Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1923-08-12
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 12 août 1923 12 août 1923
Description : 1923/08/12 (Numéro 16747). 1923/08/12 (Numéro 16747).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/03/2008
586 année. série: N° 16747 (5 h, du matin)' PARIS ET DÉPARTEMENTS: 20 CENTIMES h. du matin) DIMANCHE 12 AOUT '\m
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ADRESSE TÈLÉGRAPHmE GAULOIS,. PARIS
La Crise allemande
M CABINET CU NO VIRTVEI^ME^TDÉMISSJONNAJHE
Evolution
ou Révolution?
Les regards étaient,. j jusqu'à hier soir,
exclusivement tournés du côté de Lon-
dres. Mais, comme il advient souvent,
les événements se chargent, de bousculer
la-méthodique progression des débats ju-
ridiques. C'est Berlin maintenant qui ap-
pelle notre attention. La. crise qui cou-
vait en Allemagne vient d'éclater. Elle
.se manifestait hier par l'extensiôn des
grèves, par l'arrêt de la vie sociale et
économique elle se traduit aujourd'hui
par l'entrée en scène du parti-socialiste,
.qui vote une motion de défiance à l'égard
du ministère Cuno et somme le pou-
voir exécutif de former un nouveau gou-
vernement un gouvernement de coa-
lition dont il dicte par avance le pro-
grafmme,
A vrai dire, ce coup de théâtre n'a rien
de surprenant. M. Cuno, prisonnier des
magnats industriels, du fait de son passé,
de ses amitiés, et surtout d'une certaine
solidarité d'intérêts, M. Cuno s'était
imaginé que l'Allemagne réussirait à se
sauver par ses propres moyens, ou tout
au moins à gagner du temps jusqu'à ce
que l'Angleterre vienne la tirer du puits
où elle s'enfonce chaque jour davantage.
M spéculait sur la division des alliés.
.Il avait fini par. comprendre sans doute,
en ces derniers temps, que si le gouver-
nement britannique ne partageait pas
les idées de là France sur la question
de la Ruhr et des réparations, le cabinet
Baldwin ne se résignerait jamais à
fournir il la résistance et au relèvement
:du Reich un appui efficace. Le chance-
lier se rabattit alors sur un autre sys-
terne il fit voter par le Reichstag une
série.de lois fiscales, en vue de montrer
à' l'Europe que l'agonisant était encore
capable -de se redresser et que rien
M'était par conséquent perdu.
Ces lois consistaient en de nouveaux
impôts qnj devaient rapporter 150 tril-
'Papier, dont la valeur est" désormais* -a
,prendre au sérieux cet expédient pour
rétablir l'équilibre d'un budget dont lé
déficit atteint dès -chiffres fantastiques.
De plus, et c'est, semble-t-il, l'une des
principales causes de l'effervescence' des
partis populaires, on apprenait récem-
ment de M.. Cuno lui-même que let
grands industriels étaient exonérés du
paiement des taxes. proportionnelles à
leurs revenus qu'ils auraient dû verser-
au fisc, eut cela sous prétexte qu'il leur
fallait toutes' leurs disponibilités afin
de leur permettre de développer l'indus-
trie 'nationale.
Ainsi s'expliquait l'extension conti-
nuelle de la production allemande en
dépit de l'effondrement financier du
'pays. Le. gouvernement, d'accord avec
lies magnats de la finance et de -l'indus-
trie, avait calculé que le Reich, rede-
venant par sa puissance économique un
facteur indispensable. au relèvement
commercial de l'Europe, serait bientôt
maître des marchés étrangers et que
dès .lors son- assainissement .financier
s'effectuerait par les rentrées d'argent
en dehors, tandis qu'en attendant il
pourrait continuer à crier misère pour
échapper à ses engagements vis-à-vis de
la France. Ce plan était sans doute fort
habile s'il n'avait fallu. compter avec
le raisonnement plus simpliste d'une
population qui se voyait affligées de
charges de plus en plus lourdes, tandis
que les chefs d'industrie continuaient,
eux, à accroître leur fortune et trou-
vaient, grâce à la complicité de l'admi-
eistration, le moyen de soustraire leurs
bénéfices, Son exaspération s'expliquait
encore par le fait de l'augmentation de
la cherté de la vie concordant avec
l'accélération de l'effondrement du
mark, conséquence de l'aliénation par
les établissements financiers allemands
des devises étrangères qu'ils dissimu-
laient afin de ne pas être contraints de
nous payer.
Or, qu'est-il arrivé?' L'inflation du
mark. papier a pris des proportions ver-
tigineuses. « La machine imprimer »
n'a plus cessé de fonctionner 'jour et
nuit jusqu'au moment où le mark. est
tombé si bas qu'il a perdu toute valeur
en tant que monnaie d'échange, même
l'intérieur du pays.
Quand les ouvriers se sont aperçus
'du péril, quand ils ont vu qu'ils ne
pouvaient plus, à l'aide de ces coupures,
se procurer le pain quotidien, ils ont
refusé de. travailleur. Les imprimeurs
n'ont plus consenti à f abriquer se papier
déprécié il en est résulté que les ban-
ques ont dû fermer leurs guichets, que
les patrons se sont déclarés incapable
dé, payer les salaires de leurs employés.
Bref, c'est l'industrie maintenant qui
se trouve paralysée ainsi le péril se re-
tourne contre ceux qui l'ont provoqué.
et. lé péril, ce n'est pas seulement la
crise industrielle imminente, c'est aussi
le réveil possible d'un mouvement com-
muniste dont l'Allemagne avait été nie-
naçée au lendemain de sa défaite. D'où
rintervention du parti socialiste. Il est
clair, en effet, que la gauche,- fidèle- à
Bon. rôle, veut sauver lé régime s'il en
est temps encore. Si elle réclame la tête
âe M. Guno ou du moins son porte-
feuille c'est pour que le gouverne-
ment de demain soit en mesure de lâ-
lêïier du lest et d'endiguer, par des me-
sures d'assainissement, le -flot révolu-
tionnaire qui cherche, à la faveur-des
événements,- à reprendre sa course, as-
'Les. socialistes modérés,' qui tentent
l'opération, sont évidemment d'accord
avec-les'démocrates et les partis du éëü-
tre je ne serais même pas surpris qu'ils
aient l'assentiment dé M. Cuno en per-
sonne,- enfin conscient de son naufragé.
Un grand ministère de coalition, dans
lequel l'élément socialiste fournirait
l'appoint principal, peut momentané-
ment' renflouer' la barque couchée sous
la'- tempête et. modifier l'orientation ;de
la politique. suivie jusqu'ici par le Reich.
On ne saurait se prononcer pour 1'iris-
tant,.
Le- programme suggéré par lie parti
socialiste paraît répondre aux nécessités
urgentes. Au point; de vue extérieur, sil
sa contente de préconiser «l'activité en
faveur de. la solution de la question des
réparations", formule assez élastique
pour autoriser toutes les hypothèses;
Si le gouvernement de demain veut
sauver l'Allemagne de- la catastrophe fi-
-laquelle son prédécesseur l'a
précipitée, il-est indispensable qu'il ob-
tienne l'assistance de l'étranger. Or,
celle-ci ne pourra lui être consentie. que
lorsque. le Reich sera parvenu à s'enten-
dre avec-ses créanciers.
Toutefois, pour que cet accord se réa-
lise, le concours de la France lui est en
premier lieu nécessaire. Il ne serait donc
pas impossible que le futur cabinet jugeât
plus expéditif et plus simple de s'adres-
ser directement à la France. Ce serait
là, assurément, un dénouement assez
piquant et quelque peu inattendu de la.
fastidieuse discussion franco-britanni-
que.; et.la France y trouverait l'occasion
de jouer une partie singulièrement inté-
ressante, car elle serait en possession
d'incomparables, atouts Nous n'en som-
mes .point toutefois, a cette phase de ce
prodigieux débat. Pour l'instant, il
convient d'attendre, le dénouement de la
crisé survenue à-Berlin et de se déntan-»
de l'ordre, ou celui
du désordre qui. l'emportera, Ce qui
d'Allemagne rejettent dans l'ombre la
polémique franco-anglaise. Désormais,
le'moindre.reproche qu'on puisse lui
adresser c'est de. retarder. Il v aurait
peut-être avantage, fermer ce dossier
de'notes échangées entre Paris et Lon-
dres et à regarder du côté de Berlin.
i René d'Aral
A;l'heure bù nous écrivons, nous avons
reçu:l'importante dépêche que voici, con-
firmant nous renseignements d'hier en
« Dernière, heure »:
•̃̃ Berlin, 11 aoû.t.
