Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1923-08-13
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32779904b
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 13 août 1923 13 août 1923
Description : 1923/08/13 (Numéro 16748). 1923/08/13 (Numéro 16748).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/03/2008
588 année. 3». série. N° 16748 <5 h* du matilî) PARIS ET DEPARTEMENTS 20 CENTIMES C S h. ÇlU IDâfin) ♦ LUNDI 13 AOUT 1923
ARTHUR MÊYEft
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JOURNAL DE LA DÉFENSE SOeiALE ET DE LA RÉCONCILIATION NATIONALE
ARTHUR MEYËR
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Nouvelle Ere
de Difficultés?
.LA NOTE ANGLAISE
« La nouvelle note anglaise, écrivait
hier lord Rothermere dans le Swiday
Pictorial, met l'Entente en péril. »
Nous serions tentés de partager l'opi-
nion de cet ami de la France, si nous
nous laissions entraîner par le premier
mouvement de surprise irritée que nous
cause la lecture de ce document dont
une incomplète analyse nous est parvenue
hier soir de Londres. Mais, Dieu merci,
nous avons acquis, depuis que le débat
franco-anglais se poursuit par l'échange
d'interminables papiers, la sérénité et
la philosophie que procurent la certi-
tude que le droit nous donne raison et
la résolution de poursuivre notre pro-
gramme.
-La note du cabinet britannique aurait
pu être signée par M. Lloyd George. On
y trouve sinon son style, du moins ses
idées. C'est à se demander si M. Baldwin
n'a point surtout songé en la rédigeant
il.. prouver à ses adversaires que la fai-
blesse qu'ils lui reprochent n'était
qu'une calomnie. Le ton cassant qu'il
emploie dans la critique qu'il adresse
à notre politique n'est point, semble-t-il,
dans sa manière habituelle. Il se plaint
que nous ayons déçu son attente la
France en ne se prêtant pas aux solu-
tions qu'il suggérait est en refusant
d'abandonner son intransigeance la
Belgique, en émettant la prétention de
revendiquer encore des droite de prio-
rité pour l'avenir, alors qu'elle a été,
lors des paiements effectués jusqu'ici,
plus favorisée que ses alliés.
JVI. Baldwin rappelle qu'il s'était mon-
tré tout disposé d exiger de l'Allemagne
le renoncement à la résistance passive,
à la condition que les « puissances oc-
cupantes » consentissent à examiner
ensuite les conditions de leur retrait
graduel de la Ruhrj Le premier minis-
tre estime que nous n'avons point « fait
bon accueil » à sa suggestion. Qu'a-
nous re-
se serait acquittée'.vis-
nous. Cette sécurité nous était
imposée par les leçons du passé.
M. Baldwin nous reproche encore de
nous dérober manifestement à l'offre
qui avait été faite d'adresser une réponse
conjointe à l'Allemagne et de nous éter-
niser dans une discussion stérilé; il
nous reproche aussi d'exiger des avan-
tages, pécuniers au détriment des droits
dd l'Angleterre. Il estime eue, déduc-
lion faite des pourcentages dus à l'An-
gleterre et aux Etats-Unis, la part de la
France ne.s'élèverait plus, en conformité
des évaluations de Spa, qu'à sept mil-
liards de marks or, alors qu'elle en ré-
clame 26 milliards. Bref le cabinet bri-
tannique considère que notre méthode
est détestable, que nos réclamations sont
en partie injustifiées et que notre occu-
pation de la Ruhr est illégale.
Il propose en conséquence que la
quèstion de la Ruhr soit portée devant
le tribunal de La Haye et que .le pro-
blème général des réparations soit réglé
de la façon suivante
li' Angleterre ne demanderait que le.
Remboursement des sommes qu'elle
s'est engagée à payer aux Etats-Unis,
'soit milliards 200 millions de marks
or. Auparavant on fixerait le montant
de la dette allemande par l'intermé-
diaire d'une commission internationale
qui jouerait le rôle de commission con-
sultative auprès de la C. D. R. à qui
il appartiendrait do se prononcer en
dernier ressort. On conclurait ensuite
des arrangements Qui assureraient.
le rétablissement des finances et du cré-
dit allemands et garantiraient le paie.-
ment ponctuel de la dette du Reich a
moyen d'un système de contrôle. Et M.
Baldwin ajoure
« Quand des mesures auront été prises
pour connaître la valeur réelle dé l'actif
représenté par les réoarations alleman-
dés et pour assurer la réalisation de cet
actif sans nouvelle dépréciation, le gou-
vernement britannique sera prêt a trai-
ter aussi généreusement que les cir-
constances le permettront, et en tenant
compte des capacités financières respec-
tives des différentes nations, les créances
qu'il a sur les alliés. »
Nous ne discuterons pas aujourd'hui
la» valeur du plan constructif suggéré
par le cabinet britannique ce qui s'en
dégage, surtout, c'est une confiance
naïve dans la bonne foi d'un. débiteur
qui n'a cessé de nous duper c'est cette
illusion qui, consiste il croire que l'Al-
lemagne, lorsque nous lui aurons rendu
èa sécurité et son crédit, continuera à
s'acquitter d'obligations dont elle n'a
cessé de contester la légitimité. Aussi
bien les suggestions de l'Angleterre ne
seraient acceptables qu'autant que nous
détiendrions, j usqu'à compléf paiement
de notre créance. un gage qui nous ga-
rantisse contre, les défaillances volon-
taires que nous prévoyons. Cette thèse,
que M.. Poincaré a ardemment et réso-
lument soutenue jusqu'ici, est d'une logi-
que irréfutable.
Je ne pense pas que nous puissions la
répudier. Il appartient d'ailleurs au
chef de notre gouvernement de répondre
point ̃ par point au réquisitoire de M.
Baldwin, ce qu'il ne' manquera pas .de
faire.
L'analyse par l'agence Reuter du do-
'que nous avons sous les yeux
eet trop succincte pour que nous soyons'
en mesure d'en- approfondir le sens et
d'en apprécier la portée. Elle suffit tou-
tefois à nous fixer sur l'attitude du cabi-
net de Londres elle peut se résumer
ainsi le gouvernement britannique
vient d'apporter à l'Allemagne un' en-
courage ment à sa résistance auquel le
Reich ne s'attendait certainement points.
Et; ce qui est plus grave encore, il rendra
« l'arrangement » qu'il souhaite plus dif-
ficile. que jamais du fait qu'il a posé le
problème sous une forme telle que sa
solution impliquerait une capitulation
de la France.
UN MINI STÈRE SHRBBIW
Ainsi'qu'il était à prévoir, M. Cuno
a remis hier sa démission au président
Eberf; il n'était que temps qu'il don-
riât cet apaisement à l'opinion, qui
voyait avec une inquiétude croissante
l'émeute gagner les centres industriels
du Reich et provoquer déjà des colli-
sions sanglantes à Weimar, à Hanovre,
à Ratibor et en maints autres lieux.
Une dépêche de Berlin nous appre-
nait dans la soirée que le chef du pou-
voir exécutif avait fait appeler M. Stre-
eemann, afin de lui confier la mission
de former le nouveau ministère. Il sem-
ble à peu près certain que le leader'po-
puliste aura, d'ici vingt-cuatre heures,
constitué un cabinet de coalition tel
que l'impose, d'accord avec la majorité
parlementaire, le parti socialiste. Il
s'agit de savoir toutefois dans quelles
proportions celui-ci sera représenté dans
le nouveau ministère. On lui attribuait
l'intention de réclamer au moins deux
portefeuilles importants, dont celui des
affaires étrangères. Aux dernières nou-
velles, M. Stresemann aurait décidé' de
rattacher provisoirement ce départe-
ment à la chancellerie, ce qui paraît si-
gnifier que l'évolution de la politique
extérieure de l'Allemagne ne sera pays
aussi radicale que d'aucuns semblaient
croire, puisque M. Stresemann se décla-
rait, il y a quelques jours à peine, par-
tisan de la résistance passive dans, la
Ruhr. ̃ ̃
Néanmoins, comme une réforme finan-
cière s'impose diurgence, et qu'il n'est
pas possible, ainsi que nous l'expli-
quions hier, de recourir aux seules me-
sures indispensables, c'est-à-dire à des
emprunts extérieurs avant que. le
Reich se aoit entendu avec .ses créan-
ciexs» il est probable que l'i nf-rafréi-
geiince du nouveau Rouvernenieiit- k«n-
bera devant la nécessité de sauver le
pays d'une irrémédiable catastrophé.
