Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1927-06-26
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 26 juin 1927 26 juin 1927
Description : 1927/06/26 (Numéro 18161). 1927/06/26 (Numéro 18161).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5409273
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 31/03/2008
62» année, 3° série. N° 18161 (5 h, du ITiatîn) PARIS, ET DÉPARTEMENTS: 25 CENTIMES C5 h. dU matïn) 0 ̃̃: DIMANCHE 26 JUIN
EDMOND TARBE ET HENRY DE PÊNE
Fondateurs
ARTHUR* MEVER
Directeur (1879-1924)
ABONNEMENTS
DOIS SHTMOIS W_U
FarUrfOéparltmeaU. 19fr. 38 fr. 75~fr.
Bdlique ci Lvmabmi .36 fr. fr. 140 fr.
fin%cr (Union postale). so jr. f& jr.
Compte CHôqu» Pottal s Pari»
«I SABQNNE OANS TOUS LES BUREAUX 0E POSTl
JOBRNAL DE DÉFENSE SOCIALE LE PÉS PARISIEN DES GRANDS QUOTIDIENS
RENÉ LARA
8. rue Dronot.
tes Annonoes e» Bottâmes «oni règnes dlrotw»^
« •GAULOIS-PUBLICITÉ» a, n» dwmT
Provence SO-O3
TELEGRAPHIQUE t GAULOIS PARU
C'est une liabitude, qu'en sa coquette-
rie Paris a prise, de se montrer la der-
nière semaine de juin dans tous les scin-
tillements de sa beauté. On dirait que
cette ville souveraine répand alors son
parfum le plug captivant pour accom-
ipagner ceux qui s'éloignent d'elle de la
nostalgie de son charme. Sois tranquille,
Ô Paris, tous ceux-là te reviendront qui
n'auront pas changé de planète, avant
l'automne, et tu continueras à les illu-
miner.
Nous avons eu cette année trois
feux d'artifice rué de Sèze, ,au pont des
'Arts et faubourg Saint-Honoré. Avec de
ivraies étincelles trois manifestations
où, dans un, remous de luxe, l'intelli-
gence fut la maîtresse. Car nous ne som-
mes pont quand même des marchands
de (frivolités et de colifichets, et l'on doit
savoir que nous faisons' plus volontiers
le commerce de l'esprit.
Rue de Sèze, à vrai dire, l'argent os-
tensiblement derrière lui monte en
croupie ;et l'esprit se plaint d'ailleurs
clu.'il n'en aille pas plus souvent de la
sorte; Les billets de cent mille voltigent,
les millions tombent en écrasant les cu-
îïeux. On disperse une collection fa-
<̃' trieuse, et c'est l'émeute de la richesse
.autour des splendeurs du passé. Voulez-
vous de la Régence ou du Louis XV ? du
'Louis XIV ou du Louis XVI ? On admire
ce qu'a pu recueillir la volonté d'une
femme et l'on perçoit la valeur où s'é-
lève un objet par la qualité de son met-
teur en scène. Ce dessin, acheté trois ou
quatre cents francs il v a une trentaine
d'années et vendu soixante mille tout à
.l'heure, peut-être dans un siècle ne vau-
:dra-t-il que deux ïauis, s'il perd son ca-
dre et son atmosphère, et redevient tris-
tement une image poudreuse.
Si l'on peut songer à quelque .chose
en sortant de cette fournaise, on de-
meure dans l'étonnement de la grandeur
du passé et de ce que firent, pour nous
les descendants, les artistes et les arti-
sans d'alors, cependant que l'inquié-
tude nous pénètre de ce que nous fai-
sons pour l'avenir tant d'indiscipline,
[tant d'incohérence. En tournant le coin
xiela .rue de Sèze,une., .fusée. Dans le:
,:plus élégant des cardes .et le plus fém'î-"
.Iiin, on joue .une petite pièce d'un
i'BohanrÇhaJîpt, toute pleine,, en sa lan-
Igue délicate, d'un'e -csychologie acérée,
,et de ces maximes où s'essayèrent avec
succès Jean de La Bruyère eut François
de La Rochefoucauld, témoignage
¡heureux de ce bouillonnement intellec-
tuel où se retrempent da nos jours les
plus grands noms de l'histoire, et qui
porte un Broglié vers les austérités de la
science ou un La Rochefoucauld vers les
voluptés de la pensée. ̃
Tandis que dans une salle de vente
bondissaient les enchères autour de la
Beauté, le tumulte des acclamations re-
tentissait au Palais Mazarin, sous.cette
Coupole que chaque année fait plus glo-
rieuse en y déversant du passé. L'épée
au côté, un poète montait au Capitole.
Il y montait pour célébrer, dans la jeu-
nesse encore de sa maturité, non loin
de soutanes illustres, l'office laïque et
funèbre du maître du Lys rouge. Ecri-
¡vain raffiné aux saveurs mystérieuses,
qui tient de Descartes et de Mallarmé,
sès deux maîtres, le pouvoir accumulé
du limpide et de l'inaccessible, il mon-
;tait comme en un ciel pur. Maintenant
!fil a touché ,le sommet le Forum s'étend
'à'ses pieds.
La. Fortune longtemps le laissa tra-
vailler en silence.. Puis un jour pareil
ià tous les autres elie l'enleva d.ans
une « auto » de luxe à la vitesse du
itemps. Fut-ce .pour ses cheveux déjà
gris ou pour son sourire bleu ? fut-ce
pour l'onde fuyante de ses vers ou pour
le, solide métal de sa prose? pour un
geste, pour un mot, pour un accent? La
'Fortune ne livre point le secret de ses
caprices. Mais, avec une simplicité de
savant, le poète, happé par le succès,
;avait gardé le rythme discret de la mo-
déstie, puisqu'en entrant dans l'Assem-
blée verte il vit son œuvre, un instant,
sous la forme d'une pincée de cendres.
Plus fort qu'elle, il défiait dès alors la
(Fortune inconstante. N'eût-il pas dû par
là 'désorienter ses envieux, puisque,
hélas pour jouer ces rôles il est toujours
des acteurs? N'eût-il pas dû calmer la
ifureur d'enfantins disciples, épris du
chaos, qui ne voyaient en lui qu'un dé-
̃̃ en armes pour ce qu'il apportait
son hommage au temple de l'Ordre ?
Sans assurance excessive, on peut sup-
poser toutefois que ce qui sut tenter la
mode et ceux qui la font ou; la suivent,
ce fut, à la manière d'un titre de no-
blesse, une qualité d'auteur difficile. Il
s'agit dans son enthousiasme de se dis-
itihgùer du commun. Comme il fait bon
'de monter en un clair-obscur les étages
de l'esprit et que l'on s'en flatte, on
grimpe, on grimpe l'on comprend tou-
jours quelque chose parfois autour d'un
.rien, et le poète sourit à la Destinée.
Tiens une fusée. C'est un nouveau livre
de. Lavedan qui pétille, où, dans la
mousse des dialogues, se .poursuit par
un charmant chasseur, qui partout le
'dépiste, l'égoïsme des hommes. Ainsi les
voyages nous changent de climat. Son-
geurs ou rieurs, de nuages en rayons,
qui dira de combien d'éléments se com-
pose, multiple et mobile, le visage hu-
main?. Une autre fusée. Passe le roi
«^Espagne.
.Même bruit de fête au faubourg Saint-
Honoré. C'est un poète encore autour
duquel l'on s'anime et, s'agite. Vive la
lyre d'Ajpollorf pour nous réjouir ainsi
etque les dansent en
son honneur 1 « Que me parlez-vous de
poète, monsieur, quand vous m'arrêrez
devant une exposition de peinture? Je lis
bien cinquante pastels. Vous lisez
bien, mais je vous citerais, si j'osais par-
leur latin, la fin d'un vers célèbré
Ut piciura poesis, tel Michel-Ange en
son-temps écrivait des sonnets,
vous dis en français que nous sommes
chez un éblouissant poète, chez un poète
entre tous illustre au féminin. Entrez!
Entrons
Des fleurs des fleurs des fleurs!
Hyacinthes et. narcisses, jonquilles et
campanules, anémones, violettes et
pensées, cinéraires et calcéolaires. et
des hortensias, des rosés et des dahlias
tous les murs sont en fleurs. Et vous,
cabarets-des-oiseaux, dont demandait
un jour le plus spirituel des prêtres à
devenir l'aumônier. Toutes cueillies par
une femme et-peintes par un poète.
Ayant toutes pour signature une arabes-
que éperdue, qui enlace d'abord tant
qu'elle est sur la terre, et, s'envole, vers
le ciel. Sur des fonds clairs, sur des
fonds sombres, de l'or au brun,' de
l'amarante au bleu, en des vases'
d'orient ou d'occident d'un goût af-
finé, le poète aux yeux immenses et .si
mobiles que tout en elle regarde, a, de
ses doigts menus et précieux, en mode-
lant de la poussière fait vivre des fleurs.
