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DES
DES
DES
fient; hélas! à quel dessein?CORN. Théod. v, 3. || La
locution à ce dessein peut très-bien et très-correc-
tement remplacer la mauvaise locution dans ce but,
qui s'écrit et se dit si souvent. || 7° X dessein, loc.
adverb. Avec une intention toute particulière. Il a
été incivil à dessein. X dessein d'éblouir le roi, Rome
st la cour, CORN. Nicom. i, 6. C'était donc à dessein
qu'elle cachait ses yeux Comme rouges de honte en
sortant de ces lieux, n>. Théodore, IV, 6. C'est peut-
être à dessein de vous entretenir, RAC. Brit. iv, 4.
Orcan, qui me dictait ce cruel stratagème, La ser:
vait à dessein de la perdre elle-même, n>. Bajag.
v, 4 4. || X dessein que, avec le subjonctif. Cela a été
•dit à dessein que vous en fissiez votre profit. Mais il
n'est arrivé ce dessein qui me tue, Qu'à dessein que ta
gloire en prenne plus d'éclat, CORN. Imitation,m,29.
— REM. 1. Voltaire, sur ce vers d'Héraclius, n, 7 :
Quel dessein faisiez-vous sur cet aveugle inceste?
remarque qu'on ne dit pas faire des desseins, mais
faire des projets. Toutefois Corneille a encore ailleurs
cette locution : J'avais fait ce dessein avant que de
l'aimer, Cinna, v, 2. Bossuet aussi a dit'faire des
desseins, dans le sens d'entreprendre contre. Ces
raisons font croire que le scrupule de Voltaire n'est
pas fondé. |l 2. On a reproché à Racine d'avoir dit
achever un dessein : Et ne le forçons pas par ce
cruel mépris D'achever un dessein qu'il peut n'avoir
pas pris, Alex, i, 3; attendu, dit d'Olivet, qu'un
dessein, un projet n'est pas une chose commencée.
— SYN. DESSEIN, PROJET. Ces deux mots expri-
ment une détermination de faire quelque chose. Le
dessein est ce qu'on dessine ou désigne d'avance
(car dessiner et désigner sont deux mots identi-
ques); le projet est ce qu'on jette en avant. Dessein
exprime donc quelque chose de plus arrêté queprojet.
— HIST. xvi" s. Et si n'estoit point l'apprest qu'il
faisoit, moindre ne moins suffisant que requérait le
desseing de son entreprise, AMYOT, Démétr. 60. Son
desseing [le but de la philosophie] est de chercher
la vérité, MONT, II, 230. Projecter le desseing [plan]
d'un livre, n>. rv, 220. Un tas de gens, interprètes
et contreroolleurs ordinaires des desseings de Dieu,
faisants estât de trouver les causes de chaque acci-
dent, m. I, 248.
— ÉTYM. Voy. DESSIN, qui n'est qu'une autre or-
thographe de dessein; ital. disegno.
DESSELLE, ÉE (dè-sè-lé, lée), part, passé. Un
cheval débridé et dessellé.
DESSELLER (dè-sè-lé), ». a. Ôter la selle à un che-
val, à un mulet, etc. || Se conjugue comme seller.
— HIST. XVe s. Je voy vertuz aux piez fouler , Je
voy amictié desseler [renverser de cheval], Raison
voy musser à la porte, CH. D'ORL. Rondeau.
— ETYM. Des.... préfixe, pour de'....avec une s de
prononciation, et selle.
. fDESSEMELER(dè-seu-me-lé. L'Use double quand
la syllabe qui suit est muette : je dessemelle, je des-
semellerai. L'Académie, qui n'a pas dessemeler, a
ressemeler qu'elle écrit sans accent ; - mais la pro-
nonciation, qui n'aime pas deux syllabes muettes
de suite, renforce en eu le son de "se dans tous les
temps où VI n'est pas doublée), ». a. Ôter la semelle
d'une botte, d'un soulier.
— ÉTYM. Des.... préfixe, pour dé... avec une s
de prononciation, et semelle.
