Titre : Le Matin : derniers télégrammes de la nuit
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1895-12-22
Contributeur : Edwards, Alfred (1856-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 22 décembre 1895 22 décembre 1895
Description : 1895/12/22 (Numéro 4315). 1895/12/22 (Numéro 4315).
Description : Note : 2ème édition. Note : 2ème édition.
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 10/04/2008
10 CENTIMES
RÉDACTION De lu dn soir & 6 h. dm matin
S5( BUE T*'jnt
DERNIERS TÉLÉGRAMMES DE LA NUIT
ADMINISTRATION De 10 h. matin à 6 h. soir.
85, RUE B'ARBENTECIIi
SEUL JOURNAL FRANÇAIS RECEVANT PAR FILS ET SERVICES SPÉCIAUX LES DERNIÈRES NOUVELLES DU MONDE ENTIER
À COUPS DEBANKNOTES
NOUVELLE PHASE DU DIFFÉ-
REND ANGLO-AMÉRICAIN
La lutte portée sur le terrain financier
Au Stock-Exchange de Lon-
dres M. Cleveland et les
banquiers Les affaires
avant tout.
LONDRES, 21 décembre. Par fil Spé-
cial. Le différend anglo-américain rela-
tivement au Venezuela semble entrer au-
jourd'hui dans une voie nouvelle, qui en
fait en quelque sorte une question pure-
ment américaine.
Pour les observateurs sérieux,qui étaient
ici en mesure d'être bien renseignés, il n'y
a jamais eu de doute que la gravité de la
situation était surtout apparente, mais
qu'au fond il y avait fort peu de réalité.
Sur le continent, beaucoup se sont trom-
pés, par suite de l'émotion du public et de
l'effondrement des cours à la Bourse. On
n'a pas réfléchi qu'un acte comme celui du
président Cleveland ne pouvait pas être
accepté par la masse d'un public plus ou
moins ignorant des causes réelles, sans
produire une forte agitation.
1 Mais, il faut bien le dire, le public anglais
n'a pas un seul instant perdu son sang-
froid et nous ne croyons pas exagérer en
disant que pas un Anglais n'a pris vérita-
blement la chose au sérieux, au point de
croire à la possibilité d'uné, guerre.
Voilà pour l'opinion publique.
Représailles.
Quant au marché financier, il faut se
souvenir qu'un grand nombre de valeurs
américaines sont tenues en Angleterre.
C'est peut-être au Stock-Exchange de Lon-
dres que le scepticisme envers la prétendue
gravité des événements a été le plus consi-
dérable. Mais, dans le désir de rendre aux
Américains la monnaie de leur pièce, et fu-
rieux de voir que ces événements soudains
venaient peser sur le marché financier au
moment où tout se trouvait préparé pour
une reprise, on s'est mis à vendre les va-
leurs américaines et à écraser ainsi le mar-
ché des Etats-Unis, dont la situation liuan-
cière n'était pas en état de résister à de pa-
reilles attaques.
C'est une chose remarquable que, pen-
dant que tous se taisaient à Londres, lais-
sant les conséquences de l'acte du prési-
dent Cleveland se développer, c'est le mar-
ché financier anglais qui est seul inter-
venu.
On peut en être convaincu, cela a été
une réponse absolument directe au prési-
dent Cleveland. Cette manœuvre financière
a eu un succès qu'on pourrait, dès aujour-
d'hui, considérer, au- point de vue anglais,
comme complet, et qui a amené aux Etats-
Unis un revirement que toutes les nou-
velles d'Amérique signalent aujourd'hui
comme. très dangereux pour le président
Cleveland.
En effet, le monde des affaires, aux
Etats-Unis, qui a déjà subi en trois jours
des pertes énormes, s'est retourné contre
la politique présidentielle,
Un nouveau courant s'est établi. Il sem-
ble devoir anuuler complètement l'enthou-
siasme politique, dont on parlait au début.
Les principales banques de New-YorK et
tous les grands centres d'affaires se pro-
noncent contre toute politique pouvant
conduire a une guerre et on envisage à
Londres, depuis quelques heures, la situa-
tiun comme totalement changée.
Il nous est difficile de dire qu'il n'y a
point là quelque exagération. Cependant,
cette opiuiou s'est faite sur les renseigne-
ments qui affluent en masse et sans inter-
ruption de l'Amérique.
Quelques interviews.
Un banquier de Londres, interrogé au-
jourd'hui, a déclaré que la situation du
président Cleveland était devenue très
grave, et, suivant l'expression bien connue
en France, il a ajouté « Il semble désor-
mais certain qu'on va laisser le président
Cleveland cuire dans son jus.
Un autre grand banquier de la Cité a
dit
« La question politique va maintenant
être calme, puisque la commission deman-
dée par le message présidentiel est nom-
mée maintenant.
Les hommes calmes ont désormais de-
vant eux du temps pour faire sentir leur
influence sur la situation. Cette situation,
bien qu'elle paraisse encore comme cri-
tique, n'amènera, à mon avis, rien de dan-
gereux. »
D'après le chef d'une troisième maison
de banque considérable, la situation est
plus favorable depuis ce matin. Les négo-
ciants et les banquiers américains ne peu-
vent manquer d'exercer une grande pres-
sion. II y déjà quelque apparence que la
population americaine elle-même revient à
des idées plus calmes.
Si nous avons cité des opinions prises
dans le monde des affaires, c'est parce que
ce sont les plus intéressantes en ce qui
concerne les questions américaines.
C'est par les affaires beaucoup plus que
par la politique ou par la communauté
d'origine et de langue que les deux pays
sont liés.
On raconte ici aujourd'hui et nous
verrons bientôt si cela est exact que
l'adoption de la fameuse commission par
le Sénat de Washington hier, sans aucune
modification au projet présenté, est un acte
plutôt défavorable au président.
Le Sénat voulait modifier le projet et re-
tenir pour lui-même la désignation des
membres de cette commission; mais il pa-
raît que lorsqu'on a vu le nouveau courant
qui s'établissait contre son président et son
attitude, le parti républicain du Sénat n'a
pas voulu assumer sur lui-même la moin-
dre responsabilité dans la position prise
par le président. Les divers membres du
parti se seraient entendus pour adopter le
projet tel qu'il est sorti de la pensée du
président Cleveland., afin que ce dernier
portât lui-même entièrement la responsa-
bilité de son attitude.
Ce serait donc par esprit de parli que
les républicains du Sénat auraient agi.
Un dérivatif.
En résumé, on semble croire ici, à Lon-
dres, que le différend auglo-américain se
transforme, en Amérique, en une simple
question de partis, ce qui constituerait au
profit de la paix un dérivatif puissant.
Nous avons dit en commençant que,dans
les cercles politiques anglais, on avait
conservé un calme absolu. Ce fait nous
a beaucoup frappé depuis trois jours.
Nous nous sommes informé. Nous avons
interrogé. Voici ce qu'on nous a dit:
« Siple message du président Cleveland
avait été écrit par un chef d'Etat euro-
péen, il est évident que l'amirauté anglaise
et le War Office se seraient immédiatement
émus et n'auraient pas perdu une se-
coude pour préparer les forces militaires
du pays.
» Mais ii n'était pas possible au gouver-
nement anglais de ne pas établir une très
grande dmérence.eatre un chef d'Etat eu-
ropéen et le premier magistrat des Etats-
Unis.
» Les actes de ce dernier, même lors-
qu'ils portent sur la politique extérieure,
ont toujours une signification de politique
intérieure de partis, qui leur enlève beau-
coup de leur portée et de leur significa-
tion.
En ce qui concerne l'attitude des puis-
sances européennes à notre égard, nous
savons fort bien que l'Angleterre ne doit
pas en ce moment compter sur leur sym-
pathie ;• mais les gouvernements des pays
européens, qui sont tous plus calmes que
les journaux et qui travaillent dans le sens,
non pas de leurs sympathies, mais de leurs
intérêts, ne peuvent manquer de compren-
dre qu'en s'opposant à l'exagération de
l'application de la doctrine de Monroe,
l'Angleterre travaillait pour l'Europe au-
tant que pour elle-même. »
Ce qui précède est évidemment la pensée
du monde officiel anglais. Cependant, nous
devons ajouter que ce n'est pas sans une
certaine humiliation que le gouvernement
anglais a vu l'attitude si soudaine et si
énergique des Etats-Unis. Evidemment, on
ne s'y attendait pas ici.
Dans les cercles navals de Londres, on
affecte une indifférence plus complète en-
core que partout ailleurs. Pas un seul or-
dre n'a été donné en dehors de ce ,qui était
prévu.
Forces maritimes.
La flotte anglaise, par suite de l'exécu-
tion des divers programmes de construc-
tion qui se sont succédé dans ces de,rnié-
res années, est incontestablement à l'apo-
gée de sa puissance, On le sait et on le dit
avec assez de fierté à tout propos. L'ami-
rauté puise là dedans un sentiment de sé-
curité absolue.
La marine que les Américains sont en
train.de créer est encore bien loin d'être en
état de lutter avec la marine anglaise.
Au commencerncnt de l'année actuelle,
les Etats-Unis possédaient 6 navires de,
guerre de première classe, dont le plus
considérable déplace 11,296 tonnes. Deux
d'entre eux, le Maine et le Teams, en dé-
placent un peu plus de 6,000. La vitesse de
ces derniers est de 17 nœuds 3 autres ont
une vitesse de 15 nœuds et le sixième de
16 noeuds.