Gherchera-t-il il s'entendre directe-
ment avec la France.? L'hypothèse était
admissible hier elle ne l'est plus depuis
que l'on a connaissance de la note an-
glaise. Il est à craindre, en effet, que
le cabinet Stresemann ne juge infini-
ment plus avantageux de se rallier il la
thèse britannique qui se rapproche sin-
gulièrement des propositions que le mi-
nistère Çuno • avait formulées, notam-
ment en ce qui corucerue l'évaluation
des capacités du Reich par une commis-
sion internationale d'experts dans la-
quelle figurerait un représentant alle-
mand. Il faut donc nous attendre
l'adhésion du gouvernement de Berlin
aux suggestions, de M. Baldwin. La
situation ne s'en trouvera pas simpli-
fiÉé ;loin de la. La France et la Belgi-
que devront faire face à une coalition
d'intérêts. C'est, je le crains, une nou-
.elle de difficultés qui s'ouvre.
René d'Aral
LA DÉMISSION
Berlin, 12 août.
Le chancelier Vu-no Il remis Il 19 heu-
la démission colUciicc du cabinet..
M. Streçernann chargé de former
le cabinet
Berlin, 12 août.
mann de la formation du nouveau cabinet.
Au ours de la journée, Je chefs populiste
avait, déjà conféré avec les représentant'
des différents partis et des hommes, politi-
ques en vue.
Il semble que l'attribution du portefeuille
des affaires étrangères ait rencontré quel-
ques difficultés. Au\ dernières "nouvelles,
res bien informés que M. Stresemann serait
à, la fois chancelier .et "ministre des alïai-
res étrangères, comme ce fut le cas pour M.
La désignation de M. llilferding, socia.
liste, aux finances, parait à peu près cer-
taine. L->- portefisiille de l'intérieur serait
cjhfié ait socialiste .Sollniaim. On prononce
secrétaire d'Etat la Chancellerie d'Em-
pire.
La grève communiste
32 morts à Hanovre, 6 à Gtlsenkirchen,
13 en Thuringe
Les. dépêches de 'Berlin, la soii^ée j
la grève communiste, se rapportent donc
•à la journée de la veille, On a télégraphié
Des troubles assez graves su sont pro-
duits hier à laanofre, où, dés le matin, un
appel des communistes conseillers d'exploi-
tat-iun des tisiriés avait été tancé contre les
usines. et entreprises les plus importante'?.
La foule n'a pas été longue à obéir. à j
ces conseils de violence. Elle a mis au pil-
lage un magasin d'armes, ainsi que plu-
sieurs dépôts de vivres et de. vêtements.
La police accourut sur les lieux et une-
rixe sérieuse s'engagea. Il 3? morts
et une quarantaine de blesses.
D'autres collisions graves se sont pro-
duites à Gelsenkirchen, où il y eut une
demi-douzaine de morts et. une douzaine de
_Des troubles non moins sérieux se sont
produits à Neuroda, en Thuringe. treize
personnes; ont été tuéës, et un grand nom-
bre grièvement blessées. La « schupo » fut
en partie désarmée par la foule qui s'es,t
ensuite rendue dans les environs et ° a
obligé'les paysans à lui remettre du blé et
des vêtements.'
Une centaine de jeunes garnements ont
parcouru la Wilhelmstrass, à Berlin, en
chantant des hymnes révolutionnaires et
communistes. comme ils essayaient' de se
masser-devant les bâtiments officiels, la
police les dispersa sans trop de peine.
UNE ANALYSE
DE LA NOTE ANGLAISE
L'agence Reuter résume brièvement
comme suit la communication adressée
hier par le gouvernement britannique
à la France et à la' Belgique.
C'est sous réserves sur la forme et la
tendance que nous donnons son ré-
sumé en la.. citant:
Déception anglaise
La note anglaise déclare que les répon-
ses française et belge ont causé une sincère
déception au gouvernement britannique.
Ce gouvernement éprouve une impression
pénible de voir que les alliés n'accueillent
pas les propositions anglaises et,n'estiment
pas que l'offre de coopération anglaise mé-
rite d'être prise en considération, à moins
que les vues franco-belges ne soient entiè-
rement acceptées
Les propositions franco-belges pour la
priorité tendent à modifier en faveur de la
France et de la Belgique le pourcentage
des répartitions des réparations fixé par.
l'accord de Spa. Le gouvernement britan-
nique continue à estimer qu'il faudrait
une enquête internationale impartiale qui
fixât le chiffre total des réparations.
Les dettes interalliées et la Ruhr
est disposée à boraer le
chiffre de ses 'réclamations de rê/iibourse-
-ment, par les Alliés et V Allemagne la
somme de Il ̃milliards 20 ̃ jniilions de
marks-or, laquelle équivaut d la valeur de
la dette consolidée anglaise, envers les
Etats-Unis.
Le tribunal international de justice de
La Haye pourrait décider de la légalité de
l'occupation de la Ruhr, laquelle, selon le
gouvernement anglais, n'est pas autorisée
ni sanctionnée par le traité..
La Grande-Bretagne entend que l'Alle-
magne paie les réparations dans toute l'é.
tendue de ses capacités. La Grande-Breta-
gne estime que la procédure franco-belge
est vouée à un échec.
Dans un mémorandum, annexe relatif
aux dettes interalliées le gouvernement
britannique dit qu'il lui est impossible de
faire des concessions tant qiC tin règlement
stable des réparations' lie sera pas inter-
•aenu. La première chose est q2te les alliés
se ̃mettent d'accord sur le chiffre înaxifiïuiu
Le gouvernement anglais déclare que la
dette delà France, enverx la Grœnde^Bre-
tagne' ne, peut pas lionorablemevt être ré-
pudiée par la France. Il estime que Ie
aussitôt qu'une stabilité raisonnable sera
établie pour le change, dc la livre sterling
et' dtt franc.
Les propositions présentées
invité' iL retirer les ordres et les mesure*
enjoignant la résistance passive. De plus,
pour répondre iL l'objection des Belges et
des Français- a tout marchandage à ce
propositions britanniques se bornaient à
donner avis que si le gouvernement alle-
mand renonçait. immédiatement à la résis-
tance passive, ce fait serait regardé non
seulement comme une preuve de sa bonne
foi, mais qu'il amènerait aussi-, les puis-
sances occupantes examiner à nouveau
les conditions de leur occupation et qu'il
y aurait retour graduellement dans la
Ruhr aux conditions normales de la le
industrielle,
(Tire la suite en Dernière Heure.)
L'Ecole
du gardien de la p aix
.Lu vieille ehansun Je l'agent qui se balade,
qui se balade tout le temps n'est plus qu'un
mythe. A l'angle du carrefour et des artères
où' la circulation est intense et difficile, le flol
des voitures se précipite, se choque, s'entre-
croise, tandis qu'un jeune agent imberbe, tel
un coq dressé ses ergots, surveille le va-et-
vient. Il manie dextrement le bâton blanc et
siffle avec autorité les récalcitrants.. Et le voilà
aux prises avec un chauffeur qui vient de couper
sournoisement la file des véhicules:
Vous ne connaissez pas le règlement;
vous? Je vais vous l'apprendre tout il l'heure.
Et %déjà il tire son petit carnet; mais, comme
le coupable baisse le nez, le vieux gardien de
la brigade des voitures, qui, de l'autre côté,
surveille son jeune disciple, fait un signe et.
tout repart. Mais voici maintenant une voiture
à bras qui menace d'embouteiller le passage.
Coup de sifflet. Le jeune agent stagiaire se pré-
cipite:
Passez de l'autre cbre, par la rue trans-
versale.
Mais l'homme, têtu, discute, gesticule jus-
qu'au moment où le vieux gardien, là-bas, impa-
tienté, siffle. Alort-, Je jeune agent, d'une
poussée, met la voiture dans la direction requise.
Argument sans réplique, cette fois.
Et voilà comment, sous l'œil tutélaire de leurs
aînés, les jeunes gardiens de la paix étudient
pratiquement dans la rue les .problèmes com-
plexes de la circulation et de Tordre ptiblic.
Ils apprennent il intervenir en cas d'accident, i
mrertoger. et à transcrire rapidement les indica-
tions utiles.
Car il y a Paris une section-école pour la
formation des nouvelles reerues de la police.
C'est une idée chère à M. Nàudin," préfet de'
police, qui veut que les gardiens de la paix
soient préparés de longue main a remplir con-
venablement les multiples devoirs qui- leur
Ainsi, le jeune agent apprendra comment .il
faut. avoir de la tenue sans raideur et dé l'auto-
rité sans discussion oiseuse. Et la transition se
fera.pour le mieux entre ta police d'hier et cette
de' demain.