Le • -parti socialiste 'a voté la motion
de défiance, présentée var les commu-
On -• s'attend pour ce soir à la* démis-
sion* du cafynet Cuno.
La résolution dû groupe socialiste
,Voici, d'ailleurs, le texte de la résolu-
tion adoptée par;le groupe socialiste du
Rèichstàg.: • r
considère, que devant
la giravité de la situation politique inté-
rieure «t (extérieure, il est nécessaire que le
gouvernement ait la. confiance des larges
masses de la ipopillation. Le groupe socia-
liste nia .pas la «eftitude que le gouverne-
ment Cuno -ait cet appui. '̃
Le groupe socialiste est disposé à appuyer
un gouvernement dane les conditions sui-
vantes:
Ajiplicat'lon énergique des 7iiesures finan-
cières arrêtées réformes financières décisi-
ves enjaisant appel au monde économique
et -en- .grevant les valeu.rs réelles réfôrme
or mesures en vue de Vintroduction d'une
monnaie or'; salaires d valeur fixe les
secours, les pensions versés en application
des lois sociales et les secours aux ehti-
ineùr s -devront également avoir une valeur
fixe dissolution de tout lien' entre la
Reichswelpr et les organisations- illégales.
vité eu faveur de la solution de la question
des réparations en sattvegardant V autono-
mie -et de àlle-
mande tendant d l'admission
de V Allemagne dans la Société des Nations.
Une minorité relativement petite a
seule voté contre cette résolution. Cette
minorité s'était également prononcée
contre l'entrée des socialistes dans une
grande coalition gouvernementale.
La proposition" de" ne pas participer à
mie grande coalitwn, t. été rejetée. Ainsi,
la, voie est, '.ouverte à l,'entrée des socia-
listes dans un gouvernement de coali-
A midi, M. Hermann Muller; chef du
groupe socialiste, a été reçu par M.
Ebert., président d'empire.
On prévoit gue le nouveau gouverne-
ment 'sera formé par les partis bmirgeois
avec- la participation des socialistes. Le
contre et les démocrates, d'accord avec
le parti popvlaite, proposent que le doc-
teur Stresemann .succède
La résolution socialiste. a été, portée à
12 connaissance du. chancelier Cuno.
LA GRÈVE GÉNÉRALE
EST DÉCLARÉE
C'est, sous la pression des événements,
évidemment, que le parti socialiste a
pris l'attitude qu'on vient de voir. On
avait télégraphié de Berlin, dans l'a-
Pendant que les autorités célèbrent l'an-
de la constitution républicaine
de Weimar par des cérémonies au Relchs-
tag.et dans les bâtiments officiels et que,
les drapeaux flottent- sur les édifices pu-
blics de la capitale, un véritable vent de
panique souffle suri© public. 11- n'est ques-
tion que de la chute imminente du cabinet
Guno,;de la grève générale et même de la
guerre civile.
Cet état d'esprit'est, provoqué surtout par
la- recrudescence soudaine des grèves dans
tout l'empire; et spécialement à Berlin, et
par l'agitation, communiste. A ce point, de
vue, il ne faut pas se dissimule^ que la si-
tuation est -grave, car Je mécontentement
'des masses laborieuses grandit^ de jour en
jour. .̃̃̃• .-•.̃>.
,Les salaires, sont loin, d'avoir subi: une
augmentation correspondante- au plongeon
effarant effectué par le. mark- au. début de
la semaine et à la réadaptation pour ainsi
dire instantanée des prix. Et ,même, dans
beaucoup, de cas, les salaires consentis
n'ont pu être payés intégralement, -par
suite de la pénurie du papier-monnaie. On
aura une idée de ,cette:pénurie en songeant
que la dernière baisse, du mark a. décuplé
en l'espace de .huit jours les besoi.ns-de pa-
pier-monnaie.
LÀ SUCCESSION DE M CUNO
EST-ELLE OUVERTE ?
'Le Sunday Times a publié à .Londres
une dépêche de Berlin annonçant que
M. Cuno avait remis sa démission au
président Ebert et que celui-ci l'avait
refusée, Cette nouvelle n'est .pas encore
confirmée directement de Berlin.
L'agence Havas a reçu dans la soirée
ce. télégramme qui, à l'heure actuelle,
nous paraît résumer exactement la
situation
Les membres du parti de la communauté
bourgeoise et des travailleurs (populistes,
centre et démocrates) poursuivront de-
main leurs échanges de vues sur la crise
ministérielle virtuellement ouverte par la
motion qu'ont adoptée cet après-midi les
socialistes et sur la formation d'un grand
cabinet de coalition. Il est possible que le
chancelier Cuno attende que les partis se
soient entièrement mis d'accord sur la
constitution du nouveau cabinet avant de
donner sa démission, de façon à éviter,
dans la période difficile actuelle, que le
pavs soit sans gouvernement.
On est généralement d'accord pour dési-
gner M. Stresemann comme successeur
de M. Cuno et chancelier d'une grande
coalition; par contre, il est infiniment peu
probable, et cela pour.des raisons de parti,
que les affaires étrangères soient également
confiées à un populiste comme M. de Kar-
dorff, dont le nom a été mis en avant
les socialistes paraissent tenir à ce que le
portefeuille soit confié il l'un des leurs, et
l'on prononce le nom de M. Kooster, actuel-
le'meiit chargé d'affaires allemand à Riga,
fitiv nu liommeV inU'lligonl..M.lini'.fpr'ttiiig:
également socialiste, deviendrait tHUlftii'e
des finances ou serait nommé vice-prési-
dent de la Banque d'empire dont 'M. Ha-
venstfin, en'tout cas, abandonne la direc-
tion:
Telles sont les. premières' combinai-
sons que.l'on fait dans les milieux par-
Dans la nuit, l'agence Hayas a-com-
muniqué la dépêche suivante de. Berlin:
0n n'a aucune confirmation de la nou-
t'elle publiée. pgr un journal. anglais et
.telon laquelle M. ̃ Cuno aurait remis sa
démission au ;président Ebert, qui l'aurait
refusée. Aucune information, officielle ou
officieuse, ne peut jusqu'ici donner d pen-
ser que le chancelier ,Cuno ait • donné sa
LiTe en Dernière Heure les -incidents de
la grève générale.
« Cendrillon » interdite
L'histoire n'est .qu'un éternel recommence-
ment. Spontanément, ou peut-être par imitation
de nos révolutionnaires de 1793, les soviets
viennent d'interdire Cendrillon, la pièce dont
la. légende se retrouve dans toutes les littéra-
tures. Cendrillon .avait été représentée au théâ-
tre des Enfants de Petrograd. Quel était le
crime de cette innocente historiette ? Elle mon-
tre des rois et des princes qui sont beaux, bien-
faisants et généreux. La presse rouge de là-bas
a jugé que la fable popularisée par le conte de
Penrault nepouvair que pervertir les jeunes cer-
veaux;, les hauts cris que les journaux sovié-
tistes ont poussés ont décidé la censure à in-
terdire ce spectacle. Et voilà un malheur de
plus à ajouter aux avatars de Cendrillon la
gentille petite héroïne est devenue subversive.
Est-il utile de rappeler que chez nous, sous
la Tenreur, on pouvait à peine jouer Le Cid
parce. qu'il' s'y trouvait des vers comme
Laisse faire le temps,
Ta vaillance et ton roi.
Est·il, utile. de-redire ,que les acteurs étaient
,tenus de remplacer les mots roi, reine, souve-
rain- dans toutes les pièces classiques; que dans
Le Patriote du dix août, par exemple, les la-
boureurs apparaissaient en scène coiffés du bon-
net rouge? Il suffisait alors, pour être applaudi,
d'imaginer une tirade contre l'ancien régime, de
transformer les vers en langage poissard. Avoir
du'goût, le sens des convenances, c'était se
montrer l'ami des antirévolutionnaires. Mo-
ment de délire où les dirigeants disaient .des
tragédies ou des comédies qui avaient fait la
gloire de notre théâtre « Si ce sont'des chefs-
d'œuvre, sachons nous en passer. La Révolu-
tion ne peut s'établir sur des bases solides, à
moins que tout ne change, théâtre, histoire,
moeurs. 11 faut que tout porte le' caractère ré-
publicain.
Et voilà que le hasard vient apporter une
contribution nouvelle à cette crise de jacobi-
nisme qui sévissait alors chez nous et qui se
répercute en Russie. Dans un château voisin
du village où je suis allé chercher le repos, le
propriétaire, un érudit, un, bibliophile, vient de
me mettre entre les mains une 'brochure raris-.
sime intitulée Le Jugement dernier des rois,
pièce ou plutôt parade d'une intolérance ou-
trançière, jouée au théâtre de la République le
18 octobre 1793. L'art et le bon ton n'ont rien
à voir avec cette élucubration. Si j'en parle ici,
c'est pour montrer à quel degré d'hystérie poli-
tique a pu arriver son auteur.
