Titre : La Presse
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1902-09-30
Contributeur : Girardin, Émile de (1806-1881). Directeur de publication
Contributeur : Laguerre, Georges (1858-1912). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 30 septembre 1902 30 septembre 1902
Description : 1902/09/30 (Numéro 3775). 1902/09/30 (Numéro 3775).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 08/07/2008
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AMILEDE Gn~~m~
FONDAT~n
'M6 MttMNCM ET tHScMmN SONT BtçtimO
Aux 1~~M- ètehezMM.Ch.L&g'range.Cerfetd~
6, PLAtSt DB tj~ BOUtS)~ 6
DoUingen et C', 16, nM ebrMge-B&tett~w J
~~fn/s~a~on t2, rue du C~ssa~
(3' arrcadiMMMmt)
T«ëphaBe, 3
~M~e. ~uoe/~ s~/e, ?<* ~77~
!~i& Ba~Maa4i''0 ~9" 5' C?~M'n(~~
EMILE DE; GIMMIN
FONDATBUB
ABOIEMENTS
Trois mois. Six m
PANE HT MFJLBMaSKTS 6 & 11 &. ZZ &.
ËTMttaBB: 36 francs par M~
~cfae~on 72, ~ue dt/ C~o/sMuf, M
(B* arrondisseniant)
f B *)? BT~~t~ Fn! t?~ t'B~t )~'C~' t°< t~X m. '
D em ê pe Mo M ~e
L'ENQUÊTÉ JUD!CtA)RE
Le juge d'instruction a décidé qu'on fê-
tait démolir la cheminée afin de savoir si
'Vraiment la mort de Zola, est due à des
émanations d'acide carbonique.
Quoiqu'il en soit, le permis d'inhumer
D'à pas encore été délivré et l'on ne sait
s'il sera délivré bientôt. Peut-être M.
Herbeaux fera-t-il procéder à une au-
topsie.
LES OBSÈQUES
Au sujet des obsèques, on ne sait enj
core si elles seront civiles ou religieuses.
Il faudra chercher si un testament in-
dique la volonté du défunt.
Mies auront probablement lieu mer-
credi..
COMFtRMAT!OM
Mme Zola a repris connaissance un ins-
tant vers cinq heures.
Elle a pu raconter la scène de cette
mut.
Son récit ne digère pas de celui que
Dous donnons.
L'ÉTAT DE M~ ZOLA
Mme Zola, a repris connaissance mais
~e trouve encore dans un état d'extrême
faiblesse qui cependant n'inspire aucune
crainte quant aux suites de l'asphyxie.
On redoute maintenant une crise ner-
-veuse lorsque Mme Zola apprendra la
mort de son mari.
Mme Zola. a été transportée a six heu-
res dans une maison, de santé de Neuilly.
Une voiture spécialement envoyée par
cette maison est venue prendre la malade.
Plus de deux cents personnes massées
dans la rue de Brnxelles assistent au dé-
part de Mme Zola qui est de nouveau sans
connaissance.
L ELECTfON DE COMP!ÈGNE
Au comité du colonel Bougon auquel nous
Hvoiis téléphoné, on nous dit que les résul-
tats de l'élection ne sont pas connus.
Des tripatouillages ont été commis. Les
Chiffres n'ont été communiqués par la pré.
lecture qu'après onze.heures du soir.
TENTATtVE DE DÉRAILLEMENT
OnmandedeBrest:
TUne tentative de déraillement a été com-
mise sur la ligne du chemin de fer départe-
mental de Brignogan à Landerneau, au lieu
dit Hesmeu!, proximité de la station de
Plounéourtrez.
Plusieurs branches d'arbre avaient été
placées sur la voie Je juge de paix et la gen-
darmerie deLesneven sont allés sur les lieux
Itour procéder à une enquête.
LE GRAND-DUC ALEXIS
Onn]anded'Aix-Ies-Ba.ins:
Le grand-duc Alexis de Russie, oncle du
~sar, a quitté Aix-Ies-Bains aujourd'hui, se
fendant en Italie.
ACCiDENT D'AUTOMOBILE
Une voiture automobile conduite par M.
Pierre Lagarde s'est renversée route de
Choisy deux personnes, sur les cinq qui se
trouvaient dans la voiture, M. Emile Beuvest
et Mlle Humilie, employés de commerce, ont
été gravement blessés: le premier a une
fracture au crâne et l'épaule droite brisée, la
seconde a eu le bras gauche fracturé et le
crâne ouvert.
LA MORT DE ZOL&
Sans doute, Emile Zola n'avait pas
la chance. Sans doute, il iui manqua
de rencontrer sur son chemin cette
bonne étoile qui met les événements
en harmonie avec les gens qu'elle fa-
vorise. De pauvre il devint riche. Parti
de rien, il avait atteint à la grande no-
toriété. Il a été célèbre. Il ne fut ja-
mais heureux.
r Et voilà que, pour terminer cette vie
de heurts, d'à-coups et de désirs non
satisfaits, il rencontre une mort hor-
rible et banale, où ne manque même
pas un de ces détails précis et réa-
listes que le romancier aurait voulu,
symboliquement, placer auprès de la
fin d'un de ses héros et le pharma-
cien qui, ce matin, appelé au secours,
entre le premier dans la chambre
d'Emile Zola le trouve étendu à terre,
râlant au milieu de déjections et d'ex-
créments.
Que .lui manqua-t-il pour être
heureux ? La célébrité, la fortune,juste
récompense d'un talent puissant, ne
t'avaient pas satisfait. II aurait voulu
~ttre chose, il aurait voulu l'amour
des foules, la popularité, cet immense
courant de sympathies, fait de milliers
d-e petites vagues, dont l'harmonie doit
faire défaillir de joie l'homme qui en
est l'objet. Victor Hugo suscité, par
milliers; les jeunes, enthousiasmes.
Alphonse Daudet fut aimé en secret~
par bien des lectrices; tous ses lecteurs
étaient ses amis. De Zola, au ton-
traire, on admirait l'effort patient; on
~approuvait d'ajouter chaque jour,-en 1
~ot) ouvrier~ sa p~rre à son massif j
ouvrage ;ma!s on ne pouvait lui don-
ner ni mieux ni plus que de l'admi-
ration.
Et c'est alors, sans doute, puisque
ses livres ne le payaient pas de sa peine,
c'est alors qu'il a cédé à la tentation. II
a voulu être autre chose qu'un roman-
cier qui crée et dénoue des fictions à
son gré. C'est alors qu'il s'est empêtré
dans l'affaire Dreyfus, rêvant d'y ga-
gner le suffrage de la foule et cette po-
pularité qui le fuyait. Plus tard, pen-
sait-il, on rappellerait son rôle dans
« l'Affaire H, comme on dit de Voltaire
qu'il a vengé Calas et Sirven.
Ce qu'il advint de cette ambition mal
ëclairëe, tout le monde l'a encore pré-
sent à l'esprit. Après s'être trompe la-
mentablement, après avoir vu s'éloi-
gner de lui-même cette admiration du
public que son labeur ancien avait
conquise, il cacha.it mal, en ces der-
niers temps, la rancune qu'il éprouvait
de s'être ainsi dévoyé.
C'est un grand écrivain qui s'en va.
On pardonnera l'erreur à sa mémoire,
parce qu'il a enrichi notre patrimoine
littéraire. Le plus grand service qu'on
puisse rendre à son nom, c'est de mar-
quer qu'il fut avec Balzac le romancier
du dix-neuvième siècle. Tout le reste
n'est que.néant.
LÉON BÀILBY.
VOJR A LA DEUXIEME P~GE
Le Oat-netdes Heures, par Martin Ga!e.
CANEUDAT
Il se confirme que M. Jaurès malgré sa
lettre à Audréa Costa– est, plus que jamais.
décidé à poser sa candidature au siège de
vice-président de la Chambre, vacant par
suite de la nomination de M. Maurice Faure
au Sénat.
C'est ià l'explication des avances faites,
hier, ~ar le leader socialiste aux radicaux,
dans son discours de Sens.
LA CATASTROPHE DARLEUX
Onmandc-doDouai:
M. Guyot, ingénieur, est mort.
M. Vonnakeri;, chauffeur du train,
mort à Seclin.
L'AFFÂtRE BOM~A3T!N~
Une scène émouvante. –Interview
d'un ami de la, victime.
On mande de Rome:
Un rédacteur du Gaxe~Mto, de Venise, a
interviewé l'ingénieur Colle, ami intime du
comte Bonmartini.
Il raconte ainsi la réconciliation qui eu lieu
entre les deux époux avant le drame
Etrange réconciliation. Elle eut lieu
avec solennité. Les deux époux se trouvaient
en présence du cardinal Svampa qui les ex-
hortait à se réconcilier. Tout à coup, au fond
de la salle, on ouvrit un rideau et l'on aper-
çut un autel un grand christ était pendu en-
tre deux candélabres.
Le cardinal leur dit K Jurez devant le
Christ que vous vous reconciliez. Jurez en
même temps que vous resterez étrangers
-l'un à l'autre pour les rapports intimes. A
genoux; monsieur A genoux, madame ))
Le comte s'agenouilla immédiatement,
mais sa femme hésita et elle n'obéit que sous
le regard impérieux du cardinal.