Un commissaire très expert. M. Peyrot des
Cachons, auquel viennent s'adjoindre un inspec-
teur principal, quatre brigadiers chefs et douze
brigadiers, s'occupe spécialement de la forma-
tïon et de 'éducation professionnelle dn agents
stagiaires. "̃'
Les cours, m'a dzclaré le commissaire qui
dirige cet apprentissage, comprennent une série
de conférences sur le rôle de la police, la disci-
pline, les devoirs d'ordre, d'assistance, de
secours, de protection à l'égard du public, le
droit d'arrestation, l'usage de la force et des
armes, la sincérité du témoignage. En outre,
on indique la manière d'interpeller, de'relever
des infractions aux règlements et d'arrêter quand
il le faut les délinquants.
n Des éléments de droit pénal sont enseignés.
Le jeune stagiaire suit également des cours de
culture physique, tandis que des films cinémato-
graphiques complètent par des vues ces leçons
pratiques.
Ce qu'il faut avant tout, c'est que l'agent,
détenant une parcelle de l'autorité, soit bien
conscient du rôle qu'il doit jouer et ne perde
jamais son sang-froid. On lui indique qu'il faut
intervenir utilement pour ce qui offre un incon-
vénient sérieux ou un danger sur la voie
publique.
Le côté moderne de cet enseignement, c'est
qu'il est vraiment utilitaire. Les jeunes agents
s'habituent à figurer entre eux les diverses
scènes qui se produisent dans la rue: l'un est
la victime tandis que l'autre prend la place
du «tamponneur ». On échange rapidement les
adresses. D'ailleurs, le; jeune stagiaire doit le
lendemain faire son rapport à ses chefs sur les
menus incidents de sa journée pendant qu'il
était de service dans la rue.
Et au cours de ces diverses prescriptions, on
ne néglige point le rôle moral: la protection des
animaux et les devoirs d'assistance. immédiate.
Et souvent l'on peut voir, sous l'œil souriant
du vieux gardien, un jeune collègue qui fait
^.tra verser la chaussée à une jeune maman et
l'aidé à pousser sa voiturette.
Car le sergent de ville doit, en principe, être
atrssi le gardnen de la vieille galanterie fran-
çaise. Raoul Vtterbo
La C.G.T.U.
contre la France
L'Humanité de .ce matin portait, en
manchette, ce titre, imprimé en lettres
énormes « Le nirolétariat français aux
côtés du prolétariat allemand' et ce
tire était suivi d'un appel de la confédé-
ration générale du travail unitaire en
faveur des travailleurs allemands.
« Le prolétariat français il côté du
prolétariat allemand contre qui ? Con-
tre Cuno, Stinnes et consorts? Contre
le gouvernement du Reich, qui a renié
sa parole, ses engagements ? Soit Nous
sommes tous contre ces gens-là Mais
ce n'est pas, du tout ainsi que l'entend
la C. G. T. U:, et ,T 'Humanité prend
soin de spécifiecl C'est contre notre
'corps d'occupation que ces mauvais i>er-
pulaires,; c'est contre les mesures que
nous pouvons être amenés ii, prendre
contre une insurrection que proteste
d'avance la, feuille révolutionnaire.. Et
cela est un crime 1
Le gouvernement a entamé il y a six
mois une procédure malheureuse contre
M. Cachin et les meneurs communistes
qui, alors comme aujourd'hui, enten-
daient se placer eritre les droits et les
volontés de la France et l'Allemagne. Le
procès a abouti à un ,non-lieu., Pour-
Parce qu'au lieu de: poursuivre ces
.antipatriotes pour leurs discoure pu-
blics, pour leurs articles, pour tout ce
qu'ils crient chaque jour dans leurs
journaux et dans leurs réunions, on a
été chercher je ne sais quelles pièces
secrètes et, 'qu'on.. s'est embarrassé dans
.Mais. quel- magistrat, quel,, juré, peut
prennent parti contre nos troupes d'oc-
cupation, contre nos officiers et contre
nos se permettent d'incrimi-
ner leurs actes ? Ou les mots n'ont plus
de sens, et ils ne sont plus qu'un vain
souffle, ou cela s'appelle une trahison
Comment à l'heure où des cris de
haine contre la France s'élèvent de Ber-
lin, de Munich avec une violence in-
connue jusqu'ici, quand nos compatrio-
tes, nos agents diplomatiques sont inju-
riés, molestés, sur tout le territoire de
1 Empire, quand des attentats épouvan-
tables sont chaque jour perpétrés contre
nos troupiers, il serait permis à des
politiciens de déclarer que le devoir du
prolétariat français --st. de se ranger aux
côtés du prolétariat allemand ?..
va vivre des heures graves.
La société, tout te monde civilisé peu-
vent connaître des instants critiques. Il
s'agit de prendre ses responsabilités.
Dans une tragédie célèbre de Sliakes-
peare, un des héros, emporte.. '.par. l'or-
gueil de sa caste, tente de s'interposer
entre les lois de Rome et l'application
qu'elle en fait à .ses ennemis, et le peu-
ple lui crie « Les dieux le défendent
Juste commandement. On ne se dresse
pas contre les intérêts les plus pressants
de sa patrie, contre ses droits les plus
stricts, ou bien l'on est un traître
Curtius
L'EFFORT _DE LA FRANCE
Prenant hier la parole au concours de
Bort (Correze), M. de Lasteyrie, minis-
tre des finances, a éloquemment montra
à quel point notre situation financière
s'est' améliorée.
Le ministre: a,' en effet, rappelé que,
pour les six premiers mois de l'année,
les plus-values d'impôts, par rapport à
l'année dernière, dépassent 1 milliard
millions. Et si, comme tout le porte
a croire, a-t-il ajouté, ces plus-values se
maintiennent pendant le, coure du se-
cond semestre, nous serons parvenus à
réaliser l'équilibre de, notre budget or-
dinaire, y compris l'annuité de 3 mil-
liards 300 millions, payée pour le compte
de l'Allemagne.
Ainsi donc, si l'Allemagne avait exé-
cuté les engagements solennels qu'elle
contracta à Versailles, le budget ordi-
paire français se suffirait à lui-même et
nous n'aurions aucun emprunt à faire
pour faire face .aux dépense© recouvra-
bles..
Lorsqu'on songe que ces 'résultats ont
été obtenus après, plus de quatre années
de, la plus effroyable des guerres, où la
France a vu de ses fils tomber,
où ses plus riches territoires ont été
systématiquement ravagés par l'ennemi,
on ne peut s'empêcher d'admirer le res-
sort d'énergie de son peuple.
Et le mot d'un journal autrichien, le
Wanderer, nous revient en mémoire
« C'est le pays des ressources inépuisa-
bles, de l'activité infatigable, de la pro-
duction incessante. »
Il y a cinquante ans c'était au len-
demain, de la guerre de 1870 que ces
lignes ont été écrites. Elles ne furent
jamais aussi vraies qu'aujourd'hui.
G. W.
Les Échos
En chasse, en chasse.
Nous voici à la, veille de l'ouverture.
Lès treize cent mille fusils des treize
cent mille porteurs de permis délivrés
cette année feront-ils fructueusement
parler la pondre ?
Les statistiques du service des eaux et
forêts annoncent une saison abondante
en chevreuils, lièvres et lapins. Mais il
y aura peu de faisans, les froids printe-
nièrs ayant décimé les nids.
'Le perdreau est bien venu en Artois,
en Picardie, en Beauce, en Sologne'et
en Champagne. 11 sera rare dans les
régions où les blés versés par de fré-
quents orages ont contraint les perdrix
à l'abandon de leur couvée.
Les cailles ont traversé les mers en
grand nombre. Mais elles peuvent les
repasser au premier coup de vent d'est
qui décide leur migration plus ou moins
tôt. en septembre.
La sécheresse persistante fera tort au
gibier d'eau canards, sarcelles, bécas-
ses, etc.
Mais les chasseurs qui ne voudront
pas rentrer bredouilles auront, toujours
l'occasion d'acheter c.ux Halles le gibier
qui, mystérieusement, y arrive le matin
même de l'ouverture.
Paris désert..