C'était pourtant autrefois un modéré, ce Syl-
vain Maréchal qui avait, écrit cette série de
tableaux, Il s'était adonné, de bonne heure à
la carrière des lettres. Esprit cultivé et libéral,
il-avait eu le premier l'idée qui fut plus tard
celle du calendrier républicain il avait rem-
placé les noms des saints par ceux de gens
célèbres. Idée qui devançait son temps, car le
calendrier fut déféré devant le Parlement, qui
-donnai 'ordre de brûler- les exemplaires et d'ap-
préhender Sylvain Maréchal. Il n'y eut donc
rien d'étonnant ;ce: que l'on ait trouvé plus
tard .l'auteur parmi les amis du nouveau ré-
gime mais il- n'en: partageait, pas toutes les opi-
nions excessives. Mieux encore on lui doit
un- plaidoyer -.pour la religion où il affirme qu'elle
« est un besoin pour les imaginations tendres,
une jouissance-pour les âmes douces; c'est le
trésor dU pauvre, le: bâton dès vieillards, la con-
solation, et le refuge des infortunés
Comment, l'écrivain de ces phrases inspirées'
a-t-ilptf passer aux, idées, de haine et -de ven-
geance exprimées: dans Le Jugement dernier des
̃ rois Folie subite ou peur. de devenir la proie
des révolutionnaires sur -une, dénonciation qui
eût rappelé les opinions exprimées jadis le
ne vois guère. d'autre explication.
Mais venons à la.pièce.. Sylvain.- MaréchaU
imaginé que les peuples,, de. l 'Europe, constitués
tous en république, ont envoyé des délégués. à
Paris, où se tient un congrès de sans-culottes.
II s'agit de juger les rois détrônés qui .au pre-
mier acte sont. condamnés être déportés dans
une îlé déserte.Au deuxième acte, le théâtre
représente' une volcan qui
est en activité; sur les parois, du volcan, une ca-
bane avec cette inscription « vaut mieux
avoir pour voisin un volcan qu'un roi. Liberté,
égalité, fraternité. » Vous voyez a quel degré
de surexcitation' a' pu arriver le dramaturge 1 Et
les sans-culottes débarquent pour voir arriver
tous les rois, sauf .un, à qui ils ont tranché la
tête, A mesure que les souverains mettent pied
à terre, on explique les forfaits de. chacun. En
vain les rois se: justifient, implorent. Le sans-
culotte qui les accuse leur coupe la ,parole et
les abandonne « au volcan n avec un morceau
de biscuit pour qu'ils puissent subsister (sic).
Or, la possession d'un fragment de ce biscuit
met les souverains aux prises les uns avec les
autres l'impératrice Catherine et'le Pape se
battent. Le volcan vomit de- la lave et les en-
gloutit. Restent le roi d'Espagne, d'autres en-
core, qui promettent de se faire sans-culottes
s'ils sont, épargnés. Mais le volcan s'écroule
avec grand, fracas, et les rois disparaissent dans
les entrailles de la terre
Voilà l'élucubration de Sylvain Maréchal. Ne
semble-t-il pas qu'elle soit l'œuyre d'un cerveau
en plein désordre? Et pourtant l'auteur finit ses
jours dans la plus parfaite tranquillité il échappa
à la tourmente révolutionnaire grâce à son Juge-
rnént dernier, .comme il évita les représailles
des amis 'de l'ordre par la vertu de ses écrits
antérieurs. Peut-être, ses variations politiques
étaient-elles calculées; où-bien encore était-il à
la solde des divers régimes qui se succédaient?
Mais ce serait contraire à la réputation d'hon-
nête homme que la plupart des historiens ont
voulu lui reconnaître.
Et, dernier point qui nous ramènera à la
Cendrillon interdite à Petrograd il s'occupa
dans ses vieux jours de .récrire pour ses petits-
enfants les contes -de: Perrault mis en scénarios
et dialogues .?̃£- majs alors., il n'en élimina ni
les rois ni
Louis Schneider
La Répanss britannique
Elle est attendue ce matin à Paria
La réponse britannique ou plutôt
le Livre bleu contenant. tous les docu-
ments relatifs aux récentes négociations
̃ a été remis hier, à Lundres, aux am-
bassadeurs' alliés, à 17 heures, par les
soins du Foreign-Office.
Ce Livre bleu contient 'le question-
naire anglais adressé le 13 juin. au gou-
vernement français, le projet anglais de
réponse à la note allemande du 7 juin,
envoyé le 20 juillet aux alliés, et les let-
tres d'envoi qui accompagnaient ce pro-
jet' les réponses des alliés, notamment
les réponses française et belge du 30
juillet enfin, la réponse du gouverne-
ment anglais à la France et à la Bel-
Cet ensemble est naturellement assez
long quarante pages, dit-on mais
c'est surtout le dernier document qui
sera le. plus digne d'intérêt.
Ce que la réponse anglaise contiendrait
.Nous préférerions nous trouver en
présence d'un texte mais nous devons
sacrifier à l'information
Suivant les renseignements donnés à
Londres, la note .anglaisé expose une poli-
tique de réparations basée sur le plan Bo-
nar, Law présenté, en janvier dernier, à
la conférence de Paris, tout en souhaitant,
à .nouveau que la France et la Belgique
puissent se rallier aux vue,s du gouverne-
:tuent britannique.
Elle indique que l'Angleterre, avant à
récupérer l'équivalent des sommes qu'elle
s'est engagée à payer aux Etats-Unis, la
diminution de capacité de paiement de
l'Alleinagne, due au fait de l'occupation de
la Ruhr, ne peut qu'augmenter le total
de ce que l'Angleterre devra recouvrer sur
ses alliés.
Ft il se, confirme que la note, cédant aux
suggestions''de lord Curzbn, soutient que
l'occupation de. la P.uhr par les Français et
les Belges, n'est pas conforme au traité de
Versailles. Cette opinion s'appuiersit sur
l'avis des experts légistes de la Couronne.
,La note s'étendrait, en outre, sur les
charges financières de l'Angleterre, ses
péries, son chômage, ses sacrifices.
Enfin, elle conclurait en. laissant la
porte ouverte à la coopération des alliés.
La remise à M. Pcincaré
Une note officieuse nous. informe que
la note du gouvernement britannique,
remise hier à cinq heures, à Londres,
au comte de Saint-Aulaire, est attende
au Quai d'Orsay dans les premières heu-
re,s de la matinée d'aujourd'hui.
Elle sera immédiatement transmise à
M. Poincaré, président du conseil, parti
hier soir pour la Meuse, où il doit,
comme on sait, présider, aujourd'hui et
lundi, différentes cérémonies.
Ajoutons que, de son côté, le gouvei-
nement français a préparé, afin de les
publier, un certain nombre de docu-
ments relatifs aux récentes négociations.
Suivant l'usage, il a consulté les divers
gouvernements intéressés pour que.
ceux-ci lui fassent connaître, chacun en
ce qui le concerne, s'ils ne voient pas
d'inconvénient à la publication. On n'at-
tend-plus que les réponses de Londres et
de Rome.
Georges Darnac
Un rude métier.
Toute la reponsabilité de radminis-
tratiqn, de la politique intérieure et de
la- politique étrangère pèse sur le pré-
sident' des. Etats-Unis, dont les secrétai-
res d'Etat, irresponsables devant le Par-
ne sont, que des agents d'exécu-
'tion,'
Aussi prête-t-on,à M. Calvin Goolidge,
qui. ne- voudrait pas mourir avant les
élections, l'intention de s'adjoindre une
manière de chef de cabinet dont la fonc-
tion serait d'expédier les affaires ordi-
*aires:,et de recevoir à ,sa place.
Pourquoi M. Edison ne construirait-il
pas, a l'instar de Vaucanson, un auto-
mate, présidentiel en. acier chromé,
fonctionnant à l'électricité et débitant
sans- fatigue, des discours et des, signa-
tures, des saluts, :et des: poignées. de
M. ROBINEAU, GRAND-OFFICIER
Le, gouverneur de la Banque de France est
eleveà la dignité de grand -officier de la Légion
d honneur; tout le. monde applaudira'au geste
du gouvernement.
A une époque comme la nôtre, si profondé-
ment troublée, c'est un grand bonheur pour le
crédit public et pour la vie commerciale du
pays que, la .Banque ait à sa tête un homme
comme. M. Robineau une haute intelligence
et une haute conscience estimé et aimé'de
tous.