' DESSERRE (dè-sê-r'), s. f. Usité seulement dans
cette phrase familière : être dur à la desserre, se
dessaisir avec peine de son argent pour donner ou
payer. Je sais qu'à la desserre Vous êtes dur ; j'en
suis fâché pour vous, LA FONT. Pays. Si je le [un
obligé à qui on redemande un bienfait] connais de
si fâcheuse desserre qu'il faille plus d'un simple
avertissement pour en tirer quelque chose, j'aime-
rai mieux ne lui dire mot, et ne penserai pas qu'il
soit digne que je le presse de faire son devoir, MALH.
le Traité des bienf. deSénèque, v, 24. \\ Terme de
pêche. Relâchement d'une rivière glacée quand le
dégel arrive.
— HIST. xvie s. C'estoit plaisir, car touchant la
desserre Ne doubtez pas qu'ilz semblent l'arbaleste
Vieille et cadncque, à desbender mal preste, j. MA-
ROT, V, 33. Il ressemble les arbalestes de Cognac; il
est de dure desserre, se dit d'un avare, Proverbe
du xvie stecïe.
— ÉTYM. Voy. DESSERRER.
• DESSERRÉ, ÉE (dè-sè-ré, rée), part, passé. Les
cordes qui le liaient étant desserrées. || Par exten-
sion. Rangs desserrés, rangs entre lesquels il y a
plus d'intervalle qu'il ne faut. Chaque matin les ré-
giments partaient en ordre de leurs bivouacs ; mais
dès les premiers pas leurs rangs desserrés s'allon-
geaient en files lâches et interrompues, SÉGUR, Hist.
de Nap.vi, e.
DESSERRER (dè-sè-ré), ». a. || i° Relâcher ce
qui était serré. Desserrer sa ceinture. Desserrer un
lien. Il Desserrer un noeud, le rendre moins serré;
et, figurément, desserrer les noeuds de l'amitié, ren-
dre l'amitié moins étroite. Apprends de cet exemple
à desserrer les noeuds Par qui l'affection, par qui
le sang te lie, CORN. Imit. 11, 9. || Terme de typo-
graphie. Desserrer une forme, chasser les coins
dans le sens rétrograde au moyen d'un décognoir
et d'un marteau. Desserrer la lettre. Desserrer une
forme de distribution. || Desserrer les dents, ouvrir
la bouche. La convulsion des mâchoires était si forte
qu'on ne put lui desserrer les dents. Car, lâchant le
bâton en desserrant les dents, Elle tombe.... LA
FONT. Fabl. x, 3. ||Fig. et familièrement. Desserrer
les dents de quelqu'un, le faire parler. Quel intérêt
assez pressant lui fait faire une telle école, desserre
les dents d'un tel homme? BEAUM. Mère coupable,
11, 7. Il Desserrer les dents, parler X peine ai-je
eu le temps De dire quatre mots, de desserrer les
dents, BOISSY, Babillard, se. t s. |] Ne pas desserrer
les dents, ne pas dire un mot dans une société, se
taire obstinément. Je ne desserre pas la bouche seu-
lement, MOL. le Dép. 11, 7. Si quelqu'un desserre
les dents, C'est un sot, j'en conviens : mais que
faut-il donc faire? Parler de loin ou bien se taire,
LA FONT. Fabl. x, 2. Si je puis desserrer mon gosier
qui n'est pas en état de chanter, SÉV. *23. Vous
nous dites les plus belles choses du monde; quand
vous serez devant elle, vous ne pourrez desserrer
les dents, BARON,Homme à bonnes fortunes, m, 4.
Il 2° Desserrer un coup de pied, un coup de fouet,
un soufflet, l'appliquer soudainement et avec vio-
lence. Maître .ffineas un coup desserre D'épée ou
bien de cimeterre, SCARRON, Virg. trav. vi Le
cheval lui desserre [auloup] Un coup et haut le pied,
LA FONT. Fabl. XII, 47. Il 3° Se desserrer, ». réfl.De-
venir moins serré. Le noeud se desserre. Cette tresse
s'est desserrée. || Fig. Avoir moins d'angoisse. X
cette bonne parole, mon coeur s'est desserré.