Sans savoir, sans vouloir, à traits rapi-
des, par la force de -l'instinct, qui crée.
Et. avec une telle simplicité qu'il a fallu,
pour que s'exposât le poète, le marrai-
nage d'une fée dont le sourire com-
mande.
Ce qui me frappe dans le jardin sus-
pendu du faubourg Saint-Honoré, c'est
l'intimité du peintre et de ses modèles'
Ils se confient tous les secrets de leur
vie. Ces fleurs vibrent, elles éprouvent
des sensations, peut-être des sentiments,
et le peintre déchiffre leur mystère avec
la sensibilité du poète. Elles causent, ces
fleurs, elles s'attirent, se rapprochent,
se séparent. Voyez ces. pavots liés qui
frissonnent d'être ensemble. Ce sont
jeux de la nature auxquels ne se mêle
point ordinairement un peintre, que ses
principes entraînent ailleurs. Il ne faut
pas trop médire des femmes. J'étais en
train de penser qu'elles n'atteignent en
art jamais au plus, haut, quand on
m'avertit qu'un portrait de Mme La-
bille-Guiard vient de se vendre cinq cent
mille francs.
Maintenant que j'ai tout dit, et que
minuit va .-bientôt, sonner,' allons rejoip-
dre Balzac et Delacroix au bal de
l'Opéra. Pourvu au moips que Delphine
de Giràrdin soit la ''Car, sans les
Etienne Bricon
{LA VIE. QUi PASSE
La Brinçlille d'Or"
Aujourd'hui, dans tout Paris, une quête aura
lieu. Son caractère d'utilité publique et de piété
nationale est trop grand pour que chacun, sans
distinction d'opinion, songe à se soustraire au
devoir qu'elle impose.
Il s'agit de l'œuvre de la Brindille d'Or,
constituée, sous la présidence d'honneur .de
S. A. R. Madame la Duchesse de Vendôme,
au profit des ascendants pauvres des militaires
de tous grades morts pour la France. La baronne
de Laumont et la maréchale Foch sont respecti-
vement présidente et vice-présidente du comité
de, Paris.
Des Françaises, dont les fils sont tombés au
champ d'honneur, ont considéré comme une
consolation et un devoir de perpétuer le souvenir
de ces enfants. Elles résolurent donc après la
guerre de porter à la Monnaie, pour soutenir le
crédit national, l'or de leurs bijoux et celui
qu'elles purent récolter. Cet or, transformé en
rentes, sert à créer des arrérages viagers pour
les ascendants pauvres et infirmes, payés' en
une seule fois, le jour des Morts. Le montant
de ces arrérages annuels, fixé à 400 francs,
s'ajoute à ta modique pension servie par l'Etat:
francs pour un ménage, autant pour les
mères veuves, et 720 francs pour un père.
Ainsi c'est en un or pur que le plus pur des
sangs s'est changé.
En dépit des fondations et des dons qui se
sont ajoutés à elles, les bourses fondées de-
viennent insuffisantes. Des détresses croissantes
submergent les disponibilités de l'Œuvre et
tarissent ses ressources. Il a donc fallu créer,
à côté des pensions perpétuelles qui exigent un
fort capital, des bourses mobiles et annuelles
réparties à la même époque que lés autres,
concédées pour cinq ans et renouvelables tout
de suite.
C'est pour venir en aide à la misère inavouée
de ceux et celles qui ont sacrifié à la France
la chair de leur chair que des bourses se ten-
dront aujourd'hui, dans Paris, vers nous tous.
Qu'aucune ne soit présentée vainement: un
geste de refus serait un sacrilège.
La vie des braves gens pour lesquelles seront
versées les oboles fut faite de sacrifices conti-
nuels,, de privations pour que l'enfant grandisse
heureux, s'instruise, embrasse un bon métier,
connaisse une destinée plus facile que celle des
« vieux » et cette vie de mérite et d'espoir
fut soudain couronnée par un sacrifice suprême,
qui l'a décapitée.
Ceux qui pour toujours sont partis, dans le
reflet ensoleillé d'août 1914, trouveraient, s'ils
revenaient, leurs parents vieillis, courbés et las.
Sur les tempes plus ridées, sur les cheveux
blanchis qu'ils embrassaient jadis, il ne faut pas
que le dur combat humain accentue davantage
encore les marques de la douleur. Aux fils
tombés pour que le pays survive, nous devons
épargner l'affreuse injustice d'être humiliés dans
la personne des leurs. Ces pères,- ces mères,
ont préparé, formé les sauveurs du sol, ils en
ont fait des héros qui, au jour inscrit, étaient
prêts. Et nous devons écarter la déchéance ma-
térielle des foyers où naquit l'exemple du devoir.
Quand les conscrits de la classe 14 et les
« bleuets » qui suivirent allaient à l'école, ils
récitaient des vers de Victor- Hugo aux classes
de diction et pensaient déjà, virilement, avec
le poète,
Que, quand on est petit, la mère. surtout veille,
Mais que plus tard on la détend,
Et qu'elle aura besoin, quand elle sera vieille,
D'un homme qui soit son enfant.
Aujourd'hui, dans maints foyers désolés par
l'absence et le regret'.d'un jeune rire, des
femmes humbles et solitaires verront réappa-
raître un jeune corps ^sanglant, mais il leur
apportera le secours de la o Brindille d'Or »
comme un tribut et commè un laurier.
Tout-Paris
Les Échos
L'éclipsé de soleil de mercredi.
C'est le grand événement en Angle-
terre. L'éclipse sera totale, mais pas sur
toute l'étendue du.pays. L'endroit d'où
l'on pourra l'observer le mieux se trouve
dans le nord et n'a qu'une étendue de
quelques kilomètres en longueur. L'évé-
nement suscite un tel intérêt qu'on as-
nonce que plus de 250,000 personnes
arriveront dès mardi dans cet endroit,
car il faut se lever à six heures du
matin mercredi pour bien jouir du
spectacle. ̃
Etant donné le petit nombre d'habi-
tations et le manque d'hôtels, les Com-
pagnies de chemins de fer ont pris leurs
mesures. Cent vingt trains spéciaux
sont déjà prêts ils seront pourvus de
wagons-lits, de restaurants, de victuail-
les en quantité. Et ce ne sera pas en-
core suffisant. On installera'des cuisi-
nes en plein, air et des tentes avec lits
ou sofas pour abriter cette multitude
d'observateurs.
Le camp des astronomes se trouve,à à
Yggleswick, dans le Yorkshire. Tous
les astronomes d'Angleterre et des co-
lonies, et d'autres venus de tous les
pays, s'y sont déjà rendus.
Le musée napoléonien à Rome.
Le gouverneur de Rome a décidé que
le musée napoléonien, laissé par lé
comte Giuseppe Primoli à la ville de
Rome, serait prochainement ouvert au
public.
Ce musée contient de nombreux ob-
jets ayant appartenu à Napoléon et à
sa famille, la bibliothèque de Sainte-
Hélène, les portraits faits par Gérard,
David, Robert, Wicar, Fabre, Kings-
ton des bustes et statues de Canova,^
Houdon, Marni des miniatures d'Isa-
bey, de Chatillon, de,Fua, d'Ingres, de
Wicar, de ta princesse Caroline et des
autres membres de la famille impé-
riale, y compris des dessins de Napo-
léon III.
II y a aussi le grand Gobelin qui de-
vait être placé dans la salle du trône
et sur lequel, au palais duQuirinal, Na-
poléon devait s'asseoir s'il était venu à
Rome la fameuse tabatière de
Louis XVI, des monnaies de César,,
Pompée et Auguste.
La carence des postes.
un avis l'invitant à aller retirer au bu-
reau postal du boulevard Haussmann,
en face-de l'avenue de Messine, un colis
venant de l'étranger et d'un « transport
difficile Notre ami. qui habite rue
Christophe-Colomb, aux Champs-Ely-
sées, se rendit au bureau. Et là, on lui
délivra un paquet de librairie ne me-
suçant que et ne pesant que
1,200 grammes.'
Comme il demandait des explications,
eri se plaignant du long déplacement
qui lui avait été imposé, on lui répondit
que les facteurs étaient fatigués. Cette
réponse fait rêver. quand on pense qu'à
l'étranger, des malles sont expédiées et
livrées par la poste.
En outre, il y avait 1 fr. 50 à débour-
ser pour frais de douane, et notn ami
dut verser 3 fr. 50. Pourquoi ? Le sup-
plément était-il le prix de la course que
ne fit: point le facteur ?
Il y a dans tout cela un véritable abus
qu'il nous suffira, nous en sommes
convaincus, de signaler pour qu'il né
se renouvelle pas.