M. Robineau, qui a fait toute sa carrière à
laBanqïie de France et qui en a dirigé tour à
tour tous.les- services, n'est pas seulement
pourvu 'au plus haut degré de connaissances
professionnelles il aie calme, le sang-froid la
clairvoyance qui sont nécessaires à un grand
serviteur, du pays. Il a montré sa perspicacité
en combattant les théoriciens de l'inflation sys-
Le moins ostentatoire des hommes il a
refusé de prendre possession des magnifiques
appartements dont- le gouverneur peut disposer
à la: Banque M. Robineau est un amateur
d'art fort éclairé et du goût le plus délicat. Avec
son exquise courtoisie, il aime à faire à ceux
qui en sont dignes les honneurs des beautés et
des richesses de la Banque installée, comme
on sait, dans un immeuble historique.
Autre petit détail biographique: ami d'en-
fance de M. Poincaré, M. Robineau tutoie le
président du conseil.
services mais son domaine est trop
étendu pour que, si loin que-porte sa
vue, rien ne lui échappe.
il nous permettra' sans doute de lui
signaler un déplorable incident qui date
d'avant-hier.
A Primel-Trégastel, une fillette de
quatre ans tombe;duhaut d'une terrasse
et se casse le bras. Affolement des pa-
rents. Vite le médecin. Mais le médecin
habité à Plougasnon, à trois kilomètres.
Vite, un coup de,téléphone: Mais pas." de
cabine téléphonique à Primel. Vite. à
l'hôtel, qui a le téléphone. Désespoir des
parents :'le poste téléphonique de Plou-
gasnon ferme de midi à deux heures.
M. le ministre voudra-t-il bien, com-
prendre dans quelle situation inquié-
tante se trouvent les deux mille person-
nes qui viennent l'été Prirnel, si un
accident ou une maladie nécessite la
présence immédiate du médecin?
Nous espérons que cet écho d'une loin-
taine, et petite plage sera entendu de M.
le .ministre des postes et télégraphes.
Auvergnat, le fox trott?-
Quand les Français colonisèrent la
Louisiane, ils firent appel à beauciup
d'originaires du Massif central pour peu-
pler tes vastes étendues du Nauveau-
Monde.
Ces colons introduisirent dans la nou-
velle patrie: leurs habitudes, leurs
mœurs et notamment la bourrée, leur
danse favorite, qu'ils dansaient lors de
chaque réjouissance, f£te, mariage, bap-
têfiie," etc.
Peur la plupart, importés d'Afrique,
les nègres qui les regardaient danser ne
tardèrent pas, en raison de l'instinct
d'imitation qu'ils ont- très développé, à
parodier les dansec, auvergnates. De gré-
nération en génération, le pas, le
rythme subirent des altérations succes-
sives, et'ce n'est peut-être qu'avec effort
que nous retrouverions dans les fox
trcitts, shimmies et autres mouvements
désordonnés et disgracieux de nos
contemporains, fidèles amateurs de dan-
cings où triomphent bruyamment les
horribles jazz-bands, les aimables sau-
tillements de la bourrée d'Auverg ne
mâis l'idée, est ingénieuse et, après
tout.
Si non e vero e bene trovaio.
La perle des perles.
Le dollar américain pourra seul dis-
puter 'à à la livre anglaise les perles de
grosseurs. inusitées découvertes dans les
pêcheries de perles de Broome (Austra-
lie occidentale).
D'après le rapport de l'inspecteur de
ces pêcheries, rapport dont la publi-
cation a fait sensation à Londres
l'une de ces perles, du plus bel orient,
pèse 102 grains, et sa valeur est, estimée à
près de deux millions.
Mais ne dira-t-on pas de cette perle
monstre qu'elle est trop grosse pour pa-
raître véritable?
P. T. T. soviétiques.
La Russie des soviets organise ses re-
lations intellectuelles et commerciales
avec le monde extérieur.
Le commissariat, des postes et télégra-
phes de la république soviétique vient
\de signer avec l'Allemagne, l'Angle-
terre, l'Autriche et la Tchécoslovaque.
une convention pour ses échanges régu-
liers de lettres simples et. recomman-
dées.
Il est stipulé, dans cet accord, que
chaque pays conservera les affranchis-*
sements perçus. Mais les P. T. T. so-
viétiques ne conserveront-elles pas, en
même temps que les affranchissements,,
les correspondances?
Tant de lettres, parties pour la mys-
térieuse Russie des soviets, sont restées
sans réponse l
La cynique pancarte °
Ames sensibles, en quête d'entfanls
privés des joies de la famille, courez
rue des Martyrs, si bien nommée. Vous
y trouverez un cordonnier dénaturé,
dont.le magasin se signale par une pan-
carte annonçant la liquidation d'un*
stock de Fillettes en chevrean glacé,
39 jr. 50 et de Garçonnets en cuir souple,
à. 35 francs.
Sans doute, les garçonnets « souples »
coûtent-ils moins cher que les filletteq
«glacées à, cause des chaleurs. Peut-
être aussi s'agit-il tout bonnement de
chaussures
Au Secours du Franc belge
Un accord entre la France et la Belgique,
Sur le marché libre des changea où'
la livre sterling et le dollar sont restés,
ce matin, très tendus à 80 fr. 75 et'
17 fr, ti2 respectivement, on note au
contraire un vif redressement du chance
belge, qui s'avance à 79 fr. 30 contre
77 fr. 30 hier et 76 fr. 80 mercredi.
Cette reprise du franc belge est une
conséquence immédiate du prêt que la1
France a accepta de consentir à son
alliée, par l'intermédiaire des principa-
les banques de notre place.
Cette ouverture de crédit, qui porta
sur un milliard et demi de francs s'ef-*
fectuera en plusieurs opérations. La pre-i
miere, qui doit être de millions del
francs, est immédiate.
La Belgique conclurait aussi un emprunt
en Angleterre
.Selon l'Etai.le, Belge, à part les négp-f
ciations engagées, a. Paris en vue de la;
conclusion d'un emprunt de quatre
^roq cents millions de francs, il serait
question également de la conclusion, îij
Londres, d'un emprunt en livres ster-
ling, ce qui mettrait le gouverement
belge à même de contrecarrer certaines
manœuvres spéculatives du monda
financier international.
'̃"̃ ;/StrR.
CHRONlQUE DE DEAUVILGE
Les Lunettes
et les Géraniums
PAR M. PIERRE-PLESSIS
Deauville, 10 et 11 août
Max, mon vieux camarade, m'atteii*
dait à la gare, dans sa torpedo grise.
Enfin cria-t-il en m'apercevant,,
Enfin tu t'es décidé. Monte vite.. ort
file à la Potinière!
Je grimpai dans uue parcelle de car-
rosserie qui me démolit les reins au dé-
marrage. Autour de nous, dans la cour
de la gare, les vendeurs de journaux
hurlaient, les porteurs de bagages luns
laient, les cochers et les conducteur:3
d'omnibus hurlaient, et tous ces hurle-
ment, mêlés à la poussière malodo-
rante assaisonnée d'huile de ric.in, ma
rappelèrent les environs de Buftalo. le
joui' du dernier match. Un cinéma, qui
tournait l'arrivée d'un banquier gréco-
turc parfaitement authentique, nons
gêna dans notre virage. Mais Max
pesta et lança son bolide dans lv foule,
à la suite de celui d'Etienne Bunau-Va-v
rilla, qui faillit renverser une Améri-
caine couleur d'écrevisse. Maud Loti,
qui passait dans un fiacre, bénéficia, du
regard effarouché de la noble étrangère
et fit en même temps du bout des doigts
un signe protecteur Pierre Rj-issôn
qui s'épongeait le front en sortant du
bureau de tabac.
Tous ces petits trucs-là n'avaient pas
duré: deux secondes. Ouf nous reçu*.
mes une bouffée d'air frais sur le front,
un parfum de friture dans le nez, et la*
Potinière apparut.
Elle était envahie par des gens bizar.
res armés de lunettes. Le décor était'
toujours le même, aussi charmant, avec
une nuance d'ironie dans les rayons et'
dans les branches. Une Potinière pres-
que neuve, une Potinière différente de:
l'année dernière, une Potinière sans'
potins. sans Sem, sans Tristan Beri
nard, sans Michel Georges Michel.
On ne potine donc plus? demain-
dai-je à mes voisins.
