Titre : Le Matin : derniers télégrammes de la nuit
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1897-04-21
Contributeur : Edwards, Alfred (1856-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 21 avril 1897 21 avril 1897
Description : 1897/04/21 (Numéro 4801). 1897/04/21 (Numéro 4801).
Description : Note : 2ème édition. Note : 2ème édition.
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 10/04/2008
^Quatorzième année. ÎY°
CENTIMES
le
SEUL JOURNAL FRANÇAIS RECEVANT PAR FILS ET SERVICES SPÉCIAUX LES DERNIÈRES NOUVELLES DU MONDE ENTIER
NAPOLEON AMOUREUX
Si nous ne finissons point par con-
naître la vie de Napoléon jusqu'en ses
recoins les plus intimes, ce ne sera cer-
..tes- pas la faute des biographes, qui ont
fouillé et qui tirent au grand jour tous
les secrets de son existence privée, même
.ceux de son ou de ses alcôves et qui
en étalent à nos yeux tout le linge sale.
Voici qu'après tant d'autres volumes où
le grand. homme est surpris, comme par
des instantanés, dans tous les moments
même les moins héroïques de sa car-
rière, il en paraît un dernier qui a pour
.titre Napoléon amoureux, et pour au-
.teur M. Joseph Turquan.
amoureux, oui, Napoléon l'a été il l'a
été de ses deux femmes, de Joséphine et
de Marie-Louise. Il l'a été comme un
collégien ou plutôt comme un sous-lieu-
tenant, dont le fond de caractère est une
timidité excessive près du beau sexe.
Napoléon, nous le savons par les Mé-
moires de Mme de Rémusat, était à la
fois extrêmement timide et prodigieuse-
ment brutal avec; les femmes. Ces deux-
défauts-là vont assez souvent de pair
ensemble. Quand on est embajrajj^iig*
la. contenance • à garder près d'une
femme, quand jcm lie sait point lui dé-
• bitér les galanteries aimables où excel-
lent les sots bien élevés, on'dérobe sous
la brusquerie des manières le malaise
et -la, gêne que rpiréprouve.
Napoléon, qui n'avait reçu aucune
éducation pxemièTe^nô sut jamais par-
ler aux femmes. Il est probable que le
mariage, p» l'autorisant à être lui-
même, en le rejetant pour ainsi dire
dans son naturel;' lui rendait la liberté
de ses mouvements et de son esprit. Il
se;sentait redevenir aimable et il' n'en
était que plus amoureux.
JVyec lès maîtresses qui ne se ren-
daient pas tout de suite, qu'il eût fallu
conquérir lentement par une suite de
petits soins, :il n'était plus qu'un collé-
rien embarrassé et honteux. On se rap-
pelle le mot sanglant d'une dame de sa
cour, à qui il demanda brutalement;:
–-Est-ce que vous aimez toujours les
hommes?
Oui, sire, répondit-elle, quand; ils
•ont de l'esprit..
Napoléon, qui- avait toutes sortes- d'es'
'prit, n'avait pas celui de la conversation
et de la galanterie. On a dit que Mme
de Rémusat-lui avait cédé cela est pos-
sible, parce que, après tout, Mme de. Ré-.
musat avait été éblouie par la grandeur
du maître et qu'elle avait plié sous. la
supériorité de son génie. Je n'en crois
rien portant. Car elle était éminem-
ment femme du monde, et c'est elle qui
nous a peint de la façon la plus spiri-
et la plus maligne le Napoléon
gauche et brutal dont nous avons gardé
le souvenir.
La plupart desamours que nous, conte
M. Joseph Turquan sont des amours
soldatesques. Napoléon rencontre une
jolie femme; elle lui plaît. Il y a autour
de lui des officiers ou des chambellans
qui font les démarches dont il ne veut
pas prendre là peine.,Le caprice satisfait,
il passe à une,autre. Tout cela n'est pas
bien ragoûtant, et peut-être n'était-il pas
nécessaire d'en conserver la mémoire.
Il ne semble pas non plus que les fem-
mes sur qui il a laissé ainsi tomber un
coup d'œil l'aient aimé, comme on dit,
pour lui-même. Les unes ont franche-
ment conclu une bonne affaire en se
donnant au maître du monde; les autres
se sont laissé séduire un instant à la
gloire elles ont été victimes d'une courte
ivresse d'orgueil. On cherche en vain,
dans toutes ces histoires d'amours im-
périales, le pendant de celles de la
duchesse de Lavallière, cette aimable
et douce Lavallière, qui eût aimé
Louis XIV, s'il n'eût été qu'unsimple gen-
tilhomme, et qui, le jour où elle fut dé-
laissée par lui, s'enferma dans l'éternelle
retraite d'un couvent et mourut de cet
abandon.
• Mme Waleska, peut-être; oui, Mme
Waleska eut, comme disent les grisettes,
un sentiment pour Napoléon. Il faut dire
cependant que M. Joseph Turquan n'est
pas tendre pour elle dans le récit de ses
amours, et qu'il nous enlève quelques
illusions. Je les regrette.
Il m'ennuie de voir toutes les aven-
tures où s'engage le héros n'être plus,
comme disait énergiquementChampfort,
que des coucheries sans amour.
Il y en a de bien plaisantes dans le.
nombre.
L'une d'elles est un vrai vaudeville.
C'est en Egypte que l'histoire se passe.
Bonaparte a un jour croisé sur son che-
min une jolie femme, qui riait à belles
dents au milieu d'un groupe d'autres
femmes. Elles étaient fort belles, ces
dents, et elles éclairaient un petit minois
chiffonné, qui était le plus piquant du
monde.
Il s'enquit discrètement à qui appar-
tenaient le visage et les dents qu'il avait
remarqués. C'était la femme d'un sim-
-rpie officier, qui s'appelait Fourès; Il se
fût signalé à la guerre par une action
d'éclat, personne ne saurait son nom; Il
j&eu l'honneur d'être troùipé,par le-vain-
queur des Pyramides quarante siècles
répéteront le nom de ce mari trompé.
Un des généraux invita à sa table, le
soir même, Mme Fourès sans son benêt
de mari. Le général en chef vjnt comme
par hasard prendre le café. On ménagea
à la femme-, qui était une gaillarde, une
l\ heure de,iôte à tête avec Bonaparte.Qhf
les choses\o traînaient pas avec lui.
Jusque-là, rien que d'assez ordinaire
Il fallait se délivrer du lieutenant, qui
pouvait devenir un gêneur. Le général
en chef lui confie fhonorable missionde
porter au Directoire des nouvelles de la
plus haute importance. Fourès est tout
étourdi del'honneurqu'on lui fait.Ilvou-
lait emmener sa femme; on lui repré-
sente qu'il court risque d'être pris par.
ies croiseurs anglais. Ces Anglais ne
respectent rien qu'adviendra-t-il de
Mme Fourès, cette digne épouse, entre
leurs mains criminelles? Fourès se rend
à ce raisonnement.
Il part. L'aviso sur lequel il s'était em-
barqué est pris, comme s'y attendait
bien, comme l'espérait le général en
chef. Mais c'est ici que l'aventure tourne
au vaudeville.
L'amiral anglais, qui était instruit des
amours de la belle Mme Fourès avec le
général en chef, après s'être assuré que
les dépêches confiées au mari étaient in-
signifiantes, le fait venir
Je veux vous prouver, lui dit-il,
que les Anglais sont, quoi qu'on dise, ca-
pables de sentiments généreux; je vous
rends la liberté et je vais même vous dé-
poser sur la côte d'Egypte. Vous pourrez
aller rejoindre l'armée^ française, et je
au plus 'vite.
Le digne lieutenant se confond en pro-
testations de reconnaissance; il ne peut
croire à tant de magnanimité. Il court
au Caire rendre compte de sa mission au
général en chef.
II y trouve sa: femme qui était deve-
nue, madame la générale.
L'histoire est;drôle! -Mais bien vilaine
au fond Ainsi, on envoyait ce brave
garçon sur un aviso, et l'on était con-
vaincu que cet aviso serait capturé et
que tout l'équipage irait pourrir sur les
pontons anglais.; est tout cela pour per-
mettre à ce nouveau- David de passer
tranquillement la nuit, avec la femme
d'Un.
C'est un crime que Dieu punit de la
peste.
Nous ne faisons qu'en' rire les mœurs
ont changé.
Francisques Sarcey.
Demain, le MATIN publiera l'article
de M. HENRI BOUSQUET.
LE CORf S DES POLITICIENS
M Avec la loi sur. les incompatibilités
parlementaires dont le Matin s'oc-
̃ cupait hier en détail, nous marchons
.tout. doucement vers la création d'un corps
de politiciens. Le premier pas fait dans cette
voie a été suivi de plusieurs autres sur le
projet de M. Lcrùis Ricard sont venues se
gretfer de nouvelles restrictions imaginées
par la commission, par le rapporteur, M.
Maurice Faure, et l'on peut s'attendre à ce
que, chemin faisant, des purs apportent
de nouvelles pierres à l'édifice.
II est bien évident qu'il entre dans l'es-'
prit-de certaines gens de faire du député un.
être à part, une sorte d'eunuque législatif
qui ne tiendra à rien ni à personne et vi-
vra en dehors de la vie sociale. Etant privé
des organes essentiels qui font' l'homme
agissant, il pourra légiférer avec l'impassi-
bilité que les Turcs exigent des fonction-
naires préposés à la garde dd harem.
La politique sera ainsi une carrière ré-
servée aux seuls déclassés, aux Français
incapables de produire autre chose que de
la politique pure, c'est-à-dire des interpella-
tions, des crises ministérielles, des intri-
gues de couloirs.
C'est alors qu'on verra le père prévoyant
faire comparaitre son -fils et lui dire «Mon
ûls, tu n'es bon à rien, ton incapacité te
ferme toutes les carrières, tu manques sur-
tout absolument de sens pratique pour te
guider dans la vie, tu es donc,apte à faire un
excellent politicien. A la Chambre, toutes les
négations quetu renfermes en toi deviendront
des qualités et tu pourras nourrir toutes
les ambitions. Va, mon fils, pose ta candi-
dature à un siège de député et que Dieu te
bénisse il t'a créé pour gouverner la
France. »
LES CARTES A JOUER
Nous signalions, il y a quelques jours, le
tnécompte qu'avait donné l'impôt sur les
cartes àjouer, qui, bien que majoré; n'a-
vait donné, en 1896, qu'un produit très infé-
rieur aux prévisions budgétaires.
