40 millions de Français » ; « 400.000 avortements par an, c'est la dépopu- lation, la dépopulation c'est la guerre » ; « Tunisia, Corsica, Djibouti ».
— 1939: «La dénatalité, c'est l'effondrement de la Défense natio- nale » ; « Tandis que l'Allemagne grandit, la France n'a aucune politique de natalité » ; « Les contingents militaires français et étrangers ».
Si la Tchécoslovaquie est démembrée par l'Allemagne, c'est qu'elle est un État peu peuplé et malthusien, et Daladier, de retour de Munich, reçoit une lettre, dans laquelle l'Alliance compare la dépression démogra- phique française aux « hautes pressions » allemande et italienne, et sou- ligne le danger. Le numéro de décembre 1938 fait les comptes et lance une prophétie que peu de Français acceptent, dans l'euphorie de la paix sauvée 20. Sous le titre de la revue, un dessin analyse l'axe Rome-Berlin et l'axe Paris-Londres : quatre bébés dont la taille est proportionnelle au nombre des naissances dans leur pays en 1937 (respectivement Allemagne et Italie : 1.413.000 et 992.000 ; France et Royaume-Uni : 696.000 et 724.000). Puis un article 21 met en garde la France contre les revendications terri- toriales d'États plus peuplés, notamment l'Allemagne et l'Italie qui pour- raient très bientôt réclamer l'Alsace et la Lorraine, Nice et la Savoie ou des territoires coloniaux; comme d'habitude l'illustration vient à l'appui de la démonstration, pour mieux frapper l'imagination.
Périodiquement, mais avec une fréquence assez faible, apparaissent les thèmes du « péril rouge » et du « péril jaune », la peur du bolchévisme ou celle de l'invasion des peuples de couleur. F. Boverat a écrit une bro- chure : La race blanche en danger de mort et souligne l'intérêt du livre d'Henri Decugis : Le destin des races blanches. Mais le chauvinisme de l'Alliance nationale se nourrit surtout du péril allemand. Sa position sur les étrangers est ambiguë : jamais elle n'emploie le terme de « métèques », mais elle déplore « l'invasion des ouvriers étrangers », une invasion néces- saire dans le contexte de dénatalité. Aussi milite-t-elle pour la naturali- sation « d'étrangers jeunes et soigneusement sélectionnés » qui peuvent donner des soldats à la France.
Le combat de l'Alliance est un combat nécessaire; pour mieux convaincre, elle se lance dans la prospective.
Une prospective alarmiste.
En 1932, l'Alliance nationale, suppléant à la carence gouvernementale, paie A. Sauvy, statisticien à la Statistique générale de la France, pour qu'il entreprenne une étude démographique prévisionnelle, dont voici les résultats. Deux cas sont envisagés : si la mortalité des adultes baisse de 20 % en trente ans, la mortalité infantile de 50 % en trente ans, pour se stabiliser ensuite et si la fécondité reste celle de 1929-1930, la population
20. Rappelons qu'en septembre 1938 la guerre a failli éclater à propos de la Tchécoslo- vaquie et que la conférence de Munich « sauve la paix » en cédant aux revendications hitlériennes.
21. Revue de l'Alliance nationale, 1938 : « La dénatalité française et les revendications coloniales du Reich ».
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