Non. Paris est en exil Alors les
Parisiens sont devenus distants. C'est
vrai. Pas de blagues. A Deauville, il
y a quelque chose de changé. On vient
de s'apercevoir que les environs étaient
ravissarits et chacun respire le grand air'
en croquant des pommes. Et puis, ily'
a de la politique dans l'air On va au
tir aux pigeons, au golf, au baccara, on
se réunit, entre amis, mais tout ça spasse entre soi et gentiment. Il y a tel-
lement d'étrangers, voyez-vous, "que lai
France s'est retrouvée. Quand la Poti-
Docteur
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La Crise allemande
M CABINET CU NO VIRTVEI^ME^TDÉMISSJONNAJHE
Evolution
ou Révolution?
Les regards étaient,. j jusqu'à hier soir,
exclusivement tournés du côté de Lon-
dres. Mais, comme il advient souvent,
les événements se chargent, de bousculer
la-méthodique progression des débats ju-
ridiques. C'est Berlin maintenant qui ap-
pelle notre attention. La. crise qui cou-
vait en Allemagne vient d'éclater. Elle
.se manifestait hier par l'extensiôn des
grèves, par l'arrêt de la vie sociale et
économique elle se traduit aujourd'hui
par l'entrée en scène du parti-socialiste,
.qui vote une motion de défiance à l'égard
du ministère Cuno et somme le pou-
voir exécutif de former un nouveau gou-
vernement un gouvernement de coa-
lition dont il dicte par avance le pro-
grafmme,
A vrai dire, ce coup de théâtre n'a rien
de surprenant. M. Cuno, prisonnier des
magnats industriels, du fait de son passé,
de ses amitiés, et surtout d'une certaine
solidarité d'intérêts, M. Cuno s'était
imaginé que l'Allemagne réussirait à se
sauver par ses propres moyens, ou tout
au moins à gagner du temps jusqu'à ce
que l'Angleterre vienne la tirer du puits
où elle s'enfonce chaque jour davantage.
M spéculait sur la division des alliés.
.Il avait fini par. comprendre sans doute,
en ces derniers temps, que si le gouver-
nement britannique ne partageait pas
les idées de là France sur la question
de la Ruhr et des réparations, le cabinet
Baldwin ne se résignerait jamais à
fournir il la résistance et au relèvement
:du Reich un appui efficace. Le chance-
lier se rabattit alors sur un autre sys-
terne il fit voter par le Reichstag une
série.de lois fiscales, en vue de montrer
à' l'Europe que l'agonisant était encore
capable -de se redresser et que rien
M'était par conséquent perdu.
Ces lois consistaient en de nouveaux
impôts qnj devaient rapporter 150 tril-
'Papier, dont la valeur est" désormais* -a
,prendre au sérieux cet expédient pour
rétablir l'équilibre d'un budget dont lé
déficit atteint dès -chiffres fantastiques.
De plus, et c'est, semble-t-il, l'une des
principales causes de l'effervescence' des
partis populaires, on apprenait récem-
ment de M.. Cuno lui-même que let
grands industriels étaient exonérés du
paiement des taxes. proportionnelles à
leurs revenus qu'ils auraient dû verser-
au fisc, eut cela sous prétexte qu'il leur
fallait toutes' leurs disponibilités afin
de leur permettre de développer l'indus-
trie 'nationale.
Ainsi s'expliquait l'extension conti-
nuelle de la production allemande en
dépit de l'effondrement financier du
'pays. Le. gouvernement, d'accord avec
lies magnats de la finance et de -l'indus-
trie, avait calculé que le Reich, rede-
venant par sa puissance économique un
facteur indispensable. au relèvement
commercial de l'Europe, serait bientôt
maître des marchés étrangers et que
dès .lors son- assainissement .financier
s'effectuerait par les rentrées d'argent
en dehors, tandis qu'en attendant il
pourrait continuer à crier misère pour
échapper à ses engagements vis-à-vis de
la France. Ce plan était sans doute fort
habile s'il n'avait fallu. compter avec
le raisonnement plus simpliste d'une
population qui se voyait affligées de
charges de plus en plus lourdes, tandis
que les chefs d'industrie continuaient,
eux, à accroître leur fortune et trou-
vaient, grâce à la complicité de l'admi-
eistration, le moyen de soustraire leurs
bénéfices, Son exaspération s'expliquait
encore par le fait de l'augmentation de
la cherté de la vie concordant avec
l'accélération de l'effondrement du
mark, conséquence de l'aliénation par
les établissements financiers allemands
des devises étrangères qu'ils dissimu-
laient afin de ne pas être contraints de
nous payer.
Or, qu'est-il arrivé?' L'inflation du
mark. papier a pris des proportions ver-
tigineuses. « La machine imprimer »
n'a plus cessé de fonctionner 'jour et
nuit jusqu'au moment où le mark. est
tombé si bas qu'il a perdu toute valeur
en tant que monnaie d'échange, même
l'intérieur du pays.
Quand les ouvriers se sont aperçus
'du péril, quand ils ont vu qu'ils ne
pouvaient plus, à l'aide de ces coupures,
se procurer le pain quotidien, ils ont
refusé de. travailleur. Les imprimeurs
n'ont plus consenti à f abriquer se papier
déprécié il en est résulté que les ban-
ques ont dû fermer leurs guichets, que
les patrons se sont déclarés incapable
dé, payer les salaires de leurs employés.
Bref, c'est l'industrie maintenant qui
se trouve paralysée ainsi le péril se re-
tourne contre ceux qui l'ont provoqué.
et. lé péril, ce n'est pas seulement la
crise industrielle imminente, c'est aussi
le réveil possible d'un mouvement com-
muniste dont l'Allemagne avait été nie-
naçée au lendemain de sa défaite. D'où
rintervention du parti socialiste. Il est
clair, en effet, que la gauche,- fidèle- à
Bon. rôle, veut sauver lé régime s'il en
est temps encore. Si elle réclame la tête
âe M. Guno ou du moins son porte-
feuille c'est pour que le gouverne-
ment de demain soit en mesure de lâ-
lêïier du lest et d'endiguer, par des me-
sures d'assainissement, le -flot révolu-
tionnaire qui cherche, à la faveur-des
événements,- à reprendre sa course, as-
'Les. socialistes modérés,' qui tentent
l'opération, sont évidemment d'accord
avec-les'démocrates et les partis du éëü-
tre je ne serais même pas surpris qu'ils
aient l'assentiment dé M. Cuno en per-
sonne,- enfin conscient de son naufragé.
Un grand ministère de coalition, dans
lequel l'élément socialiste fournirait
l'appoint principal, peut momentané-
ment' renflouer' la barque couchée sous
la'- tempête et. modifier l'orientation ;de
la politique. suivie jusqu'ici par le Reich.
On ne saurait se prononcer pour 1'iris-
tant,.
Le- programme suggéré par lie parti
socialiste paraît répondre aux nécessités
urgentes. Au point; de vue extérieur, sil
sa contente de préconiser «l'activité en
faveur de. la solution de la question des
réparations", formule assez élastique
pour autoriser toutes les hypothèses;
Si le gouvernement de demain veut
sauver l'Allemagne de- la catastrophe fi-
-laquelle son prédécesseur l'a
précipitée, il-est indispensable qu'il ob-
tienne l'assistance de l'étranger. Or,
celle-ci ne pourra lui être consentie. que
lorsque. le Reich sera parvenu à s'enten-
dre avec-ses créanciers.
Toutefois, pour que cet accord se réa-
lise, le concours de la France lui est en
premier lieu nécessaire. Il ne serait donc
pas impossible que le futur cabinet jugeât
plus expéditif et plus simple de s'adres-
ser directement à la France. Ce serait
là, assurément, un dénouement assez
piquant et quelque peu inattendu de la.
fastidieuse discussion franco-britanni-
que.; et.la France y trouverait l'occasion
de jouer une partie singulièrement inté-
ressante, car elle serait en possession
d'incomparables, atouts Nous n'en som-
mes .point toutefois, a cette phase de ce
prodigieux débat. Pour l'instant, il
convient d'attendre, le dénouement de la
crisé survenue à-Berlin et de se déntan-»
de l'ordre, ou celui
du désordre qui. l'emportera, Ce qui
d'Allemagne rejettent dans l'ombre la
polémique franco-anglaise. Désormais,
le'moindre.reproche qu'on puisse lui
adresser c'est de. retarder. Il v aurait
peut-être avantage, fermer ce dossier
de'notes échangées entre Paris et Lon-
dres et à regarder du côté de Berlin.
i René d'Aral
A;l'heure bù nous écrivons, nous avons
reçu:l'importante dépêche que voici, con-
firmant nous renseignements d'hier en
« Dernière, heure »:
•̃̃ Berlin, 11 aoû.t.
Le • -parti socialiste 'a voté la motion
de défiance, présentée var les commu-
On -• s'attend pour ce soir à la* démis-
sion* du cafynet Cuno.
