatants scin-
tillent sous les rayons du soleil. Les casques
lancent des feux qui éblouissent les regards
les paillettes prennent des tons variés a l'in-
ftni le pittoresque des uniformes ressort
dans la lumière, et, quand le signal du dé-
part est donné, une longue acclamation en-
thousiaste salue les premiers cavaliers.
Le Cortège
1'n peloton de gardes municipaux à cheval
ouvre le cortège. Derrière lui, une jurande
distanee, caracole un piqueur portant un
splendide costume tout chamarré d'or. Le
tricorne Louis XV s'enfonce sur une perruque
poudrée- et il porte à la main un bâton de
commandement dont il se servira de temps
en temps, comme les sergents de ville de
leurs hâtons blancs, pour arrêter la marchr.
Le souvenir du fameux Montjàrret est encore
présent à toutes lee mémoires, et ce nom a
été répété et crié tant de fois aux oreilles de
ce brave garçon qu'il a dû se demander, le
soir, si vraiment il ne s'appelait pas ainsi.
Sur un rang, sonnant de la trompe, mar-
chent ensuite huit cavaliers costumés en hus-
sards du premier empire.
Derrière eux viennent dans des landau*
les membres des comités, que suivent im-
médiatement les chars.
Le premier, que précèdent des musiciens
revêtus de l'uniforme russe de Préobra-
jensld, est celui des Enfants du plaisir du
marché des Carmes. Ce sont eux qui ont
organisé toute la cavalcade. La plate-forme
surmontée d'un vélum sur laquelle se tient
nent nssis Mlle Louise Jumel et son roi. M.
Jean Ursin, est joliment décorée dans le style
Louis XV. Guirlandes Pt. nœuds courent sur
les côtés et les personnages qui autour éere-
nent des pétales de fleura sur léur passage
portent tous l'habit àla française avec le jabot
de dentellëa,
Ce costume du dix-huitième siècle dont l'é-
légance et là' grâce sont incomparables quand
il est bien.porté, dominera tons les autres.
car la plupart des ti?uraius l'ont adopté. Les
femmes les ont imité», et le corsage pointe
et la rohjk ailiers priment toutes les autres
toilettes.
Le char du lavoir Sainte-Louise suit imme-
diatement. La forme, plus sévère nécessaire-
ment que le précédent, est de style Louis Mil.
Il est attelé de quatre cl îvaux conduits par
des cavaliers. Sous un dôme écarlate siègent
la reine, Mlle Marie Dutruge, assistée de son
roi, M. Frédéric Vuaillat.
Vingt cyclistes costumés en Scapin suivent
dans un ordre parfait. ils font partie du Cycle
amical de la Sorbonne.
Le char du Jardin des Plantes obtient un
vif succès cette grande cage roulante, sur-
montée d'un léycr monticule représentant le
labyrinthe, enferme six animaux sauvages
avec leur dompteur. Un singe né malin
s'accroche à l'avant et fait des grimaces aux
fauves et au belluaire qui lui lancent force
coups de pattes et de fouet sans pouvoir ja-
mais l'attraper. C'est un succès de fou rire.
Le char de la Musique, sur lequel la fanfare
des Gobelins joue saus relâche marches, pas
redoublés et polkas, a trouvé une originale
décoration,
Mais des cris éclatent de tous côtés, eris
d'admiration, d'enthoustasme et de surprise.
Les grappes humaines qui s'accrochent aux
fenêtres, sur les toitu, les curieux qui sont
massés sur les trottoirs, tendent le cou pour
mieux voir.
Un piqueur cheval, le manteau vénitien
rejeté sur l'épaule, annonce la Heine des rei-
nes. Il précède six gardes à cheval en cos-
tumes historiques de diiit-rantes époques et
vingt trompettes.
Enfin, le voici qui s'avance avec une ma-
jestueuse lenteur.
Le Char royal
Une vaste plate-forme sur laquelle s'éta-
frent des gradins aboutissant au trône de la
Reine des retnes.
La décoration a été particulièrement roî-
nnée. Les bas côtés sont largement décorés
de sujets Louis XV, encadrés de guirlandes
qui courent autour et forment pour chacun
d'eux un petit médaillon.
Mile Le Péril, entourée de Mlles Marguerite
Raze, Léa Tabfiry, Jeanne collet et Euphrasie
Bartholomé, est assise sous un vaste dais bleu
de roi rehaussé de hauts panaches. La reine
porte une magnifique robe en faille blanche sur
laquelle ont été jetés ça et là avec un art
exquis de jolies petits bouquets Pompadour.