La .Ipculiqn banalisée .par les chroni-
en ce beau dimanche parisien: ̃ '•
Certaines rues de là capitale, aux bou-
tiques fermées et aux volets clos. ne
virent pas passer vingt personnes dans
la. journée. A peine deux ou trois voi-
tures circulèrent-elles, de loin en loin,
entre une heure et quatre heures de
l'après-midi, sur les Champs-Elysées, la
Concorde, la rue de la Paix, l'avenue de
l'Opéra.
Les rares promeneurs purent circuler
sans encombre sur les grands boule-
vards aux chantiers abandonnés.
Mais à l'heure de l'apéritif, où décline
li; chaleur du jour, les foules égayées
de toilettés claires surgirent, on ne sait
d'où, comme par enchantement, et, tard
.dans la soirée, les orchestres charmèrent
,aux terrasses des cafés d'innombrables
.consommateurs.
Le « Landj uwel » d'Anvers.
Qui donc a prétendu qu'un vent de
pessimisme passait sur nos fidèles'amis
et alliés belges
J amais les fêtes d'Anvers ne furent
plus joyeuses et brillantes. Le Roi, la
Reine et LL. AA. le prince Leopold et
la princesse Marie- José, salués- d'ova-
tions enthousiastes, il. leur arrivée au
palais royal de la place de Meir, reçu-
rent les autorités civiles et militaires de
la ville et assistèrent, du haut du balcon,
au défilé du cortègB traditionnel des
bijoux.
Il fut splendide, ce cortège pittores-
que, qui ne comptait pas moins de deux
mille personnages, dont les costumes
ressuscitaient les fastes contemporains
de et commémoraient les évé-
les plus glorieux da l'histoire
Les rues, transformées en voies
triomphales, ornées de guirlandes de
verdure, de fleurs, et toutes frissonnan-
tes de drapeaux, ne cessèrent pas de
rouler les flots d'une foule à qui ne man-
quait 'certes pas le sourire.
Les bijoux' sont des dates de la vie
sentimentale. Qu'on les achète ou qu'on
les vende, ils sont du bonheur. Dusau-
soy, 41, boulevard des Capucines, en fait
l'expertise, les achète au plus haut prix
et procure de magnifiques occasions.
Un « témoin » américain;
Qu'est-ce qui vous a le plus im-
pressionné au cours de votre visite en
France ? ont demandé les reporters
américains à M. John fils du
fameux roi du pétrole, à son retour aux
Etats-Unis.
C'est le paysan français acharné-à
reconstruire les pays ravagés par la
guerre sans s'accorder une heure de
répit, sans connaître une minute de
découragement ou de lassitude. Je salue
le courtage de ces paysans français en
qui vit l'âme patiente et tenace de la
France. Le gouvernement voulait rache-
ter une partie des régions dévastées
pour les reboiser. Les paysans n'ont pas
voulu céder à l'Etat le moindre lopin.
Ils. ont préféré remettre eux-mêmes en
état de produire cette terre où vécurent
leurs aïeux, et qui recommence a don-
:ner de magnifiques moissons.
N'est-ce pas que ce témoignage cons-
titue la meilleure et la plus touchante
des propagandes ?
Le Uoq
Fefite Feuille
Les Beaux Dimanches cTHerblay
On ne connaît pas Herblay C'est trop'
près ou ce n'est pas assez loin Pensez!
donc, on peut s'y rendre en quarante Ini-
nutes, en chemin de fer une auto y coiv,
duit en moins d'une demi-heure. Ce n'est
pas Paris, c'est sa banlieue. Mais quelle,
banlieue 1
On y trouve à la fois la montagne, la
mer, le lac, la ville d'eaux. Des maisons"
déposées eur une incomparable corniche,!
dominent la Seine, qui s'étend comme un
ruban de moire, et on la voit si loin qu'on
a déjà. l'impression que c'est le plus beau
et le plus long fleuve de France.
On a chanté le cimetière d'Ambétieux.
Quel poète célébrera le cimetière d'Her-
blay ? Ce n'est pas un cimetière, c'est le ci.
metière comme un jardin suspendu, avec,
ees terrasses et ses couronnes de branches,
au-dessus de la vallée, il est déjà tout près!
du ciel on croirait que, d'un geste à peine,;
on peut l'atteindre. Comme on doit y dor-i
mir paisiblement 1 Bien des tombes y sont!
abandonnées, mais la verdure se charge del
veiller sur elles. Un oiseau, toujours le
même, depuis de longues années, y chante
sa même mélodie. Les jours passent et rien
ne vient troubler la sérénité de ces lieux'
qu'un, orem-us qui, furtif, se glisse pgr lai
porte ientr'oùvertè de l'église ou qu'une
bouffée d'encens qui s'évapore dans l'azur*!
Mais, en bas, c'est la vie, simple et tran-i
quille. Sur la berge même, deux auberges
offrent leurs petites tables engageants. il;
y a là une foule heureuse de vivre, de xes-i
pirer, de s'emplir les yeux d'horizons choi-,
Un petit bac transporte sans cesse, de
l'autre côté de la rive, des promeneurs qui
vont s'étendre dans un parc merveilleux
c'est peine si, en déjeunant sur l'herbe,
on oserait oublier uu vieux journal. Des
1 joueurs de tennis vont et viennent des
pêcheurs, immobiles et patients, ont/ l'air;!
d'attendre avec résignation le moment où,
ils seront péchés par les poissons Des ha-i
teaux passent, des barques glissent, des
voiles volent, des rames cueillent, l'eau'
d'argent qui retombe presque en silence.
Cependant, des phonographes nasillards,
des orchestres mécaniques déclarent obsti-
nément qu' « ils en ont marine » ou bien'
qu'. « ilp ont fait ça machinalement ou.'
même qu'ils ont fait ça en douce
Plus'.loin, une hostellerie accueillante et
confortable vous invite irrésistiblement 1
Pas moyen de refuser. Sur une immense
terrasse, parmi les fleurs; des groupes dé-
jeunent ilç ont déjà oublié les soucis de la
semaine ils ont tous vingt ans. Un
piano murmure la Valse bleue et ça les
rajeunit encore Entrons dans la danse.
Dans un. coin, à une petite table, « le « cou-:
ple finit de déjeuner. Elle est pleine de sou-1
rires et de poésie. En passant près de .ces
heureux que personne n'ose regarder, pou
ne les point troubler, nous entendrons ce=;
pendant prononcer, à mi-voix
Là, tout n'est qu'ordre et beauté^
Luxe, calme.
René Jacques
Deux Discours
de 1., f oincarêi
LE PRÉSIDENT DU CONSEIL
RÉPOND AU DERNIER DISCOURS
DU CHANCELIER CUNO
Si M. Cuno croit que nous sorti-,
rons de la Ruhr avant d'lavoir
reçu le montantde notre créance
il se trompe lourdement.
Raymond Poincaré.
(Discours de Marvule,)
A MARVIULE
Dans une lointaine petite bourgade da
Lorraine, Marville, blottie dans un déli-
cieux décor de bois et de prairies, M..
Raymond Poincaré a présidé hier l'inau-
guration dit monument élevé à la nie-
moire des enfanta de la commune morts
pour la patrie.
Sous le ciel bleu, les vieilles maisons
villageoises sont fleuries de drapeaux
belges et français. Il ne reste presque
plus de traces' des dévastations que les
Allemands commirent en août t9ii, et
la population a revêtu ses plus beaux
habits pour recevoir le président du'
conseil.
La cérémonie de l'inauguration du!
monument aux morts ressemble à toutes
les cérémonies identiques. Emue et re-
cueillie, la population est groupée au-
tour du monument. M. Poincaré a pris
place sur une petite estrade improvisé,
Il y a des généraux, des officiers supé-
rieurs, les parlementaires du départe-
ment, le préfet, les autorités locales, Il
y a la fanfare du bourg, qui fait escorte
au président du conseil il y a des arcs
de triomphe faits de verdure et de
fleurs, et il y a sur le socle de pierre:
que surmonte une France voilée et enve-
loppée d'un drapeau, quarante-deux
noms d'enfants de Marville morts au'
champ d'honneur.
Après quelques paroles émues de M.
Richard, maire de la commune, M.
Poincaré prend la parole.
Le président du conseil évoque tqut
d'abord les « épouvantables souvenirs »
de les batailles de Virton et de
Longwy, l'échec de l'offensive des Se et
4e armées françaises, les conséquences
immédiates de notre défaite à Char-
leroi
L'aube du 25 août fut sinistre pour vous.
