Titre : Le Matin : derniers télégrammes de la nuit
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1892-06-24
Contributeur : Edwards, Alfred (1856-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 24 juin 1892 24 juin 1892
Description : 1892/06/24 (Numéro 3038). 1892/06/24 (Numéro 3038).
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 08/04/2008
Neuvième
Paris ET Départements 10 CENTIMES
Vendredi 24 Juin
De 5 h. au soir C h. du matin..
· RUE D'Al.ftEXTEtm
DERNIERS TÉLÉGRAMMES DE LA NUIT
ADMINISTRATION De 10 h. matin à 6 soir.
25, JUIF, D'ARGENTEBIL
SEUL JOURNAL FRANÇAIS RECEVANT PAR FILS ET SERVICES SPÉCIAUX LES DERNIÈRES NOUVELLES DU MONDE ENTIER
̃M .JjUI/0
ISSUE FATALE DU DUEL
MAYER-MORÈS
La mort du capitaine Mayer Vive
émotion dans Paris Les causes
de la rencontre Le rôle des
'témoins Sur le terrain
Après le combat.
Hier soir, entre sept et huit heures,
me nouvelle a couru sur les boulevards,
produisant une énorme impression, et
précipitantles passants sur les kiosques,
aù la deuxième édition des journaux ve-
nait de paraître. Les camelots criaient
K Le duel, d'aujourd'hui La mort du ca-
pitaine Mayer » A l'annonce de cette nou-
velle, et sans y croire encore, on s'arra-
chait ces journaux, et quand il ne futplus
possible d'en douter, lè même cri circula
dans les groupes « Ah 1 mais non! Est-
ce que cela ne va pas bientôt finir ?».
L'impression produite était unanime
la mort'd'un officier français, d'un loyal
soldat qui aurait pu rendre tant de sér-
vices à la patrie, et qui tombait lamen-
tablement en combat singulier pour s'ô-.
tre trouve mêlé à un duel d'un de ses
parents et amis, officier comme lui, sou-
levait d'émotion tous les cœurs.
La nouvelle, hôlos n'était que trop
vraie, et sous l'impression de ce méme
sentiment, nous ne pouvons aujourd'hui
qu'enregistrer les phases de cette affaire
dont l'immense retentissement est facile
à prévoir.
Le. capitaine Mayer, appartenant au
ler régiment du génie, était détaché à
l'état-major de l'Ecole polytechnique, en
qualité d'attaché à la direction de l'ins-
truction militaire, autrement dit de ca-
pitaine d'arme.
Il était l'ami intime du capitaine Gré-
mieu-Foa, son coroligionnaire. Néan-
moins, lors du duel do M. Grémieu-Foa
et de M. Drumont, il n'avait pas servi
de témoin à son ami. Craignant qu'on
accusât les officiers Israélites de ne pas
assister avec assez de solidarité leurs ca-
marades attaqués par ia Libre Parole, il
consentit à suivre M. Crémieu-Foa sur
le terrain de son nouveau duel avec M.
de Lamase, duel où M. de Mores était
le premier témoin du rédacteur de la
.Libre Parole.
Versions diverses.
De quel incident est née la rencontre
d'hier? Diverses versions circulent. Elles
ne sont guère intelligibles. Depuis quel-
ques jours, M. le marquis de Mores était
en état permanent de provocations sui-
vies de rencontres.
••̃ Suivant les uns, M. de Morès, interpel-
lant M. Crémieu-Foa, l'adversaire de son
client, se serait vu rappeler à l'observa-
tion des usages par M. le capitaine
Mayer. D'où la provocation de M. de
Mores.
Suivant d'autres,.il aurait été convenu
que le procès-verbal du duel Lamase-
Crémieu-Foa ne serait pas publié, et la
violation du pacte aurait été attribuée
à M. le capitaine Mayer.
Il n'est pas aisé de se reconnaître au
milieu de ces étranges aventures, où les
témoins d'hier deviennent les combat-
tants du lendemain, et réciproquement,
où les provocations se succèdent sans
motifs appréciables, où toutes les règles
du Code du duel semblent abolies.
Quoi qu'il en soit, M. de Morès envoya
ses témoins MM. de Lamase, son client,
et Jules Guérin, son cotémoin de la
veille. M. Mayer constitua MM. les capi-
taines D^lorme et Poujade.
Les pourparlers.
Les pourparlers durèrent deux-jours
la conciliation ne put se faire, et une
rencontre à l'épée fut décidée avant-hier
soir.
Le capitaine Mayer était de semaine à
l'Ecole polytechnique. Il ne changea
rien à son service ni à ses habitudes.
C'était sa première affaires. Mais il ne pa-
raissait nullement ému.
Ce n'était pas un habitué des salles
d'armes son habileté à l'escrime ne dé-
passait pas celle du commun des offi-
ciers, et il n'avait aucune expérience du
terrain.
En outre, il se trouvait dans de mau-
vaises conditions physiques. Une dou-
leur au bras droit avait nécessité pour
lui l'application d'un traitement électri-
que. Il éprouvait une telle gêne qu'on
iui avait conseillé de ne pas se servir du
bras malade, et M. Mayer songea à se
battre de la main gauche. Faute d'habi-
tude, il renonça à ce projet.
La rencontre.
La rencontre eut lieu hier, à dix heu-
res du matin, dans l'île de la Grande-
Jatte. A M. le capitaine Delorme échut
la direction du combat.
L'engagement fut vif. Le capitaine
Mayer marcha sur son adversaire, sans
observer une garde suffisante. Suivant
l'expression vulgaire, il fourrageait. M.
'de Mores se fendit à fond et porta à son
adversaire un coup droit en pleine poi-
trine.
̃ L'épée avait pénétré de dix à douze
centimètres dans la cavité thoracique.
Témoins et docteurs se précipitèrent.
M, Mayer eut une courte syncope.
Les procès-verbaux.
Voici d'ailleurs les procès-verbaux de
la rencontre
5. Le procès-verbal de la rencontre qui a eu
lieu le 20 juin 1892 entre M. le capitaine Gré-
mieu-Foa et M. de Lamase ayant été publié,
.'contrairement aux conventions établies entre
ss témoins, M. de Mores, premier témoin de
M. de Lamase, s'est trouve offensé par cette
publication et a demandé réparation à M. le
capitaine Mayer, premier témoin de Mi le ca-
pitaine Crémieu-Foa,
Bien qu'il soit reconnu, sur l'affirmation des
témoins de M. le capitaine Mayer, que la pu-
blication dont ü s'agit ne résulte en rien du
fait de cet officier, celui-ci en a immédiate-
ment assumé la responsabilité et a désigné
pour le représenter M. Déforme, capitaine du
génie, et ûl. Poujade, capitaine d'artülerie.
De son côté, M. de Mores a désigné pour le
représenter, M.. le comte de Lamase et M.
Les conditions du combat seront les sui-
Epôe de'combat ordinaire, gants de salle ou
Là durée des reprises sera -de
nufjes, «elle des repos de une demi-minute.
Les corps à curps sont interdits; le ter-
rain gagné ne sera pas considéré comme ac;
quis.-
Le combat cessera après une' blessure met-
tâût'uii des adversaires dans vne infériorité
évidente constatée par les témoins.
La rencontre aura lieu daiis les environs de
Paris, demain jeudi, 23 juin 1893, à dix heures
du matin.
En foi de quoi les témoins ont signé le pré-
sent procès-verbal.
Paris, le 22 juin 1892.
Pour M. de Mores
Comte P. DE LAMASE,
Jules Guérin.
Pour M. le capitaine Mayer
P. DELORME,
A. Poujade.
Conformément au procès-verbal ci-dessus,
la rencontre a eu lieu ce matin à dix heures,
à l'ile de là Grande-Jatte.
A la première reprise, M. Mayer a été atteint
par l'épée de. son adversaire au-dessous de
l'aisselle droite. La plaie intéressant le sommet,
du poumon a déterminé une hémoptysie peu
abondante, suivie d'une syncope de courte
Le blessé, après les premiers soins donnés
sur le lieu du combat par MM. les docteurs
Février, Paquelin et Faure, a été transporté à
l'hôpital militaire du Gros-Caillou.
Paris, le juin
Pour le capitaine Mayer
P. Delorme,
A. PoiMAOE.
Pour M. de Mores
Comte P. DE Lamase,
• JULES Guérin.
Blessure mortelle.
Après le premier pansement sur le
terrain, on ramena le blessé à Paris.
Mais le transport fut ,difficile. On avait
disposé un matelas dans un landau; les
souffrances étaient cruelles une vio-
lente hémorragie par la bouche ne
laissa aucun doute sur la gravité de la
blessure.
Il ne fallait pas songer à conduire M.
Mayer à l'Ecole Polytechnique, où il ha-
bitait, et où il. n'eût pas trouvé tous les
soins commandés par son état. On le
porta ,ù l'hôpital militaire du Gros-Cail-
lou, dans une chambre particulière.
Les soins les plus empressés lui furent
prodigués.
Les plaies pénétrantes du poumon,
quand elles sonE faites par une arme
bien affilée, ne sont pas regardées com-
me très sérieuses. Elles.eütraînent rare-
ment la mort. Il est donc probable que
F-ôpéedu marquis de Mores avait ren-
contré l'artère pulmonaire. En ce cas,
l'hémorragie interne s'est produite et
l'issue fatale était inévitable.