Le corsage est légèrement décolleté en carré
et la jupe qui le termine est encadrée des
paniers Louis XV.
Pages, écuyers et seigneurs suivent et for-
ment une escorte d'honneur.
Les Etudiants
Plus do 135 étudiants ont concouru à la
formalian du cortège. Tous sont vêtus de lon-
gues robes rouges avec l'épitoge, sur laquelle
sont fixées de grandes palmes académiques.
Quatre ânes chevauchés de sonneurs de
cors gigantesques ouvrent la marche et prié-
cèdent la bannière symbolique sur laquelle
est représenté le dragon Fafflat qui, de sa
gueule rouge, semble vouloir happer au pas-
sage la colombe qui guidera le héros.
Suivent un superbe char attelé de quarante
chevaux tenus en main par des piqueurs. Les
muses de la musique et de la peinture trô-
nent au milieu d'une multitude bigarrée.
Il faut citer une idée originale qui obtient
un firrand succès c'est la noce cycliste. Après
les pompiers, gendarmes et gardes cham-
pêtres, voici le marié et la mariée en cos-
tumes villageois. La helle-mère toujours
ridicule et que ne lui fait-on pas, grand
Dieu! est montée califourchon sur un
bourricot lilliputien et ?urv#ille la nourrice
et le nouveau-né, assis sur uu tri-porteur.
C'est une idée heureuse encore, et vrai-
ment originale, de nous avoir donné une
reproduction exacte du Panthéon avec un
sosie tout il. fait frappant de Victor Hugo.
Le poète est assis au milieu du char. De
jeunes filles vêtues de péplums blancs l'en-
tourent.
Clio, l'histoire; Enterpe, la musique; Tha-
lie, la comédie; Melpomène, la tragédie;
Terpsichore, la danse; Erato, l'élégie; Po-
lymnie, la poésie lyrique; Uranie, 1 astrono-
mie, enfin t,alliope, l'éloquence et la poésie
héroïque, toutes sont représentées. Majes-
tueuse, l'image de Victor Hugo semblait pré-
sider, tel Apollon, une réunion des muses
sur les sommets du mont Parnasse, du Pinde
et de l'Hélicon.
Le dieu du Soleil n'avait d'ailleurs pu se
dispenser de paraïtre à cette fête, qu'il enve-
loppait de ses chauds et printaniers rayons.
Après avoir parcouru l'avenue de Lowen-
dal, la rue Cambronnc, la rue Lecourbe, les
boulevards Pasteuret de Vaugirard, la rue de
l'Arrivée, la place de Rennes, les rues d'Odessa
et de la Gaîté, l'avenue du Maine, l'avenue
d'Orléans, la rue Dènfert-Rochereau où, sur
le bord du trottoir, devant la maison des
Enfants-Assistés, se tiennent, sous la garde
de leurs surveillantes, une centaine de pu-
pilles de l'Assistance publique, filles et gar·
cons l'avenue de l'Observatoire et regagné
le boulevard Saint-Michel par le boulevard
de Port-Royal, l'avenue des Gobelins, les
rues Claude-Bernard et Gay-Lussac, le cor-
tège sareète devant l'hôtel de la préfeetnre
où M. et Mme Lépine reçoivent la Reina des
reines qu'ils complimentent et à laquelle ils
portent un toast.
Le cortège se reforme et, longeant le quai
du Marché-Neuf, traverse la place du Parvis-
Notre-Dame, s'engage dans la rue d'Arcole et
arrive place de l'Hôtel-de-Ville. La Reine des
reines de la rive gauche, escortée de ses de-
moiselles d'honneur, descend de son trône et
monte les marches du perron, en haut duquel
l'attendent Sf. de Selves: préfet de la Seine,
et.Autran, secrétaire générai; M. Duval-
Arnouid» entouré des membres du bureau du
eonsellmunii'ipaL
Trois bouquet» de lilas blanc et de Wftèt
soat^olterts il Mlle Lucie Le Péru en l'hônnpur
de laquelle on vide plusieurs coupes de chttm-
pagne. Mlles Louise Jumel et Maria Utttrug*»
les reines du masçfcédes Carmes et du lavoir
Sainte-Louise, qui "franchisent l'une après
l'autre les portes' dU'palais municipaf, puis,
regagnent leurs Chai» qui s'ébranlent aux
accents d'une tnusiqu«,endiablée, pour gagner^
la place Saiut:&ervais''ôù a lieu la dislocation
du cortège.