— HIST. XII" Li venz vanta devers la terre, Qui
les nefs tost del port deserre, BENOIT, II, 4 067.
|] XIIIe s. Veez corn Hersent est ci prise ; Se je l'aîde
à desserrer Et dou pertuis à destouper, Por ce si
estes esfraez, Ren. 629. X grant joie chevauchent la
gent qui Dieu vont querre, Et costoient un val dus-
qu'àla plaine terre, X un pont à arvolt [à arche
voûtée] où une aiguë desserre, Ch. d'Ant. ni, 38.
Il xv° s. Quand vint le soir, la poterne fut desserrée
[ouverte], LOUIS XI, NOUV. I. || XVT* S. Et permettez
que ce bras angevin Par l'air françois desserre an
traict qui vole Mieux que jamais de l'un à l'autre
pôle, DUBELL. m, 3, recfo France durant la
guerre Nouveaux enfans de son ventre desserre, ro.
m, 7, recto. Quand l'obscurité desserre Ses ailes
dessus la terre, ID. III, 79, recto. Le tout inventé
pour la commodité des gens de pied, et pour des-
serrer [tirer, lancer] balles et dragées, PARÉ, IX,
Prêt. Le feu de la poudre enflammée lorsqu'on des-
serre la harquebuse, ID. IX, 46. Puis un grand coup
de maillet luy desserre Entre les yeux : le taureau
tombe à terre, RONS. 603.
— ÉTYM. Des.... préfixe, pour dé.... avec une *
de prononciation, et serrer; bourg, dessarai; pro-
venu, dessarrar, deyssarrar, desserrar; ital. disser-
rare.
f DESSERR01R (dè-sè-roir), s. m. Outil servant
à desserrer.
— ÉTYM. Desserrer.
DESSERT (dè-sêr; le t ne se lie pas: un dè-sêr
abondant ; au pluriel, Ys ne se lie pas : des dè-sêr
abondants; cependant plusieurs lient: des dè-sêr-z
abondants), s. m. || 1° Le dernier service d'un re-
pas, composé de fromage, de confitures, de fruits
et de pâtisserie. j| 2° Le moment du dessert. Il ar-
riva au dessert. || 3° Fig. et familièrement. On lui
annonça pour son dessert la bonne nouvelle de son
avancement. || Ironiquement. Il a eu pour son des-
sert une verte réprimande.
— REM. On en est au dessert, façon de parler
bourgeoise, il faut dire au fruit, DE CAILLIÈRES,
4 690. Aujourd'hui on ne dit plus qu'en être au des-
sert.
— HIST. xvi" s. Tout le sert et dessert feut pourté
par les filles pucellës mariables du lieu, belles je
vous affye, RAB. Pant. iv, 64. On dessert du pre-
mier metz, feut par elles mélodieusement chanté
ung epode à la louange des sacrosainctes decreta-
les,iD. ib. Et au dessert chastaignes et nèfles, PARÉ,
xni, 29. Le semblable fit-il quelque temps après,
de sept pains et quelques petits poissons, à une au-
tre grande troupe de gens, et lors aussi les apos-
tres-recueillirent sept corbeilles pleines du dessert,
PASQUIER, Lettres, t. 11, p. 620, dans LACURNÏ. II
advertit Marcellinus qu'il ne serait pas messeant,
comme le dessert [la desserte] des tables se donna
aux assistants, nos repas faicts, aussi la vie finie,
de distribuer quelque chose à ceulx qui en ont esté
les ministres, MONT, II, 388.
— ÉTYM. Substantif formé irrégulièrement de
desservir (voy. ce mot), comme le sert (voy. à l'his-
torique l'exemple de Rabelais) est formé de servir.
DESSERTE (dè-sèr-f), s.f.\\ i" Mets qu'on a des-
servis. Donner la desserte aux domestiques, aux
pauvres. || 2° Fonction du desservant attaché au ser-
vice d'une cure, d'une chapelle. II.est chargé de la
desserte de cette succursale. || 3° Terme des ponts
et chaussées. Chemin de desserte, celui qui. dessert
une propriété, une forêt, c'est-à-dire qui la met ftf.
communication avec le grand chemin. || 4° Il s'est
dit aussi pour l'action de faire un service de bureau
ou autre. Il sera tenu par les gardes-jurés ou par
nos préposés, pour la desserte desdits bureaux de
visite et de marque, des registres paraphés parles
juges des manufactures, Lett. patent. 4er juin 4 780.
art. 4 0.
