Titre : La Femme de France
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1930-11-16
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb44222136j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 27853 Nombre total de vues : 27853
Description : 16 novembre 1930 16 novembre 1930
Description : 1930/11/16 (N810). 1930/11/16 (N810).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5520745r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-65964
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/01/2011
Préparation aux sports d'hiver.
O.VEMBRK ! Les Bretons l'ap-
pellent Miz-du : le mois
noir, et c'est parfait, car si
vous voulez bien, en ce
moment, mettre le nez à la.
fenêtre, vous aurez le plai-
sir de promener vos yeux
entre des maisons noires de
lumee, d un ciel noir de suie a un sol noir
•de boue, sur lequel trottent des fourmis en
majorité vêtues de noir cet hiver, et, à
moins que vous n'ayez à sortir pour vous
commander une robe rose, je vous défie
bien d'avoir des idées qui ne soient pas de
la couleur de Miz-du.
'A moins que... 15 novembre? Mais la
neigé est à 2.000 déjà ! Elle descend pas à
pas de la haute montagne, dans un mois
elle s'installera dans les stations d'hiver où
nous devons aller ensemble, et nous avons
tout juste le temps de combiner un équipe-
ment convenable. Laissons le ciel sombre
pleurer son encre, pour délayer un peu
plus la boue dont les autobus tigrent les
robes et les bas, et les jambes à travers les
bas ; la neige quitte ses palais d'été poui
habiter trois mois au niveau des demeures
humaines, mettant ses féeries à la portée
de tous. Oublions la pluie, là-haut c'est de
la neige !
Un des premiers agréments du ski, est
d'être un sport où il est possible de dépenser
beaucoup d'argent en ornements parfai-
tement inutiles. Les étalages somptuaires
■ont été de tous temps la meilleure consola-
tion des insuccès sur d'autres terrains ;
je parie qu'Eve, à peine mise à la porte du
Paradis, s'est réconfortée en décorant de
fleurs son petit, jupon eu bananiella, et en
rêvant à ce qu'elle pourrait bien se confec-
tionner avec la peau de cette fripouille de
serpent, dont, heureusement ! il venait de
lui être promis qu'elle écraserait la tête.
Telle qui n'osera jamais sortir du terrain
d'apprentissage qui entoure l'hôtel, et
même là, n'achèvera une descente sans
•choir, skis par-dessus tête, que par un de
ces miracles dont il est vain d'espérer la
répétition, fera bien d'aller dans un centre
très élégant, où elle détournera l'attention
de ses performances, en exhibant des chan-
dails aussi impressionnants par leur luxe
bariolé, que par leur parfaite inadaptation
aux sports de neige.
Le deuxième agrément du ski, est d'être
un sport qui permet de faire de très belles
courses, de visiter la, montagne en hiver,
de s'amuser beaucoup et de se fortifier en
faisant un exercice passionnant, sans être
•obligées de dépenser énormément.
Je m'explique ! Vous pouvez aller dans
une station étrangère à la mode, une station
dont le nom soit assez connu pour être
sûres que vos amies diront : « Ah! » avec
respect et envie quand vous en parlerez.
Vous y descendrez au Majestic, à moins
que ce ne soit à l'Hyperbolic, munies par
un . couturier, étranger de préférence, de
frusques dites pour ski, complétées par une
série de « créations », parisiennes celles-là,
oeuvres d'art nécessaires à d'autres sports
beaucoup plus brillamment pratiqués, tels
que danse, flirt, etc.
Au cours du change cela vous coûtera
un minimum de 200 francs par jour ; voyage,
suppléments, taxes, pourboires, abonne-
ment au funiculaire, casse de skis, non com-
pris,|bien entendu. Bref, à condition d'avoir
été d'une sagesse exemplaire pour vos toi-
lettes, avec 20 à 30.000 francs vous vous
en tirerez pour vos vacances d'hiver.