Les docteurs ne purent qu'apporter de
légers soulagements à celui qui était
déjà un agonisant..
Cependant, M. Mayer conservait sa
pleine connaissance, et il attendait la
mort avec un calme stoïque. A cinq heu-
res du soir, une syncope se produisit, et
une demi-heure après, le brave et loyal
officier rendait le dernier soupir.
Impressions sinistres.
On avait, tout d'abord, prévenu les
parents de M. Mayer. Son père, expert
au tribunal de commerce, et sa mère
habitent rue de Douai, n° 14. Son frère
est avocat près la cour d'appel de Paris.
Le capitaine, âgé de trente-quatre ans,
n'était pas marié.
Impossible de décrire les scènes dé-
chirantes dont fut le théâtre cette cham-
bre d'hôpital, autour du lit funèbre de
ce jeune homme enlevé à une brillante
carrière par une querelle où il n'avait
aucune part personnelle, .victime d'une
chevaleresque entremise dans une exé-
crable guerre de races.
A neuf heures, le corps fut transporté
rue de Douai, au milieu d'une foule im-
mense et indignée. Tous :les habitants
du quartier s'étaient groupés autour de
la demeure des vieux parents.
On échangeait des propos animés, où
la colère se confondait avec la douleur.
L'agitation cessa, un instant, en pré-
sence du funèbre cortège suivi par les
deux vieillards désolés; Elle reprit en-
suite et se prolongea pendant toute la
soirée.
Dans les 'cafés, dans les cercles, sur
les boulevards, on commentait l'événe-,
ment fatal. Il n'y avait qu'une voix pour
exiger qu'on mît fin à ces polémiques
sauvages, aces provocations barbares,
à cette sorte de guerre civile répugnant
à l'immense majorité des-citoyens, et
dont la première victime était la plus in-
nocente et la plus pure.
C'était jour de sortie réglementaire
à l'Ecole Polytechnique. Quand la nou-
velle fut connue des élèves et des pro-
fesseurs; dans la soirée, il y eut une
sorte de consternation.
Le .capitaine Mayer était un des chefs
les plus estimés, les plus aimés àl'Ecole.
Nous avons vu son brosseur, dont
l'affliction est touchante.. Un des sous-
officiers de l'Ecole nous a montré la der-
nière signature donnée par le capitaine,
hier matin même, au moment de son
départ.
Les dépêches et les lettres de condo-
léance n'ont cessé d'affluer à l'Ecole et
au domicile des parents, dont la porte
est rigoureusement consignée.
LA CONVENTION DE CHICAGO
M. Cleveland élu candidat Une belle
majorité..
CHICAGO, 23 juin. Par câble au « Ma-
tin ». La convention des démocrates a
élu M. Cleveland candidat â ta présidence,
au premier tour de scrutin.
M. Cleveland a obtenu 616 voix, M. Hill,
M. Boies, 103; M. Gorman, 36.
Les autres candidats ont obtenu ensemble
31 voix..
TITRE REFUSÉ
LONDRES, 23 juin. Par {il spécial.-
On assure que le marquis de Salisbury a
l'intention de décliner le titre de duc que la
reine avait décidé de lui offrir.
Ce serait donc la seconde fois que le chef
des conservateurs refuserait ce titre.
LE PRINCE FERDINAND
LONDRES, 23 juin.- Par {il spécial.
Le prince Ferdinand de Roumanie, arrivé
hier soir, est parti cet après-midi avec le
duc d'Edimbourg pour Windsor, afin de
rendre visite à la reine.
L'OFFICIER ANONYME
'̃̃'3e. voudrais parler d'un officier fran-
çais qui, s'il existé, est un lâche.
Depuis plus de huit jours, ce ne sont
dans la presse et dans toute la banlieue'
parisienne que polémiques et duels re-
tentissants, que coups d'épée, coups de
pistolet, procès verbaux rédigés, publiés,
commentés.
On a mobilisé l'avant-garde, la garde
et l'arrière-garde des duellistes.
De braves garçons, qui faisaient en
province leur métier de soldat, sont ve-
nus au débotté se mesurer sur le terrain:
avec des adversaires qui avaient été
leurs camarades. ou qu'ils ne connais-
saient pas du tout. On a échangé des:
balles; on a faussé des lames. Fi-
nalement, hier, on vient de tuer un
homme, un officier des plus brillants,
des plus savants, des plus honorables,
tout cela parce qu'il a plu, un beau jour,
à un homme qui appartient à notre ar-
mée d'envoyer à un journal des notes in-
jurieuses pour certains de ses compa-
gnons d'armes, et parce que le journal,-
couvrant ces notes anonymes d'une si-'
gnature d'emprunt, les a publiées toutes'
vives, afin d'exciter contre une race qu'il
déteste là colère des chrétiens
Lisez le procès-verbal, du duel au pis-
tolet qui a eu lieu là semaine dernière
entre M. le capitaiue Crèmieu-Foà et M.
de Lamase, rédacteur dudit journal
vous y verrez que M. de Lamase, signa-
taire des articles dont M. Crémieu-Foa
croyait avoir à se plaindre, ne les avait
pas en réalité rédigés, mais qu'ils lui
avaient été remis par un officier qui dé-
sire garder l'anonyme.
Donc, voilà un ditramateur mystérieux
qui porte l'uniforme et qui commande à
ce qu'il y a certes de plus honnête,
de plus droit et. de plus courageux au
monde des troupiers français
Cet homme a de l'instruction, il a peut-
être fait campagne; en tous cas, il pro-
fite pour sa part du respect ardent et
pieux que nous avons tous voué aux
hommes et aux choses de l'armée, de-
puis que l'armée représente pour nous,
avec l'ineffaçable et cruel souvenir de la
,,défaite, l'espoir irréductible et enthou-
siaste de la réparation, et ce vulgaire ca-
lomniateur, égaré, caché parmi tous les
braves gens qui pensent à la patrie, ne
s'occupe, lui, qu'à rédiger sans se dé-
masquer de petits articles injurieux pour
ceux de ses camarades qui n'ont point.
passé par le baptême, et il envoie ses
œuvres à une feuille qui les répandra
pour un sou de toutes parts, et il re-
commande bien que surtout on ne le
nomme pas, et il voit sans rougir, sans
faiblir, sans bondir, ses voisins de régi-
ment mettre l'épée à la main ou le pis-
tolet, pour venger leur race, leur fa-
mille, leur honneur, et le résultat de
tout cela, c'est qu'un pauvre mathéma-
ticien de trente-cinq ans, professeur à
l'Ecole polytechnique et capitaine du
génie, tombe la poitrine trouée, tandis
que lui, le véritable auteur de cet im-
broglio sanglant, lui, le provocateur de
tous ces combats individuels où il ne
prend aucune part, lui, le meurtrier, il
demeure tranquille, dans sa garnison,
sans avoir le courage de se nommer en-
fin, sans avoir la vulgaire probité de
mettre son avancement ou sa peau com-
me enjeu de sa foi.
Ah l le lâche l le lâche 1
Mais où se terre-t-il donc, ce pré-
tendu soldat ?
A quelle arme appartient-il? Quel ré-
giment déshonore-t-il ?
Quels sont les chefs, qui ont l'humilia-
tion de le compter parmi leurs sous-
ordres ?
Quels sont les collègues qui ont la
honte de marcher à côté de lui ?
Quels sont les hommes qui doivent lui
obéir?
Un officier français, ça ?
Un homme d'honneur, ça?
Un chrétien, ça?
Et depuis une semaine il n'a pas eu un
élan, pas un cri de colère ou de haine,
pas un mouvement même qui lé dénon-
çât comme l'auteur responsable de toutes
ces attaques?
C'est donc la plume seule qui est son
arme? Il ne sait donc pas se servir d'au-
tre chose ? C'est donc avec cela qu'il
compte un jour combattre les Alle-
mands
Voyons, monsieur Vous avez dû
faire vos études dans une école mili-
taire vous avez dû voir autour de vous
des jeunes gens de toutes les confes-
sions; de toutes les croyances, de toutes
les origines; vous avez dû constater que
tous, quels que fussent leurs tenants, ils
avaient au cœur la même pensée qui est,
la directrice souveraine de la grande fa-
mille militaire; vous avez dû einlier
ceux qui, marchant plus vite que vous,
arriveraient plus vite en face de l'enne-
mi et qui, le jour de la bataille, se trou-
vant plus haut placés dans la Hiérarchie,
seraient plus exposés aux coups mais
mieux à même aussi de servir le pays;
Puisque, cependant, vous suiviez cette
carrière, c'est qu'il y avait en vous un
instinct de dévouement, un besoin de
vous sacrifier à une idée, ou je ne sais
quelle générosité nerveuse, tout au
moins, qui vous portait à faire éventuel-
lement bon marché de votre vie, pour
avoir la gloire de faire survivre votre
nomt.
Et, ce nom, vous le taisez, mainte-
nant que, par votre faute, des soldais
comme vous sont obligés de verser leur
sang, non plus pour là -France, mais
pour leur propre honneur que vous avez
sali ̃•̃•̃•
Et vous désirez « garder l'anonyme »
quand, armés par vos mains, des hom-
mes s'égorgent et se tuent t
Et cela vous suffit, cela vous amuse
peut-être 1 de voir de simples pékins,
des journalistes, n'importe qui, mettre
flamberge au vent pour soutenir vos
dires?