Dès 4 heures du matin, la bataille com-
mence, et Marville est pris sous le feu de
l'ennemi. La 13e brigade française est ici'
même et elle tient, en outre, la rivière jus-
qu'au Petit-Failly la brigade, qui com-
pose, avec la 13° la 7" division, occupe éga-
lement les hauteurs de et toutes
;deux restent pleines de confiance, car la
position, fortement organisée par le génie,
est excellente et offre à l'artillerie des. em-
placements avantageux. Mais une trûffièft
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Nouvelle Ere
de Difficultés?
.LA NOTE ANGLAISE
« La nouvelle note anglaise, écrivait
hier lord Rothermere dans le Swiday
Pictorial, met l'Entente en péril. »
Nous serions tentés de partager l'opi-
nion de cet ami de la France, si nous
nous laissions entraîner par le premier
mouvement de surprise irritée que nous
cause la lecture de ce document dont
une incomplète analyse nous est parvenue
hier soir de Londres. Mais, Dieu merci,
nous avons acquis, depuis que le débat
franco-anglais se poursuit par l'échange
d'interminables papiers, la sérénité et
la philosophie que procurent la certi-
tude que le droit nous donne raison et
la résolution de poursuivre notre pro-
gramme.
-La note du cabinet britannique aurait
pu être signée par M. Lloyd George. On
y trouve sinon son style, du moins ses
idées. C'est à se demander si M. Baldwin
n'a point surtout songé en la rédigeant
il.. prouver à ses adversaires que la fai-
blesse qu'ils lui reprochent n'était
qu'une calomnie. Le ton cassant qu'il
emploie dans la critique qu'il adresse
à notre politique n'est point, semble-t-il,
dans sa manière habituelle. Il se plaint
que nous ayons déçu son attente la
France en ne se prêtant pas aux solu-
tions qu'il suggérait est en refusant
d'abandonner son intransigeance la
Belgique, en émettant la prétention de
revendiquer encore des droite de prio-
rité pour l'avenir, alors qu'elle a été,
lors des paiements effectués jusqu'ici,
plus favorisée que ses alliés.
JVI. Baldwin rappelle qu'il s'était mon-
tré tout disposé d exiger de l'Allemagne
le renoncement à la résistance passive,
à la condition que les « puissances oc-
cupantes » consentissent à examiner
ensuite les conditions de leur retrait
graduel de la Ruhrj Le premier minis-
tre estime que nous n'avons point « fait
bon accueil » à sa suggestion. Qu'a-
nous re-
se serait acquittée'.vis-
nous. Cette sécurité nous était
imposée par les leçons du passé.
M. Baldwin nous reproche encore de
nous dérober manifestement à l'offre
qui avait été faite d'adresser une réponse
conjointe à l'Allemagne et de nous éter-
niser dans une discussion stérilé; il
nous reproche aussi d'exiger des avan-
tages, pécuniers au détriment des droits
dd l'Angleterre. Il estime eue, déduc-
lion faite des pourcentages dus à l'An-
gleterre et aux Etats-Unis, la part de la
France ne.s'élèverait plus, en conformité
des évaluations de Spa, qu'à sept mil-
liards de marks or, alors qu'elle en ré-
clame 26 milliards. Bref le cabinet bri-
tannique considère que notre méthode
est détestable, que nos réclamations sont
en partie injustifiées et que notre occu-
pation de la Ruhr est illégale.
Il propose en conséquence que la
quèstion de la Ruhr soit portée devant
le tribunal de La Haye et que .le pro-
blème général des réparations soit réglé
de la façon suivante
li' Angleterre ne demanderait que le.
Remboursement des sommes qu'elle
s'est engagée à payer aux Etats-Unis,
'soit milliards 200 millions de marks
or. Auparavant on fixerait le montant
de la dette allemande par l'intermé-
diaire d'une commission internationale
qui jouerait le rôle de commission con-
sultative auprès de la C. D. R. à qui
il appartiendrait do se prononcer en
dernier ressort. On conclurait ensuite
des arrangements Qui assureraient.
le rétablissement des finances et du cré-
dit allemands et garantiraient le paie.-
ment ponctuel de la dette du Reich a
moyen d'un système de contrôle. Et M.
Baldwin ajoure
« Quand des mesures auront été prises
pour connaître la valeur réelle dé l'actif
représenté par les réoarations alleman-
dés et pour assurer la réalisation de cet
actif sans nouvelle dépréciation, le gou-
vernement britannique sera prêt a trai-
ter aussi généreusement que les cir-
constances le permettront, et en tenant
compte des capacités financières respec-
tives des différentes nations, les créances
qu'il a sur les alliés. »
Nous ne discuterons pas aujourd'hui
la» valeur du plan constructif suggéré
par le cabinet britannique ce qui s'en
dégage, surtout, c'est une confiance
naïve dans la bonne foi d'un. débiteur
qui n'a cessé de nous duper c'est cette
illusion qui, consiste il croire que l'Al-
lemagne, lorsque nous lui aurons rendu
èa sécurité et son crédit, continuera à
s'acquitter d'obligations dont elle n'a
cessé de contester la légitimité. Aussi
bien les suggestions de l'Angleterre ne
seraient acceptables qu'autant que nous
détiendrions, j usqu'à compléf paiement
de notre créance. un gage qui nous ga-
rantisse contre, les défaillances volon-
taires que nous prévoyons. Cette thèse,
que M.. Poincaré a ardemment et réso-
lument soutenue jusqu'ici, est d'une logi-
que irréfutable.
Je ne pense pas que nous puissions la
répudier. Il appartient d'ailleurs au
chef de notre gouvernement de répondre
point ̃ par point au réquisitoire de M.
Baldwin, ce qu'il ne' manquera pas .de
faire.
L'analyse par l'agence Reuter du do-
'que nous avons sous les yeux
eet trop succincte pour que nous soyons'
en mesure d'en- approfondir le sens et
d'en apprécier la portée. Elle suffit tou-
tefois à nous fixer sur l'attitude du cabi-
net de Londres elle peut se résumer
ainsi le gouvernement britannique
vient d'apporter à l'Allemagne un' en-
courage ment à sa résistance auquel le
Reich ne s'attendait certainement points.
Et; ce qui est plus grave encore, il rendra
« l'arrangement » qu'il souhaite plus dif-
ficile. que jamais du fait qu'il a posé le
problème sous une forme telle que sa
solution impliquerait une capitulation
de la France.
UN MINI STÈRE SHRBBIW
Ainsi'qu'il était à prévoir, M. Cuno
a remis hier sa démission au président
Eberf; il n'était que temps qu'il don-
riât cet apaisement à l'opinion, qui
voyait avec une inquiétude croissante
l'émeute gagner les centres industriels
du Reich et provoquer déjà des colli-
sions sanglantes à Weimar, à Hanovre,
à Ratibor et en maints autres lieux.
Une dépêche de Berlin nous appre-
nait dans la soirée que le chef du pou-
voir exécutif avait fait appeler M. Stre-
eemann, afin de lui confier la mission
de former le nouveau ministère. Il sem-
ble à peu près certain que le leader'po-
puliste aura, d'ici vingt-cuatre heures,
constitué un cabinet de coalition tel
que l'impose, d'accord avec la majorité
parlementaire, le parti socialiste. Il
s'agit de savoir toutefois dans quelles
proportions celui-ci sera représenté dans
le nouveau ministère. On lui attribuait
l'intention de réclamer au moins deux
portefeuilles importants, dont celui des
affaires étrangères. Aux dernières nou-
velles, M. Stresemann aurait décidé' de
rattacher provisoirement ce départe-
ment à la chancellerie, ce qui paraît si-
gnifier que l'évolution de la politique
extérieure de l'Allemagne ne sera pays
aussi radicale que d'aucuns semblaient
croire, puisque M. Stresemann se décla-
rait, il y a quelques jours à peine, par-
tisan de la résistance passive dans, la
Ruhr. ̃ ̃
Néanmoins, comme une réforme finan-
cière s'impose diurgence, et qu'il n'est
pas possible, ainsi que nous l'expli-
quions hier, de recourir aux seules me-
sures indispensables, c'est-à-dire à des
emprunts extérieurs avant que. le
Reich se aoit entendu avec .ses créan-
ciexs» il est probable que l'i nf-rafréi-
geiince du nouveau Rouvernenieiit- k«n-
bera devant la nécessité de sauver le
pays d'une irrémédiable catastrophé.