La consommation avait diminué dans une
proportion telle que l'élévation du tarif n'a-
vait pas suffi à compenser la perte tésul-
tant de cette diminution.
L'administration des contributions direc-
tes vient précisément de faire un travail
qui confirme ce que la statistique financière
avait révélé.
De ce travail, il résulte que le nombre
des jeux de carte consommés n'a été, en
1896, que de alors qu'en 1895,
avant l'augmentation de l'impôt, il avait été
de 3,972,746. Il y a donc eu une diminution
de 990,959 jeux d'une année à l'autre, soit
une baisse de consommation de 25
AFFAIRES CUBAINES
Madrid, 20 avril. Par service spécial.
On assure que la nouvelle que M. Day
serait chargé d'une mission de M. Mac-
Kinley près des insurgés cubains est dé-
nuée de fondement. M. Day doit seulement
faire une enquête sur la mort du citoyen
américain Ruiz.
Par conséquent, les bruits de négocia-
tions de paix avec Cuba tombent.
GUILLAUME Il EN AUTRICHE
BERLIN, 20 avril. D'un correspondant.
L'empereur'est parti à sept heures cin-
quante du soir pour Yienne.
BUDAPEST, 20 avril;. D'un correspon-
dant. Le baron Banffy, président dii con-
seil, part ce soir pour Vienne où il va pré-
senter les projets des'fôtes qui seront don-
nées à Budapest en l'honneur de l'empereur
MASSACRE D£MENTI
Rome, 20 avril. D'un correspondant.
-La Société de Géographie italienne) con-
trairement aux nouvelles d'un journal de
Paris; déclare que les informations qu'elle
a reçues du commandant anglais, à Kisi--
majo, et du commandant italren, à Moga- 1
disclu, annoncent que l'expédition Bottego 1
est en xoute vers la cota.
DIANA YAUGHAN
LE CLERGÉ ET L'ÉNORME FU-.
MISTERIE DE TAXIL
Douze, anriées de mystification Le
roman du palladisme Imagina-
tion et inventions Le bon
curé de Loigny Le catho-
licisme toujours solide.
L'extraordinaire et colossale fumisterie,
organisée par M. Léo Taxil avec un art et
une science sans pareils mérite vraiment
d'arrêter quelques instants l'attention. La
fabuleuse histoire de Diana Vaughan vau-
dra sans conteste à son auteur la palme
des mystificateurs ,1. L'illustre Sapeck
n'existe plus à côté de Taxil. D'autant que
cette grosse plaisanterie duré douze an-
nées et que pendant douze ans des milliers
de catholiques y ajoutèrent foi comme à un
chapitre de l'Evangile.
C'est que miss Diana Vaughan,' cette fille
de l'imagination de Léo Taxil, était un per-
sonnage essentiellement romanesque et
sympathique. Diana vivait jadis en Amé-
rique. Elle fut, en son pays, grande mal-
tresse des Lucifériens. Mais elle avait une
rivale, Sophie Walder, fiancée au diable Bi-
tru, qui devait donner naissance à l'Ante-
Christ. Sophie continua à vivre avec Bitru,
'tandis que Diana se convertit avec éclat au
catholicisme.
Dès lors, Diana? publia'ûne série de vola.
mes en faveur de sa religion nouvelle. Ses
révélations sur le Palladismè firent du
bruit dans le clergé. Si bien que, en peu de
temps, la convertie devint universellement
célèbre. Des cardinaux lui écrivirent; le
Pape lui envoya sa bénédiction.
Et voici que M. Taxil avoue aujourd'hui,
sans ambages, qu'il a inventé dé toutes piè-
ces ce mystérieux personnage de Diana
Vaughan!
Son aveu fait -du bruit dans le Lander-
neau catholique.
Nous avons précisément rendu visite à
M. de la Rive, directeur de la FfûrlCe
chrétienne, qui rompit force lances dans
les journaux en faveur .de .ce renégat de
Taxil. M. de,la Rive était venu à Pans tout
exprès pour voir la fameuse Diana, qui de-
vait enfin se montrer lundi soir; à la salle
de Géographie. Au lieu de 'contempler l e
visage dé l'ex-grande Maîtresse du Palla-
disme, l'infortuné voyageur n'a pu voir que
le formidable « lapin posé,par hl. Taxil t
Odieusement trompés.
M. de la Rive, à bon doit, n'est pas con-
tent, non' plus que les amis que nous avons
rencontrés chez lui, M. l'abbé de Besson-
nies, le R: P. Octave,' d'autres encore
tous ceux, en un mot, qui tenaient Taxil
pour une bonne âme sincèrement chré-
tienne.
Nous sommes bien obligés d'avouer
que nous ayons été odieusement trompés.
Mais il faut dire aussi que M. Taxil avait
merveilleusementmachiné sa duperie. Nous'
avons usé de tous les moyens pour le pren-
dre en défaut car, malgré tout, notre
confiance en lui était en éveil. Et jamais.
nous n'avons pu constater la moindre con-
tradiction.
Tous, nous avons-reçu des lettres de'.
Diana Vaughan. Nous lui avons même
adressé nombreuses lettres recommandées,
et toujours elle y a répondu par retour du
courrier que ces lettres lui fussent adres-
sées à Bruxelles, à Londres, à Genève ou à
Berlin. Et l'écriture de ces lettres était évi-.
-demment de la. même personne. C'est en-
;çore^à; la même personne.,qu'il faut attri-
buer les manuscrits de tous les ouvrages
signés du nom de Diana Vaughan.
» Il y a quelques mois, alors que certains
journaux catholiques mirent en doute l'exis-
tence de l'ex-grande Maîtresse du Palla-
disme, nous invitâmes M. Taxil à faire la
preuve de cette existence. Il vint nous voir,
be plaignit des attaques injustes dirigées
contre lui. Il protesta de sa sincérité et de
sa bonne foi, et il en vint à sangloter, ce
vieil hypocrite Tout aussitôt il nous mon-
tra un portrait-album de Diana Vauglian.
Au verso de ce portrait se trouvait écrite la
déclaration suivante de M. Theuré, curé de
Loigny:
oc tic i-mis uesiiur ull aeui nibi.ua a recon-
naître dans la photographie ci-contre les véri-
tab:es traits et la ressemblance parfaite de
l'illustre visiteuse que j'ai eu (sicj sous les
yeux le samedi 13 mars dernier, et dont la
noble prestance m'avait si vivement intri gué.
Toutefois, le petit chapeau sans garniture
ni fleurs, et le costume relativement simple,
dépourvu de toute espèce de parures mondai-
nes, qu'elle portait, donnaient à sa personne
un tout autre air de modestie et d'humilité,
sans rien retrancher pourtant de la fierté de
son maintien.
F. TlIEURÉ,
Chan. non., curé de Loigny.
» Cependant, nous fûmes plus exigeants
encore, et nous obtînmes de Taxil l'assu-
rance -qu'il nous 'montrerait Diana Vau-
ghan.
u Nous nous attendions donc, lundi soir,
à voir Diana Vaughan en chair et en os.
u Vous savez maintenant comme nous
avons été trompés. n
Le mépris 1
Quelle attitude allez-vous prendre dé-
sormais vis-à-vis de lui?
Nous ne pouvons lui répondre que par
notre mépris. Et c'est en effet un homme
tout à fait méprisable! Mais véritablement
nous nous demandons dans quel but il a
monté cette machination. Etait-ce pour s'en-
richir et gagner de l'argent ? Il est impossi-
ble de l'admettre. Car il ne s'est pas enri-
chi il est même dans une situation plu-
tôt précaire. A ce propos, nous pouvons
établir que les droits d'auteur des ouvrages
signés du nom de Diana Vaughan ne lui ont
pas rapporté grand'chose. Plusieurs fois
nous les avons touchés pour lui et les avons
distribués à des œuvres de bienfaisance.
Il Il convient, ajoute M. de la Rive, de po-'
ser à M. Taxil une dernière question. Qui
est la personne qui a joué pendant quatre
ans le rôle de Diana Vaughan? Qu'est-elle
devenue? Il devait nous la montrera la
fin de sa conférence de lundi et il ne nous a-
montré personne, De telle sorte qu'il nous
est peut-être permis de nous demander si
M. Taxil n'a pas supprimé la vraie Diana
» Mais laissons celà! M. Taxil est un mé*
prisable personnage dont les agissements
et les mystifications ne sauraient nuire on
rien à la cause catholique.
A L'ARCHEVÊCHÉ
M. l'abbé Odelin La Crédulité des
prêtres expliquée– Condamné
par l'inquisition.
Nous avons voulu savoir comment,
l'archevêché de Paris, on appréciait la nou-
velle évolution de Léo Taxil et quel émoi.
ses proclamations de haute fumisterie
avaient produit dans le monde religieux.
M. l'abbé Odelin, vicaire général du dio--
cèse et, chacun le sait, le confident,
et coadjuteur principal de l'archevêque de
Paris, nous a bien voulu donner là-dessus-
tes appréciations que voici
de Léo Taxi!, il", y a douze années, et ses
inventions plusiecentèïTsurle palladisme.
Car, si nous crûmes à la sincérité de Léo
Taxil se confessant et se repentant, nous
n'accordâmes pas le moindre crédit à ses
dernières divagations diaboliques.
Il Quoi de plus naturel que cette conver-
sion Léo Taxil raconte que l'histoire de
Jeanne d'Arc, après l'avoir séduit, a jeté
dans son âme les premiers doutes; il
examine de- plus près, étudie mieux la vie
de la bonne Lorraine, et voilà qu'il proclame
avoir. découvert enfin la vraie route. Il se
confesse, affirme sa volonté de se repentir
et de consacrer sa plume à la défense des
intérêts religieux combattus par lui jusque-
là, à là louange d'une doctrine qu'il avait
jusqu'alors bafouée. Quoi de plus vraisem-
blable Si vraisemblable même qu'encore
aujourd'hui, malgré les racontars d'hier,
nous ne serions pas éloignés de croire que
cette conversion fut absolument sincère et
que Léo Taxil trompe- encore son public
en se vantaht d'avoir simulé ce retour à la
religion.