Et vous vous figurez que vous êtes en-
core un officier, après cela?
Et vous vous imaginez que la dégra-
dation la plus infamante ne va pas vous
chercher jusque dans votre retraite igno-
rée, pour vous arracher vos épaulettes,
vos boutons dorés, vos galons, tout ce
qui vous désignait à l'obéissance de vos
inférieurs et au respect des simples ci-
toyens ?
Non, monsieur, vous n'êtes plus un of-
ficier, vous n'êtes plus un soldat, vous
n'êtes plus un Français I
• Je ne sais pas où vous vous cachez ;j'i-
gn'orë qui vous êtes et si vous avez sur
ia poitrine quelque décoration. Mais,
croix ou médaille, si vous en avez une,
je suis sûr que vous l'avez volée à des
voisins qui l'avaient gagnée mieux que
vous, et si vous avez, auprès de votre
compagnie, de votre batterie ou de votre
escadron, des collègues avec qui, d'or-
dinaire, vous fassiez table commune et
communes manœuvres, je sais bien que
le jour où ils sauront que c'est vous qui
avez commis cette vilenie, d'inventer l'a-
nonymat militaire, 'ils vous chasseront
ignominieusement de leur noble famille
et vous renieront, juifs ou chrétiens, à la
face de la patrie, car ce sont des Fran-
çais.
Charles Laurent.
LE MATIN publiera demain un article
de M. AURÈLIEN SCHOLL.
L'ENTREVUE DE POTSDAH
Départ des souverains italiens retardé
Changement d'itinéraire
Résultats politiques de la
rencontre.
.̃Berlin, 23 juin. Par service spécial.
L'empereur et l'impératrice et le roi et la
reine d'Italie ont fait aujourd'hui uns ex-
cursion â l'île des Paons, où ils ont dé-
Le départ du roi et de la reine d'Italie
est retardé et l'itinéraire de retour a été
modifié.
Les souverains iront à Dresde .visiter le
roi Albert. C'est la reine, qui est petite-fille
du feu roi Jean de Saxe, qui a désiré revoir
la belle résidence de son oncle. Le service
d'honneur n'accompagne pas les souverains
en Saxe; ils le retrouveront à Fra ncfort-
sur-Mein, où ils verront l'impératrice Fré-
déric.
Le roi Humberf passera la revue de son
régiment de hussards et assistera au déjeu-
ner offert par le corps des officiers.
Une note d'allure officieuse dit « La ca-
ractéristique de l'entrevue est que, contrai-
renient à l'usage adopté, les souverains évi-
tent de se servir de !a langue française dans
les toasts qui on.t été échangés. L'empereur
parla allemand et italien, le roi Humbert
italien. Il ne.faut pas oublier qua Leurs
Majestés allemandes ne possèdent pas la
langue italienne. »
Gela se passe ae commentaires.
Les résultats politiques de l'entrevue se
réduisent à un échange d'assurances verba-
les réciproques de fidélité dans l'alliance
contractée: Le roi Humbeit s'efforça de per-
suader son puissant allié que la crise que
traverse l'Italie a été exagérée à dessein par
ses adversaires. Quels que soient les inci-
dents de la politique intérieure, !e jeune
royaume ne reniera pas. ses engagements.
Si. Brin, qui a produit ici bonne impres-
sion, répéta cette antienne à M. de Caprivi
et M. de Marshall. Il assura, de plus, que les
prochaines élections italiennes montreraient
que sauf une infime minorité antipatrioti-
que, le peuple italien bénissait la triple al-
liance à laquelle l'Italie devait le ranb de
grande puissance.
La question militaire n'a pas été discutée.
M. le comte de Hatzfeldt, ambassadeur
d'Allemagne à Londres, qui est à peine re-
mis d'un refroidissement dont il a souffert
longtemps et qui n'a pu pour cette raison
assister aux fêtes qui ont eu lieu en l'hon-
neur du roi Humbert, a reçu hier la visite
de M. Brin, ministre des affaires étrangères
d'Italie.
Le roi Humbert lui a ensuite accordé une
audience.
LA SITUATION EN BELGIQUE
Après les élections de ballottages
Coup-d'œil sur la composition des
Chambres nouvelles.
BRUXELLES, 23 juin. Par service spé-
cial. Les ballottages ont accentué le re-
virement qui s'était dessiné lors du pre-
mier scrutm dans le corps électoral censi-
taire de Belgique.
Les Chambres anciennes se composaient:
la Chambre des représentants de 138 mem-
bres, dont 94 cléricaux et 44 libéraux, et le
Sénat de 69 membres, dont 49 cléricaux et
20 libéraux. Le gouvernement disposait,
par conséquent, dans la première chambre,
d'une majorité de 50 voix, et dans la se-
conde, d'une majorité de voix.
Les Chambres nouvelles se composent,
par suite de l'accroissement de la popu-
latiun :̃ lu Ghambrè des représentants de:
membres, dont 92 cléricaux et 60 libé-
raux, et le Sénat de membres, dont 46
clériceux et 30 libéraux. Le gouvernement
ne dispose donc plus que d'une majoritéde
32 voix à la Chambre et d'une majorité de
16 voix au Sénat.
Les cléricaux comptent dans la nouvelle
Chambre 2 voix do moins que dans l'an-
cienne et dans le nouveau Sénat 3 voix de
moins que dans l'ancien. Par contre, les li-
béraux ont à la Chambre 16 voix de plus et
au Sénat 10 voix de plus que dans l'ancien
Parlement.
Ce qui est important, c'est que le gouver-
nement a perdu la majorité des deux tiers
dont il disposait dans les anciennes Cham-
bres et qui lui était nécessaire pour faire
reviser la Constitution à son gré. Comme le
constate un, organe important ae, la. presse
cléricale, le Courrier de Bruxelles, l'ère,
des difficultés commence, car la majorité
est désormais à la merci de. la minorité.
Les libéraux étant unanimes à repousser
le système électoral de l'occupation, préco-
nisé par le gouvernement, celui-ci sera
obligé de renoncer à sa formule et de chercher,
à s'entendre avec l'un des deux groupes qui
divisent la gauche.
Prochaine convocation.
Aux termes de la Constitution, les Cham-
bres nouvelles doivent êtreconvoquées dans
les deux mois de la dissolution des Cham-
bres précédentes. Elles se réuniront proba-
blement le 12 juillet, mais la majorité pa-
raît disposée à ajourner la solution du pro-
blème révisionniste jusqu'à l'époque de la
session ordinaire de novembre.
Après une « discussion générale » plus
ou moins longue, la revision serait « en-
commissionnée » comme on dit dans no-
tre argot parlementaire c'est-à-dire qu'une
commission de vingt-cinq membres serait
chargée d'étudier la question pendant les
vacances et de formuler des propositions
sur lesquelles il serait statué à la rentrée.
La Gauche s'opposera à cette procédure
qui est irrégulière,. C'est au gouvernement,
soutiendra-t-elle, qu'il appartient de saisir
le Parlement de propositions formelles et
d'indiquer le sens dans lequel, selon lui, il
convient de reviser.
Tout cela nous promet encore bien des
longueurs et des atermoiements.
.LE PRlfiCE DE BISiâaCK
Départ de Vienne Acclamation
enthousiastes Les mesures
d'ordre à la gare.
Vienne, 23 juin. D'un correspondant.
Le prince de Bismarck a visité l'Hôtel de
Ville où il a été reçu par le bourgmestre et
les autres autorités municipales.
Il est parti cet apr'ès-midi, à trois heures
et demie, par l'express ordinaire, pour Saz-
bourg.
Le départ avait été primitivement fixé à
cinq heures, par l'Orient-Express, mais il
paraît que l'on a fait savoir indirectement
au prince qu'on lui saurait gré de partir
plus tbt afin d'éviter des démonstrations du
genre de celles qui s'étaient produites à l'ar-
rivée.
Des mesures de police extraordinaires
avaient été prises. Les alentours de la gare
étaient gardés par'de fortes escouades.
Trois cents personnes miuiies de cartes
ont seules pu pénétrer dans la garé.
Un grand nombre de nationalistes alle-
mands sont montés dans le train et l'ac-
compagnent jusqu'à Sanpolten. Des corpo-
rations d'étudiants pangermanistes sont
déjà parties ce matin pour Amstetten où
elles attendent l'ex-chancelier et lui prépa-
rent une ovation.
Le prince de Bismarck, qui, paraissait
fatigué, a pris cordialement congé des per-
sonnes qui étaient venues le saluer à ja
gare. De nombreux bouquets lui ont- été
offerts. ̃
Au moment où le train s'est mis en mar-
che, des hourrahs frénétiques ont été pous-
sés.
Les journaux annoncent même que le.
prince de Bismarck, acclamé à son départ, a
remercié la foule de l'accueil amical qu'on
.lui avait fait, ajoutant que maintenant des
liens de parenté l'attachaient à Vienne et
qu'étant du reste un homme libre et indé-
pendant, ii espérait pouvoir visiter plus sou-
vent, à l'avenir, l'hospitalière capitale autri-
chienne.
A Salzbourg, le prince montera dans un
train spécial envoyé par le gouvernement
bavarois pour l'amènera Munich.
La réception à Munich.
Berlin. 23 juin. Par service spécial.