— HIST. xiv" s. Il apporteront la desserte des mets
aux escuiers de cuisine, Ménagier, 11, 4.
— ÉTYM. Voy. DESSERT. Dans l'ancien français
déserte signifiait ce qu'on mérite, venant de deser-
vir qui signifiait mériter : xin" s. Mal m'avez rendu
les désertes De ce que je servi vos é [ai], Ren. 25262,
Bien voient qu'il auront de leur fait la déserte, Berte,
xciv.
DESSERTI, IE (dè-sèr-ti,'tie), part.passé.
DESSERTIR (dè-sèr-tir), ». a. Terme de joaillier.
Dégager un brillant de son chaton, un médaillon
de sa monture. || Couper la sertissure d'un diamant
un peu au-dessous du feuilletis.
— ÉTYM. Des.... préfixe, pour dé.... avec une s
de prononciation, et sertir.
DESSERVANT (dè-sèr-van), s. m. Prêtre qui des-
sert une cure, une chapelle. || Dans un sens plus
général. On appelait ministres les desservants des
églises protestantes, VOLT. Moeurs, 4 38.
— SYN. DESSERVANT, CURÉ. X présent on donne
le nom de curé au chef ecclésiastique d'un chef-lieu
de canton, tandis que_, dans toute commune autre
que les chefs-lieux de canton, le chef du service
ecclésiastique est appelé desservant. Le territoire
d'un desservant est également nommé paroisse ; il
est aussi dit spécialement succursale.
— ÉTYM. Desservir.
DESSERVI, IE (dè-sèr-vi, vie), part, passé de des-
servir. Il 1° Enlevé de dessus une table. Les mets des-
servis. H Débarrassé des mets. La table étant des-
servie. Il 2" X qui on a Tendu un mauvais office.
Desservi auprès du ministre par des ennemis secrets.
Elle craignait d'être oubliée ou desservie, J. J. RODSS.
Confess. v. || 3° Dont on fait le service. Une cure des-
servie par un tel prêtre.
f DESSERVICE (dè-sèr-vi-s'), s. m. Mauvais of-
fice, action de desservir. M. du Maine, avec de l'es-
prit je ne dirai pas comme un ange, mais comme
un démon auquel il ressemblait si fort en malignité,
en noirceur, en desservices à tous, en services à per-
sonne, ST-SIH. 4 77, 4 4 4. On ne cessait de me faire au-
près de lui [le roi] les desservices les plus noirs, ID.
428, 464.
— HIST. XVIe s. Ces rapines excessives qui tour-
nent au très grand desservice du roy ne se peuvent
corriger que par chastimens exemplaires, LANODE,
4 06.
— ÉTYM. Des.... préfixe, pour dé.... avec une s
de prononciation, et service.
DESSERVIR (dè-sèr-vir), je dessers, tu dessers,
il dessert, nous desservons, vous desservez, ils des-
servent; je desservais; je desservis; je desservirai;
je desservirais; dessers, qu'il desserve; que je des-
serve, que nous desservions; que je desservisse;
desservant; desservi, v. a. || 1° Avec le sens négatif
du préfixe des. Enlever les plats de dessus la table.
Desservez la table. || Absolument. Lui hors de table,
on dessert au-plus vite, LA FONT. Orais. Si tôt que du
nectar la troupe est abreuvée, On dessert.... BOIL.
Lutrin, 1. || 2° Avec le même sens du préfixe des.
Rendre un -mauvais office à quelqu'un. Il vous a
desservi auprès d'un tel. Un homme tel que moi,
Quand il est mécontent, peut desservir le roi,
CORN. Agésil. ni, 4. [Il] Met à me desservir ses
plaisirs les plus doux, ROTROU, Vencesl. 1, 4. Le
fourbe trop longtemps a gouverné mon père Ft
desservi mes feux avec ceux de Valère, MOL. Tart.