Vous pouvez aussi, équipées par de
bonnes maisons spécialisées en costumes de
sport, avec des vêtements solides et trop
parfaitement adaptés à leur destination
pour se démoder, aller, sans abandonner
votre travail ou vos études, en prena t de
courtes vacances de quatre à cinq jours, et
même en week-end, dans des centres simples
et vraiment sportifs, où vous vous amuserez
beaucoup et jouirez réellement des sports de
neige. La ligne de l'Est délivre des billets
individuels pour les centres de sports d'hiver
des Vosges, du icr décembre au 31 mars.
Ces billets, valables du vendredi au mardi,
donnent en toutes classes une très appré-
ciable réduction. En 10 heures de trajet
vous êtes dans les Vosges en pleine neige ;
avec 35 à 45 francs par jour vous pouvez
être logées, et si vous êtes déjà entraînées,
en usant des refuges vous dépenserez moins
encore.
Entre ces deux extrêmes, il y a toute une
gamme de combinaisons, très étendue, per-
mettant vraiment à toutes de sortir quelques
jours en hiver, et de goûter aux joies des
sports d'hiver, fût-ce même en spectatrices,
selon leurs forces, leurs goûts et leurs
moyens.
Une condition reste indispensable pour
toutes : des vêtements bien adaptés à leur
but, qui est de vous protéger, car vous avez
affaire, dans la montagne d'hiver, à deux
ennemis dangereux : le froid et les intem-
péries,
La neige que vous trouverez en- mon-
tagne est fort différente des molles plumes
fondantes qui peuplent le ciel des villes. Ce
sera souvent une poudre cristalline, fine
comme du sel et plus légère, dans laquelle à
chaque chute vous enfoncerez complète-
ment. Si vous avez un chandail., la neige
fine pénétrera dans les mailles, fondra un
peu, collera d'autre poudre à la chute sui-
vante, ou retiendra celle que le vent sou-
lève, ou qui tombe encore, et en peu de
temps vous serez .changées en chien esqui-
mau. Si la. neige est lourde et hum ide, elle
ne collera pas moins, mouillera davantage,
et si, dans votre carapace humide et glacée,
vous êtes obligées de faire une pause un
peu longue en plein vent, vous gèlerez; vous
gèlerez, vous entendez bien, ce qui ne
signifie pas comme en ville un anodin petit
frisson, mais peut-être, si vous êtes mal
vêtues, une congestion pulmonaire, si vous
êtes mal chaussées, la. perte d'un ou plusieurs
orteils.
Equipement indispensable : bas en laine,
et deux paires de chaussettes en laine. Pour
les mains, moufles imperméables.
Souliers : begsoms, larges et hauts du
bout et en bon cuir bien gras.
Sous-vêtements : chemise de soie, tricots
soie ou laine fine.
Vêtements : pantalon étroit du bas avec
sous-pied, et entrant dans la chaussure ;
veste courte, à col fermant bien, le tout en
drap de Bonneval, très bonne gabardine, ou
toile spéciale. Un chandail peut être ajouté
sous la. veste. Se bien rappeler qu'aucun
tissu tricoté ne doit entrer en contact avec
la neige. Que la fermeture du col, des
manches, des poches, la jonction du pan-
talon et du soulier ne doivent pas laisser
pénétrer la neige.
Ainsi parées, amies, sans crainte d'acci-
dent de gel, nous pourrons, dès décembre,
partir vers la neige ensoleillée.
Jalek.
P.-S. — Notre collaboratrice est à la disposition
des lectrices de La Femme de France pour leur
fournir, par lettre, des renseignements détaillés
sur toutes questions concernant villégiatures,
voyages, sports en plein air. Dire très exactement
le. genre de station recherché, les goûts particuliers,
la durée possible, du séjour ou du voyage, l'époque,
choisie et la somme à dépenser. Joindre deux
francs en timbres pour frais de correspondance.
Une fois par mois, Jalek consacrera, un article
pour répondre aux questions précise, cl d'intérêt
général qui lui auront été posées.
Approche, d'une tourmente de neige dans le.