DEVORE PAR UN PORC
OnmandedeMorIaix:
Un enfant, demeurant rue CazuguI, & Car-
haix, avait été laissé seul à la'maison par ses
parents, en compagnie d'un porc qu'ils
avaient eu la précaution d'attacher avec une
corde au pied~l'une table.
L'animal ne tarda pas à couper cette corde
et, se dirigeant vers l'enfant, il lui dévora le
menton et une joue.
BOURSE DES VALEURS
Réponse des p~'mes mouvementée. 7'homson-
~Otfstonfa~/e
La réponse des primes de fin de mois a ou lieu
aujourd'hui, et elle a donné lieu a d'assez impor-
tants mouvements de la. cote, mouvements en
sens divers, disons-le de suite, et qui se sont un
peu atténues pendant la seconde partie do la
séance.
La Rente 3 0/0 perpétuelle, qui avait d'abord
progressé a 100 25, finit à 100 02 Rente 3 1/2 0/0
101 15. Les achats des Caisses ont porte-aujour-
d'hui sur 26,000 francs de rentes 3 0/0 et 20 000
francs de rentes 3 1/2 0/0.
L'Extérieure espagnole est montée au-dessus
de 88; elle clôture a 87 60; on dit que dès ta ren-
trée des Cortès espagnoles le ministre des
finances déposera un projet de loi relatif à ia
suppression de l'afndavit; on prétend, d'autre
part, que le gouvernement aurait résolu de con-
tracter un emprunt de'80 millions de francs basé
sur les mines d'AImadën. Italien, 10250' Brésil
40/0,7805; Argentin 40/0 1896. 7320; Séries
ottomanes en reprise ia Série G a 30 95, et la
SerieDa2860.
Les Sociétés de crédit ont été actives et bien
tenues. Le Crédit lyonnais s'inscrit a-1.068. la
Banque do Paris et des Pays-Bas a 1,065,'Crëdit
foncier 740, Banque française pour le commerce
et l'industrie 248.
Les. Chemins français restent calmes, mais les
Chemins espagnols sont fermes, bien qu'irregu-
liers. Andalous206, Nord do l'Espagne 206, Sara-
gosse 326.
Le Suez, 'de nouveau mou, s'inscrit a 8,820
quant a la Thomson-Houston, elle est. revenue a
550, pour s'inscrire au dernier moment a 555; Om-
nibus faibles aussi & 640 Compagnie Générale
Parisienne de 'Tramways, 190 Est-Parisien, i05
Métropolitain, 595.
Le Rio-Tinto cote 1,098, mais avec une ten-
dance indécise; Sosnowice, 1,745; Briansk, 263.
Les valeurs sud-africaines sont lourdes une fois
de plus. L'es nouvelles relatives aux intentions
du gouvernement anglais restent contradictoire's,
au moins''en <:e qui a trait aux taxes que les
mines'sont'appelé.es a supporter directement.
RandMines.282 50. 1
La. D!e"B.ge'rs s'scËange €H. d<~S;ere !~ure a
542.
TJI~' DT~A]M:E ~T~'U'E Y~E ]BT~'UX:JEI~.I~]E~
L'asphyx:e.– M~ Zota gravement maiade. Dans !a chambre mortuaire. Le réc!t d'un am!.
Les constatations )éga!es. Après ta mort. L'Œuwre du romanc!ër.
Un puissant romancier est mort ce
t' matin Emile Zola a succombé, terrassé
par un accident qui met en péril les jours
~s de sa femme. On lira plus loin les détails
'e émouvants de cette fin tragique.
Revenu hier de Médan, robuste de
~1 santé, l'auteur de Ge~m~a! a été trouvé
à neuf heures, ce matin, gisant, mort, sur
le parquet de sa chambre sa femme râ-
lait sur le lit. Emile Zola avait été as-
phyxié;on suppose, que des émanations
délétères d'une cheminée en mauvais
état ont été les causes de ce drame.
Voici les renseignements que nous té-
tt lëphbnént nos diSérents rédacteurs qui se
sont livrés a une enquête approfondie sur
(. les circonstances lamentables de ce
drame
A la Ma!son mortuasre
La. chambre funéraire. Mme Zola
r n'est pas encore hors de danger.
e Lorsque j'arrive rue de Bruxelles, quel-
ques rares personnes sont déjà là MM. Ber-
tulus, conseiller à la cour d'appel de Paris
FasqueIIe, l'éditeur Charpentier, ancien
éditeur le graveur Desmoulin, MM. Emile
Berr, Jacques Dhur, Girard, chef du Labo-
ratoire municipal.
Un domestique me tend la note que voici
et sur laquelle sont inscrits ces mots
trouvés ce matin inanimés dans leur cham-
bre. Des soins prolongés ont ramené Mme
Zola à la vie, M. Zola a succombé.
« Le diagnostic dit une asphyxie par les
émanations d'une cheminée
C'est tout.
Le Ht funèbre
Voici maintenant que je suis admis dans le
salon où repose le corps d'Emile Zola.
C'est un salon de réception, empli de meu-
bles d'art, de sculptures anciennes et de
vieux tableaux d'église.
Sous un dais, que forment des tentures aux
t couleurs sombres, un divan large et profond
est placé. C'est sur ce divan, transformé en
lit, que le corps d'Emile Zola a été porté,
Les fenêtres du salon sont closes et l'on a
allumé quelques lampes électriques qui éclai-
rent la funèbre scène.
Sur un drap éclatant de blancheur Emile
Zola est étendu.
On a ramené sur lui un autre drap qui des-
ir sine la forme de son corps.
On ne voit que la tête et les mains.
La tête aux traits tirés comme émaciés est
si pâle! On dirait une Bgure de cire. Les ailes
a du nez sont pincées. Les yeux sont clos. La
barbe,qui dut être faite hier,a été soigneuse-
ment peignée par des mains pieuses et les
`t cheveux aussi ont été disposés avec soin
pour cette dernière et triste parade
n Les mains jointes sont exsangues elles
t semblés disposées pour la prière.
Raidi dans sa dernière pose, le corps
-1 d'Emile Zola s'allonge sous. le drap. Les
bouts des pieds tendent, la poitrine se bombe,
C'est un spectacle terrible et d'un natura-
lisme effarant.
3 Pas de neurs encore! Pas de couronnes!
t Pas de crucinx Le mort est là, simplement,'
s et des amis et des journalistes le contem-
plent, stupéfaits de voir ainsi pour la pre-
mière fois au repos cet inlassable travail-
leur..
Comment le drame est survenu
M. Charpentier, l'ami Bdèle et l'éditeur
d'Emile Zola; veut bien me donner quelques
renseignements sur le drame qui déterminé
la mort de l'auteur de ~Œuwe
C'est inconcevable et nous n'en reve-
nons pas. Hier encore il était plein de santé
et travaillait et voilà que tout est nni Voilà
que notre amitié de trente-cinq ans est rom-
i pue par la mort C'est eifrayant.
Mais comment cela est-il arrivé ? On
parle d'asphyxie Dans cette saison cepen-
dant on n'allume pas de feu dans une chambre
à coucher.
II commence à faire un peu froid. Ce
devait être un premier feu. Cette cheminée
avait été réparée récemment à l'étage supé-
rieur. Qu'avait-on fait là-haut ?L~enquête
l'établira peut-être. La cheminée était-elle
bouchée? M. Girard a commencé son en-
quête.
Y avait-il beaucoup de feu dans la che-
minée ?
Très peu, des petits boulets Et dire
que l'existence d'un homme de génie est
brisée à cause d'un petit morceau de char-
bon N'est-ce pas terrible~
–A quelle heure a-t-on connu le drame?
A neuf heures et demie seulement.
–Cependant Emile Zola ne se levait pas
aussi tard. Les domestiques n'ont-ils pas été
étonnés de ne pas le voir debout à l'heure
habituelle?
Zola"se levait tôt, mais. il no sortait pas
de sa chambre de bonne heure, et puis on
n'osaitpasentrerchêz'lùi avant qu'il eût son-'
né. Vers neuf heures vingt ses domestiques
s'étonnèrent; ils sortirent dans la rue pour
voir si les fenêtres étaient ouvertes. Elles
étaient closes.
Alors ils devinèrent un malheur et frappè-
rent à la porte ils n'obtinrent pas de ré-
ponse. C'est seulement à ce moment qu'ils
enfoncèrent !a porte t
La scène du drame
M. Charpentier s'est tu. Oppressé mainte-
nant il poursuit
–Dé la chambre close s'échappait une
odeur insupportable d'acide carbonique.
Tout d'abord, dansTombré,on n'aperçutrien.
On"courut aux fenetres'qu'on ouvrit et l'on
vit Emile.Zola étendu sur le sol, la face con-
tre terre, inanimé.
Mme Zola sur son lit râlait et deux petits
chiens de salon que Zola adorait, Fanfan et
Binpin, se traînèrent en aboyant faiblement
jusqu'à Importé.
'VHë, un 'domestique chercha à ranimer
f son maître. Un autre courut chercher dés
} docteurs du voisinage. Ceux-ci, aussitôt ar-
t riyés, essayèrent suy Emile''Zola de.s traQ~ >
est
Nos interviews. Les prem!ers témoignages.
tiens rythmées de la langue sans réussir à le
rappeler à la vie.