La municipalité de Munich a invité M.
de Bismarck à visiter l'Hôtel de Ville avec
sa magnifique salle des foies et l'antique
cabinet. du vin d'honneur, magnifiquement
décorés pour la circonstance.
Le fameux livre d'or de la ville de Mue-
nich, sur lequel l'empereur écrivit son fa-
meux « Suprema leœ regio voluntas »,
sera présenté à M. de Bismarck. On se de-
mande avec curiosité ce qu'il y inscrira.
AU BRESIL
Nouvelles officieuses. Le bombar-
dément de Porto-Alegre.
LONDRES, juin. -Par fil spécial.
La légation du Brésil reçoit de son gouver-
nement la dépêche suivante, datée du 22
juin:
« Porto-Alegre n'a pas été bombardé par
les canonnières fédérales, mais trois coups
de canon ont été tirés sur la ville par suite
d'un malentendu regrettable.
» Le gouvernement a réprimandé sévère-
ment l;,s commandants des canonnières. Ils
ont reçu l'ordre de garder une stricte neu-
tralité dans le. conflit soulevé dans l'Etat de
Rio-Grande par l'élection prochaine du gou-
verneur.
» Le gouvernement fédéral a la force né-
cessaire pour maintenir l'ordre public. »
Changement ministériel.
Rio-Janeiro, 23 juin. Par câble au
« Matin ». Le ministère brésilien vient
d'être modifié de la façon suivante
Le ministre de l'agriculture a donné sa
démission et a été remplacé par le ministre
des nffuires étrangères.
Le ministre de la marine a été chargé par
intérim du ministère des affaires étrangères.
TERRIBLE ACCIDENT
Dans une mine belge Plusieurs
victimes.
Bruxelles, 23 juin. D'un correspon-
dant. Un terrible accident s'est produit
aujourd'hui, à neuf heures du matin, à la
fosse de My-A-Bois du charbonnage d'A-
mercœur, situé sur le territoire du Roux.
La cage dans laquelle avait pris place un
groupe d'ouvriers est remontée avec une
telle rapidité qu'elle est allée se briser con-
tre les poulies du toit.
Plusieurs mineurs, dont une jeune fille de
quatorze ans, ont été tués sur le coup.
Une partie de la toiture du bâtiment est
enlevée.
Cet accident cause une profonde émotion
dans toute la.région.
GUILLAUME It
BERLIN, 23 juin. D'un correspondnnt.
Guillaume II partira demain soir pour
Kiel, d'où il se rendra dimanche à Stettin
sur le Hohenzollern, pour assister au lan-
cement d'un nouvel aviso.
On dit que l'empereur d'Allemagne re-
viendra de son voyage en Scandinavie un
peu plus tôt qu'il ne l'avait projeté primiti-
vement.
Il arrivera à Willelmshaven un peu avaiiî'
la fin de juillet et se rendra de 14 en Angle-
LE PARLEMENT
UNE SÉANCE ORAGEUSE AU
CHAMBRE!
Débats agités MM. Ricard et Viette
sur là sellette Série de ques-
tions et d'interpellations
Le service militaire
Les routes nationales.
La Chambre, dès l'ouverture de la séance
d'hier, était nerveuse. La présence de plu-
sieurs ministres, les allées et les venues au
fauteuil présidentiel indiquaient qu'il y
avait clans i'àiiv'plusieurs questions qui agi-
taient les esprits.
M. Jullien a porté à la tribune l'incident
universitaire dont le Matin a donné la pri-
meur à ses lecteurs. Un candidat a trouvé,
au jury pour l'agrégation des sciences na-
turelles, au lieu de l'examihateur annoncé,
un professeur avec qui il avait eu une que-
relle suivie de voies de fait. En vain, il de-
manda la récusation d'un examinateur pré-
venu, et renonça à concourir.
M. Bourgeois a couvert de sa responsa-
bilité la décision prise par M. Mathieu Du-
val, président du jury. Cependant, il a pro-
mis de définir plus amplement le droit do
récusation.
L'interpellation Delahaye.
M. Delahaye îhtérpèllë 'sûr le prétendu
conflit survenu entre le jury et le président
do la cour d'assises. Une. demande d'ajour-
nement à un mois soulevé un commence-
ment de tempête. Lnfin on délibère sur la
fixation de lddate.
M. le garde des sceaux monte à la tri-
bune.
Quelques-uns s'attendaient à entendre
M. Ricard annoncer des poursuites contre
les jurés qui avaient violé le secret profes-
sionnel. L'espèce offrait, en effet, une ana-
logie avec des poursuites dont les lecteurs
du Matin ont gardé le souvenir. On se rap-
.peJieavec quel acharnement l'un des nôtres
fut poursuivi pour avoir causé avec des ju-
rés qui. n'avaient même pas 'prêté serment.
Mais, parait-il, la jurisprudence- est aban-
donnée.
M. le garde .dés sceaux, en effet, n'était
môuté à la tribune que pour affirmer qu'il
n'était pas, à l"'heuro qu'il est, en possession
des faits. S'il s'en était tenu à cette asser-
tion,on n'aurait pas eu grand'chose à objec-
ter, mais ila imprudemment touché au fond
du débat, répondant par avance à l'interpel-
lation. Il a parlé des droits des présidents
d'assises il a affirmé que tout s'était passé
correctement. Entre temps, il a fait appel à
res. M. Jolibois, mis en cause, s'est souvenu
qu'il avait -été procureur général,. M. Joli-
bois a rendu difficile la situation du garde
des sceaux qui s'était livré avec témérité.
Si bien qu'il a fallu rétrograder, arriver à
accepter le renvoi de l'interpellation à hui-
taine. L'insuccès a été cruellement souligné
par M. Paul de Cassagnac, qui a pris une
part active à l'escarmouche.
Lenteurs administratives.
Il était écrit que le garde des sceaux al-
lait rester sur la sellette. Un autre député,
M. Muller, avait une nouvelle interpellation
à lui adresser.
Il s'agissait du retard apporté par l'admi-
nistration de la justice à s'occuper des der-
nières élections municipales de Loches,
qui ne seraient pas immaculées.
Cette fois, M. Ricard avait prévu la ques.
tion. Il a pu répondre à M. Muller qu'à la
date du 15 juin, il avait donné l'ordre au
procureur général d'Orléans d'ouvrir une
instruction contre M. Wilson.
On arrivait enfin à l'ordre du jour. Sans
débat, la Chambre vote un projet de loi ra-
menant la Corse au droit'commun pour la
date des sessions de son conseil général, et,
à la suite d'une discussion à laquelle ont
pris part MM. de Lanjuinais, Camille Drey-
fus, Raiberti, le ministre de la guerre, la
Chambre a adopté le projet do loi qui recule
jusqu'à trente-trois. ans la limite du passago
de la réserve dans l'armée territoriale.
Le projet joarussoi.
Enfin, on arrive au gros débat de la séance.
Il s'agit du projet de M. Bartissol demain-
dant que les routes nationales soient ad-
jointes au service- des routes départemen-
tales et vicinales, sous l'autorité immédiate
des préfets, c'est-à-dire du ministre de l'in-
térieur.
M. Dupuy-Dutemps; rapporteur, expose
avec 'une remarquable clarté l'état de las
question.'Il constate qu'aujourd'hui les rou-.
tes nationales forment un réseau presque
insigniflant comparé à celui des autres rou-
tes. L'unification du service de voirie dans
les départements a déjà donné de sérieuses
économies. La commission du budget, la
Chambre, le Sénat, ont émis des votes favo-
rables à l'unification complète. On réalisera
ainsi une économie de 19 millions. On ob-
jecte la difficulté du contrôle. Ce service
existe déjà au ministère de l'intérieur; d'ail-
leurs les conseils généraux feront le con-
trôle. L'objection principale est tirée de l'in-
térêt du personnel. Au-dessus, il y a Pintes,
rét public.
Ce discours est très applaudi par une
grande partie de la Chambre.
M. Viette, ministre des travaux publics,
est très animé quand il monte à la tribune.
Il déciare qu'on veut faire du corps des
ponts et chaussées « une armée de brigands
de la Loire ». Ce mot soulève de premiers
orages. Le ministre démontre ensuite qua
les ingénieurs de l'Etat ont d'autres servi-
ces que celui des routes.
Il faudra donc les conserver, mais en aue-
mentant les frais de tournée pour les servi-
ces accessoires il faudra aussi conserver
les deux tiers de leur solde aux fonction-
naires licenciés. L'économie sera donc dàri.
soire. En outre, l'Etat n'y gagnera rien,
puisqu'il subventionnera les départements
pour l'entretien de route, dont il leur fera
cadeau.
M. Viette, très en verve, s'écrie qu'il y q
encore « des voleurs de grands çhemïns u!
L'excitation du ministre rend la Chambre
tout à fait houleuse.
Enfin, il aborde le point capital du débat.
Il accuse la commission et une partie de la
Chambre de vouloir seulement atteindre la
corps des ponts et chaussées; et, dans l'ar-
deur de son improvisation, il s'oublie jus-
qu'à prononcer cette phrase « Ceux qui at-
taquent ce corps lui reprochent un défaut
qui frise le ridicule à notre époque l'hon-
nêteté 1 Une fraction qui n'a certainement
pas compris la vivacité ni la portée du pro$
pos applaudit.
Vif incident.