» Cependant, ay.ouoDSrlej..certains prêtres
et je suis de ceux-là n'avaient pro-
fessé jamais très vive sympathie pour cet
écrivain repentant au lieu de se retirer en
quelque endroit discret où il eût expié son
erreur et ses ignobles volumes anticléri-
caux, Léo Taxil ne songea qu'à profiter du
bruit fait par sa conversion. Tout aussitôt
il bat monnaie de sa popularités parmi les
catholiques et publie des brochures qui lui
font gagner pas mal d'argent. Cela pouvait
paraître d'autant plus suspect que les affài-
Tes de la librairie anticléricale que dirigeait
Taxil étaient, disait-on, dans un fâcheux
état lorsque survinrent et sa conversion et
le nouveau mode. d'exploitation qu'elle per-
mettait.
» Donc le clergé, en admettant qu'il ait
cru à la réalite des sentiments de Taxil
converti, n'acceptait rien d'invraisemblable.
Reste la question du palladisme,; et
c'est ici que la chose devient.plus délicate,
que le clergé aurait pu trouver quelques
compromissions fâcheuses. Or il est connu
de tous que jamais les prêtres n'acceptent
le surnaturel avant d'avoir obtenu 'de ses
manifestations des preuves incontestables.
n Cette prudence devenàit plus nécessaire
encore devant les .récits fantastiques de Léo
Taxil, ses histoires ridicules sur la queue
du diable. Il est possible que quelques prê-
tres y aient cru, mais ce qui est certain,
par exemple, c'est qu'ici nous n'y avons ja-
mais accordé la moindre confiance, sque le
cardinal Richard aussi bien que mpî-même
avons tenu ces racontars comme indignes
d'occuper notre attention. En outre, --et
cecj,est catégorique malgré ce que Léo
Taxil qui, peut-être, ment encore dans les
détails de sa prétendue conversion en ou-
tre, Rome a condamné Diana Vaughan, et
les doctrines palladistes de façon formelle.
Depuis lors, le crédit de Taxil dans les mi-
lieux catholiques était si bas qu'il a cru
meilleur de changer encore de camp.
» Car voici des faits probants. Au dernier
congrès de Trente, certains prêtres avaient
mis en discussion les doctrines palladistes,
M. l'abbé de Bessonnies et M. le chanoine
Mustel, par exemple, avaient affirmé leur
croyance en ces théories diaboliques. Or,
Rome s'en émut aussitôt le congrès ter-
miné, et la commission de l'Inquisition,
réunie pour examiner la question, recon-
nùt que Léo Taxil n'apportait aucune
preuve, puis conclut à la fausseté de ces
doctrines, à la non-existence de Diana Vau-
ghan, à la mauvaise foi de Léo Taxil.
«Depuis lors, Taxil était abandonné par
ses défenseurs, et c'est pourquoi il se dé-
cide à l'ignoble récit que vous savez. »
Mais le pape n'a-t-il pas. béni M. Léo
raxil?
Par lettre, il a pu le bénir comme il
aurait béni tout fidèle s'affirmant bon catho-
liqae. Mais la seule intervention « officielle'»
fut l'enquête du tribunal d'inquisition et
elle condamnait 'Taxil avec sa suite d'im-
posteurs.
CHEZ LE DOCTEUR HACKS
Le Marseillais retour d'Orient L'é-
colier et le maître.
M. Léo Taxil n'est pas le seul imposteur
que le clergé maudisse. 11 ne pardonne pas
au docteur Hacks de s'être rendu fameux
dans cette colossale fumisterie par.sa colla-
boration à l'oeuvre impie sous le pseudo-
nyme du docteur Bataille. Le docteur Hacks,
qui occupe un superbe appartement boule-
vard Montmartre, nous a tait hier les décla-
rations suivantes, de son plus bel accent
marseillais
J'avais connu Taxil à Marseille; nous
étions camarades d'enfance. A mon retour
d'un long voyage dans l'Orient, que j'avais
visité comme médecin des Messageries
maritimes, je rencontrai Taxil, qui m'an-
nonça sa conversion et son désir d'écrire un
volume sur les manifestations diaboliques
auxquelles il m'affirma sa croyance. Il me
demanda ma collaboration, et j'acceptai.
» Je suis un « je m'en fichiste » absolu;
je ne crois à rien de ces blagues, et, je me
dis, en bon Marseillais, que c'était une
excellente farce à faire à mes contempo-
rains. Voilà pourquoi je donnai dans cette
belle fumisterie et écrivis le récit d'un
médecin dans les Indes, la Chine et le Ja-
pon, pays que je connaissais bien. Je remis
ensuite ces pages à Léo Taxil, qui, à ce
moment, créait son personnage, Diana
Vaughan, et le plaça dans le décor peint
par moi.
» Sur ces entrefaites, je me mariai et me
retirai de l'affaire à laquelle, depuis trois
ans, je n'ai en rien trempé. Mais, à ce mo-
ment, Léo Taxil me raconta que sa croyance
était aussi feinte que la mienne, et, aujour-
d'hui que tout se découvre, j'avoue hum-
blement que mon vieux camarade a le génie
de la fumisterie je ne fus, moi, qu'un éco-
lier près de ce maitre admirable! »
lA REINE VICTORIA
Chez l'impératrice Eugénie– De
Menton à Nice.
Menton, 20 avril. D'un correspon-
dant. La reine Victoria est arrivée au-
jourd'hui, à deux heures, en voiture, à ia
viila Cyraos. Elle a déjeuné chez l'impéra-
trice Eugénie.
La princesse Béatrice Lady Lytton, la
princesse Victoria, miss Phipps, le colonel
Bigge, le lieutenant Ponsouby, accompa-
gnaient la souveraine.
La reine Victoria a quitté la villa Cyrnos
à quatre heures quinze pourNice.
LA CRISE OUVRIÈRE EN ESPAGNE
Cordoue, 20 avril. Par service Spé-
cial. A Lucena, les ouvriers sans travail,
leurs femmes et leurs enfants ont fait une
manifestation pour réclamer du pain.
L'ordre n'a.pas été troublé.
L'AFFAIRE PETERS
BERLIN, 30 avril. If un correspondanl.
Les débats du procès intenté au docteur
Peters auront lieu le 24 avril devant là cour
disciplinaire nouvellement instituée pour'
L'AFFAIRE ARTOM
UN NOUVEAU PARLEMENTAIRE
COMPROMIS
Le cas de M. Laisant Recherches
dans les banques Les 30,000
francs d'un ex-député Qui
a touché ? Témoin de
la première heure.
Tout l'intérêt de la journée d'hier résidait
dans les recherches et les vérifications d'é-
critures entreprises par M. Marion, com-
missaire aux délégations judiciaires, sur
l'ordre de M. Le Poittevin, dans les établis-
sements financiers, notamment au' Comp-
toir d'Escompte, où M. Laisant, ancien dé-
puté boulangiste de Paris, avait des comp-
tes ouverts à -l'époque c'est l'accusation
qui le prétend ou Arton cherchait à cor-
rompre ces messieurs du Parlement pour
les amener à voter la loi sur les obligations
à lots du canal de Panama.
Le résultat des recherches de M. Marion
a été tenu secret; mais nous avons voulu
nous éclairer auprès de M. Laisant, qui
nous a fourni, par avance, les explications
qu'il donnera au juge d'instruction.
-Ilestexact,nousaditl'anciendéputé,que
j'ai eu un compte au Comptoir d'Escompte,
mais aune époque où je dirigeais le jouraal
la République radicale, qui a cessé de pa-
raître en 1887, c'est-à-dire antérieurement à
l'affaire du Panama'. Je n'étais plus journa-
liste.au moment où a eu lieu le vote de la
loi; mes opérations avec le Comptoir d'Es-
compte ont cessé à la disparition do mon
journal; il est donc faux qu'elles aient le
moindre rapport avec l'affaire Arton. Cepen-
dant, je m'attends à être appelé par M. Le
Poittevin; tant mieux. Jo pourrai ainsi,
avoir l'occasion de me disculper complète-
ment des accusations qui ont été portées
contre moi.
C'est donc de vous qu'il a été question
récemment dans la presse quand on, a an-
noncé que M. Le Poittevin convoquerait
prochainement M. L. ancien député bou-
langiste?
Oui, continue M. Laisant avec une
amabilité fort grande, on a fait allusion à
moi et à deux autres députés, MM. Laguerre.
et:Laur les trois L. du boulangisme,
comme l'on a dit MM..Laguerré et Laur
ont fait démentir les bruits qui ont couru
les journaux. Quant à moi; je n'étais pas là
quand on est venu pour m'interviewer,
mais mon fils a déclaré ce qué j'aurais
déclaré moi-même que je suis absolu-^
ment étranger aux opérations de M. Arton..
Ce n'est point la première fois que.
votre nom est prononcé à propos de cette
malheureuse affaire de Panama ?
En effet. Mais voici la genèse due
cette affaire. J'étais député en 1838, lors-
qu'un jour, à la Chambre, je fus mis en re-
lations avec un monsieur qui me dit être
ingénieur de la Compagnie de Panama et
me demanda quelles étaient mes inten-
tions à propos du vote de la loi sur l'émis-
sion des obligations.
» Je répondis à cet ingénieur que mon
intention était de voter la loi, parce que je
la croyais nécessaire et que, du reste, le
parti boulangiste était tout disposé à la
voter.
» Boulanger, continue M. Laisant, était
très sollicité par les actionnaires du Pa-
nama pour voter et faire voter cette loi; et,
en effet, notre parti polit que l'a votée, à
quelques exceptions près. Mais si j'ai voté
.avec mes collègues, c'est parce que je
croyais la loi utile et que notre parti politï-
que s'y était intéressé;; je m'empresse d'a-
jouter que de tous les personnages qui ont
été mêlés au triste scandale du Panama, je
ne connaissais que MM. Ferdinand de Les-
seps, Charles de Lesseps, Cottu, et les au-
tres m'étaient aussi inconnus que « l'arche
de Noé »..