Quant à Mme Zola, des soins énergiques
l'ont ranimée, mais à l'heure présente elle
n'a pas encore repris connaissance. Le doc-
teur Gaube est à son chevet; il espère la
sauver.
Les médecins prétendent que Zola au mi-
lieu de la nuit a pu s'éveiller et comprendre
qu'il s'asphyxiait. II a voulu sortir de son lit
et est tombé sur le sol. D'un dernier eS'ort,
il a pu se diriger vers la fenêtre, mais cet
effort a dû le porter à respirer avidement
l'air empoisonné de la chambre.
C'est ce qui a. causé sa.mort. Pour Mme
Zola, elle a dû s'éveiller aussi. En apercevant
son mari sur le sol, elle a vu toute l'horreur
de la situation. Elle est tombée en .syncope
et c'est ce qui l'a sauvée, car, ne respirant
plus que faiblement, l'air imprégné d'acide
carbonique n'a pas envahi ses poumons.
Sur la table de la chambre on a trouvé plu-
sieurs lettres de Mme Zola donnant divers
rendez-vous a des amies pour aujourd'hui et
demain.
M. et Mme Zola devaient.partir à la fin de
la semaine pour l'Italie..
Les visiteurs
Jusqu'à trois heures, les visiteurs ont été
rares. En dehors de ceux que j'ai nommés,
je dois citer encore M. Jean Vignaud et le
peintre Lévy-Dhurmer.
La nouvelle de la mort de Zola est à peine
connue dans Paris et tant de gens de lettres
et d'artistessont absents.
On a télégraphié a tous les familiers de
~
Zola la fatale nouvelle, mais combien pou
onteule temps de venir!
Quelques-uns cependant arrivent et vont
s'installer au chevet de Zola,
C'est Mme Charpentier qui baise le front
de l'auteur de T~'auat7, et s'assied en pleu-
ran.t près de son vieil ami inanimé.
C'est Mme Laborde qui, après avoir pleuré
devant le corps d'Emile Zola, va, diligente,
soigner la veuve de Fécrivain.
Et puis, voici un photographe qui vient
nxer une dernière fois les traits de Zola. On
éteint toutes les lumières. On installe l'appa-
reil, puis une brusque projection de magné-
sium:c'estnni,Iaplaque sensi ble a~recueilli
les traits de celui qui dort sur ce divan du
dèrnier sommeil.
L'Enq~ê~e judScaaire
Arrivée de M. Herbeaux. L'exper-
tise de M. Girard.
A trois heures et demie, MM. Herbeaux,
procureur de la République Bourrouilhou.
juge d'instruction; Leveau, grefner, et Vi-
bert, médecin expert, sont arrivés au domi-
cile mortuaire.
En même temps arrivaient quelques amis
d'Emile Zola et, notamment, Antoine et le
le comte. de Curnieu, connu en littérature
sous le nom de Georges Ancey.
Le procureur de "la République, le juge
d'instruction et le médecin légiste procédè-
rent de suite à leur enquête en interrogeant
les domestiques d'Emile Zola, en exami-
nant le corps du défunt et en vérifiant minu-
tieusement la disposition de la chambre du
drame.
M. Girard, l'éminent expert, nous a fait
cette déclaration
Il n'y a aucun doute pour moi, l'acci-
dent ne peut être attribué qu'au mauvais
fonctionnement de la cheminée. D'où pro-
vient ce mauvais fonctionnement ? nous le
saurons bientôt, car la cheminée va être
démolie.
M. Bourrouilhou a apposé les scellés sur
différents objets qui se trouvaient dans la
chambre de M. et de Mme Zola.
Une enquête
M. Lépine a désigné, pour faire une en-
quête au domicile de M. Zola, M. Chevalier,
architecte.
TénfDo!gnages
Un document
Voici la dépêche par laquelle M. Cornette,
commissaire de police, apprend au préfet de
police la tragique nouvelle:
Ce matin, vers neuf heures et demie, M. et
Mme Zola, revenus hier de la campagne, ont été
trouvés inanimés dans leur chambre a, coucher,
21 bts, rue de Bruxelles.
Madame était dans son lit, Monsieur était
tombé au pied du même lit.
M. Zola est mort.
« On espère sauver Madame. H y avait 'des de-
« jections et excremouts près du lit. II n'y a pas
« de calorifère allumé, pas d'odeur de gaz.)) »
On croit a un empoisonnement accidentel par
médicaments.
Deux petits chiens qui étaient dans la chambre
uesontpas morts.
CORNETTE.
Le valet de chambre
Hicï matin, nous dit le valet de chambre
do M. Zola, je partis, avec mes maîtres, de
Médau, et j'arrivais rue de Bruxelles vers
neuf heures. Avant de partir de Médan, mon
BMÎtre m'avait dit '< Le temps change, U va
sans doute faire fro:td, d.esYotre ar~yÉe, vo~
t allumerez du feu dans machambre a coucher~
ann de dégourdir l'atmosphère. H
La chambre, en eSFe.t, 'hermétiquement'
close; était froide quand j'y pénétrai. Je me;
mis immédiatement en devoir d'allumer du
feu. Comme combustible, je me servis.
comme to.ujours, de boulets. J'en mis une!
charge. Pendant toute la journée, le feu:
brûla lentement, si lentement que le soir,
vers huit heures, madame, se trouvant dans
sa chambre avec Mme Laborde, sa cousine.
lui dit en ma présence a C'est déplorable,
cette maison a un grave inconvénient que I
j'ai toujours constaté dès le premier jour bu
nous l'avons habitée; aucune cheminée uc
fonctionne bien. a
Et, s'adressant à moi, elle me dit:
II faudra demain encore que vous fas-
siez venir les fumistes.))
Ce matin même au moment où OM coBSta-
tait la catastrophe, je me disposais à obtem-
pérer à cet ordre.
Pour moi, il n'y a'pas de doute, tout le
malheur qui nous frappe vient do cette che-
minée..
La, concierge
Mme Monnier, la concierge de la maison,
raconte ainsi le retour de M. et Mme Zola
Tous deux étaient rentrés, hier soir de Medan,
et des leur arrivée m'avaient demandé de faire
prévenir immédiatement les ouvriers pour pro-
céder à certaines réparations.
Ces ouvrieas s'étaient présentes ce matin et
avec l'aide des domestiques avaient commencé
a enlever les iableau.x et démonter les cadres.
Vers neuf heures, ne voyant pas Mme Zo!a,
nous sommes allés frapper à sa porte ne re-
cevant pas de réponse, on a enfonce la porte.
En entrant, nous avons vu M. Zoia étendu a
terre et Mme Zota. couchée sur son Ht. Tous deux
ne donnaient plus signe de vie.
Le pha-rma.cien
Lorsque M. Luc; le pharmacien voisin, qui
a été appelé le premier auprès de M. Zola,
sort de rhôtel de la rue do Bruxelles, nous
nous précipitons au-devant de lui pour avoir
des nouvelles
Tous nos enbrts pour ranimer M.Zola sont
demeures impuissants, nous dit-ih A mon arri-
vée, Mme Zola était couchée sur !e lit M. Zo!a
était étendu au milieu de la chambre, près de
déjections et de vomissements.
Or; ne peut faire que des hypothèses mais il
est probable que l'asphyxie a été produite par un
gaz très lourd, probablement l'acide carhoniquo.
t Le gaz s'est accumule a UM certaine hauteur
et il est à présumer que M. Zola se sentant in-
commode s'est levé pour ouvrir la fenêtre.
Pris de syncope,il a dû tomber et les gaz lourds
très denses près du sol l'ont empoisonne.
Ce cas est analogue a celui des époux Tarbc.
des Sablons, qui furent asphyxies tous les deux.
Chez le docteur Main
M. le docteur Main, 17, rue Chaptal, nous
a conhrmé les détails que venait de nous
donner son collègue. Mais, lorsque nous lui
avons demandé son avis sur les causes do
l'accident, il s'est borné à nous dire textuel-
lement
Je n'ai aucune opinion sur la cause qui
peut avoir .déterminé la mort de M.Zola.)) »
Poè~e e~ Romancier
Chez François Coppêe
Dans la retraite paisible que le poète de la
BûTUT.esou~'rati.ce s'est aménagée rueOudi-
not, la nouvelle de la mort d'Emile Zola pro-
voque une véritable stupeur.
Du salon où j'attends l'entrée du maître que
son. secrétaire est allé prévenir de ma visite:
dos exclamations me parviennent
« Zola. est mort! Le malheureux'As-
phyxié. ))
La porte s~ouvre et François Coppêe, la
main tendue, vient à moi.
Alors c'est bien vrai Zola est mort ?
Silencieux, le poète écoute notre récit et
puis, avec un geste de profonde pitié
Le malheureux il faut le plaindre, car,
devant'"une pareille nn, tout ressentiment
doit disparaître. La religion veut que l'on
pardonne et que l'on excuse, car la mort pu-
rine. Je ne veux plus envisager que le rôle de
l'écrivain et me souvenir de nos relations
anciennes avant cette abominable afEaire
Dreyfus qui a coupé la France en deux.