Il faut ajouter 18 gardes-côtes,dont un de
6,000 tonnes et les autres de moins de fi,0u0
tonnes, et d'une vitesse qui ne dépasse pas
12 nœuds, excepté pour l'un d'eux, le Iïa-
taiulin, qui a une vitesse do 17 nœuds et
qui est armé d'un épéron.
11 y a en outre 7 croiseurs de première
classe, dont 5 d'une vitesse de à 21
noeuds; 3 croiseurs de seconde classe,
d'une vitesse variant de à 20 noeuds; 21
croiseurs de troisième classe et trois tor-
pilleurs, ce qui donne en tout 68 navires
de guerre.
Mais, sur les 18 gardes-côtes se trouvent
comptés 13 monitors d'environ 2,000 ton-
nes et construits il y a trente ans au
moins.
Dans les croiseurs de première classe se
trouvent le Columbia et le Minneapolis,
qui, à leurs essais de vitesse, atteignirent
&3 nœuds.
Le Katahdin, dont le projet avait été
dessiné par l'amiral Ammen, présente une
particularité sa forme offensive réside
surtout dans son éperon. Pour frapper
l'ennemi avec cet éperon, le navire s'en-
fonce, de manière à ce qu'on n'aperçoive
plus que ses cheminées.
On a mis sur chantiers deux croiseurs, le
New-York et le Brooklyn^ qui seront les
plus grands de toute la marine des Etats-
Unis.
Les vaisseaux de première classe et pres-
que tous les croiseurs ont des lance-tor-
pilles. Tous les navires des Etats-Unis
sont armés d'une puissante artillerie et de
canons à tir rapide. Depuis le commence-
ment de l'année, trois navires ont été lan-
cés, ce qui porte le nombre des navires qui
composent la flotte des Etats-Unis à 71.
Mais pourquoi parler des forces des deux
puissances? Le jour de la lutte entre elles
n'est pas venu. Personne ne veut la guerre,
ni en Angleterre, ni en Amérique.
La commission d'enquête.
Washington, 21 décembre. Par câble
au « Matin ». M. Cleveland a signé le
projet adopté par le Congrès pour la no-
mination de la commission d'enquête de la
frontière du Venezuela.
Le Sénat s'est ajourné à mardi.
D'autre part, la Chambre des représen-
tants paraît disposée à continuer la session
afin de délibérer sur les mesures finan-
cières.
On croit que des mesures provisoires
pourraient seules être prises, et l'on consi-
dère comme possibles une émission de
certificats ou bons à courte échéance, afin
de conserver la réserve or, et une augmen-
tation partielle du tarif douanier.
On ne pense pas que le Sénat autorise
l'émission de bons.
L'Association des négociants et indus-
triels de Baltimore a rédigé une protesta-
tion énergique contre l'idée que la guerre
du Venezuela, pourrait amener des hostili-
tés avec l'Angleterre.
Ce qu'on dit à Berlin.
Beblin, 21 décembre.-Par service spé-
cial.– On sait que l'Allemagne a des inté-
rêts commerciaux considérables en Améri-
que, dans l'Amérique du Sud surtout, et
que ses relations économiques avec les
Etats-Unis ont souffert dans ces derniers
temps de certaines exigences auxquelles le
gouvernement allemand a répondu
qu'on se rappelle le récent discours de M.
de Marshall non sans aigreur.
Aussi, les sphères officielles suivent-el-
les attentivement le' développement du
conflit anglo américain; la renaissance
des tendances panaméricaines les inquiète,
non seulement à cause de l'application ra-
dicale de la doctrine de Monroe aux colo-
nies européennes, mais aussi parce que la
réalisation des vœux chauvinistes améri-
cains équivaudrait à l'exclusion du com-
merce et de l'industrie européennes du
Nouveau-Monde.
Sir Lascelles, le nouvel ambassadeur
d'Angleterre à Berlin, ne croit pas à de
graves complications; car, estime-t-il, le
parti républicain résistera à la politique de
casse-cou de M. Cleveland.
Par contre, le consul général du Vene-
zuela est très pessimiste. Il dénonce les
empiétements successifs de l'Angleterre
voulant s'emparer des bouches de l'Oréno-
que, afln de devenir d'abord maîtresse du
Venezuela, pénétrer ensuite au coeur du
Brésil, dominer politiquement et com-
mercialement toutes les républiques sud-
américaines.
Le Venezuela est résolu à ne pas céder
un pouce de son territoire. Le consul ne
croit pas à une solution pacifique du con-
flit, car les Vénézuéliens sont persuadés
que les Etats-Unis les assisteront.
L'envoi d'une commission américaine
donnera probablement lieu à un casus
belli. L'Amérique entière, croit-il, est in-
la victoIre du
LA BOURSE DU TRAVAIL
Depuis une quinzaine de jours, les
attaques, heureusement déjouées, diri-
gées avec autant de malignité que d'hy-
pocrisie contre M. le président de la
République l'étonnante attitude! d'un
garde des sceaux se transformant en
ministre de la police les piquantes ré-
vélations d'Arton les affirmations de
l'agent Dupas sur les missions succes-
sives et parfois étranges dont il dit avoir
été chargé, puis son arrestation, tout
cela a tour à tour alimenté les discus-
sions, occupé la presse, passionné l'opi-
nion.
Et au milieu de tous ces événements
assurément troublants, en tout cas inté-
ressants, un fait important est passé
presque inaperçu, qui eût jadis fait
noircir plus d'une feuille-de papier la
réouverture, par le gouvernement, de la
Bourse du travail de Paris.
Le décret portant organisation de la
Bourse du travail est daté du 7 décem-
bre. Il a paru au Journal officielle 11.
Il est précédé d'un rapport adressé par
le ministre du commerce au président
de la République, où sont exposées les
vues du gouvernement, et où sont tout:
à la fois précisés le caractère que devra
toujours conserver l'établissement, en
même temps que les devoirs auxquels
seront soumis les syndicats qui s'y ins-
talleront.
Ce document constitue donc autre
chose qu'un simple acte d'administra-
tion intérieure. Nous sommes en pré-
sence de déclarations très nettes dont il
me paraît nécessaire d'analyser l'esprit'
et de souligner l'importance.
L'honorable M. Mesureur fait d'abord
ressortir, en termes concis et clairs, le
but de l'institution « La Bourse du tra-
vail, écrit-il, a pour objet de faciliter les
transactions relatives-à la main-d'œuvre
par la création d'organes proprets à as-
surer le rapprochement des offres et des
demandes de travail tels que les salles
d'embauchage, les bureaux de place-
ment et les offices de renseignements
et de statistique. »
Et, dans d'autres passages du rapport,
dont j'épargne.le texte aux lecteurs du
Matin, le ministre insiste avec non
moins de précision sur le caractère du
marché public du travail, qu'il entend
exclusivement maintenir à la Bourse, et
sur l'interdiction absolue aux syndicats
de discuter autre chose que leurs inté-
rêts professionnels.
C'est dire,on ne peut plus catégorique-
ment,que le gouvernement saura conte-
nir les syndicats dans les limites étroi-
tes des attributions que leur confère la
loi de 1884, et qu'il entend fermer l'ac-
cès de la Bourse aux syndicats politi-
ciens.
Du reste, quand l'honorable ministre
du commerce a écrit cette phrase dans
son rapport « L'oeuvre s'est trouvée un
instant détournée de son but et arrêtée
dans son développement normal et pa-
cifique, » il a, sans nul doute, entendu
viser et blâmer dans le passé tous les
abus et les détestables pratiques qui
avaient contraint le gouvernement de
M. Charles Dupuy à ordonner la ferme-
ture de cet établissement.
Il a voulu dire aussi, ou les mots per-
draient alors leur signification, que le
cabinet saurait, le cas échéant, tout
comme M. Dupuy naguère, obliger tous
les citoyens au respect absolu de la loi.
Nous applaudissons très sincèrement
le gouvernement de parler aussi net et
aussi franc.
MM. Casimir-Perier, Charles Dupuy
ou Ribot n'eussent pas tenu un langage
plus ferme ni mieux exprimé nos pro-
pres sentiments.
Nous applaudissons encore quand
nous examinons les dispositions du rè-
glement mis en vigueur par le décret
ministériel
« Si la Bourse, dit le ministre, doit
être mise à la disposition des travail-
leurs pour discuter et défendre leurs
intérêts, nous croyons que l'admission
dans les bureaux de cet établissement
public comporte pour eux l'obligation
d'être constitués en syndicats profes-
sionnels d'ouvriers ou d'employés, con-
formément à la loi du 21 mars 1884, qui
exige des associations ouvrières le dé-
pôt de leurs statuts et les noms de
leurs administrateurs. »
Bravo Et voilà qui est très clair
La Bourse du travail a été fermée par
M. Dupuy parce que les syndicats refu-
saient de se soumettre à la loi. On se
souvient des protestations indignées et
véhémentes que souleva cette mesure,
comme si la loi n'était pas une et la
même pour tous.
Le gouvernement entend rester sourd
aux clameurs socialistes. Il refuse de
céder.
Un bon point. au cabinet Bourgeois.
D'autant, que ce n'est pas tout en-
core
Le ministre du commerce prend soin
d'expliquer qu'il ne convient pas de re-
mettre complètement, comme par le
passé, la gestion de la Bourse aux syn-
dicats ouvriers, et l'article 8 du décret
porte que les services de la Bourse du
travail seront administrés par le préfet
de la Seine.