Apre'ne journée splendide où chacun a
obtenu sa part de succès, tout ce .monde
joyeux se prépare, après la trêve nécessaire
du dîner, à continuer cette fête brillante dont
la réussite a été complète.
La Soirée
A*£'mam* de la dislocation du, cortège,
les deux comités d'organisation des fêtes
de la rive gauche se sont aéparés pour se
rendre, celui des étudiants au café Voltaire,
place de l'Odéon, où les réunissait un ban-
quet fraternel, et celui de la Reine des
reines a la salle de l'Horticulture, rue de
Grenelle où un banquet, auquel prenaient
égalemeût part les reines du marché des
Carmes et du lavoir Sainte-Louise, avait
lieu, à huit heures.
Un bal, des plus animés, a suivi ce ban-
quet, et là, comme chez les étudiants, la
plUR franche gaieté n'a cessé de régner.
Pour finir dignement cette heureuse jour-
née, le comité des étudiants est venu, dans
la soirée, enlever leurs danseurs les
reines de la live gauche pour les conduire
à l'Opéra, où les attendaient leurs cama-
rades.
A une heur* a ou lieu dans le palais de
Charles Garnier, l'entrée sensationnelle de
la Reine des reines, accompagnée de son
éphémère cour, cependant que les étudiants,
formés en cortège, faisaient reten-
tir les voûtes du monument des sons plus
bruyants que mélodieux qu'ils Uraient de
leurs inséparables bigophones.
On s'est amusé ferme toute la nuit et
c'est en se donnant rendes^vous pour l'an
prochain, que s'est faite la séparation.
Au quartier Latin, l'animation a été très
grande pendant, toute la soirée et lea ter-
fassea des calés regorgeaient de consorn-
mateurs.
C'était par endroits une bataille épique
engagée h coups de confetti entre lea pro-
meneurs au milieu desquels déambulaient
des troupes nombreuses de joyeux Costumés,
travestâs et autres déguisés.
Jusqu'à une heure avancée de la nuit, la
circulation a été difficile sur les grandes
voies de la rive gauche; mais, grûce il la
bonne humeur de tous, il n'y a pas eu d'in-
cidents fâcheux signaler.
La souscription recueillie par les étudiants
leur a permis d'affecter le reliquat, soit une
somme de 600 francs, à leur filleule Lucie Ba-
garre et aux pauvres de Paris.
(Lucie Bagarre est cette fillette qui fut
trouvée abandonnée pendant les troubles du
quartier Latin et que les étudiants adoptè-
rent, se chargeant du soin de son éduca-
INFORMATIONS POLITIQUES
Les Indemnité* de Chine
Af. Cailiaux, ministre des Finances, a pré-
sidé hier la première réunion de la commis-
sion chargée de fixer les indemnités allouées
aux victimes des événements de Chine.
Au début de la séance, le ministre des Fi-
nances a prononcé une courte allocution
dans tnquetie, aprus avoir indiqué les con-
ditions dans lesquelles a été préparée et
votée la loi du 7 décembre 1901, il a rappelé
que cette loi avait investi la commission des
pouvoirs les plus étendus ponr examiner le
bien fondé des réclamations dont elle serait
saisie; il a en même temps exprimé le désir
qu'elle pût statuer sur ces demandes dans
le plus bref délai qu'il lui serait possible.
La commission a ensuite procédé ù l'ins-
tallation de son bureau. Flle a élu pour pré-
sident M. Magnin, sénateur, et pour vies-
présidente MM. Georges Cocher»', député,
et Hérault, président de chambre a la cour
des comptes.
Elle a en outre décidé de s'adjoindra, à
titre de rapporteurs, un certain nombre d'au-
diteurs au Conseil d'Etat, de secrétaires
d'ambassade, de consuls, d'inspecteurs des
finances et d'auditeurs ù la cour des comp-
tes, qui seront ultérieurement désignés par
arrêté du ministre des Finances.
La commission a ensuite délibéré sur un
certain nombre de questions se rattachant
a l'ordre et aux formes dans lesquelles il
devra être procédé l'examen et au juge-
ment des icciamalions qui lui seront sou-
mises.
Le Repos hebdomadaire
M. Millerand, ministre du Commerce, a été
entendu hier par la commission du travail
sur le projet relatif au rnpos hebdomadaire.
La commission a décide d'entendre m&rdj
prochain les délégués do l'alimentation, des
étalagistes et des marchands de chaussures.
La commission est disposée à se mettre
d'accord avec le ministre du Commerce sur
les bases présentées pnr celui-ci, afin d'abou-
tir au vote d'une loi sur le repos hebdoma-
daire.