Gherchera-t-il il s'entendre directe-
ment avec la France.? L'hypothèse était
admissible hier elle ne l'est plus depuis
que l'on a connaissance de la note an-
glaise. Il est à craindre, en effet, que
le cabinet Stresemann ne juge infini-
ment plus avantageux de se rallier il la
thèse britannique qui se rapproche sin-
gulièrement des propositions que le mi-
nistère Çuno • avait formulées, notam-
ment en ce qui corucerue l'évaluation
des capacités du Reich par une commis-
sion internationale d'experts dans la-
quelle figurerait un représentant alle-
mand. Il faut donc nous attendre
l'adhésion du gouvernement de Berlin
aux suggestions, de M. Baldwin. La
situation ne s'en trouvera pas simpli-
fiÉé ;loin de la. La France et la Belgi-
que devront faire face à une coalition
d'intérêts. C'est, je le crains, une nou-
.elle de difficultés qui s'ouvre.
René d'Aral
LA DÉMISSION
Berlin, 12 août.
Le chancelier Vu-no Il remis Il 19 heu-
la démission colUciicc du cabinet..
M. Streçernann chargé de former
le cabinet
Berlin, 12 août.
mann de la formation du nouveau cabinet.
Au ours de la journée, Je chefs populiste
avait, déjà conféré avec les représentant'
des différents partis et des hommes, politi-
ques en vue.
Il semble que l'attribution du portefeuille
des affaires étrangères ait rencontré quel-
ques difficultés. Au\ dernières "nouvelles,
res bien informés que M. Stresemann serait
à, la fois chancelier .et "ministre des alïai-
res étrangères, comme ce fut le cas pour M.
La désignation de M. llilferding, socia.
liste, aux finances, parait à peu près cer-
taine. L->- portefisiille de l'intérieur serait
cjhfié ait socialiste .Sollniaim. On prononce
secrétaire d'Etat la Chancellerie d'Em-
pire.
La grève communiste
32 morts à Hanovre, 6 à Gtlsenkirchen,
13 en Thuringe
Les. dépêches de 'Berlin, la soii^ée j
la grève communiste, se rapportent donc
•à la journée de la veille, On a télégraphié
Des troubles assez graves su sont pro-
duits hier à laanofre, où, dés le matin, un
appel des communistes conseillers d'exploi-
tat-iun des tisiriés avait été tancé contre les
usines. et entreprises les plus importante'?.
La foule n'a pas été longue à obéir. à j
ces conseils de violence. Elle a mis au pil-
lage un magasin d'armes, ainsi que plu-
sieurs dépôts de vivres et de. vêtements.
La police accourut sur les lieux et une-
rixe sérieuse s'engagea. Il 3? morts
et une quarantaine de blesses.
D'autres collisions graves se sont pro-
duites à Gelsenkirchen, où il y eut une
demi-douzaine de morts et. une douzaine de
_Des troubles non moins sérieux se sont
produits à Neuroda, en Thuringe. treize
personnes; ont été tuéës, et un grand nom-
bre grièvement blessées. La « schupo » fut
en partie désarmée par la foule qui s'es,t
ensuite rendue dans les environs et ° a
obligé'les paysans à lui remettre du blé et
des vêtements.'
Une centaine de jeunes garnements ont
parcouru la Wilhelmstrass, à Berlin, en
chantant des hymnes révolutionnaires et
communistes. comme ils essayaient' de se
masser-devant les bâtiments officiels, la
police les dispersa sans trop de peine.
UNE ANALYSE
DE LA NOTE ANGLAISE
L'agence Reuter résume brièvement
comme suit la communication adressée
hier par le gouvernement britannique
à la France et à la' Belgique.
C'est sous réserves sur la forme et la
tendance que nous donnons son ré-
sumé en la.. citant:
Déception anglaise
La note anglaise déclare que les répon-
ses française et belge ont causé une sincère
déception au gouvernement britannique.
Ce gouvernement éprouve une impression
pénible de voir que les alliés n'accueillent
pas les propositions anglaises et,n'estiment
pas que l'offre de coopération anglaise mé-
rite d'être prise en considération, à moins
que les vues franco-belges ne soient entiè-
rement acceptées
Les propositions franco-belges pour la
priorité tendent à modifier en faveur de la
France et de la Belgique le pourcentage
des répartitions des réparations fixé par.
l'accord de Spa. Le gouvernement britan-
nique continue à estimer qu'il faudrait
une enquête internationale impartiale qui
fixât le chiffre total des réparations.
Les dettes interalliées et la Ruhr
est disposée à boraer le
chiffre de ses 'réclamations de rê/iibourse-
-ment, par les Alliés et V Allemagne la
somme de Il ̃milliards 20 ̃ jniilions de
marks-or, laquelle équivaut d la valeur de
la dette consolidée anglaise, envers les
Etats-Unis.
Le tribunal international de justice de
La Haye pourrait décider de la légalité de
l'occupation de la Ruhr, laquelle, selon le
gouvernement anglais, n'est pas autorisée
ni sanctionnée par le traité..
La Grande-Bretagne entend que l'Alle-
magne paie les réparations dans toute l'é.
tendue de ses capacités. La Grande-Breta-
gne estime que la procédure franco-belge
est vouée à un échec.
Dans un mémorandum, annexe relatif
aux dettes interalliées le gouvernement
britannique dit qu'il lui est impossible de
faire des concessions tant qiC tin règlement
stable des réparations' lie sera pas inter-
•aenu. La première chose est q2te les alliés
se ̃mettent d'accord sur le chiffre înaxifiïuiu
Le gouvernement anglais déclare que la
dette delà France, enverx la Grœnde^Bre-
tagne' ne, peut pas lionorablemevt être ré-
pudiée par la France. Il estime que Ie
aussitôt qu'une stabilité raisonnable sera
établie pour le change, dc la livre sterling
et' dtt franc.
Les propositions présentées
invité' iL retirer les ordres et les mesure*
enjoignant la résistance passive. De plus,
pour répondre iL l'objection des Belges et
des Français- a tout marchandage à ce
propositions britanniques se bornaient à
donner avis que si le gouvernement alle-
mand renonçait. immédiatement à la résis-
tance passive, ce fait serait regardé non
seulement comme une preuve de sa bonne
foi, mais qu'il amènerait aussi-, les puis-
sances occupantes examiner à nouveau
les conditions de leur occupation et qu'il
y aurait retour graduellement dans la
Ruhr aux conditions normales de la le
industrielle,
(Tire la suite en Dernière Heure.)
L'Ecole
du gardien de la p aix
.Lu vieille ehansun Je l'agent qui se balade,
qui se balade tout le temps n'est plus qu'un
mythe. A l'angle du carrefour et des artères
où' la circulation est intense et difficile, le flol
des voitures se précipite, se choque, s'entre-
croise, tandis qu'un jeune agent imberbe, tel
un coq dressé ses ergots, surveille le va-et-
vient. Il manie dextrement le bâton blanc et
siffle avec autorité les récalcitrants.. Et le voilà
aux prises avec un chauffeur qui vient de couper
sournoisement la file des véhicules:
Vous ne connaissez pas le règlement;
vous? Je vais vous l'apprendre tout il l'heure.
Et %déjà il tire son petit carnet; mais, comme
le coupable baisse le nez, le vieux gardien de
la brigade des voitures, qui, de l'autre côté,
surveille son jeune disciple, fait un signe et.
tout repart. Mais voici maintenant une voiture
à bras qui menace d'embouteiller le passage.
Coup de sifflet. Le jeune agent stagiaire se pré-
cipite:
Passez de l'autre cbre, par la rue trans-
versale.
Mais l'homme, têtu, discute, gesticule jus-
qu'au moment où le vieux gardien, là-bas, impa-
tienté, siffle. Alort-, Je jeune agent, d'une
poussée, met la voiture dans la direction requise.
Argument sans réplique, cette fois.
Et voilà comment, sous l'œil tutélaire de leurs
aînés, les jeunes gardiens de la paix étudient
pratiquement dans la rue les .problèmes com-
plexes de la circulation et de Tordre ptiblic.
Ils apprennent il intervenir en cas d'accident, i
mrertoger. et à transcrire rapidement les indica-
tions utiles.
Car il y a Paris une section-école pour la
formation des nouvelles reerues de la police.
C'est une idée chère à M. Nàudin," préfet de'
police, qui veut que les gardiens de la paix
soient préparés de longue main a remplir con-
venablement les multiples devoirs qui- leur
Ainsi, le jeune agent apprendra comment .il
faut. avoir de la tenue sans raideur et dé l'auto-
rité sans discussion oiseuse. Et la transition se
fera.pour le mieux entre ta police d'hier et cette
de' demain.