Mais son rôle dans cette phase si trou-
blée.
Je ne veux pas, je ne dois pas y songer,
malgré la profonde division qui existait entre e
nous. Certes, l'écrivain a le droit, le devoir
de jeter au public son cri d'alarme ou sa pa-
role de réconfort, mais encore faut-il que la
cause soit juste, soit sainte. Non. je ne
veux pas y songer; l'écrivain seul reste et
je le juge ainsi.
De toute son œuvre, de cet en'royable la-
beur je pense que deux œuvres seules de-
meureront l'/issommoù', qui me paraît un
document de la vie parisienne de réelle va-
leur et cette épopée des luttes sociales Ge:
-mma!.
Les « Rougon-Macquart o. C'est un peu
artificiel et bien loin de l'œuvre de Balzac.
Zola fut cependant un chef d'école; il a
créé un grand mouvement littéraire, mouve-
ment fini, aujourd'hui arrêté, mais c'est déjà
quelque chose d'avoir été chef d'école. ]
Certes, il y a dans ces œuvres des pas-
sages que maintenant revenu a la vérité
religieuse je réprouve absolument, des
passages impurs qui méritent d'être Marnés,
et qui ne serviront pas la mémoire de l'écri- i
vain.. ]
Savez-vous que j'ai présenté ses titres a ]
l'Académie à l'époque où l'An'aire n'existait 1
pas? (
–Et que dirent les immortels? <
Coppée me regarde pendant quelques se-
condes puis (
Il y avait des hostilités. Pour moi je ne (
veux pas oublier les excellentes relations 1
confraternelles que j'ai eues jadis avec l'au- l
teur de Germma!. Notez que je n'ai jamais (
écrit un seul mot contre lui et qu'il ue m'a
jamais pris à partie personnellement.
Voyez-vous devant un cercueil'il faut se
taire rappelez-vous Louis XI apprenant la
mort de son ennemi
E était mon cousin !a cour porte Is deuil. T
Comme, l'entretien va nnir~ François Cop- t t
péeiDSt~chr9tieB.aem.Q&~ i'
S"– Cela me peine beaucoup, dites-le M9)~
Puis comme ne pouvant croire la uouveUo<
–Cette mort est bien belle! Elle est M
inattendue'Oui cela me fait de la peiné
beaucoup de peine et l'au-delà ?
Et, grave, songeant au problème insoluK}~
et angoissant de l'au-delà, le poète me r8*
conduiten silence jusqu'au seuil de sa ra~
traite.– RAYMOND FiGEAC.
La Presse de ce so!r
OFiNic~NS S
La Pasard
J'apprends a l'instant la mort d'Emile Zo!&.
Devant cette fin inattendue, notre devoir est
d'oublier un instant le rôle néfaste qu'il a jou~
dans l'an'aire Dreyfus et l'usage détostabio qu'il
Ht, en cette circonstance, de son immense ta-
lent.
A l'heure actuelle, c'est la disparition de )'ëer!"
vain seul qui nous occupe, de celui qui conçut t<
série des Rougon-Macquart. La poliHquo se d6-
harrasso d'un brouiUon la France ne perd pat
un grand citoyen, mais e!Io perd uti grand ro''
maticier.
La Lt&e}'/e
M. Emile ZoJa meurt au moment où son der-
nier roman, Vëi'tM, est en cours de publication,
et ce roman est encore chose triste a dire
une mauvaise action, qu'excusent seulement Ie9
rancunes orgueiUeuses et l'élémentaire organisa-
tion cérébrale de son auteur. Ainsi finit-H triste-
ment, de toutes manières. Et si l'on doit lui ac-
corder la sincère pitié qu'on ne saurait refuser
toute victime d'une douloureuse catastrophe, oa
ne peut pas cependant oublier qu'il mésusa cona-
tammentdclaforce qu'ii possédait et qu'H M,
inconsciemment, beaucoup dé ma! à son pays.
Le Joufna~ des Débats
Zola a été admirable pourfairo vivre une foute,
ponr animer une ville comme dans !7ne .Pa~<
d'amour ou une cathédrale comme dans Io.Rëce,
pour donner une âme aune machine, comme
dans la Bête humaine. Qu'on se rappelle r6-'
meute de Go'nt!??a<, et ces dernières pages où ta,
mine s'efTondre et où Ja terre s'entrouvre, ces p*
ges d'une grandeur terrible, et qui sont peut-être
son chel'-d'œuvro.
Dans la deuxième partie de sa carrièce, il aban<
donna le roman pour écrire, comme il l'a dit. des
évangiles. Le changement fut sensible dans sa
manière. Elle resta copieuse et surabondanta.
Mais c'est à ses premiers romans que së'- repor-
teront dans l'avenir tous ceux qui aiment les ta-
bleaux vigoureux plutôt que nuancés et la forée.
SA_yi~B
it L'enfance. A Pa~ris et a. Aix.
C'est en plein cœur de Paris, au numéro
,'10 de la rue Saint-Joseph, qu'Emile Zola na-
iquit, le 2 avril 1840, d'un père italien et d'une
mère française..
n A sept ans, l'enfant quitta la grande ville
son père allait construire, à Aix, ce canal qui.
r porte'son nom; c'est donc à Aix qu'Emile.~
Zola reçut les véritables premières impres-
sionsdelavie,etc'est là ce qui a pu faire
croire, parfois, à son origine provençale.
A sept ans et demi, Emile Zola, dit l'un.
de ses historiographes, ne savait ni lire ni
écrire; il se refusait à aller à l'école, et ça
fut avec beaucoup de peine qu'on put le con-
duire pour la première fois à la pensioa
° Notre-Dame, à Aix, où il put apprendre onËo,
vers ses huit ans, ses lettres.
A douze ans, Emile Zola entra au collège,.
~et c'est là qu'il écrivit ses premières œuvres~
En/b~cë le pt'on, comédie en trois actes, e~
i -vers, un roman sur les Croisades, et diverses
fantaisies; venu à Paris, pour y poursuivre
'ses études, le futur auteur de I/Œuu?'e se: >
montra assez bon élève; l'une de ses narra-
tions fut, paraît-il, si remarquée par son pro-
fesseur, M. Levasseur, aujourd'hui de l'Ius-
titut, que ce Maître prédit à l'élève Zoit
son talent futur.
Les débuts
Zola, cependant, fut recalé pitoyablement
à l'examen du baccalauréat et dès lors, de-'
vant gagner sa vie, il chercha une place H
en trouva une soixante francs par mois, aux
Docks, rue de la Douane.
Cette place quittée, c'est la misère, la som<.
bre vie de bohème, jusqu'au moment oùit-
entre, en qualité de commis, à la librairie
Hachette, aux appointements de cent francs
par mois cela se passait en 1862.
Deux ans après, Emile Zola publiait lea.
CoHde ces contes avaient paru dans des revues;
ou dans des journaux. Ce livre nt peu de~
bruit; il en fut de même de laCon/ëssùm
de C~Mde, pàrue en 1865, du Vœu d'UHa
JHb~c, de Thët'ése Raquw, que publia Arsène;
Houssaye, dans l'~h'~s~e, sous le titre .H~s<
t0t)'e d'.4moM! et d'une étude sur Manet,'
parue aussi dans la même revue.
Je tiens même d'Arsène Houssaye que lea.<.
deux cents francs qui payèrent l'étude sur;j
Manet servirent à désintéresser un créant
cier qui avait saisi les meubles de Zola.
Les Rougon-Ma.cqua.rt
Co fut on 187i qu'Emile Zola .puMia. le pre~
mier volume des Rougon-Macquart )), (his-~
toire d'une famille sous le second Empire;).!
Ce volume, c'était ~a jFor~m.e des Rou~on
~a Cwëe vint ensuite, puis !a Fau~e de ~l~g!
Mouret, 60~ Excs~e~ce Eugène .Rou~on,
Co?t~uete deP!assans, ~e VeH onnn!lssommoù'.
C'est la publication de l'~issommo!)' quL~
révéla le nom d:Emi!e Zola au grand public
jusqu'à l'apparition de ce livre, l'auteur des'
.Rou~oK-Macquart n'était connu que d'une.
élite ses livres se vendaient péniblement et'
l'on n'en faisait l'éloge que dans des revues
réservées aux g-ens de lettres et aux ar,t.istes~
Mais voici que l'ssommoïr paraît dana le'
jBïe~Pu&Kc.
Aussitôt, une avalanche de lettres de pro-'
testations arriva aux bureaux de cejournalY
les abonnés s'indignaient contre l'immora-
lité de ce feuilleton le B~o~ Pn~Kc dut in-
terrompre la publication de r~sso)nmoM-,
dont la iin parut à la RëpubKque des Le~res~
quedirigeaitCatulleMendès.
Le livre,paru en librairie, obtint un succès
de scandale extraordinaire et c'est alors
que, pour se laver de l'accusation d'immora-
lité qui lui était lancée journellement, Zolx.
publia UKe page d~amoM)', cette œuvre toute
de charme et de poésie.