M, de Douville-Maillefeu prend le mot
pour une injure personnelle. De sa voix la
plus furibonde, il adresse au ministre des
invectives tellement violentes que M. Viette
répond sur le ton de la provocation. M. Flo»
quet rétablit l'ordre à grand'pôine.
Endn, le ministre termine en donnant lac-
ture d'une lettre de M. de Freycinet, décla^
nyit qu'au point de vue de la défense nàSO;
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Vendredi 24 Juin
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SEUL JOURNAL FRANÇAIS RECEVANT PAR FILS ET SERVICES SPÉCIAUX LES DERNIÈRES NOUVELLES DU MONDE ENTIER
̃M .JjUI/0
ISSUE FATALE DU DUEL
MAYER-MORÈS
La mort du capitaine Mayer Vive
émotion dans Paris Les causes
de la rencontre Le rôle des
'témoins Sur le terrain
Après le combat.
Hier soir, entre sept et huit heures,
me nouvelle a couru sur les boulevards,
produisant une énorme impression, et
précipitantles passants sur les kiosques,
aù la deuxième édition des journaux ve-
nait de paraître. Les camelots criaient
K Le duel, d'aujourd'hui La mort du ca-
pitaine Mayer » A l'annonce de cette nou-
velle, et sans y croire encore, on s'arra-
chait ces journaux, et quand il ne futplus
possible d'en douter, lè même cri circula
dans les groupes « Ah 1 mais non! Est-
ce que cela ne va pas bientôt finir ?».
L'impression produite était unanime
la mort'd'un officier français, d'un loyal
soldat qui aurait pu rendre tant de sér-
vices à la patrie, et qui tombait lamen-
tablement en combat singulier pour s'ô-.
tre trouve mêlé à un duel d'un de ses
parents et amis, officier comme lui, sou-
levait d'émotion tous les cœurs.
La nouvelle, hôlos n'était que trop
vraie, et sous l'impression de ce méme
sentiment, nous ne pouvons aujourd'hui
qu'enregistrer les phases de cette affaire
dont l'immense retentissement est facile
à prévoir.
Le. capitaine Mayer, appartenant au
ler régiment du génie, était détaché à
l'état-major de l'Ecole polytechnique, en
qualité d'attaché à la direction de l'ins-
truction militaire, autrement dit de ca-
pitaine d'arme.
Il était l'ami intime du capitaine Gré-
mieu-Foa, son coroligionnaire. Néan-
moins, lors du duel do M. Grémieu-Foa
et de M. Drumont, il n'avait pas servi
de témoin à son ami. Craignant qu'on
accusât les officiers Israélites de ne pas
assister avec assez de solidarité leurs ca-
marades attaqués par ia Libre Parole, il
consentit à suivre M. Crémieu-Foa sur
le terrain de son nouveau duel avec M.
de Lamase, duel où M. de Mores était
le premier témoin du rédacteur de la
.Libre Parole.
Versions diverses.
De quel incident est née la rencontre
d'hier? Diverses versions circulent. Elles
ne sont guère intelligibles. Depuis quel-
ques jours, M. le marquis de Mores était
en état permanent de provocations sui-
vies de rencontres.
••̃ Suivant les uns, M. de Morès, interpel-
lant M. Crémieu-Foa, l'adversaire de son
client, se serait vu rappeler à l'observa-
tion des usages par M. le capitaine
Mayer. D'où la provocation de M. de
Mores.
Suivant d'autres,.il aurait été convenu
que le procès-verbal du duel Lamase-
Crémieu-Foa ne serait pas publié, et la
violation du pacte aurait été attribuée
à M. le capitaine Mayer.
Il n'est pas aisé de se reconnaître au
milieu de ces étranges aventures, où les
témoins d'hier deviennent les combat-
tants du lendemain, et réciproquement,
où les provocations se succèdent sans
motifs appréciables, où toutes les règles
du Code du duel semblent abolies.
Quoi qu'il en soit, M. de Morès envoya
ses témoins MM. de Lamase, son client,
et Jules Guérin, son cotémoin de la
veille. M. Mayer constitua MM. les capi-
taines D^lorme et Poujade.
Les pourparlers.
Les pourparlers durèrent deux-jours
la conciliation ne put se faire, et une
rencontre à l'épée fut décidée avant-hier
soir.
Le capitaine Mayer était de semaine à
l'Ecole polytechnique. Il ne changea
rien à son service ni à ses habitudes.
C'était sa première affaires. Mais il ne pa-
raissait nullement ému.
Ce n'était pas un habitué des salles
d'armes son habileté à l'escrime ne dé-
passait pas celle du commun des offi-
ciers, et il n'avait aucune expérience du
terrain.
En outre, il se trouvait dans de mau-
vaises conditions physiques. Une dou-
leur au bras droit avait nécessité pour
lui l'application d'un traitement électri-
que. Il éprouvait une telle gêne qu'on
iui avait conseillé de ne pas se servir du
bras malade, et M. Mayer songea à se
battre de la main gauche. Faute d'habi-
tude, il renonça à ce projet.
La rencontre.
La rencontre eut lieu hier, à dix heu-
res du matin, dans l'île de la Grande-
Jatte. A M. le capitaine Delorme échut
la direction du combat.
L'engagement fut vif. Le capitaine
Mayer marcha sur son adversaire, sans
observer une garde suffisante. Suivant
l'expression vulgaire, il fourrageait. M.
'de Mores se fendit à fond et porta à son
adversaire un coup droit en pleine poi-
trine.
̃ L'épée avait pénétré de dix à douze
centimètres dans la cavité thoracique.
Témoins et docteurs se précipitèrent.
M, Mayer eut une courte syncope.
Les procès-verbaux.
Voici d'ailleurs les procès-verbaux de
la rencontre
5. Le procès-verbal de la rencontre qui a eu
lieu le 20 juin 1892 entre M. le capitaine Gré-
mieu-Foa et M. de Lamase ayant été publié,
.'contrairement aux conventions établies entre
ss témoins, M. de Mores, premier témoin de
M. de Lamase, s'est trouve offensé par cette
publication et a demandé réparation à M. le
capitaine Mayer, premier témoin de Mi le ca-
pitaine Crémieu-Foa,
Bien qu'il soit reconnu, sur l'affirmation des
témoins de M. le capitaine Mayer, que la pu-
blication dont ü s'agit ne résulte en rien du
fait de cet officier, celui-ci en a immédiate-
ment assumé la responsabilité et a désigné
pour le représenter M. Déforme, capitaine du
génie, et ûl. Poujade, capitaine d'artülerie.
De son côté, M. de Mores a désigné pour le
représenter, M.. le comte de Lamase et M.
Les conditions du combat seront les sui-
Epôe de'combat ordinaire, gants de salle ou
Là durée des reprises sera -de
nufjes, «elle des repos de une demi-minute.
Les corps à curps sont interdits; le ter-
rain gagné ne sera pas considéré comme ac;
quis.-
Le combat cessera après une' blessure met-
tâût'uii des adversaires dans vne infériorité
évidente constatée par les témoins.
La rencontre aura lieu daiis les environs de
Paris, demain jeudi, 23 juin 1893, à dix heures
du matin.
En foi de quoi les témoins ont signé le pré-
sent procès-verbal.
Paris, le 22 juin 1892.
Pour M. de Mores
Comte P. DE LAMASE,
Jules Guérin.
Pour M. le capitaine Mayer
P. DELORME,
A. Poujade.
Conformément au procès-verbal ci-dessus,
la rencontre a eu lieu ce matin à dix heures,
à l'ile de là Grande-Jatte.
A la première reprise, M. Mayer a été atteint
par l'épée de. son adversaire au-dessous de
l'aisselle droite. La plaie intéressant le sommet,
du poumon a déterminé une hémoptysie peu
abondante, suivie d'une syncope de courte
Le blessé, après les premiers soins donnés
sur le lieu du combat par MM. les docteurs
Février, Paquelin et Faure, a été transporté à
l'hôpital militaire du Gros-Caillou.
Paris, le juin
Pour le capitaine Mayer
P. Delorme,
A. PoiMAOE.
Pour M. de Mores
Comte P. DE Lamase,
• JULES Guérin.
Blessure mortelle.
Après le premier pansement sur le
terrain, on ramena le blessé à Paris.
Mais le transport fut ,difficile. On avait
disposé un matelas dans un landau; les
souffrances étaient cruelles une vio-
lente hémorragie par la bouche ne
laissa aucun doute sur la gravité de la
blessure.
Il ne fallait pas songer à conduire M.
Mayer à l'Ecole Polytechnique, où il ha-
bitait, et où il. n'eût pas trouvé tous les
soins commandés par son état. On le
porta ,ù l'hôpital militaire du Gros-Cail-
lou, dans une chambre particulière.
Les soins les plus empressés lui furent
prodigués.
Les plaies pénétrantes du poumon,
quand elles sonE faites par une arme
bien affilée, ne sont pas regardées com-
me très sérieuses. Elles.eütraînent rare-
ment la mort. Il est donc probable que
F-ôpéedu marquis de Mores avait ren-
contré l'artère pulmonaire. En ce cas,
l'hémorragie interne s'est produite et
l'issue fatale était inévitable.
Les docteurs ne purent qu'apporter de
légers soulagements à celui qui était
déjà un agonisant..
Cependant, M. Mayer conservait sa
pleine connaissance, et il attendait la
mort avec un calme stoïque. A cinq heu-
res du soir, une syncope se produisit, et
une demi-heure après, le brave et loyal
officier rendait le dernier soupir.