Un commissaire très expert. M. Peyrot des
Cachons, auquel viennent s'adjoindre un inspec-
teur principal, quatre brigadiers chefs et douze
brigadiers, s'occupe spécialement de la forma-
tïon et de 'éducation professionnelle dn agents
stagiaires. "̃'
Les cours, m'a dzclaré le commissaire qui
dirige cet apprentissage, comprennent une série
de conférences sur le rôle de la police, la disci-
pline, les devoirs d'ordre, d'assistance, de
secours, de protection à l'égard du public, le
droit d'arrestation, l'usage de la force et des
armes, la sincérité du témoignage. En outre,
on indique la manière d'interpeller, de'relever
des infractions aux règlements et d'arrêter quand
il le faut les délinquants.
n Des éléments de droit pénal sont enseignés.
Le jeune stagiaire suit également des cours de
culture physique, tandis que des films cinémato-
graphiques complètent par des vues ces leçons
pratiques.
Ce qu'il faut avant tout, c'est que l'agent,
détenant une parcelle de l'autorité, soit bien
conscient du rôle qu'il doit jouer et ne perde
jamais son sang-froid. On lui indique qu'il faut
intervenir utilement pour ce qui offre un incon-
vénient sérieux ou un danger sur la voie
publique.
Le côté moderne de cet enseignement, c'est
qu'il est vraiment utilitaire. Les jeunes agents
s'habituent à figurer entre eux les diverses
scènes qui se produisent dans la rue: l'un est
la victime tandis que l'autre prend la place
du «tamponneur ». On échange rapidement les
adresses. D'ailleurs, le; jeune stagiaire doit le
lendemain faire son rapport à ses chefs sur les
menus incidents de sa journée pendant qu'il
était de service dans la rue.
Et au cours de ces diverses prescriptions, on
ne néglige point le rôle moral: la protection des
animaux et les devoirs d'assistance. immédiate.
Et souvent l'on peut voir, sous l'œil souriant
du vieux gardien, un jeune collègue qui fait
^.tra verser la chaussée à une jeune maman et
l'aidé à pousser sa voiturette.
Car le sergent de ville doit, en principe, être
atrssi le gardnen de la vieille galanterie fran-
çaise. Raoul Vtterbo
La C.G.T.U.
contre la France
L'Humanité de .ce matin portait, en
manchette, ce titre, imprimé en lettres
énormes « Le nirolétariat français aux
côtés du prolétariat allemand' et ce
tire était suivi d'un appel de la confédé-
ration générale du travail unitaire en
faveur des travailleurs allemands.
« Le prolétariat français il côté du
prolétariat allemand contre qui ? Con-
tre Cuno, Stinnes et consorts? Contre
le gouvernement du Reich, qui a renié
sa parole, ses engagements ? Soit Nous
sommes tous contre ces gens-là Mais
ce n'est pas, du tout ainsi que l'entend
la C. G. T. U:, et ,T 'Humanité prend
soin de spécifiecl C'est contre notre
'corps d'occupation que ces mauvais i>er-
pulaires,; c'est contre les mesures que
nous pouvons être amenés ii, prendre
contre une insurrection que proteste
d'avance la, feuille révolutionnaire.. Et
cela est un crime 1
Le gouvernement a entamé il y a six
mois une procédure malheureuse contre
M. Cachin et les meneurs communistes
qui, alors comme aujourd'hui, enten-
daient se placer eritre les droits et les
volontés de la France et l'Allemagne. Le
procès a abouti à un ,non-lieu., Pour-
Parce qu'au lieu de: poursuivre ces
.antipatriotes pour leurs discoure pu-
blics, pour leurs articles, pour tout ce
qu'ils crient chaque jour dans leurs
journaux et dans leurs réunions, on a
été chercher je ne sais quelles pièces
secrètes et, 'qu'on.. s'est embarrassé dans
.Mais. quel- magistrat, quel,, juré, peut
prennent parti contre nos troupes d'oc-
cupation, contre nos officiers et contre
nos se permettent d'incrimi-
ner leurs actes ? Ou les mots n'ont plus
de sens, et ils ne sont plus qu'un vain
souffle, ou cela s'appelle une trahison
Comment à l'heure où des cris de
haine contre la France s'élèvent de Ber-
lin, de Munich avec une violence in-
connue jusqu'ici, quand nos compatrio-
tes, nos agents diplomatiques sont inju-
riés, molestés, sur tout le territoire de
1 Empire, quand des attentats épouvan-
tables sont chaque jour perpétrés contre
nos troupiers, il serait permis à des
politiciens de déclarer que le devoir du
prolétariat français --st. de se ranger aux
côtés du prolétariat allemand ?..
va vivre des heures graves.
La société, tout te monde civilisé peu-
vent connaître des instants critiques. Il
s'agit de prendre ses responsabilités.
Dans une tragédie célèbre de Sliakes-
peare, un des héros, emporte.. '.par. l'or-
gueil de sa caste, tente de s'interposer
entre les lois de Rome et l'application
qu'elle en fait à .ses ennemis, et le peu-
ple lui crie « Les dieux le défendent
Juste commandement. On ne se dresse
pas contre les intérêts les plus pressants
de sa patrie, contre ses droits les plus
stricts, ou bien l'on est un traître
Curtius
L'EFFORT _DE LA FRANCE
Prenant hier la parole au concours de
Bort (Correze), M. de Lasteyrie, minis-
tre des finances, a éloquemment montra
à quel point notre situation financière
s'est' améliorée.
Le ministre: a,' en effet, rappelé que,
pour les six premiers mois de l'année,
les plus-values d'impôts, par rapport à
l'année dernière, dépassent 1 milliard
millions. Et si, comme tout le porte
a croire, a-t-il ajouté, ces plus-values se
maintiennent pendant le, coure du se-
cond semestre, nous serons parvenus à
réaliser l'équilibre de, notre budget or-
dinaire, y compris l'annuité de 3 mil-
liards 300 millions, payée pour le compte
de l'Allemagne.
Ainsi donc, si l'Allemagne avait exé-
cuté les engagements solennels qu'elle
contracta à Versailles, le budget ordi-
paire français se suffirait à lui-même et
nous n'aurions aucun emprunt à faire
pour faire face .aux dépense© recouvra-
bles..
Lorsqu'on songe que ces 'résultats ont
été obtenus après, plus de quatre années
de, la plus effroyable des guerres, où la
France a vu de ses fils tomber,
où ses plus riches territoires ont été
systématiquement ravagés par l'ennemi,
on ne peut s'empêcher d'admirer le res-
sort d'énergie de son peuple.
Et le mot d'un journal autrichien, le
Wanderer, nous revient en mémoire
« C'est le pays des ressources inépuisa-
bles, de l'activité infatigable, de la pro-
duction incessante. »
Il y a cinquante ans c'était au len-
demain, de la guerre de 1870 que ces
lignes ont été écrites. Elles ne furent
jamais aussi vraies qu'aujourd'hui.
G. W.
Les Échos
En chasse, en chasse.
Nous voici à la, veille de l'ouverture.
Lès treize cent mille fusils des treize
cent mille porteurs de permis délivrés
cette année feront-ils fructueusement
parler la pondre ?
Les statistiques du service des eaux et
forêts annoncent une saison abondante
en chevreuils, lièvres et lapins. Mais il
y aura peu de faisans, les froids printe-
nièrs ayant décimé les nids.
'Le perdreau est bien venu en Artois,
en Picardie, en Beauce, en Sologne'et
en Champagne. 11 sera rare dans les
régions où les blés versés par de fré-
quents orages ont contraint les perdrix
à l'abandon de leur couvée.
Les cailles ont traversé les mers en
grand nombre. Mais elles peuvent les
repasser au premier coup de vent d'est
qui décide leur migration plus ou moins
tôt. en septembre.
La sécheresse persistante fera tort au
gibier d'eau canards, sarcelles, bécas-
ses, etc.
Mais les chasseurs qui ne voudront
pas rentrer bredouilles auront, toujours
l'occasion d'acheter c.ux Halles le gibier
qui, mystérieusement, y arrive le matin
même de l'ouverture.
Paris désert..
La .Ipculiqn banalisée .par les chroni-
en ce beau dimanche parisien: ̃ '•
Certaines rues de là capitale, aux bou-
tiques fermées et aux volets clos. ne
virent pas passer vingt personnes dans
la. journée. A peine deux ou trois voi-
tures circulèrent-elles, de loin en loin,
entre une heure et quatre heures de
l'après-midi, sur les Champs-Elysées, la
Concorde, la rue de la Paix, l'avenue de
l'Opéra.