ni, 4. C'est ainsi que le zèle indiscret du peuple
a, dans tous les temps, desservi le mérite et perdu
l'innocence, DIDER. Règne de Claude et Néron, 1,
DES
DES
DES
fient; hélas! à quel dessein?CORN. Théod. v, 3. || La
locution à ce dessein peut très-bien et très-correc-
tement remplacer la mauvaise locution dans ce but,
qui s'écrit et se dit si souvent. || 7° X dessein, loc.
adverb. Avec une intention toute particulière. Il a
été incivil à dessein. X dessein d'éblouir le roi, Rome
st la cour, CORN. Nicom. i, 6. C'était donc à dessein
qu'elle cachait ses yeux Comme rouges de honte en
sortant de ces lieux, n>. Théodore, IV, 6. C'est peut-
être à dessein de vous entretenir, RAC. Brit. iv, 4.
Orcan, qui me dictait ce cruel stratagème, La ser:
vait à dessein de la perdre elle-même, n>. Bajag.
v, 4 4. || X dessein que, avec le subjonctif. Cela a été
•dit à dessein que vous en fissiez votre profit. Mais il
n'est arrivé ce dessein qui me tue, Qu'à dessein que ta
gloire en prenne plus d'éclat, CORN. Imitation,m,29.
— REM. 1. Voltaire, sur ce vers d'Héraclius, n, 7 :
Quel dessein faisiez-vous sur cet aveugle inceste?
remarque qu'on ne dit pas faire des desseins, mais
faire des projets. Toutefois Corneille a encore ailleurs
cette locution : J'avais fait ce dessein avant que de
l'aimer, Cinna, v, 2. Bossuet aussi a dit'faire des
desseins, dans le sens d'entreprendre contre. Ces
raisons font croire que le scrupule de Voltaire n'est
pas fondé. |l 2. On a reproché à Racine d'avoir dit
achever un dessein : Et ne le forçons pas par ce
cruel mépris D'achever un dessein qu'il peut n'avoir
pas pris, Alex, i, 3; attendu, dit d'Olivet, qu'un
dessein, un projet n'est pas une chose commencée.
— SYN. DESSEIN, PROJET. Ces deux mots expri-
ment une détermination de faire quelque chose. Le
dessein est ce qu'on dessine ou désigne d'avance
(car dessiner et désigner sont deux mots identi-
ques); le projet est ce qu'on jette en avant. Dessein
exprime donc quelque chose de plus arrêté queprojet.
— HIST. xvi" s. Et si n'estoit point l'apprest qu'il
faisoit, moindre ne moins suffisant que requérait le
desseing de son entreprise, AMYOT, Démétr. 60. Son
desseing [le but de la philosophie] est de chercher
la vérité, MONT, II, 230. Projecter le desseing [plan]
d'un livre, n>. rv, 220. Un tas de gens, interprètes
et contreroolleurs ordinaires des desseings de Dieu,
faisants estât de trouver les causes de chaque acci-
dent, m. I, 248.
— ÉTYM. Voy. DESSIN, qui n'est qu'une autre or-
thographe de dessein; ital. disegno.
DESSELLE, ÉE (dè-sè-lé, lée), part, passé. Un
cheval débridé et dessellé.
DESSELLER (dè-sè-lé), ». a. Ôter la selle à un che-
val, à un mulet, etc. || Se conjugue comme seller.
— HIST. XVe s. Je voy vertuz aux piez fouler , Je
voy amictié desseler [renverser de cheval], Raison
voy musser à la porte, CH. D'ORL. Rondeau.
— ETYM. Des.... préfixe, pour de'....avec une s de
prononciation, et selle.
. fDESSEMELER(dè-seu-me-lé. L'Use double quand
la syllabe qui suit est muette : je dessemelle, je des-
semellerai. L'Académie, qui n'a pas dessemeler, a
ressemeler qu'elle écrit sans accent ; - mais la pro-
nonciation, qui n'aime pas deux syllabes muettes
de suite, renforce en eu le son de "se dans tous les
temps où VI n'est pas doublée), ». a. Ôter la semelle
d'une botte, d'un soulier.
— ÉTYM. Des.... préfixe, pour dé... avec une s
de prononciation, et semelle.