Impressions sinistres.
On avait, tout d'abord, prévenu les
parents de M. Mayer. Son père, expert
au tribunal de commerce, et sa mère
habitent rue de Douai, n° 14. Son frère
est avocat près la cour d'appel de Paris.
Le capitaine, âgé de trente-quatre ans,
n'était pas marié.
Impossible de décrire les scènes dé-
chirantes dont fut le théâtre cette cham-
bre d'hôpital, autour du lit funèbre de
ce jeune homme enlevé à une brillante
carrière par une querelle où il n'avait
aucune part personnelle, .victime d'une
chevaleresque entremise dans une exé-
crable guerre de races.
A neuf heures, le corps fut transporté
rue de Douai, au milieu d'une foule im-
mense et indignée. Tous :les habitants
du quartier s'étaient groupés autour de
la demeure des vieux parents.
On échangeait des propos animés, où
la colère se confondait avec la douleur.
L'agitation cessa, un instant, en pré-
sence du funèbre cortège suivi par les
deux vieillards désolés; Elle reprit en-
suite et se prolongea pendant toute la
soirée.
Dans les 'cafés, dans les cercles, sur
les boulevards, on commentait l'événe-,
ment fatal. Il n'y avait qu'une voix pour
exiger qu'on mît fin à ces polémiques
sauvages, aces provocations barbares,
à cette sorte de guerre civile répugnant
à l'immense majorité des-citoyens, et
dont la première victime était la plus in-
nocente et la plus pure.
C'était jour de sortie réglementaire
à l'Ecole Polytechnique. Quand la nou-
velle fut connue des élèves et des pro-
fesseurs; dans la soirée, il y eut une
sorte de consternation.
Le .capitaine Mayer était un des chefs
les plus estimés, les plus aimés àl'Ecole.
Nous avons vu son brosseur, dont
l'affliction est touchante.. Un des sous-
officiers de l'Ecole nous a montré la der-
nière signature donnée par le capitaine,
hier matin même, au moment de son
départ.
Les dépêches et les lettres de condo-
léance n'ont cessé d'affluer à l'Ecole et
au domicile des parents, dont la porte
est rigoureusement consignée.
LA CONVENTION DE CHICAGO
M. Cleveland élu candidat Une belle
majorité..
CHICAGO, 23 juin. Par câble au « Ma-
tin ». La convention des démocrates a
élu M. Cleveland candidat â ta présidence,
au premier tour de scrutin.
M. Cleveland a obtenu 616 voix, M. Hill,
M. Boies, 103; M. Gorman, 36.
Les autres candidats ont obtenu ensemble
31 voix..
TITRE REFUSÉ
LONDRES, 23 juin. Par {il spécial.-
On assure que le marquis de Salisbury a
l'intention de décliner le titre de duc que la
reine avait décidé de lui offrir.
Ce serait donc la seconde fois que le chef
des conservateurs refuserait ce titre.
LE PRINCE FERDINAND
LONDRES, 23 juin.- Par {il spécial.
Le prince Ferdinand de Roumanie, arrivé
hier soir, est parti cet après-midi avec le
duc d'Edimbourg pour Windsor, afin de
rendre visite à la reine.
L'OFFICIER ANONYME
'̃̃'3e. voudrais parler d'un officier fran-
çais qui, s'il existé, est un lâche.
Depuis plus de huit jours, ce ne sont
dans la presse et dans toute la banlieue'
parisienne que polémiques et duels re-
tentissants, que coups d'épée, coups de
pistolet, procès verbaux rédigés, publiés,
commentés.
On a mobilisé l'avant-garde, la garde
et l'arrière-garde des duellistes.
De braves garçons, qui faisaient en
province leur métier de soldat, sont ve-
nus au débotté se mesurer sur le terrain:
avec des adversaires qui avaient été
leurs camarades. ou qu'ils ne connais-
saient pas du tout. On a échangé des:
balles; on a faussé des lames. Fi-
nalement, hier, on vient de tuer un
homme, un officier des plus brillants,
des plus savants, des plus honorables,
tout cela parce qu'il a plu, un beau jour,
à un homme qui appartient à notre ar-
mée d'envoyer à un journal des notes in-
jurieuses pour certains de ses compa-
gnons d'armes, et parce que le journal,-
couvrant ces notes anonymes d'une si-'
gnature d'emprunt, les a publiées toutes'
vives, afin d'exciter contre une race qu'il
déteste là colère des chrétiens
Lisez le procès-verbal, du duel au pis-
tolet qui a eu lieu là semaine dernière
entre M. le capitaiue Crèmieu-Foà et M.
de Lamase, rédacteur dudit journal
vous y verrez que M. de Lamase, signa-
taire des articles dont M. Crémieu-Foa
croyait avoir à se plaindre, ne les avait
pas en réalité rédigés, mais qu'ils lui
avaient été remis par un officier qui dé-
sire garder l'anonyme.
Donc, voilà un ditramateur mystérieux
qui porte l'uniforme et qui commande à
ce qu'il y a certes de plus honnête,
de plus droit et. de plus courageux au
monde des troupiers français
Cet homme a de l'instruction, il a peut-
être fait campagne; en tous cas, il pro-
fite pour sa part du respect ardent et
pieux que nous avons tous voué aux
hommes et aux choses de l'armée, de-
puis que l'armée représente pour nous,
avec l'ineffaçable et cruel souvenir de la
,,défaite, l'espoir irréductible et enthou-
siaste de la réparation, et ce vulgaire ca-
lomniateur, égaré, caché parmi tous les
braves gens qui pensent à la patrie, ne
s'occupe, lui, qu'à rédiger sans se dé-
masquer de petits articles injurieux pour
ceux de ses camarades qui n'ont point.
passé par le baptême, et il envoie ses
œuvres à une feuille qui les répandra
pour un sou de toutes parts, et il re-
commande bien que surtout on ne le
nomme pas, et il voit sans rougir, sans
faiblir, sans bondir, ses voisins de régi-
ment mettre l'épée à la main ou le pis-
tolet, pour venger leur race, leur fa-
mille, leur honneur, et le résultat de
tout cela, c'est qu'un pauvre mathéma-
ticien de trente-cinq ans, professeur à
l'Ecole polytechnique et capitaine du
génie, tombe la poitrine trouée, tandis
que lui, le véritable auteur de cet im-
broglio sanglant, lui, le provocateur de
tous ces combats individuels où il ne
prend aucune part, lui, le meurtrier, il
demeure tranquille, dans sa garnison,
sans avoir le courage de se nommer en-
fin, sans avoir la vulgaire probité de
mettre son avancement ou sa peau com-
me enjeu de sa foi.
Ah l le lâche l le lâche 1
Mais où se terre-t-il donc, ce pré-
tendu soldat ?
A quelle arme appartient-il? Quel ré-
giment déshonore-t-il ?
Quels sont les chefs, qui ont l'humilia-
tion de le compter parmi leurs sous-
ordres ?
Quels sont les collègues qui ont la
honte de marcher à côté de lui ?
Quels sont les hommes qui doivent lui
obéir?
Un officier français, ça ?
Un homme d'honneur, ça?
Un chrétien, ça?
Et depuis une semaine il n'a pas eu un
élan, pas un cri de colère ou de haine,
pas un mouvement même qui lé dénon-
çât comme l'auteur responsable de toutes
ces attaques?
C'est donc la plume seule qui est son
arme? Il ne sait donc pas se servir d'au-
tre chose ? C'est donc avec cela qu'il
compte un jour combattre les Alle-
mands
Voyons, monsieur Vous avez dû
faire vos études dans une école mili-
taire vous avez dû voir autour de vous
des jeunes gens de toutes les confes-
sions; de toutes les croyances, de toutes
les origines; vous avez dû constater que
tous, quels que fussent leurs tenants, ils
avaient au cœur la même pensée qui est,
la directrice souveraine de la grande fa-
mille militaire; vous avez dû einlier
ceux qui, marchant plus vite que vous,
arriveraient plus vite en face de l'enne-
mi et qui, le jour de la bataille, se trou-
vant plus haut placés dans la Hiérarchie,
seraient plus exposés aux coups mais
mieux à même aussi de servir le pays;
Puisque, cependant, vous suiviez cette
carrière, c'est qu'il y avait en vous un
instinct de dévouement, un besoin de
vous sacrifier à une idée, ou je ne sais
quelle générosité nerveuse, tout au
moins, qui vous portait à faire éventuel-
lement bon marché de votre vie, pour
avoir la gloire de faire survivre votre
nomt.
Et, ce nom, vous le taisez, mainte-
nant que, par votre faute, des soldais
comme vous sont obligés de verser leur
sang, non plus pour là -France, mais
pour leur propre honneur que vous avez
sali ̃•̃•̃•
Et vous désirez « garder l'anonyme »
quand, armés par vos mains, des hom-
mes s'égorgent et se tuent t
Et cela vous suffit, cela vous amuse
peut-être 1 de voir de simples pékins,
des journalistes, n'importe qui, mettre
flamberge au vent pour soutenir vos
dires?
Et vous vous figurez que vous êtes en-
core un officier, après cela?
Et vous vous imaginez que la dégra-
dation la plus infamante ne va pas vous
chercher jusque dans votre retraite igno-
rée, pour vous arracher vos épaulettes,
vos boutons dorés, vos galons, tout ce
qui vous désignait à l'obéissance de vos
inférieurs et au respect des simples ci-
toyens ?