» Je voterai la loi, dis-je au soi-disant in-
génieur qui me sollicitait, et qui n'était
autre qu' Arton,– lequel me sollicita encore
à deux reprises, mais je la, voterai sans
grand enthousiasme; car je n'ai pas con-
fiance dans les travaux entrepris.' Alors,
Arton entre dans de longs détails techni-
ques il medit qu'il revenait de Panama,
que les travaux marchaient on né peut
mieux.
» Je n'avais plus revu cet ingénieur et le
nom d'Arton m'était inconnu quand, à l'é-
poque de l'instruction Franqueville, mon
nom fut prononcé comme figurant sur le
carnet d'Arton avec en regard le chiffre 30.
Que signifiait ce chiffre? Voulait-il dire que
j'avais reçu 30,000 francs de M. Arton? Vou-
lait-il dire que M. Arton comptait m'ol1'rir
30,000 francs pour me décider à voter la loi,
si telle n'avait pas été mon intention?' Ou
bien signifiait-il que M. Arton pensait tout
simplement que je pouvais disposer de
30 voix ???. Je m'y perds encore 1
» Mais, quelle que soit la signification de
ce chitfre, je trouve tout naturel que M. Le
Poittevins'en préoccupe au cours de son
instruction.
» Quant à moi, je désire en finir une fois
pour toutes avec ces accusations, que je ne
m'explique pas. »
L'affaire Souligoux.
Votre nom n'a-t-il pas été prononcé
aussi à propos de l'arrestation de Souli-
goux ?
Oui, et je me demande même si, pour
moi, l'affaire Souligoux ne serait pas le co-
rollaire de l'affaire Arton. Je veux dire que
l'argent pourrait bien être tombé dans une
autre poche que la mienne. Mais je ne veux
accuser personne!
Tout ce que je puis dire à propos d'Ar-
ton, c'est que je n'ai eu avec lui que deux
ou trois conversations et qu'il m'a prêté,
pour réchauffer mon zèle, une brochure
scientifique au sujet du Panama, brochure
que je n'ai pas lue en entier. Puis-je ajou-
ter qu'il n'y avait point de billets de ban-
que entre les pages de cette brochure ?.
» Quant à Souligoux, c'est autre chose.
Vous n'ignorez pas que je fus mis en cause
au cours d'une campagne engagée parla
Libre Parole contre M. Souligoux dans
les derniers jours de novembre 1895. On
avait trouvé dans les papiers de ce mon-
sieur une note me concernant qui semblait
écrite par une cuisinière et mon nom était
inscrit, d'une écriture autra que cclle de
M. Souligoux, sur le talon d'un chèque
(n<> 1644) d'une valeur du 15,200 francs.
Je m'empressai de joindre M. Souligoux
avant son arrestation, et celui-ci déclara de-
vant témoins, mon fils et un de nos amis,
que s'il était exact que j'avais eu des rela-
tions personnelles avec lui, du moins il ne
m'avait rien donné ni rien offert et que la,
mention de mon nom n'était pas de son
écriture.
n A cette époque, je collaborais au Fi-
garo. Je m'empressai de répondre, aux at- 1
taques dont j'étais l'objet, par une lettre i
dont voici le passage intéressant
J'ai fait exprimer à M. le-juge d'instruction
Espinas le désir d'être entendu par lui, et il a
reçu hier ma déposition. M. te juge d'instrUç- 1
j'attachais une certaine importance. c'est le
chèque n- 1G44 lui-même ¡¡,est tiré et aerjuitt
par M. Souligoux et ne porte aucune mention
de ma signature ni de mon nom.
De quelle main et de quelle date est la men-
tion portée sur le talon de chèque? C'est ce
que j'ignore.
J'ai connu M. Souligoux tt. l'époque où je
m'occupais de questions d'assurances. J'affirme
qu'il ne m'a jamais rien donné ni offert en au-
cune circonstance, et notamment propos du
Panama.
» Voilà les faits qui me concernent, con-
clut M. Laisant en nous serrant la main;je
me suis retiré de la politique pour ne plus
m'occuper que des sciences; je suis fort
tranquille sur mon sort, car la politique
m'a plus coûté qu'elle ne m'a jamais rap-
porté
» Qu'est devenu Souligoux? Je l'ignore,
mais je crois qué s'il pouvait être entendu
par le juge d'instruction, son témoignage
serait intéressant du moins en ce qui me
concerne.'»
Où est Souligoux ?
Après avoir entendu les intéressantes dé-
clarations de M. Laisant, nous avons poussé
plus loin notre curiosité pour savoir où se
trouve actuellement ce fameux Souligoux,
qui a été ruëlè si intimement aux scandales
du Panama.
Si nous en croyons un bruit qui mérite
créance car la personne- de qui nous le
tensons est bien renseignée Souligoux se-
rait en ce moment à Londres, et. M. Le
Poittevin ne désespère pas de le voir venir
à Paris^dans peu de jours, pour lui livrer
les secrets de ses. chèques
M. Le Poittevin n'a reçu qu'un seul
témoin hier, M. Ferdinand Martin, ancien
banquier à Nyons, qui publia, sous la si-
gnature de « Micros », plusieurs articles
sensationnels dans la Libre Parole.
• M. Ferdinand Martin a été entendu à deux
reprises par la commission d'enquête, en
1892, et il n'a fait que renouveler ses dépo-
sitions, lesquelles figurent tout' au long
dans le rapport Vallé. '<̃'
LA GUERRE GRÉGO-TURgUE
Les Turcs continuent à avancer
Prise de Turnovo En face de
Larissa Les puissances
attendent;
Bien qu'il n'y ait pas eu, au sens réel du
mot, de bataille rangée entre les deux ar-
mées, les Turcs paraissent désormais mai-
tres de la situation. Dans la journée d'hier,
leur succès s'est encore accentué.
De source ottomane,- on annonce la prise
de Turnovo, point situé au pied dç la chaîne
du Pinde, au-dessus et à deux heures de
marche de Larissa.
On affirme même que l'avant-garde d'E-
dent pacha a pénétré dans cette ville, dont
la Grèce avait fait le quartier général de son
.armée et où se trouvaient le duc de Sparte,
généralissime, et sa femme, la princesse
Sophie, sœur de l'empereur Guillaume, qui
avait bravement pris la direction des ambu-
lances.
Bien qu'elle ne soit pas absolument cer-
taine, la nouvelle de la pri e de Larissa
est vraisemblable. L'ancienne capitale du
royaume d'Achille n'est distante que d'une
dizaine de kilomètres de Turnovo.
Cependant, on est sans nouvelles de l'état-
major grec. Naturellement, les Turcs ne
s'en tiendront pas à Larissa. Ils vont pous-
ser en avant, non pas du côté de la mer et
de Volo, où ils pourraient être sérieusement
inquiétés, par la flotte grecque mais, après
,une pointe vers Trikaia, il est vraisemblable
qu'ils marcheront sur Pharsale. Pour eux
commenceront là de réelles difficultés, ré-
sultant due la nature du terrain.
Qu'on ne croie pas qu'ils soient à la veille
de paraitre aux environs d'Athènes. Il ne
faut pas oublier qu'il y a kilomètres en-
tre Larissa et Athènes, et que ces deux vil-
les sont séparées par les crêtes des monts
Othrys.
Sur divers points où ils ont tenté des di-
versions, les Grecs paraissent être victo-
rieux mais ils n'ont aucun avantage à ti-
rer de leur succès. De même en Epire, où
les Turcs font porter leur principal effort
sur Arta qu'ils ont investi.
Rien n'est changé, au point de vue inter-
national, sinon qu'il se confirme que les
puissances persévèrent dans leur expecta-
tive. Comme l'a dit cruellement autrefois le
prince de Bismarck, on va laisser les belli-
gérants « cuire dans leur jus L'Europe
n'interviendra qu'à la demande do l'un des
deux champions.
Voici maintenant les dépêches parvenues
du théâtre des opérations et relatant les évé-
nements tour à tour au point de vue turc et
grec:
Les Turcs à Larissa.
Eiassona, 20 avril. D'un correspon-
dant. L'artillerie turque a ouvert te feu
dans l'après-midi d'hier sur Turnovo, où
les Grecs s'étaient repliés.
Avant cette action, ils avaient pris la der-
nière position grecque entre Meiouna et
Turnovo.
Les Grecs ont offert peu de résistance et
les Turcs ont fait plusieurs prisonniers.
Salonique, 20 avril, 4 h. 15 soir. D'un
correspondant. Une dépêche officielle
du muchir Edhem pacha annonce la prise
de Turnovo.
Constantinople, 20 avril, 5 h. 29 soir.
Suivant un télégramme du quartier général
turc, l'armée ottomane est dans la plaine de
Larissa.
Une seule hauteur voisine est encor^bç-
cupée parles Grecs.
L'armée doit maintenant être entrée à La-
risia.
L'attaché militaire autrichien est parti, se
rendant à la frontière il est probable que
les attachés militaires anglais et italiens
suivront.
La flotte turque.
Constantinople, 20 avril. D'un cor-
respondant. Hier soir, trois torpilleurs
de première classe et deux de deuxième
classe sont sortis du port. Aujourd'hui sor-
tiront trois corvettes et deux cuirassés..
La première division de l'escadre otto-
mane est au cap Sigri, île de Lersbos.
Une tentative faite par les Grecs en vue
le faire sauter le chemin de fer. entre Ka-
rala et Lagos n'a pas réussi.
La Banque ottomane a organisé une am-
oulance, dont la direction a été confiée au
Jocleur Lardy, ancien chirurgien en chef de
.'hôpital de Constantinople.
Nouvelles de source grecque.
On n'a que peu de nouvelles d'origine
îellénique sur les combats de Thessalje.
)a mentionne la supériorité numérique des
Pures et on parie de la vaillance des trou-
)es, sans dire, comme hier, que leur hé-
'oïsme a été couronné de succès. On est
jus loquace sur les opérations en Epire.