` Des églises dans les gratte-ciel.
Le conseil de fabrique de trois égli-
ses de-New-York a décidé de les démo-
lir, d'en vendre le terrain et de les re-
construire dans les étages supérieurs
des gratte-ciel. C'est une économie qui
représente des millions de dollars. Cha-
cune de ces églises coûtera la somme de
dix millions de francs or mais c'est
pour rien, car la vente du terrain, une
fois les églises démolies, rapportera dés
millions de dollars, vu l'augmentation
phénoménale du prix des terrains à
New-York depuis quelques années.
Et tout cela est très américain.
TEMPÉRATURE
Probabilités pour la journée du 26 juin~~
Région parisienne: vent ouest à nord-ouest
assez fort; pluies suivies d'éclaircies et d'averses.
Température stationnaire.
AUJOURD'HUI
14 heures. Courses à Longchamp (Grand
Prix de Paris).
L'ineident serbo-albanais
est terminé
Rome, 25 juin.
Les journaux sont informés que le gou-
vernement de Tirana répondra à la note
des puissances qu'il accepte la solution
proposée. On espère que demain tout sera
réglé. Le drogman sera remis en liberté
et le représentant français à Tirana re-'
mettra au gouvernement albanais une
nouvelle note de la part du gouvernement
yougoslave.
Le coup d'Etat de Yunnan-Fou
Yunnan-Fou, 25 juin.
j Le général Hou Jpu'Yu, qui s'est emparé
,de. la présidence du Directoire, le 14 juin,
après avoir fait prisonnier son collègue,
le général Long Yun.'efqûi, après la mé-
diation du consul de France, àvait promis
de Jaisser son adversaire gagner le Tonkin
sain et sauf avec sa famille, vient de chan-
ger d'avis et décidé, de le garder comme
Le Coq
otage en raison de l'attitude douteuse de
.certaines troupes restées fidèles au général
Long Yum, dans les environs de Yumman-
Le chiffre des victimes du coup d'Etat du
14. juin s'élève à 400 tués et 600 blessés. Le
calme complet règne à Yunnan-Fou, où la
communauté française est indemne. Les
trains circulent normalement.
LES NÉGOCIATIONS COMMERCIALES
FRANCO-ALLEMANDES
Berlin, 25 juin.
Le Boërs en Kurier apprend qu'à la der-
nière minute les efforts réciproques des dé-
légations commerciales française et alle-
mande ont réussi à éviter une rupture des
négociations. La délégation allemande con-
tinuera à. rester à Paris et à y poursuivre
les négociations. Celles-ci viseront à la
conclusion d'un accord provisoire fondé
sur le principe de la, nation la plus favo-
risée.
Il semble, déclare l'organe démocrate,
que la délégation allemande persiste moins
à réclamer la conclusion d'un accord pro-
visoire d'une durée minimum d'un an. On
pense que les nouvelles négociations abou-
tiront à un résultat positif au début de
juillet
Le départ du Roi d'Espagne
«.' M. le roi Alphonse XIII, se rendant à
Londres, a quitté Paris hier, à midi, par
le train de luxe Paris-Calais.
Le souverain, qui est accompagné durant
tout'son voyage par le duc de Miranda et,
jusqu'à son arrivée à Calais, par S. Exc.
M. Quinones de Leon, ambassadeur d'Es-
pagne, est arrivé à la gare du Nord à j
11 h. 30. Il a été salué, avant le départ
du train, par le générale Lasson, de la mai.
som militaire du président de la Républi-
que S. Exe. lord Crewe, ambassadeur de )
Grande-Bretagne MM. P. de Fouquières,
directeur du protocole Bouju, préfet de la
,Seine Chiap>pe, préfet de-police; Mgr Me-
rio, de l'archevêché, et par tout le haut
personnel :de l'ambassade d'Espagne et tes
personnalités de la colonie espagnole à Pa-
ris, ainsi que par les hauts fonctionnaires
de la Compagnie des chemins de fer du
Nord.
Dans la matinée, le roi Alphonse XIII
avait visité la cité universitaire, où des
terrains ont été achetés pour y construire
la 'Maison espagnole des étudiants.
Le photographe Taponnier et son fils ont
eu la faveur dé photographier S. M. le roi
Alphonse XIII à J'ambassade d'Espagne, à
dix heures du matin.
Le Roi est arrivé hier soir à Londres en
ga^j de;; Victoria, à 19 h. 24, accompagné
du;dnp de Miranda.
'Le souverain, a été salué à sa descente
du trahi par S. M,, le roi George V; le
.prince de Galles et te prince George. Un
représentant de l'ambassade d'Espagne et
de nombreux membres de la colonie espa-
gnole de Londres étaient également pré-
sents.
Après les présentations d'usage, le Roi
s'est rendu à l'hôtel Claridge.
La pacification de la Syrie
Jérusalem, 25 juin.
Soltan Attrache, le chef militaire des
révoltés druses, qui, jusqu'ici, avait tenu la
campagne contre nous, sur le territoire, de
la Transjordanie, vient de passer dans le
royaume du Nedj, sur l'invitation d'Ibn
Séoud, roi du Nedj et du Hedjaz.
Après la capture du chef politique de la
révolte druse Abd ul Gaffan Attrache, dis-
paraît ainsi le dernier chef des rebelles.
Le Grand Prix de Paris
Voici la liste des chevaux avec leurs
montes qui prennent part aujourd'hui à
cette grande épreuve
SOU DU FRANC. Amossé
TRIE LA VILLE, R. Luquet
W. Lister
SAINT, BARNABE. F. Rovella
FEMMORE E. Chancelier
TALISMAN.
-A. Eslln;
F.
BOUDA A. Sharp
FLORI W.
LE TORIL. Allemand
FLAMANT, S. Donoghue
ACCALMIE
RIVE DU E. Gardmer
EzPILONDE R. Brethès
ROYAL Jennings
On trouvera en deuxième page nos ap-
préciations sur les titres des concurrents
et nos pronostics.
A LA RECHERCHE DE NUNGESSÈR
Encore un bruit.
Londres 25 juin.
Le correspondant de YEvening Standard
à Québec, télégraphie que, d'après une
nouvelle qui attend encore confirmation et
qui viendrait de Chicoutimi, des trappeurs
canadiens arrivés hier à Roberval ont dé-
claré avoir aperçu une bande d'Indiens
transportant avec eux deux hommes blancs
dont l'identité leur est inconnue.
.Cette nouvelle a ranimé l'espoir que les
deux inconnus pourraient être les avia-
teurs français Nungesser et Coli,
Le mouvement de la population en France
D'après les statistiques communiquées
par le ministère du travail, le mouvement
de la population en France (90 départe-
ments) au cours des premiers trimestres
1927 et 1926 est lesuivamt:
Nombres provisoires
le' trimestre le' trimestre
•<̃ 1927 1926
Mariagses 69.497 68.323
'Divorce. 3.909 4.304
Naissances d'entants
i vivants 189.575 195.467
7.997
Décès de moins d'un
an 18.987 16.474
Décès d'un an et plus 202.840 169.902
Décès au total. 186.376
Excédent ou déficit
des naissances. –32.252
UNE FANTASTIQUE
MM. Léon Daudet, Delest et le communiste Semard
libérés par les Camelots du Roi
LES MINISTRES DÉLIBÈRENT, RÉVOCATION DU DIRECTEUR DE LA SANTÉ
La surprise
de midi
Les camelots du Roi ont tenté et
réussi hier une opération dont l'audace
n'eût point été désavouée par Arsène
Lupin.
Comme on le verra plus loin, ils ont,
par une ingénieuse mystification, ob-
tenu la levée d'écrou de M. Léon Dau-
det et de son collaborateur M. Delest.
Par la même occasion; ils ont jugé
utile au succès de leur entreprise de
libérer aussi le communiste Semard,
vice-président de la IIIe Internationale
et secrétaire général de V'Humœnité, in-
culpé comme on sait de propagande'an-
l tifrançaise lors des derniers troubles du
j Maroc.' ̃ ̃ •
Nous avons ici, en même temps, que
la plupart de nos confrères, exprimé
avec trop de netteté notre sentiment sur
l'iniquité de la condamnation, et de l'ar-
i restation du directeur de l'Action Fran-
| ç aise pour prendre trop au tragique au-
jourd'hui, en ce,qui le concerne, un
« enlèvement » dont on ne saurait con-
teste)!' qu'il fut spirituellement conçu et
habilement exécuté. Nul doute que les
humoristes qui ourdirent ce petit com-
plot n'aient les rieurs dé leur côté.
Mais le rire ne saurait dispenser de
quelques réflexions inspirées par des
considérations sérieuses d'intérêt géné-
ral.