La. célébrité
Mais l'auteur de l'~issommoï}' revient vite
à ce naturalisme dont il est devenu soudain 16
Grand Maître; il publie A~ana, que le Vo~
taù'e annonce à son de trompes jamais
publicité pareille n'avait été faite pom*
i un roman; des hommes sandwichs chose
~MM~~a ~Mmena~nt suï
AMILEDE Gn~~m~
FONDAT~n
'M6 MttMNCM ET tHScMmN SONT BtçtimO
Aux 1~~M-
6, PLAtSt DB tj~ BOUtS)~ 6
DoUingen et C', 16, nM ebrMge-B&tett~w J
~~fn/s~a~on t2, rue du C~ssa~
(3' arrcadiMMMmt)
T«ëphaBe, 3
~M~e. ~uoe/~ s~/e, ?<* ~77~
!~i& Ba~Maa4i''0 ~9" 5' C?~M'n(~~
EMILE DE; GIMMIN
FONDATBUB
ABOIEMENTS
Trois mois. Six m
PANE HT MFJLBMaSKTS 6 & 11 &. ZZ &.
ËTMttaBB: 36 francs par M~
~cfae~on 72, ~ue dt/ C~o/sMuf, M
(B* arrondisseniant)
f B *)? BT~~t~ Fn! t?~ t'B~t )~'C~' t°< t~X m. '
D em ê pe Mo M ~e
L'ENQUÊTÉ JUD!CtA)RE
Le juge d'instruction a décidé qu'on fê-
tait démolir la cheminée afin de savoir si
'Vraiment la mort de Zola, est due à des
émanations d'acide carbonique.
Quoiqu'il en soit, le permis d'inhumer
D'à pas encore été délivré et l'on ne sait
s'il sera délivré bientôt. Peut-être M.
Herbeaux fera-t-il procéder à une au-
topsie.
LES OBSÈQUES
Au sujet des obsèques, on ne sait enj
core si elles seront civiles ou religieuses.
Il faudra chercher si un testament in-
dique la volonté du défunt.
Mies auront probablement lieu mer-
credi..
COMFtRMAT!OM
Mme Zola a repris connaissance un ins-
tant vers cinq heures.
Elle a pu raconter la scène de cette
mut.
Son récit ne digère pas de celui que
Dous donnons.
L'ÉTAT DE M~ ZOLA
Mme Zola, a repris connaissance mais
~e trouve encore dans un état d'extrême
faiblesse qui cependant n'inspire aucune
crainte quant aux suites de l'asphyxie.
On redoute maintenant une crise ner-
-veuse lorsque Mme Zola apprendra la
mort de son mari.
Mme Zola. a été transportée a six heu-
res dans une maison, de santé de Neuilly.
Une voiture spécialement envoyée par
cette maison est venue prendre la malade.
Plus de deux cents personnes massées
dans la rue de Brnxelles assistent au dé-
part de Mme Zola qui est de nouveau sans
connaissance.
L ELECTfON DE COMP!ÈGNE
Au comité du colonel Bougon auquel nous
Hvoiis téléphoné, on nous dit que les résul-
tats de l'élection ne sont pas connus.
Des tripatouillages ont été commis. Les
Chiffres n'ont été communiqués par la pré.
lecture qu'après onze.heures du soir.
TENTATtVE DE DÉRAILLEMENT
OnmandedeBrest:
TUne tentative de déraillement a été com-
mise sur la ligne du chemin de fer départe-
mental de Brignogan à Landerneau, au lieu
dit Hesmeu!, proximité de la station de
Plounéourtrez.
Plusieurs branches d'arbre avaient été
placées sur la voie Je juge de paix et la gen-
darmerie deLesneven sont allés sur les lieux
Itour procéder à une enquête.
LE GRAND-DUC ALEXIS
Onn]anded'Aix-Ies-Ba.ins:
Le grand-duc Alexis de Russie, oncle du
~sar, a quitté Aix-Ies-Bains aujourd'hui, se
fendant en Italie.
ACCiDENT D'AUTOMOBILE
Une voiture automobile conduite par M.
Pierre Lagarde s'est renversée route de
Choisy deux personnes, sur les cinq qui se
trouvaient dans la voiture, M. Emile Beuvest
et Mlle Humilie, employés de commerce, ont
été gravement blessés: le premier a une
fracture au crâne et l'épaule droite brisée, la
seconde a eu le bras gauche fracturé et le
crâne ouvert.
LA MORT DE ZOL&
Sans doute, Emile Zola n'avait pas
la chance. Sans doute, il iui manqua
de rencontrer sur son chemin cette
bonne étoile qui met les événements
en harmonie avec les gens qu'elle fa-
vorise. De pauvre il devint riche. Parti
de rien, il avait atteint à la grande no-
toriété. Il a été célèbre. Il ne fut ja-
mais heureux.
r Et voilà que, pour terminer cette vie
de heurts, d'à-coups et de désirs non
satisfaits, il rencontre une mort hor-
rible et banale, où ne manque même
pas un de ces détails précis et réa-
listes que le romancier aurait voulu,
symboliquement, placer auprès de la
fin d'un de ses héros et le pharma-
cien qui, ce matin, appelé au secours,
entre le premier dans la chambre
d'Emile Zola le trouve étendu à terre,
râlant au milieu de déjections et d'ex-
créments.
Que .lui manqua-t-il pour être
heureux ? La célébrité, la fortune,juste
récompense d'un talent puissant, ne
t'avaient pas satisfait. II aurait voulu
~ttre chose, il aurait voulu l'amour
des foules, la popularité, cet immense
courant de sympathies, fait de milliers
d-e petites vagues, dont l'harmonie doit
faire défaillir de joie l'homme qui en
est l'objet. Victor Hugo suscité, par
milliers; les jeunes, enthousiasmes.
Alphonse Daudet fut aimé en secret~
par bien des lectrices; tous ses lecteurs
étaient ses amis. De Zola, au ton-
traire, on admirait l'effort patient; on
~approuvait d'ajouter chaque jour,-en 1
~ot) ouvrier~ sa p~rre à son massif j
ouvrage ;ma!s on ne pouvait lui don-
ner ni mieux ni plus que de l'admi-
ration.
Et c'est alors, sans doute, puisque
ses livres ne le payaient pas de sa peine,
c'est alors qu'il a cédé à la tentation. II
a voulu être autre chose qu'un roman-
cier qui crée et dénoue des fictions à
son gré. C'est alors qu'il s'est empêtré
dans l'affaire Dreyfus, rêvant d'y ga-
gner le suffrage de la foule et cette po-
pularité qui le fuyait. Plus tard, pen-
sait-il, on rappellerait son rôle dans
« l'Affaire H, comme on dit de Voltaire
qu'il a vengé Calas et Sirven.
Ce qu'il advint de cette ambition mal
ëclairëe, tout le monde l'a encore pré-
sent à l'esprit. Après s'être trompe la-
mentablement, après avoir vu s'éloi-
gner de lui-même cette admiration du
public que son labeur ancien avait
conquise, il cacha.it mal, en ces der-
niers temps, la rancune qu'il éprouvait
de s'être ainsi dévoyé.
C'est un grand écrivain qui s'en va.
On pardonnera l'erreur à sa mémoire,
parce qu'il a enrichi notre patrimoine
littéraire. Le plus grand service qu'on
puisse rendre à son nom, c'est de mar-
quer qu'il fut avec Balzac le romancier
du dix-neuvième siècle. Tout le reste
n'est que.néant.
LÉON BÀILBY.
VOJR A LA DEUXIEME P~GE
Le Oat-netdes Heures, par Martin Ga!e.
CANEUDAT
Il se confirme que M. Jaurès malgré sa
lettre à Audréa Costa– est, plus que jamais.
décidé à poser sa candidature au siège de
vice-président de la Chambre, vacant par
suite de la nomination de M. Maurice Faure
au Sénat.
C'est ià l'explication des avances faites,
hier, ~ar le leader socialiste aux radicaux,
dans son discours de Sens.
LA CATASTROPHE DARLEUX
Onmandc-doDouai:
M. Guyot, ingénieur, est mort.
M. Vonnakeri;, chauffeur du train,
mort à Seclin.
L'AFFÂtRE BOM~A3T!N~
Une scène émouvante. –Interview
d'un ami de la, victime.
On mande de Rome:
Un rédacteur du Gaxe~Mto, de Venise, a
interviewé l'ingénieur Colle, ami intime du
comte Bonmartini.
Il raconte ainsi la réconciliation qui eu lieu
entre les deux époux avant le drame
Etrange réconciliation. Elle eut lieu
avec solennité. Les deux époux se trouvaient
en présence du cardinal Svampa qui les ex-
hortait à se réconcilier. Tout à coup, au fond
de la salle, on ouvrit un rideau et l'on aper-
çut un autel un grand christ était pendu en-
tre deux candélabres.
Le cardinal leur dit K Jurez devant le
Christ que vous vous reconciliez. Jurez en
même temps que vous resterez étrangers
-l'un à l'autre pour les rapports intimes. A
genoux; monsieur A genoux, madame ))
Le comte s'agenouilla immédiatement,
mais sa femme hésita et elle n'obéit que sous
le regard impérieux du cardinal.