Et le même article 8 ajoute que le
préfet, administrateur légal de la
Bourse c'est le titre que lui donne
M. Mesureur nomme à tous les em-
plois administratifs, qu'il a la surveil-
lance et la garde de rétablissement;
qu'il assure le paiement, le contrôle et
la liquidation des dépenses faites sur
les crédits inscrits au budget de la ville
de Paris qu'il veille à l'observation des
décrets et règlements qui régissent- la
Bourse du travail.
C'est la présence obligatoire du préfet
de la Seine et son autorité affirmée, non
seulement à l'Hôtel de Ville de Paris,
mais à la Bourse du travail.
Bravo t Bravo t Bravo
Je ne veux pas rechercher si le pro-
gramme de réorganisation tracé par M.
Mesureur, ministre, donne ou non une
entorse au programme politique de M.
Mesureur, député, ce n'est pas mon af-
faire, n'étant pas son électeur; mais il
répond Il mes idées et je l'approuve hau-
tement.
Je ne veux pas davantage rechercher
quelle sera l'attitude des syndicats, ni me
demander s'ils accepteront du cabinet
radical ce qu'ils refusaient des cabinets
antérieurs les vrais principes de gou-
vernement sont sauvegardés, peu m'im-
porte le reste.
Et ma seule conclusion en tout ceci
sera la suivante
Le gouvernement fait exactement au-
jourd'hui ce que voulaient faire et ce
qu'auraient fait ses prédécesseurs. Le
langage tenu par le cabinet Bourgeois
est en tous points conforme aux décla-
rations que faisait M. Charles Dupuy en
réponse à ceux qui lui demandaient
dans quelles conditions il rouvrirait la
Bourse aux syndicats.
D'où cette double constatation toute
matérielle
D'abord que le cabinet radical ne se
maintient au pouvoir que par des pro-
cédés identiques à ceux des cabinets
modérés;
En second lieu, que si l'adhésion de
tous les groupes de la Chambre est à
l'heure actuelle acquise au décret pré-
cité, cela tient à ce que l'opinion de cer-
tains a varié avec la différence de situa-
tion, tandis que l'attitude des autres est
restée la même, quels que soient les
hommes au pouvoir.
Maurice Lasserre.
ARTON EN APPEL
Àla cour du Banc de la reine Pas
de délit politique Un seul
motif retenu,
'LONDRES, 21 décembre. Par fil spé-
cial. La demande d'appel sur la déci-
sion de sir John Bridge accordant l'extra-
dition d'Arton a été présentée de nouveau,
ce matin, par M. Mathows, à la cour du
Banc de la reine, devant le lord chief-jus-
tice et les juges Wills et Wright.
L'avocat d'Arton a soumis de nouveau à
la cour les quatre arguments développées
hier.
Le lord chief-justice demande à M. Ma-
thews d'expliquer en quoi Arton a été con-
damné à être extradé pour des délits qui
ne se trouvent pas dans le traité d'extradi-
tion.
M. Mathews explique que l'article 3 de
ce traité ne contient pas le'délit de falsifi-
cation de comptes.
,Une série d'interrogations de la part du
juge et de réponses de la part de M. Ma-
thews s'engage sur ce point.
M. Mathews ne croit pas pouvoir insis-
ter sur le second motif invoqué par lui,
que les preuves des imputations contre Ar-
ton ne sont pas suffisantes.
Sur la demande du lord chief-justice,
M. Mathews passe au quatrième point qui
vise le prétendu caractère politique de la
demande d'extradition.
L'avocat, pressé de questions, est invité
à préciser quel est le délit qui a un carac-
tère politique. Il répond avec un embarras
visible, déclarant qu'il ne veut pas faire
cette désignation, mais expliquer qu'Arton
n'a été réclamé par le gouvernement fran-
çais que pour fournir certains documents
politiques qu'on suppose être en sa posses-
sion et il sera condamné en France s'il
refuse de faire cette communication; ou
même s'il la fait.
En conséquence, l'avocat estime que la
demande d'extradition n'a pas été faite de
bonne foi.
Le juge Wills fait remarquer qu'il est
peu convenable de rechercher si la de-
mande d'extradition, faite par le ministre
d'un pays ami, a été présentée de bonne
foi ou non c'est là un point entièrement
en dehors de la juridiction de la cour.
Le lord chief-justice ajoute « Nous ne
pouvons donc vous entendre sur la ques-
tion de la demande d'extradition.
M. Mathews insiste et répète que, sui-
vant lui, le but de cette demande d'extra-
dition est purement politique. Les délits
pour lesquels on la demande ont été com-
mis en 1892 et Arton n'a été arrêté qu'au
mois de novembre dernier.
Déclaration des juges.
Après que les trois juges ont délibéré
quelques instants, le lord chief-justice
prend la parole.
Sur le premier point, il déclare que le
crime de falsification de comptes n'est pas
spécifié dans les termes mêmes du traité
d'extradition, que la cour peut donc accor-
der l'appel sur ce point.
Quant à l'allégation que les autres délits
pour lesquels la demande d'extradition a
été faite ont un caractère politique, la seule
énumération de ces délits est une réponse
suffisante pour la réfuter.
Le lord chief-justice montre que l'avocat
d'Arton a été impuissant à prouver que la
demande d'extradition avait un but politi-
que.
En ce qui concerne le troisième point,
c'est-à-dire la bonne foi de cette demande,
il y a là une accusation grave et sérieuse
contre un gouvernement ami et contre les
autorités judiciaires de ce pays. Ce n'est
pas là une question ressortissant à la juri-
diction de la cour, qui n'a à regarder que
le côté judiciaire de l'affaire.
Le second motif de la demande d'appel
ayant été abandonné, la cour ne peut ac-
corder la demande d'appel que sur la ques-
tion de la falsification de comptes.
Les deux autres juges ayant exprimé la
même opinion, la demande d'appel se
trouve accordée sur le seul point de falsifi-
cation de comptes.
A la ,Chambra.
Hier, à la Chambre. vers la fin de la
journée, M. de Baudry d^Âsson a demandé
au président du consërem lui poser une
question à la tribune pour savoir quelle
décision la cour du lord chief-justice avait
rendue à l'égard d'Arton.
M. Bourgeois a répondu qu'il ne pouvait
accepter de question, parce qu'il n'avait en-
core reçu aucune dépêche officielle.
L'AFFAIRE DUPAS
Les interrogatoires d'hier La for-
geron de Melun Les papiers
de M. Laguerre.
Poursuivant son information au sujet des
faits reprochés à M. Eugène Dupas, M. le
juge d'instruction Espinas a entendu hier
MM. Raoul et Georges Royère.
Nous avons dit à quelles circonstances
M. Raoul Royère avait dû de ne pas être
écroué au Dépôt. Il n'en reste pas moins
prévenu dans cette affaire de corruption
de fonctionnaire et de complicité de recel
d'inculpé.
M. Espinas a entendu MM. Dupas, qui
lui a été amené vers une heure de l'après-
midi, et Royère, qui a succédé dans le ca-
binet du jugea l'inculpé principal.
L'inspecteur principal de la Sûreté Sou-
dais a été ensuite appelé à compléter sa
déposition de la veille, en ce qui concerne
le voyage qu'il a. accompli à Bucharest, à
Jassy, etc., en compagnie de Dupas.
Après la réintégration de M. Dupas à
Mazas, vers six heures du soir, M. Espinas
a interrogé M. Souligoux jusqu'à neuf
heures.
Ajoutons que le parquet de Versailles, en
vertu d'une commission- rogatoire de M.
Espinas a fait procéder hier, àMalun,à une
perquisition qui aurait donné d'excellents
résultats.
Des papiers ayant trait à l'affaire Arton-
Dupas auraient été conûés à M. Brousse,
ancien député des Pyrenées-Orientales, par
M. Laguerre. A la suite des récentes per-
quisitions, ces papiers auraient passé entre
les mains d'un forgeron de Melun, chez le-
quel ils ont été saisis.
La sœur de M. Dupas s'est présentée
hier au parquet, mais elle n'a pas été auto-
risée à voir l'inculpé.
De même Me Chenu, avocat de M.Dupas,
a vu repoussée sa demande de communi-
quer avec son client qui est maintenu au
secret le plus absolu.
LES ITALIENS EN AFRIQUE
Vote des crédits par le Sénat Dé-
clarations ministérielles.
Rome, 21 décembre. D'un correspon-
dant: Le Sénat a discuté aujourd'hui
le crédit de vingt millions demandé pour
l'Afrique.
M. Crispi déclare que tout porto à croire
que non seulement les victimes d'Amba-
Alagi seront vengées, mais encore que
l'Italie reprendra la suprématie qui lui est
due dans le territoire qu'elle occupe.
Le ministre du Trésor, parlant après M.
Crispi, dit que, par suite de l'ouverture du
crédit de 20 millions pour l'Afrique, le dé-'
ficit budgétaire serait de 16 millions. Ce-
pendant les plus-values des douanes rédui-
rout ce déficit à 8 ou 9 millions au plus,
Le gouvernement n'entend ni faire de
dettes ni créer de nouveaux impôts. Dieu
merci, dit le ministre, l'argent ne nous
manque pas pour maintenir haut l'hon-
neur du drapeau. »
Le Sénat adopte ensuite au scrutin se-
cret, par 87 voix contre 5, le projet de cré-
dit de vingt millions et s'ajourne sine die.