La résolution dû groupe socialiste
,Voici, d'ailleurs, le texte de la résolu-
tion adoptée par;le groupe socialiste du
Rèichstàg.: • r
considère, que devant
la giravité de la situation politique inté-
rieure «t (extérieure, il est nécessaire que le
gouvernement ait la. confiance des larges
masses de la ipopillation. Le groupe socia-
liste nia .pas la «eftitude que le gouverne-
ment Cuno -ait cet appui. '̃
Le groupe socialiste est disposé à appuyer
un gouvernement dane les conditions sui-
vantes:
Ajiplicat'lon énergique des 7iiesures finan-
cières arrêtées réformes financières décisi-
ves enjaisant appel au monde économique
et -en- .grevant les valeu.rs réelles réfôrme
or mesures en vue de Vintroduction d'une
monnaie or'; salaires d valeur fixe les
secours, les pensions versés en application
des lois sociales et les secours aux ehti-
ineùr s -devront également avoir une valeur
fixe dissolution de tout lien' entre la
Reichswelpr et les organisations- illégales.
vité eu faveur de la solution de la question
des réparations en sattvegardant V autono-
mie -et de àlle-
mande tendant d l'admission
de V Allemagne dans la Société des Nations.
Une minorité relativement petite a
seule voté contre cette résolution. Cette
minorité s'était également prononcée
contre l'entrée des socialistes dans une
grande coalition gouvernementale.
La proposition" de" ne pas participer à
mie grande coalitwn, t. été rejetée. Ainsi,
la, voie est, '.ouverte à l,'entrée des socia-
listes dans un gouvernement de coali-
A midi, M. Hermann Muller; chef du
groupe socialiste, a été reçu par M.
Ebert., président d'empire.
On prévoit gue le nouveau gouverne-
ment 'sera formé par les partis bmirgeois
avec- la participation des socialistes. Le
contre et les démocrates, d'accord avec
le parti popvlaite, proposent que le doc-
teur Stresemann .succède
La résolution socialiste. a été, portée à
12 connaissance du. chancelier Cuno.
LA GRÈVE GÉNÉRALE
EST DÉCLARÉE
C'est, sous la pression des événements,
évidemment, que le parti socialiste a
pris l'attitude qu'on vient de voir. On
avait télégraphié de Berlin, dans l'a-
Pendant que les autorités célèbrent l'an-
de la constitution républicaine
de Weimar par des cérémonies au Relchs-
tag.et dans les bâtiments officiels et que,
les drapeaux flottent- sur les édifices pu-
blics de la capitale, un véritable vent de
panique souffle suri© public. 11- n'est ques-
tion que de la chute imminente du cabinet
Guno,;de la grève générale et même de la
guerre civile.
Cet état d'esprit'est, provoqué surtout par
la- recrudescence soudaine des grèves dans
tout l'empire; et spécialement à Berlin, et
par l'agitation, communiste. A ce point, de
vue, il ne faut pas se dissimule^ que la si-
tuation est -grave, car Je mécontentement
'des masses laborieuses grandit^ de jour en
jour. .̃̃̃• .-•.̃>.
,Les salaires, sont loin, d'avoir subi: une
augmentation correspondante- au plongeon
effarant effectué par le. mark- au. début de
la semaine et à la réadaptation pour ainsi
dire instantanée des prix. Et ,même, dans
beaucoup, de cas, les salaires consentis
n'ont pu être payés intégralement, -par
suite de la pénurie du papier-monnaie. On
aura une idée de ,cette:pénurie en songeant
que la dernière baisse, du mark a. décuplé
en l'espace de .huit jours les besoi.ns-de pa-
pier-monnaie.
LÀ SUCCESSION DE M CUNO
EST-ELLE OUVERTE ?
'Le Sunday Times a publié à .Londres
une dépêche de Berlin annonçant que
M. Cuno avait remis sa démission au
président Ebert et que celui-ci l'avait
refusée, Cette nouvelle n'est .pas encore
confirmée directement de Berlin.
L'agence Havas a reçu dans la soirée
ce. télégramme qui, à l'heure actuelle,
nous paraît résumer exactement la
situation
Les membres du parti de la communauté
bourgeoise et des travailleurs (populistes,
centre et démocrates) poursuivront de-
main leurs échanges de vues sur la crise
ministérielle virtuellement ouverte par la
motion qu'ont adoptée cet après-midi les
socialistes et sur la formation d'un grand
cabinet de coalition. Il est possible que le
chancelier Cuno attende que les partis se
soient entièrement mis d'accord sur la
constitution du nouveau cabinet avant de
donner sa démission, de façon à éviter,
dans la période difficile actuelle, que le
pavs soit sans gouvernement.
On est généralement d'accord pour dési-
gner M. Stresemann comme successeur
de M. Cuno et chancelier d'une grande
coalition; par contre, il est infiniment peu
probable, et cela pour.des raisons de parti,
que les affaires étrangères soient également
confiées à un populiste comme M. de Kar-
dorff, dont le nom a été mis en avant
les socialistes paraissent tenir à ce que le
portefeuille soit confié il l'un des leurs, et
l'on prononce le nom de M. Kooster, actuel-
le'meiit chargé d'affaires allemand à Riga,
fitiv nu liommeV inU'lligonl..M.lini'.fpr'ttiiig:
également socialiste, deviendrait tHUlftii'e
des finances ou serait nommé vice-prési-
dent de la Banque d'empire dont 'M. Ha-
venstfin, en'tout cas, abandonne la direc-
tion:
Telles sont les. premières' combinai-
sons que.l'on fait dans les milieux par-
Dans la nuit, l'agence Hayas a-com-
muniqué la dépêche suivante de. Berlin:
0n n'a aucune confirmation de la nou-
t'elle publiée. pgr un journal. anglais et
.telon laquelle M. ̃ Cuno aurait remis sa
démission au ;président Ebert, qui l'aurait
refusée. Aucune information, officielle ou
officieuse, ne peut jusqu'ici donner d pen-
ser que le chancelier ,Cuno ait • donné sa
LiTe en Dernière Heure les -incidents de
la grève générale.
« Cendrillon » interdite
L'histoire n'est .qu'un éternel recommence-
ment. Spontanément, ou peut-être par imitation
de nos révolutionnaires de 1793, les soviets
viennent d'interdire Cendrillon, la pièce dont
la. légende se retrouve dans toutes les littéra-
tures. Cendrillon .avait été représentée au théâ-
tre des Enfants de Petrograd. Quel était le
crime de cette innocente historiette ? Elle mon-
tre des rois et des princes qui sont beaux, bien-
faisants et généreux. La presse rouge de là-bas
a jugé que la fable popularisée par le conte de
Penrault nepouvair que pervertir les jeunes cer-
veaux;, les hauts cris que les journaux sovié-
tistes ont poussés ont décidé la censure à in-
terdire ce spectacle. Et voilà un malheur de
plus à ajouter aux avatars de Cendrillon la
gentille petite héroïne est devenue subversive.
Est-il utile de rappeler que chez nous, sous
la Tenreur, on pouvait à peine jouer Le Cid
parce. qu'il' s'y trouvait des vers comme
Laisse faire le temps,
Ta vaillance et ton roi.
Est·il, utile. de-redire ,que les acteurs étaient
,tenus de remplacer les mots roi, reine, souve-
rain- dans toutes les pièces classiques; que dans
Le Patriote du dix août, par exemple, les la-
boureurs apparaissaient en scène coiffés du bon-
net rouge? Il suffisait alors, pour être applaudi,
d'imaginer une tirade contre l'ancien régime, de
transformer les vers en langage poissard. Avoir
du'goût, le sens des convenances, c'était se
montrer l'ami des antirévolutionnaires. Mo-
ment de délire où les dirigeants disaient .des
tragédies ou des comédies qui avaient fait la
gloire de notre théâtre « Si ce sont'des chefs-
d'œuvre, sachons nous en passer. La Révolu-
tion ne peut s'établir sur des bases solides, à
moins que tout ne change, théâtre, histoire,
moeurs. 11 faut que tout porte le' caractère ré-
publicain.
Et voilà que le hasard vient apporter une
contribution nouvelle à cette crise de jacobi-
nisme qui sévissait alors chez nous et qui se
répercute en Russie. Dans un château voisin
du village où je suis allé chercher le repos, le
propriétaire, un érudit, un, bibliophile, vient de
me mettre entre les mains une 'brochure raris-.
sime intitulée Le Jugement dernier des rois,
pièce ou plutôt parade d'une intolérance ou-
trançière, jouée au théâtre de la République le
18 octobre 1793. L'art et le bon ton n'ont rien
à voir avec cette élucubration. Si j'en parle ici,
c'est pour montrer à quel degré d'hystérie poli-
tique a pu arriver son auteur.