DEVORE PAR UN PORC
OnmandedeMorIaix:
Un enfant, demeurant rue CazuguI, & Car-
haix, avait été laissé seul à la'maison par ses
parents, en compagnie d'un porc qu'ils
avaient eu la précaution d'attacher avec une
corde au pied~l'une table.
L'animal ne tarda pas à couper cette corde
et, se dirigeant vers l'enfant, il lui dévora le
menton et une joue.
BOURSE DES VALEURS
Réponse des p~'mes mouvementée. 7'homson-
~Otfstonfa~/e
La réponse des primes de fin de mois a ou lieu
aujourd'hui, et elle a donné lieu a d'assez impor-
tants mouvements de la. cote, mouvements en
sens divers, disons-le de suite, et qui se sont un
peu atténues pendant la seconde partie do la
séance.
La Rente 3 0/0 perpétuelle, qui avait d'abord
progressé a 100 25, finit à 100 02 Rente 3 1/2 0/0
101 15. Les achats des Caisses ont porte-aujour-
d'hui sur 26,000 francs de rentes 3 0/0 et 20 000
francs de rentes 3 1/2 0/0.
L'Extérieure espagnole est montée au-dessus
de 88; elle clôture a 87 60; on dit que dès ta ren-
trée des Cortès espagnoles le ministre des
finances déposera un projet de loi relatif à ia
suppression de l'afndavit; on prétend, d'autre
part, que le gouvernement aurait résolu de con-
tracter un emprunt de'80 millions de francs basé
sur les mines d'AImadën. Italien, 10250' Brésil
40/0,7805; Argentin 40/0 1896. 7320; Séries
ottomanes en reprise ia Série G a 30 95, et la
SerieDa2860.
Les Sociétés de crédit ont été actives et bien
tenues. Le Crédit lyonnais s'inscrit a-1.068. la
Banque do Paris et des Pays-Bas a 1,065,'Crëdit
foncier 740, Banque française pour le commerce
et l'industrie 248.
Les. Chemins français restent calmes, mais les
Chemins espagnols sont fermes, bien qu'irregu-
liers. Andalous206, Nord do l'Espagne 206, Sara-
gosse 326.
Le Suez, 'de nouveau mou, s'inscrit a 8,820
quant a la Thomson-Houston, elle est. revenue a
550, pour s'inscrire au dernier moment a 555; Om-
nibus faibles aussi & 640 Compagnie Générale
Parisienne de 'Tramways, 190 Est-Parisien, i05
Métropolitain, 595.
Le Rio-Tinto cote 1,098, mais avec une ten-
dance indécise; Sosnowice, 1,745; Briansk, 263.
Les valeurs sud-africaines sont lourdes une fois
de plus. L'es nouvelles relatives aux intentions
du gouvernement anglais restent contradictoire's,
au moins''en <:e qui a trait aux taxes que les
mines'sont'appelé.es a supporter directement.
RandMines.282 50. 1
La. D!e"B.ge'rs s'scËange €H. d<~S;ere !~ure a
542.
TJI~' DT~A]M:E ~T~'U'E Y~E ]BT~'UX:JEI~.I~]E~
L'asphyx:e.– M~ Zota gravement maiade. Dans !a chambre mortuaire. Le réc!t d'un am!.
Les constatations )éga!es. Après ta mort. L'Œuwre du romanc!ër.
Un puissant romancier est mort ce
t' matin Emile Zola a succombé, terrassé
par un accident qui met en péril les jours
~s de sa femme. On lira plus loin les détails
'e émouvants de cette fin tragique.
Revenu hier de Médan, robuste de
~1 santé, l'auteur de Ge~m~a! a été trouvé
à neuf heures, ce matin, gisant, mort, sur
le parquet de sa chambre sa femme râ-
lait sur le lit. Emile Zola avait été as-
phyxié;on suppose, que des émanations
délétères d'une cheminée en mauvais
état ont été les causes de ce drame.
Voici les renseignements que nous té-
tt lëphbnént nos diSérents rédacteurs qui se
sont livrés a une enquête approfondie sur
(. les circonstances lamentables de ce
drame
A la Ma!son mortuasre
La. chambre funéraire. Mme Zola
r n'est pas encore hors de danger.
e Lorsque j'arrive rue de Bruxelles, quel-
ques rares personnes sont déjà là MM. Ber-
tulus, conseiller à la cour d'appel de Paris
FasqueIIe, l'éditeur Charpentier, ancien
éditeur le graveur Desmoulin, MM. Emile
Berr, Jacques Dhur, Girard, chef du Labo-
ratoire municipal.
Un domestique me tend la note que voici
et sur laquelle sont inscrits ces mots
trouvés ce matin inanimés dans leur cham-
bre. Des soins prolongés ont ramené Mme
Zola à la vie, M. Zola a succombé.
« Le diagnostic dit une asphyxie par les
émanations d'une cheminée
C'est tout.
Le Ht funèbre
Voici maintenant que je suis admis dans le
salon où repose le corps d'Emile Zola.
C'est un salon de réception, empli de meu-
bles d'art, de sculptures anciennes et de
vieux tableaux d'église.
Sous un dais, que forment des tentures aux
t couleurs sombres, un divan large et profond
est placé. C'est sur ce divan, transformé en
lit, que le corps d'Emile Zola a été porté,
Les fenêtres du salon sont closes et l'on a
allumé quelques lampes électriques qui éclai-
rent la funèbre scène.
Sur un drap éclatant de blancheur Emile
Zola est étendu.
On a ramené sur lui un autre drap qui des-
ir sine la forme de son corps.
On ne voit que la tête et les mains.
La tête aux traits tirés comme émaciés est
si pâle! On dirait une Bgure de cire. Les ailes
a du nez sont pincées. Les yeux sont clos. La
barbe,qui dut être faite hier,a été soigneuse-
ment peignée par des mains pieuses et les
`t cheveux aussi ont été disposés avec soin
pour cette dernière et triste parade
n Les mains jointes sont exsangues elles
t semblés disposées pour la prière.
Raidi dans sa dernière pose, le corps
-1 d'Emile Zola s'allonge sous. le drap. Les
bouts des pieds tendent, la poitrine se bombe,
C'est un spectacle terrible et d'un natura-
lisme effarant.
3 Pas de neurs encore! Pas de couronnes!
t Pas de crucinx Le mort est là, simplement,'
s et des amis et des journalistes le contem-
plent, stupéfaits de voir ainsi pour la pre-
mière fois au repos cet inlassable travail-
leur..
Comment le drame est survenu
M. Charpentier, l'ami Bdèle et l'éditeur
d'Emile Zola; veut bien me donner quelques
renseignements sur le drame qui déterminé
la mort de l'auteur de ~Œuwe
C'est inconcevable et nous n'en reve-
nons pas. Hier encore il était plein de santé
et travaillait et voilà que tout est nni Voilà
que notre amitié de trente-cinq ans est rom-
i pue par la mort C'est eifrayant.
Mais comment cela est-il arrivé ? On
parle d'asphyxie Dans cette saison cepen-
dant on n'allume pas de feu dans une chambre
à coucher.
II commence à faire un peu froid. Ce
devait être un premier feu. Cette cheminée
avait été réparée récemment à l'étage supé-
rieur. Qu'avait-on fait là-haut ?L~enquête
l'établira peut-être. La cheminée était-elle
bouchée? M. Girard a commencé son en-
quête.
Y avait-il beaucoup de feu dans la che-
minée ?
Très peu, des petits boulets Et dire
que l'existence d'un homme de génie est
brisée à cause d'un petit morceau de char-
bon N'est-ce pas terrible~
–A quelle heure a-t-on connu le drame?
A neuf heures et demie seulement.
–Cependant Emile Zola ne se levait pas
aussi tard. Les domestiques n'ont-ils pas été
étonnés de ne pas le voir debout à l'heure
habituelle?
Zola"se levait tôt, mais. il no sortait pas
de sa chambre de bonne heure, et puis on
n'osaitpasentrerchêz'lùi avant qu'il eût son-'
né. Vers neuf heures vingt ses domestiques
s'étonnèrent; ils sortirent dans la rue pour
voir si les fenêtres étaient ouvertes. Elles
étaient closes.
Alors ils devinèrent un malheur et frappè-
rent à la porte ils n'obtinrent pas de ré-
ponse. C'est seulement à ce moment qu'ils
enfoncèrent !a porte t
La scène du drame
M. Charpentier s'est tu. Oppressé mainte-
nant il poursuit
–Dé la chambre close s'échappait une
odeur insupportable d'acide carbonique.
Tout d'abord, dansTombré,on n'aperçutrien.
On"courut aux fenetres'qu'on ouvrit et l'on
vit Emile.Zola étendu sur le sol, la face con-
tre terre, inanimé.
Mme Zola sur son lit râlait et deux petits
chiens de salon que Zola adorait, Fanfan et
Binpin, se traînèrent en aboyant faiblement
jusqu'à Importé.
'VHë, un 'domestique chercha à ranimer
f son maître. Un autre courut chercher dés
} docteurs du voisinage. Ceux-ci, aussitôt ar-
t riyés, essayèrent suy Emile''Zola de.s traQ~ >
est
Nos interviews. Les prem!ers témoignages.
tiens rythmées de la langue sans réussir à le
rappeler à la vie.