Nouvelles de Massaouah.
On mande de Massaouah à la date d'au-
jourd'hui
Le ras Agos, ancien chef du Chiré, a pro-
mis au chef des prêtres, l'ecceghié Theo-
philos, d'être avec les Italiens.
Le lieutenant Miani, qui arrive de Adoua,
a laissé le ras Agos à Ambara. La popula-
tion d'Ambara est également favorable aux
Italiens.
LE MARIAGE OU PRINCE NAPOLÉON
Une information du Soir »'- Union
impossible Les amis du
prince protestent.
BRUXELLES, 21 décembre. De notre
correspondant. Le jeune prince exilé,
parent de monarques déchus, dont le Soir
annonçait hier le prochain mariage morga-
natique, serait le prince Napoléon.
La veuve qu'on lui prête l'intention d'é-
pouser serait la fille de M. Balisaux, an-
cien sénateur et riche industriel de Char-
leroi, qui fut mariée à un M. Brichard.
Les amis du prince protestent et décla-
rent que cette nouvelle est dénuée de fon-
dement.
D'un autre côté, une pareille union ne
semble pas possible pour plus d'une rai-
son. On sait que le prince Napoléon a une
liaison ancienne de laquelle sont nés quatre
enfants. Cette femme, que tout Bruxelles
connaît, est jalouse à l'excès et ne manque-
rait pas de s'opposer par tous les moyens
à un pareil ^mariage.
De plus, la loi belge n'admet pas le ma-
riage morganatique, et l'on se demande ce
qui a bien pu donner lieu à l'informatio n
du Soir.
AFFAIRES TURQUES
Réduction de l'effectif de réserve
Les forces des stationnaires.
Sofia, 21 décembre. D'un correspon-
dant. Des nouvelles de Constantino-
ple disent que l'on affirme Que le gouver-
nement a réduit de moitié l'effectif de ré-
serve, pour des raisons financières.
Fuad pacha, interrogé par le sultan sur
les forces des stationnaires, aurait répondu
que la capitale ne résisterait pas deux heu-
res.
Cependant, pour calmer les susceptibili-
tés de la population musulmane, le gouver-
nement fait courir le bruit que les station-
naires auraient déchargé toutes leurs mu-
nitions avant de passer les Dardanelles
M. DE BURLET
BRUxELLES, 21 décembre. D'un cor-
respondant. M. Jules de Burlet, prési-
dent du conseil et ministre des affaires
étrangères, a été frappé hier d'une conges-
tion.
Il y a eu une consultation de médecins
hier soir et une autre ce matin.
Le ministre de la guerre est chargé de
l'intérim des affaires étrangères.
L'AFFAIRE DE COLOGNE
Berlin, 21 décembre. D'un corres-
pondant. D'après le Tageblatt de
Leipzig, le tribunal de l'Empire a terminé
l'instruction relative à l'accusation de haute
trahison dirigée contre Schoren.
La date des débats n'est pas encore
fixée.
LES PHOSPHATES
INTERPELLATION DE M. MAR-
CEL HABERT ̃«
Vingt années de tripotages Poli.
ticiens et financiers Châtiment
des coupables. Liquidation
dû passé Un député sur
la sellette.
L'interpellation de M. Marcel Habert sur
les phosphates algériens ne sera pas,
croyons-nous, tout à fait inutile. La dis-
cussion qui s'est ouverte, hier, la Cham-
bre, a montré, comme l'avait fait Peuquêto
du Matin, un côté très saisissant des tri-
potages qui, depuis vingt aus, déshono-
rent l'Algérie et en font un pays livré à la
rapacité de quelques politiciens et finan-
ciers coalisés.
Mais les discours déjà prononcés le
débat n'étant pas épuisé parlent suffi-
samment par eux-mêmes pour que nous
n'ayons pas à insister.
M. Marcel Habert a ouvert la discussion.
Son argumentation, divisée en deux parties,
repose tout entière sur des documents of-
ficiels.
La première, toute technique, avait pour
but la démonstration que les phosphates
de Tôbessa constituent une richesse in-
comparable.qui doit être mise en valeur
par les Français, au profit exclusif de l'a-
griculture nationale.
A ce point de-vue, la conclusion de M.
Marcel Habert ne peut soulever aucune
objection sérieuse, et il n'est pas douteux
que l'ordro du jour du groupe'agricole que
nous avons publié sera sanctionne à une
très grosse majorité.
Voilà pour l'avenir, mais la liquidation
du passé séra-t-elte aussi simple? Non, as-
surément.
Ce qui semble l'indiquer d'une façon évi-
dente, c'est le grand intérêt qu'a rnontré
la Chambre au récit de l'histoire des con-
cessions, faite tout au long dans le rapport
de M. Mastier et que nos lecteurs connais-
sent dans son enticr. M. Marcel liabort a
repris très habilement chacun des points
principaux de ce rapport, s'attachent tout
d'abord à constater les complicités et les
complaisances des fonctionnaires algé-
riens, depuis le conducteur des ponts et
chaussées de la commune dè Morsott jus-
qu'au préfet de Constantine. Ces complici-
tés et ces complaisances d'ailleurs pu-
nies administrativornent par JV1. Georges
Leygues, ancien ministre de l'intérieur,
dès qu'il eut on sa possession le rapoort
Mastier paraissent tellement graves à
l'interpellateur qu'il n'y insiste pas autre-
ment, sûr qu'il est qu'elles seront la pré-
occupation dcs magistrats qui instruisent
judiciairement l'alïairc des phosphates.
Mais tous les coupables ont-ils étc frap-
pés ?
M. Marcel Habert constata que cela n'a
pas été fait pour M. Ccrtagna, qui a pesé de
toute son influence sur les fonctionnaires
de la préfecture. Pour le député do Seine-
et-Oise, il n'est pas douteux que M. Berta-
gna, président du conseil général, a trafi-
qué de son mandat public, et cependant
M. Bertagua est encore maire de Bône et
le gouvernement n'a pris aucune mesure
contre lui.
M.Marcel Habert, t.rès vivement applaudi
à l'Extrême Gauche et sur quelques bancs.
termine en se défendant d'avoir voulu
faire une querelle de personnes ou de
parti.
Il faut savoir s'il y a une relation quelcon-
que entre les hommes politiques de l'Algérie
et les trafiquants dont il vient de dénoncer
les exploits à ta Franco, La France, il y a
soixante ans, a délivré l'A.gérie du régime
des baktchis et des pachas prévaricateurs, ce
n'est pas pour le voir revivre sous sa protec-
tion, et elle se doit à elle-même de purger
l'Algérie de tous les Bertagna qui la dévo-
rent.
M. Viviani.
M. Viviani, bien que député de Paris, a
de nombreuses attaches en Algérie, où ha-
bite sa famille. Profitait du débat sur les
phosphates, il est venu, dans un éloquent
discours, d'une belle ordonnance, jeter un
cri d'alarme en faveur de notre grande co-
lonie française.
Le député socialiste, qui se défend,
comme M. Marcel Habert, de vouloir jeter
dans le débat des personnalités adminis-
tratives ou autres, est bien obligé de la
faire, mais il le faU avec une certaine mo-
dération qui l'autorise bientôt à tout dire.
C'est un vieux « truc » d'orateur qui réus-
sit presque toujours.
Il pose d'abord quatre questions la pre-
mière s'adresse à M. Cambon, gouverneur
général, qui siège, en qualité de commis-
saire du gouvernement, à côte de M. Léon
Bourgeois. Elle a pour but d'établir la date
exacte à laquelle M. Cambon connut les
agissements des concessionnaires de phos-
phates.
La seconde est plus intéressante. Est-il
exact, demande M. Viviani, que le rapport
Mastier ait été précédé d'un autre rap-
port, de beaucoup antérieur, tout aussi
précis, tout aussi concluant ?
La troisième question vise M. Lascom-
bes, actuellement préfet deConstantine, au
sujet de son attitude vis-à-vis du l'Anglais
Grookston et la concession d'un chemin
de fer qui fut déclaré chemin vicinal, pour
éviter audit Anglais le paiement aux indi-
gènes des indemnités de terrains dont il
s'était emparé pour la construction de sa
voie ferrée.
Enfin, là quatrième interrogation de M.
Viviani est encore plus suggestive; elle se
rapporte à la falsification d'un plan des
terrains phosphatés par un agent voyer
encore en fonctions à la prélecture de
Constantine, et naturellement dans un but
intéressé.
Le développement de ces quatre ques-
tions a demandé un temps assez long à
l'orateur socialiste, mais la Chambre y a
pris un grand intérêt.
Voilà la vraie discussion, s'est écrié a
plusieurs reprises M. Jaurès.
Mystérieuse influence.
Mais M. Viviani ne se contente pas d'in-
diquer le mal. C'est alors qu'il fait interve-
nir « l'influence mystérieuse dont parle à
plusieurs reprises le rapport de M. Mas-
tier.
C'est cette influence qui a fait trembler
des préfets comme MM. LascombesetMen-
garduque.
Quel est donc l'homme assez puissant
pour suspendre dans tout un pays l'action
de la justice?
Et, pour, appuyer ses dires, l'orateur cite
un passage a'une relation de voyage en Al-
gérie de M. Hugues Le Roux. Ce passage
d.épeint le rôle de certains députés algé-
r'ens qui, entourés d'une clientèle d'amis
et ùo Cdèies. font profiter cette coterie de
tous les avantages, de tous les profits, au
détriment des droits et des intérêts du reste
de la population.