AFFAIRES TURQUES
La Turquie rappclle, une fois de plu?,
sur elle l'aiiontion des nations occidentales.
La Macédoine et l'Albanie, foyers tradi-
tionnels de désordres et oit se heurtent de
multiple.s nationalités, continuent ü être le
théâtre de troubles graves. Hier, on appre-
nait l'assassinat du gouverneur militaire de
la province de Scutari avant-hier, une dé-
pêche conçue en termes laconiques signa-
lait une collision dans le district d'Ipek.
Plus de deux cents victimes seraient les-
t'ées sur le champ de bataille, et les troupes
du sultan n'auraient eu, que très pénible-
ment le dessus.
Ce sont la. des rails graves et qui attes-
tent l'impuissance de l'autorilé dans des
contrées où l'insurrection ferment en per-
manence. Encore ne connaît-on qu'une très
faible partie des incidents qui se déroulent.
presque quotidiennement dans les régions
un peu éloignées du Bosphore-
Mais c'est à Constaulinople mmie que se
produisent le* événements peut-Ctre ici
plus caractéristiques, Abdul-Hauiid, de plus
en plus inquiet au fur et à mesure qùil
avance en age et qu'il sent l'unité de ses
Etats péricliter un peu plus, fait régner
dans sa capitale une terreur sans précé-
dent. Nul n'y est plus en sécurité- Qui-
conque a le malheur de déplaire au corn»
mandeur des croyants ou d'avoir rendu des
services à la Turquie, ou plus simplement
de passer pour un esprit avisé, e*t voué il
la déportation, à la prison perpétuelle, ou
parfois à la mort.
On sait que quelques-uns des plus pro-
ches parents du sultan ont dû se soustrau e
par la tuile aux vengeances impériale*. Des
fonctionnaires intègres et habiles ont été
jetés dans les geôles de Stamboul, parce
que leur probité, même apparaissait comme
une accusation pour d'auUtis. A cette heure,
c'est contre les plus hauts dignitaires que
sévit Abdul-Hamid.
Le général Fuad pacha, l'un des hommes
les plus estimés de ta Turquie moderne,
l'un des plus brillants officiers de 1tJ7S, l'un
des rares conseillers de -la Porte qui aient
réprouvé les Bfttesacres d'Arménie, a été
brutalement transporté en Asie. Sa pr*«
spnee à Conàtoàtinople, bien qu'il n'eùt
jamais comploté, inquiétait le chef de 1'la-
lam. Un yacht iBGpérial l'a conduit à Bey.
fOUth. Le gouvernement de Damas lui.
été aWBfné, mais il n'est pas douteux qu'un
traitement moins doux ne lui eût été rô«
serve si mitre ambassadeur en Turquie,
M. Constant, et son collègue russe n'étaient
jntoi-yenus. Comme Fuad était dignitaire de
la Légion d'hennir et de Saint-André, cette
ingérence était possible. Mais la diplomatie
n'a pas ainsi toujours toutes facilités pour
s'Immiscer dans les affaire intérieures et
la Turquie.
Chafcir pacha vient de subir le même sort
que Fuad pacha. Il semble que le Mitan
veuille se priver de ses meilleurs servi-
teurs, à une heure où la situation de son
empire lui commanderait pourtant plus de.
A L'ETRANGER
BROUILLARDS ET Wmm
Douvres, 6 mari.
Un brouillard intense recouvre la Manche
Les sirènes d'alarme se font entendre uni
interruption.
Lee vapeurs faisant le service avec Calai*;
et Boulogne éprouvent des retards conaidéK
râbles.
Hier soir, pendant un épais brouillard, 16
vapeur [,lister, faisait le service entre Hin$ s-
town et Holyheàd, s'est échoué à un quart da
mille de la jetée. Les passagers et la courrier
ont été débarqués.
L'Ulster a (,t6 romotqtté ce matin dans la
port. Les avaries sont sans importance.
LE PRINCE DE PRISSE Ali tïÂSHSB
Niagara Fans, 6 mars-
Le prince Henri de Prusse s'est rendu
du Niagara. Il a été reçu au milieu du pont)
par le major Maude, secrétaire militaire de
lord Minto, gouvemeur général du Canada*
qui lui a souhaité la bienvenue au nom d
ce dernier.
Après avoir contemplé la chute amérw
caine, le prince Henri s est rendu ea voiture
au rocher de la Table d'où l'on aperçoit N
chute du Fer à Cheval, puis au bas de lai
gorge. Il a terminé sa visite par l'inspection^
de l'usine de force motrice électrique.