Athènes, 20 avril, 2 h. soir. Ë?un 'C0î>
1. Le combat de Reveni a re-
pris depuis ce matin.
Les Turcs attâqu^eat avec des forées suaô*
CENTIMES
le
SEUL JOURNAL FRANÇAIS RECEVANT PAR FILS ET SERVICES SPÉCIAUX LES DERNIÈRES NOUVELLES DU MONDE ENTIER
NAPOLEON AMOUREUX
Si nous ne finissons point par con-
naître la vie de Napoléon jusqu'en ses
recoins les plus intimes, ce ne sera cer-
..tes- pas la faute des biographes, qui ont
fouillé et qui tirent au grand jour tous
les secrets de son existence privée, même
.ceux de son ou de ses alcôves et qui
en étalent à nos yeux tout le linge sale.
Voici qu'après tant d'autres volumes où
le grand. homme est surpris, comme par
des instantanés, dans tous les moments
même les moins héroïques de sa car-
rière, il en paraît un dernier qui a pour
.titre Napoléon amoureux, et pour au-
.teur M. Joseph Turquan.
amoureux, oui, Napoléon l'a été il l'a
été de ses deux femmes, de Joséphine et
de Marie-Louise. Il l'a été comme un
collégien ou plutôt comme un sous-lieu-
tenant, dont le fond de caractère est une
timidité excessive près du beau sexe.
Napoléon, nous le savons par les Mé-
moires de Mme de Rémusat, était à la
fois extrêmement timide et prodigieuse-
ment brutal avec; les femmes. Ces deux-
défauts-là vont assez souvent de pair
ensemble. Quand on est embajrajj^iig*
la. contenance • à garder près d'une
femme, quand jcm lie sait point lui dé-
• bitér les galanteries aimables où excel-
lent les sots bien élevés, on'dérobe sous
la brusquerie des manières le malaise
et -la, gêne que rpiréprouve.
Napoléon, qui n'avait reçu aucune
éducation pxemièTe^nô sut jamais par-
ler aux femmes. Il est probable que le
mariage, p» l'autorisant à être lui-
même, en le rejetant pour ainsi dire
dans son naturel;' lui rendait la liberté
de ses mouvements et de son esprit. Il
se;sentait redevenir aimable et il' n'en
était que plus amoureux.
JVyec lès maîtresses qui ne se ren-
daient pas tout de suite, qu'il eût fallu
conquérir lentement par une suite de
petits soins, :il n'était plus qu'un collé-
rien embarrassé et honteux. On se rap-
pelle le mot sanglant d'une dame de sa
cour, à qui il demanda brutalement;:
–-Est-ce que vous aimez toujours les
hommes?
Oui, sire, répondit-elle, quand; ils
•ont de l'esprit..
Napoléon, qui- avait toutes sortes- d'es'
'prit, n'avait pas celui de la conversation
et de la galanterie. On a dit que Mme
de Rémusat-lui avait cédé cela est pos-
sible, parce que, après tout, Mme de. Ré-.
musat avait été éblouie par la grandeur
du maître et qu'elle avait plié sous. la
supériorité de son génie. Je n'en crois
rien portant. Car elle était éminem-
ment femme du monde, et c'est elle qui
nous a peint de la façon la plus spiri-
et la plus maligne le Napoléon
gauche et brutal dont nous avons gardé
le souvenir.
La plupart desamours que nous, conte
M. Joseph Turquan sont des amours
soldatesques. Napoléon rencontre une
jolie femme; elle lui plaît. Il y a autour
de lui des officiers ou des chambellans
qui font les démarches dont il ne veut
pas prendre là peine.,Le caprice satisfait,
il passe à une,autre. Tout cela n'est pas
bien ragoûtant, et peut-être n'était-il pas
nécessaire d'en conserver la mémoire.
Il ne semble pas non plus que les fem-
mes sur qui il a laissé ainsi tomber un
coup d'œil l'aient aimé, comme on dit,
pour lui-même. Les unes ont franche-
ment conclu une bonne affaire en se
donnant au maître du monde; les autres
se sont laissé séduire un instant à la
gloire elles ont été victimes d'une courte
ivresse d'orgueil. On cherche en vain,
dans toutes ces histoires d'amours im-
périales, le pendant de celles de la
duchesse de Lavallière, cette aimable
et douce Lavallière, qui eût aimé
Louis XIV, s'il n'eût été qu'unsimple gen-
tilhomme, et qui, le jour où elle fut dé-
laissée par lui, s'enferma dans l'éternelle
retraite d'un couvent et mourut de cet
abandon.
• Mme Waleska, peut-être; oui, Mme
Waleska eut, comme disent les grisettes,
un sentiment pour Napoléon. Il faut dire
cependant que M. Joseph Turquan n'est
pas tendre pour elle dans le récit de ses
amours, et qu'il nous enlève quelques
illusions. Je les regrette.
Il m'ennuie de voir toutes les aven-
tures où s'engage le héros n'être plus,
comme disait énergiquementChampfort,
que des coucheries sans amour.
Il y en a de bien plaisantes dans le.
nombre.
L'une d'elles est un vrai vaudeville.
C'est en Egypte que l'histoire se passe.
Bonaparte a un jour croisé sur son che-
min une jolie femme, qui riait à belles
dents au milieu d'un groupe d'autres
femmes. Elles étaient fort belles, ces
dents, et elles éclairaient un petit minois
chiffonné, qui était le plus piquant du
monde.
Il s'enquit discrètement à qui appar-
tenaient le visage et les dents qu'il avait
remarqués. C'était la femme d'un sim-
-rpie officier, qui s'appelait Fourès; Il se
fût signalé à la guerre par une action
d'éclat, personne ne saurait son nom; Il
j&eu l'honneur d'être troùipé,par le-vain-
queur des Pyramides quarante siècles
répéteront le nom de ce mari trompé.
Un des généraux invita à sa table, le
soir même, Mme Fourès sans son benêt
de mari. Le général en chef vjnt comme
par hasard prendre le café. On ménagea
à la femme-, qui était une gaillarde, une
l\ heure de,iôte à tête avec Bonaparte.Qhf
les choses\o traînaient pas avec lui.
Jusque-là, rien que d'assez ordinaire
Il fallait se délivrer du lieutenant, qui
pouvait devenir un gêneur. Le général
en chef lui confie fhonorable missionde
porter au Directoire des nouvelles de la
plus haute importance. Fourès est tout
étourdi del'honneurqu'on lui fait.Ilvou-
lait emmener sa femme; on lui repré-
sente qu'il court risque d'être pris par.
ies croiseurs anglais. Ces Anglais ne
respectent rien qu'adviendra-t-il de
Mme Fourès, cette digne épouse, entre
leurs mains criminelles? Fourès se rend
à ce raisonnement.
Il part. L'aviso sur lequel il s'était em-
barqué est pris, comme s'y attendait
bien, comme l'espérait le général en
chef. Mais c'est ici que l'aventure tourne
au vaudeville.
L'amiral anglais, qui était instruit des
amours de la belle Mme Fourès avec le
général en chef, après s'être assuré que
les dépêches confiées au mari étaient in-
signifiantes, le fait venir
Je veux vous prouver, lui dit-il,
que les Anglais sont, quoi qu'on dise, ca-
pables de sentiments généreux; je vous
rends la liberté et je vais même vous dé-
poser sur la côte d'Egypte. Vous pourrez
aller rejoindre l'armée^ française, et je
au plus 'vite.
Le digne lieutenant se confond en pro-
testations de reconnaissance; il ne peut
croire à tant de magnanimité. Il court
au Caire rendre compte de sa mission au
général en chef.
II y trouve sa: femme qui était deve-
nue, madame la générale.
L'histoire est;drôle! -Mais bien vilaine
au fond Ainsi, on envoyait ce brave
garçon sur un aviso, et l'on était con-
vaincu que cet aviso serait capturé et
que tout l'équipage irait pourrir sur les
pontons anglais.; est tout cela pour per-
mettre à ce nouveau- David de passer
tranquillement la nuit, avec la femme
d'Un.
C'est un crime que Dieu punit de la
peste.
Nous ne faisons qu'en' rire les mœurs
ont changé.
Francisques Sarcey.
Demain, le MATIN publiera l'article
de M. HENRI BOUSQUET.
LE CORf S DES POLITICIENS
M Avec la loi sur. les incompatibilités
parlementaires dont le Matin s'oc-
̃ cupait hier en détail, nous marchons
.tout. doucement vers la création d'un corps
de politiciens. Le premier pas fait dans cette
voie a été suivi de plusieurs autres sur le
projet de M. Lcrùis Ricard sont venues se
gretfer de nouvelles restrictions imaginées
par la commission, par le rapporteur, M.
Maurice Faure, et l'on peut s'attendre à ce
que, chemin faisant, des purs apportent
de nouvelles pierres à l'édifice.
II est bien évident qu'il entre dans l'es-'
prit-de certaines gens de faire du député un.
être à part, une sorte d'eunuque législatif
qui ne tiendra à rien ni à personne et vi-
vra en dehors de la vie sociale. Etant privé
des organes essentiels qui font' l'homme
agissant, il pourra légiférer avec l'impassi-
bilité que les Turcs exigent des fonction-
naires préposés à la garde dd harem.
La politique sera ainsi une carrière ré-
servée aux seuls déclassés, aux Français
incapables de produire autre chose que de
la politique pure, c'est-à-dire des interpella-
tions, des crises ministérielles, des intri-
gues de couloirs.
C'est alors qu'on verra le père prévoyant
faire comparaitre son -fils et lui dire «Mon
ûls, tu n'es bon à rien, ton incapacité te
ferme toutes les carrières, tu manques sur-
tout absolument de sens pratique pour te
guider dans la vie, tu es donc,apte à faire un
excellent politicien. A la Chambre, toutes les
négations quetu renfermes en toi deviendront
des qualités et tu pourras nourrir toutes
les ambitions. Va, mon fils, pose ta candi-
dature à un siège de député et que Dieu te
bénisse il t'a créé pour gouverner la
France. »
LES CARTES A JOUER
Nous signalions, il y a quelques jours, le
tnécompte qu'avait donné l'impôt sur les
cartes àjouer, qui, bien que majoré; n'a-
vait donné, en 1896, qu'un produit très infé-
rieur aux prévisions budgétaires.