D'abord, l'événement d'hier, qui, il
faut bien le reconnaître, met le gouver-
nement en posture assez ridicule, révèle
d'une façon singulièrement troublante
l'absence de cohésion et de vigilance
dans nos services publics, l'insouciance
de leurs agents, peut-être même l'exis-
tence de complicités diverses. Que
penser, en effet, do ce directeur de la
Santé qui libère ses prisonniers et
quels prisonniers •– sans,exiger d'or-
dre écrit,et sur simples instructions té-
léphoniques, fussent-elles formulées l'par
le ministre lui-même? Comment admet-
tre que les conspirateurs aient pu pen-
dant une heure et demie supprimer les
communications téléphoniques du mi-
nistère de l'intérieur, en bloquer les
lignes, sans que personne s'en sont
aperçu ? Le moins que l'on puisse dire
de l'aventure, c'est que le principe d'au-
torité n'en sort point renforcé. Le seul
fait qu'une telle mystification ait été si
aisément réalisée atteste l'usure et le dé-
traquement des principaux rouages ad-
ministiratifs. Cela ne laisse pas d'être
quelque peu inquiétant pour la sécurité
des personnes et des biens dans les
temps troublés que nous traversons.
On regrettera, d'autre part, qu'un
communiste d'importance, dont l'acti-
vité révolutionnaire est notoire, ait été,
pour la vraisemblance de la comédie,
rendu à la circulation car il convient
aussi de calculer toutes les conséquen-
ces morfales de l'escapade d'hier.
René Lara
Notre enquête au Ministère de l'intérieur,
à 'l'Action française et à la Santé
PAR M. GAËTÂN SANVOISIN
Hier, M. Léon Daudet est sorti de la
prison de la Santé dans des circonstan-
ces peu communes.
Où le téléphone est roi
Hier, à midi un quart, M. Catry, di-
recteur de la prison de la Santé, était
appelé au téléphone. « Allô ne quittez
pas, lui disait une voix. M. le ministre
de l'intérieur désire vous parler. » M.
Catry attendait durant quelques secon-
des, et, bientôt « C'est le ministre qui
est à l'appareil. Voici. Nous venons de
décider, en conseil des ministres, la, li-
bération immédiate de MM. Léon Dau-
det, Delest et Semard. Vous accomplirez
votre mission il- l'égard des détenus (roya-
listes d'abord, puis l'égard du com-
muniste. Veuillez agir vite, car nous dé-
sirons prévenir toute manifestation sur
la voie publique. Dans une demi-heure
vous voudrez bien faire téléphoner à
mes services pour le rapport. Je pars
déjeuner, mais les renseignements que
vous communiquerez me seront trains-
mis d'urgence. » M. Catry, perplexe et
quelque peu méfiant, patientait pendant
une dizaine de minutes et demandait, à
son tour, le ministère de l'intérieur. La
communication s'établit aussitôt. « Je
désire parler à M. Sarraut. C'est le di-
recteur de la Santé. » Attente brève,
puis, au bout du fil « J'écoute. C'est
M. Catry 2 « Oui. » Ici, un attaché
du cabinet. » « Est-il vrai, monsieur,
que je doive libérer sans retard MM.
Daudet, Delest et Semard ? L'ordre étant
inattendu, je tiens à me le faire confir-
mer. » « Mais agissaz vite. monsieur le
directeur Le ministre, qui vient de
partir, vous a téléphoné devant moi. La
décision ne fait aucun doute. Procédez à
la levée d'écrou sans papiers, comme
pour Giràrdin..» Èn effet, il y a huit
jours, le communiste Giràrdin, qui faisait
la grève de la faim, fut libéré par un
ordre transmis téléphoniquement, et
sans les formalités usuelles. Alors M.
Catry, rassuré, raccrocha le récepteur,
coiffa son képi galonné-d'argent et alla
aviser de la bonne nouvelle MM-' Dau.
det et Delest, qui étaient à table, puis «M.
Semard. Les préparatifs furent prompts,
les adieux, cordiaux; abrégés, et les por-
tes de la prison s'ouvrirent toutes gran-
des. Les deux agents qui sont habituel-
lement de service non loin arrêtèrent un,
instant la circulation. Le chauffeur
d'une automobile qui stationnait non
loin fut hélé, les libérés prirent place
dans la voiture et, précédant M. Se-
mart qui (respect scrupuleux des ins-
tructions officielles) devait partir une
demi-heure plus tard MM. Daudet et
Delest roulèrent dans une direction.
demeurée inconnue. M. Catry télépho-
nait aux services pénitentiaires que sa
mission était accomplie. Un fonction-
naire aimable prenait note et remer-
ciait. Le tout n'avaiit pas demandé une
heure.
Peu après, M. Catry était convoqué
au ministère de la justice, où M. Mou-
ton, directeur des affaires criminelles,
lui faisait connaître qu'aucune mesure
de libération n'avait été prise en faveur
des prisonniers.
Une mystification organisée
Or, le ministère de l'intérieur et la
Sûreté générale n'étaient pour rien
dans toute cette affaire. D'après ce
qu'on nous a dit à l'Action Française,
les camelots du Roi s'taient assuré de
onze lignes téléphoniques, parmi les
douze qui fonctionnent au ministère de
l'intérieur, et s'étaient partagé la be-
sogne de telle sorte que nulle d'entre
elles pût être libre pendant le laps de
tempes nécessaire, à l'exception d'une
seule. Cette dernière devait évidem-
ment jouer entre des comparses,
dont l'un brancherait la communica-
tion sur celui ou ceux qui fi-
gurerait tour à tour le ministre de l'in-
térieur et l'un de ses collaborateurs.
Ainsi la place Beauvau et la rue des
Saussaies se trouvaient placées télépho-
niquement, pendant une heure, sous la
surveillance discrétionnaire d'adversai-
res habiles et facétieux, et une note du
téléphoniste de service çonfirme les
deux communications du directeur de
la Santé, ajoutant qu'elles furent trans-
mises à M. Auge, secrétaire de la direc-
tion pénitentiaire II faut donc admet-
tre que c'est dans cet intervalle même,
et à l'aide d'un subterfuge dénotant un
rare sang-froid, que la substitution de
X. fut apportée, à son insu, à M<
Auge. Cet X. mystérieux, où le si-
tuer ? Au standard du ministère ? A la
Sûreté générale ? Au central téléphoni-
que ? Enigme. Mais un homme bien
surpris, ce fut M. Renard, directeur de
la Sûreté, quand il revint à ses bureaux
et qu'il apprit l'événement. Sans per-
dre une minute, il se fit conduire à la
mairie du dix-huitième arrondisse-
ment, où M. Sarraut assistait M. Poin-
caré pour l'inauguration d'une stèle-
souvenir aux morts de la guerre. Là,
enfin, le gouvernement fut mis au cou-
rant. Et quand, tard dans l'après-
midi, le ministre de l'intérieur et la
Sûreté générale reçurent les journalis-
tes, ils ne purent qu'examiner les ver-
sions que nous donnons plus haut, et
ajouter que le cabinet, en conseil' avi-
serait.
Les premières conséquences
Un conseil de cabinet
Cependant, place de Rome, devant
l'immeuble de l'Action Française, une
foule croissante ne cessait de, manifes-
ter sa curiosité, et une nuée de visi-
teurs envahissait les bureaux du jour-
nal. Aux fenêtres, un énorme drapeau
tricolore était hissé. Et M. Pujo, dans
son cabinet de rédacteur en chef, répé-
tait intarissablement aux représentants
successifs de la presse une 'identique
narration de l'enlèvement de M. Léon
Daudet.
Quant aux membres du gouverne-
ment, ils se réunissaient en conseil de ca-
binet au ministère des finances, sous la
présidence de M. Raymond Poincaré.
La séance, commencée à dix-neuf heu-
res, prenait fin à vingt heures quinze.
En sortant du conseil, M Louis Bar-
thou, garde des sceaux, déclarait que le
directeur de la prison de la Santé était
suspendu de ses onctions. Il est tra-
duit, ajoutait le ministre de la justice,
devant un conseil de discipline ainsi que
les règlements m'obligent à le faire. En
outre, je fais ouvrir une instructions sur
les, conditions dans lesquelles les trois
détenus ontété mis en liberté. » De son
côté, M. Albert Sarraut, questionné sur
les suites que le gouvernement enten-
dait donner à l'affaire, répondait
« Une enquête est ouverue. Vous me per-
mettrez de ne pas répondre à vos ques.
tions tant que je n'aurai pas été saisi du
résultat. »
Et MM. Daudet, Delest et Semard, où
étaient-ils durant ce temps ? Les deux
premiers, en lieu sûr, affirment tran-
quillement leurs amis, qui ajoutent
C'est dans l'ignorance complète des
conditions où ils recouvraient la liberté
que nos chers prisonniers partirent. On
ne leur révéla le stratagème que trois
quarts d'heure :.près la chose faite.