C'était pourtant autrefois un modéré, ce Syl-
vain Maréchal qui avait, écrit cette série de
tableaux, Il s'était adonné, de bonne heure à
la carrière des lettres. Esprit cultivé et libéral,
il-avait eu le premier l'idée qui fut plus tard
celle du calendrier républicain il avait rem-
placé les noms des saints par ceux de gens
célèbres. Idée qui devançait son temps, car le
calendrier fut déféré devant le Parlement, qui
-donnai 'ordre de brûler- les exemplaires et d'ap-
préhender Sylvain Maréchal. Il n'y eut donc
rien d'étonnant ;ce: que l'on ait trouvé plus
tard .l'auteur parmi les amis du nouveau ré-
gime mais il- n'en: partageait, pas toutes les opi-
nions excessives. Mieux encore on lui doit
un- plaidoyer -.pour la religion où il affirme qu'elle
« est un besoin pour les imaginations tendres,
une jouissance-pour les âmes douces; c'est le
trésor dU pauvre, le: bâton dès vieillards, la con-
solation, et le refuge des infortunés
Comment, l'écrivain de ces phrases inspirées'
a-t-ilptf passer aux, idées, de haine et -de ven-
geance exprimées: dans Le Jugement dernier des
̃ rois Folie subite ou peur. de devenir la proie
des révolutionnaires sur -une, dénonciation qui
eût rappelé les opinions exprimées jadis le
ne vois guère. d'autre explication.
Mais venons à la.pièce.. Sylvain.- MaréchaU
imaginé que les peuples,, de. l 'Europe, constitués
tous en république, ont envoyé des délégués. à
Paris, où se tient un congrès de sans-culottes.
II s'agit de juger les rois détrônés qui .au pre-
mier acte sont. condamnés être déportés dans
une îlé déserte.Au deuxième acte, le théâtre
représente' une volcan qui
est en activité; sur les parois, du volcan, une ca-
bane avec cette inscription « vaut mieux
avoir pour voisin un volcan qu'un roi. Liberté,
égalité, fraternité. » Vous voyez a quel degré
de surexcitation' a' pu arriver le dramaturge 1 Et
les sans-culottes débarquent pour voir arriver
tous les rois, sauf .un, à qui ils ont tranché la
tête, A mesure que les souverains mettent pied
à terre, on explique les forfaits de. chacun. En
vain les rois se: justifient, implorent. Le sans-
culotte qui les accuse leur coupe la ,parole et
les abandonne « au volcan n avec un morceau
de biscuit pour qu'ils puissent subsister (sic).
Or, la possession d'un fragment de ce biscuit
met les souverains aux prises les uns avec les
autres l'impératrice Catherine et'le Pape se
battent. Le volcan vomit de- la lave et les en-
gloutit. Restent le roi d'Espagne, d'autres en-
core, qui promettent de se faire sans-culottes
s'ils sont, épargnés. Mais le volcan s'écroule
avec grand, fracas, et les rois disparaissent dans
les entrailles de la terre
Voilà l'élucubration de Sylvain Maréchal. Ne
semble-t-il pas qu'elle soit l'œuyre d'un cerveau
en plein désordre? Et pourtant l'auteur finit ses
jours dans la plus parfaite tranquillité il échappa
à la tourmente révolutionnaire grâce à son Juge-
rnént dernier, .comme il évita les représailles
des amis 'de l'ordre par la vertu de ses écrits
antérieurs. Peut-être, ses variations politiques
étaient-elles calculées; où-bien encore était-il à
la solde des divers régimes qui se succédaient?
Mais ce serait contraire à la réputation d'hon-
nête homme que la plupart des historiens ont
voulu lui reconnaître.
Et, dernier point qui nous ramènera à la
Cendrillon interdite à Petrograd il s'occupa
dans ses vieux jours de .récrire pour ses petits-
enfants les contes -de: Perrault mis en scénarios
et dialogues .?̃£- majs alors., il n'en élimina ni
les rois ni
Louis Schneider
La Répanss britannique
Elle est attendue ce matin à Paria
La réponse britannique ou plutôt
le Livre bleu contenant. tous les docu-
ments relatifs aux récentes négociations
̃ a été remis hier, à Lundres, aux am-
bassadeurs' alliés, à 17 heures, par les
soins du Foreign-Office.
Ce Livre bleu contient 'le question-
naire anglais adressé le 13 juin. au gou-
vernement français, le projet anglais de
réponse à la note allemande du 7 juin,
envoyé le 20 juillet aux alliés, et les let-
tres d'envoi qui accompagnaient ce pro-
jet' les réponses des alliés, notamment
les réponses française et belge du 30
juillet enfin, la réponse du gouverne-
ment anglais à la France et à la Bel-
Cet ensemble est naturellement assez
long quarante pages, dit-on mais
c'est surtout le dernier document qui
sera le. plus digne d'intérêt.
Ce que la réponse anglaise contiendrait
.Nous préférerions nous trouver en
présence d'un texte mais nous devons
sacrifier à l'information
Suivant les renseignements donnés à
Londres, la note .anglaisé expose une poli-
tique de réparations basée sur le plan Bo-
nar, Law présenté, en janvier dernier, à
la conférence de Paris, tout en souhaitant,
à .nouveau que la France et la Belgique
puissent se rallier aux vue,s du gouverne-
:tuent britannique.
Elle indique que l'Angleterre, avant à
récupérer l'équivalent des sommes qu'elle
s'est engagée à payer aux Etats-Unis, la
diminution de capacité de paiement de
l'Alleinagne, due au fait de l'occupation de
la Ruhr, ne peut qu'augmenter le total
de ce que l'Angleterre devra recouvrer sur
ses alliés.
Ft il se, confirme que la note, cédant aux
suggestions''de lord Curzbn, soutient que
l'occupation de. la P.uhr par les Français et
les Belges, n'est pas conforme au traité de
Versailles. Cette opinion s'appuiersit sur
l'avis des experts légistes de la Couronne.
,La note s'étendrait, en outre, sur les
charges financières de l'Angleterre, ses
péries, son chômage, ses sacrifices.
Enfin, elle conclurait en. laissant la
porte ouverte à la coopération des alliés.
La remise à M. Pcincaré
Une note officieuse nous. informe que
la note du gouvernement britannique,
remise hier à cinq heures, à Londres,
au comte de Saint-Aulaire, est attende
au Quai d'Orsay dans les premières heu-
re,s de la matinée d'aujourd'hui.
Elle sera immédiatement transmise à
M. Poincaré, président du conseil, parti
hier soir pour la Meuse, où il doit,
comme on sait, présider, aujourd'hui et
lundi, différentes cérémonies.
Ajoutons que, de son côté, le gouvei-
nement français a préparé, afin de les
publier, un certain nombre de docu-
ments relatifs aux récentes négociations.
Suivant l'usage, il a consulté les divers
gouvernements intéressés pour que.
ceux-ci lui fassent connaître, chacun en
ce qui le concerne, s'ils ne voient pas
d'inconvénient à la publication. On n'at-
tend-plus que les réponses de Londres et
de Rome.
Georges Darnac
Un rude métier.
Toute la reponsabilité de radminis-
tratiqn, de la politique intérieure et de
la- politique étrangère pèse sur le pré-
sident' des. Etats-Unis, dont les secrétai-
res d'Etat, irresponsables devant le Par-
ne sont, que des agents d'exécu-
'tion,'
Aussi prête-t-on,à M. Calvin Goolidge,
qui. ne- voudrait pas mourir avant les
élections, l'intention de s'adjoindre une
manière de chef de cabinet dont la fonc-
tion serait d'expédier les affaires ordi-
*aires:,et de recevoir à ,sa place.
Pourquoi M. Edison ne construirait-il
pas, a l'instar de Vaucanson, un auto-
mate, présidentiel en. acier chromé,
fonctionnant à l'électricité et débitant
sans- fatigue, des discours et des, signa-
tures, des saluts, :et des: poignées. de
M. ROBINEAU, GRAND-OFFICIER
Le, gouverneur de la Banque de France est
eleveà la dignité de grand -officier de la Légion
d honneur; tout le. monde applaudira'au geste
du gouvernement.
A une époque comme la nôtre, si profondé-
ment troublée, c'est un grand bonheur pour le
crédit public et pour la vie commerciale du
pays que, la .Banque ait à sa tête un homme
comme. M. Robineau une haute intelligence
et une haute conscience estimé et aimé'de
tous.