La consommation avait diminué dans une
proportion telle que l'élévation du tarif n'a-
vait pas suffi à compenser la perte tésul-
tant de cette diminution.
L'administration des contributions direc-
tes vient précisément de faire un travail
qui confirme ce que la statistique financière
avait révélé.
De ce travail, il résulte que le nombre
des jeux de carte consommés n'a été, en
1896, que de alors qu'en 1895,
avant l'augmentation de l'impôt, il avait été
de 3,972,746. Il y a donc eu une diminution
de 990,959 jeux d'une année à l'autre, soit
une baisse de consommation de 25
AFFAIRES CUBAINES
Madrid, 20 avril. Par service spécial.
On assure que la nouvelle que M. Day
serait chargé d'une mission de M. Mac-
Kinley près des insurgés cubains est dé-
nuée de fondement. M. Day doit seulement
faire une enquête sur la mort du citoyen
américain Ruiz.
Par conséquent, les bruits de négocia-
tions de paix avec Cuba tombent.
GUILLAUME Il EN AUTRICHE
BERLIN, 20 avril. D'un correspondant.
L'empereur'est parti à sept heures cin-
quante du soir pour Yienne.
BUDAPEST, 20 avril;. D'un correspon-
dant. Le baron Banffy, président dii con-
seil, part ce soir pour Vienne où il va pré-
senter les projets des'fôtes qui seront don-
nées à Budapest en l'honneur de l'empereur
MASSACRE D£MENTI
Rome, 20 avril. D'un correspondant.
-La Société de Géographie italienne) con-
trairement aux nouvelles d'un journal de
Paris; déclare que les informations qu'elle
a reçues du commandant anglais, à Kisi--
majo, et du commandant italren, à Moga- 1
disclu, annoncent que l'expédition Bottego 1
est en xoute vers la cota.
DIANA YAUGHAN
LE CLERGÉ ET L'ÉNORME FU-.
MISTERIE DE TAXIL
Douze, anriées de mystification Le
roman du palladisme Imagina-
tion et inventions Le bon
curé de Loigny Le catho-
licisme toujours solide.
L'extraordinaire et colossale fumisterie,
organisée par M. Léo Taxil avec un art et
une science sans pareils mérite vraiment
d'arrêter quelques instants l'attention. La
fabuleuse histoire de Diana Vaughan vau-
dra sans conteste à son auteur la palme
des mystificateurs ,1. L'illustre Sapeck
n'existe plus à côté de Taxil. D'autant que
cette grosse plaisanterie duré douze an-
nées et que pendant douze ans des milliers
de catholiques y ajoutèrent foi comme à un
chapitre de l'Evangile.
C'est que miss Diana Vaughan,' cette fille
de l'imagination de Léo Taxil, était un per-
sonnage essentiellement romanesque et
sympathique. Diana vivait jadis en Amé-
rique. Elle fut, en son pays, grande mal-
tresse des Lucifériens. Mais elle avait une
rivale, Sophie Walder, fiancée au diable Bi-
tru, qui devait donner naissance à l'Ante-
Christ. Sophie continua à vivre avec Bitru,
'tandis que Diana se convertit avec éclat au
catholicisme.
Dès lors, Diana? publia'ûne série de vola.
mes en faveur de sa religion nouvelle. Ses
révélations sur le Palladismè firent du
bruit dans le clergé. Si bien que, en peu de
temps, la convertie devint universellement
célèbre. Des cardinaux lui écrivirent; le
Pape lui envoya sa bénédiction.
Et voici que M. Taxil avoue aujourd'hui,
sans ambages, qu'il a inventé dé toutes piè-
ces ce mystérieux personnage de Diana
Vaughan!
Son aveu fait -du bruit dans le Lander-
neau catholique.
Nous avons précisément rendu visite à
M. de la Rive, directeur de la FfûrlCe
chrétienne, qui rompit force lances dans
les journaux en faveur .de .ce renégat de
Taxil. M. de,la Rive était venu à Pans tout
exprès pour voir la fameuse Diana, qui de-
vait enfin se montrer lundi soir; à la salle
de Géographie. Au lieu de 'contempler l e
visage dé l'ex-grande Maîtresse du Palla-
disme, l'infortuné voyageur n'a pu voir que
le formidable « lapin posé,par hl. Taxil t
Odieusement trompés.
M. de la Rive, à bon doit, n'est pas con-
tent, non' plus que les amis que nous avons
rencontrés chez lui, M. l'abbé de Besson-
nies, le R: P. Octave,' d'autres encore
tous ceux, en un mot, qui tenaient Taxil
pour une bonne âme sincèrement chré-
tienne.
Nous sommes bien obligés d'avouer
que nous ayons été odieusement trompés.
Mais il faut dire aussi que M. Taxil avait
merveilleusementmachiné sa duperie. Nous'
avons usé de tous les moyens pour le pren-
dre en défaut car, malgré tout, notre
confiance en lui était en éveil. Et jamais.
nous n'avons pu constater la moindre con-
tradiction.
Tous, nous avons-reçu des lettres de'.
Diana Vaughan. Nous lui avons même
adressé nombreuses lettres recommandées,
et toujours elle y a répondu par retour du
courrier que ces lettres lui fussent adres-
sées à Bruxelles, à Londres, à Genève ou à
Berlin. Et l'écriture de ces lettres était évi-.
-demment de la. même personne. C'est en-
;çore^à; la même personne.,qu'il faut attri-
buer les manuscrits de tous les ouvrages
signés du nom de Diana Vaughan.
» Il y a quelques mois, alors que certains
journaux catholiques mirent en doute l'exis-
tence de l'ex-grande Maîtresse du Palla-
disme, nous invitâmes M. Taxil à faire la
preuve de cette existence. Il vint nous voir,
be plaignit des attaques injustes dirigées
contre lui. Il protesta de sa sincérité et de
sa bonne foi, et il en vint à sangloter, ce
vieil hypocrite Tout aussitôt il nous mon-
tra un portrait-album de Diana Vauglian.
Au verso de ce portrait se trouvait écrite la
déclaration suivante de M. Theuré, curé de
Loigny:
oc tic i-mis uesiiur ull aeui nibi.ua a recon-
naître dans la photographie ci-contre les véri-
tab:es traits et la ressemblance parfaite de
l'illustre visiteuse que j'ai eu (sicj sous les
yeux le samedi 13 mars dernier, et dont la
noble prestance m'avait si vivement intri gué.
Toutefois, le petit chapeau sans garniture
ni fleurs, et le costume relativement simple,
dépourvu de toute espèce de parures mondai-
nes, qu'elle portait, donnaient à sa personne
un tout autre air de modestie et d'humilité,
sans rien retrancher pourtant de la fierté de
son maintien.
F. TlIEURÉ,
Chan. non., curé de Loigny.
» Cependant, nous fûmes plus exigeants
encore, et nous obtînmes de Taxil l'assu-
rance -qu'il nous 'montrerait Diana Vau-
ghan.
u Nous nous attendions donc, lundi soir,
à voir Diana Vaughan en chair et en os.
u Vous savez maintenant comme nous
avons été trompés. n
Le mépris 1
Quelle attitude allez-vous prendre dé-
sormais vis-à-vis de lui?
Nous ne pouvons lui répondre que par
notre mépris. Et c'est en effet un homme
tout à fait méprisable! Mais véritablement
nous nous demandons dans quel but il a
monté cette machination. Etait-ce pour s'en-
richir et gagner de l'argent ? Il est impossi-
ble de l'admettre. Car il ne s'est pas enri-
chi il est même dans une situation plu-
tôt précaire. A ce propos, nous pouvons
établir que les droits d'auteur des ouvrages
signés du nom de Diana Vaughan ne lui ont
pas rapporté grand'chose. Plusieurs fois
nous les avons touchés pour lui et les avons
distribués à des œuvres de bienfaisance.
Il Il convient, ajoute M. de la Rive, de po-'
ser à M. Taxil une dernière question. Qui
est la personne qui a joué pendant quatre
ans le rôle de Diana Vaughan? Qu'est-elle
devenue? Il devait nous la montrera la
fin de sa conférence de lundi et il ne nous a-
montré personne, De telle sorte qu'il nous
est peut-être permis de nous demander si
M. Taxil n'a pas supprimé la vraie Diana
» Mais laissons celà! M. Taxil est un mé*
prisable personnage dont les agissements
et les mystifications ne sauraient nuire on
rien à la cause catholique.
A L'ARCHEVÊCHÉ
M. l'abbé Odelin La Crédulité des
prêtres expliquée– Condamné
par l'inquisition.
Nous avons voulu savoir comment,
l'archevêché de Paris, on appréciait la nou-
velle évolution de Léo Taxil et quel émoi.
ses proclamations de haute fumisterie
avaient produit dans le monde religieux.
M. l'abbé Odelin, vicaire général du dio--
cèse et, chacun le sait, le confident,
et coadjuteur principal de l'archevêque de
Paris, nous a bien voulu donner là-dessus-
tes appréciations que voici
de Léo Taxi!, il", y a douze années, et ses
inventions plusiecentèïTsurle palladisme.
Car, si nous crûmes à la sincérité de Léo
Taxil se confessant et se repentant, nous
n'accordâmes pas le moindre crédit à ses
dernières divagations diaboliques.
Il Quoi de plus naturel que cette conver-
sion Léo Taxil raconte que l'histoire de
Jeanne d'Arc, après l'avoir séduit, a jeté
dans son âme les premiers doutes; il
examine de- plus près, étudie mieux la vie
de la bonne Lorraine, et voilà qu'il proclame
avoir. découvert enfin la vraie route. Il se
confesse, affirme sa volonté de se repentir
et de consacrer sa plume à la défense des
intérêts religieux combattus par lui jusque-
là, à là louange d'une doctrine qu'il avait
jusqu'alors bafouée. Quoi de plus vraisem-
blable Si vraisemblable même qu'encore
aujourd'hui, malgré les racontars d'hier,
nous ne serions pas éloignés de croire que
cette conversion fut absolument sincère et
que Léo Taxil trompe- encore son public
en se vantaht d'avoir simulé ce retour à la
religion.