' DESSERRE (dè-sê-r'), s. f. Usité seulement dans
cette phrase familière : être dur à la desserre, se
dessaisir avec peine de son argent pour donner ou
payer. Je sais qu'à la desserre Vous êtes dur ; j'en
suis fâché pour vous, LA FONT. Pays. Si je le [un
obligé à qui on redemande un bienfait] connais de
si fâcheuse desserre qu'il faille plus d'un simple
avertissement pour en tirer quelque chose, j'aime-
rai mieux ne lui dire mot, et ne penserai pas qu'il
soit digne que je le presse de faire son devoir, MALH.
le Traité des bienf. deSénèque, v, 24. \\ Terme de
pêche. Relâchement d'une rivière glacée quand le
dégel arrive.
— HIST. xvie s. C'estoit plaisir, car touchant la
desserre Ne doubtez pas qu'ilz semblent l'arbaleste
Vieille et cadncque, à desbender mal preste, j. MA-
ROT, V, 33. Il ressemble les arbalestes de Cognac; il
est de dure desserre, se dit d'un avare, Proverbe
du xvie stecïe.
— ÉTYM. Voy. DESSERRER.
• DESSERRÉ, ÉE (dè-sè-ré, rée), part, passé. Les
cordes qui le liaient étant desserrées. || Par exten-
sion. Rangs desserrés, rangs entre lesquels il y a
plus d'intervalle qu'il ne faut. Chaque matin les ré-
giments partaient en ordre de leurs bivouacs ; mais
dès les premiers pas leurs rangs desserrés s'allon-
geaient en files lâches et interrompues, SÉGUR, Hist.
de Nap.vi, e.
DESSERRER (dè-sè-ré), ». a. || i° Relâcher ce
qui était serré. Desserrer sa ceinture. Desserrer un
lien. Il Desserrer un noeud, le rendre moins serré;
et, figurément, desserrer les noeuds de l'amitié, ren-
dre l'amitié moins étroite. Apprends de cet exemple
à desserrer les noeuds Par qui l'affection, par qui
le sang te lie, CORN. Imit. 11, 9. || Terme de typo-
graphie. Desserrer une forme, chasser les coins
dans le sens rétrograde au moyen d'un décognoir
et d'un marteau. Desserrer la lettre. Desserrer une
forme de distribution. || Desserrer les dents, ouvrir
la bouche. La convulsion des mâchoires était si forte
qu'on ne put lui desserrer les dents. Car, lâchant le
bâton en desserrant les dents, Elle tombe.... LA
FONT. Fabl. x, 3. ||Fig. et familièrement. Desserrer
les dents de quelqu'un, le faire parler. Quel intérêt
assez pressant lui fait faire une telle école, desserre
les dents d'un tel homme? BEAUM. Mère coupable,
11, 7. Il Desserrer les dents, parler X peine ai-je
eu le temps De dire quatre mots, de desserrer les
dents, BOISSY, Babillard, se. t s. |] Ne pas desserrer
les dents, ne pas dire un mot dans une société, se
taire obstinément. Je ne desserre pas la bouche seu-
lement, MOL. le Dép. 11, 7. Si quelqu'un desserre
les dents, C'est un sot, j'en conviens : mais que
faut-il donc faire? Parler de loin ou bien se taire,
LA FONT. Fabl. x, 2. Si je puis desserrer mon gosier
qui n'est pas en état de chanter, SÉV. *23. Vous
nous dites les plus belles choses du monde; quand
vous serez devant elle, vous ne pourrez desserrer
les dents, BARON,Homme à bonnes fortunes, m, 4.
Il 2° Desserrer un coup de pied, un coup de fouet,
un soufflet, l'appliquer soudainement et avec vio-
lence. Maître .ffineas un coup desserre D'épée ou
bien de cimeterre, SCARRON, Virg. trav. vi Le
cheval lui desserre [auloup] Un coup et haut le pied,
LA FONT. Fabl. XII, 47. Il 3° Se desserrer, ». réfl.De-
venir moins serré. Le noeud se desserre. Cette tresse
s'est desserrée. || Fig. Avoir moins d'angoisse. X
cette bonne parole, mon coeur s'est desserré.