M. Robineau, qui a fait toute sa carrière à
laBanqïie de France et qui en a dirigé tour à
tour tous.les- services, n'est pas seulement
pourvu 'au plus haut degré de connaissances
professionnelles il aie calme, le sang-froid la
clairvoyance qui sont nécessaires à un grand
serviteur, du pays. Il a montré sa perspicacité
en combattant les théoriciens de l'inflation sys-
Le moins ostentatoire des hommes il a
refusé de prendre possession des magnifiques
appartements dont- le gouverneur peut disposer
à la: Banque M. Robineau est un amateur
d'art fort éclairé et du goût le plus délicat. Avec
son exquise courtoisie, il aime à faire à ceux
qui en sont dignes les honneurs des beautés et
des richesses de la Banque installée, comme
on sait, dans un immeuble historique.
Autre petit détail biographique: ami d'en-
fance de M. Poincaré, M. Robineau tutoie le
président du conseil.
services mais son domaine est trop
étendu pour que, si loin que-porte sa
vue, rien ne lui échappe.
il nous permettra' sans doute de lui
signaler un déplorable incident qui date
d'avant-hier.
A Primel-Trégastel, une fillette de
quatre ans tombe;duhaut d'une terrasse
et se casse le bras. Affolement des pa-
rents. Vite le médecin. Mais le médecin
habité à Plougasnon, à trois kilomètres.
Vite, un coup de,téléphone: Mais pas." de
cabine téléphonique à Primel. Vite. à
l'hôtel, qui a le téléphone. Désespoir des
parents :'le poste téléphonique de Plou-
gasnon ferme de midi à deux heures.
M. le ministre voudra-t-il bien, com-
prendre dans quelle situation inquié-
tante se trouvent les deux mille person-
nes qui viennent l'été Prirnel, si un
accident ou une maladie nécessite la
présence immédiate du médecin?
Nous espérons que cet écho d'une loin-
taine, et petite plage sera entendu de M.
le .ministre des postes et télégraphes.
Auvergnat, le fox trott?-
Quand les Français colonisèrent la
Louisiane, ils firent appel à beauciup
d'originaires du Massif central pour peu-
pler tes vastes étendues du Nauveau-
Monde.
Ces colons introduisirent dans la nou-
velle patrie: leurs habitudes, leurs
mœurs et notamment la bourrée, leur
danse favorite, qu'ils dansaient lors de
chaque réjouissance, f£te, mariage, bap-
têfiie," etc.
Peur la plupart, importés d'Afrique,
les nègres qui les regardaient danser ne
tardèrent pas, en raison de l'instinct
d'imitation qu'ils ont- très développé, à
parodier les dansec, auvergnates. De gré-
nération en génération, le pas, le
rythme subirent des altérations succes-
sives, et'ce n'est peut-être qu'avec effort
que nous retrouverions dans les fox
trcitts, shimmies et autres mouvements
désordonnés et disgracieux de nos
contemporains, fidèles amateurs de dan-
cings où triomphent bruyamment les
horribles jazz-bands, les aimables sau-
tillements de la bourrée d'Auverg ne
mâis l'idée, est ingénieuse et, après
tout.
Si non e vero e bene trovaio.
La perle des perles.
Le dollar américain pourra seul dis-
puter 'à à la livre anglaise les perles de
grosseurs. inusitées découvertes dans les
pêcheries de perles de Broome (Austra-
lie occidentale).
D'après le rapport de l'inspecteur de
ces pêcheries, rapport dont la publi-
cation a fait sensation à Londres
l'une de ces perles, du plus bel orient,
pèse 102 grains, et sa valeur est, estimée à
près de deux millions.
Mais ne dira-t-on pas de cette perle
monstre qu'elle est trop grosse pour pa-
raître véritable?
P. T. T. soviétiques.
La Russie des soviets organise ses re-
lations intellectuelles et commerciales
avec le monde extérieur.
Le commissariat, des postes et télégra-
phes de la république soviétique vient
\de signer avec l'Allemagne, l'Angle-
terre, l'Autriche et la Tchécoslovaque.
une convention pour ses échanges régu-
liers de lettres simples et. recomman-
dées.
Il est stipulé, dans cet accord, que
chaque pays conservera les affranchis-*
sements perçus. Mais les P. T. T. so-
viétiques ne conserveront-elles pas, en
même temps que les affranchissements,,
les correspondances?
Tant de lettres, parties pour la mys-
térieuse Russie des soviets, sont restées
sans réponse l
La cynique pancarte °
Ames sensibles, en quête d'entfanls
privés des joies de la famille, courez
rue des Martyrs, si bien nommée. Vous
y trouverez un cordonnier dénaturé,
dont.le magasin se signale par une pan-
carte annonçant la liquidation d'un*
stock de Fillettes en chevrean glacé,
39 jr. 50 et de Garçonnets en cuir souple,
à. 35 francs.
Sans doute, les garçonnets « souples »
coûtent-ils moins cher que les filletteq
«glacées à, cause des chaleurs. Peut-
être aussi s'agit-il tout bonnement de
chaussures
Au Secours du Franc belge
Un accord entre la France et la Belgique,
Sur le marché libre des changea où'
la livre sterling et le dollar sont restés,
ce matin, très tendus à 80 fr. 75 et'
17 fr, ti2 respectivement, on note au
contraire un vif redressement du chance
belge, qui s'avance à 79 fr. 30 contre
77 fr. 30 hier et 76 fr. 80 mercredi.
Cette reprise du franc belge est une
conséquence immédiate du prêt que la1
France a accepta de consentir à son
alliée, par l'intermédiaire des principa-
les banques de notre place.
Cette ouverture de crédit, qui porta
sur un milliard et demi de francs s'ef-*
fectuera en plusieurs opérations. La pre-i
miere, qui doit être de millions del
francs, est immédiate.
La Belgique conclurait aussi un emprunt
en Angleterre
.Selon l'Etai.le, Belge, à part les négp-f
ciations engagées, a. Paris en vue de la;
conclusion d'un emprunt de quatre
^roq cents millions de francs, il serait
question également de la conclusion, îij
Londres, d'un emprunt en livres ster-
ling, ce qui mettrait le gouverement
belge à même de contrecarrer certaines
manœuvres spéculatives du monda
financier international.
'̃"̃ ;/StrR.
CHRONlQUE DE DEAUVILGE
Les Lunettes
et les Géraniums
PAR M. PIERRE-PLESSIS
Deauville, 10 et 11 août
Max, mon vieux camarade, m'atteii*
dait à la gare, dans sa torpedo grise.
Enfin cria-t-il en m'apercevant,,
Enfin tu t'es décidé. Monte vite.. ort
file à la Potinière!
Je grimpai dans uue parcelle de car-
rosserie qui me démolit les reins au dé-
marrage. Autour de nous, dans la cour
de la gare, les vendeurs de journaux
hurlaient, les porteurs de bagages luns
laient, les cochers et les conducteur:3
d'omnibus hurlaient, et tous ces hurle-
ment, mêlés à la poussière malodo-
rante assaisonnée d'huile de ric.in, ma
rappelèrent les environs de Buftalo. le
joui' du dernier match. Un cinéma, qui
tournait l'arrivée d'un banquier gréco-
turc parfaitement authentique, nons
gêna dans notre virage. Mais Max
pesta et lança son bolide dans lv foule,
à la suite de celui d'Etienne Bunau-Va-v
rilla, qui faillit renverser une Améri-
caine couleur d'écrevisse. Maud Loti,
qui passait dans un fiacre, bénéficia, du
regard effarouché de la noble étrangère
et fit en même temps du bout des doigts
un signe protecteur Pierre Rj-issôn
qui s'épongeait le front en sortant du
bureau de tabac.
Tous ces petits trucs-là n'avaient pas
duré: deux secondes. Ouf nous reçu*.
mes une bouffée d'air frais sur le front,
un parfum de friture dans le nez, et la*
Potinière apparut.
Elle était envahie par des gens bizar.
res armés de lunettes. Le décor était'
toujours le même, aussi charmant, avec
une nuance d'ironie dans les rayons et'
dans les branches. Une Potinière pres-
que neuve, une Potinière différente de:
l'année dernière, une Potinière sans'
potins. sans Sem, sans Tristan Beri
nard, sans Michel Georges Michel.
On ne potine donc plus? demain-
dai-je à mes voisins.
Non. Paris est en exil Alors les
Parisiens sont devenus distants. C'est
vrai. Pas de blagues. A Deauville, il
y a quelque chose de changé. On vient
de s'apercevoir que les environs étaient
ravissarits et chacun respire le grand air'
en croquant des pommes. Et puis, ily'
a de la politique dans l'air On va au
tir aux pigeons, au golf, au baccara, on
se réunit, entre amis, mais tout ça s
lement d'étrangers, voyez-vous, "que lai
France s'est retrouvée. Quand la Poti-
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