» Cependant, ay.ouoDSrlej..certains prêtres
et je suis de ceux-là n'avaient pro-
fessé jamais très vive sympathie pour cet
écrivain repentant au lieu de se retirer en
quelque endroit discret où il eût expié son
erreur et ses ignobles volumes anticléri-
caux, Léo Taxil ne songea qu'à profiter du
bruit fait par sa conversion. Tout aussitôt
il bat monnaie de sa popularités parmi les
catholiques et publie des brochures qui lui
font gagner pas mal d'argent. Cela pouvait
paraître d'autant plus suspect que les affài-
Tes de la librairie anticléricale que dirigeait
Taxil étaient, disait-on, dans un fâcheux
état lorsque survinrent et sa conversion et
le nouveau mode. d'exploitation qu'elle per-
mettait.
» Donc le clergé, en admettant qu'il ait
cru à la réalite des sentiments de Taxil
converti, n'acceptait rien d'invraisemblable.
Reste la question du palladisme,; et
c'est ici que la chose devient.plus délicate,
que le clergé aurait pu trouver quelques
compromissions fâcheuses. Or il est connu
de tous que jamais les prêtres n'acceptent
le surnaturel avant d'avoir obtenu 'de ses
manifestations des preuves incontestables.
n Cette prudence devenàit plus nécessaire
encore devant les .récits fantastiques de Léo
Taxil, ses histoires ridicules sur la queue
du diable. Il est possible que quelques prê-
tres y aient cru, mais ce qui est certain,
par exemple, c'est qu'ici nous n'y avons ja-
mais accordé la moindre confiance, sque le
cardinal Richard aussi bien que mpî-même
avons tenu ces racontars comme indignes
d'occuper notre attention. En outre, --et
cecj,est catégorique malgré ce que Léo
Taxil qui, peut-être, ment encore dans les
détails de sa prétendue conversion en ou-
tre, Rome a condamné Diana Vaughan, et
les doctrines palladistes de façon formelle.
Depuis lors, le crédit de Taxil dans les mi-
lieux catholiques était si bas qu'il a cru
meilleur de changer encore de camp.
» Car voici des faits probants. Au dernier
congrès de Trente, certains prêtres avaient
mis en discussion les doctrines palladistes,
M. l'abbé de Bessonnies et M. le chanoine
Mustel, par exemple, avaient affirmé leur
croyance en ces théories diaboliques. Or,
Rome s'en émut aussitôt le congrès ter-
miné, et la commission de l'Inquisition,
réunie pour examiner la question, recon-
nùt que Léo Taxil n'apportait aucune
preuve, puis conclut à la fausseté de ces
doctrines, à la non-existence de Diana Vau-
ghan, à la mauvaise foi de Léo Taxil.
«Depuis lors, Taxil était abandonné par
ses défenseurs, et c'est pourquoi il se dé-
cide à l'ignoble récit que vous savez. »
Mais le pape n'a-t-il pas. béni M. Léo
raxil?
Par lettre, il a pu le bénir comme il
aurait béni tout fidèle s'affirmant bon catho-
liqae. Mais la seule intervention « officielle'»
fut l'enquête du tribunal d'inquisition et
elle condamnait 'Taxil avec sa suite d'im-
posteurs.
CHEZ LE DOCTEUR HACKS
Le Marseillais retour d'Orient L'é-
colier et le maître.
M. Léo Taxil n'est pas le seul imposteur
que le clergé maudisse. 11 ne pardonne pas
au docteur Hacks de s'être rendu fameux
dans cette colossale fumisterie par.sa colla-
boration à l'oeuvre impie sous le pseudo-
nyme du docteur Bataille. Le docteur Hacks,
qui occupe un superbe appartement boule-
vard Montmartre, nous a tait hier les décla-
rations suivantes, de son plus bel accent
marseillais
J'avais connu Taxil à Marseille; nous
étions camarades d'enfance. A mon retour
d'un long voyage dans l'Orient, que j'avais
visité comme médecin des Messageries
maritimes, je rencontrai Taxil, qui m'an-
nonça sa conversion et son désir d'écrire un
volume sur les manifestations diaboliques
auxquelles il m'affirma sa croyance. Il me
demanda ma collaboration, et j'acceptai.
» Je suis un « je m'en fichiste » absolu;
je ne crois à rien de ces blagues, et, je me
dis, en bon Marseillais, que c'était une
excellente farce à faire à mes contempo-
rains. Voilà pourquoi je donnai dans cette
belle fumisterie et écrivis le récit d'un
médecin dans les Indes, la Chine et le Ja-
pon, pays que je connaissais bien. Je remis
ensuite ces pages à Léo Taxil, qui, à ce
moment, créait son personnage, Diana
Vaughan, et le plaça dans le décor peint
par moi.
» Sur ces entrefaites, je me mariai et me
retirai de l'affaire à laquelle, depuis trois
ans, je n'ai en rien trempé. Mais, à ce mo-
ment, Léo Taxil me raconta que sa croyance
était aussi feinte que la mienne, et, aujour-
d'hui que tout se découvre, j'avoue hum-
blement que mon vieux camarade a le génie
de la fumisterie je ne fus, moi, qu'un éco-
lier près de ce maitre admirable! »
lA REINE VICTORIA
Chez l'impératrice Eugénie– De
Menton à Nice.
Menton, 20 avril. D'un correspon-
dant. La reine Victoria est arrivée au-
jourd'hui, à deux heures, en voiture, à ia
viila Cyraos. Elle a déjeuné chez l'impéra-
trice Eugénie.
La princesse Béatrice Lady Lytton, la
princesse Victoria, miss Phipps, le colonel
Bigge, le lieutenant Ponsouby, accompa-
gnaient la souveraine.
La reine Victoria a quitté la villa Cyrnos
à quatre heures quinze pourNice.
LA CRISE OUVRIÈRE EN ESPAGNE
Cordoue, 20 avril. Par service Spé-
cial. A Lucena, les ouvriers sans travail,
leurs femmes et leurs enfants ont fait une
manifestation pour réclamer du pain.
L'ordre n'a.pas été troublé.
L'AFFAIRE PETERS
BERLIN, 30 avril. If un correspondanl.
Les débats du procès intenté au docteur
Peters auront lieu le 24 avril devant là cour
disciplinaire nouvellement instituée pour'
L'AFFAIRE ARTOM
UN NOUVEAU PARLEMENTAIRE
COMPROMIS
Le cas de M. Laisant Recherches
dans les banques Les 30,000
francs d'un ex-député Qui
a touché ? Témoin de
la première heure.
Tout l'intérêt de la journée d'hier résidait
dans les recherches et les vérifications d'é-
critures entreprises par M. Marion, com-
missaire aux délégations judiciaires, sur
l'ordre de M. Le Poittevin, dans les établis-
sements financiers, notamment au' Comp-
toir d'Escompte, où M. Laisant, ancien dé-
puté boulangiste de Paris, avait des comp-
tes ouverts à -l'époque c'est l'accusation
qui le prétend ou Arton cherchait à cor-
rompre ces messieurs du Parlement pour
les amener à voter la loi sur les obligations
à lots du canal de Panama.
Le résultat des recherches de M. Marion
a été tenu secret; mais nous avons voulu
nous éclairer auprès de M. Laisant, qui
nous a fourni, par avance, les explications
qu'il donnera au juge d'instruction.
-Ilestexact,nousaditl'anciendéputé,que
j'ai eu un compte au Comptoir d'Escompte,
mais aune époque où je dirigeais le jouraal
la République radicale, qui a cessé de pa-
raître en 1887, c'est-à-dire antérieurement à
l'affaire du Panama'. Je n'étais plus journa-
liste.au moment où a eu lieu le vote de la
loi; mes opérations avec le Comptoir d'Es-
compte ont cessé à la disparition do mon
journal; il est donc faux qu'elles aient le
moindre rapport avec l'affaire Arton. Cepen-
dant, je m'attends à être appelé par M. Le
Poittevin; tant mieux. Jo pourrai ainsi,
avoir l'occasion de me disculper complète-
ment des accusations qui ont été portées
contre moi.
C'est donc de vous qu'il a été question
récemment dans la presse quand on, a an-
noncé que M. Le Poittevin convoquerait
prochainement M. L. ancien député bou-
langiste?
Oui, continue M. Laisant avec une
amabilité fort grande, on a fait allusion à
moi et à deux autres députés, MM. Laguerre.
et:Laur les trois L. du boulangisme,
comme l'on a dit MM..Laguerré et Laur
ont fait démentir les bruits qui ont couru
les journaux. Quant à moi; je n'étais pas là
quand on est venu pour m'interviewer,
mais mon fils a déclaré ce qué j'aurais
déclaré moi-même que je suis absolu-^
ment étranger aux opérations de M. Arton..
Ce n'est point la première fois que.
votre nom est prononcé à propos de cette
malheureuse affaire de Panama ?
En effet. Mais voici la genèse due
cette affaire. J'étais député en 1838, lors-
qu'un jour, à la Chambre, je fus mis en re-
lations avec un monsieur qui me dit être
ingénieur de la Compagnie de Panama et
me demanda quelles étaient mes inten-
tions à propos du vote de la loi sur l'émis-
sion des obligations.
» Je répondis à cet ingénieur que mon
intention était de voter la loi, parce que je
la croyais nécessaire et que, du reste, le
parti boulangiste était tout disposé à la
voter.
» Boulanger, continue M. Laisant, était
très sollicité par les actionnaires du Pa-
nama pour voter et faire voter cette loi; et,
en effet, notre parti polit que l'a votée, à
quelques exceptions près. Mais si j'ai voté
.avec mes collègues, c'est parce que je
croyais la loi utile et que notre parti politï-
que s'y était intéressé;; je m'empresse d'a-
jouter que de tous les personnages qui ont
été mêlés au triste scandale du Panama, je
ne connaissais que MM. Ferdinand de Les-
seps, Charles de Lesseps, Cottu, et les au-
tres m'étaient aussi inconnus que « l'arche
de Noé »..