Nous ne pouvions agir autrement. L'in-
carcération da Daudet se prolongeait
d'une façon que nous estimions inique
et intolérable et le déplacement immi-
nent et singulier du restaurateur chargé
de ses repas nous faisait craindre pour
sa vie. Mais la générosité avec laquelle
il s'était rendu nous faisait craindre
EDMOND TARBE ET HENRY DE PÊNE
Fondateurs
ARTHUR* MEVER
Directeur (1879-1924)
ABONNEMENTS
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RENÉ LARA
8. rue Dronot.
tes Annonoes e» Bottâmes «oni règnes dlrotw»^
« •GAULOIS-PUBLICITÉ» a, n» dwmT
Provence SO-O3
TELEGRAPHIQUE t GAULOIS PARU
C'est une liabitude, qu'en sa coquette-
rie Paris a prise, de se montrer la der-
nière semaine de juin dans tous les scin-
tillements de sa beauté. On dirait que
cette ville souveraine répand alors son
parfum le plug captivant pour accom-
ipagner ceux qui s'éloignent d'elle de la
nostalgie de son charme. Sois tranquille,
Ô Paris, tous ceux-là te reviendront qui
n'auront pas changé de planète, avant
l'automne, et tu continueras à les illu-
miner.
Nous avons eu cette année trois
feux d'artifice rué de Sèze, ,au pont des
'Arts et faubourg Saint-Honoré. Avec de
ivraies étincelles trois manifestations
où, dans un, remous de luxe, l'intelli-
gence fut la maîtresse. Car nous ne som-
mes pont quand même des marchands
de (frivolités et de colifichets, et l'on doit
savoir que nous faisons' plus volontiers
le commerce de l'esprit.
Rue de Sèze, à vrai dire, l'argent os-
tensiblement derrière lui monte en
croupie ;et l'esprit se plaint d'ailleurs
clu.'il n'en aille pas plus souvent de la
sorte; Les billets de cent mille voltigent,
les millions tombent en écrasant les cu-
îïeux. On disperse une collection fa-
<̃' trieuse, et c'est l'émeute de la richesse
.autour des splendeurs du passé. Voulez-
vous de la Régence ou du Louis XV ? du
'Louis XIV ou du Louis XVI ? On admire
ce qu'a pu recueillir la volonté d'une
femme et l'on perçoit la valeur où s'é-
lève un objet par la qualité de son met-
teur en scène. Ce dessin, acheté trois ou
quatre cents francs il v a une trentaine
d'années et vendu soixante mille tout à
.l'heure, peut-être dans un siècle ne vau-
:dra-t-il que deux ïauis, s'il perd son ca-
dre et son atmosphère, et redevient tris-
tement une image poudreuse.
Si l'on peut songer à quelque .chose
en sortant de cette fournaise, on de-
meure dans l'étonnement de la grandeur
du passé et de ce que firent, pour nous
les descendants, les artistes et les arti-
sans d'alors, cependant que l'inquié-
tude nous pénètre de ce que nous fai-
sons pour l'avenir tant d'indiscipline,
[tant d'incohérence. En tournant le coin
xiela .rue de Sèze,une., .fusée. Dans le:
,:plus élégant des cardes .et le plus fém'î-"
.Iiin, on joue .une petite pièce d'un
i'BohanrÇhaJîpt, toute pleine,, en sa lan-
Igue délicate, d'un'e -csychologie acérée,
,et de ces maximes où s'essayèrent avec
succès Jean de La Bruyère eut François
de La Rochefoucauld, témoignage
¡heureux de ce bouillonnement intellec-
tuel où se retrempent da nos jours les
plus grands noms de l'histoire, et qui
porte un Broglié vers les austérités de la
science ou un La Rochefoucauld vers les
voluptés de la pensée. ̃
Tandis que dans une salle de vente
bondissaient les enchères autour de la
Beauté, le tumulte des acclamations re-
tentissait au Palais Mazarin, sous.cette
Coupole que chaque année fait plus glo-
rieuse en y déversant du passé. L'épée
au côté, un poète montait au Capitole.
Il y montait pour célébrer, dans la jeu-
nesse encore de sa maturité, non loin
de soutanes illustres, l'office laïque et
funèbre du maître du Lys rouge. Ecri-
¡vain raffiné aux saveurs mystérieuses,
qui tient de Descartes et de Mallarmé,
sès deux maîtres, le pouvoir accumulé
du limpide et de l'inaccessible, il mon-
;tait comme en un ciel pur. Maintenant
!fil a touché ,le sommet le Forum s'étend
'à'ses pieds.
La. Fortune longtemps le laissa tra-
vailler en silence.. Puis un jour pareil
ià tous les autres elie l'enleva d.ans
une « auto » de luxe à la vitesse du
itemps. Fut-ce .pour ses cheveux déjà
gris ou pour son sourire bleu ? fut-ce
pour l'onde fuyante de ses vers ou pour
le, solide métal de sa prose? pour un
geste, pour un mot, pour un accent? La
'Fortune ne livre point le secret de ses
caprices. Mais, avec une simplicité de
savant, le poète, happé par le succès,
;avait gardé le rythme discret de la mo-
déstie, puisqu'en entrant dans l'Assem-
blée verte il vit son œuvre, un instant,
sous la forme d'une pincée de cendres.
Plus fort qu'elle, il défiait dès alors la
(Fortune inconstante. N'eût-il pas dû par
là 'désorienter ses envieux, puisque,
hélas pour jouer ces rôles il est toujours
des acteurs? N'eût-il pas dû calmer la
ifureur d'enfantins disciples, épris du
chaos, qui ne voyaient en lui qu'un dé-
̃̃ en armes pour ce qu'il apportait
son hommage au temple de l'Ordre ?
Sans assurance excessive, on peut sup-
poser toutefois que ce qui sut tenter la
mode et ceux qui la font ou; la suivent,
ce fut, à la manière d'un titre de no-
blesse, une qualité d'auteur difficile. Il
s'agit dans son enthousiasme de se dis-
itihgùer du commun. Comme il fait bon
'de monter en un clair-obscur les étages
de l'esprit et que l'on s'en flatte, on
grimpe, on grimpe l'on comprend tou-
jours quelque chose parfois autour d'un
.rien, et le poète sourit à la Destinée.
Tiens une fusée. C'est un nouveau livre
de. Lavedan qui pétille, où, dans la
mousse des dialogues, se .poursuit par
un charmant chasseur, qui partout le
'dépiste, l'égoïsme des hommes. Ainsi les
voyages nous changent de climat. Son-
geurs ou rieurs, de nuages en rayons,
qui dira de combien d'éléments se com-
pose, multiple et mobile, le visage hu-
main?. Une autre fusée. Passe le roi
«^Espagne.
.Même bruit de fête au faubourg Saint-
Honoré. C'est un poète encore autour
duquel l'on s'anime et, s'agite. Vive la
lyre d'Ajpollorf pour nous réjouir ainsi
etque les dansent en
son honneur 1 « Que me parlez-vous de
poète, monsieur, quand vous m'arrêrez
devant une exposition de peinture? Je lis
bien cinquante pastels. Vous lisez
bien, mais je vous citerais, si j'osais par-
leur latin, la fin d'un vers célèbré
Ut piciura poesis, tel Michel-Ange en
son-temps écrivait des sonnets,
vous dis en français que nous sommes
chez un éblouissant poète, chez un poète
entre tous illustre au féminin. Entrez!
Entrons
Des fleurs des fleurs des fleurs!
Hyacinthes et. narcisses, jonquilles et
campanules, anémones, violettes et
pensées, cinéraires et calcéolaires. et
des hortensias, des rosés et des dahlias
tous les murs sont en fleurs. Et vous,
cabarets-des-oiseaux, dont demandait
un jour le plus spirituel des prêtres à
devenir l'aumônier. Toutes cueillies par
une femme et-peintes par un poète.
Ayant toutes pour signature une arabes-
que éperdue, qui enlace d'abord tant
qu'elle est sur la terre, et, s'envole, vers
le ciel. Sur des fonds clairs, sur des
fonds sombres, de l'or au brun,' de
l'amarante au bleu, en des vases'
d'orient ou d'occident d'un goût af-
finé, le poète aux yeux immenses et .si
mobiles que tout en elle regarde, a, de
ses doigts menus et précieux, en mode-
lant de la poussière fait vivre des fleurs.
Sans savoir, sans vouloir, à traits rapi-
des, par la force de -l'instinct, qui crée.
Et. avec une telle simplicité qu'il a fallu,
pour que s'exposât le poète, le marrai-
nage d'une fée dont le sourire com-
mande.