LA GUERRE AU TEAHSVÂiL
Vlaktaiz, près I-ÎRrrismiUj, -27 février.
Dans la nuit du 25 février, un détacher
ment de Boërs réussit à sortir du cerclaij
formé par les colonnes anglaises, en forçant
la ligne du côté de l'est, perdant 5 tuésy
9 blessés et 2 prisonniers 9CI0 autres Boeï«
avaient déjà traversé la ligne des btocktoaua)
dans la nuit du 21.
D'autre put, ce fut le 27 au matin quai
deux envoyés Boërs se présentèrent pour»
négocier la reddition du commando de J;.u<
Meyer. Les Anglais ne laissèrent aux Boërs
que leurs effets personnels. Ceux-ci étaient!
pour la plupart des Transvaaliens. IL-0
étaient environ C'est du moins le ehif4
fre donné jusqu'ici. j
La capture la plus importante peutôtr»
fut celle de Truter, un des envoya «tentt
l'influence est considérable.
LES PRISONNIERS DE ILEIKSOOfiF
Londres, 6 mars,
Le ministère de la Guerre communiqua*
ce soir aux journaux une note annonçait*
que deux officiers et cent treize hommes (le
la colonne Von Donop capturés a Klerks^
dorp le 23 février par, les Boers ont été fin
QUELQUES CAPTURES
taine HoJgale près de Heijnsdorp, Coopéré
le premier télégraphiste du général Botb.aJ'
se trouve au nombre des prisonniers. Lm
capture s'est opérée pat surprise et saam
combat.
LES PERTES ANGLAISES
Loûtires, 6 mars^
D'après une note publiée ici par le. Wa«
office, le nombre des tués ou morta de ma-
ladie ou de blessures âans l'Afrique du Sud
s'élève, il la fin de février, il, l,0M atûcwçp
et hommes et soos-offlcièr.i.
DISETTE DE VOLONTAIRES
On lit dans la Saint-James Gazelle:
i;0OU volontaires, au lieu de demani
dés pour le sud d el Afriquo, ont répondu
l'appel lancé par le War Office au iiioi&- do
janvier dernier. C'est un échec complet dû
principalement ii la faiJblesse de la ttotde ofc
ferte, soit un shilling il fr. 25) par jour,
La santé du président du Conseil
Voici le texte du bulletin rédiaé à midi pat
les docteur Poirrier et Bafcitisky, à Tissée de
la visite qu'ils ont faite au président du
Coaseil
« Le mieux continue, l'état géaéral est botti
Les plaies contuses du cuir chevelu se net-
toient et commencent à bourgeonner. On est
1 en droit d'espérer que, dans quelques jours,
cites seront suffisamment cicatnsées pour par-
mettre à M. le président du Conseil de sortir.
Les mouvements commencent â ie$£nir
dans l'épattlc. »
La Chambre des représentants américain*
vient d'clre appelée à trancher une question,
d'ordre essentiellement grammatical, qui agi-*
tait l'opinion publique, au pays de l'oncle Saray
depuis bien dans aanceâ et que la controverse
des journaux menaçait d'éterniser, chacun te-
nant pour sa formule et n'en voulant pas dé»
mordre.
Doit-on dire, en effet, Les Etats-Unis sont
un des plus riches pava du monde », par exem-
ple, ou bien, en employant une ellipse assez.
fréquente dans la plupart d&i langues mo-
dernes « Les Etats-Unis est en est Ajs- pb»i
riches pays du monde r ».
En d'autres termes, faut-il se servir du p!o-;
riel ou du singulier quand on parle des Etats-!
Unis d'Amérique comme quand on parle de,,
l'Allemagne, de la France oudu Canada
Pour trancher la difficulté, les Américains;
n'avant pas le bonheur d'avoir une Académie*
pour taire leur dictionnaire, on s'est adresse a
la Chambre des représentants, à Washington,
qui, après une longue discussion et un vote mo-
tivé, a décidé que, désormais, dans tous les'
documents officiels, le nom des Etats-Unis se-'
rait considéré comme un mot collectif, donc
singulier. Singulière syntaxe, n'est-ce pas ?;
A l'une des premières représentations delà
dernière semaine, l'auteur examine soucieuse-'
ment la sortie du public, cherchant soa sort,
dans les impressions de la foule, hélas pas
très enthousiaste.
Un monsieur bouscule même quelques dame.-
dans sa hâte iL s'enfuir.
tal, dit quelqu'un.
Non, repond l'auteur avec un sourire mo-*
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