Quant à Mme Zola, des soins énergiques
l'ont ranimée, mais à l'heure présente elle
n'a pas encore repris connaissance. Le doc-
teur Gaube est à son chevet; il espère la
sauver.
Les médecins prétendent que Zola au mi-
lieu de la nuit a pu s'éveiller et comprendre
qu'il s'asphyxiait. II a voulu sortir de son lit
et est tombé sur le sol. D'un dernier eS'ort,
il a pu se diriger vers la fenêtre, mais cet
effort a dû le porter à respirer avidement
l'air empoisonné de la chambre.
C'est ce qui a. causé sa.mort. Pour Mme
Zola, elle a dû s'éveiller aussi. En apercevant
son mari sur le sol, elle a vu toute l'horreur
de la situation. Elle est tombée en .syncope
et c'est ce qui l'a sauvée, car, ne respirant
plus que faiblement, l'air imprégné d'acide
carbonique n'a pas envahi ses poumons.
Sur la table de la chambre on a trouvé plu-
sieurs lettres de Mme Zola donnant divers
rendez-vous a des amies pour aujourd'hui et
demain.
M. et Mme Zola devaient.partir à la fin de
la semaine pour l'Italie..
Les visiteurs
Jusqu'à trois heures, les visiteurs ont été
rares. En dehors de ceux que j'ai nommés,
je dois citer encore M. Jean Vignaud et le
peintre Lévy-Dhurmer.
La nouvelle de la mort de Zola est à peine
connue dans Paris et tant de gens de lettres
et d'artistessont absents.
On a télégraphié a tous les familiers de
~
Zola la fatale nouvelle, mais combien pou
onteule temps de venir!
Quelques-uns cependant arrivent et vont
s'installer au chevet de Zola,
C'est Mme Charpentier qui baise le front
de l'auteur de T~'auat7, et s'assied en pleu-
ran.t près de son vieil ami inanimé.
C'est Mme Laborde qui, après avoir pleuré
devant le corps d'Emile Zola, va, diligente,
soigner la veuve de Fécrivain.
Et puis, voici un photographe qui vient
nxer une dernière fois les traits de Zola. On
éteint toutes les lumières. On installe l'appa-
reil, puis une brusque projection de magné-
sium:c'estnni,Iaplaque sensi ble a~recueilli
les traits de celui qui dort sur ce divan du
dèrnier sommeil.
L'Enq~ê~e judScaaire
Arrivée de M. Herbeaux. L'exper-
tise de M. Girard.
A trois heures et demie, MM. Herbeaux,
procureur de la République Bourrouilhou.
juge d'instruction; Leveau, grefner, et Vi-
bert, médecin expert, sont arrivés au domi-
cile mortuaire.
En même temps arrivaient quelques amis
d'Emile Zola et, notamment, Antoine et le
le comte. de Curnieu, connu en littérature
sous le nom de Georges Ancey.
Le procureur de "la République, le juge
d'instruction et le médecin légiste procédè-
rent de suite à leur enquête en interrogeant
les domestiques d'Emile Zola, en exami-
nant le corps du défunt et en vérifiant minu-
tieusement la disposition de la chambre du
drame.
M. Girard, l'éminent expert, nous a fait
cette déclaration
Il n'y a aucun doute pour moi, l'acci-
dent ne peut être attribué qu'au mauvais
fonctionnement de la cheminée. D'où pro-
vient ce mauvais fonctionnement ? nous le
saurons bientôt, car la cheminée va être
démolie.
M. Bourrouilhou a apposé les scellés sur
différents objets qui se trouvaient dans la
chambre de M. et de Mme Zola.
Une enquête
M. Lépine a désigné, pour faire une en-
quête au domicile de M. Zola, M. Chevalier,
architecte.
TénfDo!gnages
Un document
Voici la dépêche par laquelle M. Cornette,
commissaire de police, apprend au préfet de
police la tragique nouvelle:
Ce matin, vers neuf heures et demie, M. et
Mme Zola, revenus hier de la campagne, ont été
trouvés inanimés dans leur chambre a, coucher,
21 bts, rue de Bruxelles.
Madame était dans son lit, Monsieur était
tombé au pied du même lit.
M. Zola est mort.
« On espère sauver Madame. H y avait 'des de-
« jections et excremouts près du lit. II n'y a pas
« de calorifère allumé, pas d'odeur de gaz.)) »
On croit a un empoisonnement accidentel par
médicaments.
Deux petits chiens qui étaient dans la chambre
uesontpas morts.
CORNETTE.
Le valet de chambre
Hicï matin, nous dit le valet de chambre
do M. Zola, je partis, avec mes maîtres, de
Médau, et j'arrivais rue de Bruxelles vers
neuf heures. Avant de partir de Médan, mon
BMÎtre m'avait dit '< Le temps change, U va
sans doute faire fro:td, d.esYotre ar~yÉe, vo~
t allumerez du feu dans machambre a coucher~
ann de dégourdir l'atmosphère. H
La chambre, en eSFe.t, 'hermétiquement'
close; était froide quand j'y pénétrai. Je me;
mis immédiatement en devoir d'allumer du
feu. Comme combustible, je me servis.
comme to.ujours, de boulets. J'en mis une!
charge. Pendant toute la journée, le feu:
brûla lentement, si lentement que le soir,
vers huit heures, madame, se trouvant dans
sa chambre avec Mme Laborde, sa cousine.
lui dit en ma présence a C'est déplorable,
cette maison a un grave inconvénient que I
j'ai toujours constaté dès le premier jour bu
nous l'avons habitée; aucune cheminée uc
fonctionne bien. a
Et, s'adressant à moi, elle me dit:
II faudra demain encore que vous fas-
siez venir les fumistes.))
Ce matin même au moment où OM coBSta-
tait la catastrophe, je me disposais à obtem-
pérer à cet ordre.
Pour moi, il n'y a'pas de doute, tout le
malheur qui nous frappe vient do cette che-
minée..
La, concierge
Mme Monnier, la concierge de la maison,
raconte ainsi le retour de M. et Mme Zola
Tous deux étaient rentrés, hier soir de Medan,
et des leur arrivée m'avaient demandé de faire
prévenir immédiatement les ouvriers pour pro-
céder à certaines réparations.
Ces ouvrieas s'étaient présentes ce matin et
avec l'aide des domestiques avaient commencé
a enlever les iableau.x et démonter les cadres.
Vers neuf heures, ne voyant pas Mme Zo!a,
nous sommes allés frapper à sa porte ne re-
cevant pas de réponse, on a enfonce la porte.
En entrant, nous avons vu M. Zoia étendu a
terre et Mme Zota. couchée sur son Ht. Tous deux
ne donnaient plus signe de vie.
Le pha-rma.cien
Lorsque M. Luc; le pharmacien voisin, qui
a été appelé le premier auprès de M. Zola,
sort de rhôtel de la rue do Bruxelles, nous
nous précipitons au-devant de lui pour avoir
des nouvelles
Tous nos enbrts pour ranimer M.Zola sont
demeures impuissants, nous dit-ih A mon arri-
vée, Mme Zola était couchée sur !e lit M. Zo!a
était étendu au milieu de la chambre, près de
déjections et de vomissements.
Or; ne peut faire que des hypothèses mais il
est probable que l'asphyxie a été produite par un
gaz très lourd, probablement l'acide carhoniquo.
t Le gaz s'est accumule a UM certaine hauteur
et il est à présumer que M. Zola se sentant in-
commode s'est levé pour ouvrir la fenêtre.
Pris de syncope,il a dû tomber et les gaz lourds
très denses près du sol l'ont empoisonne.
Ce cas est analogue a celui des époux Tarbc.
des Sablons, qui furent asphyxies tous les deux.
Chez le docteur Main
M. le docteur Main, 17, rue Chaptal, nous
a conhrmé les détails que venait de nous
donner son collègue. Mais, lorsque nous lui
avons demandé son avis sur les causes do
l'accident, il s'est borné à nous dire textuel-
lement
Je n'ai aucune opinion sur la cause qui
peut avoir .déterminé la mort de M.Zola.)) »
Poè~e e~ Romancier
Chez François Coppêe
Dans la retraite paisible que le poète de la
BûTUT.esou~'rati.ce s'est aménagée rueOudi-
not, la nouvelle de la mort d'Emile Zola pro-
voque une véritable stupeur.
Du salon où j'attends l'entrée du maître que
son. secrétaire est allé prévenir de ma visite:
dos exclamations me parviennent
« Zola. est mort! Le malheureux'As-
phyxié. ))
La porte s~ouvre et François Coppêe, la
main tendue, vient à moi.
Alors c'est bien vrai Zola est mort ?
Silencieux, le poète écoute notre récit et
puis, avec un geste de profonde pitié
Le malheureux il faut le plaindre, car,
devant'"une pareille nn, tout ressentiment
doit disparaître. La religion veut que l'on
pardonne et que l'on excuse, car la mort pu-
rine. Je ne veux plus envisager que le rôle de
l'écrivain et me souvenir de nos relations
anciennes avant cette abominable afEaire
Dreyfus qui a coupé la France en deux.
Mais son rôle dans cette phase si trou-
blée.