Non, monsieur, vous n'êtes plus un of-
ficier, vous n'êtes plus un soldat, vous
n'êtes plus un Français I
• Je ne sais pas où vous vous cachez ;j'i-
gn'orë qui vous êtes et si vous avez sur
ia poitrine quelque décoration. Mais,
croix ou médaille, si vous en avez une,
je suis sûr que vous l'avez volée à des
voisins qui l'avaient gagnée mieux que
vous, et si vous avez, auprès de votre
compagnie, de votre batterie ou de votre
escadron, des collègues avec qui, d'or-
dinaire, vous fassiez table commune et
communes manœuvres, je sais bien que
le jour où ils sauront que c'est vous qui
avez commis cette vilenie, d'inventer l'a-
nonymat militaire, 'ils vous chasseront
ignominieusement de leur noble famille
et vous renieront, juifs ou chrétiens, à la
face de la patrie, car ce sont des Fran-
çais.
Charles Laurent.
LE MATIN publiera demain un article
de M. AURÈLIEN SCHOLL.
L'ENTREVUE DE POTSDAH
Départ des souverains italiens retardé
Changement d'itinéraire
Résultats politiques de la
rencontre.
.̃Berlin, 23 juin. Par service spécial.
L'empereur et l'impératrice et le roi et la
reine d'Italie ont fait aujourd'hui uns ex-
cursion â l'île des Paons, où ils ont dé-
Le départ du roi et de la reine d'Italie
est retardé et l'itinéraire de retour a été
modifié.
Les souverains iront à Dresde .visiter le
roi Albert. C'est la reine, qui est petite-fille
du feu roi Jean de Saxe, qui a désiré revoir
la belle résidence de son oncle. Le service
d'honneur n'accompagne pas les souverains
en Saxe; ils le retrouveront à Fra ncfort-
sur-Mein, où ils verront l'impératrice Fré-
déric.
Le roi Humberf passera la revue de son
régiment de hussards et assistera au déjeu-
ner offert par le corps des officiers.
Une note d'allure officieuse dit « La ca-
ractéristique de l'entrevue est que, contrai-
renient à l'usage adopté, les souverains évi-
tent de se servir de !a langue française dans
les toasts qui on.t été échangés. L'empereur
parla allemand et italien, le roi Humbert
italien. Il ne.faut pas oublier qua Leurs
Majestés allemandes ne possèdent pas la
langue italienne. »
Gela se passe ae commentaires.
Les résultats politiques de l'entrevue se
réduisent à un échange d'assurances verba-
les réciproques de fidélité dans l'alliance
contractée: Le roi Humbeit s'efforça de per-
suader son puissant allié que la crise que
traverse l'Italie a été exagérée à dessein par
ses adversaires. Quels que soient les inci-
dents de la politique intérieure, !e jeune
royaume ne reniera pas. ses engagements.
Si. Brin, qui a produit ici bonne impres-
sion, répéta cette antienne à M. de Caprivi
et M. de Marshall. Il assura, de plus, que les
prochaines élections italiennes montreraient
que sauf une infime minorité antipatrioti-
que, le peuple italien bénissait la triple al-
liance à laquelle l'Italie devait le ranb de
grande puissance.
La question militaire n'a pas été discutée.
M. le comte de Hatzfeldt, ambassadeur
d'Allemagne à Londres, qui est à peine re-
mis d'un refroidissement dont il a souffert
longtemps et qui n'a pu pour cette raison
assister aux fêtes qui ont eu lieu en l'hon-
neur du roi Humbert, a reçu hier la visite
de M. Brin, ministre des affaires étrangères
d'Italie.
Le roi Humbert lui a ensuite accordé une
audience.
LA SITUATION EN BELGIQUE
Après les élections de ballottages
Coup-d'œil sur la composition des
Chambres nouvelles.
BRUXELLES, 23 juin. Par service spé-
cial. Les ballottages ont accentué le re-
virement qui s'était dessiné lors du pre-
mier scrutm dans le corps électoral censi-
taire de Belgique.
Les Chambres anciennes se composaient:
la Chambre des représentants de 138 mem-
bres, dont 94 cléricaux et 44 libéraux, et le
Sénat de 69 membres, dont 49 cléricaux et
20 libéraux. Le gouvernement disposait,
par conséquent, dans la première chambre,
d'une majorité de 50 voix, et dans la se-
conde, d'une majorité de voix.
Les Chambres nouvelles se composent,
par suite de l'accroissement de la popu-
latiun :̃ lu Ghambrè des représentants de:
membres, dont 92 cléricaux et 60 libé-
raux, et le Sénat de membres, dont 46
clériceux et 30 libéraux. Le gouvernement
ne dispose donc plus que d'une majoritéde
32 voix à la Chambre et d'une majorité de
16 voix au Sénat.
Les cléricaux comptent dans la nouvelle
Chambre 2 voix do moins que dans l'an-
cienne et dans le nouveau Sénat 3 voix de
moins que dans l'ancien. Par contre, les li-
béraux ont à la Chambre 16 voix de plus et
au Sénat 10 voix de plus que dans l'ancien
Parlement.
Ce qui est important, c'est que le gouver-
nement a perdu la majorité des deux tiers
dont il disposait dans les anciennes Cham-
bres et qui lui était nécessaire pour faire
reviser la Constitution à son gré. Comme le
constate un, organe important ae, la. presse
cléricale, le Courrier de Bruxelles, l'ère,
des difficultés commence, car la majorité
est désormais à la merci de. la minorité.
Les libéraux étant unanimes à repousser
le système électoral de l'occupation, préco-
nisé par le gouvernement, celui-ci sera
obligé de renoncer à sa formule et de chercher,
à s'entendre avec l'un des deux groupes qui
divisent la gauche.
Prochaine convocation.
Aux termes de la Constitution, les Cham-
bres nouvelles doivent êtreconvoquées dans
les deux mois de la dissolution des Cham-
bres précédentes. Elles se réuniront proba-
blement le 12 juillet, mais la majorité pa-
raît disposée à ajourner la solution du pro-
blème révisionniste jusqu'à l'époque de la
session ordinaire de novembre.
Après une « discussion générale » plus
ou moins longue, la revision serait « en-
commissionnée » comme on dit dans no-
tre argot parlementaire c'est-à-dire qu'une
commission de vingt-cinq membres serait
chargée d'étudier la question pendant les
vacances et de formuler des propositions
sur lesquelles il serait statué à la rentrée.
La Gauche s'opposera à cette procédure
qui est irrégulière,. C'est au gouvernement,
soutiendra-t-elle, qu'il appartient de saisir
le Parlement de propositions formelles et
d'indiquer le sens dans lequel, selon lui, il
convient de reviser.
Tout cela nous promet encore bien des
longueurs et des atermoiements.
.LE PRlfiCE DE BISiâaCK
Départ de Vienne Acclamation
enthousiastes Les mesures
d'ordre à la gare.
Vienne, 23 juin. D'un correspondant.
Le prince de Bismarck a visité l'Hôtel de
Ville où il a été reçu par le bourgmestre et
les autres autorités municipales.
Il est parti cet apr'ès-midi, à trois heures
et demie, par l'express ordinaire, pour Saz-
bourg.
Le départ avait été primitivement fixé à
cinq heures, par l'Orient-Express, mais il
paraît que l'on a fait savoir indirectement
au prince qu'on lui saurait gré de partir
plus tbt afin d'éviter des démonstrations du
genre de celles qui s'étaient produites à l'ar-
rivée.
Des mesures de police extraordinaires
avaient été prises. Les alentours de la gare
étaient gardés par'de fortes escouades.
Trois cents personnes miuiies de cartes
ont seules pu pénétrer dans la garé.
Un grand nombre de nationalistes alle-
mands sont montés dans le train et l'ac-
compagnent jusqu'à Sanpolten. Des corpo-
rations d'étudiants pangermanistes sont
déjà parties ce matin pour Amstetten où
elles attendent l'ex-chancelier et lui prépa-
rent une ovation.
Le prince de Bismarck, qui, paraissait
fatigué, a pris cordialement congé des per-
sonnes qui étaient venues le saluer à ja
gare. De nombreux bouquets lui ont- été
offerts. ̃
Au moment où le train s'est mis en mar-
che, des hourrahs frénétiques ont été pous-
sés.
Les journaux annoncent même que le.
prince de Bismarck, acclamé à son départ, a
remercié la foule de l'accueil amical qu'on
.lui avait fait, ajoutant que maintenant des
liens de parenté l'attachaient à Vienne et
qu'étant du reste un homme libre et indé-
pendant, ii espérait pouvoir visiter plus sou-
vent, à l'avenir, l'hospitalière capitale autri-
chienne.
A Salzbourg, le prince montera dans un
train spécial envoyé par le gouvernement
bavarois pour l'amènera Munich.
La réception à Munich.
Berlin. 23 juin. Par service spécial.
La municipalité de Munich a invité M.
de Bismarck à visiter l'Hôtel de Ville avec
sa magnifique salle des foies et l'antique
cabinet. du vin d'honneur, magnifiquement
décorés pour la circonstance.
Le fameux livre d'or de la ville de Mue-
nich, sur lequel l'empereur écrivit son fa-
meux « Suprema leœ regio voluntas »,
sera présenté à M. de Bismarck. On se de-
mande avec curiosité ce qu'il y inscrira.