Le nom t crient quelques députés so-
cialistes curieux.
M. Viviani ne veut pas manquer à sa pa-*
rôle, il ne fera pas ue personnalité. De-
RÉDACTION De lu dn soir & 6 h. dm matin
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SEUL JOURNAL FRANÇAIS RECEVANT PAR FILS ET SERVICES SPÉCIAUX LES DERNIÈRES NOUVELLES DU MONDE ENTIER
À COUPS DEBANKNOTES
NOUVELLE PHASE DU DIFFÉ-
REND ANGLO-AMÉRICAIN
La lutte portée sur le terrain financier
Au Stock-Exchange de Lon-
dres M. Cleveland et les
banquiers Les affaires
avant tout.
LONDRES, 21 décembre. Par fil Spé-
cial. Le différend anglo-américain rela-
tivement au Venezuela semble entrer au-
jourd'hui dans une voie nouvelle, qui en
fait en quelque sorte une question pure-
ment américaine.
Pour les observateurs sérieux,qui étaient
ici en mesure d'être bien renseignés, il n'y
a jamais eu de doute que la gravité de la
situation était surtout apparente, mais
qu'au fond il y avait fort peu de réalité.
Sur le continent, beaucoup se sont trom-
pés, par suite de l'émotion du public et de
l'effondrement des cours à la Bourse. On
n'a pas réfléchi qu'un acte comme celui du
président Cleveland ne pouvait pas être
accepté par la masse d'un public plus ou
moins ignorant des causes réelles, sans
produire une forte agitation.
1 Mais, il faut bien le dire, le public anglais
n'a pas un seul instant perdu son sang-
froid et nous ne croyons pas exagérer en
disant que pas un Anglais n'a pris vérita-
blement la chose au sérieux, au point de
croire à la possibilité d'uné, guerre.
Voilà pour l'opinion publique.
Représailles.
Quant au marché financier, il faut se
souvenir qu'un grand nombre de valeurs
américaines sont tenues en Angleterre.
C'est peut-être au Stock-Exchange de Lon-
dres que le scepticisme envers la prétendue
gravité des événements a été le plus consi-
dérable. Mais, dans le désir de rendre aux
Américains la monnaie de leur pièce, et fu-
rieux de voir que ces événements soudains
venaient peser sur le marché financier au
moment où tout se trouvait préparé pour
une reprise, on s'est mis à vendre les va-
leurs américaines et à écraser ainsi le mar-
ché des Etats-Unis, dont la situation liuan-
cière n'était pas en état de résister à de pa-
reilles attaques.
C'est une chose remarquable que, pen-
dant que tous se taisaient à Londres, lais-
sant les conséquences de l'acte du prési-
dent Cleveland se développer, c'est le mar-
ché financier anglais qui est seul inter-
venu.
On peut en être convaincu, cela a été
une réponse absolument directe au prési-
dent Cleveland. Cette manœuvre financière
a eu un succès qu'on pourrait, dès aujour-
d'hui, considérer, au- point de vue anglais,
comme complet, et qui a amené aux Etats-
Unis un revirement que toutes les nou-
velles d'Amérique signalent aujourd'hui
comme. très dangereux pour le président
Cleveland.
En effet, le monde des affaires, aux
Etats-Unis, qui a déjà subi en trois jours
des pertes énormes, s'est retourné contre
la politique présidentielle,
Un nouveau courant s'est établi. Il sem-
ble devoir anuuler complètement l'enthou-
siasme politique, dont on parlait au début.
Les principales banques de New-YorK et
tous les grands centres d'affaires se pro-
noncent contre toute politique pouvant
conduire a une guerre et on envisage à
Londres, depuis quelques heures, la situa-
tiun comme totalement changée.
Il nous est difficile de dire qu'il n'y a
point là quelque exagération. Cependant,
cette opiuiou s'est faite sur les renseigne-
ments qui affluent en masse et sans inter-
ruption de l'Amérique.
Quelques interviews.
Un banquier de Londres, interrogé au-
jourd'hui, a déclaré que la situation du
président Cleveland était devenue très
grave, et, suivant l'expression bien connue
en France, il a ajouté « Il semble désor-
mais certain qu'on va laisser le président
Cleveland cuire dans son jus.
Un autre grand banquier de la Cité a
dit
« La question politique va maintenant
être calme, puisque la commission deman-
dée par le message présidentiel est nom-
mée maintenant.
Les hommes calmes ont désormais de-
vant eux du temps pour faire sentir leur
influence sur la situation. Cette situation,
bien qu'elle paraisse encore comme cri-
tique, n'amènera, à mon avis, rien de dan-
gereux. »
D'après le chef d'une troisième maison
de banque considérable, la situation est
plus favorable depuis ce matin. Les négo-
ciants et les banquiers américains ne peu-
vent manquer d'exercer une grande pres-
sion. II y déjà quelque apparence que la
population americaine elle-même revient à
des idées plus calmes.
Si nous avons cité des opinions prises
dans le monde des affaires, c'est parce que
ce sont les plus intéressantes en ce qui
concerne les questions américaines.
C'est par les affaires beaucoup plus que
par la politique ou par la communauté
d'origine et de langue que les deux pays
sont liés.
On raconte ici aujourd'hui et nous
verrons bientôt si cela est exact que
l'adoption de la fameuse commission par
le Sénat de Washington hier, sans aucune
modification au projet présenté, est un acte
plutôt défavorable au président.
Le Sénat voulait modifier le projet et re-
tenir pour lui-même la désignation des
membres de cette commission; mais il pa-
raît que lorsqu'on a vu le nouveau courant
qui s'établissait contre son président et son
attitude, le parti républicain du Sénat n'a
pas voulu assumer sur lui-même la moin-
dre responsabilité dans la position prise
par le président. Les divers membres du
parti se seraient entendus pour adopter le
projet tel qu'il est sorti de la pensée du
président Cleveland., afin que ce dernier
portât lui-même entièrement la responsa-
bilité de son attitude.
Ce serait donc par esprit de parli que
les républicains du Sénat auraient agi.
Un dérivatif.
En résumé, on semble croire ici, à Lon-
dres, que le différend auglo-américain se
transforme, en Amérique, en une simple
question de partis, ce qui constituerait au
profit de la paix un dérivatif puissant.
Nous avons dit en commençant que,dans
les cercles politiques anglais, on avait
conservé un calme absolu. Ce fait nous
a beaucoup frappé depuis trois jours.
Nous nous sommes informé. Nous avons
interrogé. Voici ce qu'on nous a dit:
« Siple message du président Cleveland
avait été écrit par un chef d'Etat euro-
péen, il est évident que l'amirauté anglaise
et le War Office se seraient immédiatement
émus et n'auraient pas perdu une se-
coude pour préparer les forces militaires
du pays.
» Mais ii n'était pas possible au gouver-
nement anglais de ne pas établir une très
grande dmérence.eatre un chef d'Etat eu-
ropéen et le premier magistrat des Etats-
Unis.
» Les actes de ce dernier, même lors-
qu'ils portent sur la politique extérieure,
ont toujours une signification de politique
intérieure de partis, qui leur enlève beau-
coup de leur portée et de leur significa-
tion.
En ce qui concerne l'attitude des puis-
sances européennes à notre égard, nous
savons fort bien que l'Angleterre ne doit
pas en ce moment compter sur leur sym-
pathie ;• mais les gouvernements des pays
européens, qui sont tous plus calmes que
les journaux et qui travaillent dans le sens,
non pas de leurs sympathies, mais de leurs
intérêts, ne peuvent manquer de compren-
dre qu'en s'opposant à l'exagération de
l'application de la doctrine de Monroe,
l'Angleterre travaillait pour l'Europe au-
tant que pour elle-même. »
Ce qui précède est évidemment la pensée
du monde officiel anglais. Cependant, nous
devons ajouter que ce n'est pas sans une
certaine humiliation que le gouvernement
anglais a vu l'attitude si soudaine et si
énergique des Etats-Unis. Evidemment, on
ne s'y attendait pas ici.
Dans les cercles navals de Londres, on
affecte une indifférence plus complète en-
core que partout ailleurs. Pas un seul or-
dre n'a été donné en dehors de ce ,qui était
prévu.
Forces maritimes.
La flotte anglaise, par suite de l'exécu-
tion des divers programmes de construc-
tion qui se sont succédé dans ces de,rnié-
res années, est incontestablement à l'apo-
gée de sa puissance, On le sait et on le dit
avec assez de fierté à tout propos. L'ami-
rauté puise là dedans un sentiment de sé-
curité absolue.
La marine que les Américains sont en
train.de créer est encore bien loin d'être en
état de lutter avec la marine anglaise.
Au commencerncnt de l'année actuelle,
les Etats-Unis possédaient 6 navires de,
guerre de première classe, dont le plus
considérable déplace 11,296 tonnes. Deux
d'entre eux, le Maine et le Teams, en dé-
placent un peu plus de 6,000. La vitesse de
ces derniers est de 17 nœuds 3 autres ont
une vitesse de 15 nœuds et le sixième de
16 noeuds.
Il faut ajouter 18 gardes-côtes,dont un de
6,000 tonnes et les autres de moins de fi,0u0
tonnes, et d'une vitesse qui ne dépasse pas
12 nœuds, excepté pour l'un d'eux, le Iïa-
taiulin, qui a une vitesse do 17 nœuds et
qui est armé d'un épéron.