— HIST. XII" Li venz vanta devers la terre, Qui
les nefs tost del port deserre, BENOIT, II, 4 067.
|] XIIIe s. Veez corn Hersent est ci prise ; Se je l'aîde
à desserrer Et dou pertuis à destouper, Por ce si
estes esfraez, Ren. 629. X grant joie chevauchent la
gent qui Dieu vont querre, Et costoient un val dus-
qu'àla plaine terre, X un pont à arvolt [à arche
voûtée] où une aiguë desserre, Ch. d'Ant. ni, 38.
Il xv° s. Quand vint le soir, la poterne fut desserrée
[ouverte], LOUIS XI, NOUV. I. || XVT* S. Et permettez
que ce bras angevin Par l'air françois desserre an
traict qui vole Mieux que jamais de l'un à l'autre
pôle, DUBELL. m, 3, recfo France durant la
guerre Nouveaux enfans de son ventre desserre, ro.
m, 7, recto. Quand l'obscurité desserre Ses ailes
dessus la terre, ID. III, 79, recto. Le tout inventé
pour la commodité des gens de pied, et pour des-
serrer [tirer, lancer] balles et dragées, PARÉ, IX,
Prêt. Le feu de la poudre enflammée lorsqu'on des-
serre la harquebuse, ID. IX, 46. Puis un grand coup
de maillet luy desserre Entre les yeux : le taureau
tombe à terre, RONS. 603.
— ÉTYM. Des.... préfixe, pour dé.... avec une *
de prononciation, et serrer; bourg, dessarai; pro-
venu, dessarrar, deyssarrar, desserrar; ital. disser-
rare.
f DESSERR01R (dè-sè-roir), s. m. Outil servant
à desserrer.
— ÉTYM. Desserrer.
DESSERT (dè-sêr; le t ne se lie pas: un dè-sêr
abondant ; au pluriel, Ys ne se lie pas : des dè-sêr
abondants; cependant plusieurs lient: des dè-sêr-z
abondants), s. m. || 1° Le dernier service d'un re-
pas, composé de fromage, de confitures, de fruits
et de pâtisserie. j| 2° Le moment du dessert. Il ar-
riva au dessert. || 3° Fig. et familièrement. On lui
annonça pour son dessert la bonne nouvelle de son
avancement. || Ironiquement. Il a eu pour son des-
sert une verte réprimande.
— REM. On en est au dessert, façon de parler
bourgeoise, il faut dire au fruit, DE CAILLIÈRES,
4 690. Aujourd'hui on ne dit plus qu'en être au des-
sert.
— HIST. xvi" s. Tout le sert et dessert feut pourté
par les filles pucellës mariables du lieu, belles je
vous affye, RAB. Pant. iv, 64. On dessert du pre-
mier metz, feut par elles mélodieusement chanté
ung epode à la louange des sacrosainctes decreta-
les,iD. ib. Et au dessert chastaignes et nèfles, PARÉ,
xni, 29. Le semblable fit-il quelque temps après,
de sept pains et quelques petits poissons, à une au-
tre grande troupe de gens, et lors aussi les apos-
tres-recueillirent sept corbeilles pleines du dessert,
PASQUIER, Lettres, t. 11, p. 620, dans LACURNÏ. II
advertit Marcellinus qu'il ne serait pas messeant,
comme le dessert [la desserte] des tables se donna
aux assistants, nos repas faicts, aussi la vie finie,
de distribuer quelque chose à ceulx qui en ont esté
les ministres, MONT, II, 388.
— ÉTYM. Substantif formé irrégulièrement de
desservir (voy. ce mot), comme le sert (voy. à l'his-
torique l'exemple de Rabelais) est formé de servir.
DESSERTE (dè-sèr-f), s.f.\\ i" Mets qu'on a des-
servis. Donner la desserte aux domestiques, aux
pauvres. || 2° Fonction du desservant attaché au ser-
vice d'une cure, d'une chapelle. II.est chargé de la
desserte de cette succursale. || 3° Terme des ponts
et chaussées. Chemin de desserte, celui qui. dessert
une propriété, une forêt, c'est-à-dire qui la met ftf.
communication avec le grand chemin. || 4° Il s'est
dit aussi pour l'action de faire un service de bureau
ou autre. Il sera tenu par les gardes-jurés ou par
nos préposés, pour la desserte desdits bureaux de
visite et de marque, des registres paraphés parles
juges des manufactures, Lett. patent. 4er juin 4 780.
art. 4 0.