Ce qui me frappe dans le jardin sus-
pendu du faubourg Saint-Honoré, c'est
l'intimité du peintre et de ses modèles'
Ils se confient tous les secrets de leur
vie. Ces fleurs vibrent, elles éprouvent
des sensations, peut-être des sentiments,
et le peintre déchiffre leur mystère avec
la sensibilité du poète. Elles causent, ces
fleurs, elles s'attirent, se rapprochent,
se séparent. Voyez ces. pavots liés qui
frissonnent d'être ensemble. Ce sont
jeux de la nature auxquels ne se mêle
point ordinairement un peintre, que ses
principes entraînent ailleurs. Il ne faut
pas trop médire des femmes. J'étais en
train de penser qu'elles n'atteignent en
art jamais au plus, haut, quand on
m'avertit qu'un portrait de Mme La-
bille-Guiard vient de se vendre cinq cent
mille francs.
Maintenant que j'ai tout dit, et que
minuit va .-bientôt, sonner,' allons rejoip-
dre Balzac et Delacroix au bal de
l'Opéra. Pourvu au moips que Delphine
de Giràrdin soit la ''Car, sans les
Etienne Bricon
{LA VIE. QUi PASSE
La Brinçlille d'Or"
Aujourd'hui, dans tout Paris, une quête aura
lieu. Son caractère d'utilité publique et de piété
nationale est trop grand pour que chacun, sans
distinction d'opinion, songe à se soustraire au
devoir qu'elle impose.
Il s'agit de l'œuvre de la Brindille d'Or,
constituée, sous la présidence d'honneur .de
S. A. R. Madame la Duchesse de Vendôme,
au profit des ascendants pauvres des militaires
de tous grades morts pour la France. La baronne
de Laumont et la maréchale Foch sont respecti-
vement présidente et vice-présidente du comité
de, Paris.
Des Françaises, dont les fils sont tombés au
champ d'honneur, ont considéré comme une
consolation et un devoir de perpétuer le souvenir
de ces enfants. Elles résolurent donc après la
guerre de porter à la Monnaie, pour soutenir le
crédit national, l'or de leurs bijoux et celui
qu'elles purent récolter. Cet or, transformé en
rentes, sert à créer des arrérages viagers pour
les ascendants pauvres et infirmes, payés' en
une seule fois, le jour des Morts. Le montant
de ces arrérages annuels, fixé à 400 francs,
s'ajoute à ta modique pension servie par l'Etat:
francs pour un ménage, autant pour les
mères veuves, et 720 francs pour un père.
Ainsi c'est en un or pur que le plus pur des
sangs s'est changé.
En dépit des fondations et des dons qui se
sont ajoutés à elles, les bourses fondées de-
viennent insuffisantes. Des détresses croissantes
submergent les disponibilités de l'Œuvre et
tarissent ses ressources. Il a donc fallu créer,
à côté des pensions perpétuelles qui exigent un
fort capital, des bourses mobiles et annuelles
réparties à la même époque que lés autres,
concédées pour cinq ans et renouvelables tout
de suite.
C'est pour venir en aide à la misère inavouée
de ceux et celles qui ont sacrifié à la France
la chair de leur chair que des bourses se ten-
dront aujourd'hui, dans Paris, vers nous tous.
Qu'aucune ne soit présentée vainement: un
geste de refus serait un sacrilège.
La vie des braves gens pour lesquelles seront
versées les oboles fut faite de sacrifices conti-
nuels,, de privations pour que l'enfant grandisse
heureux, s'instruise, embrasse un bon métier,
connaisse une destinée plus facile que celle des
« vieux » et cette vie de mérite et d'espoir
fut soudain couronnée par un sacrifice suprême,
qui l'a décapitée.
Ceux qui pour toujours sont partis, dans le
reflet ensoleillé d'août 1914, trouveraient, s'ils
revenaient, leurs parents vieillis, courbés et las.
Sur les tempes plus ridées, sur les cheveux
blanchis qu'ils embrassaient jadis, il ne faut pas
que le dur combat humain accentue davantage
encore les marques de la douleur. Aux fils
tombés pour que le pays survive, nous devons
épargner l'affreuse injustice d'être humiliés dans
la personne des leurs. Ces pères,- ces mères,
ont préparé, formé les sauveurs du sol, ils en
ont fait des héros qui, au jour inscrit, étaient
prêts. Et nous devons écarter la déchéance ma-
térielle des foyers où naquit l'exemple du devoir.
Quand les conscrits de la classe 14 et les
« bleuets » qui suivirent allaient à l'école, ils
récitaient des vers de Victor- Hugo aux classes
de diction et pensaient déjà, virilement, avec
le poète,
Que, quand on est petit, la mère. surtout veille,
Mais que plus tard on la détend,
Et qu'elle aura besoin, quand elle sera vieille,
D'un homme qui soit son enfant.
Aujourd'hui, dans maints foyers désolés par
l'absence et le regret'.d'un jeune rire, des
femmes humbles et solitaires verront réappa-
raître un jeune corps ^sanglant, mais il leur
apportera le secours de la o Brindille d'Or »
comme un tribut et commè un laurier.
Tout-Paris
Les Échos
L'éclipsé de soleil de mercredi.
C'est le grand événement en Angle-
terre. L'éclipse sera totale, mais pas sur
toute l'étendue du.pays. L'endroit d'où
l'on pourra l'observer le mieux se trouve
dans le nord et n'a qu'une étendue de
quelques kilomètres en longueur. L'évé-
nement suscite un tel intérêt qu'on as-
nonce que plus de 250,000 personnes
arriveront dès mardi dans cet endroit,
car il faut se lever à six heures du
matin mercredi pour bien jouir du
spectacle. ̃
Etant donné le petit nombre d'habi-
tations et le manque d'hôtels, les Com-
pagnies de chemins de fer ont pris leurs
mesures. Cent vingt trains spéciaux
sont déjà prêts ils seront pourvus de
wagons-lits, de restaurants, de victuail-
les en quantité. Et ce ne sera pas en-
core suffisant. On installera'des cuisi-
nes en plein, air et des tentes avec lits
ou sofas pour abriter cette multitude
d'observateurs.
Le camp des astronomes se trouve,à à
Yggleswick, dans le Yorkshire. Tous
les astronomes d'Angleterre et des co-
lonies, et d'autres venus de tous les
pays, s'y sont déjà rendus.
Le musée napoléonien à Rome.
Le gouverneur de Rome a décidé que
le musée napoléonien, laissé par lé
comte Giuseppe Primoli à la ville de
Rome, serait prochainement ouvert au
public.
Ce musée contient de nombreux ob-
jets ayant appartenu à Napoléon et à
sa famille, la bibliothèque de Sainte-
Hélène, les portraits faits par Gérard,
David, Robert, Wicar, Fabre, Kings-
ton des bustes et statues de Canova,^
Houdon, Marni des miniatures d'Isa-
bey, de Chatillon, de,Fua, d'Ingres, de
Wicar, de ta princesse Caroline et des
autres membres de la famille impé-
riale, y compris des dessins de Napo-
léon III.
II y a aussi le grand Gobelin qui de-
vait être placé dans la salle du trône
et sur lequel, au palais duQuirinal, Na-
poléon devait s'asseoir s'il était venu à
Rome la fameuse tabatière de
Louis XVI, des monnaies de César,,
Pompée et Auguste.
La carence des postes.
un avis l'invitant à aller retirer au bu-
reau postal du boulevard Haussmann,
en face-de l'avenue de Messine, un colis
venant de l'étranger et d'un « transport
difficile Notre ami. qui habite rue
Christophe-Colomb, aux Champs-Ely-
sées, se rendit au bureau. Et là, on lui
délivra un paquet de librairie ne me-
suçant que et ne pesant que
1,200 grammes.'
Comme il demandait des explications,
eri se plaignant du long déplacement
qui lui avait été imposé, on lui répondit
que les facteurs étaient fatigués. Cette
réponse fait rêver. quand on pense qu'à
l'étranger, des malles sont expédiées et
livrées par la poste.
En outre, il y avait 1 fr. 50 à débour-
ser pour frais de douane, et notn ami
dut verser 3 fr. 50. Pourquoi ? Le sup-
plément était-il le prix de la course que
ne fit: point le facteur ?
Il y a dans tout cela un véritable abus
qu'il nous suffira, nous en sommes
convaincus, de signaler pour qu'il né
se renouvelle pas.
` Des églises dans les gratte-ciel.
Le conseil de fabrique de trois égli-
ses de-New-York a décidé de les démo-
lir, d'en vendre le terrain et de les re-
construire dans les étages supérieurs
des gratte-ciel. C'est une économie qui
représente des millions de dollars. Cha-
cune de ces églises coûtera la somme de
dix millions de francs or mais c'est
pour rien, car la vente du terrain, une
fois les églises démolies, rapportera dés
millions de dollars, vu l'augmentation
phénoménale du prix des terrains à
New-York depuis quelques années.