11 y a en outre 7 croiseurs de première
classe, dont 5 d'une vitesse de à 21
noeuds; 3 croiseurs de seconde classe,
d'une vitesse variant de à 20 noeuds; 21
croiseurs de troisième classe et trois tor-
pilleurs, ce qui donne en tout 68 navires
de guerre.
Mais, sur les 18 gardes-côtes se trouvent
comptés 13 monitors d'environ 2,000 ton-
nes et construits il y a trente ans au
moins.
Dans les croiseurs de première classe se
trouvent le Columbia et le Minneapolis,
qui, à leurs essais de vitesse, atteignirent
&3 nœuds.
Le Katahdin, dont le projet avait été
dessiné par l'amiral Ammen, présente une
particularité sa forme offensive réside
surtout dans son éperon. Pour frapper
l'ennemi avec cet éperon, le navire s'en-
fonce, de manière à ce qu'on n'aperçoive
plus que ses cheminées.
On a mis sur chantiers deux croiseurs, le
New-York et le Brooklyn^ qui seront les
plus grands de toute la marine des Etats-
Unis.
Les vaisseaux de première classe et pres-
que tous les croiseurs ont des lance-tor-
pilles. Tous les navires des Etats-Unis
sont armés d'une puissante artillerie et de
canons à tir rapide. Depuis le commence-
ment de l'année, trois navires ont été lan-
cés, ce qui porte le nombre des navires qui
composent la flotte des Etats-Unis à 71.
Mais pourquoi parler des forces des deux
puissances? Le jour de la lutte entre elles
n'est pas venu. Personne ne veut la guerre,
ni en Angleterre, ni en Amérique.
La commission d'enquête.
Washington, 21 décembre. Par câble
au « Matin ». M. Cleveland a signé le
projet adopté par le Congrès pour la no-
mination de la commission d'enquête de la
frontière du Venezuela.
Le Sénat s'est ajourné à mardi.
D'autre part, la Chambre des représen-
tants paraît disposée à continuer la session
afin de délibérer sur les mesures finan-
cières.
On croit que des mesures provisoires
pourraient seules être prises, et l'on consi-
dère comme possibles une émission de
certificats ou bons à courte échéance, afin
de conserver la réserve or, et une augmen-
tation partielle du tarif douanier.
On ne pense pas que le Sénat autorise
l'émission de bons.
L'Association des négociants et indus-
triels de Baltimore a rédigé une protesta-
tion énergique contre l'idée que la guerre
du Venezuela, pourrait amener des hostili-
tés avec l'Angleterre.
Ce qu'on dit à Berlin.
Beblin, 21 décembre.-Par service spé-
cial.– On sait que l'Allemagne a des inté-
rêts commerciaux considérables en Améri-
que, dans l'Amérique du Sud surtout, et
que ses relations économiques avec les
Etats-Unis ont souffert dans ces derniers
temps de certaines exigences auxquelles le
gouvernement allemand a répondu
qu'on se rappelle le récent discours de M.
de Marshall non sans aigreur.
Aussi, les sphères officielles suivent-el-
les attentivement le' développement du
conflit anglo américain; la renaissance
des tendances panaméricaines les inquiète,
non seulement à cause de l'application ra-
dicale de la doctrine de Monroe aux colo-
nies européennes, mais aussi parce que la
réalisation des vœux chauvinistes améri-
cains équivaudrait à l'exclusion du com-
merce et de l'industrie européennes du
Nouveau-Monde.
Sir Lascelles, le nouvel ambassadeur
d'Angleterre à Berlin, ne croit pas à de
graves complications; car, estime-t-il, le
parti républicain résistera à la politique de
casse-cou de M. Cleveland.
Par contre, le consul général du Vene-
zuela est très pessimiste. Il dénonce les
empiétements successifs de l'Angleterre
voulant s'emparer des bouches de l'Oréno-
que, afln de devenir d'abord maîtresse du
Venezuela, pénétrer ensuite au coeur du
Brésil, dominer politiquement et com-
mercialement toutes les républiques sud-
américaines.
Le Venezuela est résolu à ne pas céder
un pouce de son territoire. Le consul ne
croit pas à une solution pacifique du con-
flit, car les Vénézuéliens sont persuadés
que les Etats-Unis les assisteront.
L'envoi d'une commission américaine
donnera probablement lieu à un casus
belli. L'Amérique entière, croit-il, est in-
la victoIre du
LA BOURSE DU TRAVAIL
Depuis une quinzaine de jours, les
attaques, heureusement déjouées, diri-
gées avec autant de malignité que d'hy-
pocrisie contre M. le président de la
République l'étonnante attitude! d'un
garde des sceaux se transformant en
ministre de la police les piquantes ré-
vélations d'Arton les affirmations de
l'agent Dupas sur les missions succes-
sives et parfois étranges dont il dit avoir
été chargé, puis son arrestation, tout
cela a tour à tour alimenté les discus-
sions, occupé la presse, passionné l'opi-
nion.
Et au milieu de tous ces événements
assurément troublants, en tout cas inté-
ressants, un fait important est passé
presque inaperçu, qui eût jadis fait
noircir plus d'une feuille-de papier la
réouverture, par le gouvernement, de la
Bourse du travail de Paris.
Le décret portant organisation de la
Bourse du travail est daté du 7 décem-
bre. Il a paru au Journal officielle 11.
Il est précédé d'un rapport adressé par
le ministre du commerce au président
de la République, où sont exposées les
vues du gouvernement, et où sont tout:
à la fois précisés le caractère que devra
toujours conserver l'établissement, en
même temps que les devoirs auxquels
seront soumis les syndicats qui s'y ins-
talleront.
Ce document constitue donc autre
chose qu'un simple acte d'administra-
tion intérieure. Nous sommes en pré-
sence de déclarations très nettes dont il
me paraît nécessaire d'analyser l'esprit'
et de souligner l'importance.
L'honorable M. Mesureur fait d'abord
ressortir, en termes concis et clairs, le
but de l'institution « La Bourse du tra-
vail, écrit-il, a pour objet de faciliter les
transactions relatives-à la main-d'œuvre
par la création d'organes proprets à as-
surer le rapprochement des offres et des
demandes de travail tels que les salles
d'embauchage, les bureaux de place-
ment et les offices de renseignements
et de statistique. »
Et, dans d'autres passages du rapport,
dont j'épargne.le texte aux lecteurs du
Matin, le ministre insiste avec non
moins de précision sur le caractère du
marché public du travail, qu'il entend
exclusivement maintenir à la Bourse, et
sur l'interdiction absolue aux syndicats
de discuter autre chose que leurs inté-
rêts professionnels.
C'est dire,on ne peut plus catégorique-
ment,que le gouvernement saura conte-
nir les syndicats dans les limites étroi-
tes des attributions que leur confère la
loi de 1884, et qu'il entend fermer l'ac-
cès de la Bourse aux syndicats politi-
ciens.
Du reste, quand l'honorable ministre
du commerce a écrit cette phrase dans
son rapport « L'oeuvre s'est trouvée un
instant détournée de son but et arrêtée
dans son développement normal et pa-
cifique, » il a, sans nul doute, entendu
viser et blâmer dans le passé tous les
abus et les détestables pratiques qui
avaient contraint le gouvernement de
M. Charles Dupuy à ordonner la ferme-
ture de cet établissement.
Il a voulu dire aussi, ou les mots per-
draient alors leur signification, que le
cabinet saurait, le cas échéant, tout
comme M. Dupuy naguère, obliger tous
les citoyens au respect absolu de la loi.
Nous applaudissons très sincèrement
le gouvernement de parler aussi net et
aussi franc.
MM. Casimir-Perier, Charles Dupuy
ou Ribot n'eussent pas tenu un langage
plus ferme ni mieux exprimé nos pro-
pres sentiments.
Nous applaudissons encore quand
nous examinons les dispositions du rè-
glement mis en vigueur par le décret
ministériel
« Si la Bourse, dit le ministre, doit
être mise à la disposition des travail-
leurs pour discuter et défendre leurs
intérêts, nous croyons que l'admission
dans les bureaux de cet établissement
public comporte pour eux l'obligation
d'être constitués en syndicats profes-
sionnels d'ouvriers ou d'employés, con-
formément à la loi du 21 mars 1884, qui
exige des associations ouvrières le dé-
pôt de leurs statuts et les noms de
leurs administrateurs. »
Bravo Et voilà qui est très clair
La Bourse du travail a été fermée par
M. Dupuy parce que les syndicats refu-
saient de se soumettre à la loi. On se
souvient des protestations indignées et
véhémentes que souleva cette mesure,
comme si la loi n'était pas une et la
même pour tous.
Le gouvernement entend rester sourd
aux clameurs socialistes. Il refuse de
céder.
Un bon point. au cabinet Bourgeois.
D'autant, que ce n'est pas tout en-
core
Le ministre du commerce prend soin
d'expliquer qu'il ne convient pas de re-
mettre complètement, comme par le
passé, la gestion de la Bourse aux syn-
dicats ouvriers, et l'article 8 du décret
porte que les services de la Bourse du
travail seront administrés par le préfet
de la Seine.