AU BRESIL
Nouvelles officieuses. Le bombar-
dément de Porto-Alegre.
LONDRES, juin. -Par fil spécial.
La légation du Brésil reçoit de son gouver-
nement la dépêche suivante, datée du 22
juin:
« Porto-Alegre n'a pas été bombardé par
les canonnières fédérales, mais trois coups
de canon ont été tirés sur la ville par suite
d'un malentendu regrettable.
» Le gouvernement a réprimandé sévère-
ment l;,s commandants des canonnières. Ils
ont reçu l'ordre de garder une stricte neu-
tralité dans le. conflit soulevé dans l'Etat de
Rio-Grande par l'élection prochaine du gou-
verneur.
» Le gouvernement fédéral a la force né-
cessaire pour maintenir l'ordre public. »
Changement ministériel.
Rio-Janeiro, 23 juin. Par câble au
« Matin ». Le ministère brésilien vient
d'être modifié de la façon suivante
Le ministre de l'agriculture a donné sa
démission et a été remplacé par le ministre
des nffuires étrangères.
Le ministre de la marine a été chargé par
intérim du ministère des affaires étrangères.
TERRIBLE ACCIDENT
Dans une mine belge Plusieurs
victimes.
Bruxelles, 23 juin. D'un correspon-
dant. Un terrible accident s'est produit
aujourd'hui, à neuf heures du matin, à la
fosse de My-A-Bois du charbonnage d'A-
mercœur, situé sur le territoire du Roux.
La cage dans laquelle avait pris place un
groupe d'ouvriers est remontée avec une
telle rapidité qu'elle est allée se briser con-
tre les poulies du toit.
Plusieurs mineurs, dont une jeune fille de
quatorze ans, ont été tués sur le coup.
Une partie de la toiture du bâtiment est
enlevée.
Cet accident cause une profonde émotion
dans toute la.région.
GUILLAUME It
BERLIN, 23 juin. D'un correspondnnt.
Guillaume II partira demain soir pour
Kiel, d'où il se rendra dimanche à Stettin
sur le Hohenzollern, pour assister au lan-
cement d'un nouvel aviso.
On dit que l'empereur d'Allemagne re-
viendra de son voyage en Scandinavie un
peu plus tôt qu'il ne l'avait projeté primiti-
vement.
Il arrivera à Willelmshaven un peu avaiiî'
la fin de juillet et se rendra de 14 en Angle-
LE PARLEMENT
UNE SÉANCE ORAGEUSE AU
CHAMBRE!
Débats agités MM. Ricard et Viette
sur là sellette Série de ques-
tions et d'interpellations
Le service militaire
Les routes nationales.
La Chambre, dès l'ouverture de la séance
d'hier, était nerveuse. La présence de plu-
sieurs ministres, les allées et les venues au
fauteuil présidentiel indiquaient qu'il y
avait clans i'àiiv'plusieurs questions qui agi-
taient les esprits.
M. Jullien a porté à la tribune l'incident
universitaire dont le Matin a donné la pri-
meur à ses lecteurs. Un candidat a trouvé,
au jury pour l'agrégation des sciences na-
turelles, au lieu de l'examihateur annoncé,
un professeur avec qui il avait eu une que-
relle suivie de voies de fait. En vain, il de-
manda la récusation d'un examinateur pré-
venu, et renonça à concourir.
M. Bourgeois a couvert de sa responsa-
bilité la décision prise par M. Mathieu Du-
val, président du jury. Cependant, il a pro-
mis de définir plus amplement le droit do
récusation.
L'interpellation Delahaye.
M. Delahaye îhtérpèllë 'sûr le prétendu
conflit survenu entre le jury et le président
do la cour d'assises. Une. demande d'ajour-
nement à un mois soulevé un commence-
ment de tempête. Lnfin on délibère sur la
fixation de lddate.
M. le garde des sceaux monte à la tri-
bune.
Quelques-uns s'attendaient à entendre
M. Ricard annoncer des poursuites contre
les jurés qui avaient violé le secret profes-
sionnel. L'espèce offrait, en effet, une ana-
logie avec des poursuites dont les lecteurs
du Matin ont gardé le souvenir. On se rap-
.peJieavec quel acharnement l'un des nôtres
fut poursuivi pour avoir causé avec des ju-
rés qui. n'avaient même pas 'prêté serment.
Mais, parait-il, la jurisprudence- est aban-
donnée.
M. le garde .dés sceaux, en effet, n'était
môuté à la tribune que pour affirmer qu'il
n'était pas, à l"'heuro qu'il est, en possession
des faits. S'il s'en était tenu à cette asser-
tion,on n'aurait pas eu grand'chose à objec-
ter, mais ila imprudemment touché au fond
du débat, répondant par avance à l'interpel-
lation. Il a parlé des droits des présidents
d'assises il a affirmé que tout s'était passé
correctement. Entre temps, il a fait appel à
res. M. Jolibois, mis en cause, s'est souvenu
qu'il avait -été procureur général,. M. Joli-
bois a rendu difficile la situation du garde
des sceaux qui s'était livré avec témérité.
Si bien qu'il a fallu rétrograder, arriver à
accepter le renvoi de l'interpellation à hui-
taine. L'insuccès a été cruellement souligné
par M. Paul de Cassagnac, qui a pris une
part active à l'escarmouche.
Lenteurs administratives.
Il était écrit que le garde des sceaux al-
lait rester sur la sellette. Un autre député,
M. Muller, avait une nouvelle interpellation
à lui adresser.
Il s'agissait du retard apporté par l'admi-
nistration de la justice à s'occuper des der-
nières élections municipales de Loches,
qui ne seraient pas immaculées.
Cette fois, M. Ricard avait prévu la ques.
tion. Il a pu répondre à M. Muller qu'à la
date du 15 juin, il avait donné l'ordre au
procureur général d'Orléans d'ouvrir une
instruction contre M. Wilson.
On arrivait enfin à l'ordre du jour. Sans
débat, la Chambre vote un projet de loi ra-
menant la Corse au droit'commun pour la
date des sessions de son conseil général, et,
à la suite d'une discussion à laquelle ont
pris part MM. de Lanjuinais, Camille Drey-
fus, Raiberti, le ministre de la guerre, la
Chambre a adopté le projet do loi qui recule
jusqu'à trente-trois. ans la limite du passago
de la réserve dans l'armée territoriale.
Le projet joarussoi.
Enfin, on arrive au gros débat de la séance.
Il s'agit du projet de M. Bartissol demain-
dant que les routes nationales soient ad-
jointes au service- des routes départemen-
tales et vicinales, sous l'autorité immédiate
des préfets, c'est-à-dire du ministre de l'in-
térieur.
M. Dupuy-Dutemps; rapporteur, expose
avec 'une remarquable clarté l'état de las
question.'Il constate qu'aujourd'hui les rou-.
tes nationales forment un réseau presque
insigniflant comparé à celui des autres rou-
tes. L'unification du service de voirie dans
les départements a déjà donné de sérieuses
économies. La commission du budget, la
Chambre, le Sénat, ont émis des votes favo-
rables à l'unification complète. On réalisera
ainsi une économie de 19 millions. On ob-
jecte la difficulté du contrôle. Ce service
existe déjà au ministère de l'intérieur; d'ail-
leurs les conseils généraux feront le con-
trôle. L'objection principale est tirée de l'in-
térêt du personnel. Au-dessus, il y a Pintes,
rét public.
Ce discours est très applaudi par une
grande partie de la Chambre.
M. Viette, ministre des travaux publics,
est très animé quand il monte à la tribune.
Il déciare qu'on veut faire du corps des
ponts et chaussées « une armée de brigands
de la Loire ». Ce mot soulève de premiers
orages. Le ministre démontre ensuite qua
les ingénieurs de l'Etat ont d'autres servi-
ces que celui des routes.
Il faudra donc les conserver, mais en aue-
mentant les frais de tournée pour les servi-
ces accessoires il faudra aussi conserver
les deux tiers de leur solde aux fonction-
naires licenciés. L'économie sera donc dàri.
soire. En outre, l'Etat n'y gagnera rien,
puisqu'il subventionnera les départements
pour l'entretien de route, dont il leur fera
cadeau.
M. Viette, très en verve, s'écrie qu'il y q
encore « des voleurs de grands çhemïns u!
L'excitation du ministre rend la Chambre
tout à fait houleuse.
Enfin, il aborde le point capital du débat.
Il accuse la commission et une partie de la
Chambre de vouloir seulement atteindre la
corps des ponts et chaussées; et, dans l'ar-
deur de son improvisation, il s'oublie jus-
qu'à prononcer cette phrase « Ceux qui at-
taquent ce corps lui reprochent un défaut
qui frise le ridicule à notre époque l'hon-
nêteté 1 Une fraction qui n'a certainement
pas compris la vivacité ni la portée du pro$
pos applaudit.
Vif incident.
M, de Douville-Maillefeu prend le mot
pour une injure personnelle. De sa voix la
plus furibonde, il adresse au ministre des
invectives tellement violentes que M. Viette
répond sur le ton de la provocation. M. Flo»
quet rétablit l'ordre à grand'pôine.
Endn, le ministre termine en donnant lac-
ture d'une lettre de M. de Freycinet, décla^
nyit qu'au point de vue de la défense nàSO;
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