Et tout cela est très américain.
TEMPÉRATURE
Probabilités pour la journée du 26 juin~~
Région parisienne: vent ouest à nord-ouest
assez fort; pluies suivies d'éclaircies et d'averses.
Température stationnaire.
AUJOURD'HUI
14 heures. Courses à Longchamp (Grand
Prix de Paris).
L'ineident serbo-albanais
est terminé
Rome, 25 juin.
Les journaux sont informés que le gou-
vernement de Tirana répondra à la note
des puissances qu'il accepte la solution
proposée. On espère que demain tout sera
réglé. Le drogman sera remis en liberté
et le représentant français à Tirana re-'
mettra au gouvernement albanais une
nouvelle note de la part du gouvernement
yougoslave.
Le coup d'Etat de Yunnan-Fou
Yunnan-Fou, 25 juin.
j Le général Hou Jpu'Yu, qui s'est emparé
,de. la présidence du Directoire, le 14 juin,
après avoir fait prisonnier son collègue,
le général Long Yun.'efqûi, après la mé-
diation du consul de France, àvait promis
de Jaisser son adversaire gagner le Tonkin
sain et sauf avec sa famille, vient de chan-
ger d'avis et décidé, de le garder comme
Le Coq
otage en raison de l'attitude douteuse de
.certaines troupes restées fidèles au général
Long Yum, dans les environs de Yumman-
Le chiffre des victimes du coup d'Etat du
14. juin s'élève à 400 tués et 600 blessés. Le
calme complet règne à Yunnan-Fou, où la
communauté française est indemne. Les
trains circulent normalement.
LES NÉGOCIATIONS COMMERCIALES
FRANCO-ALLEMANDES
Berlin, 25 juin.
Le Boërs en Kurier apprend qu'à la der-
nière minute les efforts réciproques des dé-
légations commerciales française et alle-
mande ont réussi à éviter une rupture des
négociations. La délégation allemande con-
tinuera à. rester à Paris et à y poursuivre
les négociations. Celles-ci viseront à la
conclusion d'un accord provisoire fondé
sur le principe de la, nation la plus favo-
risée.
Il semble, déclare l'organe démocrate,
que la délégation allemande persiste moins
à réclamer la conclusion d'un accord pro-
visoire d'une durée minimum d'un an. On
pense que les nouvelles négociations abou-
tiront à un résultat positif au début de
juillet
Le départ du Roi d'Espagne
«.' M. le roi Alphonse XIII, se rendant à
Londres, a quitté Paris hier, à midi, par
le train de luxe Paris-Calais.
Le souverain, qui est accompagné durant
tout'son voyage par le duc de Miranda et,
jusqu'à son arrivée à Calais, par S. Exc.
M. Quinones de Leon, ambassadeur d'Es-
pagne, est arrivé à la gare du Nord à j
11 h. 30. Il a été salué, avant le départ
du train, par le générale Lasson, de la mai.
som militaire du président de la Républi-
que S. Exe. lord Crewe, ambassadeur de )
Grande-Bretagne MM. P. de Fouquières,
directeur du protocole Bouju, préfet de la
,Seine Chiap>pe, préfet de-police; Mgr Me-
rio, de l'archevêché, et par tout le haut
personnel :de l'ambassade d'Espagne et tes
personnalités de la colonie espagnole à Pa-
ris, ainsi que par les hauts fonctionnaires
de la Compagnie des chemins de fer du
Nord.
Dans la matinée, le roi Alphonse XIII
avait visité la cité universitaire, où des
terrains ont été achetés pour y construire
la 'Maison espagnole des étudiants.
Le photographe Taponnier et son fils ont
eu la faveur dé photographier S. M. le roi
Alphonse XIII à J'ambassade d'Espagne, à
dix heures du matin.
Le Roi est arrivé hier soir à Londres en
ga^j de;; Victoria, à 19 h. 24, accompagné
du;dnp de Miranda.
'Le souverain, a été salué à sa descente
du trahi par S. M,, le roi George V; le
.prince de Galles et te prince George. Un
représentant de l'ambassade d'Espagne et
de nombreux membres de la colonie espa-
gnole de Londres étaient également pré-
sents.
Après les présentations d'usage, le Roi
s'est rendu à l'hôtel Claridge.
La pacification de la Syrie
Jérusalem, 25 juin.
Soltan Attrache, le chef militaire des
révoltés druses, qui, jusqu'ici, avait tenu la
campagne contre nous, sur le territoire, de
la Transjordanie, vient de passer dans le
royaume du Nedj, sur l'invitation d'Ibn
Séoud, roi du Nedj et du Hedjaz.
Après la capture du chef politique de la
révolte druse Abd ul Gaffan Attrache, dis-
paraît ainsi le dernier chef des rebelles.
Le Grand Prix de Paris
Voici la liste des chevaux avec leurs
montes qui prennent part aujourd'hui à
cette grande épreuve
SOU DU FRANC. Amossé
TRIE LA VILLE, R. Luquet
W. Lister
SAINT, BARNABE. F. Rovella
FEMMORE E. Chancelier
TALISMAN.
-A. Eslln;
F.
BOUDA A. Sharp
FLORI W.
LE TORIL. Allemand
FLAMANT, S. Donoghue
ACCALMIE
RIVE DU E. Gardmer
EzPILONDE R. Brethès
ROYAL Jennings
On trouvera en deuxième page nos ap-
préciations sur les titres des concurrents
et nos pronostics.
A LA RECHERCHE DE NUNGESSÈR
Encore un bruit.
Londres 25 juin.
Le correspondant de YEvening Standard
à Québec, télégraphie que, d'après une
nouvelle qui attend encore confirmation et
qui viendrait de Chicoutimi, des trappeurs
canadiens arrivés hier à Roberval ont dé-
claré avoir aperçu une bande d'Indiens
transportant avec eux deux hommes blancs
dont l'identité leur est inconnue.
.Cette nouvelle a ranimé l'espoir que les
deux inconnus pourraient être les avia-
teurs français Nungesser et Coli,
Le mouvement de la population en France
D'après les statistiques communiquées
par le ministère du travail, le mouvement
de la population en France (90 départe-
ments) au cours des premiers trimestres
1927 et 1926 est lesuivamt:
Nombres provisoires
le' trimestre le' trimestre
•<̃ 1927 1926
Mariagses 69.497 68.323
'Divorce. 3.909 4.304
Naissances d'entants
i vivants 189.575 195.467
7.997
Décès de moins d'un
an 18.987 16.474
Décès d'un an et plus 202.840 169.902
Décès au total. 186.376
Excédent ou déficit
des naissances. –32.252
UNE FANTASTIQUE
MM. Léon Daudet, Delest et le communiste Semard
libérés par les Camelots du Roi
LES MINISTRES DÉLIBÈRENT, RÉVOCATION DU DIRECTEUR DE LA SANTÉ
La surprise
de midi
Les camelots du Roi ont tenté et
réussi hier une opération dont l'audace
n'eût point été désavouée par Arsène
Lupin.
Comme on le verra plus loin, ils ont,
par une ingénieuse mystification, ob-
tenu la levée d'écrou de M. Léon Dau-
det et de son collaborateur M. Delest.
Par la même occasion; ils ont jugé
utile au succès de leur entreprise de
libérer aussi le communiste Semard,
vice-président de la IIIe Internationale
et secrétaire général de V'Humœnité, in-
culpé comme on sait de propagande'an-
l tifrançaise lors des derniers troubles du
j Maroc.' ̃ ̃ •
Nous avons ici, en même temps, que
la plupart de nos confrères, exprimé
avec trop de netteté notre sentiment sur
l'iniquité de la condamnation, et de l'ar-
i restation du directeur de l'Action Fran-
| ç aise pour prendre trop au tragique au-
jourd'hui, en ce,qui le concerne, un
« enlèvement » dont on ne saurait con-
teste)!' qu'il fut spirituellement conçu et
habilement exécuté. Nul doute que les
humoristes qui ourdirent ce petit com-
plot n'aient les rieurs dé leur côté.
Mais le rire ne saurait dispenser de
quelques réflexions inspirées par des
considérations sérieuses d'intérêt géné-
ral.