Massif du Mont-Blanc.
Nous commencerons prochainement : "LES LEVIERS DE COMMANDE*', roman par ANDRÉ LAMANDÉ.
— 26
O.VEMBRK ! Les Bretons l'ap-
pellent Miz-du : le mois
noir, et c'est parfait, car si
vous voulez bien, en ce
moment, mettre le nez à la.
fenêtre, vous aurez le plai-
sir de promener vos yeux
entre des maisons noires de
lumee, d un ciel noir de suie a un sol noir
•de boue, sur lequel trottent des fourmis en
majorité vêtues de noir cet hiver, et, à
moins que vous n'ayez à sortir pour vous
commander une robe rose, je vous défie
bien d'avoir des idées qui ne soient pas de
la couleur de Miz-du.
'A moins que... 15 novembre? Mais la
neigé est à 2.000 déjà ! Elle descend pas à
pas de la haute montagne, dans un mois
elle s'installera dans les stations d'hiver où
nous devons aller ensemble, et nous avons
tout juste le temps de combiner un équipe-
ment convenable. Laissons le ciel sombre
pleurer son encre, pour délayer un peu
plus la boue dont les autobus tigrent les
robes et les bas, et les jambes à travers les
bas ; la neige quitte ses palais d'été poui
habiter trois mois au niveau des demeures
humaines, mettant ses féeries à la portée
de tous. Oublions la pluie, là-haut c'est de
la neige !
Un des premiers agréments du ski, est
d'être un sport où il est possible de dépenser
beaucoup d'argent en ornements parfai-
tement inutiles. Les étalages somptuaires
■ont été de tous temps la meilleure consola-
tion des insuccès sur d'autres terrains ;
je parie qu'Eve, à peine mise à la porte du
Paradis, s'est réconfortée en décorant de
fleurs son petit, jupon eu bananiella, et en
rêvant à ce qu'elle pourrait bien se confec-
tionner avec la peau de cette fripouille de
serpent, dont, heureusement ! il venait de
lui être promis qu'elle écraserait la tête.
Telle qui n'osera jamais sortir du terrain
d'apprentissage qui entoure l'hôtel, et
même là, n'achèvera une descente sans
•choir, skis par-dessus tête, que par un de
ces miracles dont il est vain d'espérer la
répétition, fera bien d'aller dans un centre
très élégant, où elle détournera l'attention
de ses performances, en exhibant des chan-
dails aussi impressionnants par leur luxe
bariolé, que par leur parfaite inadaptation
aux sports de neige.
Le deuxième agrément du ski, est d'être
un sport qui permet de faire de très belles
courses, de visiter la, montagne en hiver,
de s'amuser beaucoup et de se fortifier en
faisant un exercice passionnant, sans être
•obligées de dépenser énormément.
Je m'explique ! Vous pouvez aller dans
une station étrangère à la mode, une station
dont le nom soit assez connu pour être
sûres que vos amies diront : « Ah! » avec
respect et envie quand vous en parlerez.
Vous y descendrez au Majestic, à moins
que ce ne soit à l'Hyperbolic, munies par
un . couturier, étranger de préférence, de
frusques dites pour ski, complétées par une
série de « créations », parisiennes celles-là,
oeuvres d'art nécessaires à d'autres sports
beaucoup plus brillamment pratiqués, tels
que danse, flirt, etc.
Au cours du change cela vous coûtera
un minimum de 200 francs par jour ; voyage,
suppléments, taxes, pourboires, abonne-
ment au funiculaire, casse de skis, non com-
pris,|bien entendu. Bref, à condition d'avoir
été d'une sagesse exemplaire pour vos toi-
lettes, avec 20 à 30.000 francs vous vous
en tirerez pour vos vacances d'hiver.
