Titre : Revue pratique d'apologétique / sous la direction de MM. Baudrillart, Guibert et Lesêtre
Éditeur : G. Beauchesne & Cie (Paris)
Date d'édition : 1913-03-01
Contributeur : Baudrillart, Alfred (1859-1942). Directeur de publication
Contributeur : Guibert, Jean (1857-1914). Directeur de publication
Contributeur : Lesêtre, Henri (1848-1914). Directeur de publication
Contributeur : Verdier, Jean (1864-1940). Directeur de publication
Contributeur : Bainvel, Jean-Vincent (1858-1937). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328612033
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 19171 Nombre total de vues : 19171
Description : 01 mars 1913 01 mars 1913
Description : 1913/03/01 (A8,T15,N179). 1913/03/01 (A8,T15,N179).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k55747335
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/01/2011
832 REVUE PRATIQUE D'APOLOGÉTIQUE
une plante rare ou d'être extirpé comme une plante nuisible,
on s'accorde à condamner toute religion qui prétend être exclu-
sivement bonne et vraie, qui se donne comme la seule religion,
ayant droit de s'imposer à tous.
On distingue donc le sentiment religieux des formes variées
que ce sentiment a revêtues à travers les âges. Ces formes
variées, ce sont les diverses religions qui se sont partagé ou
qui se partagent le monde. Pour ceux qui admettent que le
sentiment religieux est bon et beau, toutes les religions sont
bonnes, en tant qu'expressions plus ou moins parfaites de ce
sentiment, lequel n'a pas d'autre règle que lui-même; mais
aucune religion ne vaut que comme effort plus ou moins heu-
reux pour traduire ce sentiment. Ou bien, si l'on admet que ce
sentiment a un objet et qu'il y ait un être supérieur qui s'oc-
cupe de nous, il reste que cet être nous est inconnu : les idées
que nous nous en faisons et qui sont les symboles de nos reli-
gions, n'ont pas de vérité absolue, mais seulement une valeur
relative, en tant qu'elles traduisent le sentiment en langage
intellectuel. Le sentiment subjectif est donc la mesure de tout,
la vérité religieuse y est toute relative. Toute religion est vraie
en tant qu'elle s'inspire du sentiment religieux et qu'elle le
traduit, mais non en tant qu'aucune religion puisse atteindre
la vérité absolue, être la vraie religion, au sens où l'entendent
les catholiques.
IL Ce qu'est la religion,et comment elle ne se ramène pas toute
au sentiment religieux. — Nous ne nions pas l'existence ni la
bonté du sentiment religieux; mais nous ne pouvons admettre
que tout, en religion, soit affaire de sentiment. L'histoire des
religions nous montre partout la religion comme un ensemble
de croyances et de pratiques en rapport avec des êtres supé-
rieurs dont on se croit dépendant et à qui l'on se croit rede-
vable. Le sentiment peut avoir sa part dans ces croyances et
dans ces pratiques ; mais il n'en est pas le tout. De plus, ce
sentiment même est postérieur à une certaine notion de la divi-
nité. Cette notion, dans sa genèse, peut supposer l'influence du
sentiment; mais le sentiment qui a pu en favoriser l'éclosion
n'est pas encore un sentiment religieux; celui-ci suppose né-
cessairement des idées religieuses. De ce chef, on ne peut donc
ramener toute la religion au sentiment religieux.
D'autre part, nous voyons que la religion est toujours et
partout comprise comme un ensemble de relations entre
l'homme et la divinité. Elle suppose donc une certaine connais-
sance de celles-ci. Si nous supposons connue l'existence de
une plante rare ou d'être extirpé comme une plante nuisible,
on s'accorde à condamner toute religion qui prétend être exclu-
sivement bonne et vraie, qui se donne comme la seule religion,
ayant droit de s'imposer à tous.
On distingue donc le sentiment religieux des formes variées
que ce sentiment a revêtues à travers les âges. Ces formes
variées, ce sont les diverses religions qui se sont partagé ou
qui se partagent le monde. Pour ceux qui admettent que le
sentiment religieux est bon et beau, toutes les religions sont
bonnes, en tant qu'expressions plus ou moins parfaites de ce
sentiment, lequel n'a pas d'autre règle que lui-même; mais
aucune religion ne vaut que comme effort plus ou moins heu-
reux pour traduire ce sentiment. Ou bien, si l'on admet que ce
sentiment a un objet et qu'il y ait un être supérieur qui s'oc-
cupe de nous, il reste que cet être nous est inconnu : les idées
que nous nous en faisons et qui sont les symboles de nos reli-
gions, n'ont pas de vérité absolue, mais seulement une valeur
relative, en tant qu'elles traduisent le sentiment en langage
intellectuel. Le sentiment subjectif est donc la mesure de tout,
la vérité religieuse y est toute relative. Toute religion est vraie
en tant qu'elle s'inspire du sentiment religieux et qu'elle le
traduit, mais non en tant qu'aucune religion puisse atteindre
la vérité absolue, être la vraie religion, au sens où l'entendent
les catholiques.
IL Ce qu'est la religion,et comment elle ne se ramène pas toute
au sentiment religieux. — Nous ne nions pas l'existence ni la
bonté du sentiment religieux; mais nous ne pouvons admettre
que tout, en religion, soit affaire de sentiment. L'histoire des
religions nous montre partout la religion comme un ensemble
de croyances et de pratiques en rapport avec des êtres supé-
rieurs dont on se croit dépendant et à qui l'on se croit rede-
vable. Le sentiment peut avoir sa part dans ces croyances et
dans ces pratiques ; mais il n'en est pas le tout. De plus, ce
sentiment même est postérieur à une certaine notion de la divi-
nité. Cette notion, dans sa genèse, peut supposer l'influence du
sentiment; mais le sentiment qui a pu en favoriser l'éclosion
n'est pas encore un sentiment religieux; celui-ci suppose né-
cessairement des idées religieuses. De ce chef, on ne peut donc
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D'autre part, nous voyons que la religion est toujours et
partout comprise comme un ensemble de relations entre
l'homme et la divinité. Elle suppose donc une certaine connais-
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