D'abord, l'événement d'hier, qui, il
faut bien le reconnaître, met le gouver-
nement en posture assez ridicule, révèle
d'une façon singulièrement troublante
l'absence de cohésion et de vigilance
dans nos services publics, l'insouciance
de leurs agents, peut-être même l'exis-
tence de complicités diverses. Que
penser, en effet, do ce directeur de la
Santé qui libère ses prisonniers et
quels prisonniers •– sans,exiger d'or-
dre écrit,et sur simples instructions té-
léphoniques, fussent-elles formulées l'par
le ministre lui-même? Comment admet-
tre que les conspirateurs aient pu pen-
dant une heure et demie supprimer les
communications téléphoniques du mi-
nistère de l'intérieur, en bloquer les
lignes, sans que personne s'en sont
aperçu ? Le moins que l'on puisse dire
de l'aventure, c'est que le principe d'au-
torité n'en sort point renforcé. Le seul
fait qu'une telle mystification ait été si
aisément réalisée atteste l'usure et le dé-
traquement des principaux rouages ad-
ministiratifs. Cela ne laisse pas d'être
quelque peu inquiétant pour la sécurité
des personnes et des biens dans les
temps troublés que nous traversons.
On regrettera, d'autre part, qu'un
communiste d'importance, dont l'acti-
vité révolutionnaire est notoire, ait été,
pour la vraisemblance de la comédie,
rendu à la circulation car il convient
aussi de calculer toutes les conséquen-
ces morfales de l'escapade d'hier.
René Lara
Notre enquête au Ministère de l'intérieur,
à 'l'Action française et à la Santé
PAR M. GAËTÂN SANVOISIN
Hier, M. Léon Daudet est sorti de la
prison de la Santé dans des circonstan-
ces peu communes.
Où le téléphone est roi
Hier, à midi un quart, M. Catry, di-
recteur de la prison de la Santé, était
appelé au téléphone. « Allô ne quittez
pas, lui disait une voix. M. le ministre
de l'intérieur désire vous parler. » M.
Catry attendait durant quelques secon-
des, et, bientôt « C'est le ministre qui
est à l'appareil. Voici. Nous venons de
décider, en conseil des ministres, la, li-
bération immédiate de MM. Léon Dau-
det, Delest et Semard. Vous accomplirez
votre mission il- l'égard des détenus (roya-
listes d'abord, puis l'égard du com-
muniste. Veuillez agir vite, car nous dé-
sirons prévenir toute manifestation sur
la voie publique. Dans une demi-heure
vous voudrez bien faire téléphoner à
mes services pour le rapport. Je pars
déjeuner, mais les renseignements que
vous communiquerez me seront trains-
mis d'urgence. » M. Catry, perplexe et
quelque peu méfiant, patientait pendant
une dizaine de minutes et demandait, à
son tour, le ministère de l'intérieur. La
communication s'établit aussitôt. « Je
désire parler à M. Sarraut. C'est le di-
recteur de la Santé. » Attente brève,
puis, au bout du fil « J'écoute. C'est
M. Catry 2 « Oui. » Ici, un attaché
du cabinet. » « Est-il vrai, monsieur,
que je doive libérer sans retard MM.
Daudet, Delest et Semard ? L'ordre étant
inattendu, je tiens à me le faire confir-
mer. » « Mais agissaz vite. monsieur le
directeur Le ministre, qui vient de
partir, vous a téléphoné devant moi. La
décision ne fait aucun doute. Procédez à
la levée d'écrou sans papiers, comme
pour Giràrdin..» Èn effet, il y a huit
jours, le communiste Giràrdin, qui faisait
la grève de la faim, fut libéré par un
ordre transmis téléphoniquement, et
sans les formalités usuelles. Alors M.
Catry, rassuré, raccrocha le récepteur,
coiffa son képi galonné-d'argent et alla
aviser de la bonne nouvelle MM-' Dau.
det et Delest, qui étaient à table, puis «M.
Semard. Les préparatifs furent prompts,
les adieux, cordiaux; abrégés, et les por-
tes de la prison s'ouvrirent toutes gran-
des. Les deux agents qui sont habituel-
lement de service non loin arrêtèrent un,
instant la circulation. Le chauffeur
d'une automobile qui stationnait non
loin fut hélé, les libérés prirent place
dans la voiture et, précédant M. Se-
mart qui (respect scrupuleux des ins-
tructions officielles) devait partir une
demi-heure plus tard MM. Daudet et
Delest roulèrent dans une direction.
demeurée inconnue. M. Catry télépho-
nait aux services pénitentiaires que sa
mission était accomplie. Un fonction-
naire aimable prenait note et remer-
ciait. Le tout n'avaiit pas demandé une
heure.
Peu après, M. Catry était convoqué
au ministère de la justice, où M. Mou-
ton, directeur des affaires criminelles,
lui faisait connaître qu'aucune mesure
de libération n'avait été prise en faveur
des prisonniers.
Une mystification organisée
Or, le ministère de l'intérieur et la
Sûreté générale n'étaient pour rien
dans toute cette affaire. D'après ce
qu'on nous a dit à l'Action Française,
les camelots du Roi s'taient assuré de
onze lignes téléphoniques, parmi les
douze qui fonctionnent au ministère de
l'intérieur, et s'étaient partagé la be-
sogne de telle sorte que nulle d'entre
elles pût être libre pendant le laps de
tempes nécessaire, à l'exception d'une
seule. Cette dernière devait évidem-
ment jouer entre des comparses,
dont l'un brancherait la communica-
tion sur celui ou ceux qui fi-
gurerait tour à tour le ministre de l'in-
térieur et l'un de ses collaborateurs.
Ainsi la place Beauvau et la rue des
Saussaies se trouvaient placées télépho-
niquement, pendant une heure, sous la
surveillance discrétionnaire d'adversai-
res habiles et facétieux, et une note du
téléphoniste de service çonfirme les
deux communications du directeur de
la Santé, ajoutant qu'elles furent trans-
mises à M. Auge, secrétaire de la direc-
tion pénitentiaire II faut donc admet-
tre que c'est dans cet intervalle même,
et à l'aide d'un subterfuge dénotant un
rare sang-froid, que la substitution de
X. fut apportée, à son insu, à M<
Auge. Cet X. mystérieux, où le si-
tuer ? Au standard du ministère ? A la
Sûreté générale ? Au central téléphoni-
que ? Enigme. Mais un homme bien
surpris, ce fut M. Renard, directeur de
la Sûreté, quand il revint à ses bureaux
et qu'il apprit l'événement. Sans per-
dre une minute, il se fit conduire à la
mairie du dix-huitième arrondisse-
ment, où M. Sarraut assistait M. Poin-
caré pour l'inauguration d'une stèle-
souvenir aux morts de la guerre. Là,
enfin, le gouvernement fut mis au cou-
rant. Et quand, tard dans l'après-
midi, le ministre de l'intérieur et la
Sûreté générale reçurent les journalis-
tes, ils ne purent qu'examiner les ver-
sions que nous donnons plus haut, et
ajouter que le cabinet, en conseil' avi-
serait.
Les premières conséquences
Un conseil de cabinet
Cependant, place de Rome, devant
l'immeuble de l'Action Française, une
foule croissante ne cessait de, manifes-
ter sa curiosité, et une nuée de visi-
teurs envahissait les bureaux du jour-
nal. Aux fenêtres, un énorme drapeau
tricolore était hissé. Et M. Pujo, dans
son cabinet de rédacteur en chef, répé-
tait intarissablement aux représentants
successifs de la presse une 'identique
narration de l'enlèvement de M. Léon
Daudet.
Quant aux membres du gouverne-
ment, ils se réunissaient en conseil de ca-
binet au ministère des finances, sous la
présidence de M. Raymond Poincaré.
La séance, commencée à dix-neuf heu-
res, prenait fin à vingt heures quinze.
En sortant du conseil, M Louis Bar-
thou, garde des sceaux, déclarait que le
directeur de la prison de la Santé était
suspendu de ses onctions. Il est tra-
duit, ajoutait le ministre de la justice,
devant un conseil de discipline ainsi que
les règlements m'obligent à le faire. En
outre, je fais ouvrir une instructions sur
les, conditions dans lesquelles les trois
détenus ontété mis en liberté. » De son
côté, M. Albert Sarraut, questionné sur
les suites que le gouvernement enten-
dait donner à l'affaire, répondait
« Une enquête est ouverue. Vous me per-
mettrez de ne pas répondre à vos ques.
tions tant que je n'aurai pas été saisi du
résultat. »
Et MM. Daudet, Delest et Semard, où
étaient-ils durant ce temps ? Les deux
premiers, en lieu sûr, affirment tran-
quillement leurs amis, qui ajoutent
C'est dans l'ignorance complète des
conditions où ils recouvraient la liberté
que nos chers prisonniers partirent. On
ne leur révéla le stratagème que trois
quarts d'heure :.près la chose faite.
Nous ne pouvions agir autrement. L'in-
carcération da Daudet se prolongeait
d'une façon que nous estimions inique
et intolérable et le déplacement immi-
nent et singulier du restaurateur chargé
de ses repas nous faisait craindre pour
sa vie. Mais la générosité avec laquelle
il s'était rendu nous faisait craindre
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