Les rares promeneurs purent circuler
sans encombre sur les grands boule-
vards aux chantiers abandonnés.
Mais à l'heure de l'apéritif, où décline
li; chaleur du jour, les foules égayées
de toilettés claires surgirent, on ne sait
d'où, comme par enchantement, et, tard
.dans la soirée, les orchestres charmèrent
,aux terrasses des cafés d'innombrables
.consommateurs.
Le « Landj uwel » d'Anvers.
Qui donc a prétendu qu'un vent de
pessimisme passait sur nos fidèles'amis
et alliés belges
J amais les fêtes d'Anvers ne furent
plus joyeuses et brillantes. Le Roi, la
Reine et LL. AA. le prince Leopold et
la princesse Marie- José, salués- d'ova-
tions enthousiastes, il. leur arrivée au
palais royal de la place de Meir, reçu-
rent les autorités civiles et militaires de
la ville et assistèrent, du haut du balcon,
au défilé du cortègB traditionnel des
bijoux.
Il fut splendide, ce cortège pittores-
que, qui ne comptait pas moins de deux
mille personnages, dont les costumes
ressuscitaient les fastes contemporains
de et commémoraient les évé-
les plus glorieux da l'histoire
Les rues, transformées en voies
triomphales, ornées de guirlandes de
verdure, de fleurs, et toutes frissonnan-
tes de drapeaux, ne cessèrent pas de
rouler les flots d'une foule à qui ne man-
quait 'certes pas le sourire.
Les bijoux' sont des dates de la vie
sentimentale. Qu'on les achète ou qu'on
les vende, ils sont du bonheur. Dusau-
soy, 41, boulevard des Capucines, en fait
l'expertise, les achète au plus haut prix
et procure de magnifiques occasions.
Un « témoin » américain;
Qu'est-ce qui vous a le plus im-
pressionné au cours de votre visite en
France ? ont demandé les reporters
américains à M. John fils du
fameux roi du pétrole, à son retour aux
Etats-Unis.
C'est le paysan français acharné-à
reconstruire les pays ravagés par la
guerre sans s'accorder une heure de
répit, sans connaître une minute de
découragement ou de lassitude. Je salue
le courtage de ces paysans français en
qui vit l'âme patiente et tenace de la
France. Le gouvernement voulait rache-
ter une partie des régions dévastées
pour les reboiser. Les paysans n'ont pas
voulu céder à l'Etat le moindre lopin.
Ils. ont préféré remettre eux-mêmes en
état de produire cette terre où vécurent
leurs aïeux, et qui recommence a don-
:ner de magnifiques moissons.
N'est-ce pas que ce témoignage cons-
titue la meilleure et la plus touchante
des propagandes ?
Le Uoq
Fefite Feuille
Les Beaux Dimanches cTHerblay
On ne connaît pas Herblay C'est trop'
près ou ce n'est pas assez loin Pensez!
donc, on peut s'y rendre en quarante Ini-
nutes, en chemin de fer une auto y coiv,
duit en moins d'une demi-heure. Ce n'est
pas Paris, c'est sa banlieue. Mais quelle,
banlieue 1
On y trouve à la fois la montagne, la
mer, le lac, la ville d'eaux. Des maisons"
déposées eur une incomparable corniche,!
dominent la Seine, qui s'étend comme un
ruban de moire, et on la voit si loin qu'on
a déjà. l'impression que c'est le plus beau
et le plus long fleuve de France.
On a chanté le cimetière d'Ambétieux.
Quel poète célébrera le cimetière d'Her-
blay ? Ce n'est pas un cimetière, c'est le ci.
metière comme un jardin suspendu, avec,
ees terrasses et ses couronnes de branches,
au-dessus de la vallée, il est déjà tout près!
du ciel on croirait que, d'un geste à peine,;
on peut l'atteindre. Comme on doit y dor-i
mir paisiblement 1 Bien des tombes y sont!
abandonnées, mais la verdure se charge del
veiller sur elles. Un oiseau, toujours le
même, depuis de longues années, y chante
sa même mélodie. Les jours passent et rien
ne vient troubler la sérénité de ces lieux'
qu'un, orem-us qui, furtif, se glisse pgr lai
porte ientr'oùvertè de l'église ou qu'une
bouffée d'encens qui s'évapore dans l'azur*!
Mais, en bas, c'est la vie, simple et tran-i
quille. Sur la berge même, deux auberges
offrent leurs petites tables engageants. il;
y a là une foule heureuse de vivre, de xes-i
pirer, de s'emplir les yeux d'horizons choi-,
Un petit bac transporte sans cesse, de
l'autre côté de la rive, des promeneurs qui
vont s'étendre dans un parc merveilleux
c'est peine si, en déjeunant sur l'herbe,
on oserait oublier uu vieux journal. Des
1 joueurs de tennis vont et viennent des
pêcheurs, immobiles et patients, ont/ l'air;!
d'attendre avec résignation le moment où,
ils seront péchés par les poissons Des ha-i
teaux passent, des barques glissent, des
voiles volent, des rames cueillent, l'eau'
d'argent qui retombe presque en silence.
Cependant, des phonographes nasillards,
des orchestres mécaniques déclarent obsti-
nément qu' « ils en ont marine » ou bien'
qu'. « ilp ont fait ça machinalement ou.'
même qu'ils ont fait ça en douce
Plus'.loin, une hostellerie accueillante et
confortable vous invite irrésistiblement 1
Pas moyen de refuser. Sur une immense
terrasse, parmi les fleurs; des groupes dé-
jeunent ilç ont déjà oublié les soucis de la
semaine ils ont tous vingt ans. Un
piano murmure la Valse bleue et ça les
rajeunit encore Entrons dans la danse.
Dans un. coin, à une petite table, « le « cou-:
ple finit de déjeuner. Elle est pleine de sou-1
rires et de poésie. En passant près de .ces
heureux que personne n'ose regarder, pou
ne les point troubler, nous entendrons ce=;
pendant prononcer, à mi-voix
Là, tout n'est qu'ordre et beauté^
Luxe, calme.
René Jacques
Deux Discours
de 1., f oincarêi
LE PRÉSIDENT DU CONSEIL
RÉPOND AU DERNIER DISCOURS
DU CHANCELIER CUNO
Si M. Cuno croit que nous sorti-,
rons de la Ruhr avant d'lavoir
reçu le montantde notre créance
il se trompe lourdement.
Raymond Poincaré.
(Discours de Marvule,)
A MARVIULE
Dans une lointaine petite bourgade da
Lorraine, Marville, blottie dans un déli-
cieux décor de bois et de prairies, M..
Raymond Poincaré a présidé hier l'inau-
guration dit monument élevé à la nie-
moire des enfanta de la commune morts
pour la patrie.
Sous le ciel bleu, les vieilles maisons
villageoises sont fleuries de drapeaux
belges et français. Il ne reste presque
plus de traces' des dévastations que les
Allemands commirent en août t9ii, et
la population a revêtu ses plus beaux
habits pour recevoir le président du'
conseil.
La cérémonie de l'inauguration du!
monument aux morts ressemble à toutes
les cérémonies identiques. Emue et re-
cueillie, la population est groupée au-
tour du monument. M. Poincaré a pris
place sur une petite estrade improvisé,
Il y a des généraux, des officiers supé-
rieurs, les parlementaires du départe-
ment, le préfet, les autorités locales, Il
y a la fanfare du bourg, qui fait escorte
au président du conseil il y a des arcs
de triomphe faits de verdure et de
fleurs, et il y a sur le socle de pierre:
que surmonte une France voilée et enve-
loppée d'un drapeau, quarante-deux
noms d'enfants de Marville morts au'
champ d'honneur.
Après quelques paroles émues de M.
Richard, maire de la commune, M.
Poincaré prend la parole.
Le président du conseil évoque tqut
d'abord les « épouvantables souvenirs »
de les batailles de Virton et de
Longwy, l'échec de l'offensive des Se et
4e armées françaises, les conséquences
immédiates de notre défaite à Char-
leroi
L'aube du 25 août fut sinistre pour vous.
Dès 4 heures du matin, la bataille com-
mence, et Marville est pris sous le feu de
l'ennemi. La 13e brigade française est ici'
même et elle tient, en outre, la rivière jus-
qu'au Petit-Failly la brigade, qui com-
pose, avec la 13° la 7" division, occupe éga-
lement les hauteurs de et toutes
;deux restent pleines de confiance, car la
position, fortement organisée par le génie,
est excellente et offre à l'artillerie des. em-
placements avantageux. Mais une trûffièft
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