» Je voterai la loi, dis-je au soi-disant in-
génieur qui me sollicitait, et qui n'était
autre qu' Arton,– lequel me sollicita encore
à deux reprises, mais je la, voterai sans
grand enthousiasme; car je n'ai pas con-
fiance dans les travaux entrepris.' Alors,
Arton entre dans de longs détails techni-
ques il medit qu'il revenait de Panama,
que les travaux marchaient on né peut
mieux.
» Je n'avais plus revu cet ingénieur et le
nom d'Arton m'était inconnu quand, à l'é-
poque de l'instruction Franqueville, mon
nom fut prononcé comme figurant sur le
carnet d'Arton avec en regard le chiffre 30.
Que signifiait ce chiffre? Voulait-il dire que
j'avais reçu 30,000 francs de M. Arton? Vou-
lait-il dire que M. Arton comptait m'ol1'rir
30,000 francs pour me décider à voter la loi,
si telle n'avait pas été mon intention?' Ou
bien signifiait-il que M. Arton pensait tout
simplement que je pouvais disposer de
30 voix ???. Je m'y perds encore 1
» Mais, quelle que soit la signification de
ce chitfre, je trouve tout naturel que M. Le
Poittevins'en préoccupe au cours de son
instruction.
» Quant à moi, je désire en finir une fois
pour toutes avec ces accusations, que je ne
m'explique pas. »
L'affaire Souligoux.
Votre nom n'a-t-il pas été prononcé
aussi à propos de l'arrestation de Souli-
goux ?
Oui, et je me demande même si, pour
moi, l'affaire Souligoux ne serait pas le co-
rollaire de l'affaire Arton. Je veux dire que
l'argent pourrait bien être tombé dans une
autre poche que la mienne. Mais je ne veux
accuser personne!
Tout ce que je puis dire à propos d'Ar-
ton, c'est que je n'ai eu avec lui que deux
ou trois conversations et qu'il m'a prêté,
pour réchauffer mon zèle, une brochure
scientifique au sujet du Panama, brochure
que je n'ai pas lue en entier. Puis-je ajou-
ter qu'il n'y avait point de billets de ban-
que entre les pages de cette brochure ?.
» Quant à Souligoux, c'est autre chose.
Vous n'ignorez pas que je fus mis en cause
au cours d'une campagne engagée parla
Libre Parole contre M. Souligoux dans
les derniers jours de novembre 1895. On
avait trouvé dans les papiers de ce mon-
sieur une note me concernant qui semblait
écrite par une cuisinière et mon nom était
inscrit, d'une écriture autra que cclle de
M. Souligoux, sur le talon d'un chèque
(n<> 1644) d'une valeur du 15,200 francs.
Je m'empressai de joindre M. Souligoux
avant son arrestation, et celui-ci déclara de-
vant témoins, mon fils et un de nos amis,
que s'il était exact que j'avais eu des rela-
tions personnelles avec lui, du moins il ne
m'avait rien donné ni rien offert et que la,
mention de mon nom n'était pas de son
écriture.
n A cette époque, je collaborais au Fi-
garo. Je m'empressai de répondre, aux at- 1
taques dont j'étais l'objet, par une lettre i
dont voici le passage intéressant
J'ai fait exprimer à M. le-juge d'instruction
Espinas le désir d'être entendu par lui, et il a
reçu hier ma déposition. M. te juge d'instrUç- 1
j'attachais une certaine importance. c'est le
chèque n- 1G44 lui-même ¡¡,est tiré et aerjuitt
par M. Souligoux et ne porte aucune mention
de ma signature ni de mon nom.
De quelle main et de quelle date est la men-
tion portée sur le talon de chèque? C'est ce
que j'ignore.
J'ai connu M. Souligoux tt. l'époque où je
m'occupais de questions d'assurances. J'affirme
qu'il ne m'a jamais rien donné ni offert en au-
cune circonstance, et notamment propos du
Panama.
» Voilà les faits qui me concernent, con-
clut M. Laisant en nous serrant la main;je
me suis retiré de la politique pour ne plus
m'occuper que des sciences; je suis fort
tranquille sur mon sort, car la politique
m'a plus coûté qu'elle ne m'a jamais rap-
porté
» Qu'est devenu Souligoux? Je l'ignore,
mais je crois qué s'il pouvait être entendu
par le juge d'instruction, son témoignage
serait intéressant du moins en ce qui me
concerne.'»
Où est Souligoux ?
Après avoir entendu les intéressantes dé-
clarations de M. Laisant, nous avons poussé
plus loin notre curiosité pour savoir où se
trouve actuellement ce fameux Souligoux,
qui a été ruëlè si intimement aux scandales
du Panama.
Si nous en croyons un bruit qui mérite
créance car la personne- de qui nous le
tensons est bien renseignée Souligoux se-
rait en ce moment à Londres, et. M. Le
Poittevin ne désespère pas de le voir venir
à Paris^dans peu de jours, pour lui livrer
les secrets de ses. chèques
M. Le Poittevin n'a reçu qu'un seul
témoin hier, M. Ferdinand Martin, ancien
banquier à Nyons, qui publia, sous la si-
gnature de « Micros », plusieurs articles
sensationnels dans la Libre Parole.
• M. Ferdinand Martin a été entendu à deux
reprises par la commission d'enquête, en
1892, et il n'a fait que renouveler ses dépo-
sitions, lesquelles figurent tout' au long
dans le rapport Vallé. '<̃'
LA GUERRE GRÉGO-TURgUE
Les Turcs continuent à avancer
Prise de Turnovo En face de
Larissa Les puissances
attendent;
Bien qu'il n'y ait pas eu, au sens réel du
mot, de bataille rangée entre les deux ar-
mées, les Turcs paraissent désormais mai-
tres de la situation. Dans la journée d'hier,
leur succès s'est encore accentué.
De source ottomane,- on annonce la prise
de Turnovo, point situé au pied dç la chaîne
du Pinde, au-dessus et à deux heures de
marche de Larissa.
On affirme même que l'avant-garde d'E-
dent pacha a pénétré dans cette ville, dont
la Grèce avait fait le quartier général de son
.armée et où se trouvaient le duc de Sparte,
généralissime, et sa femme, la princesse
Sophie, sœur de l'empereur Guillaume, qui
avait bravement pris la direction des ambu-
lances.
Bien qu'elle ne soit pas absolument cer-
taine, la nouvelle de la pri e de Larissa
est vraisemblable. L'ancienne capitale du
royaume d'Achille n'est distante que d'une
dizaine de kilomètres de Turnovo.
Cependant, on est sans nouvelles de l'état-
major grec. Naturellement, les Turcs ne
s'en tiendront pas à Larissa. Ils vont pous-
ser en avant, non pas du côté de la mer et
de Volo, où ils pourraient être sérieusement
inquiétés, par la flotte grecque mais, après
,une pointe vers Trikaia, il est vraisemblable
qu'ils marcheront sur Pharsale. Pour eux
commenceront là de réelles difficultés, ré-
sultant due la nature du terrain.
Qu'on ne croie pas qu'ils soient à la veille
de paraitre aux environs d'Athènes. Il ne
faut pas oublier qu'il y a kilomètres en-
tre Larissa et Athènes, et que ces deux vil-
les sont séparées par les crêtes des monts
Othrys.
Sur divers points où ils ont tenté des di-
versions, les Grecs paraissent être victo-
rieux mais ils n'ont aucun avantage à ti-
rer de leur succès. De même en Epire, où
les Turcs font porter leur principal effort
sur Arta qu'ils ont investi.
Rien n'est changé, au point de vue inter-
national, sinon qu'il se confirme que les
puissances persévèrent dans leur expecta-
tive. Comme l'a dit cruellement autrefois le
prince de Bismarck, on va laisser les belli-
gérants « cuire dans leur jus L'Europe
n'interviendra qu'à la demande do l'un des
deux champions.
Voici maintenant les dépêches parvenues
du théâtre des opérations et relatant les évé-
nements tour à tour au point de vue turc et
grec:
Les Turcs à Larissa.
Eiassona, 20 avril. D'un correspon-
dant. L'artillerie turque a ouvert te feu
dans l'après-midi d'hier sur Turnovo, où
les Grecs s'étaient repliés.
Avant cette action, ils avaient pris la der-
nière position grecque entre Meiouna et
Turnovo.
Les Grecs ont offert peu de résistance et
les Turcs ont fait plusieurs prisonniers.
Salonique, 20 avril, 4 h. 15 soir. D'un
correspondant. Une dépêche officielle
du muchir Edhem pacha annonce la prise
de Turnovo.
Constantinople, 20 avril, 5 h. 29 soir.
Suivant un télégramme du quartier général
turc, l'armée ottomane est dans la plaine de
Larissa.
Une seule hauteur voisine est encor^bç-
cupée parles Grecs.
L'armée doit maintenant être entrée à La-
risia.
L'attaché militaire autrichien est parti, se
rendant à la frontière il est probable que
les attachés militaires anglais et italiens
suivront.
La flotte turque.
Constantinople, 20 avril. D'un cor-
respondant. Hier soir, trois torpilleurs
de première classe et deux de deuxième
classe sont sortis du port. Aujourd'hui sor-
tiront trois corvettes et deux cuirassés..
La première division de l'escadre otto-
mane est au cap Sigri, île de Lersbos.
Une tentative faite par les Grecs en vue
le faire sauter le chemin de fer. entre Ka-
rala et Lagos n'a pas réussi.
La Banque ottomane a organisé une am-
oulance, dont la direction a été confiée au
Jocleur Lardy, ancien chirurgien en chef de
.'hôpital de Constantinople.
Nouvelles de source grecque.
On n'a que peu de nouvelles d'origine
îellénique sur les combats de Thessalje.
)a mentionne la supériorité numérique des
Pures et on parie de la vaillance des trou-
)es, sans dire, comme hier, que leur hé-
'oïsme a été couronné de succès. On est
jus loquace sur les opérations en Epire.
Athènes, 20 avril, 2 h. soir. Ë?un 'C0î>
1. Le combat de Reveni a re-
pris depuis ce matin.
Les Turcs attâqu^eat avec des forées suaô*
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