Vous pouvez aussi, équipées par de
bonnes maisons spécialisées en costumes de
sport, avec des vêtements solides et trop
parfaitement adaptés à leur destination
pour se démoder, aller, sans abandonner
votre travail ou vos études, en prena t de
courtes vacances de quatre à cinq jours, et
même en week-end, dans des centres simples
et vraiment sportifs, où vous vous amuserez
beaucoup et jouirez réellement des sports de
neige. La ligne de l'Est délivre des billets
individuels pour les centres de sports d'hiver
des Vosges, du icr décembre au 31 mars.
Ces billets, valables du vendredi au mardi,
donnent en toutes classes une très appré-
ciable réduction. En 10 heures de trajet
vous êtes dans les Vosges en pleine neige ;
avec 35 à 45 francs par jour vous pouvez
être logées, et si vous êtes déjà entraînées,
en usant des refuges vous dépenserez moins
encore.
Entre ces deux extrêmes, il y a toute une
gamme de combinaisons, très étendue, per-
mettant vraiment à toutes de sortir quelques
jours en hiver, et de goûter aux joies des
sports d'hiver, fût-ce même en spectatrices,
selon leurs forces, leurs goûts et leurs
moyens.
Une condition reste indispensable pour
toutes : des vêtements bien adaptés à leur
but, qui est de vous protéger, car vous avez
affaire, dans la montagne d'hiver, à deux
ennemis dangereux : le froid et les intem-
péries,
La neige que vous trouverez en- mon-
tagne est fort différente des molles plumes
fondantes qui peuplent le ciel des villes. Ce
sera souvent une poudre cristalline, fine
comme du sel et plus légère, dans laquelle à
chaque chute vous enfoncerez complète-
ment. Si vous avez un chandail., la neige
fine pénétrera dans les mailles, fondra un
peu, collera d'autre poudre à la chute sui-
vante, ou retiendra celle que le vent sou-
lève, ou qui tombe encore, et en peu de
temps vous serez .changées en chien esqui-
mau. Si la. neige est lourde et hum ide, elle
ne collera pas moins, mouillera davantage,
et si, dans votre carapace humide et glacée,
vous êtes obligées de faire une pause un
peu longue en plein vent, vous gèlerez; vous
gèlerez, vous entendez bien, ce qui ne
signifie pas comme en ville un anodin petit
frisson, mais peut-être, si vous êtes mal
vêtues, une congestion pulmonaire, si vous
êtes mal chaussées, la. perte d'un ou plusieurs
orteils.
Equipement indispensable : bas en laine,
et deux paires de chaussettes en laine. Pour
les mains, moufles imperméables.
Souliers : begsoms, larges et hauts du
bout et en bon cuir bien gras.
Sous-vêtements : chemise de soie, tricots
soie ou laine fine.
Vêtements : pantalon étroit du bas avec
sous-pied, et entrant dans la chaussure ;
veste courte, à col fermant bien, le tout en
drap de Bonneval, très bonne gabardine, ou
toile spéciale. Un chandail peut être ajouté
sous la. veste. Se bien rappeler qu'aucun
tissu tricoté ne doit entrer en contact avec
la neige. Que la fermeture du col, des
manches, des poches, la jonction du pan-
talon et du soulier ne doivent pas laisser
pénétrer la neige.
Ainsi parées, amies, sans crainte d'acci-
dent de gel, nous pourrons, dès décembre,
partir vers la neige ensoleillée.
Jalek.
P.-S. — Notre collaboratrice est à la disposition
des lectrices de La Femme de France pour leur
fournir, par lettre, des renseignements détaillés
sur toutes questions concernant villégiatures,
voyages, sports en plein air. Dire très exactement
le. genre de station recherché, les goûts particuliers,
la durée possible, du séjour ou du voyage, l'époque,
choisie et la somme à dépenser. Joindre deux
francs en timbres pour frais de correspondance.
Une fois par mois, Jalek consacrera, un article
pour répondre aux questions précise, cl d'intérêt
général qui lui auront été posées.
Approche, d'une tourmente de neige dans le.
Massif du Mont-Blanc.
Nous commencerons prochainement : "LES LEVIERS DE COMMANDE*', roman par ANDRÉ LAMANDÉ.
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