Et le même article 8 ajoute que le
préfet, administrateur légal de la
Bourse c'est le titre que lui donne
M. Mesureur nomme à tous les em-
plois administratifs, qu'il a la surveil-
lance et la garde de rétablissement;
qu'il assure le paiement, le contrôle et
la liquidation des dépenses faites sur
les crédits inscrits au budget de la ville
de Paris qu'il veille à l'observation des
décrets et règlements qui régissent- la
Bourse du travail.
C'est la présence obligatoire du préfet
de la Seine et son autorité affirmée, non
seulement à l'Hôtel de Ville de Paris,
mais à la Bourse du travail.
Bravo t Bravo t Bravo
Je ne veux pas rechercher si le pro-
gramme de réorganisation tracé par M.
Mesureur, ministre, donne ou non une
entorse au programme politique de M.
Mesureur, député, ce n'est pas mon af-
faire, n'étant pas son électeur; mais il
répond Il mes idées et je l'approuve hau-
tement.
Je ne veux pas davantage rechercher
quelle sera l'attitude des syndicats, ni me
demander s'ils accepteront du cabinet
radical ce qu'ils refusaient des cabinets
antérieurs les vrais principes de gou-
vernement sont sauvegardés, peu m'im-
porte le reste.
Et ma seule conclusion en tout ceci
sera la suivante
Le gouvernement fait exactement au-
jourd'hui ce que voulaient faire et ce
qu'auraient fait ses prédécesseurs. Le
langage tenu par le cabinet Bourgeois
est en tous points conforme aux décla-
rations que faisait M. Charles Dupuy en
réponse à ceux qui lui demandaient
dans quelles conditions il rouvrirait la
Bourse aux syndicats.
D'où cette double constatation toute
matérielle
D'abord que le cabinet radical ne se
maintient au pouvoir que par des pro-
cédés identiques à ceux des cabinets
modérés;
En second lieu, que si l'adhésion de
tous les groupes de la Chambre est à
l'heure actuelle acquise au décret pré-
cité, cela tient à ce que l'opinion de cer-
tains a varié avec la différence de situa-
tion, tandis que l'attitude des autres est
restée la même, quels que soient les
hommes au pouvoir.
Maurice Lasserre.
ARTON EN APPEL
Àla cour du Banc de la reine Pas
de délit politique Un seul
motif retenu,
'LONDRES, 21 décembre. Par fil spé-
cial. La demande d'appel sur la déci-
sion de sir John Bridge accordant l'extra-
dition d'Arton a été présentée de nouveau,
ce matin, par M. Mathows, à la cour du
Banc de la reine, devant le lord chief-jus-
tice et les juges Wills et Wright.
L'avocat d'Arton a soumis de nouveau à
la cour les quatre arguments développées
hier.
Le lord chief-justice demande à M. Ma-
thews d'expliquer en quoi Arton a été con-
damné à être extradé pour des délits qui
ne se trouvent pas dans le traité d'extradi-
tion.
M. Mathews explique que l'article 3 de
ce traité ne contient pas le'délit de falsifi-
cation de comptes.
,Une série d'interrogations de la part du
juge et de réponses de la part de M. Ma-
thews s'engage sur ce point.
M. Mathews ne croit pas pouvoir insis-
ter sur le second motif invoqué par lui,
que les preuves des imputations contre Ar-
ton ne sont pas suffisantes.
Sur la demande du lord chief-justice,
M. Mathews passe au quatrième point qui
vise le prétendu caractère politique de la
demande d'extradition.
L'avocat, pressé de questions, est invité
à préciser quel est le délit qui a un carac-
tère politique. Il répond avec un embarras
visible, déclarant qu'il ne veut pas faire
cette désignation, mais expliquer qu'Arton
n'a été réclamé par le gouvernement fran-
çais que pour fournir certains documents
politiques qu'on suppose être en sa posses-
sion et il sera condamné en France s'il
refuse de faire cette communication; ou
même s'il la fait.
En conséquence, l'avocat estime que la
demande d'extradition n'a pas été faite de
bonne foi.
Le juge Wills fait remarquer qu'il est
peu convenable de rechercher si la de-
mande d'extradition, faite par le ministre
d'un pays ami, a été présentée de bonne
foi ou non c'est là un point entièrement
en dehors de la juridiction de la cour.
Le lord chief-justice ajoute « Nous ne
pouvons donc vous entendre sur la ques-
tion de la demande d'extradition.
M. Mathews insiste et répète que, sui-
vant lui, le but de cette demande d'extra-
dition est purement politique. Les délits
pour lesquels on la demande ont été com-
mis en 1892 et Arton n'a été arrêté qu'au
mois de novembre dernier.
Déclaration des juges.
Après que les trois juges ont délibéré
quelques instants, le lord chief-justice
prend la parole.
Sur le premier point, il déclare que le
crime de falsification de comptes n'est pas
spécifié dans les termes mêmes du traité
d'extradition, que la cour peut donc accor-
der l'appel sur ce point.
Quant à l'allégation que les autres délits
pour lesquels la demande d'extradition a
été faite ont un caractère politique, la seule
énumération de ces délits est une réponse
suffisante pour la réfuter.
Le lord chief-justice montre que l'avocat
d'Arton a été impuissant à prouver que la
demande d'extradition avait un but politi-
que.
En ce qui concerne le troisième point,
c'est-à-dire la bonne foi de cette demande,
il y a là une accusation grave et sérieuse
contre un gouvernement ami et contre les
autorités judiciaires de ce pays. Ce n'est
pas là une question ressortissant à la juri-
diction de la cour, qui n'a à regarder que
le côté judiciaire de l'affaire.
Le second motif de la demande d'appel
ayant été abandonné, la cour ne peut ac-
corder la demande d'appel que sur la ques-
tion de la falsification de comptes.
Les deux autres juges ayant exprimé la
même opinion, la demande d'appel se
trouve accordée sur le seul point de falsifi-
cation de comptes.
A la ,Chambra.
Hier, à la Chambre. vers la fin de la
journée, M. de Baudry d^Âsson a demandé
au président du consërem lui poser une
question à la tribune pour savoir quelle
décision la cour du lord chief-justice avait
rendue à l'égard d'Arton.
M. Bourgeois a répondu qu'il ne pouvait
accepter de question, parce qu'il n'avait en-
core reçu aucune dépêche officielle.
L'AFFAIRE DUPAS
Les interrogatoires d'hier La for-
geron de Melun Les papiers
de M. Laguerre.
Poursuivant son information au sujet des
faits reprochés à M. Eugène Dupas, M. le
juge d'instruction Espinas a entendu hier
MM. Raoul et Georges Royère.
Nous avons dit à quelles circonstances
M. Raoul Royère avait dû de ne pas être
écroué au Dépôt. Il n'en reste pas moins
prévenu dans cette affaire de corruption
de fonctionnaire et de complicité de recel
d'inculpé.
M. Espinas a entendu MM. Dupas, qui
lui a été amené vers une heure de l'après-
midi, et Royère, qui a succédé dans le ca-
binet du jugea l'inculpé principal.
L'inspecteur principal de la Sûreté Sou-
dais a été ensuite appelé à compléter sa
déposition de la veille, en ce qui concerne
le voyage qu'il a. accompli à Bucharest, à
Jassy, etc., en compagnie de Dupas.
Après la réintégration de M. Dupas à
Mazas, vers six heures du soir, M. Espinas
a interrogé M. Souligoux jusqu'à neuf
heures.
Ajoutons que le parquet de Versailles, en
vertu d'une commission- rogatoire de M.
Espinas a fait procéder hier, àMalun,à une
perquisition qui aurait donné d'excellents
résultats.
Des papiers ayant trait à l'affaire Arton-
Dupas auraient été conûés à M. Brousse,
ancien député des Pyrenées-Orientales, par
M. Laguerre. A la suite des récentes per-
quisitions, ces papiers auraient passé entre
les mains d'un forgeron de Melun, chez le-
quel ils ont été saisis.
La sœur de M. Dupas s'est présentée
hier au parquet, mais elle n'a pas été auto-
risée à voir l'inculpé.
De même Me Chenu, avocat de M.Dupas,
a vu repoussée sa demande de communi-
quer avec son client qui est maintenu au
secret le plus absolu.
LES ITALIENS EN AFRIQUE
Vote des crédits par le Sénat Dé-
clarations ministérielles.
Rome, 21 décembre. D'un correspon-
dant: Le Sénat a discuté aujourd'hui
le crédit de vingt millions demandé pour
l'Afrique.
M. Crispi déclare que tout porto à croire
que non seulement les victimes d'Amba-
Alagi seront vengées, mais encore que
l'Italie reprendra la suprématie qui lui est
due dans le territoire qu'elle occupe.
Le ministre du Trésor, parlant après M.
Crispi, dit que, par suite de l'ouverture du
crédit de 20 millions pour l'Afrique, le dé-'
ficit budgétaire serait de 16 millions. Ce-
pendant les plus-values des douanes rédui-
rout ce déficit à 8 ou 9 millions au plus,
Le gouvernement n'entend ni faire de
dettes ni créer de nouveaux impôts. Dieu
merci, dit le ministre, l'argent ne nous
manque pas pour maintenir haut l'hon-
neur du drapeau. »
Le Sénat adopte ensuite au scrutin se-
cret, par 87 voix contre 5, le projet de cré-
dit de vingt millions et s'ajourne sine die.
Nouvelles de Massaouah.
On mande de Massaouah à la date d'au-
jourd'hui
Le ras Agos, ancien chef du Chiré, a pro-
mis au chef des prêtres, l'ecceghié Theo-
philos, d'être avec les Italiens.