Je ne veux pas, je ne dois pas y songer,
malgré la profonde division qui existait entre e
nous. Certes, l'écrivain a le droit, le devoir
de jeter au public son cri d'alarme ou sa pa-
role de réconfort, mais encore faut-il que la
cause soit juste, soit sainte. Non. je ne
veux pas y songer; l'écrivain seul reste et
je le juge ainsi.
De toute son œuvre, de cet en'royable la-
beur je pense que deux œuvres seules de-
meureront l'/issommoù', qui me paraît un
document de la vie parisienne de réelle va-
leur et cette épopée des luttes sociales Ge:
-mma!.
Les « Rougon-Macquart o. C'est un peu
artificiel et bien loin de l'œuvre de Balzac.
Zola fut cependant un chef d'école; il a
créé un grand mouvement littéraire, mouve-
ment fini, aujourd'hui arrêté, mais c'est déjà
quelque chose d'avoir été chef d'école. ]
Certes, il y a dans ces œuvres des pas-
sages que maintenant revenu a la vérité
religieuse je réprouve absolument, des
passages impurs qui méritent d'être Marnés,
et qui ne serviront pas la mémoire de l'écri- i
vain.. ]
Savez-vous que j'ai présenté ses titres a ]
l'Académie à l'époque où l'An'aire n'existait 1
pas? (
–Et que dirent les immortels? <
Coppée me regarde pendant quelques se-
condes puis (
Il y avait des hostilités. Pour moi je ne (
veux pas oublier les excellentes relations 1
confraternelles que j'ai eues jadis avec l'au- l
teur de Germma!. Notez que je n'ai jamais (
écrit un seul mot contre lui et qu'il ue m'a
jamais pris à partie personnellement.
Voyez-vous devant un cercueil'il faut se
taire rappelez-vous Louis XI apprenant la
mort de son ennemi
E était mon cousin !a cour porte Is deuil. T
Comme, l'entretien va nnir~ François Cop- t t
péeiDSt~chr9tieB.aem.Q&~ i'
S"– Cela me peine beaucoup, dites-le M9)~
Puis comme ne pouvant croire la uouveUo<
–Cette mort est bien belle! Elle est M
inattendue'Oui cela me fait de la peiné
beaucoup de peine et l'au-delà ?
Et, grave, songeant au problème insoluK}~
et angoissant de l'au-delà, le poète me r8*
conduiten silence jusqu'au seuil de sa ra~
traite.– RAYMOND FiGEAC.
La Presse de ce so!r
OFiNic~NS S
La Pa
J'apprends a l'instant la mort d'Emile Zo!&.
Devant cette fin inattendue, notre devoir est
d'oublier un instant le rôle néfaste qu'il a jou~
dans l'an'aire Dreyfus et l'usage détostabio qu'il
Ht, en cette circonstance, de son immense ta-
lent.
A l'heure actuelle, c'est la disparition de )'ëer!"
vain seul qui nous occupe, de celui qui conçut t<
série des Rougon-Macquart. La poliHquo se d6-
harrasso d'un brouiUon la France ne perd pat
un grand citoyen, mais e!Io perd uti grand ro''
maticier.
La Lt&e}'/e
M. Emile ZoJa meurt au moment où son der-
nier roman, Vëi'tM, est en cours de publication,
et ce roman est encore chose triste a dire
une mauvaise action, qu'excusent seulement Ie9
rancunes orgueiUeuses et l'élémentaire organisa-
tion cérébrale de son auteur. Ainsi finit-H triste-
ment, de toutes manières. Et si l'on doit lui ac-
corder la sincère pitié qu'on ne saurait refuser
toute victime d'une douloureuse catastrophe, oa
ne peut pas cependant oublier qu'il mésusa cona-
tammentdclaforce qu'ii possédait et qu'H M,
inconsciemment, beaucoup dé ma! à son pays.
Le Joufna~ des Débats
Zola a été admirable pourfairo vivre une foute,
ponr animer une ville comme dans !7ne .Pa~<
d'amour ou une cathédrale comme dans Io.Rëce,
pour donner une âme aune machine, comme
dans la Bête humaine. Qu'on se rappelle r6-'
meute de Go'nt!??a<, et ces dernières pages où ta,
mine s'efTondre et où Ja terre s'entrouvre, ces p*
ges d'une grandeur terrible, et qui sont peut-être
son chel'-d'œuvro.
Dans la deuxième partie de sa carrièce, il aban<
donna le roman pour écrire, comme il l'a dit. des
évangiles. Le changement fut sensible dans sa
manière. Elle resta copieuse et surabondanta.
Mais c'est à ses premiers romans que së'- repor-
teront dans l'avenir tous ceux qui aiment les ta-
bleaux vigoureux plutôt que nuancés et la forée.
SA_yi~B
it L'enfance. A Pa~ris et a. Aix.
C'est en plein cœur de Paris, au numéro
,'10 de la rue Saint-Joseph, qu'Emile Zola na-
iquit, le 2 avril 1840, d'un père italien et d'une
mère française..
n A sept ans, l'enfant quitta la grande ville
son père allait construire, à Aix, ce canal qui.
r porte'son nom; c'est donc à Aix qu'Emile.~
Zola reçut les véritables premières impres-
sionsdelavie,etc'est là ce qui a pu faire
croire, parfois, à son origine provençale.
A sept ans et demi, Emile Zola, dit l'un.
de ses historiographes, ne savait ni lire ni
écrire; il se refusait à aller à l'école, et ça
fut avec beaucoup de peine qu'on put le con-
duire pour la première fois à la pensioa
° Notre-Dame, à Aix, où il put apprendre onËo,
vers ses huit ans, ses lettres.
A douze ans, Emile Zola entra au collège,.
~et c'est là qu'il écrivit ses premières œuvres~
En/b~cë le pt'on, comédie en trois actes, e~
i -vers, un roman sur les Croisades, et diverses
fantaisies; venu à Paris, pour y poursuivre
'ses études, le futur auteur de I/Œuu?'e se: >
montra assez bon élève; l'une de ses narra-
tions fut, paraît-il, si remarquée par son pro-
fesseur, M. Levasseur, aujourd'hui de l'Ius-
titut, que ce Maître prédit à l'élève Zoit
son talent futur.
Les débuts
Zola, cependant, fut recalé pitoyablement
à l'examen du baccalauréat et dès lors, de-'
vant gagner sa vie, il chercha une place H
en trouva une soixante francs par mois, aux
Docks, rue de la Douane.
Cette place quittée, c'est la misère, la som<.
bre vie de bohème, jusqu'au moment oùit-
entre, en qualité de commis, à la librairie
Hachette, aux appointements de cent francs
par mois cela se passait en 1862.
Deux ans après, Emile Zola publiait lea.
CoH
ou dans des journaux. Ce livre nt peu de~
bruit; il en fut de même de laCon/ëssùm
de C~Mde, pàrue en 1865, du Vœu d'UHa
JHb~c, de Thët'ése Raquw, que publia Arsène;
Houssaye, dans l'~h'~s~e, sous le titre .H~s<
t0t)'e d'.4moM! et d'une étude sur Manet,'
parue aussi dans la même revue.
Je tiens même d'Arsène Houssaye que lea.<.
deux cents francs qui payèrent l'étude sur;j
Manet servirent à désintéresser un créant
cier qui avait saisi les meubles de Zola.
Les Rougon-Ma.cqua.rt
Co fut on 187i qu'Emile Zola .puMia. le pre~
mier volume des Rougon-Macquart )), (his-~
toire d'une famille sous le second Empire;).!
Ce volume, c'était ~a jFor~m.e des Rou~on
~a Cwëe vint ensuite, puis !a Fau~e de ~l~g!
Mouret, 60~ Excs~e~ce Eugène .Rou~on,
Co?t~uete deP!assans, ~e VeH
C'est la publication de l'~issommo!)' quL~
révéla le nom d:Emi!e Zola au grand public
jusqu'à l'apparition de ce livre, l'auteur des'
.Rou~oK-Macquart n'était connu que d'une.
élite ses livres se vendaient péniblement et'
l'on n'en faisait l'éloge que dans des revues
réservées aux g-ens de lettres et aux ar,t.istes~
Mais voici que l'ssommoïr paraît dana le'
jBïe~Pu&Kc.
Aussitôt, une avalanche de lettres de pro-'
testations arriva aux bureaux de cejournalY
les abonnés s'indignaient contre l'immora-
lité de ce feuilleton le B~o~ Pn~Kc dut in-
terrompre la publication de r~sso)nmoM-,
dont la iin parut à la RëpubKque des Le~res~
quedirigeaitCatulleMendès.
Le livre,paru en librairie, obtint un succès
de scandale extraordinaire et c'est alors
que, pour se laver de l'accusation d'immora-
lité qui lui était lancée journellement, Zolx.
publia UKe page d~amoM)', cette œuvre toute
de charme et de poésie.
La. célébrité
Mais l'auteur de l'~issommoï}' revient vite
à ce naturalisme dont il est devenu soudain 16
Grand Maître; il publie A~ana, que le Vo~
taù'e annonce à son de trompes jamais
publicité pareille n'avait été faite pom*
i un roman; des hommes sandwichs chose
~MM~~a ~Mmena~nt suï
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