— HIST. xiv" s. Il apporteront la desserte des mets
aux escuiers de cuisine, Ménagier, 11, 4.
— ÉTYM. Voy. DESSERT. Dans l'ancien français
déserte signifiait ce qu'on mérite, venant de deser-
vir qui signifiait mériter : xin" s. Mal m'avez rendu
les désertes De ce que je servi vos é [ai], Ren. 25262,
Bien voient qu'il auront de leur fait la déserte, Berte,
xciv.
DESSERTI, IE (dè-sèr-ti,'tie), part.passé.
DESSERTIR (dè-sèr-tir), ». a. Terme de joaillier.
Dégager un brillant de son chaton, un médaillon
de sa monture. || Couper la sertissure d'un diamant
un peu au-dessous du feuilletis.
— ÉTYM. Des.... préfixe, pour dé.... avec une s
de prononciation, et sertir.
DESSERVANT (dè-sèr-van), s. m. Prêtre qui des-
sert une cure, une chapelle. || Dans un sens plus
général. On appelait ministres les desservants des
églises protestantes, VOLT. Moeurs, 4 38.
— SYN. DESSERVANT, CURÉ. X présent on donne
le nom de curé au chef ecclésiastique d'un chef-lieu
de canton, tandis que_, dans toute commune autre
que les chefs-lieux de canton, le chef du service
ecclésiastique est appelé desservant. Le territoire
d'un desservant est également nommé paroisse ; il
est aussi dit spécialement succursale.
— ÉTYM. Desservir.
DESSERVI, IE (dè-sèr-vi, vie), part, passé de des-
servir. Il 1° Enlevé de dessus une table. Les mets des-
servis. H Débarrassé des mets. La table étant des-
servie. Il 2" X qui on a Tendu un mauvais office.
Desservi auprès du ministre par des ennemis secrets.
Elle craignait d'être oubliée ou desservie, J. J. RODSS.
Confess. v. || 3° Dont on fait le service. Une cure des-
servie par un tel prêtre.
f DESSERVICE (dè-sèr-vi-s'), s. m. Mauvais of-
fice, action de desservir. M. du Maine, avec de l'es-
prit je ne dirai pas comme un ange, mais comme
un démon auquel il ressemblait si fort en malignité,
en noirceur, en desservices à tous, en services à per-
sonne, ST-SIH. 4 77, 4 4 4. On ne cessait de me faire au-
près de lui [le roi] les desservices les plus noirs, ID.
428, 464.
— HIST. XVIe s. Ces rapines excessives qui tour-
nent au très grand desservice du roy ne se peuvent
corriger que par chastimens exemplaires, LANODE,
4 06.
— ÉTYM. Des.... préfixe, pour dé.... avec une s
de prononciation, et service.
DESSERVIR (dè-sèr-vir), je dessers, tu dessers,
il dessert, nous desservons, vous desservez, ils des-
servent; je desservais; je desservis; je desservirai;
je desservirais; dessers, qu'il desserve; que je des-
serve, que nous desservions; que je desservisse;
desservant; desservi, v. a. || 1° Avec le sens négatif
du préfixe des. Enlever les plats de dessus la table.
Desservez la table. || Absolument. Lui hors de table,
on dessert au-plus vite, LA FONT. Orais. Si tôt que du
nectar la troupe est abreuvée, On dessert.... BOIL.
Lutrin, 1. || 2° Avec le même sens du préfixe des.
Rendre un -mauvais office à quelqu'un. Il vous a
desservi auprès d'un tel. Un homme tel que moi,
Quand il est mécontent, peut desservir le roi,
CORN. Agésil. ni, 4. [Il] Met à me desservir ses
plaisirs les plus doux, ROTROU, Vencesl. 1, 4. Le
fourbe trop longtemps a gouverné mon père Ft
desservi mes feux avec ceux de Valère, MOL. Tart.
ni, 4. C'est ainsi que le zèle indiscret du peuple
a, dans tous les temps, desservi le mérite et perdu
l'innocence, DIDER. Règne de Claude et Néron, 1,
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