Le lieutenant Miani, qui arrive de Adoua,
a laissé le ras Agos à Ambara. La popula-
tion d'Ambara est également favorable aux
Italiens.
LE MARIAGE OU PRINCE NAPOLÉON
Une information du Soir »'- Union
impossible Les amis du
prince protestent.
BRUXELLES, 21 décembre. De notre
correspondant. Le jeune prince exilé,
parent de monarques déchus, dont le Soir
annonçait hier le prochain mariage morga-
natique, serait le prince Napoléon.
La veuve qu'on lui prête l'intention d'é-
pouser serait la fille de M. Balisaux, an-
cien sénateur et riche industriel de Char-
leroi, qui fut mariée à un M. Brichard.
Les amis du prince protestent et décla-
rent que cette nouvelle est dénuée de fon-
dement.
D'un autre côté, une pareille union ne
semble pas possible pour plus d'une rai-
son. On sait que le prince Napoléon a une
liaison ancienne de laquelle sont nés quatre
enfants. Cette femme, que tout Bruxelles
connaît, est jalouse à l'excès et ne manque-
rait pas de s'opposer par tous les moyens
à un pareil ^mariage.
De plus, la loi belge n'admet pas le ma-
riage morganatique, et l'on se demande ce
qui a bien pu donner lieu à l'informatio n
du Soir.
AFFAIRES TURQUES
Réduction de l'effectif de réserve
Les forces des stationnaires.
Sofia, 21 décembre. D'un correspon-
dant. Des nouvelles de Constantino-
ple disent que l'on affirme Que le gouver-
nement a réduit de moitié l'effectif de ré-
serve, pour des raisons financières.
Fuad pacha, interrogé par le sultan sur
les forces des stationnaires, aurait répondu
que la capitale ne résisterait pas deux heu-
res.
Cependant, pour calmer les susceptibili-
tés de la population musulmane, le gouver-
nement fait courir le bruit que les station-
naires auraient déchargé toutes leurs mu-
nitions avant de passer les Dardanelles
M. DE BURLET
BRUxELLES, 21 décembre. D'un cor-
respondant. M. Jules de Burlet, prési-
dent du conseil et ministre des affaires
étrangères, a été frappé hier d'une conges-
tion.
Il y a eu une consultation de médecins
hier soir et une autre ce matin.
Le ministre de la guerre est chargé de
l'intérim des affaires étrangères.
L'AFFAIRE DE COLOGNE
Berlin, 21 décembre. D'un corres-
pondant. D'après le Tageblatt de
Leipzig, le tribunal de l'Empire a terminé
l'instruction relative à l'accusation de haute
trahison dirigée contre Schoren.
La date des débats n'est pas encore
fixée.
LES PHOSPHATES
INTERPELLATION DE M. MAR-
CEL HABERT ̃«
Vingt années de tripotages Poli.
ticiens et financiers Châtiment
des coupables. Liquidation
dû passé Un député sur
la sellette.
L'interpellation de M. Marcel Habert sur
les phosphates algériens ne sera pas,
croyons-nous, tout à fait inutile. La dis-
cussion qui s'est ouverte, hier, la Cham-
bre, a montré, comme l'avait fait Peuquêto
du Matin, un côté très saisissant des tri-
potages qui, depuis vingt aus, déshono-
rent l'Algérie et en font un pays livré à la
rapacité de quelques politiciens et finan-
ciers coalisés.
Mais les discours déjà prononcés le
débat n'étant pas épuisé parlent suffi-
samment par eux-mêmes pour que nous
n'ayons pas à insister.
M. Marcel Habert a ouvert la discussion.
Son argumentation, divisée en deux parties,
repose tout entière sur des documents of-
ficiels.
La première, toute technique, avait pour
but la démonstration que les phosphates
de Tôbessa constituent une richesse in-
comparable.qui doit être mise en valeur
par les Français, au profit exclusif de l'a-
griculture nationale.
A ce point de-vue, la conclusion de M.
Marcel Habert ne peut soulever aucune
objection sérieuse, et il n'est pas douteux
que l'ordro du jour du groupe'agricole que
nous avons publié sera sanctionne à une
très grosse majorité.
Voilà pour l'avenir, mais la liquidation
du passé séra-t-elte aussi simple? Non, as-
surément.
Ce qui semble l'indiquer d'une façon évi-
dente, c'est le grand intérêt qu'a rnontré
la Chambre au récit de l'histoire des con-
cessions, faite tout au long dans le rapport
de M. Mastier et que nos lecteurs connais-
sent dans son enticr. M. Marcel liabort a
repris très habilement chacun des points
principaux de ce rapport, s'attachent tout
d'abord à constater les complicités et les
complaisances des fonctionnaires algé-
riens, depuis le conducteur des ponts et
chaussées de la commune dè Morsott jus-
qu'au préfet de Constantine. Ces complici-
tés et ces complaisances d'ailleurs pu-
nies administrativornent par JV1. Georges
Leygues, ancien ministre de l'intérieur,
dès qu'il eut on sa possession le rapoort
Mastier paraissent tellement graves à
l'interpellateur qu'il n'y insiste pas autre-
ment, sûr qu'il est qu'elles seront la pré-
occupation dcs magistrats qui instruisent
judiciairement l'alïairc des phosphates.
Mais tous les coupables ont-ils étc frap-
pés ?
M. Marcel Habert constata que cela n'a
pas été fait pour M. Ccrtagna, qui a pesé de
toute son influence sur les fonctionnaires
de la préfecture. Pour le député do Seine-
et-Oise, il n'est pas douteux que M. Berta-
gna, président du conseil général, a trafi-
qué de son mandat public, et cependant
M. Bertagua est encore maire de Bône et
le gouvernement n'a pris aucune mesure
contre lui.
M.Marcel Habert, t.rès vivement applaudi
à l'Extrême Gauche et sur quelques bancs.
termine en se défendant d'avoir voulu
faire une querelle de personnes ou de
parti.
Il faut savoir s'il y a une relation quelcon-
que entre les hommes politiques de l'Algérie
et les trafiquants dont il vient de dénoncer
les exploits à ta Franco, La France, il y a
soixante ans, a délivré l'A.gérie du régime
des baktchis et des pachas prévaricateurs, ce
n'est pas pour le voir revivre sous sa protec-
tion, et elle se doit à elle-même de purger
l'Algérie de tous les Bertagna qui la dévo-
rent.
M. Viviani.
M. Viviani, bien que député de Paris, a
de nombreuses attaches en Algérie, où ha-
bite sa famille. Profitait du débat sur les
phosphates, il est venu, dans un éloquent
discours, d'une belle ordonnance, jeter un
cri d'alarme en faveur de notre grande co-
lonie française.
Le député socialiste, qui se défend,
comme M. Marcel Habert, de vouloir jeter
dans le débat des personnalités adminis-
tratives ou autres, est bien obligé de la
faire, mais il le faU avec une certaine mo-
dération qui l'autorise bientôt à tout dire.
C'est un vieux « truc » d'orateur qui réus-
sit presque toujours.
Il pose d'abord quatre questions la pre-
mière s'adresse à M. Cambon, gouverneur
général, qui siège, en qualité de commis-
saire du gouvernement, à côte de M. Léon
Bourgeois. Elle a pour but d'établir la date
exacte à laquelle M. Cambon connut les
agissements des concessionnaires de phos-
phates.
La seconde est plus intéressante. Est-il
exact, demande M. Viviani, que le rapport
Mastier ait été précédé d'un autre rap-
port, de beaucoup antérieur, tout aussi
précis, tout aussi concluant ?
La troisième question vise M. Lascom-
bes, actuellement préfet deConstantine, au
sujet de son attitude vis-à-vis du l'Anglais
Grookston et la concession d'un chemin
de fer qui fut déclaré chemin vicinal, pour
éviter audit Anglais le paiement aux indi-
gènes des indemnités de terrains dont il
s'était emparé pour la construction de sa
voie ferrée.
Enfin, là quatrième interrogation de M.
Viviani est encore plus suggestive; elle se
rapporte à la falsification d'un plan des
terrains phosphatés par un agent voyer
encore en fonctions à la prélecture de
Constantine, et naturellement dans un but
intéressé.
Le développement de ces quatre ques-
tions a demandé un temps assez long à
l'orateur socialiste, mais la Chambre y a
pris un grand intérêt.
Voilà la vraie discussion, s'est écrié a
plusieurs reprises M. Jaurès.
Mystérieuse influence.
Mais M. Viviani ne se contente pas d'in-
diquer le mal. C'est alors qu'il fait interve-
nir « l'influence mystérieuse dont parle à
plusieurs reprises le rapport de M. Mas-
tier.
C'est cette influence qui a fait trembler
des préfets comme MM. LascombesetMen-
garduque.
Quel est donc l'homme assez puissant
pour suspendre dans tout un pays l'action
de la justice?
Et, pour, appuyer ses dires, l'orateur cite
un passage a'une relation de voyage en Al-
gérie de M. Hugues Le Roux. Ce passage
d.épeint le rôle de certains députés algé-
r'ens qui, entourés d'une clientèle d'amis
et ùo Cdèies. font profiter cette coterie de
tous les avantages, de tous les profits, au
détriment des droits et des intérêts du reste
de la population.
Le nom t crient quelques députés so-
cialistes curieux.
M. Viviani ne veut pas manquer à sa pa-*
rôle, il ne fera pas ue personnalité. De-
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